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en J761. Il occupa, k partir de 1731, une chaire (la médecine a l’université de Rinteln. C’était un homme fort instruit, à qui l’on doit un grand nombre de dissertations intéressantes et instructives. Nous citerons, entre autres : De aphonia periodica a vermibus orta (Bâle, 1724) ; Programma de naturs benegnitate eirca conservandos incolas çuosdam (1737, in-4o) ; Programma de creati hominis officio primario (1748, iu-8°) ; Dissertatio de sarcomaie curato (1754, in-4o,1, etc.

ZIEGLER (Chrétien-Jaeques-Auguste), médecin allemaud, né à Quedlinbourg en 1735, mort en 1795. Il prit le grade de docteur à Halle, puis revint dans sa ville natale, où i ! reçut le titre d’archiàtre et introduisit le premier l’inoculation. Celait un savant praticien, qui se vit consulter par plusieurs princes et souverains de l’Allemagne. Indépendamment d’articles insérés dans divers journaux de médecine et d’histoire naturelle, on lui doit : Sur les maladies de l’esprit (Halle, 1762, in-4o) ; Observations sur l’inoculation et la petite vérole (Quedlinbourg, 1776, in-8o) ; liemarques sur la médecine, la chirurgie et la jurisprudence médicale (Leipzig, 1787, in-8o).

ZIEGLER (Frédéric-Guillaume), acteur et auteur dramatique allemand, né à Brunswick en 1760, mort à "Vienne en 1827.11 avait déjà, paru sur quelques scènes secondaires, lorsque sa bonne mine et ses rares talents attirèrent l’attention de l’empereur Joseph If, qui l’envoya à ses frais poursuivre ses études dramatiques dans les meilleurs théâtres de l’Allemagne et le fit ensuite engager a celui de la jour, à Vienne, où Ziegler joua près de quarante ans avec un succès qui ne se démentit jamais. Non content de la réputation qu’il avait acquise comme acteur, il en désira une autre, celle d’auteur dramatique, et, ses premiers essais ayant été favorablement accueillis, il devint l’un des écrivains les plus populaires et les plus féconds de son époque. Ses pièces, qui consistent en comédies, en tragédies et en drames, furent représentées à Vienne et dans la plupart des villes de l’Allemagne méridionale, ou elles obtinrent presque autant de succès que celles d’Ifdand et de Kotzebue. Du reste, l’auteur savait habilement y combiner l’invention, les situations et l’effet, et elles étaient presque toujours parfaitement adaptées à la scène ; aussi, grâce k ces qualités, plusieurs d’entre elles, telles que la Mage des partis et les Quatre tempéraments, sont-elles restées jusqu’à nos jours au répertoire, quoique leur dialogue ait quelque chose de suranné. Kotzebue ayant remplacé Alxinger comme directeur du théâtre de Vienne en 1798, Ziegler et plusieurs autres lui firent une si vive opposition, que, au bout de deux ans, il fut forcé de résigner ses fonctions. Ziegler s’essaya aussi dans la critique du théâtre et des beaux-arts ; mais il réussit peu dans ce genre, parce qu’il ne possédait pas de connaissances philosophiques suffisantes, et ses ouvrages d’esthétique n’ont pas une grande valeur. On a de lui : Œuvres dramatiques (Vienne, 1791-1794, 5 vol.) ; Analyse du caractère d’Hamlet d’après les principes psychologiques et physiologiques (Vienne, 1803) ; l’Art dramatique dans toute son étendue (Vienne, 1821) ; Y Homme intérieur et extérieur par rapport aux beaux-arts, et en particulier à l’art dramatique (Vienne, 1825, 2 vol.).

ZIEGLER (Verner-Charles-Louis), théologien allemand, né près de Lunebourg en 1763, mort en 1808. Pendant plusieurs années, il occupa une chaire de théologie à Rostoek, puis tomba dans une mélancolie profonde qui abrégea ses jours. Ziegler avait fait une étude approfondie des littératures anciennes et orientales. Il a laissé de nombreux écrits, dont les principaux sont : De mimis Romanorum (Gœttingue, 1788, in-8o) ; Discussions théologiques (Gœttingue, 1790) ; Introduction à l’épître aux Hébreux, où l’on discute les différentes opinions sur l’authenticité et l’autorUé canonique de cette épitre (Gœttingue, 1791, in-8o) ; Historia dogmatis de rédemptions sive de modis quibus redemplio Christi expticatur (Gœttingue, 1791, in-4o) ; Constitution de l Église pendant ses six premiers siècles (Leipzig, 1790, in-8o) ; Sur la poésie italienne depuis son origine jusqu’au moment où elle est arrivée à son plus haut degré de culture, dans le Magasin de. Hanovre, etc.

Z1UGLER (Jules-Claude), peintre français, né à Langres en 1804, mort à Paris en 185G. Lorsqu’il eut achevé ses études k Nancy, il se rendit à Paris pour y apprendre le droit. Mais la jurisprudence avait pour lui beaucoup moins d’attrait que les sciences physiques et naturelles et le dessin ; aussi suivitil avec moins d’assiduité les cours de droit que ceux de la Sorbonne et du Jardin de3 plantes et se fit admettre, en 1825, dans l’atelier de Heine. C’est alors que s’éveilla en lui la vocation artistique avec une telle vivacité qu’il résolut de s’adonner entièrement à la peinture. Toutefois, comme son père exigeait de lui qu’il terminât son droit, il prit son diplôme de licencié en 1826, puis obtint de sa famille d’étudier la peinture pendant dix-huit mois, en promettant d’abandonner la palette pour le barreau si, au bout de ce temps, il n’avait pu acquérir un talent remarquable. Ziegler devint alors élève d’Ingres et fit des progrès rapides ; mais une ophlhuliuia, causée aar un excès de travail,

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vint interrompre ses études, et lorsqu’il eut recouvré la vue, lorsque le délai de dix-huit mois fut expiré, son père jugea qu’il devait renoncer aux arts, puis lui relira sa pension pour le forcer à revenir auprès de lui. Le jeune artiste n’hésita point à tenter les rudes épreuves d’une vie précaire pour suivre sa vocation et demanda des ressources à son pinceau. Il parvint à vendre quelques tableaux qui décelaient un certain talent, partit en 1830 pour l’Italie, visita ensuite l’Allemagne et les Pays-Bas et revint à Paris

après avoir beaucoup étudié et beaucoup appris. Une Vue de Venise, achetée par Louis-Philippe ; une Scène de la vie de Henri IV, exposée en 1832 ; un beau portrait du Cardinal Monlulle ; le Doge Foscari rentrant dans son palais après son abdication et surtout Giotfo dans l’atelier de Cimabue, qui figurèrent au Salon de 1833, mirent tout k coup Ziegler en évidence et commencèrent sa réputation. Ce dernier tableau, aussi remarquable par la correction du dessin que par la vigueur de l’exécution et la solidité de la couleur, fut acquis par l’État pour le inusée du Luxembourg. Il en fut de même du Saint Luc peignant la sainte Vierge, qui parut au Salon de 1834, en même temps qu’un Saint Georges terrassant le dragon, acheté par le musée de Douai. Peu après, Ziegler reçut du gouvernement la mission d’aller étudier en Allemagne les procédés employés dans la fabrication des vitraux et de la porcelaine. De retour en France, il exécuta pour la princesse Marie de charmants dessins représentant au trait des sujets tirés du poeine à’Eloa d’Alfred de Vigny, puis peignit pour le musée de Versailles le3 portraits du Connétable de Sancerre et du Maréchal Kellermann (1835). À cette époque, Paul Delaroche venait d’être chargé d’exécuter toutes les peintures de l’église de la Madeleine, à Paris, et s’était rendu en Italie pour y faire les études nécessaires à cet immense travail. Un jour, le ministre de l’intérieur, M. Thiers, s’étant trouvé avec Ziegler, lui demanda quel était te sujet qui lui paraissait le mieux convenir à l’immense coupole de la nouvelle église. L’artiste lui exposa ses idées et lui remit peu après l’esquisse de la composition qu’il avait conçue. Cette esquisse plut tellement au ministre que, quelques jours après, Ziegler était chargé de l’exécution de la coupole. À cette nouvelle, Paul Delaroche accourut de Rome, réclama la peinture de la coupole, fit appuyer ses réclamations par son beau-père Horace Vernet, qui s’adressa h Louis-Philippe, et bientôt après Ziegler fut appelé auprès du roi, qui lui demanda de renoncer à la commande faite par M. Thiers. Le jeune artiste refusa et par ce refus mécontenta vivement Louis-Philippe, qui ne

pensa pas pouvoir user de son autorité pour vaincre son obstination, mais qui ne la lui pardonna jamais. Ziegler se mit donc k l’œuvre et, après trois ans de travail, 11 put mettre en 1838, sous les yeux du public, l’immense peinture dans laquelle il a représenté la Madeleine aux pieds du Christ, les apôtres, les martyrs, les héros et les plus puissants défenseurs du christianisme. Bien que cette colossale composition fût loin d’être sans défauts, la critique s’accorda pour reconnaître la bonne ordonnance des groupes

dessinés et peints avec beaucoup de talent, l’harmonie de la couleur et le grand effet de l’ensemble. La croix d’honneur fut la récompense bien méritée de l’habile et laborieux artiste, qui pendant plusieurs années dut cesser de peindre pour reposer sa vue fatiguée et déformée par un continuel travail sur une surface concave. Il alla fonder alors près do Beauvais, à Voisiulieu, une fabrique de poterie pour laquelle il dessina des vases aussi nouveaux que gracieux, aussi remarquables par l’élégance des formes que par la perfection de l’exécutiou et qui sont connus sous le nom de poterie de Ziegler, Il reprit ensuite ses pinceaux et exécuta plusieurs tableaux d’histoire j mais ces tableaux, qui ne pouvaient guère être acquis que par l’État, restèrent presque tous dans son atelier, et, comme Louis-Philippe lui avait gardé rancune de son refus, il ne put obtenir aucune commande du gouvernement. Profondément découragé, l’artiste cessa presque entièrement de peindre et passa la plus grande partie de son temps k.la campagne, près de Langres. Eu 1854, il accepta la direction de l’École des beaux-arts de Dijon, dont il ne tarda point à se démettre. Il était revenu k Paris pour y achever une Immaculée conception, lorsqu’il mourut. Ziegler tient une place distinguée parmi les peintres français de la première moitié de notre siècle. ■ Son dessin, dit M. de Saint-Ferjeux, est généralement très-eoriect, son exécution large et pleine d’énergie ; sa couleur rappelle souvent les peintures de l’école espagnole ; ses tableaux se font généralement remarquer par une disposition harmonieuse et pleine de goût ; mais son exécution, — qui convenait surtout pour la peinture monumentale, pèche quelquefois par le manque de finesse et de détails. De toutes ses qualités, celle qu’il possédait à un degré le plus émineut, c’était le goût. Il avait le sentiment des proportions, des formes, à un degré extraordinaire. • Outre les tableaux déjà mentionnés, nous citerons de lui : Daniel dans la fosse aux lions (1838), œuvre fort remarquable ; la Vierge aux neiges, une de ses plus belles produc ZIEL

tions (1844) ; la Rosée répandant ses perles sur tes fleurs (1844) ; la Vision de Jacob et Judith aux portes de Ûéthulie (1847), au musée de Lyon ; les Pasteurs de la Bible, au musée de Dijon ; une belle tête de Lêda /une Assomption ; Charles-Quint, devenu moine, renvoyant sort portrait avec les insignes de l’empire, à Londres ; Henri II et Diane de Poitiers ; Agnès Sorel et Charles VII ; le Cardinal Gighi faisant des excuses à Louis XIV, au musée rie Versailles ; Saint Dominique et sainte Catherine, excellent tableau que possède l’église d’Ouge ; le Congrès av Amiens ; le portrait du Marquis de Coislin, etc. On lui doit encore quelques ou-p vrages : Eludes céramiques, recherches des principes du beau dans l’architecture, l’art céramique et la forme en général ; théorie de la coloration des reliefs (Paris, 1850, in-8o) ; Traité de la couleur et de la lumière (Paris, 1852, in-8o) ; Compte rendu de la photographie à l’Exposition de 1855 (Dijon, 1855, in-s») ; enfin, un atlas in-fol., contenant les dessins lithographies des plus beaux vases qu’il a fait exécuter dans sa fabrique de Voismlieu.

ZIEGI.ER-ET-K.L1PP-IUUSEN (Henri-Anselme DU), poète allemand, né à Radmeritz, haute Lusace, eu 1635, mort en 1690. 11 alla étudier la jurisprudence à l’université de Francfort-sur-l’Oder, mais négligea bientôt le droit pour les langues, la littérature, la poésie, se retira en 1684 dans une propriété qu’il possédait près de Leipzig, s’y livra entièrement à ses goûts littéraires et altéra rapidement sa Santé par un travail excessif. Ziegler a laissé plusieurs romans héroïques qui, écrits dans un style boursouflé, n’offrent guère d’intérêt que pour ceux qui veulent étudier les phases historiques de la littérature allemande. Nous citerons de cet écrivain : la Banise asiatique ou le Pégu sanglant et courageux, poème héroïque qui cache bien des vérités (Leipzig, 1688, in-8<>), qui a eu sept éditions ; Roman héroïque tiré de l’Ancien Testament (Leipzig, 1691 et 1710, 2 vol. in-8û) ; Théâtre historique du temps (Leipzig, 1695-1718, 3 vol. in-fol.) ; la Vengeance rusée, tragédie en vers, traduite de l’italien (Leipzig, (1687, io-8»).

ZIELA, bourg de la Turquie d’Asie. V.

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Z1ELEMEWSKI (Michel), chimiste polonais, né à Cnicovie eu 1797. Il étudia la médecine à l’université de sa ville natale, où il prit le diplôme de docteur en 1824, et fut appelé, l’année suivante, à occuper une chaire de pharmacie, qu’il échangea en 1833 pour une chaire de chimie. En 1859, Zieleniewski prit sa retraite, laissant la réputation d’un excellent professeur. Tout en se livrant k l’enseignement, il a dirigé une pharmacie qui est devenue entre ses mains un établissement modèle. Ce savant a inventé une

machine à vapeur pour l’usage de la pharmacie et a écrit plusieurs ouvrages fort estimés, parmi lesquels nous citerons : Sur la peste d’Athènes (Cracovie, 1831, in-4o) ; Sur ta médecine chez les peuples sauvages (Cracovie, 1832, in-4o) ; Histoire de la police médicale (Cracovie, 1841, in-4<>) ; Essai sur les propriétés chimiques de l’eau de Cracovie ; Description desptantes les plus ordinairement employées en pharmacie sous te rapport de leurs ressemblances et de leurs différences (Cracovie, 1850), avec gravures ; Ubservationes analomico-palhologicm (Cracovie, 1854, 4 vol. iu-4o) ; Cours complet de chimie organique (Cracovie, 1855, 4 vol. in-4o).

Z1EI.U.NZ1G, ville de Prusse, province de Brandebourg, régence et k 60 kilom. N.-E. de Francfort-sur-1’Oder, ch.-l. du cercle de son nom, sur la Poste ; 4,600 hab. Houillères importantes aux environs ; fabrication de draps, toiles, bonneterie, ganterie, chapellerie, tanneries.

ZIEL1NSKI (Charles), écrivain et jésuite polonais, né en 1716, mort à Varsovie en 1793. Il devint en 1716 recteur du collège des nobles à Varsovie et, en 1787, abbé commendataire de Habdow. Il a écrit plusieurs

savants ouvrages sur ta géographie et l’histoire des peuples du Nord. Les plus remarquables sont les suivants : Chronologie des souverains russes depuis 879 jusqu’en 1762, pour faire suite à la chronique deStryjkowski (Varsovie, 1766) ; Abrégé raisonné de l’histoire universelle sacrée et profane (1760-1771, 2 vol. in-8o) ; Géographie des États actuellement existants, avec la description de leurs gouvernements, de leurs lois, de leur commerce, de leurs manufactures, de leurs mœurs, etc. (Varsovie, 1768, t. 1er, in-8o), ouvrage classique qui se recommande par son exactitude, par la clarté et l’élégance du style. Le second volume n’a point paru, et la vente du premier fut même prohibée à la demande, croit-on, de l’ambassadeur de Russie. Zielinski, ayant fondu ensemble ces deux volumes, publia son nouvel ouvrage également à Varsovie (1773, in-8o). Citons enfin de cet écrivain le Mémorial politique et historique, journal publié en polonais de 1782 à 1793 et qui a été continué depuis sous un autre titre.

Z1EUNSK1 (Félix), écrivain et jurisconsulte polonais, né en Volhynie en 1732, mort à Varsovie eu 1805. Tout jeune encore, il montra un goût extraordinaire pour l’étude, et il n’avait pas quatorze ans lorsqu’il composa son premier écrit, intitulé : Sur l’amour d(la patrie. Après avoir terminé ses études

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littéraires, il se rendit à l’université de Vilmi, où il suivit les cours do philosophie, d’histoire et de droit, se fit recevoir docteur, puis revint dans son pays natal. Elu maréchal de la noblesse de son district, il rendit, par son savoir, par ses grandes capacités administratives, par l’élévation de ses vues, des services èminents à ses concitoyens. Philosophe et libre penseur, il se montra très-sympathique a la causa du peuple ; partisan du progrès en tout, travailleur infatigable, il se mit au courant du mouvement littéraire de son temps et fit preuve dans ses écrits d’un esprit critique plein de sagacité. Nous citerons, parmi ses œuvres : Sur l’ancien et lé nouveau style (Vilna, 1763, in-4o) ; Critique des œuvres de Karamsine (Vilna, 1764, in-4o) ; Aperçu critique sur la société actuelle (Vilna, 1772, in-8o) ; Louise sans souci (Vilna, 1771, in-4o), écrit humoristique ; Histoire de la littérature polonaise au point de vue critique (Vilna, 1776, in-4«) ; l’Esprit d’un campagnard (Vilna, 1775, in-4o) ; Aperçu critique sur les œuvres de Voltaire (Vilna, 1782, in-4»), etc.

ZIEM (Félix), peintre français, né à Beaune vers 1826. Il a débuté au Salon de 1849 par trois tableaux représentant une Vue du Bosphore, une Vue de l’escalier de la villa Corsini, à Rome, et une Vue prise dans te grand Canal de Venise. 11 se signala aussi, du premier coup, comme un interpréta des sites lumineux et des architectures pittoresques de la ville des sultans et de la ville des doges. De pareils sujets lui valurent, par la Suite, ses plus brillants succès. En 1851, il exposa une seconde vue de Venise ; mais un tableau de Fruits et une Vue prise au bas Meudon, qu’il fit paraître en même temps, prouvent qu’il hésitait encore k cette époque et cherchait sa voie. Toutefois, il avait déjà fait de remarquables progrès et il mérita, cette année, une médaille de 3e classe. L’année suivante, il conquit une médaille de ire classe par deux vues de Hollande, .le Soir au bord de t’Amstel, à Amsterdam, et une Chaumière aux environs de La Haye, et par une Vue de Venise prise du JardinFrançais. Ce dernier ouvrage, quia prisplace au musée du Luxembourg, fut particulièrement admiré du public et loué par la critique. « C’est étincelaut de couleur, de lumière et de caprice, dit Mœe Claude Vignon. Il y a là-dedans une adresse, disons mieux, un bonheur extraordinaire, car le ciel et la mer ont de ces tons resplendissants qui ne se rencontrent que par hasard, à ces heures suprêmes où la nature est en fête et déploie avec orgueil ses plus riches vêtements. » A partir de cette époque, M, Ziem vit ses oeuvres recherchées par les amateurs les plus distingués ; l’engouement pour ses vues de Venise devint même excessif et le poussa naturellement k exagérer l’éclat lumineux, la variété de tons, la légèreté et Sa vivacité de touche qu’on avait admirées dans ses premiers ouvrages. Son Intérieur du port de Marseille et sou tableau de Venise le soir, qui parurent au Salon de 1853, offraient encore une chaude harmonie et une certaine solidité d’exécution ; la Fêle à Venise, qui figura avec une Vue d’Anvers (appartenant à l’État) à l’Exposition universelle de 1855, révéla une exagération de coloris et une négligence de dessin regrettables. Th. Gautier parla avec sou iudulgence habituelle do cette toile, « flamboyante comme une queue de paon ; • Étienne Delécluze, le critique des Débats, la traita de la façon la plus sévère : « Je ne citerai l’inconcevable Fête à Venise de M. Ziem, dit-il, que pour avertir les peintres exclusivement coloristes de ce temps à quels effets ridiculement kaléidoscopiques peut conduire la rage d’assortir des tous de couleur, sans les assujettir k aucune forme. » Le même critique écrivait quatre ans plus tard : ■ L’engouement des amateurs pour ces k peu près de paysage est tel aujourd’hui que l’on va jusqu’à désigner comme des maîtres ceux qui les font. Alors ceux qui ne partagent pas tout à fait cette admiration se demandent si ce sont ces maîtres modernes qui ont raison ou, comme on l’a cru jusqu’ici, les Poussin, les Claude Lorrain, les Paul Potter, les Karel Du Jardin et quelques autres qui mettaient tant de soin k perfectionner toutes les parties de leurs paysages., . En regardant les vues peintes avec soin pur M. Ziem, on se demande encore si, pour rendre la lumière éclatante du soleil, il faut suivre la méthode simple de Claude Lorrain ou la manière négligée et exagérée de l’artiste moderne. » M. About a défini avec beaucoup d’esprit et de justesse la manière de M. Ziem : « Entre un tableau de M. lsabey et un tableau de M. Ziem, dit-il, la différence est k peu près la même qu’entre un beau damas de soie et une belle étoffe de gaze. Chez M. Ziem, la mer est une gaze verte, aussi fine et aussi transparente que le voile d’une touriste anglaise, les navires sont de gaze, sans excepter le mât et le gouvernail ; les constructions sont une gaze imperceptiblement amidonnée et soutenue par

quelques fils de fer ; les hommes et les femmes sont de délicieux chiffons qu’un souffle du vent fait trembloter L’esprit n’a jamais rien conçu de plus léger, les yeux n’ont jamais rien vu de plus brillant. Mais on craint toujours une goutte de pluie qui viendrait tout abattre ou une bouffée d’air qui vien-