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SEGR

taie, y épousa une riche héritière et réunit autour de lui un petit groupe d’hommes distingués avec le concours desquels il réorganisa l’Académie de Caen, qui avait été détruite en 1674, et qui est devenue la Société des antiquaires de Normandie, une des plus sérieuses Académies provinciales. El avait refusé la charge de gouverneur du duc du Maine, que lui offrait M"16 de Maintenon, pour se livrer, dans le repos, à la culture des lettres, et mit alors la dernière main à la traduction de l’Enéide et des Géorgiques (1681, 2 vol. in-8°) ; il réunit aussi les éléments des deux volumes de Mélanges qui parurent après sa mort sous le titre de : Segresiana ou Mélanges de littérature.

SÉGBAYER s. m. (sé-grè-ié — j-ad. seqruis). Eaux et for. Propriétaire d’un huis possède par indivis.

SEGRE, ville de France (Maine-et-Loire), chef-lieu d’arrond. et de canton, à 36 kiloin. N.-O. d’Angers, sur l’Oudon et la Verzée ; pop. aggl., 2,140 hab. — pop. tôt., 2,861 hab. L’arrondissement comprend 5 cantons, 61 communes et 65,109 hab. Tribunal de ire instance ; justice de paix. Teintureries, tanneries ; fabrication de serges. Commerce de vins, bestiaux, porcs, moutons, chevaux, volailles, beurré, céréales. Exportation active (jar l’Oudon, qui y devient navigable.

L’origine de Segrè se perd dans la nuit de l’histoire, dette ville fil au moyen âge partie du douaire de Bérengère, femme de Richard Cœur de Lion (1199). Elle forma ensuite une des annexes les plus constantes de la seigneurie de Craon. Elle fut prise eu 1066 par Conan II, duc de Bretagne, et en 1422 par les Anglais. Ces derniers détruisirent 10 château que Segré possédait depuis plusieurs siècles, mirent la ville k contribution, retinrent ses principaux habitants comme otages, en un mot réduisirent Segré au plus complet dénûnient. Comme ils s’éloignaient après leurs exactions, le comte d’Aumale les poursuivit et, les ayant atteints k La Brossinière, leur livra un sanglant combat. Tous furent tués, k l’exception d’un très-petit nombre, et leur commandant, Jean de La fouille, tomba au pouvoir du vainqueur. Cette victoire rendit a Segrè ses otages et tout le butin que l’ennemi lui avait enlevé. Pendant les guerres de religion, les ligueurs de l’Ouest s’emparèrent de Segré et reconstruisirent son château (1591). Mais, après la pacification de la province, Henri IV s’empressa de faire abattre cette forteresse, dont il ne reste plus aujourd’hui que des ruines insignifiantes. On peut dire hardiment que Segrè ne doit sa fortune actuelle qu’à la position inattendue que lui a faite la nouvelle division territoriale et administrative de la France.

Monuments. L’église Notre-Dame de Segré, édifice du roman de transition, présente un plan dont le style est fort remarquable, et qui consiste dans une nef sans latéraux, terminée reetaugulairement à ses deux extrémités. Elle mesure dans son plan une

étendue de 36 mètres sur 7. Le vaisseau se divise en cinq travées avec voûtes en moellons de blocage, séparés par des arcs-doubleaux ogives que supportent des pilastres à demi-colonnes, adossés aux murs butés par de vigoureux contre-forts. À droite et à gauche s’élèvent des colonneties qui reçoivent les nervures des arcatures. Uue seule fenêtre donne de chaque côté le jour aux travées ; mais la dernière, à l’extrémité orientale, possède six fenêtres disposées deux a deux sur les troi3 faces. Euliu, au-dessus du point central des cinq voûtes se dressa une tour que terminent deux pignons et un toit à deux eaux. La façade, composée d’une porte ogive avec jambages ornés de trois colonneties à baie attique et chapiteaux ornés de feuillages larges, et de tailloirs k dents de scie, présente une voussure formée de trois tores et une archivolte gurnie de crucifères aux feuilles lancéolées et disposées en sautoir. Une fenêtre ogive assez grande, avec tore profilé aux jambages et aux cintres, et dont les claveaux, un peu épais et symétriques, sont entourés d’une archivolte k dents de scie, surmonte le tout.

SÈGilE, en latin Sicoris, rivière de France et d’Espagne, formée dans le département des Pyrenees-Urientaies par la réunion de plusieurs petits ruisseaux au pied du pic de Sègre (2,795 mètres). Elle coule au S.O., baigne le territoire de la commune de JSuillagou^e, entre ensuite eu Espagne, province de ISarcelone, arrose la province de Leriua, par Uigel, Balaguer, Lenua, et se jette dans l’Ebre, un peu au-dessous de Mequinenza, après un cours de 240 kilom.

SÉGRÉGATIF, IVB adj. (sé-gré-ga-tiff, i-ve — lai. aeyiegatiaus ; de seyregare, séparer. V. ségrégation ;. Qui divise, qui sépare plusieurs objets.

SÉGRÉGATION s. f. (sé-gré-ga-si-onlatin seyreyaiio ; de se, préfixe marquant l’éc ; ai teiiiciu, l’action ne mettre k part, et de yrex, troupeau. Le mot seyrégaliu signifie doue proprement action n’e- auer du troupeau, et au figure action de séparer une personne ou une chose d’un tout dont elles font partie).’Action de meure à, part, de séparer d’un tout, d’une musse.

SÉGRÉGAT1VEMENT adv. (sé-gré-ga-tive-mun

— rad. ségrégatif). D’une manière ségrégative, séparément, l’un après l’autre ;

SEGU

Les voix prises par masse et collectivement vont toujours moins directement à l’intérêt commun que prises segrégativement et par individu. (J.-J. Kouss.)

SÉGRÉGER v. a. ou tr. (sé-gré-jé — lat. segregare, séparer. V. ségrégation. Prend un e après le g devant a et o.* Il ségrégea ; nous ségrégeons). Séparer, mettre à part. Il Peu usité.

SÉGRÉYAGE s. m. (sé-gré-ia-je). Syn. de

SKGORAGE.

SEGRIS (Emile-Alexis), homme politique français, né à Poitiers le 4 mars 1811. Lorsqu’il eut fait son droit dansjsa ville natale, il alla se fixer à Angers, où il exerça avec succès la profession d’avocat et devint bâtonnier de son ordre. M. Segris était adjoint au maire d’Angers et membre du conseil général de Maine-et-Loire lorsque, en 1859, il se porta candidat officiel au Corps législatif dans la première circonscription de Maineet-Loire. Elu député et réélu au même titre en 1863, M. Segris vota contre l’abrogation de la loi de sûreté générale, appuya le gouvernement à propos de l’expédition du Mexique et fut le constant approbateur du gouvernement impérial jusqu au jour où le chef de l’État comprit l’impérieuse nécessité de modifier un système odieux, contre lequel l’opinion publique "commençait a protester avec énergie. À partir de ce moment, M. Segris se rangea parmi les libéraux timides qui se rapprochèrent de M. Emile Ollivier, devenu un des partisans de l’Empire. Réélit député en 1869, il fut un des signataires de l’interpellation des 116 et, lors de la formation du cabinet Ollivier (2 janvier.1870), il reçut le portefeuille de l’instruction publique. Le nouveau ministre nomma une commission de hautes études, dont la présidence fut conférée à M. Guizot ; révoqua M. Leverrier de ses fonctions de directeur de l’Observatoire (5 février), adressa en avril une circulaire aux préfets, relativement au service de l’instruction primaire ; ferma pour un mois l’École de médecine, k la suite de manifestations qui s’y étaient produites contre le professeur Tardieu, et fut appelé, le H avril, à succéder k M. Buffet comme ministre des finances. Ce fut k ce titre qu’il fut chargé, au mois de juillet suivant, de l’emprunt de 750 millions, contracté par le gouvernement après la déclaration de guerre à la Prusse. À la suite de nos premiers revers, il se vit contraint de quitter le pouvoir en même temps que M. Emile Ollivier, le 9 août 1870. Depuis lors, il a vécu dans la retraite. Politique indécis, avocat distingué, M. Segris était au Corps législatif un des meilleurs orateurs de la majorité.

SEGUE (sé-ghoué — mot ital. qui signif. suis). Mus. S’emploie sur les partitions pour indiquer que l’on continue a exécuter ce qui suit, comme on a exécuté le passage précédent, bien que cela ne soit plus indiqué qu’en abrégé. Il Segue l’aria, Seyue l’allégro, Attaquez sans interruption l’air, l’allégro qui suit.

SÉGUIDILLE s. f. (sé-ghi-di-lle ; Il mil.espagn. seyuidilla, même sens). Genre de chanson espagnole : Deux séguidilles commencent et terminent le poème. (Baiz.) Demandez ! faites-vous servir ! musette ou lyre. Romance tendre ou bien séguiditle en délire. Tu. DE BiM VILLE.

Il Air vif, à trois temps, avec une ritournelle. Il Danse qui s’exécute sur cet air. Il On dit aussi séguedille.

— Encycl. La seguidille est une sorte de variante du boléro. Les Espagnols en reconnaissent de deux sortes : les seguidillas boleras, ainsi appelées lorsque l’air en est chanté et que le chant est accompagné d’une guitare ; la grande difficulté dans celles-ci, pour les danseurs, consiste à reprendre en son temps le paseo ou promenade qui vient immédiatement après la première partie de

l’air, dans le prélude de l’accompagnement qui précède Vestribilto ou couplet dans lequel se trouve enchâssée l’épigramme de la chanson ; les seguidtttus munckeyas, qui se dansent à quatre, six, huit ou neuf personnes, et qui sont beaucoup plus rapides dans leurs mouvements que les précédentes. Cette danse, extrêmement vive, qui a été léguée par les Maures à la province de la Manche, d’où elle s’est répandue dans toute l’Espagne, est eu geaude faveur chez le peuple, qui s’y abandonne avec un plaisir tout particulier. Th. Gautier a écrit, sous la titre de Séguidilles, quelques petites chansons d’un rhythme rapide, dans le goût de celles qui se chantent en Espagne pour accompagner la danse de ce nom. On ne trouve de séguidilles espagnoles que dans les recueils de poésies populaires.

SEGUIEB, nom d’une ancienne famille du Languedoc, qui, du XV» siècle jusqu’à nos jours, a fourni à la France un grand nombre de magistrats recommandables par leurs lumière» et même leur Courage, Les principaux personnages de cette famille sont :

SEGUIER (Martin), écrivain ecclésiastique français. Il vivait au xvie siècle. Ou iguyre la date de sa naissance et celle de sa moi t. Martiu Séguier entra dans les ordres et devint conservateur des privilèges de l’Université. Nommé à deux reprises conseiller au

SEGU

parlement, il refusa d’accepter des fonctions qu’il regardait comme incompatibles avec ses devoirs de prêtre. Il a publié plusieurs ouvrages, dont la plupart ont trait k des sujets religieux : Soupirs du bon pasteur (1570, in-8u) ; Prières du roi (1577, in-S°). Le plus important de ses écrits est intitulé : Épître envoyée à un gentilhomme français étant en Allemagne (1580, in-$o),

SÉGDIER (Pierre), célèbre magistrat, frère du précédent, né k Paris en 1504ymort dans la même ville en 1580. Il débuta comme avocat au parlement de Paris et ne tarda pas k s’y faire remarquer par la netteté et la concision de son langage. François Ier, qui l’avait distingué, le nomma en 1535 avocat à la cour des aides et chancelier de la reine Éléonore. En 1550, Henri II l’appela aux fonctions d’avocat général au parlement de Paris. Peu après, le roi ayant eu un différend, au sujet du duché de Parme, avec le pape Jules II qui menaça de l’excommunier (1551), Pierre Séguier, adversaire déclaré des empiétements de la cour de Rome, répondit aux menaces du pontife en faisant enregistrer par le parlement un édit qui défendait sous des peines sévères d’envoyer au pape de l’or ou de l’argent. La fermeté de son attitude lui valut d’être nommé en 1554 président à mortier. L’année suivante, il se rendit à Villers-Cotterels pour présenter k la cour des remontrances contre un édit qui établissait l’inquisition en France et que le parlement refusait d’enregistrer. Malgré la présence du cardinal de Lorraine et du connétable de Montmorency, malgré les avertissements et les menaces, il parla avec une respectueuse, mais inflexible énergie, émut le roi, déconcerta les ministres et préserva la France d’un infâme tribunal. Cette courageuse harangue, consignée sur les registres du parlement, appartient aux plus nobles pages de notre histoire nationale et elle a été publiée par Garnier dans la continuation de Velly (t. XXVII). Ce fut aussi Séguier que François II chargea de traiter de la fixation des limites entre le Dauphiné et le Piémont. Il se montra toujours d’une extrême modération lorsque les protestants furent traduits devant le parlement, et, après l’horrible massacre de la Saint-Barthéiemy, il s’attacha, dit Le Maistre, k « émouvoir le cœur du roi par des conseils pleins de douceur et de sagesse. » Ce grand magistrat, que Scévole de Sainte-Marthe appelait « l’une des plus bril- ! lantes lumières du temple des lois, » se démit de ses fonctions en 1578. Il avait coinposé un traité intitulé : De cougnitione Dei et sut (1636, in-12), qui a été traduit en français par Colletet. De son mariage avec Louise Boudet, il avait eu seize enfants, dont six fils : François, Pierre, Jérôme, Louis, Antoine et Juan. — François Séguier devint président aux requêtes et mourut en 1572. — Pierre Séguier succéda à son père comme président à mortier du parlement de Paris en 1578. Après l’assassinat de Henri III, il se rallia k la cause de Henri IV, k qui il rendit d’importants services. On a conservé un recueil manuscrit de ses harangues au parlement. — Jérôme Séguier devint grand maître des eaux et forêts.

— Louis, Antoine et Jean ayant joué un rôle assez important, uou3 allons leur consacrer une courte notice.

SÉGU1EU (Louis), magistrat et ecclésiastique, quatrième fils du président Pierre. Il vivait uans la seconde moitié du xvie siècle, entra dans les ordres, devint chanoine, puis doyen de Notre-Dame et fut nommé conseiller clerc au parlement de Paris. Lors de l’avènement de Sixte-Quint, il fit un voyage à Rome avec l’évêque de Goncli (1585). Étant devenu suspect aux chefs de la Ligue, il fut jeté k la Bastille en 1589 et n’obtint sa liberté que moyennant rançon. Quelque temps après, le conseil des Seize le chassa de Paris. Louis Séguier se rendit auprès de Henri IV, s’attacha k lui persuader que Paris valait bien une messe, fut témoin de son abjuration et fit ensuite partie de l’ambassade qui se rendit auprès du pape pour obtenir l’absolution du rusé Béarnais. Henri IV le nomma à l’évêchu de Laon, qui conférait un siège k la pairie ; mais, dépourvu d’ambition, Louis Séguier refusa, préférant continuer de rester k Paris.

SÉGUIER (Antoine), magistrat, frère du précèdent et cinquième fils de Pierre, né à Paris en 1552, mort dans la même ville en 1624. Entré de bonne heure dans la magistrature, il devint conseiller au parlement de Paris et maître des requêtes. En 1576, il accompagna, en qualité de surintendant de justice, le président de Mesmes en Provence pour y tempérer les rigueurs exercées par le parlement contre les calvinistes. De retour à Paris, Antoine Séguier fut nommé conseiller d’État. Quelque temps après, il retourna en Provence, chargé d’aider de ses conseils le gouverneur d’Épernon, et se fit remarquer en restant à Aix, décimée par la peste, pendant que d’Épernon et le parlement avaient quitté leur poste en toute hâte. Nommé avocat général et investi le premier du titre de premier avocat général, Séguier revint à Paris, resta attaché à la cause royale pendant la Ligue et, fidèle aux traditions paternelles, il se constitua l’énergique défenseur des droits et des libertés de l'Église gallicane contre les empiétements de Rome. C’est ainsi que, sur ses conclusions, la bulle de Grégoire XIV, se disant pape, fut condamnée à être lacérée et brûlée par la main du bourreau (1591). Il fut nommé président à mortier en 1597 et, l’année suivante, ambassadeur de Henri IV à Venise, où il parvint à détourner la république de donner son appui au duc de Savoie contre la France dans le conflit soulevé au sujet du marquisat de Saluces. Séguier présida ensuite la chambre créée en 1607 pour poursuivre les traitants qui s’étaient enrichis aux dépens de l’État et figura parmi les juges de la maréchale d’Ancre. Il se démit de sa charge de président à mortier en faveur de son neveu, le célèbre Pierre Séguier, fonda l’hospice de la Miséricorde pour les jeunes orphelins, et, comme il n’avait pas d’enfants, il légua en mourant toute sa fortune aux pauvres.

SÉGUIER (Jean), dit Séguier d’A.iirj., magistrat, frère du précédent, mort k Paris en 1596. Il était lieutenant civil lorsqu’il quitta Paris k la suite de Henri III. Après la mort de ce prince, il se rendit auprès de Henri IV et contribua a lui faire ouvrir les portes de la capitale. Ce fut dans la maison qu’il occupait à Saint-Denis que fut signé le traité qui permit à ce prince d’entrer à Paris. Séguier reprit alors dans cette ville possession de son siège et s’attacha k faire disparaître les pamphlets et les écrits qui attaquaient le roi. Jean Séguier fut emporté par la peste en 1596. Il avait épousé Marie Tudert, née en 1567, et l’une des femmes les plus séduisantes de son temps. Henri IV lui rit inutilement la cour. Devenue veuve k vingt-neuf ans, elle éleva ses enfants, puis entra en 1615 chez les carmélites de la rue Saint-Jacques, où elle prit le nom de Marie de Jésus-Christ et mourut en 1638. De son mariage avec Jeun Séguier d’Autry, elle avait eu deux fils et deux filles : le chancelier Fierre -Séguier, dont nous allons parler ;Dominique SÉGUIER, qui fut évêque d’Auxerre, puis de Meaux et premier aumônier du roi ; la présidente de Gourûues, qui, devenue veuve, fonda une maison de carmélites à Bordeaux ; enfin, Jeanne de Jésus, successivement prieure k Pontoise, k Gisors et à Saint-Denis.

SÉGUIER (Pierre), chancelier de France, fils du précédent, né à Paris le 28 mai 15S8, mort k Saint-Germain-en-Laye le 28 janvier 1672. Il fit de fortes études et eut pendant quelque temps l’idée de se faire chartreux, mais, ayant reconnu que sa vocation était insuffisante, il quitta le couvent où il s’était enfermé. Devenu membre du parlement de Paris en 1612, il épousa en 1615 la fille do Fabri, trésorier de l’extraordinaire des guerres, fut nommé maître des requêtes en 1620 et devint ensuite intendant de Guyenne. En 1624, Pierre Séguier succéda k son oncle Antoine comme président k mortier du parlement de Paris. Grand travailleur, ayant une remarquable entente des affaires, il attira sur lui l’attention du cardinal de Richelieu qui le désigna pour remplacer Chateauneuf comme garde des sceaux (1633). Entré au conseil, Pierre Séguier ne se souvint plus qu’à diverses reprises il s’était fait l’organe vigoureux des remontrances du parlement, suivit avec une docilité qu’on lui a souvent reprochée les instructions du cardinal et exila le président de Mesmes. « En même temps, dit M. de Barthélémy, il se montrait, avec un zèle un peu excessif, soigneux des intérêts des divers membres de sa f : unille, et il prenait un appui dans la haute aristocratie eu mariant sa fille aînée avec le marquis de Coislin. Séguier vivait très-grandement, quoique avec une économie qui plus d’une fois excita les plaisanteries de ses contemporains ; enfin, il sut se ménager le concours des gens de lettres, très-influents déjk, et il ne contribua pas peu à la fondation de l’Académie, dont Richelieu s’était déclaré le protecteur ; cela lui valut un renom, une popularité qui agrandirent considérablement sa situation et l’imposèrent tout naturellement comme le ssul successeur possible au chancelier d’Aligre quand celui-ci mourut en décembre 1635. A quarante-sept ans, Pierre Séguier était arrivé au premier degré de la hiérarchie civile sans efforts, sans intrigue apparente, comme désigné par l’unanimité des suffrages au choix du roi ou plutôt du cardinal de Richelieu, s

Le nouveau chancelier débuta en faisant revivre au parlement d’anciens usages tombés en désuétude, en remettant en vigueur les mercuriales destinées k maintenir la magistrature dans le devoir, en établissant desVègles sur l’âge nécessaire pour entrer dans la magistrature, etc., et en fixant les honneurs dus au chancelier, ce qui le lit taxer d’une vanité puérile. En 1637, le cardinal de Richelieu l’ayant chargé de faire une perquisition au Val-tle-Grâce, maison religieuse fondée par Anne d’Autriche et où elle se retirait souvent, il fit secrètement prévenir la reine, soupçonnée d’entretenir avec l’Espagne une correspondance contraire aux intérêts de l’État, et rendit ainsi, par Cette répréhensible complaisance, la mesure du cardinal inutile. En cette circonstance, le chancelier agit de telle sorte que, sans se compromettre vis-k-vis du cardinal et du roi, il gagna les bonnes grâces de la reine, ce qui n’eut pas eu lieu si, comme l’ont dit k tort des mémoires du temps, il avait interrogé Anne d’Autriche comme une criminelle et