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mûmes, qui la respecteraient du moins comme un homme d’honneur respecte l’épouse d’autrui ; une papauté désormais paisible et assurée, se dennant hautement comme l’exemple de la paix universelle et prévenant les guerres, les invasions, les révolutions ; il veut les habitants de l’État romain estimés, honorés par tous leurs frères dans la foi, recevant chez eux les hommages de tous les pays catholiques et ne pouvant plus se plaindre des bornes opposées à leurs frontières, et réciproquement tous les catholiques regardés,

selon la belle expression de Fénelon, comme citoyens de Rome, aptes même à y être appelés à toutes les fonctions de Rome, et Rome ainsi à la fois très-italienne et pourtant très-universelle. » Enfin, l’évêque d’Orléans rêve un pape « dont l’ambition généreuse se proposerait de faire des États de l’Église le modèle des États, le pays le plus prospère et le plus libre, où l’on irait contempler le bonheur d’un peuple, la sagesse de ses lois, la liberté dans ia paix, fa féconde puissance delà justice évangélique et le dénoûment des difficultés sociales an milieu desquelles se débattent les peuples contemporains sans les résoudre, de même qu’on va à Roméadmirer les chefs-d’œuvre des arts et former son génie par l’admiration du beau. » Après l’À’iicyclique et le Syllabus, croire tout cela possible et, bien mieux, affirmer que Pie IX l’a réalisé, c’est trop compter sur la crédulité publique. Prétendre que le pape n’est pas libéral parc qu’il n’a jamais eu la liberté de l’être ; c est se jouer du bon sens des lecteurs. En 1849, sous la pression des événements, Pio IX avait été obligé de consentir à ce que les fonctionnaires de l’État pontifical fussent recrutés moitié dans l’élément laïque et moitié dans l’élément ecclésiastique ; jusqu’alors tout fonctionnaire devait être prêtre, et la coucession qu’on lui avait arrachée, s’il l’eût observée loyalement, pouvait, sinon maintenir éternellement, du moins consolider son pouvoir. Dix ans après, tous les fonctionnaires étaient encore choisis parmi les prêtres, et comme on reprochait au cardinal Antonelli ce manque a la parole donnée, le cardinal montra, chiffres en main, que l’on se trompait, que la promesse avait été tenue. En effet, dans la liste générale des fonctionnaires, comprenant ceux de l’ordre le plus élevé jusqu’aux simples balayeurs des rues, assimilés sournoisement à des fonctionnaires, le chiffre des laïques était égal à celui des ecclésiastiques ; l’élément laïque avait fourni toute la classe des balayeurs.

« M. Dupanloup a voulu élever un rempart défensif pour la papauté et n’a réussi qu’à construire et approvisionner un arsenal d’armes offensives contre la Révolution. Il l’attaque et la poursuit partout, en Italie, en Angleterre, en France, et ne la combat pas toujours avec la courtoisie qu’on serait en droit d’attendre de son caractère. Appeler, par exemple, Cavour un fourbe sans iionneur est une calomnie qui retombe sur son auteur ; accuser Garibaldi d’avoir fait massacrer des femmes et des enfants est plus ridicule encore qu’odieux aux yeux de quiconque connaît le patriote italien. On prélat devrait, moins encore que tout autre, selon l’opinion du vulgaire, se laisser entraîner par l’esprit de parti à fausser la vérité. On sait ce qu’il en est, et notre histoire contemporaine peut fournir de nombreux renseignements à ce sujet.

SOOVESTRE (Emire), littérateur français, ne à Morlaix en 1806, mort à Paris en 1854. Fils d’un ingénieur des ponts et chaussées, il fut d’abord destiné à l’École polytechnique et mis au collège de Pontivy ; il avait dû faire taire ses goûts devant la volonté paternelle ; mais, son père étant mort, il reprit sa liberté, résolut de se faire recevoir avocat et alla étudier le droit à Rennes. Étant venu à Paris vers 1830, il sentit s’éveiller en lui la vocation littéraire et se tourna vers le théâtre. 11 composa un drame en vers, le Siège de Missolonghi, que son compatriote, Alex. Duval, fit lecevoir à la Comédie-Française et qui allait être représenté, lorsque, la censure ayant exigé des coupures, l’auteur s’y refusa : et préféra écrire une autre pièce. Sur ces entrefaites, E. Souvestre apprit la mort de son frère, capitaine au long cours, qui avait péri en pleine mer avec tout ce qu’il possédait. Se voyant désormais l’unique soutien de sa famille, il retourna en Bretagne et n’hésita pas à accepter une place de commis dans une importante maison de librairie de Nantes. Durant cette période, il commença h donner dans des revues de Rennes et de Nantes quelques essais d’études sur ia Bretagne, et ces travaux littéraires le mirent en rapport avec un ancien député, M. Luminais, qui lui conseilla de s’associer à un jeune savant, M. Papot, pour diriger une maison d’éducation de fondation récente. Au bout de quelque temps, les deux directeurs ne purent s’entendre, une scission s’ensuivit, etE. Souvestre, quittant le pensionnat, prit la direction d’un journal de Brest, le Finistère. Des scrupules politiques lui jirent presque aussitôt abandonner la rédaction de cette feuille et, après avoir essayé encore une fois du professorat, il se décida à revenir à Paris (1835), où ses premiers romans bretons ayant eu immédiatement une certaine vogue, il s’adonna tout ù fait aux lettres. Il cultiva aussi le théâtre et, sans atteindre les premiers

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rangs, sut s’y faire une place honorable. En 1848, il fut nommé professeur de style administratif à l’École d’administration fondée par la République, et il fit aussi des lectures du soir qui eurent un réel succès. La même vogue l’accueillit en Suisse, pendant le séjour qu’il fit à Genève, à Lausanne et à Vevay, en 1853. Il a recueilli en un volume quelques-unes de ses leçons : Causeries historiques et littéraires (Genève, 18S4, in-12), et ce n’est pas le moins attrayant de ses ouvrages. Comme romancier, il a surtout réussi à peindre les mœurs bretonnes avec beaucoup de vérité, de naturel et de fraîcheur ; ses romans ont encore un autre trait distinctif, c’est la bonhomie spirituelle et la philosophie aimable dont il en a empreint toutes les pages.

L Académie française, qui avait couronné en 1851 son livre intititulô : Un philosophe sous les toits, décerna à sa veuve, le 24 août 1854, le prix fondé par M. Lambert pour honorer la mémoire de l’écrivain le plus utile. Il semble que Souvestre se soit peint dans ce philosophe. « Retiré à l’extrémité d’un faubourg de la capitale, dit M. Charton, à un quatrième étage d’où la vue s’étendait sur quelques jardins, il travailla pendant dix-huit années, sans relâche, sans tracer une seule ligne que la conscience la plus scrupuleuse eût voulu effacer. La tendance à une sorte de prédication morale est le caractère le plus marqué de ses romans et de ses nouvelles. L’invention et l’originalité y font souvent défaut, mais l’intention philosophique n’y manque jamais, et, dans ses bons écrits, elle est accompagnée d’une simplicité qui en est l’ornement naturel et de sentiments gracieux qui la rendent aimable. >

Voici la liste des romans d’E. Souvestre : les Derniers Bretons (1835-1837, 4 vol. in-8o) ; l’Echelle des femmes (1835, in-8«) ; Biche et pauvre (1836, 2 vol. in-8o) ; la Maison rouge (1837, 2 vol. in-8o) ; les Anges du foyer (1838, in-8<>) ; le Mendiant de Saint-Jloch (1838, in-8o) ; le Pasteur d’hommes ; Péronick l’idiot (1838, in-8") ; Y Homme et l’argent (1839,2 vol. in-8o) ; la Pierre sainte de la bruyère (1840, in-8o) ; Mémoires d’un sans-culotte bas-breton (1841, 3 vol. in-8o) ; Pierre et Jean (1842, 2 vol. in-so) ; la Goutte d’eau (1S42, 2 vol. in-8o) ; le Mât de cocagne (1842, 2 vol.in-8°) ; Deux misères (1843, 2 vol. in-8o) ; ia Valise noire (1843, 2 vol. in-8o) ; Pierre Landais (1843, 2 vol. in-8") ; le Foyer breton (1844, 2 vol. in-so) ; Jes Réprouvés et les élus (1845, 4 vol. in-8<>) ; le Monde tel qu’il sera (1846, in-8<>) ; les Péchés de jeunesse (1849, in-8o) ; Un philosophe sous les toits (1850, in-12) ; Confession d’un ouvrier (1851, in-12) ; Au coin du feu (1851, in-12) ; Sous la tonnelle (1852, in-12) ; Sous les filets (1852, in-12) ; Sous les ombrages (1852, in-12) ; Au bord du tac (1852, in-12) ; Pendant la moisson(1852, in-12) ; Dans la prairie (1852, in-12) ; les Clairières (1852, in-12) ; Scènes de ta chouannerie (lS52, in-i2) ; Récits et souvenirs (1853, in-12) ; Chroniques de la mer (1853, in-12) ; Contes du foyer(&53, in-12) ; les Drames parisiens (1853, in-12) ; Contes et nouvelles (1854, in-12) ; Histoires d’autrefois (1854, in-12) ; Souvenirs d’un vieillard, la dernière étape (1854, in-12).

On lui doit en outre : le Finistère en 1836, ouvrage illustré (1836, gr. in-8o) ; le Journalisme (1839, in-12) ; la Bretagne pittoresque (1845, in-8o) ; Manuel des éjections (1848, in-12) ; le Mémorial de famille (1854, in-12), et 7’rois femmes poètes inconnues, études biographiques, publiées après sa mort (1860,

in-12).

Au théâtre, il a donné : Aînée et cadette, comédie en deux actes (1840) ; VOncle Baptiste, comédie en deux actes (1842) ; Pierre Landais, drame en cinq actes (1843) ; Charlotte et Werther, drame en trois actes (1846) ; le Mousse, vaudeville en deux actes (1846) ; les Deux Camusot, vaudeville en deux actes (1846) ; Un homme grave, vaudeville en un acte (1846) ; le Chirurgien-major, comédie en deux actes (1847) ; la Filleule de tout le monde, vaudeville en quatre actes (1347) ; le Pasteur ou l’Évangile et le foyer, drame en cinq actes (1849) ; Un enfant de Paris, drame en cinq actes (1S50) ; les Péchés de jeunesse, drame en trois actes (Odéon, 1850) ; Un mystère, drame en trois actes (1851). — Sa femme, M"« e. Souvestre, née Marie-Ranine Lafot, a publié les ouvrages suivants : Un premier mensonge ou le Petit chevrier (Limoges, 1846, 2 vol. in-8o) ; Antonio, ou Mensonge et repentir (Limoges, 1844, in-12) ; Trois mois de vacances (Tours, 1847, in-12). Elle a de plus traduit de l’anglais : Deux jeunes fenimes, roman de Mm= Carlen, et un roman anonyme : Paul Fcrrol (1859, in-12).

SOUV1ENS-TOI-DE-MOI s. m. Bot. Nom vulgaire du myosotis.

SOCVIGNY, bourg de France (Allier), eh. -1, de cant., arrond. et à 12 kilom. S.-O. de Moulins ; pop. aggl., 1,721 hab. — pop. tôt., 3,017 hab. Verrerie, tuilerie, forges, taillanderies. Il ne resta rien des anciens monuments de Souvigny, autrefois capitale du Bourbonnais, avant la fondation de Moulins. L’église de l’ancien prieuré des bénédictins, flanquée de tours et classée au nombre des monuments historiques, sert aujourd’hui d’église paroissiale. Nous ne rappellerons que pour mémoire une tradition curieuse, mais peu justifiée, à l’occasion de l’origine de Souvigny : suivant cette tradition, vers le

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vo siècle, une colonie de Vénètes, fuyant l’invasion du terribl) Attila, vint se ftxer sur les bords de la Quesne et demanda l’hospitalité aux habitants du pays. Après un séjour de près de quarante ans, ils retournèrent dans leur patrie et, trouvant leur ville brûlée, en formèrent ur e nouvelle qui n’est autre que Venise De leur côté, les peuples du Bourbonnais, en mimoire de leurs anciens hôtes, donnèrent alors à leur ville capitale le nom de Sub-Venetis ou Sous-Venise, et, en effet, elle se gouverna longtemps comme les Vénitiens, » ayant i es barons pour gouvernement, dit la chronique, et un baron sur icedx. » Telle est iette tradition qui a tout au moins le mérite ce l’étrangeté. Ce qui est certain, c’est que l’histoire réelle de Souvigny ne date que de 913, époque où Charles le Simple donna ce pays à Adhéinar, sire de Bourbon, comme uni récompense de services rendus et une garantie de fidélité pour l’avenir. Vers la même époque se fondait le célèbre monastère de Oluiiy, œuvre de la piété, de Guillaume, duc d’Aquitaine ; en 916, le sire de Bourbon résolut de l’imiter ; il lit don, en conséquence, à l’abbaye naissante de Souvigny, de son église dédiée à la Vierge et aux apôtres saint Pierre et saint Paul, ainsi que des maisons en dépendant, des prairies, des valléss, de vignes, des coteaux, etc. Alors fui fondée l’abbaye de Souvigny, qui n’est don ; postérieure que de trois ans h celle de Clunv. L’abbaye de Souvigny devint en peu de temps florissante. Elle reçut la visite du roi. Hugues Capet, alors malade, qui s’y rendit en pèlerinage, au tombeau de saint Mayeul (mort à Souvigny en 994), avec son fils Kc bert, associé à la royauté, Burckard, comte dt Paris, Renaud, évoque de Paris, et plusieurs autres seigneurs auxquels se joigniren’., à Souvigny même, les Archambault père ot fils, siies de Bourbon. Le roi Hugues Captt, qui se crut miraculeusement guéri à l’aide de son pèlerinage, accorda par une charte datée de 995 à l’abbaye de Souvigny le droit d- : battre monnaie. Ce droit se trouve rappelé sur un curieux chapiteau de l’église actuelle, qui est un des plus curieux monuments d’architecture romane que nous possédions. Les biei faits royaux, joints à l’excellente direction d ; s abbés Odile et Hugues, mirent le comble à la puissance de l’abbaye. Elle subit néanmoins, au xviie siècle, Jo sort commun, tomba er commende et fut enfin supprimée à la Révolution.

Il est maintenant indispensable de compléter ce court résumi par deux détails importants : la description de la célèbre église du prieuré etcelle des tombeaux royaux. L’église de Souvigny reçut, en effet, les dépouilles de •son fondateur et fut ensuite choisie comme dépositaire en titre des restes des ducs de Bourbon. Louis II, duc de Bourboo, héritier delà piété de ses ancêtres, voulait placer sa tombe et celles de ses successeurs près des monuments qui renfermaient les ossements de saint Mayeul et de saint Odile, protecteurs de leur maison, et que les voûtas qui les recouvraient servissent aussi d’abri’aux dépouilles mortelles des princes de sa race. Il fonda donc dans l’église du prieuré, en 1376, la chapelle Notre-Dame ou chapelle Vieille et y attacha des fondations- pour son service régulier. La furent ensevelis successivement : Jean II, mort prisonnier en Angleterre, Marie de Berry, sa femme, et François de Bourbon, duc de Châtellerault, frère du connétable de Bourbon, tué a la bataille de Marignan. Plus tard, le duc du Bourbon, Charles lcr ; nt élever vis-à-vis de la chapelle Vieille une nouvelle chapelle, destinée comme l’autreaux sépultures de sa fe.mille, et la plaça sur le caveau préparé poir recevoir ses cendres et celles de la duchesse Agnès de Bourgogne, sa femme. La chapslle Vieille se fait remarquer encore par les statues couchées de son fondateur et de la duchesse Anne, dauphine d’Auvergne, son épouse. Mais ces statues ont été mutilées en 1793, ainsi que les écussons de Bourbon et d’Auvergne. La chapelle de Charles Ier ou chapelle Neuve est encore aujourd’hui un des plus beaux monuments de l’église. Le sarcophage représente le duc et sa femme couchés 1 ur. À côté de l’autre ; le mausolée est orné dans le bas de statuettes placées dans des niche ; ; d’une grande délicatesse. La balustrade qui ferme !a chapelle était ornée de nervures représentant des fleurs de lis. Ces fleurs ont été également mutilées à la Révolution. Outre les restes de Charles Ier et d’Agnès de Bomgogne, la chapelle Neuve renferme ceux do Pierre II, d’Anne de France, de Suzanne de Bourbon, femme-de Charles III, enfin ceux de Louise-Marie, tille légitimée de Louis XIV et de Mme de Montespan, qui y furem déposés en 1681 par ordre du roi. Nousdevons dire ici que les dégâts causés en 1793 furent p îrement matériels ; les sépultures dont nou : i venons de parler furent épargnées ; on se borna à la destruction de quelquesstatues et emblèmes, et les tombes des princes de Bourbon ont traversé les âges jusqu’à nos jours.

La basilique de !’apcien prieuré de Souvigny, en dépit des dégradations qu’elle a subies, est le inonui lent le plus curieux et le plus ancien du Bourbonnais, tant par l’étendue de ses proportions que par le mélange des divers types d’architecture. Elle mesure 84 mètres de longueur sur 28 de largeur et 17 de hauteur sous la grande voûte. Avant de pénétrer dans l’intérieur, il faut jeter un

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coup d’œil à l’extrémité orientale de la place, sur l’ancienne chapelle des bénédictins, construite au xno siècle et réparée au xvnio. La façade de Saint-Pierre apparaît ensuite avec ses deux tours carrées. Elle était primitivement romano-byzantine ; mais des réparations postérieures ont modifié ce caractère. On entre dans l’église par un portail faisant Saillie Sur l’ancienne construction, sculpté avec une grande richesse d’ornements et formant une ogive dentelée avec des niches latérales et couronné par des galeries à jour. Cette élégance forme un curieux contraste avec la sévérité du style des deux tours, qui datent, suivant toute apparence, du xio ou du xne siècle. L’intérieur de l’église achève de prouver qu’elle dut être bâtie à plusieurs époques. Ainsi, la partie supérieure de la grande nef, les chapelles du transsept et du

| sanctuaire sont du xvo siècle, tandis que les bas-côtés, dont les fenêtres sont dépourvues de Colonnettes, sont romans. L’abside et l’intérieur offrent un curieux spécimen de la

’, belle architecture romane. Ce qui frappe tout d’abord quand on s’avance dans l’église, c’est l’harmonieuse combinaison de ce mélange d’architectures opposées. L’église primitive, qui dute des premiers t-mps du

xie siècle, ne se composait dans l’origine que d’une nef et de deux collatéraux étroits, avec un transsept, et d’une abside entourée de plusieurs chapelles faisant saillie au dehors. De tout cet édifice, il ne reste que la partie basse do la nef principale, les bas-côtés et le mur méridional du transsept. Avant même d’avoir pensé à entreprendre les grands travaux d’agrandissement, on avait douté de sa solidité et, pour l’affermir, on avait construit les deux bas-côtés dont les murs étaient armés d’une arcature byzantine, où on avait représenté des figures d’hommes et d’animaux, dont le style trahit la fin du xn« siècle. Mais cette addition importante avait détruit les proportions de l’église primitive : le chœur se trouva trop petit. On dut le reconstruire et agrandir en même temps le transsept, tout en maintenant autant que possible le style roman. On flanqua l’abside de cinq chapelles dont deux furent ensuite détruites lors du la construction de la sacristie et Uo la chapelle Vieille. Ainsi réparée, l’église de Souvigny subsista jusqu’au xve siècle sans autres ad : ditions importantes ; toutefois des urcs-doubleaux furent ajoutés à la voûte des premiers bas-côtés pour leur donner de la solidité. C’est là qu’on remarque la forme de l’ogive sarrasins et la transition du style roman au premier gothique (xuB siècle). C’est au xvc siècle que furent exécutés, sous le prieuré de dom Cliollet, les vastes travaux postérieurs et les constructions des chapelles Vieille et Neuve, sépultures de la famille de Bourbon. Ces monuments sépulcraux lia sont pas les seuls objets d’art qui décorent la vieille église de Souvigny : on admire encore, vers la porte méridionale, l’oratoire de Baint-Mayeul-et-de-Saint-Odile, richement décoré.

Les portraits de ces saints, peints sur panneaux, ont malheureusement souffert d’une maladroite restauration. Dans le mur occidental du bas-côté, on admire un bas-relief byzantin d’un remarquable travail, mais qui a malheureusement aussi souffert de déplorables mutilations. Dans ce même collatéral, on voyait jadis la statue de Marie de Hainaut, qui décorait le mausolée de cette princesse, à Champaigre, et que depuis on a placé ailleurs.

Le prieuré de Souvigny était une des plus puissantes maisons religieuses de France. Ses supérieurs exerçaient réellement une autorité souveraine sur les religieux et même sur la ville. « Ils étaient installés dans leurs fonctions, dit un savant travail de M. Ochier, avec les honneurs qu’on rendait aux ducs du Bourbon. Us étaient reçus avec la croix, encensés ; ou leur présentait l’eau bénite et les saints Évangiles, et chaque frère venait tour à tour s’incliner devant eux. Comme supérieur de la ville, le prieur avait aussi le titre décuré. Lui seul avait le droit d’officier aux grandes fêtes à la tête du clergé de sa paroisse. II présidait à toutes les cérémonies religieuses extérieures, telles que processions, enterrements, etc. La maison do

Souvigny réunissant plus de cinquante monastères, bénéfices ou chapelles sous sa juridiction, tous les supérieurs de ces établissements devaient rendre leurs comptes chaque année devant le chapitre général présidé par le prieur. La justice se rendait en son nom, et il partageait avec les ducs de Bourbon lo droit de battre monnaie. Les diverses prérogatives dont jouissait le prieur au nom de la maison ont donné pendant longtemps une grande importance à la ville de Souvigny, qui pouvait disputer à Moulins le titre de capitale du Bourbonnais. »

SOUVIGNY (Gui de), helléniste français, né à Blois, mort à Orléuns en 1672. C’était un prêtre de l’Oratoire et un humaniste instruit, qui professa dans divers collèges et notamment à Marseille (1634). Étant allé à Rome, il se lia d’une étroita amitié avec la docte Léo Aliatius et travailla avec lui dans la riche ; bibliothèque Vaticaue, où, à la même époque, le Fcre Morin et Lucas Holstenius venaient s’occuper de travaux d’érudition.

11 a publié les ouvrages suivants : Cyri Tkeodori Prodromi epigrammata graeca (Baris, 1032, in-4o), traduit en vers latins avec