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mon temps fut achevée par un de ses amis, Nicolas Rigault. De Thou a laissé, en outre, un recueil de poésies latines, œuvre de sa jeunesse : Metaphrasis poetica librorum sacrorum aliquot (Tours, 1588, in-12) et Poemata sacra (Paris, 1599, in-12) ; c’est le même recueil sous deux titres ; il contient quelques paraphrases des Psaumes ; des odes, dont deux, l’Ode à la Postérité et l’Ode à la Vérité, sont fort remarquables, et un petit poème intitulé : Hieracosophion sive De re accipitraria.

L’Histoire de mon temps, écrite en latin, porte le titre de J.-A. Thuani historiarum sui temporis pars prima (Paris, 1604, in-fol.) ; la seconde partie (1560-1572) parut en 1606, la troisième (1572-1574) en 1607, la quatrième (1574-1584) en 1608 ; les derniers livres (1584-1607) furent achevés après sa mort, d’après ses Mémoires, par Rigault et Dupuy (1620, 5 vol. in-fol.). Les Mémoires, également en latin et rédigés en partie par de Thou, en partie par Riault sur ses notes et manuscrits, sont insérés à la fin de ces cinq volumes et parurent séparément un siècle après (1711, in-4o). Les Œuvres complètes de de Thou ont paru grâce aux soins de deux Anglais, Samuel Buckley et Thomas Carte, qui en ont donné une excellente édition (Londres, 1733, 7 vol. in-fol.). C’est sur cette édition que fut faite la traduction de Desfontaines et Lebeau (1734, 16 vol. in-4o). Les Mémoires ont été séparément traduits en français dans la Collection des mémoires pour servir à l’histoire de France, de Petitot et Michaud.


THOU (François-Auguste de), magistrat, fils du précédent, né à Paris vers 1607, décapité à Lyon en 1642. Il avait environ dix ans lorsque, son père étant mort, il lui succéda comme maître de la librairie du roi ; mais, comme il était trop jeune pour remplir cette charge, il obtint de se faire suppléer par son cousin, Pierre Dupuy. Auguste de Thou reçut une solide instruction, fut nommé, à dix-neuf ans, conseiller au parlement, puis devint maître des requêtes. Désireux de compléter son instruction par des voyages, il visita la plus grande partie de l’Europe, entra en relation avec les hommes les plus distingués, puis revint à Paris, reçut le titre de conseiller d'État et fut chargé de diverses missions. Lorsque la duchesse de Chevreuse, avec qui il était lié, dut quitter la France, il devint l'intermédiaire de la correspondance secrète qu’elle eut avec la reine. Richelieu, ayant été informé de cette correspondance, qui avait pour objet d'amener son renversement du pouvoir, donna l'ordre d’arrêter de Thou. Celui-ci parvint à apaiser la colère du tout-puissant cardinal, mais il perdit pour toujours sa confiance. Ce fut alors qu’il se lia intimement avec le grand écuyer, Cinq-Mars, ennemi déclaré de Richelieu ; il alla habiter bientôt après auprès de lui et se trouva mêlé sans le savoir, par ses relations seules, à la conspiration formée par Cinq-Mars, le duc de Bouillon et le duc d’Orléans pour amener la chute de Richelieu. De Thou ne connut le traité négocié par ces personnages avec l'Espagne qu’après sa conclusion et le désapprouva fortement. Il était allé rejoindre la cour à Perpignan, dont Louis XIII faisait le siège, lorsque Richelieu, ayant reçu copie du traité passé par ses ennemis avec l’Espagne, ordonna d’arrêter Cinq-Mars et de Thou(1642). Conduit au château de Tarascon, ce dernier y fut interrogé par Richelieu lui-même et se renferma dans des dénégations absolues. Peu après, il remonta le Rhône jusqu’à Valence, dans un bateau attaché à celui qui portait le cardinal, presque moribond, puis fut transféré au fort de Pierre-Encise, où se trouvait Cinq-Mars, et comparut avec ce dernier devant une commission réunie à Lyon sous la présidence du chancelier Séguier (27 août 1642). Là encore, de Thou persista dans son système de dénégations. Toutefois, Cinq-Mars, dans l'espoir de se sauver, ayant chargé son ami, celui-ci avoua avoir eu connaissance du traité, mais seulement après sa conclusion, et déclara qu’il avait jugé impossible de révéler un complot dans lequel se trouvaient compromis le frère et le favori du roi. Bien que son innocence fût certaine, de Thou fut condamné à avoir la tête tranchée (12 septembre). En entendant prononcer cette sentence, il se retourna vers Cinq-Mars : « J'aurais le droit de me plaindre de vous, lui dit-il; vous m’avez accusé,vous me faites mourir, mais Dieu sait combien je vous aime. Mourons, monsieur, mourons courageusement. » Peu d’heures après leur condamnation, Cinq-Mars et de Thou étaient conduits sur la place des Terreaux. Cinq-Mars fut exécuté le premier. De Thou monta ensuite sur l'échafaud, se fit bander les yeux et posa sa tête sur le billot ; mais ce ne fut qu’après sept coups de hache que sa tête fut séparée du tronc. Son parent, Pierre Dupuy, a publié : Mémoire pour servir à la justification de François-Auguste de Thou.


THOUAR (Pierre), littérateur italien, né à Florence en 1809, de parents pauvres, mort en 1861. Il fut d’abord correcteur d’imprimerie, puis employé chez J.-P. Vieusseux, éditeur de l’Anthologie, qui facilita ses premiers pas dans les lettres. Il apprit la politique à l’école des hommes éminents qui rédigeaient alors ce recueil et fut reçu membre de la Jeune Italie. Après avoir débuté par la publication d’un almanach populaire, il écrivit un certain nombre de nouvelles et de contes publiés dans le Guida dell’ éducatore, journal dirigé par l’abbé Lambruschini, sous le titre de Lectures pour la jeunesse : Annalena, Cecchino Salviati, Carlo Graziani, le Tessitore, Una madre, etc., publiés plus tard sous le nom de Récits populaires (Racconti popolari). Thouar fut attaché à ce journal de 1836 à 1845, jusqu’à ce qu’il cessât de paraître ; alors, il fonda une feuille hebdomadaire, intitulée Petit journal du peuple (ùiornaletto del popolo), qui exerça une heureuse influence sur les masses en 1847 ; en 1848, il lui donna le titre de Lectures politiques et, en 1859, celui de Lectures de famille.- Thuuar a aussi collaboré a la Bévue de Florence dès 1843, au Messagiere detie donne ita- /iane, «tc. Il avait obtenu, en 1841, un petit emploi à l’instruction publique, et 1848 le fit directeur de l’asile des enfants pauvres, à Florence, appelé le Monle-Domini. Il entreprit d’introduire dans cet établissement, négligé jusqu’alors, tes plus utiles réformes ; mais la restauration de 1849 le destitua brutalement, et, rejeté dans une vie de luttes et de privations, Thouar dut faire le copiste pouf vivre ; car ses publications populaires, aussi morales qu’éclairées, étaient interdites par le gouvernement. La révolution de 1859 lui rendit ce qui était dû à l’homme le plus dévoué à l’éducation du peuple. Il avait été officier de la garde nationale en 1848, membre de l’Assemblée constituante en 1849 ; il fit partie aussi de celle de 1859, qui prononça k l’unanimité la déchéance de la maison de Lorraine ; puis il revint à ses publications, à se8 élèves, ouvrit des cours et dirigea l’école normale. Ou■ tre les ouvrages dont il a été question ci-dessus, il faut citer : quatre volumes de nouvelles, intitulés Letture gradnnli, Racconti pei fanciulti, Racconti pei giovinelli, Nuovi racconfi per la gioventù ; trois volumes de Compositions dramatiques pour les enfants et les jeunes gens ; Uberto ou les Soirées d’hiver, lectures pour les ouvriers ; la Famille et la patrie ; Una (eziane venuta in tempo, rom ; ui de mœurs ; Contes ; I doueri di civiltà, à l’usage des jeunes filles ; Eludes biographiques, etc., sans compter un grand nombre de traductions du français, se rapportant toutes à l’éducation.


TIIOUARCÉ, bourg et commune de France (Maine-et-Loire), ch.-l. de eant., arrond. et à 28 kiloin, S. d’Ansers ; pop aggl., 495 hab,

— pop. tôt., 1,628 hab. Dolmen ; ruines du château fort de Sausay et du château de Fesle. L’église possède un curieux calice du xve siècle.

THOUARÉE s. f. (tou-a-ré — de DupetitThouars, botan fr.). Bot. Genre de plantes, de la famille des graminées, tribu des panieées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent à Madagascar, en Australie et dans l’Océanie tropicale. •

THOOAHS, ville de France (Deux-Sèvres), ch.-l. de cant., arrond. et k 26 kilom. de Bressuire, Sur un plateau de 93 mètres d’altitude, se terminant du côté du Thouet par un escarpement rocheux ; pop. aggl., 2,501 hab.

— pop. tôt., 2,622 hab. Thouars sert d’entrepôt aux céréales et aux vins que les communes rurales des environs expédient à Saumur. Commerce important de grams, de bestiaux, de chevaux, de mulets, d’eau-de-vie ; fabriques de droguets et de toiles. Les murailles flanquées de tours qui entouraient autrefois Thouars existent encore en partie, quoiqu’elles remontent pour la plupart au x»o et au xuie siècle. Trois ponts sont jetés sur la rivière : un pont antique à arches ogivales, un pont moderne à trois arches et un beau pont suspendu qui relie Thouars au faubourg Saint-Jacques, dont les maisons, bâties en amphithéâtre, descendent du plateau jusque sur la rive du Thouet.

Thouars renferme plusieurs monuments intéressants ; nous allons en décrire les principaux. Le château, monument historique, bâti au sommet de rochers dont la base est baignée par les eaux du Thouet, fut élevé sous le règne de Louis XIII par Marie de Latour. Il coûta k Sa fondatrice, bien qu’il fût construit en partie par corvées, la somme énorme de 1,200,000 livres de l’époque, c’est-à-dire plus de 2 millions d’aujourd’hui. Il est conçu sur le plan donné par Philibert Deforme k Catherine de Médicis ’pour bâtir le château des Tuileries, et se compose d’un gros corps de logis, surmonté d’un dôme, et de quatre pavillons. Les terrasses, formant quatre jardins en amphithéâtre, se terminent à la rivière du Thouet, qui décrit un arc de ce côté ; on domine de leur sommet un pittoresque panorama. La grande serre contenait jadis plus de deux cents orangers, collection aussi belle que celle de Versailles. Le principal corps rie logis mesure 120 mètres de longueur sur 27 de largeur. ■ L’intérieur, dit M. Adolphe Joanne, est remarquable par la masse des murs fondés sur le rocher coupé à pic en vingt endroits. Les cuisines sont immenses. Des puits, forés à 30 mètres de profondeur dans le roc réfractaire, permettaient, en tout temps, de puiser l’eau du Thouet sans sortir du château. La chambre des archives a été l’objet de précautions de toutes sortes destinées à mettre les titres de la maison de Thouars k l’abri du pillage et de

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l’incendie. Des guichets aux triples portes bardées de for n’y laissent qu’un étroit passage à travers des murs de 6 à 7 mètres d’épaisseur. On croirait entrer dans une prison d’État en pénétrant dans la vaste salle qui renfermait jadis tous les titres de propriété de cette riche seigneurie, dont relevaient 1,700 familles de gentilshommes. Un large et magnifique escalier, à balustresde marbre jaspé, conduit aux étages supérieurs du château, longues suites de pièces immenses »

La Sainte-Chapelle, classée parmi les monuments historiques, est un charmant édifice de la Renaissance, voisin et dépendant du château. Gabrielie de Bourbon l’éle va dans les premières années du xvie siècle. Elle fut érigée en Sainte-Chapelle en 1515 par le pape Léon X. Elle consiste en quatre églises placées les unes au-dessus des autres et formant en quelque sorte des chapelles superposées, dontles trois inférieures sont creusées comme des cryptes dans toute la hauteur du rocher et communiquent entre elles par des trappes et des escaliers intérieurs. La plus basse, taillée dans le granit du sol, servait autrefois île sépulture k la famille seigneuriale de Thouars.

Les tours du Prince-de-Galles et du Grand-Prévôt furent construites au xn° siècle par les Anglais ; la tour du Prince-de-Galles ou de la Grenetière, que les enfants de Henri II ont habitée pendant quelque temps, sert aujourd’hui de prison. Celle du Prévôt, qui ressemblekundonjon, estabandonnée. La porte,

k laquelle un escalier donnait accès, était défendue par deux herses dont on distingue encore les coulisses. Les mâchicoulis sont également visibles encore du côté de la ville.

L’église Saint-Médard, fondée au xiio siècle et reconstruite à différentes époques, doit Une partie de ses embellissements à Gabrielie de Bourbon. Le porche est décoré de sculptures très-curieuses. « Sur l’archivolte de la première voussure, dit un archéologue, on voit des ornements foliacés. L’archivolte de la secondé voussure présente le Père éternel entouré de personnages formant une cour céleste. Sur l’archivolte de la troisième vous-sure sont sculptés d’autres personnages plus petits que les précédents et que l’on ne peut reconnaître. On reinarque sur l’archivolte de la quatrième voussure des personnages revêtus de longues robes et ayant des palmes a la main. La dernière voussure est ornée de dessins réguliers. Ces voussures retombent sur des colonnes séparées par des nervures prismatiques. Au-dessus de ces colonnes, et à droite du porche, on voit une archivolte en plein cintre supportée par deux colonnes romanes. Au-dessus du porche, se trouvent huit statues d’anges, d’un dessin assez correct. Des modulons a cintre, placés au-dessus de ces statues, soutiennent une corniche. Entre ces modifions on voit des sculptures parmi lesquelles on reconnaît dé% chimères, îles rosaces, etc. Une tour percée de fenêtres en accolade sert de clocher. À l’intérieur, les voûtes sont soutenues par des arosdoubleaux, garnis alternativement de moulures rondes et prismatiques. L’édifice mesure une longueur de 24 mètres sur une largeur de 17. »

L’église de Saint-Laon, érigée au xlle siècle, sur remplacement d’une chapelle du xe, est surmontée d’une magnifique tour carrée, divisée en deux étages décorés d’arealures, d’élégantes archivoltes et de colonnes k chapiteaux historiés. On y voyait autrefois le tombeau de Marguerite d’Écosse, femme de Louis XI.

Mentionnons, en outre : l’hospice ; le collège, fondé au xiva siècle, et un ancien temple où se réunissaient autrefois les protestants.

Historique. L’origine de Thouars (Thonrcium, Toarcium) remonte à l’époque galloromaine ; car on voit cette ville érigée eu chef-lieu de l’un des doyennés du Poitou, dès l’introduction du christianisme. Suivant la chronique de Poitiers, Pépin s’empara du château de Thouars (castrmn Thoarz) en 754 et le détruisit quelques années après. Au IXe siècle, les comtes de Poitou l’érigèrent en une vicomte qui devint un des fiefs les plus importants du royaume ; un territoire très-étendu, surtout du côté de la mer, était, jn effet, soumis à sa juridiction. À cette éjio- ; ue, Thouars ne consistait guère qu’en un château fort, k l’ombre duquel vinrent peu k peu <e grouper quelques maisons. Au xie siècle, une église fut tondée au même lieu aur le tombeau de saint Laon par un riche particulier nommé Achard, et cette circonstance valut à la ville un rapide accroissement. Les premiers vicomtes de Thouars furent Savary 1er (905-924), Aymery 1er (924-934), Savary II (943) et Albert Ier (956-987) ; nous rencontrons ensuite Geoffroy 1er (1041), qui fut vaincu par Geoffroy-Martel, comte d’Anjou.. Ca dernier brûla le château, et les vicomtes habitèrent dès lors La Chaise-en-Poitou, qui, pour ce motif, porta depuis le nom deLaChaise-le-Vicomte. Aimery IV, vicomte de Thouars accompagna, en 1068, en Angleterre Guillaume le Conquérant et contribua’ puissamment au gain de la bataille d’Hastings. Il revint ensuite en France, avec de grandes richesses. Aimery V et Albert IJ, ses successeurs, firent le voyage de la terre sainte. La guerre da Cent ans vit les vicomtes de Thouars jouer dans notre histoire un

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grand rôle, servant tantôt la France, tantôt l’Angleterre. En 1204, Aimery V s’enferma dans Thouars et y résista k Philippe-Aufuste ; il se rendit néanmoins et reçut Loti-un pour prix de sa soumission, avec le titre de sénéchal de la province. Il n’en ouvrit pas moins ses portes à Jean sans Terre en 1206. Ce fut à Thouars que fut conclue la trêve de Dix ans, lorsque le roi d’Angleterre eut été contraint de regagner ses États. Les tendances des vicomtes de Thouars à incliner du côté du parti anglais obligèrent en 1223 Louis VIII à marcher contre Amaury, qui traita avec le roi de puissance k puissance. Son successeur Hugues V se soumit, en 1226, k Blanche de Castiïle, régente de France, et Louis IX sut la maintenir dans son parti. En 1361, le traité de Brétigny fit passer la vicomte sous l’obéissance du prince Noir ; mais, en 1372, Du Guesclin vint mettre le siège devant la place, qui finit par capituler le 28 septembre. Le chef de la maison des vicomtes de Thouars était, alors une femme, Péronnelle de Thouars, mariée k Amaury de Craon. Elle mourut sans enfants, et ses droits passèrent k sa sœur cadette, Jeanne de Thouars, qui les transmit par mariage k la maison d’Amboise. Louis d Amboise, vicomte deThouars, se rangea dans le parti du dauphin, depuis Charles VII, réfugié k Poitiers. Le roi acquitta la dette de reconnaissance contractée par le dauphin en confisquant’ les biens d’Amboise, qui, de plus, fut emprisonné. Rendu à la liberté, Je vicomte de Thouars fut réintégré dans ses domaines k l’exception d’Amboise, annexé définitivement à la couronne (1442). Il se livra alors à de telles prodigalités et k de telles débauches que sa hlle et son gendre sollicitèrent et obtinrent, en 1457, son interdiction. Louis XI profita de l’irritation du vicomte pour obtenir une donation entre vifs de tous ses biens. Quand Louis d’Amboise mourut, Jacques de Beaumont, sire de Bressuire, prit possession du domaine au nom du roi, qui le garda en vertu d’un arrêt définitif du parlement de Paris du 21 juillet 1476. Louis XI fit plusieurs voyages à Thouars, notamment en 1469 et eu 1478. Marguerite d’Écosse, première femme de Louis XI, aimait beaucoup Thouars et manifesta le désir d’y réposer après sa mort ; ses dépouilles y furent, en effet, apportées en 1479 et inhumées dans l’église Saint-Laon. Cependant les La Trémouille, héritiers indirects de Louis d’Amboise, ne renonçaient pas k leurs droits : dès que Louis XI fut mort, ils les firent valoir devant Charles VIII, et, malgré l’obstination et le inauvois vouloir de Cornalines, ancien conseiller et historien du roi défunt, ils obtinrent enfin restitution (1485-1486). Louis II de La Trémouille fut le premier vicomte de cette nouvelle maison de Thouars et joua dans les guerres d’Italie nu rôle illustre. Il épousa Gabrielie de Bourbon, fille de Louis, comte de Montpensier et dauphin d’Anvergne. Son fils, François V, ayant épousé Anne de Laval, héritière de l’rédéric d’Aragon, roi de Naples, en revendiqua l’héritage. Enfin, sous Louis III, la vicomte de Thouars fut érigée en duché (1563). Le protestantisme, k ses débuts (1550), avait trouvé k Thouars de nombreux prosélytes : la ville offrit cet exemple rare d’un couvant de nonnes.tout entier se rendant k Genève et y abjurant l’ancienne religion. Les réformés, maîtres de Thouars en 1561, y brûlèrent les églises, sauf celle du château et celle du Saint-Médard, dont ils firent un temple. La mariaga de Charlotte-Catherine de La Trémouille, sœur du duc Claude V (15S6J, avec le prince de Condé entraîna le duc dans lu religion et dans le parti de la Réforme. Henri IV, en récompense de ses services, érigea le duché de Thouars en pairie. Claude V, marié k Barbantine de Nassau, fille de Guillaume d’Orange, se signala par son intolérance religieuse. Sous Louis XIII, son fils, Henri Ier, marié à Marie de La ’fourd’Auvergne, abjura le protestantisme, malgré la vivo opposition de sa femme. Celle-ci, sans cesse occupée de restaurations, de reconstructions de châteaux, laissa k Thouars

da tristes souvenirs, tant a cause des corvées sans fin dont elle accablait les laboureurs et les artisans, que des procès innombrables qu’elle intenta et poursuivit k outrance contre.les créanciers qui lui déplaisaient. Ce souvenir était demeuré vivant jusque sous la Révolution ; en 1793, le peuple envahit le château et se vengea en couvrant d’ordures le portrait de la duchesse, qui fut pendu k défaut de l’original. La révocation de l’édit de Nantes porta un coup fatal k l’industrie de la ville. Thouars perdit la moitié de sa population (1685) et ne s’est jamais -relevée.

Quand la Révolution éclata (1789), Thouars, situé à l’extrême frontière de la Vendée militaire, offrait cette particularité singulière que la ville professait des opinions diamétralement opposées k celles da ses voisins ; l’Assemblée constituante l’érigea en chef-lieu de district. Elle était commandée, en 1792, par le général républicain Quétineau, quand l’armée catholique se présenta devant la place ; après une courte résistance, les portes furent ouvertes, mais les catholiques sç retirèrent trois jours après sans même laisser de garnison. À la fin de la même année, les conventionnels en mission dans l’Ouest réunirent k Thouars environ 30,000 hommes de nouvelle ?

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