Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 14, part. 2, Scir-Soir.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SEMI

dans l’arabe de nos jours que dans l’hébreu de l’époque de David et de Saloraon. La déflexion y a pénétré dans la déclinaison du substantif ; elle y a formé certains adjectifs et certains noms de nombre. L’hébreu ne connaissait pas le pluriel irrégulier, qui, au lieu de marquer le nombre par une désinence rixe, l’indique par la modification des voyelles radicales, comme l’arabe le fait dans les exemples suivants : djebel, montagne ; galb, cœur ; choqf, navire ; oueled, fils ; mesken, ■ demeure ; djenân, jardin, qui font au pluriel : djebâl, qloub, chqouf, aouelad, mesaken, djenaïn. C’est d’après le même principe queles Arabes indiquent souvent les formes diminutives et dans les nombres les numératifs ordipaux et les fractions, par exemple : djemil, gentil ; djemeïel, gentillette ; cerbir, petit : cerheier, tout petit ; gâder, puissant ; gouider, doué d’une petite puissance ; tlata, trois ; lâlit, le troisième ; et-toull, un tiers ; arbn’a, quatre ; râbi, le quatrième ; er-roub, un quart ; khamsa, cinq ; khâmis, le cinquième ; el-khoums, un cinquième. En présence de ces faits, on ne peut pas se dissimuler que les langues sémitiques, au lieu de devenir infidèles au symbolisme primitif, qui sert de base à leur constitution, s’y sont tortillées de plus en plus. Elles lui doivent à la fois leur originalité et un cachet indélébile. En effet, il est impossible de ne pas reconnaître à première vue une langue sémitique, et il est impossible de s’imaginer une langue aryenne dérivée d’une langue sémitique, ou réciproquement.

S’il paraît avoir été dans la nature des Indous de subir toutes les influences et de suivre toutes les impulsions, le caractère des Sémites paraît avoir consisté à se refuser aux premières, à donner et à propager les autres. On reconnaît les traces de ce caractère énergique dans les allures concentrées et dans la forme inaltérable de leurs idiomes. Repoussant le principe de la composition, ils fixèrent isolément chaque image, chaque pensée primitive, de peur qu’en les mêlant à d’autres il en pût naître obscurité ou confusion. Ils admirent cependant, ainsi que nous l’avons dit plus haut, une série de modifications de la pensée et du mot primitifs, et c’est ainsi qu’autour d’un petit nombre de monosyllabes qui restèrent debout se groupèrent les nombreuses colonnes des racines dissyllabiques. Les éléments de leur langue une fois établis, les Sémites ne les perdirent plus de vue un seul instant et ils exprimèrent les modes et les manifestations diverses d’une même idée par les variations et les modifications insensibles du même mot. «Voilà comment, dit M. Louis Benloew, le sémite remonta avec facilité du dernier dérivé à la racine, et que de la racine, avec la même facilité, il redescendit au dernier dérivé. Les étymologies des mots n’ont pas été à faire dans ces idiomes, elles existaient de tous les temps ; dans les idiomes indo-européens, au contraire, elles ne se sont fuites que de nos jours, et le système de leur grammaire n’a été révélé qu’hier. «

  • Les langues sénntiques, dit M. Renan,

ont eu dans l’histoire de ia philologie cette singulière destinée que, d’un côté, à une époque fort ancienne, elles ont suggéré la médiode comparative aux savants qui les cultivaient et que, d’un autre côté, lorsque cette méthode est devenue un puissant instrument de découvertes, dans les premières années de ce siècle, elles sont entrées pour peu de chose dans le mouvement nouveau qui allait régénérer la linguistique. On peut dire que les grammairiens juifs du xset du xio siècle font déjà de la philologie comparée, puisqu’ils se servent de la connaissance de l’arabe et même des dialectes araméens pour éclaircir les difficultés de l’hébreu. Dès le xvne siècle, les langues sémitiques ont eu, grâce aux travaux de Hottinger, de Louis de. D.eu, deL’astel, des grammaires et des dictionnaires comparés. Au xvme siècle, la philologie sémitique traversa par l’école daSchulteus les exagérations que la méthode comparative entraîne d’ordinaire avec elle. Mais de nos jours les travaux de Vater, de Gésénius, d’Ewald, de Munk, de Benfey et de leurs émules donnent une idée plus exacte et plus certaine de la nature des idiomes sémitiques et permettent de les classer d’une manière définitive. •

L’Académie des inscriptions et belleslettres a entrepris depuis quelques années la publication d’un Corpus inscriptionum semiticarum que des découvertes récentes, celles de M. Clennont-Ganneau, en Palestine, et plus de sept cents inscriptions himyarites rapportées par M. Joseph Halévy d’un voyage dans l’Yémen, ont considérablement augmenté. Ce recueil permettra d’asseoir enfin sur des bases solides l’histoire de ces lingues et d’étudier leurs développements successifs.

— Bibliogr. On peut consulter, parmi les ouvrages qui traitent des langues sémitiques en général : De conformatione linguarum semiticarum partes très, G. Wnnmerstedt (Lundœ, 1S23, in-8o) ; Histoire générale et système comparé des langues sémitiques, par Ernest Renan (1858, 2 vol. in-8o) ; Institutiones linguz syriacs, assyriacx, etc., Ang. C’anino autàore (Paris, 1554, in-4o) ; Elias 'Levita, l’hisbites^ in quo 712 vocum, qux sunt

SEML

partim hebraics, chald., arab., etc., origo et u$us ostenditur, hebr. et lat., per P. Fagium (15*1, in<«) ; Grammatica linguarum oriental., par L. de Dieu (Lugd.-Batavor., 1628, in-4o) ; Hierolexicon linguarum orientalium, hebraicx, chaldaics et syriacs, auctore Ign. Weitenauer (1759, petit in-8o) ; Arca Noe : Thésaurus linguarumsanct.novus, par M. Marini (Venetiis, 1593, 2 vol. in-fol.).

Sénailiquei (HISTOIRE GÉNÉRALE ET SYSTÈME

comparé dbs langues), par M. Ernest Renan (1858, 2 vol. in-8o). Cet ouvrage est peut-être un des meilleurs de l’auteur. S’il n’a point le charme de quelques autres plus célèbres, il a cet avantage scientifique d’être -plus sérieux, de se maintenir dans la science pure et ne pas demander au sentiment l’intérêt aimable que n’offre point la science virile. L’objet de ce livre ne comportait pas, il est vrai, l’intrusion du roman. II ne s agit point ici de raconter l’histoire d’un dieu, avec cette effémination qui semble avoir conservé quelque chose de l’attendrissement des femmes phéniciennes pendant les fêtes d’Adonis. M. Renan a voulu, dans cette Histoire des langues sémitiques, tenter pour la série de ces langues l’œuvre de philologie comparée tentée par Bopp pour la série des langues indo-européennes. Il avait conçu depuis longtemps cet ouvrage, dont il en voyait le plan, en 1847, pour concourir au prix Voiney. L’exécution de ce plan impliquait deux parties, que AL Renan définit ainsi lui-même : « D’abord, l’histoire extérieure des idiomes, leur rôle, leur géographie, leur chronologie et le caractère des pionuments écrits qui les font connaître ; puis, leur histoire intérieure, comprenant le développement organique de leurs procédés. » De ces deux parties, M. Renan n’a encore exécuté que la première.

Les langues sémitiques, qui, dans ce siècle, ont si peu servi au développement de la philologie comparative, ont cependant, au siècle précédent, mis sur la voie de cette méthode. Mais, dit M. Renan, « des langues si peu actives étaient incapables de révéler l’organisme du langage et les lois de sa composition. Elles n’ont pas eu de révolution profonde, pas de développements, pas de progrès.» C’est un arrêt en forme qui condamne non-seulement la langue, mais le peuple qui l’a parlée. M. Renan ne s’en est pas moins proposé de montrer « de quelle manière les Sémites sont arrivés par la parole à donner une expression complète de la pensée, « et si cette expression s’est montrée aussi immobile, c’est que la peusée elle-même a été immobile. Le travail de M. Renan prouve une érudition que personne ne peut contester ; mais il faut bien reconnaître que la simplicité, la netteté et la clarté ne sont point précisément ses qualités prédominantes ; et ces qualités, cependant, seraient assez recommandables dans un ouvrage de ia nature de celui-ci. Mais M. Renan, qui, encore une fois, ne manque pas de science, manque d’un esprit méthodique. Sa théorie des nuances ne lui permet pas de saisir fortement les faits et de les suivre ; il joue autour d’eux, s’amusant plutôt au spectacle des choses que «’intéressant réellement et philosophiquement aux choses mêmes et aux lois qu’elles révèlent. Les pages brillantes et intéressantes sont nombreuses dans 'Histoire des langues sémitiques, mais la méthode défectueuse de l’auteur s’est trouvée impuissante pour imprimer à ce livre une marche logique et rationnelle.

SÉMITISME s. m. (sé-mi-ti-sme — rad. sémite). Caractère sémitique : Le sémitisme d’un peuple, d’une langue.

SÉMITISTE s. m. (sé-mi-ti-ste — rad. sémitique}. Savant versé dans la connaissance des langues et des peuples sémitiques.

SEMI-TON s. m. Mus. Syn. de demi-ton.

SÉMIURE s. m. (sé-mi-u-re — du gr. semeion, étendard ; oura, queue). Erpét. Genre de reptiles sauriens, de la famille des stellions.

SEMI-VOYELLE s. f. Nom donné par les Grecs aux consonnes l, m, n, r, z, x, ps ; par les Romains aux consonnes f, l, m, nT r, s, x ; par les grammairiens français à la première voyelle des diphthongues proprement dites.

SEMI-VULPES s. m. (sé-mi-vul-pèss — mots lat. qui signif. demi-renard). Mainra. Nom donné par les anciens auteurs aux grandes espèces de sarigues.

SEMLER (Jean-Salomon), théologien et alchimiste allemand, qui vivait dans la seconde moitié du xvme siècle. Professeur à l’université de Halle, il cultivait, dans les loisirs que lui laissait la théologie, la science hermétique, pour laquelle l’alchimiste Taubenschusz lui avait inspiré une véritable passion. Vers l’année 1783, il fut le jouet d’une mystification qui eut du retentiss’ement dans toute l’Allemagne, et qui précipita la ruine de la croyance à la pierre philosophale et à la transmutation. Quant à Semler, sa foi robuste n’en reçut pas la moindre atteinte, et il le prouva bien en prenant la défense d’un certain baron Léopold de Hirschen, qui venait de découvrir une substance, le set de vie, à laquelle il attribuait la propriété de produire de l’or. Gren et Klaproth, savants chimistes de l’époque, soumirent le sel de vie à l’analyse, et montrèrent que c’était un mélange de substances diverses dans lequel étaient dissimulées de minces feuilles d’or. Semler, qui

SEMO

avait tenté d’opérer des transmutations en public, fut obligé de reconnaître son erreur ; il le fit de très-bonne foi, d’ailleurs, et il nous a laissé, dans une autobiographie, le récit de sa méprise. Semler a aussi écrit plusieurs ouvrages de théologie et d’érudition, ainsi qu’une Histoire des Rose-Croix (Leipzig, 1786, in-8o), qui est le document le plus complet que L on possède sur cette société. V. Schmieder, Geschichte der Chemie ; Gmelin, ibid., et Allijemeine Encyklopedie.

SBML1N ou ZEMI.1N, ville forte de l’empire d’Autriche, dans les contins militaires du banat serbe, sur une langue de terre formée par le confluent de la Save et du Danube, vis-àvis de Belgrade, dont elle est séparée par la Save, à 65 kilom. S.-E. de Peterwardein ; 11,727 hab. Siège d’un archevêché grec, école juive, vaste lazaret. Entrepôt d’un commerce important de coton, safran, fil, miel, toiles, porcelaines, verres, etc., entre l’Autriche et la Turquie. On y voit les ruines du château de Jean Hunyade, autour duquel la ville fut fondée en 1739.

SEMNE adj. (sè-mne — du gr. semnos, vénérable). Philos. S’est dit de certaines écoles gyinnosophiques où l’on admettait des hommes et des femmes.

SEMNÉE s. f. (sè-mnée — du gr. semnos, vénérable), Hist. ecclés. Nom donné anciennement aux monastères.

SEMNOCÈBE s. m. (se mno-sè-be— du gr. semnos, vénérable ; kèbos, singe). Mamin. Genre de mammifères quadrumanes, formé aux dépens des ouistitis.

SEMNONS, en latin Semnones, peuple germain, un des plus puissants du rameau suève. Il habitait, entre l’Elbe et l’Oder, le territoire voisin des Chértisques. Ce territoire forme actuellement le royaume de Saxe et la Silésie prussienne, avec une partie du Brandebourg.

SEMNOPITHÈQUE s. m. (sè-mno-pi-tè-ke

— dugr. semnos, vénérable  ; pithèkos, singe). Mamni. Genre de mammifères quadrumanes, de la tribu des cynopithéciens, formé aux dépens des guenons, et comprenant une vingtaines d’espèces, qui habitent l’Inde et les îles voisines ; Les semnopithèques se font remarquer par leur intelligence et par la douceur de leur caractère. (E. Desmarest.)

— Encycl. Les semnopithèques ont des formes grêles, des membres longs et délicats, une queue longue, une petite tète haute, la figure nue, un museau très-court et pas d’abajoues. Leurs callosités sont très-petites. Leur système dentaire ressemble à celui des magots et des cynocéphales. Leur squelette ressemble par ses formes grêles à celui du gibbon. Les doigts de leurs mains sont très-longs ; mais le pouce des mains de devant est très-court ou rudimentaire et ne peut servir à la préhension. Leur pelage est d’une grande finesse ; sa couleur est toujours riche ; les poils sont très-longs autour de la tête. La structure de leur estomac est très-curieuse, parce que les étranglements multiples dont il est pourvu rappellent vaguement l’estomac des ruminants et se rapprochent sensiblement de celui des kanguroos. Les différentes espèces possèdent une poche laryngienne de grandeur variable. Tous les semnopithèques habitent exclusivement l’Asie méridionale, • le continent, ainsi que les îles. Ils vivent sur les arbres et sont très-sociables.

Le semnopilhêque maure ou brideng noir des Javanais est une espèce remarquable du groupe. Lorsqu’il a un certain âge, il est d’un noir brillant, sa figure et ses mains sont veloutées et le dos est soyeux. La partie inférieure du corps, qui est couverte de poils moins serrés, est légèrement brune. La tête est entourée d’une espèce de couronne de poils qui couvre le front et descend sur les joues. Les nouveau-nés sont d’une couleur jaune d’or ; l’extrémité des poils de la partie inférieure du dos, de la partie supérieure et de l’extrémité de la queue est plus foncée. Mais bientôt le noir empiète sur les autres parties du corps, et au bout de quelques mois les mains, la partie supérieure du corps et certaines parties de la queue deviennent noires. À partir de ce moment, le pelage change de couleur et se rapproche de plus en plus de celui de l’animal adulte. La longueur totale de ce singe est de im,50, dont plus de la moitié revient à la queue. Le brideng habite en grand nombre les vastes forêts de Java. Il établit son gîte sur les arbres et vit en nombreuses compagnies. Il n’est pas rare d’en rencontrer des troupes de cinquante individus. Lorsqu’il est jeune, le semnopithèque maure mange les feuilles tendres de toutes sortes de plantes ; dans un âge plus avancé, il se nourrit de fruits sauvages qui croissent en grand nombre dans les forêts qu’il habite. Use plie très-dii’ticilement a la captivité et périt très-rapidement dans nos pays.

On peut citer aussi les semnopithèques mitre, à capuchon de Dussumier, eroo, cimepaye, tsdiin-coa, etc.

D’autres espèces, plus importantes, mais rangées par quelques auteurs dans d’autres genres, ont été l’objet d’articles spéciaux. Tels sont le doue, Vénielle et le nasique. V. ces mots.

SEMOIR s. m. (se-moir — rad. semer). Agric. Sac de toile où le semeur met le grain qu’il répand sur le sol. u Machine au moyen de laquelle on répand le grain sur les terres

SEMO

52c

préparées pour le recevoir : /< ; me sers du nouveau semoir avec succès, et je force notre mère commune à donner moitié plus qu’elle ne donnait. (Volt.) L’opération de la semaille, réduite à la simple action du semoik, présente quelques difficultés. (M. de Dombasle.) Un homme, avec un semoir à brouette, peut semer environ un hectare et demi dans sa journée, lorsque tes lignes sont à dix-huit pouces. (De Morogues.)

Laissez là ces projets recueillis par Rozier, Des semeurs citadins l’élégante méthode, Leurs modernes semoirs, leur charrue à ia mode.

Delij, i, b.

il Appareil au moyen duquel en répand certains engrais sur les terres : Semoir à guano.

— Encycl. Les semailles furent longtemps faites à la main ; le semeur s’affublait d’un grand tablier dans lequel étaient renfermées et transportées les graines à semer, et il les répandait a la volée ou dans un sillon. L’ensemencement à la main était immédiatement

suivi d’un recouvrement opéré au moyen de la charrue, puis de la herse ou du rouleau. Les inconvénients d’un pareil système étaient nombreux, et il conduisait à employer une notable partie des graines en pure perte ; jetées à la main, les graines se disséminaient très-irrégulièrement à la surface du soi ; puis, lorsqu’on recouvrait la semence à la charrue, une partie des graines était enterrée trop profondément, d’autres restaient à peu de distance de la surface ; il fallait se presser pour enterrer certaines semences dont les oiseaux se montrent fort avides ; d’autres semences ne donnaient la récolte maximu qu’à condition d’être semées en lignes et sarclées ; on reconnut que l’ensemencement doit se faire à une profondeur convenable, et que l’emploi des lignes facilite le travail de la terre après les semailles, notamment le sarclage, très-utile à certaines graines et particulièrement au blé. Un grain de blé peut dans certaines conditions produire plus d’une centaine de nouveaux grains ; or la statistique démontre que, dans les conditions générales, la semence étant prise pour unité, la récolte est environ six ou sept ; il y avait donc à espérer de grandes améliorations. La France, par exemple, comprend environ 18 millions d hectares cultivés en céréales, et l’on peut admettre, comme moyenne, qu’il faut semer 2 hectolitres de grain par hectare ; cela fait un total de 36 millions d’hectolitres. Si l’on parvenait à économiser un tiers de la semence dont une si grande portion était inutilement répandue, on arrivait à une économie d’environ 2 millions defrancs.

On eut alors Vidée d’employer un instrument mécanique destiné à répandre les grains ; il serait difficile de préciser à quelle époque les premiers semoirs furent inventés. On sait toutefois qu’il n’en est fait aucune mention dans les ouvrages d’agriculture grecs ou romains, et on ne retrouve aucune trace de semoir* ayant été employés par les autres peuples de l’antiquité, Égyptiens, Hébreux, Assyriens. Mais l’invention des semoirs en Chiné* paraît devoir remonter à une époque très-reculée. On les appelait leou, et il en est déjà fait mention dans le Dictionnaire impérial de Kang-Hi, que Tchao-Kouo publia dans le ne siècle après J.-C. Ces instruments furent bientôt perfectionnés, et on les augmenta d’une charrue ; d’autres ouvrages chinois du me et du ive siècle parient en effet de l’usage des leou-li ou seniorns-charrues.

C’est au xvne siècle que se fît jour de nouveau en Europe l’idée de semoirs mécaniques, et, peu à peu, on arriva à faire fonctionner des instruments qui répandaient à la fois les graines et les engrais pulvérulents, après avoir préalablement ouvert le sillon dans lequel tombaient ces substances ; les plus parfaits de ces semoirs referment même le sillon dans lequel viennent d’être déposées les semences.

C’est en Espagne que fut appliquée, pour la première fois, l’idée d’une charrue-semoir, et, en 1650, le roi Philippe IV accorda à l’inventeur de cet appareil un privilège exclusif pour la fabrication et la vente de la nouvelle machine.

En 1660, un Bolonais, J. Cavallina, et, dix ans après, un jésuite de Brescia, le Père Laua, dotèrent l’Italie de nouvelles machines à semer. L’Angleterre, où se publièrent au xvme siècle d’importants ouvrages sur la culture des champs et sur l’agronomie, eut, elle aussi, parmi ses agriculteurs des inventeurs de semoirs mécaniques ; l’un d’eux, Jethro Tull, imagina en 1730 un semoir dont Duhamel essaya de propager l’usage en France vers la seconde moitié du xviii» siècle ; d’autres instruments destinés à effectuer les mêmes travaux furent successivement inventés et construits par Coke, Duckett, Garrett, Uornsby.

Le semoir de Tull était connu en France, grâce à Duhamel du Monceau, dans la seconde moitié du dernier siècle ; mais c’est dans la première moitié du xixe siècle que les agriculteurs français s’appliquèrent à inventer eux-mêmes des appareils facilitant et régularisant les opérations de l’ensemencement. Le premier semoir français, celui de Hugues, date de 1830 ; il fut la source de nombreux travaux et d’importantes polémiques concernant la question de savoir quelle pouvait être l’utilité des semoirs mécaniques 2