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fut commandé par le gouvernement et conta des sommes considérables. L’artiste en exécuta une copie de mêmes dimensions pour le duo de Wellington. Notons encore de M. John Steel une statue de l’amiral de Saumurez, dans une des cours de l’hôpital de Greenwich.

STEELE (Richard), littérateur, critique et auteur dramatique anglais, né à Dublin en 1671, mort en 1729. Il avait cinq ans lorsqu’il perdit son père, qui était avocat et secrétaire du duc d’Ormond. Ce personnage l’envoya à l’école de Charter-Honse, à Londres, où il eut Addison pour condisciple, puis à l’université d’Oxford (1692). Dès cette époque, Steele montra son goût pour les lettres en composant une comédie et une Marche funéraire, poème à l’occasion de la mort de la reine Marie II (1695). En sortant de l’université il résolut, malgré sa famille, de suivre la carrière des armes, s’engagea dans les gantes à cheval et devint enseigne. Steele mena alors la vie la plus dissolue ; toutefois, il ne tarda pas à sentir renaître en lui le goût des lettres. Il écrivit un petit manuel, le Héros chrétien (1701), qu’il dédia à lord Cutis et qui lui attira les railleries de ses camarades, tant les idées qu’il y exposait étaient en contradiction avec sa conduite. Ayant quitté

l’aimée, il composa quelques comédies : Funérailles on Chagrin à la mode (nùl)jsMari tendre (1703), qui furent bien accueillies, et l’Amant menteur, qui eut une chute complète. Cet insuccès le dégoûta complètement du théâtre. Au mois d’avril 1709, Steele commença la publication du Babillard (The Tatler), recueil périodique qu’il rédigea avec Addison et dont il suspendit la publication, bien qu’il eût une grande vogue, en décembre 1710. Mais, le 1er murs de l’année suivante, il fondu et dirigea, avec Addison, le Spectateur, journal dont le succès ne fut pas moins grand. Ayant été obligé, à la fin de 1712, de quitter Londres pour se soustraire aux poursuites de sescréaneiers, Steele cessa de l’aire paraître son journal, qu’il continua de janvier à décembre 1714. En 1713, il avait fondé une nouvelle feuille, le Mentor (The Guardian), qu’il remplaça par VAnglais (Tke Englishman). Dans ces divers journaux, tout en traitant des questions littéraires, Steele s’était beaucoup occupé des questions politiques et avait défendu les idées libérales. Lord Sundeiland et lord Halifax, pour le récompenser de l’uppui qu’il donnait à la politique des whigs, le liieut nommer commissaire du timbre. S«ms le ministère tory, dirigé par lord Oxford, il conserva sa place et s’abstint pendant quelque temps de discuter la conduite du cabinet ; mais, pour recuuvrer toute son indépendance, il se démit de son emploi et publia à cette occasion une lettre intitulée : Bemerciutenis d’un Anglais au duc de MurIborovyh (1711). En 1713, il attaqua avec une grande vigueur, Oans le Mentor, les tories, que Swift défendait avec une extrême vivacité dans l’Examiner, et parvint a se faire élire membre de la Chambre des communes par le bourg de Stockbridge. Des aiticles publies dans l’A nglais et un pamphlet intitule la Crise mueu-tau comble l’irritation des tories eunlie lui et furent dénoncés à la Chambre comme tendant à exciter à la haine du gouvernement et au mépris du pouvoir royal. Steele se défendit avec talent ; mais la majorité ne voulut entendre à rien et l’exclut de la Chambra comme auteur d’écrits séditieux (murs 1714). Il publia, cette même année, plusieurs brochures : la Foi française démontrée par l état actuel de Dunkerque ; Lettre a {’Examiner au. Défense de M. Steele ; Lettre à sir Mites Wiuiriuu sur (es pairs de circonstance ; Lettre à un membre du Parlement ; puis Hutoire ecclésiustique de Home pendant tes dernières années (1714, in-8uJ ; la Bibliothèque des dames (17H) ; enfin deux journaux qui vécurent quelques numéros, l’Amant et le Lecteur. Le parti whig ayant repris le dessus lors de l’avènement de George Ier (août 1714), Steele obtint plusieurs emplois lucratifs. Il devint inspecteur des écuries royales, magistrat dans le comté d’Essex, membre du Parlement, reçut le titre de chevalier et prit la direction du théâtre de Dtuiy-Laue, dont les administrateurs lui firent une pension de 700 livres sterling. En 1715, Walpole jui fit donner une gratification de 500 livres et l’envoya, en 1717, en Écosse comme commissaire pour les biens confisqués. Dans l’intervalle, Steele lit paraître quelques petits journaux, le Town-Tatk, la Tabit à thé. le Chischut. Eu 1718, il eut l’idée d’exploiter, pvec un eertam Uillmore, un procède ayant pour objet de transporter à Londres du saumon liais ; mais l’entreprise ne réussit point. L’année suivante, il fonda le Ptéoeien, dans lequel il attaqua vivement un projet de loi présenté par le duc de Sutiderlanu pour fixer le nombre des membres de la Chambre haute. La Chambre des communes repoussa le bill. Le ministère, lui attribuant son échee, le destitua de ses fonctions de directeur du théâtre de Drur)-Lane. Steele, pour se faire réintégrer dans ce poste, lit paraître le journal le Théâtre, qui eut 28 numéros, et divers pamphlets. L’arrivée de Walpole au pouvoir, en 1721, le fit rentrer dans ses fonctions d’administrateur. L’année suivante, il fit jouer à son théâtre lesAmunti généreux (Conscious lovera), comédie dont le succès fut Ués-grand et qui

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est une des meilleures de la scène anglaise. Le roi lui témoigna sa satisfaction en lui faisant don de 500 livres sterling. Bien qu’ileût des revenus importants, Steele était constamment traqué par ses créanciers ; pour se procurer de l’argent, il vendit sa part de bénéfices dans l’exploitation de Drury-Lane (1723). Frappé d’une attaque de paralysie, il se retira d abord à Hereford, puis dans le pays de Galles, où il termina Sa vie, vivant d’une pension alimentaire que lui faisaient sescréaneiers, auxquels il avait abandonné tous ses biens. Comme écrivain, Steele avait un style vf, clair, brillant, mais incorrect. Il excellait dans les portraits, et ses essais littéraires abondent en traits d’observation pris sur le vif. Il entreprit de régénérer le théâtre en y faisant mépriser le vice. Comme homme politique, il resta constamment attaché aux opinions des v/higs, lit preuve d’une réelle indépendance et se montra l’adversaire constant du catholicisme. Spirituel, aimable, plein de franchise, il se montra constamment fidèle à ses amitiés ; mais il était prodigue, insouciant, dissipé et d’une grande irrégularité de mœurs et de conduite. Plusieurs de ses écrits ont été traduits en français, notamment : la Crise (nu), les Funérailles, la Bibliothèque des dames, l’Histoire ecclésiastique de Rome, et ses journaux, le Babillard, le Specfuieu»", le Mentor. Ses principaux, pamphlets ont été publiés sous le titre d’-fferit ; ! politiques (1715, in-Su) ; Tonson adonné une édition de son Théâtre (1755), et sa Correspondance a été publiée par Ntchols (l"87, 2 vol. in-12).

STEEN (Jan), peintre hollandais, né à Leyde en 1626, et non eu 1636, comme l’ont dit la plupart des biographes, mort dans la même ville en 1679. Son père, qui était brasseur, ayant remarqué ses penchants artistiques, le confia d’abord à Nicolas Kupfer, peintre allemand établi à Ctreeht, et l’envoya ensuite à Harlem, à l’école d’Adrien van Ostade. S’il fallait en croire Fiorillo, Nagler, Immerzeel et d’autres historiens, Jan Steen aurait reçu aussi des leçons d’Adrien Brauwer ; mais celui-ci étant mort en 1639, alors que le fils du brasseur de Leyde n’avait pas encore treize ans, cette assertion ne saurait être admise. Les rédacteurs de l’excellent catalogue du musée n’Anvers font d’ailleurs remarquer que, s’il y a quelques points de ressemblance entre la manière des deux artistes, il n’est pas nécessaire de recourir, pour les expliquer, aux relations d’élève h maître. « L’étude approfondie des productions de Brauwer par Jan Steen, dans la vue de s’approprier quelques-uns des secrets de son art, peut avoir produit l’effet de leçons... C’est-ainsi qu’on reconnaît à Steen certains traits qui lui furent communs avec Franz van Miens le vieux, et celui-ci fut son ami, mais non son maître. » On admet généralement que l’atelier de Jan van Goyen, paysagiste de La Haye, fut le dernier que fréquenta Steen. Il ne se contenta pus de s’y perfectionner dans l’art de peindre ; il y courtisa Marguerite, la tille de son maître, et mena d’ailleurs cette cour si rondement, qu’il dut demander à Jan van Goyen l’honneur de devenir son gendre, afin d’épargner à la tendre Marguerite l’ennui d’être mère avant d’être épouse, llouuraken a raconté au sujet de ce mariage des anecdotes graveleuses que Cumpo Weyerman ne pouvait manquer de reproduire et d’amplilier. Les biographes hollandais se sont plus distingués, eu général, par leur imagination que par leur sincérité ; à les entendre, la plupart des artistes de leur pays auraient mené l’existence la plus débauchée, la plus crapuleuse. Jan Steen nous a été représenté notamment comme ayant vécu dans des orgies continuelles ; mais il est bien difficile d’admettre qu’il eu ait été ainsi lorsqu’on voit le nombre considérable de tableaux qu’il a laissés, et dont beaucoup témoignent d’un soin minutieux et d’une sûreté de main admirable. Quoi qu’il en soit, on sait d’une façon certaine que Jan Steen se maria à La Haye, au mois d’octobre 1649, avec Marguerite van Goyen. On prétend qu’à la suite de ce mariage il s’établit brasseur à Delft ; on ajoute que, par suite de son intempérance et de l’inexpérience de sa femme, il lit de mauvaises affaires et lut obligé de vendre sa brasserie ; après quoi il aurait repris ses pincen.ux. Des recherches on té té faites, ily a quelques années, dans les registres de la corporation des brasseursdeDelftet dans ceux de la corporation des peintres de cette même ville, et le nom de Jan Steen n’y a pas été découvert. On a dit aussi qu’il avait été aubergiste ; Houbraken et Weyerman ont même

rapporté à ce sujet une l’ouïe d’anecdotes plus ou moins probantes ; mais leur véracité a été mise en doute par M. Van Westhreenne, qui a publié à La Haye, en 1S56, une très-consciencieuse étude sur Steen. Depuis l’apparition de cet ourage, M. Rammelinan-Elsevier, archiviste de Leyde, a découvert

un document qui établit qu’à la date du 17 novembre 1672 Jan Steen reçut du magistrat de cette ville l’autorisation de tenir une auberge. À cette époque, il était âge de quarante-six ans et il était veuf de (Marguerite van Goyen ; six mois plus tard, il épousa en secondes noces Marie van Egmout, qui elle-même était veuve de Nicolas Herculeus, libraire ou imprimeur de Leyde. Avait-il déjà exercé le métier d’aubergiste avant 16721

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On ne possède à cet égard aucun renseignement authentique. Ce que l’on sait, c’est qu’il fut absent de Leyde depuis 1649, date de son premier mariage, jusqu’en 1653-, on l’y voit reparaître à cette dernière date, puis encore en 1658, et enfin depuis 1672 jusqu’en 1679, année où il mourut. Il est k noter que ce peintre-aubergiste, qu’on a coutume de nous montrer comme le plus effréné des dissipateurs, laissa à sa veuve et à ses enfants une maison dont il avait lui-même hérité de son père.

Au milieu de toutes les aventures que les biographes ont mises sur le compte de Steen, il y a un fait constant et qui est bien incontestable : ce maître se complut dans la peinture des plaisirs de la table, du chant, du jeu, de l’amour ; observateur judicieux, philosophe profond sous l’apparence de l’enjouement, esprit caustique et frondeur, enclin à toujours voir le côté plaisant ou ridicule des choses, il a mis en scène, avec une verve intarissable, les travers de son temps ou plutôt de l’humanité ; il a croqué les types grotesques, il a peint les mœurs, il a fixé les caractères d’une société ondoyante et diverse. M. Waagen a dit de lui : « Jan Steen est incontestablement, après Rembrandt, le peintre le

plus original de l’école hollandaise. Sa puissance d’invention, qui dépasse celle de tous les peintres de genre de l’école, s’épanche en une verve inépuisable et un esprit sans limites, tandis que par les autres qualités, la composition, l’ensemble, la couleur, l’empâtement, la touche, l’animation et le fini, il ne le cède à personne quand il les déploie dans tout leur éclat. » Ce jugement, porté sur Steen par l’un des plus savants connaisseurs de l’Allemagne, est pleinement corroboré par les éloges donnés à cet artiste par W, Bûrger (T. Thoré), le critique français qui a le mieux étudié les œuvres de l’école néerlandaise. « Les Hollandais, dit-il (Musées de Hollande, t. I«, p. 105 et suiv.), estiment beaucoup Jan Steen et le tiennent avec raison pour un des maîtres les plus originaux de leur école. Ils s’y reconnaissent, par un certain côté, dans quelques-uns de leurs traits nationaux. Mais l’épopée de Jan Steen va plus loin que le caractère d’un peuple ; elle touche au fond même de l’humanité.Il a cela de commun avec Molière, et aussi avec Balzac, que, dans sa comédie humaine, ce sont d’habitude les mêmes personnages qui reviennent, jouant toujours un rôle analogue, quoique dans des pièces différentes. Comme Molière, il a ses Sgaiiarelle, ses Arnolphe, ses Dorine ; toute une troupe bien apprise, consacrée k Bacchus et à Vénus ; jeunes vauriens et vieillards ridicules, duègnes et soubrettes, grosses commères et capricieuses fillettes, buveurs très-illustres et ribauds très-précieux. Lui-même est presque toujours de la compagnie, trinquant avec les autres et leur versant à boire, tantôt jouant du violon pour les faire danser, tantôt les regardant en philosophe de quelque coin ombreux où il fume sa pipe. Il n’y a pas une œuvre de Steen qui ne soit une raillerie sur les mœurs ou sur lus passions. Ses sujets peuvent se classer en quelques séries principales, sortes de chapitres de la même farce pantagruélique : les Intérieurs de famille, où l’on se réjouit tous ensemble, depuis le grand-père jusqu’aux nourrissons, fêtes des Rois, fêtes de Saint-Nicolas, fêtes du bon Dieu et du bon diable, où la table est toujours dressée au milieu et couverte de jambons’ et de brocs ; les Noces, les Orgies, les Médecins, Charlatans.et Alchimistes, etc. Non-seulement dans les caractères, mais dans la mise en scène des personnages, Jan Steen a encore cette qualité de Molière : une extrême clarté. Il est si expressif et si simple, que tout le monde le comprend ; le peuple et les enfants, aussi bien que les lettrés et les raffinés. Il n’a pas besoin, comme les peintres mystiques, de mettre des banderoles au-dessus de ses héros ; on sait ce qu’ils disent et ce qu’ils pensent, en voyant a merveille ce qu’ils font. Pourtant, il a la manie de coller souvent aux murs de ses cabarets de belles sentences explicatives et édifiantes : à Tel père, tel fils. — Quand les vieux s’amusent, les jeunes en font autant ; • car il faut ajouter que les inventions burlesques de Jan Steen, loin d’être la glorification des égarements qu’il se plaît à retracer, ont toujours au fond Une signification morale.

Sous le rapport de l’exécution, les œuvres de Jan Steen possèdent des qualités de premier ordre. Le peintre anglais Reynolds n’a pas craint de dire : « Jan Steen a un style vigoureux et mâle qui approche même du dessin de Raphaël. Il a manifesté la plus grande habileté dans la composition et dans le ménagement de la lumière et des ombres, comme aussi une grande vérité dans l’expression et le caractère de ses figures. < Après avoir cité cette appréciation, W. Bùrger ajoute :« J’oserais dire, à mon tour, qu’on voit dans Jan Steen quelques figures de médecins qui font penser à Titien et àYélazquez dans sa manière ferme. Quoique hautes d’un pied seulement, elles ont une structure qui conviendrait à un personnage de grandeur naturelle. Il est vrai que Jan Sieen n’est pas souvent de cette force-là. Toujours spirituel, il est quelquefois un peu enne de dessin, à la manière de Jordaens ; car il est le Jordaens de l’école hollandaise, et c’est ce style-la qu’on connaît surtout de lui en

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France, avec une gamme de ton trop rougeâtre-, mais dans ses œuvres distinguées, il est aussi correct de dessin queTerburg et même plus solide ; aussi fin de couleur que Metsu, mais plus ample de touche ; aussi vigoureux que Pieter de Hooch, mais plus mouvementé. Quelques-uns de ses tableaux pourraient être pris pour les meilleurs Adrien van Ostude. 11 a, dans ses manières très-diverses, presque toutes les qualités des maîtres de son école ; mais il est le plus expressif de tous. Sa mimique est incomparable. Et là-dessus, dans quelque école que ce soit, personne ne l’a surpassé. Il y a de lui cependant une certaine quantité de tableaux, parfaitement authentiques, mais qui sont assez faibles et

semblent des ébauches mal réussies. L’intention comique et la physionomie s’y trouvent toujours indiquées, mais l’exécution est abandonnée et impuissante. Comment expliquer cela d’un homme si vaillant dans ses bonnes veinas î... Peut-être quelquefois, quand l’œil et la main, fatigués par quelque orgie nocturne, ne répondaient pas à son hallucination intérieure, renonçait-il à son fantôme incomplet. Peut-être, au milieu même de ses compagnies joyeuses, barbouillait-il de ces pochades qu’il laissait là dans l’estaminet. C’est la supposition faite par Smith, qui assure qu’on rencontrait autrefois des tableaux de Steen dans tous les cabarets de Delft. Il y a des Jan Steen qui valent 500 francs, d’autres qui valent 50,000 francs. »

C’est en Angleterre, dans le pays humoristique paç excellence, que les ouvrages de Steen sont le plus nombreux. Il y en a dans les galeries de lord Ellesmere (bcole de village), de M. Baring (le portrait de l’artiste, le Maître d’école endormi), de lord Ashburton (une Tabagie, un Iiitérïiiur rustique), de M. Munro (les Effets de l’intempérance), de lord Overstone ([’Alchimiste, les Buveurs), de lord Scarsdale, de lord Wellington, du marquis de Bute, de lord Dudley, de MM. Beekford, Hope, Walter, etc. La galerie royale de Buckingham-Palace en possède six. Dans les autres galeries particulières de l’Europe, il nous suffira de citer : la. Femme au corset rouge, chez M. de Rothschild ; une Querelle de joueurs et un Portrait de paysan, chez M. Suermondt, à Aix-la-Chapelle ; un Intérieur et une Kermesse, chez le prince d’Esterhazy, à Vienne ; l’Adoration des bergers et les Noces de Caiia, chez le duc d’Arenberg, en Belgique. Les sujets de ce dernier genre et les scènes de l’histoire profane se rencontrent plusieurs fois dans l’œuvre de Steen ; mais ils n’ont été pour le maître de Leyde qu’un prétexte à déployer sa verve sarcastique.

Le Louvre ne possède que deux ouvrages de Steen : une Fêle dans l’intérieur d’une auberge et un Bepas de famille (collection La Caze). Les musées de Hollande sont beaucoup mieux partagés ; celui d’Amsterdam a sept tableaux : la Cage du perroquet, un Boulanger étalant son pain, un Charlatan, la Saint-Nicolas, une Noce, une Servante «curant un pot d’étuin et le portrait de l’artiste ; dans la galerie Van der Hoop, on remarque la Consultation médicale, le Jour des Itois, le Concert, etc. ; au musée de Rotterdam. la Saint-Nicolas et l’Extraction du caillou ; au musée de La Haye : lu Famille du peintre, Une Ménagerie, un Dentiste, la Fête aux huîtres ou le Tableau de la vie humaine, la Malade d’amour, un Médecin tûlant le pouls d’une jeune femme ; le musée d’Anvers a deux tableaux : une Noce et Samson insulté par les Philistins ; le musée de Bruxelles : la Fête des Bois, l’Opérateur de village et les Bhéloriciens au cabaret ; le musée de Berlin : une Cour d’auberge ; la galerie de Brunswick : le Contrat de mariage ; le musée de Cussel : lit Fête des Bois ; la galerie de Florence : le Bepns de jambon ; le musée de Francfort : un Médecin ; la pinacothèque de Munich : une Malade à qui un médecin taie le pouts ; le musée de l’Ermitage, une Conversation, les Epoux mal assortis, Esther devant Assuerus ; la galerie de Dresde : les Noces de Cana et une Femme donnant à manger à son enfant, le musée du Belvédère, à Vienne : un Ménage hollandais et une Noce.

STEEN (Corneille van den), théologien belge. V. Lapibe.

STEENACKERS (François-Frédéric), sculpteur, écrivain et homme politique français, né à Lisbonne en 1830. Son père, qui était belge, vint se fixer en 1838 en France. M. Frédéric Steenackers, après avoir achevé ses études littéraires, se tourna vers les arts ; se rendit en Italie, où il apprit la seulpture sous la direction de Barlolini, puiar revint en France et envoya diverses œuvres aux Salons : le Printemps des amours, statue en marbre (1857) ; un Enfant créole, buste en marbre (1859) ; l’Indolence, statue (1861), qui reparut en marbre au Salon de 1863 ; le Premier amour, le Pêcheur à ta ligne, statues (1865). Depuis lors, il cessa d’exposer, obtint en 1869 des lettres de grande natuialisation et s’occupa, à partir de ce moment, de travaux historiques et de politique. Il était meinbre du conseil général de la Haute-Marne, lorsqu’il posa sa candidature au Corps législatif dans la 20 circonscription de ce département en 1869. M. Steenackers, qui fit une profession de foi très-libérale, fut combattu vivement par l’administration, mais ne lut pas moins élu par 17,548 voix contre 12,314