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pape se compose de deux parties annulaires entièrement semblables et réunies par une cloison cylindrique extérieure. Les deux anneaux portent sur leurs circonférences intérieures deux petits cylindres verticaux terminés en biseaux aigus d’égal diamètre. Un- disque métallique, de diamètre un peu plus grand que celui des biseaux, reçoit l’un de ces derniers quand la soupape est au bas de sa course, pendant que l’autre repose sur la plaque de fondation. À ce moment, l’ori. fice du réservoir en tôle est entièrement fermé par la soupape, sans que celle-ci soit en rien surchargée par l’excès de pression existant entre l’air extérieur et l’air compris dans le réservoir, ce qui résulte de ce que les pressions sur les anneaux se font équilibre. Cette disposition de la soupape a encore l’avantage de laisser pénétrer l’air en abondance dans le réservoir en tôle dès que la soupape est soulevée. Un contre-poids, monté sur une tige, de manière à pouvoir être fixé en un point quelconque de sa hauteur, sert k régler l’équilibre de la balance en chargeant plus ou moins de grains de plomb la cuvette qu’il porte. En faisant varier la position des contre-poids, on peut également changer la hauteur du centre de gravité de la balance au-dessus de son centre de rotation ; la fixation convenable de cette hauteur joue un rôle capital pour la sensibilité au thermorégulateur et demande k être faite avec le plus grand soin. Le curseur de la balance peut être plus ou moins rapproché du centre de rotation du fléau, et l’on peut modifier ainsi le moment statique des divers poids suspendus à celui-ci. Ce curseur porte un index dont l’extrémité parcourt une échelle gravée sur le bras du fléau. Les divisions de cette échelle sont réglées exactement de telle sorte que, pour un déplacement du curseur égal a l’une d’entre elles, le moment statique de ce dernier et de toutes les pièces solidaires avec lui varie d’une quantité égale et de signe contraire k celle dont varie le moment du cylindre pour un changement déterminé dans la hauteur barométrique. Cette disposition donne ainsi la facilité de compenser, pendant le fonctionnement du thermo-régulateur, la cause perturbatrice produite par les variations de la pression atmosphérique. Une éprouvette, remplie de mercure, a pour but d’intercepter la communication de l’une des branches du siphon avec l’atmosphère ; elle constitue alors une véritable soupape hydraulique que l’on peut ouvrir et fermer à volonté, a l’aide d un verrou.

Pour régler la marche d’un thermo-régulateur, de sorte qu’il maintienne la température du fourneau à un point fixé à l’avance, on commence par établir, en ouvrant l’éprouvette, k libre communication du réservoir avec l’atmosphère ; ensuite on amène l’index du curseur sur la division du fléau portant le chiffre correspondant à celui qui marque la hauteur du baromètre au moment où l’on opère. Ceci fait, on établit l’horizontalité du fléau et le parfait équilibre de la balance au moyen du contre-poids à cuvette. On laisse alors monter graduellement la température dans le fourneau, et, dès que le degré voulu est atteint, ce dont on peut s’assurer à l’aide d’un thermomètre, on ferme l’éprouvette. Dès lors, le gaz du réservoir métallique, placé entre la double enveloppe du cylindre torréfacteur, se trouvant emprisonné, produit, par ses dilatations et ses contractions, la régularisation cherchée de la température.

THERMO-RHÉOSTAT s. m. (tèr-mo-ré-osta

— du préf. t/iermo, et du gr. rheâ, je coule ; statés, qui arrête). Physiq. Instrument au moyen duquel on régularise une émission de chaleur.

THERMOSCOPE s. m, (tèr-mo-sko-pe — du préf. thermo, et du gr. skopeà, j’examine). Physiq. Sorte de thermomètre k air, servant à étudier le calorique rayonnant.

— Encycl. Le thermoscope, dont on se sert pour étudier le calorique rayonnant, est un tube de verre terminé par deux boules remplies d’air. Il renferme une goutte de liqueur colorée a qu’on nomme index. Si les deux boules sont également échauffées, l’air se trouvant au même degré d’élasticité, l’index reste stationnaire ; mais, si l’une des deux boules est plus échauffée que l’autre, l’index est poussé du côté de la boule la plus froide. Cet instrument est extrêmement sensible et

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très-propre à indiquer les plus faibles degrés de chaleur accumulée dans un point avant que l’air environnant en soit affecté. En présentant la main à une boule, on voit à l’instant l’index se porter du côté opposé. L’effet devient encore plus sensible si ia boule à laquelle on présente la main est enduite d’une matière noire. Leslie, qui a inventé un. instrument semblable, à la forme près, pour les expériences qu’il a faites sur le calorique, a depuis employé cet instrument comme photomètre, en évaluant ainsi la vivacité de la lumière par le calorique rayonnant, qui sem- |

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ble lui être proportionnel. L’instrument de Leslie, appelé thermomètre différentiel, consiste en deux tubes recourbés, joints ensemble, terminés chacun par une boule et contenant une certaine quantité d’acide sulfurique coloré en rouge, qui s’élève à la même hauteur dans les deux tubes. Les tubes contiennent en outre de l’air, qui se dilate lorsqu’on —chauffe une des branches et refoule le liquide dans la branche opposée. Dix- degrés de cet instrument répondent k un degré centigrade. Le thermoscope de Rumford ne diffère du précédent que parée qu’il est plus grand et qu’il contient de l’alcool coloré au lieu d’acide sulfurique.

THERMOSCOPIEs. f. (tèr-mo-sko-pl —rad. thermoscope). Physiq. Mesure de la chaleur atmosphérique.

THERMOSCOPIQUE adj. (tèr-mo-sko-pi-ke

— rad. thermoscopie). Physiq. Qui a rapport au thermoscope ou à la thermoscopie.

THERMOSIPHON s. m. (tèr-mo-si-fon —du préf. thermo, et de siphon). Physiq. Appareil destiné au chauffage des serres : Le jardinier avait déjà obtenu des résultats très-heureux dans les serres en répandant de la /leur de soufre sur tes tuyaux des thermosiphons gui servent à y entretenir la chaleur. (L. Figuier.)

— Encycl. Bien que les Romains aient appliqué aux thermes et aux étuves l’art do distribuer la chaleur au moyen de l’eau, ce n’est que vers la fin du xvmo siècle que le principe du thermosiphon a été l’objet d’une application raisonnée. C’est un Français, Bonnemain, qui eut, vers 1775, l’idée du chauffage par la circulation de l’eau. Les Anglais s’emparèrent de son système en l’améliorant, sans changer les dispositions de son appareil. Depuis cette époque, MM. RenéDuvoir, Grison-Gervais, en France, etPerthuis, Charles

Hood, Weeks, en Angleterre, ont apporté des changements importants à ce mode de chauffage.

Le thermosiphon se compose d’un récipient A placé sur un fourneau. Lorsque l’eau qu’il contient est échauffée, elle tend à s’élever et se met en mouvement dans le tuyau B, poussant devant elle l’eau contenue dans les tuyaux C, D et E. Un mouvement circulatoire s’établit ; l’eau chaude sort de la chaudière, l’eau froide y revient. Il ne reste plus, ce principe connu, qu’à adopter, pour la construction des thermosiphons, les dispositions convenables pour le but à atteindre et suivant la nature des serres à chauffer. Ainsi, lorsqu’il s’agit de serres chaudes, de serres de primeurs ou de serres k multiplication, on adopte des appareils renfermant peu d’eau, susceptibles d’un échauffement presque immédiat, mais dans lesquels la chaleur ne se conserve pas longtemps. S’il s’agit, au contraire, de serres tempérées, dans lesquelles on veut, avant tout, entretenir une température douce et persistante, on préfère des appareils contenant de grandes masses d’eau, parce qu’ils se refroidissent lentement, ce qui permet de cesser le feu pendant une partie de la nuit.

L’appareil Weeks consiste en un certain nombre de tubes métalliques d’un faible calibre, les uns horizontaux, les autres verticaux, communiquant en haut et en bas avec un tuyau circulaire. Le tuyau inférieur donne accès à l’eau qui revient après s’être refroidie, tandis que le tuyau supérieur donne issue k l’eau chaude. Le loyer est placé au-dessous des tubes horizontaux, et l’air chaud qui en sort s’élève entre les tubes verticaux qui sont disposés de manière à former une espèce de cage.

Ce système est économique, en ce sens que toute la chaleur est employée, que la massed’eau k chauffer est moindre, le fo3’er plus petit, réchauffement plus rapide, le développement des tuyaux énoime, avantages

qui ont fait adopter ce système par les horticulteurs les plus riches et qui ont fait dire à M. Naudin : • Le thermosiphon tubulaiie est aux anciens thermosiphons ce que sont les canons rayés aux pièces des anciens modèles. » Dans quelques grands établissements, on emploie des appareils mixtes, combinaisons plus ou moins ingénieuses du thermosiphon et du calorifère k air chaud. Le premier porte, par ses tubes d’eau, une chaleur modérée sur les poims les plus éloignés, tandis que l’air chaud est utilisé pour chauffer à une température plus élevée les locaux plus voisins de l’appareil de chauffage.

C’est eu 1836 qu’un maraîcher des environs de Paris, M. Gontier, lit, pour la première fois, usage du thermosiphon pour la culture forcée sous châssis. Depuis lors, l’usage de

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cet instrument a fait concurrence à l’ancien mode de chauffage par les couches de fumier.

Le thermosiphon offre l’avantage de se refroidir lentement, de sorte que, pendant les plus grands froids, le maraîcher peut se confier à lui pour l’entretien de la chaleur et n’a pas besoin d’être sans cesse sur le qui-vive ; la température ne variant pas rapidement, on n’est pas forcé de la ramener à son degré ordinaire en élevant subitement la chaleur, opération dangereuse que les jardiniers et les maraîchers nomment coup de feu.

Cet appareil rend de grands services aux maraîchers, parce que sa chaleur constante est préférable à celle du fumier ; on fait passer les tuyaux du thermosiphon entre deux terres, sous les coffres. Des cloisons mobiles, de distance en distance, permettent d’arrêter k un moment donné et sur un point donné la circulation de l’eau chaude.

« Le chauffage au thermosiphon, dit Joigneaux, a sur l’ancien mode de forçage l’avantage de livrer les plantes k la consommation beaucoup plus tôt qu’autrefois ; mais l’emploi du thermosiphon n est pas à la portée de tout le monde, et le forçage par ce moyen est plus compliqué que par ie vieux procédé. Il ne faut donc pas encore renoncer absolument k celui-ci. »

Un thermosiphon en cuivre, pour le chauffage d’une serre de A à 5 mètres de largeur, sur 5 mètres de hauteur et 25 mètres de longueur, ne coûte pas moins de 400 francs, y compris la porte, la grille et le tuyau de remplissage. Ces tuyaux sont en cuivre ; ils ont une forme ovale ou cylindrique du diamètre de om,08 k om,10 et coûtent de S k 10 francs le mètre. Les soupapes d’arrêt pour la circulation coûtent de 15 à îo francs, prix qui varient suivant que le cuivre coûte lui-même plus ou moins le kilogramme. « Les tuyaux ne sont pas toujours en cuivre, dit M. A. Pouriau ; par économie, on a cherché k en construire avec divers matériaux et notamment en briques fortement cimentées et recouvertes de plaques d’ardoise k la partie supérieure. »

THERMUS, THERMON ou THERMOS, ville de la Grèce ancienne, capitale de l’Étolie, près du mont Panastolios. C’est lk qu’avaient lieu les diètes générales de l’Étolie. Philippe V de Macédoine la surprit et la pilla en 218 av. J.-C ; il la détruisit quelques années plus tard. Les ruines de Thermus se voient près du hameau de Vlokho.« L’enceinte, dit M. Isambert, présentait un développement de 3 à kilomètres. Sa forme est celle d’un triangle, dont l’acropole occupe le sommet. De chaque côté, la coltine est isolée par un ravin profond. C’est du côté de l’ouest que les murs sont le mieux conservés. On voit au milieu de l’enceinte les restes d’un édifice public, qui ne forment plus qu’une pyramide carrée de pierres informes. L’emplacement de l’acropole est de forme ovale. À l’est, au delà du ravin, s’étendent les pentes du mont Panaetolicon (mont Viéna ou Kyria Eugénia). On peut redescendre le long du ravin par un sentier très-roide jusqu’au village de Kénourio, d’où l’on va visiier, près du village de Kouvelo, les ruines d’un palœokastron nellénique sur une des dernières collines du mont Panaetolicon. Plus loin, au bord du lac, on trouve encore d’autres ruines. Les montagnes s’élèvent k pic au-dessus de l’extrémité sud-est du lac. ■

THERMUSE, reine parthe, de la dynastie des Arsacides, née vers l’an 30 av. J.-C. L’historien juif Josèphe nous a conservé sur elle quelques détails, qui ont été confirmés par les découvertes de l’archéologie et de la numismatique. Thermuse était 1 épouse de Phraates IV, roi des Parthes, et c’est en passant par les plus étrunges vicissitudes qu elle arriva k une position aussi brillante. Elle n’était qu’une jeune esclave italienne, envoyée au roi des Parthes par Auguste avec d’autres présents. Ce n’est pas le côté le moins curieux de l’histoire de cette reine, que de retrouver sur un des premiers trônes de l’Asie une Romaine de basse condition. La nouvelle esclave, douée d’une beauté extraordinaire, sut prendre sur l’esprit de son royal maître un empire considérable, et, en ayant eu un enfant mâle, elle parvint à se faire reconnaître comme son épouse légitime. Ce

n’est pas tout ; elle assura le trône k son fils Phraatacès, au détriment des autres enfants plus âgés du roi, qui furent, k son instigation, envoyés k Rome comme otages. Il paraîtrait même qu’elle finit par tuer son mari pour faire passer plus rapidement la couronne sur la tête de son fils. Ces détails, fournis par Josèphe, sont justifiés par l’existence d’une monnaie d’argent frappée k l’effigie et au nom de cette reine, et que Visconti a étudiée dans un des cahiers du Journal des Savants de l’année 1817. Cette monnaie, qui est une drachme, porte d’un côté l’effigie de Phraates IV, très-reconnaissable aux deux Victoires qui, comme dans les autres pièces frappées sous son règne, voltigent autour de sa tête. Au revers, on voit le buste de Thermuse, portant sur sa tête la couronne ou tiare droite (tiara recta), attribut de la royauté. La légende porte : theas ouranias ousks basilissès, littéralement : « De la

déesse céleste, la reine use.»Le motThermuse dont nous reproduisons la mutilation a été, grâce aux renseignements que nous ve THER

nons de mettre sous les yeux de nos lecteurs ingénieusement restitué par Visconti, et cette opération nous semble historiquement et èpigraphiquement inattaquable. Visconti, d après les sigles de la pièce, suppose qu’elle a été frappée k Artémita, célèbre ville grecque dû l’Assyrie. Cet exemple unique, dit Visconti, de l’effigie et du nom d’une reine empreints sur la monnaie des Arsacides témoigne assez jusqu’à quel point cette femme ambitieuse disposait du cœur et de l’autorité de son époux. Il a été élevé une question d’importance secondaire sur la forme exacte du nom de cette reine ; les manuscrits de Josèphe qui nous sont parvenus l’appellent tantôt Thermousa, tantôt Thesmousa. Nous croyons avec Visconti que la première est la seule acceptable.

D’après Josèphe, la reine Thermuse ne se serait pas contentée de faire périr son mari, Phraates IV ; elle aurait encore commis un inceste avec Phraatacès, pour perpétuer sur le fils l’empire qu’elle avait pris sur le père.

THERMCTIAQCE, bras du Nil, ainsi nommé d’une ville deTheniiutis, placée sur ses bords. Il sortait de la branche Athribitique et rejoignait la branche Agathodsemon, entre Naucratis et Asdropolis.

thermutis s. m. (tèr-mu-tiss). Bot. Genre de cryptogames, du groupe des byssacées ou collémacées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent sur les rochers humides.

THERNÀCT1S, nom donné k la déesse égyptienne Isis lorsqu’elle est irritée et préside, comme la Némésis grecque, au châtiment des coupables.

THERODAMAS, roi de Scythie. Il nourrissait des lions de sang humain, pour augmenter leur férocité. D’où l’expression d’Ovide : therodamanthaos leones.

THÉROGÉRON s. m. (té-ro-jé-ron). Bot. Genre de sous-arbrisseaux, de la famille des composées, tribu des astérées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent en Australie.


THÉROIGNE DE MÉRICOURT (Anne-Joseph Terwagne, dite), une des héroïnes de la Révolution française, née au village de Marcourt (et non Méricourt, comme on l’a dit à tort), dans le Luxembourg belge, le 13 août 1763, morte à Paris la 9 juin 1817. Fille de Pierre Terwagne ou Théroigne, paysan qui s’adonnait au commerce et possédait une assez jolie fortune, elle fut élevée dans l’abbaye de Robermont, puis revint chez son père. Selon les uns, n’ayant pu s’entendre avec sa belle-mère, Anne Théroigne quitta son village pour se jeter dans la plus aventureuse existence ; selon d’autres, à dix-sept ans, elle s’enfuit avec un jeune noble qui l’avait séduite et qui ne tarda pas à l’abandonner. Après avoir habité l’Angleterre, elle se rendit en France. Au début de la Révolution, elle vivait à Paris, menant une existence luxueuse. À cette époque, elle entra en relation avec Mirabeau, Sieyès, Danton, Camille Desmoulins, puis avec Romme, Ronsin, Momoro, Pétion, etc., qu’elle recevait chez elle, rue de Tournon. Les idées nouvelles produisirent sur elle une vive impression. D’après Lamartine, l’amour outragé l’ayant jetée dans le désordre, le vice, dont elle rougissait, lui avait donné la soif de la vengeance ; en frappant les aristocrates, elle pensait réhabiliter son honneur. Ce qui est plus vraisemblable, c’est que Anne Théroigne, femme galante, mais non dépravée, douée d’une imagination très-vive, d’un esprit très-ouvert, fut très-frappée du grand mouvement de rénovation qui se produisait devant ses yeux et s’y jeta avec enthousiasme. Le 14 juillet 1789, elle assista à la prise de la Bastille et, à partir de ce moment, elle prit part à toutes les grandes journées de la Révolution, dans un costume qui rehaussait encore sa beauté piquante et attirait sur elle l’attention. Vêtue en amazone, coiffée d’un chapeau à la Henri IV, orné d’une plume, portant des pistolets à la ceinture, un sabre au côté, elle accompagna, pendant les journées du 5 et du 6 octobre, les femmes de la capitale qui se rendirent à Versailles. Son costume pittoresque, son exaltation, une certaine facilité de parole lui donnèrent un grand ascendant sur cette foule confuse ; mais il est juste de dire que, si elle contribua à l’entraîner, elle fit aussi tous ses efforts pour la détourner des excès. Pendant la nuit, elle parvint, en les haranguant, à détourner du parti de la cour un grand nombre de soldats du régiment de Flandre et, le lendemain, elle revint à Paris, se tenant près de la voiture royale avec Jourdan, l’homme à la grande barbe. Le nom de Mlle Théroigne, la belle étrangère, la belle Liégeoise, comme on l’appelait alors, était dans toutes les bouches. Les journaux royalistes la représentaient comme une femme de mauvaise vie et la criblaient d’épigrammes et d’injures, pendant que les patriotes la proclamaient la première amazone de la Liberté. En février 1790, elle se présenta à la barre du club des Cordeliers, où elle fut accueillie avec enthousiasme, « C’est la reine de Saba, s’écria un membre, qui vient visiter le Salomon des districts. » Elle proposa au club d’ouvrir une souscription nationale pour élever un palais à l’Assemblée constituante sur les ruines mêmes de la Bastille. « C’est pour enrichir, pour embellir cet édifice, dit-elle, qu’il faut nous défaire de notre or et de nos pierreries ; j’en donnerai l’exemple ta première. » Sa