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SPONGIPHORE s. m. (spon-ji-fo-re — du gr. spoggion, éponge ;phoros, qui porte). Entom. Syn. de psalidophore, genre d’orthoptères.

— s, m. pi. Syn. de proscopides, tribu d’insectes orthoptères.

SPONGITE s. m. (spon-ji-te— dulat. spnngia, éponge). Géol. Nom donné à des polypiers fossiles on à de simples concrétions pierreuses ressemblant plus ou moins aux éponges : Le SPONGITE n’est qu’une incrustation formée dans l’eau sur des végétaux. (V. an Bomare.)

SPONGOBRANCHE s. m. (spon-go-bran Chft). Moll. V. SPONOIOBRÀNCHB.

SPONGOCARPB s. m. (spon-go-kar-pedu gr. spoggos, éponge ; karpos, fruit). Bot. Genre d’algues, formé aux dépens des sargasses, comprenant trois ou quatre espèces, 3ui vivent dans les mers de la Chine et du apon."

SPONGODION s. m. (spon-go-di-on — du gr. spogi/otlês, semblable à une éponge). Bot. Genre d’algues globuleuses ou cylindriques, spongieuses, formé aux dépens des fuous, et voisin des ulves : Les spongodions sont d’un très-beau vert foncé. (F. Foy.)

SPONGOÏDE adj. (spon-go-i-de — du gr, spojtgos, éponge ; eidos, aspect). Hist. nat. Qui a l’apparence de l’éponge.

— Pafhol. Os spongoïde, 03 rachitique, qui prend une apparence spongieuse.

SPONGOPE s. m. (spon-go-pe — du gr. spoggos, éponge ; pous, pied). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des carabiques, tribu des barpaliens, dont l’espèce type vit aux États-Unis.

SPONGOPODE s. m. (spon-go-po-de — du gr. spoguos, éponge ; pous, pied). Entom. Genre d’insectes hémiptères, de la famille desseutellériens, rfibii despentatomites, dont l’espèce type habite l’Inde.

SPONIA. s. m. (spo-ni-a). Bot. Genre d’arbres et d’arbrisseaux, de la famille des eeltidées ou des ulinacées, formé aux dépens des micocouliers, et comprenant plusieurs espèces, qui croissent dans l’Asie tropicale et les lies voisines et dans l’Amérique centrale.

SPONNECK ou SPONECK (Guillaume-Charles, comte nu), homme d’État et économiste danois, né à Ringkiœbing en 1815, d’une famille originaire de la Silésie. Après avoir terminé ses études à Sporo en Zélande, il se rendit à Paris, où il se livra à l’étude de l’économie politique. De retour dans sa patrie, il siégea dans l’administration des douanes et diras la chambre de commerce. Il fit paraître alors Son ouvrage intitulé : les Douanes du Danemark (Copenhague, 1840, 2 vol.). Comme membre de la commission de statistique, le comte deSponneek a rédigé huit Tables statistiques. En 18-15, il obtint le portefeuille des finances. En 1856, sous le ministère Cfirsted, il fut accusé, avec ses coministres, d’avoir ordonnancé des payements sans y avoir été

autorisé par la Chambre et tomba du pouvoir. En 1863, il accompagna le roi Georges en Grèce. Il ne s’y fit point aimer et dut quitter ce pays en 1866.

SPONSALIES s. f. pi. (spoïl-sa-ll — lat. sponsalia ; de sponsus, époux). Antiq. Fiançailles, épousailles chez les Romains.

— Encycl. Elorentinus définit ainsi les sponsaties (Digeste, XXIII, fit Ie"") : « Sunt mentio et repromissio nuptiarum futurarum, Un avertissement et une promesse réciproque de noces futures. » Les sponsalies furent d’un usage fréquent, mais telles ne constituaient pas une formalité nécessaire. Un passage qui nous a été conservé du livre de ServiusSulpicius Rufus sur les dots (De dotibus), et que l’autorité de ce jurisconsulte rend très-précieux, nous fait connaître en quoi consistaient les sponsalies. C’était, selon lui, un contrat, d’un côté, par stipulations ou conditions, et de l’autre par promesses. Le futur mari posait les conditions ; celui qui donnait la femme en mariage faisait les promesses. Après les spoitsalies, l’homme qui s’engageait à se marier était appelé sponsus, c’est-à-dire promis ; la future épouse était aussi appelée promise, sponsa. Ainsi, dans l’Eunuque de Térence (V, vm) :

Sois tponsam mihi ?

« Sais-tu qu’elle m’est fiancée ? » Chacune des deux personnes, parties au contrat, possédait le droit d’actionner celui qui refusait de l’exécuter et pouvait réclamer contre lui des dommages-intérêts, que le juge fixait selon ce qui

lui semblait équitable. « Telle était, dit Seivius, la législation des sponsalies k l’époque où la loi J ulia donna le droit de cité à tout le Latium. » De la nous pouvons conclure qu’il y fut apporté plus tard des changements, mais nous ignorons en quoi ces changements consistèrent.

Les sponsalies ne liaient pas les parties quand elles étaient l’une et l’autre d’accord pour rompre le contrat. Dans le cas où une personne se trouvait engagée en même temps par deux sponsalies, elle était notée d’infamie, comme le faussaire, comme le voleur, comme la femme adultère. On pouvait être lié par sponsalies dès l’âge de sept ans. Une ordonnance d’Auguste, qui fut probablement comprise dans la loi Julia et Pappia, déclarait que les sponsalies n’auraient plus de valeur

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si elles n’étaient pas suivies du mariage dans un intervalle de deux ans ; toutefois cette ordonnance ne fut pas toujours observée. Il arrivait souvent que les conditions et les promesses constituant les sponsalies étaient inscrites sur un registre public et scellées du cachet de chaque partie. Le fiancé offrait à sa future femme un anneau de fer uni qu’on nommait pronubum et qu’elle portait au deuxième doigt de la main gauche. Il lui donnait aussi quelques pièces d’or ou d’argent, appelées ■ arrhes des fiançailles, aïrha sponsalitia, »et connues aussi sous le nom de« donation en vue des noces, propter nuptias donalio. • On choisissait pour les sponsalies un jour de beau temps, un jour dans lequel brillât le soleil ; c’eut été de mauvais augure, pour ce contrat et pour le mariage lui-mèine, de les faire en un jour d’orage ou par un ciel nébuleux.

SPONSOR s. m. (spon-sor — mot lat. qui signif. épouseur). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des serricornes, section des malacodermes, tribu des buprestides, comprenant huit espèces, qui habitent l’île Maurice, •

SPONT s. m. (spon). Min. Canal de bois à l’aide duquel on opère le transbordement de la houille.

SPONTANÉ, ÉE adj. {spon-ta-né — lat. spontaneus ; de sponte, de son propre mouvement). Qui est libre, volontaire ; qui n’est pas provoqué ; que l’on fait, que l’on dit de son propre mouvement : Action spontanée. Réponse spontanée. La. perception par les sens est le premier acte Spontané de l’enfance. (M"» Moumarson.) Il Qui n’a rien d’artificiel ; qui se produit naturellement, par la seule force des choses : L’instinct est l’expression spontanée de la nature de chaque être. (L’abbé Hautain.) Aujourd’hui encore, dans quelques portions de l’humanité qui continuent l’état spontané, il se produit des mythes comme aux anciens jours. (Renan.) L’art, primitivement identique avec l’instinct natif, SPONTANÉ, indélibéré, s’en distingua peu à peu. (Lamenn.) Toute révolution, pour être efficace, doit être spontanée. (Proudh.)

— Qui a de la spontanéité, une extrême promptitude d’action : Les Celtes étaient simples et spontanés. (Michelet.)

— Physiol. Se dit des mouvements qui s’exécutent d’eux-mêmes ou sans cause extérieure apparente : Les mouvements du cceur, du cerveau, des artères sont des mouvements spontanés ! (Acad.) Il Génération spontanée, Génération produite sans l’intervention d’aucun germe ou ovule : On regarde généralement la thèse de ta génération spontanée comme favorable à la cosmogonie dite matérialiste. (C. Renouvier.)

— Médec. Evacuation spontanée, Celle qui n’est pas provoquée par un remède ou une manœuvre opératoire, il Lassitude spontanée, Celle qui ne résulte d’aucun travail. Il JUaladie spontanée, Celle qui n’a point de cause apparente.

— Bot. Se dit des plantes qui croissent naturellement dans un pays, Sans y avoir été

introduites par l’homme ou par une cause accidentelle : Le noyer est originaire de la Perse et spontané dons les régions au sud du Caucase. (Martins.)ie cultivateur a besoin de lutter sans cesse contre les plantes spontanées du sol. (M. de Lombasle.)

— s. m. Philos. Acte spontané : Le spontané est à la fois divin et humain. (Renan.)

— Encycl. Génération spontanée. V. génération.

SPONTANÉITÉ s. f. (spon-ta-né-i-térad. spontané). Caractère de ce qui est spontané : L’amour nait de la spontanéité, c’est une improvisation. (H. Murger.) Le mouvement est la forme de toute spontanéité. (Proudh.) La spontanéité est essentiellement libre, bien qu’elle ne soit accompagnée d’aucune délibération. (V. Cousin.) Le peuple représente les instincts du cœur humain dans toute leur spontanéité. (Renan.) La dévolution française montré sous toutes ses faces la spontanéité du génie français. (T. Ilelord.) Le propre de la. délibération, c’est d’éteindre la spontanéité. (E. de Gir.)

— Pathol. Spontanéité morbide, Apparition de Iroubles fonctionnels auxquels on ne peut attribuer d’autre cause connue que le jeu des fonctions elles-mêmes.

— Encycl. Le langage philosophique oppose la spontanéité à la reflexion. Le spontané est, en général, ce qui vient de l’être même et de sa propre initiative, au lieu de venir a la suite de réflexions qui peuvent avoir été suggérées par des faits extérieurs. Tonte action qu’une personne entreprend ou fait d’elle-même sans y être contrainte, ni obligée, ni sollicitée, ni conseillée, est dite spontanée ; cela signifie que cette personne agit de son propre mouvement, et ces deux expressions sont synonymes. Les êtres qui se-meuvent ou qui agissent spontanément le font eu vertu de leur nature ; leur mouvement, leur action s’échappe en quelque sorte de leur nature même, sans que leur intelligence et leur volonté prévenues leur en rendent compte. Quand une expresse volonté, précédée de l’intelligence, commande un acte, il est dit réfléchi. Voir estl’acte spontané du sensde la vue ; regarder en est l’acte réfléchi. De même entendre et écouter, etc. Toutes les actions que nous in SPON

spirent nos inclinations et nos appétits peuvent se faire naturellement et comme malgré nous, par nous et sans nous en quelque sorte ; elles peuvent se faire de notre expresse volonté, pour des motifs que nous avons en vue : spontanéité dans le premier cas ; réflexion dans le second.

Quoique l’acte spontané ne soit pas proprement un acte réfléchi, il est libre, puisque, étant produit par des dispositions intérieures dont l’ensemble constitue le caractère propre de la personne, il n’est ni imposé ni même suggéré par aucunejnfluenceextérieure. L’auteur de cet acte en est moralement responsable, et il serait mal venu k dire qu’il l’a fait sans savoir, sans se rendre compte qu’il le faisait. L’homme qui se laisse uller peu à peu à contracter des habitudes vicieuses se rend par là même et d’avance coupable de toutes les mauvaises actions que ces habitudes lui feront commettre. Celui qui, au contraire, fait le bien spontanément, sans prendre le temps de réfléchir, n’en a que plus de droits à notre reconnaissance ; car cette spontanéité même nous promet pour l’avenir d’autres bienfaits.

SPONTANÉMENT adv. (spon-ta-né-manrad. spontané). D’une manière spontanée : L’éloquence est un fruit des révolutions ; elle y croit spontanément et sans culture. (Chateaub.) L’innocence produit spontanément la naïveté. (Ë. Alletz.) L’eau s’évapore sponta- NÉMKNTaans levide. (F. Pillon.) Les fortes sympathies se révèlent spontanément. (M’»e Reybaud.) L’homme jouit des biens que lui prodigue spontanément la nature. (Poitalis.) La raison se développe de deux manières : ou spontanément, ou ré/lexivement. (V. Cousin.) Le langage a été créé par toutes tes facultés humaines agissant spontanément. (Renan.)

SPONTÉPARISTE s. m. (spon-té-pa-ri-ste

— du lat. sponte, spontanément ; pario, j’enfante). Physiol. l’artisan de la génération spontanée, il Peu usité.

SPONTINI ou SPONTONE(Cyrus), historien et poète italien, né à Bologne vers 1552, mort dans la même ville en 1610. Successivement secrétaire de l’archevêque de Ravenne, de l’évêque de Policastro, de Jacques de Savoie, de Charles Emmanuel Ier, il devint, en 1602, secrétaire du sénat de Bologne. Parmi ses nombreux écrits, on cite : Nereo, poëme (Vérone, 1588, in-4o) ; // Bothigaro (1589, in-4o) ; Corona del principe (1590, in-4o) ; Ercole defensore di Omero (1595, in-8o) ; Dodici libri del governo di stato (1600, in-4o) ; Azioni de re dell’ Ungaria (1602, in-fol.) ; Storia delta l’ransilvania (1638, in-4o).

SPONTINI (Gaspare-Luigi-Pacifico), compositeur italien, né à Majolati, marche d’Ancône, le 15 octobre 1779, mort à Jesi le 24 janvier 1851. Destiné à la prêtrise par son père, qui avait peu de ressources et plusieurs entants, il fut placé tout jeune chez un de ses oncles, qui était curé à Jesi. Là, il reçut des leçons de musique d’un facteur d’orgues et montra de telles dispositions musicales que sa famille consentit à lui donner des maîtres, puis l’envoya, en 1793, compléter ses études à Naples, au conservatoire de la PietàdeTurchini. Sous la direction de Sala et de Tritta, Spontini lit de rapides progrès, devint répétiteur au conservatoire et se mit à composer des morceaux de musique, des oratorios, des cantates, etc. Le directeur d’un théâtre de Iionie, ayant entendu quelques-uns de ces morceaux, lut frappé du talent du jeune homme et lui proposa d’écrire la musique d’un opéra. Spontiniaccepta, s’échappa, du conservatoire ei se rendit à Rome, où il fit représenter avec succès, le 26 décembre 1796, / Puniigli délie donne. Lorsqu’il revint à Naples, Piccinni s’interposa pour lui faire rouvrir les portes du conservatoire et lui donna d’utiles conseils. Dés l’année suivante, Suontini lit jouer Gli amanti in cimento, à Rome ; l’Isola disabitata, ’& Parme ; XEroismo riflieolo, à Naples, D’une extrême fécondité, ildonna successivement encore :Il Finto pittnre, à Rome ; Teseo riconosciuto, à Florence ; Chi piu guardameno vede, dans la même ville ; la Fuga in maschera, à Naples (1798) ; YAmore segr»to, à Naples ; la Fiuta fitosofa (1799), qui obtint un vif succès dans la même ville. En 1800, la cour de Naples s’étant réfugiée à Païenne, Spontini alta l’y rejoindre et, tout en donnant des leçons de chant, il écrivit plusieurs opéras : OU Ëiisi delusi ; L Quadriparlanti et 11 Finto piltore. L’année suivante, il se rendit à Rome, où i) fit représenter 11 Geloso audace, puis passa à Venise en 1802 et y composa successivement la Principessa d’Amatfi, pour la célèbre cantatrice Moriehelli, et Le ÂJetamorphosi di Pasquale. En quittant cette ville, Spontini retourna à Naples, puis partit pour la France, séjourna pendant quelque temps à Marseille et arriva en 1803 à Paris, où il devait sceller sa réputation.

Spontini se mit alors, pour vivre, adonner des leçons de ebant. Au mois de février 1804, le Théâtre-Italien donna avec succès son opéra intitulé la Fin ta filosofa. Au mois de mars suivant, Spontini donna a l’Opéra-Comique un petit opéra pn un acte, Julie, qui tomba à, plat, puis, au mois de juin, la Petite Manon, opéra-comique en trois actes, dont la première représentation ne put être achevée. Elleviou, le principal interprète de la pièce, ayant eu l’impudence de narguer une partie du publia qui sifflait, il s’ensuivit un

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tumulte indescriptible ; un grand nombre de spectateurs envahirent la scène en brisant tout, et la force armée dut intervenir pour faire évacuer la salle. Plein de confiance dans son talent, le compositeur ne se laissa point décourager par ce double échec. Il se remit à l’œuvre ; mais, vivement impressionné par l’audition de quelques-uns des chefs-d’œuvre de Gluck, il modifia a peu près complètement son style et sa manière, qui prirent un caractère d’ampleur essentiellement dramatique, et donna plus de correction et de vigueur à sa partie harmonique. La révolution qui s’opéra dans son talent commença à se manifester dans un petit opéra en un acte, ilfiZioii, représenté en novemhre 1804 et que le public accueillit avec faveur, Jouy, qui lui fournit le livret de cette pièce, se lia alors avec lui et écrivit le poème de $.Vestale, qui devait être le chef-d’œuvre du compositeur. À cette époque, l’impératrice Joséphine le nomma directeur de sa musique particulière, ce qui lui permit de renoncer à ses leçons et de s’occuper d’écrire la Vestale avec une lenteur, avec un soin qui ne lui étaient point habituels. Sono3UVre, terminéeetreçueauGrand-Opéra, fut sur le point d’être enterrée avant d’avoir été jouée. Toutes sortes de tracasseries et d’objections furent suscitées à Spontini, tant, par l’administrateur du théâtre que par les principaux chanteurs et même par l’orchestre. Il fallut un ordre exprès de Napoléon pour que l’on commençât les répétitions, qui no durèrent pas moins d’une année. Enfin, le 25 décembre 1807, l’Opéra donna la première représentation delaVwlaie (v. ce mot), dont l’effet fut immense et le succès éclatant. Ce chef-d’œuvre de sentiment et de passion dramatique n’eut pas moins de cent représentations à Paris et fut joué sur toutes les grandes scènes de l’Europe. Enfin, l’Institut décerna à Spontini, devenu célèbre, un des grands prix décennaux. Sur la demande de Napoléon, le compositeur écrivit ensuite la musique de Fernaud Cortex (v. ce nom), dont Jouy composa également le livret. Cet opéra, qui renferme de grandes beautés, fut joué le 28 novembre 1809 et très-applaudi ; mais il n’eut point le succès prolongé de la Vestale. L’année suivante, Spontini devint directeur du Théâtre-Italien de Paris. Il s’entoura de brillants chanteurs, mais ne réussit pas et renonça à la fin de 1812 à une direction qui ne lui avait attiré que des ennuis de tout genre. Ce fut à la même époque (1811) qu’il épousa une nièce de Sébastien Erard, facteur depianos. Au début de la Restauration, Spontini perdit sa place de directeur de la chapelle particulière et se remit à écrire pour la scène ; mais l’heure des grands succès était passée pour lui. Pelage ou le Bot et ta paix, opéra en deux actes, joué le Î3 août 1814 ; les Dieux rivaux, opéra-ballet, en collaboration avec Persuis et Kreutzer (21 juin 1816), passèrent inaperçus. En 1817, le directeur ayant voulu remettre a la scène les Danaîdes de Salieri chargea Spontini d’en rajeunir la partition et celui-ci y intercala un morceau de premier ordre, la bacchanale du troisième acte (1817). En ce moment, il se mit à travailler à un grand opéra en trois actes, sur le succès duquel il comptait vivement et pour la mise en scène duquel le directeur de l’Opéra dépensa des sommes considérables. Mais Ohjmpie, jouàe le 15 décembre 1819, fut accueillie avec une extrême froideur. La pièce étaic mal faite, les situations dramatiques péniblement amenées, et le compositeur gêné avait manqué de verve et de variété, bien qu’on retrouvât son talent dans quelques beaux morceaux. D’un tempérament nerveux et irritable, prompt au dégoût et au découragement, Spontini se trouvant mal compris à Paris quitta cette ville pour se rendre à Berlin (1820), où le roi de Prusse l’attira en le nommant maître de la chapelle royale, directeur général Je la musique et directeur de l’Opéra, avec 37,500 fr. d’appointements. Spontini fit représenter sur ce théâtre son Olympie, dont il modifia le troisième acte, puis Lalla Roukh, opéra-ballet (1&21) ; Nurmahal, grand opéra (1824) ; Atcidor, opéra-féerie (1825), et Agnès de ilohenstau/jen (18Ï9). Outre ces opéras qui n’ajoutèrent rien à su réputation, il composa divers morceaux, notamment le Chant du peuple prussien (1820) et un Hymne pour le couronnement de l^einpereur de Russie (1827).

Spontini avait espéré que la grande position qu’il occupait à Berlin le mettrait à l’abri des ennuis qu’il avait éprouvés à Paris. Cette espérance ne tarda pas à être déçue, et son malheureux caractère, d’une extrême susceptibilité, trouva une nouvelle source d’amertume tant dans les rapports difficiles qu’il eut avec l’intendant général du théâtre royal, de Rœdern, que dans les critiques dont quelques-uns Je ses opéras turent l’objet. Un rédacteur de la Gazette de Voss, Rellstab, devenu son implacable ennemi, s’acharna particulièrement après lui. Non-seulement il attaquais compositeur dans des articles et des pamphlets, mais encore il prit l’homme à partie, et, se faisant l’interprète de compositeurs allemands furieux de la situation que Spontini occupait à la cour de Berlin, il l’accusa de s’opposer à ce qu’on jouât les œuvres des autres compositeurs et de tout faire pour les empêcher de réussir lorsqu’il était contraint de les faire jouer. Attaqué dans son honneur, Spontini s’adressa aux tribunaux et fit condamner Rellstab à quelques mois de prison. Ce procès, loin de mettre un terme aux atlaaue*