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TIRO

C’est Orante, le délicat en témoignage d’amour :

Marquis, de grâce, un mot ; souffrez qu’on vous ap-Pour être entre nousdeui juge d’une querelle, [pelle D’un débat qu’ont ému nos divers sentiments Sur ce qui peut marquer les plus parfaits amants...

C’est Dorante, le chasseur :

Nous étions une troupe assez bien assortie, Qui, pour courir un cerf, avions hier fait partie ; Et nous fûmes coucher sur le pays exprès, C’est-a-dire, mon cher, en fin fond de forêts...

C’est Caritidès, le savant au placet :

Oui, je suis un savant charmé de vos vertus, Non pas de ces savants dont le nom n’est qu’en «s. IL n’est rien si commun qu’un nom à la latine ; Ceux qu’on habille en grec ont bien meilleure mine...

C’est Ormin, le faiseur de projets, qui a trouvé le moyen de donner au roi 400 millions par an,

Avec facilité, sans risque, sans soupçon, Et sans fouler le peuple en aucune façon...

C’est enfin Philinte, l’obséquieux, qui a appris qu’Eraste avait une querelle et qui prétend le suivre partout :

Demeure dans la ville, ou gagne la campagne, Tu n’iras nulle part que je ne t’accompagne.

Molière ne se faisait pas illusion sur la va■eur d’une pièce ainsi construite, et sa préface en porte la marque. « Jamais, dit-il, entreprise an théâtre ne fut ai précipitée que celle-ci, et c’est une chose, je crois, toute nouvelle qu’une comédie ait été conçue, faite, apprise et représentée en quinze jours. Je no dis pas cela pour me piquer de l’impromptu et en prétendre de la gloire... Mais, dans le peu de temps qui me fut donné, il m’était impossible de faire un grand dessein et de rêver beaucoup sur le choix de mes personnages et sur la disposition de mon sujet. Je me réduisis donc à ne toucher qu’un petit nombre d’importuns, jat je pris ceux qui s’offrirent d’abord à mon esprit et que je crus les plus propres à réjouir les augustes personnes devant qui j’avais à paraître ; et, pour lier promptement toutes ces choses ensemble, je me servis du premier nœud que je pus trouver. Ce n’est pas mon dessein d’examiner’maintenant si tout cela pouvait être mieux et si tous ceux qui s’y sont divertis ont ri selon les règles. «

La Critique de /’École des femmes est aussi rangée parmi les pièces à tiroir. Et ce n’est, en effet, qu’une suite de scènes, de conversations, ou chacun à son tour, Climène, le marquis, le chevalier, Lysidas le poëte, vient apporter son mot sur l’École des femmes. On peut dire la même chose de l’Impromptu de Versailles, où Molière tourne en ridicule les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, Montfleury, Mlle Beauchâteau, de Villiers, Beauchâteau, Hauteroche, puis attaque les écrivains qui s’étaient tournés contre lui, entre autres Boursault.

La plupart des œuvres comiques de Boursault sont également des pièces à tiroir. Le Mercure galant, la plus célèbre et qui fut jouée quatre-vingts fois de suite, est d’une gaieté tacite, naturelle, qui compense le manque de plan et d’action ; il s’y trouve des scènes fort remarquables et qui approchent de Molière, comme celle des procureurs et celle où un soldat ivre s’irrite des solécismes qu’une irrégularité de la langue lui fait commettre. Ésope à ta ville et Ésope à la cour, du même auteur, sont dans le même genre. « A la ville et à la cour, dit un critique, Ésope est un homme d’esprit, un moraliste aimable ; mais à la ville, il a le tort de débiter des fables composées pour la plupart sur des sujets déjà traités par La Fontaine, et, à la cour, le tort bien plus grand encore d’être ce que ne sont point ordinairement les bossus ni les sages, c’est-à-dire amoureux, à Nous citerons encore, parmi les pièces à tiroir du répertoire ancien, les Originaux de Fagan, comédie qui eut un grand succès et qui fut remise au tnéâtre par Dugazon, avec trois scènes nouvelles.

Dans le répertoire moderne du Théâtre-Français, il y a peu de pièces à tiroir. Nous indiquerons la Famille Poisson, du comédien Samson, où l’auteur lui-même se plut à montrer son talent d’acteur sous des faces diverses. Mais, dans les théâtres de genre, les pièces à tiroir modernes sont extrêmement nombreuses. Le désir des acteurs en renom de briller seuls sur la scène, dans un rôle fait de telle sorte que ceux dont ils sont entourés soient réduits à l’état de comparses, et la facilité des auteurs dramatiques à servir la vanité des comédiens ont amené un grand nombre de ces pièces, comme le Gamin de Paris pour Bouffé, l’Humoriste pour Arna.1, Brelan de troupiers pour Levjpsor, Edgar et sa bonne pour Ravel, le Misanthrope et l’Auvergnat pour Sainville. Quelques-unes cependant de ces pièces sont remarquables, et au premier rang il faut citer le Misanthrope et l’Auvergnat, qui, par la donnée et le développement d’un caractère, s’élève jusqu’à la comédie, bien qu’elle repose réellement sur un seul rôle. Les Bévues de fin d’année sont aussi des pièces à tiroir ; elles mettent généralement en scène un Jocrisse, devant lequel un génie ou une fé« dirige le défilé de toutes les nou TIRÔ

veautés qui se sont produites pendant l’année dans le monde intellectuel et dans le domaine matériel.

TIROLE s, f. (ti-ro-le— rad. tirer). Pêche. Filet à petites mailles monté sur une longue perche.

TIRON s. m. (ti-ron — lat. tiro, même sens). Antiq. rom. Jeune soldat, recrue.

— Encycl. Les lirons représentaient ceux que dans notre armée nous nommons recrues. Tout citoyen dont la fortune était estimée au-dessus de 4,000 as pouvait se voir appelé au service militaire à partir de dix-sept ans. Quand les consuls avaient fait la proclamation de recrutement, tous les citoyens qui rentraient dans les conditions de la loi devaient s’assembler au Capitole, rangés par tribus. Chaque tribu s’avançait à son tour dans l’ordre que fixait le sort. On choisissait d’abord dans la première tribu ainsi désignée quatre jeunes gens semblables autant que possible par l’âge et la conformation. Parmi ces quatre, on en prenait un pour chacune des quatre légions, la première ayant le premier choix ; la seconde choisissait ensuite, puis la troisième, et la quatrième avait celui qui restait, La seconde tribu appelée fournissait également quatre recrues ; mais ici la seconde légion avait le premier choix, et la première ne venait qu’en dernier lieu. Puis la troisième tribu appelée donnait ses quatre hommes, et le choix commençait par la troisième légion pour finir par ia seconde. Une quatrième tribu venait ensuite, et le choix était à la quatrième légion. Le recrutement continuait en reprenant toujours le même ordrejusqu’à ce que toutes les légions fussent complètes. Quelquefois l’opération s’accomplissait au champ de Mars ; quelquefois aussi, dans de pressants dangers, tous les citoyens étaient admis au recrutement sans distinction de fortune. Les jeunes soldats ainsi recrutés recevaient le nom de tirons. S’ils n’étaient pas conduits immédiatement contre l’ennemi, ils étaient occupés à de continuels exercices. Ces exercices ne comprenaient pas seulement le maniement des armes et les manœuvres militaires, mais tout ce qui pouvait développer la force et l’activité. Sous les empereurs, quand l’armée fut recrutée surtout parmi les habitants des provinces, on considéra dans le choix des tirons, outre l’âge, la stature et la constitution, la contrée qui leur avait donné naissance, et l’on fit une grande différence, sous le rapport de la destination à leur donner, entre ceux des villes et ceux des campagnes. À cette époque, chaque tiron recevait sur la main une marque, une sorte de tatouage que les auteurs désignent par ces expressions : sligmata, puncla signorunt. Suivant la conjecture de Juste Lipse, cette marque n’était pas autre chose que le nom de l’empereur.

Dans la vie civile, on appelait tiron le jeune homme qui venait de revêtir la toge virile. On appliquait la même dénomination à un apprenti, à un novice, dans tout art ou métier,

TIRON, rivière d’Espagne (Burgos). Elle prend sa source dans les montagnes de Santa-Cruz et se jette dans VEbre, à 5 kilom, E. de Tirgo, après un cours de 84 kilom.

TIRON ou TIRAN, île du golfe Arabique, près de la côte de Hedjaz, en Arabie, à l’entrée du golfe d’Akaba. C’est la plus occidentale des lies des Pirates. Elle est entourée de bancs de sable.

TIRON (Tullius), érudit et littérateur romain. Il vivait au ier siècle avant notre ère. Cicéron, dont il était l’esclave, fut frappé de ses remarquables dispositions, lui fit donner une bonne instruction et le choisit d’abord pour son secrétaire, puis pour son intendant. Tiron suivit son maître en Cilicie et lui montra un attachement constant. Cicéron, qui avait pour lui une vive amitié, l’affranchit et lui donna une propriété dans laquelle il passa sa vie, en consacrant son temps à l’étude. Très-lettré, il s’essaya dans le genre tragique, ainsi que l’indique un passage d’une lettre de Cicéron. Il écrivit une Vie de ce dernier, ainsi qu’un recueil de ses bons mots (Joci), et se rendit surtout célèbre par les perfectionnements qu’il apporta à la tachygraphie. Il paraît certain que c’est à ses soins que nous devons la conservation de la harangue de Caton contre César, insérée par Salluste dans la Conjuration de Catilinn. Cet art était déjà connu des Grecs ; le poËte Ennius fut, dit-OD, le premier à, Rome qui fit usage de cette écriture abrégée, à laquelle Tiron lit faire de grands progrès. Les noies tironiennes, perfectionnées par Sénèque, furent bientôt en usage dans tout l’empire, et on s’en servit en France pour les actes publics jusqu’à la fin du ixe siècle. Toutefois, la signification s’en est perdue, et la sténographie moderne n’en a tiré aucun secours. V. l’Alphabetum Tironianum de D. Carpentier et le Système universel et complet de sténographie, par Bertin (an IV).

TIRONIEN, IENNE adj. (ti-ro-ni-ain, i-ène). Antiq. rom. Qui appartient, qui a rapport à Tiron. li Notes tironiennes, Sorte de sténographie en usage chez les Romains.

— Encycl. Notes tironiennes. V. mote.

TIROT s. m. (ti-ro). Syn. de tireab.

— Ichthyol. Nom vulgaire de la raie bouclée.

TIRÔ

TIROU, historien, né en Flandre. Il vivait au xviie siècle. On ne sait’rien de sa vie, mais on lui doit une Histoire de Lille et de sa ckâtellenie (Lille, 1730, in-12), laquelle est curieuse et intéressante, bien qu’on y trouve des traditions fabuleuses adoptées sans examen, et que le style en soit peu châtié.

Tiron (congrégation de), réforme de l’ordre de Saint-Benoît, instituée en 1109 par un moine nommé Bernaïd, originaire du Ponthieu. Le monastère de Tirou, qui donna son nom à la congrégation, était situé dans le Perche, aux environs de Nogent-le-Rotrou. Dans les premiers temps de sa réforme, Bernard et ses disciples vécurent dans une misère absolue ; ils manquaient des choses les plus nécessaires à la vie et furent quelquefois réduits à se nourrir de pain et de racines. Malgré cette extrême pauvreté et les austérités auxquelles se livraient ces religieux, un grand nombre de personnes pieuses vinrent se joindre à eux, et en moins de trois années le réformateur eut 500 moines sous sa direction ; ainsi que le dit le Père Hélyot, ’ il recevait dans son monastère « tous ceux qui avaient un véritable désir de se-convertir et il voulait qu’on y exerçât toutes sortes d’arts, tant pour en bannir l’oisiveté (mère ordinaire de tous les vices) que pour lui procurer les choses nécessaires à la vie, qui n’y étaient pas en abondance dans les commencements. C’est pourquoi il y avait des peintres, des sculpteurs, des menuisiers, des serruriers, des maçons, des vignerons et des laboureurs, qui obéissaient au commandement d’un ancien, et tout leur profit se mettait en commun pour l’entretien des religieux. » La réputation de sainteté du fondateur s’étendit au loin ; les rois et les seigneurs le comblèrent des marques de leur vénération, et, grâce à leur libéralité, l’ordre de Tirou couvrit la France, l’Angleterre et l’Écosse de ses abbayes et de ses monastères. Parmi les princes qui se montrèrent plus particulièrement empressés à favoriser cette congrégation, nous citerons : le roi de France, Louis le Gros ; Henri, roi d’Angleterre et duc de Normandie ; David, roi d’Écosse ;"Thibaut, comte de Blois ; Guillaume, duc d’Aquitaine ; Foulques, comte d’Anjou, et Rotrou, comte du Perche. L’ordre de Tirou, après avoir jeté au xite siècle un vif éclat, tomba peu à peu dans le relâchement et finit, en 1629, par être réuni à la congrégation de Saint-Maur.

TIROON, État de la partie orientale de l’île de Bornéo, situé au N. du royaume* de Cotti-Lama, entre 10» 40’ et 4» 40r de latit. N. Il a environ 400 kilom. de longueur. Sa surface, en général montagneuse, est arrosée par plusieurs rivières, dont la plus considérable est celle de Barô ou Kouran. On y recueille du riz et du sagou, qui forment la principale nourriture des habitants. On en exporte de la cire, des bambous, des rotangs, des nattes, du miel, un peu d’or et des nids d’hirondelle. Tout le commerce se trouva entre les mains des Boughis, qui habitent les côtes. L’intérieur est habité par les Biadyaks ou Dagaks, les Idaans, les Morats et les Maraforas. On compte dans cet État huit villes, dont les principales sontTapan-Davian, Kouran, Siboukou.

TIROXJNÂMAN s. m. (ti-rou-nâ-man). Marque distinctive que les sectateurs de Vichnou se tracent sur le front et sur certaines parties du corps, en l’honneur de Vichnou transformé en femme.

— Encycl. Ce signe se trace avec la terre blanchâtre qu’on recueille aux environs de Tiroupatty ; il est partagé au milieu par une ligne rouge ; la figure tracée avec la terre blanchâtre représente les parties génitales d’une femme et ia ligne rouge le flux menstruel, la réunion de ces deux symboles signifiant la fécondité du dieu dans son incarnation en femme. Ce double signe, tracé en blanc et en rouge et nomme tivounâman, c’est-à-dire terre sainte, est parfois aussi autrement interprété : les raies blanches sont la représentation, dit-on, de la liqueur séminale, et, symboliquement, de Vichnou, pendant que la raie rouge représente le sang utérin, ou symboliquement Lakchmi. Suivant quelques auteurs, notamment Eugène Burnouf, la dénomination de lirounûman ne s’applique qu’aux raies blanches tracées avec 1 espèce de craie nommée nâmam, et la raie du milieu, tracée avec du safran mêlé de chaux et de coquillages pulvérisés, est nommée tirouç/tounnam, c’est-à-dire chaux vive. Enfin quelques autres donnent aussi le nom de naman ounahman à ce signe, notamment le Père Dubois. Bien que les sectateurs du tiround- bkiii ne se frottent de cendre ni le front ni aucune autre partie du corps, ils n’en font pas moins usage d’urine et de fiente de vache. Le lieu sacré nommé Tiroupatty, et où se recueilléla terre blanchâtre.avec laquelle se l’ait ce signe, est situé au pied d’une montagne sur laquelle s’élève une célèbre pygode de Vichnou. D’ailleurs, Tiroupatty est un des noms de Vichnou ; il signifie littéralement époux de Lakchmi. Le célèbre temple de ce nom est situé à l’extrémité septentrionale du Karnatic, sur la côte de Coromandel.

Tiroupaiiy (PAGODE db), une des plus fameuses pagodes de l’Inde et l’une de celles où se passent les scènes les plus révoltantes et les plus obscènes. Cette pagode, dédiée au dieu Vichnou sous le nom de Venirnttu TIRS "

Sotiara, est située au nord du Karnatic, dans l’Inde méridionale, L’affluence des pèlerins qui de toutes les parties de l’Inde viennent visiter ce lieu révéré est immense, et les offrandes de toute espèce en denrées, or, argent, joyaux, étoffes précieuses, chevaux, vaches, etc., sont si considérables qu’elles suffisent à l’entretien de plusieurs milliers de personnes employées ’aux diverses fonctions du culte qui s’y célèbre avec une grande pompe. La pagode de Tiroupatty est fameuse surtout parce que la divinité à laquelle elle est consacrée s’est arrogé, dans la personne des brahmes qui la desservent, bien entendu, le pouvoir de faire cesser la stérilité des femmes ; aussi les femmes s’y rendent-elles en foule, souvent sur l’invitation formelle de leurs époux, pour demander des enfants au dieu Vengatta-Souara. Quelquefois même elles Se Sont ruinées pour apporter à la divinité des offrandes considérables, afin d’en obtenir la faveur ineffable de devenir mères. Habiles à tirer parti des vertus comme des vices de leurs crédules compatriotes, les brahmes n’ont vu dans ces touchantes impulsions de la nature qu’une branche d’industrie pour eux et que des occasions d’assouvir impunément et à bon compte leur lubricité. A leur arrivée à la pagode, les pauvres femmes s’empressent d’aller exposer le sujet de leur pèlerinage aux brahmes, directeurs et desservants de la pagode, qui leur conseillent de passer la nuit dans l’intérieur du temple, où le grand Vengatta-Souara, touché de leur dévotion, daignera peut-être les visiter dans l’ombre et accomplir ce qui jusque-là a été au-dessus de la puissance humaine. Tirons le rideau sur les suites infâmes de cette fallacieuse suggestion ; le lecteur ne les devine que trop. Le lendemain matin, ces détestables cafards, feignant une ignorance complète de ce qui s’est passé, s’en font raconter les détails, et, après les avoir félicitées sur l’accueil que le dieu leur a fait, ils reçoivent les offrandes dont elles s’étaient munies et les congédient en les flattant de l’espoir qu’elles n’auront pas fait un voyage infructueux. Persuadées de la meilleure foi du monde qu’un dieu a daigné s’humaniser avec elles, ces pauvres femmes s’en retournent enchantées, se berçant de l’idée ravissante qu’elles pourront bientôt enfin procurer à leurs maris l’honneur de la paternité. On sait, en effet, que dans l’Inde la stérilité de la femme est le plus grand des opprobres et la plus redoutée des malédictions qui puissent tomber sur une famille. Un des préjugés qui concourent puissamment à entretenir dans l’esprit d’un [ndou le désir ardent de voir sa race se propager, c’est qu’il n’est point à ses yeux de malheur qui égale celui de ne pas laisser de descendant qui rende à sa dépouille mortelle les derniers devoirs, privation qu’il regarde comme capable de lui faire interdire, après sa mort, l’accès d’un séjour de félicité. Le temple de Tiroupatty n’est pas le seul où la Trinité qui y réside s’arroge le pouvoir de faire cesser la stérilité des femmes ; il est peu de temples qui ne jouissent de ces mêmes privilèges ; mais celui dont nous avons parlé est de beaucoup le plus célèbre. Il est fameux dans l’Inde entière, de l’Himalaya au cap Coraorin.

Tirsa s. m. (tir-sa). Bot. Graminée du genre stipe, qui croit dans l’Ukraine : Le tirsa pourrait mériter une attention particulière de la part des agriculteurs. (Guettard.)

TIBSO ou OR1STANO, ancienne Thyrsus, rivière de Sardaigne, formée de plusieurs petits cours d’eau ayant leurs sources dans le mont Acuto, et qui se jette dans le golfe Oristano, à 6 kilom. au-dessus de cette ville, après un cours d’environ 100 kilom. Elle reçoit le Taioro et une multitude de ruisseaux. Le défaut de peute et les nombreuses écluses destinées à la pèche font que cette rivière, ainsi que toutes celles de la Sardaigne, inonde ses bords et y forme des amas d’eau qui vicient l’air.

TIRSO DE MOLINA (Fray Gabriel Tellez, plus connu sotis le nom de), célèbre auteur dramatique espagnol, né à Madrid vers 1570, mort au couvent de Soria en 1648. Il passa sa jeunesse à l’université d’Alcala de Hénarès, qui était alors la docte ville par excellence et qui comptait plus de 10,000 étudiants. Il apprit la théologie et la philosophie dans ce fameux Colegio mayor de San-Ildefonso, où les plus célèbres maîtres de l’Espagne sa faisaient honneur de professer et que les artistes du xvie siècle s’étaient plu à illustrer des œuvres de leur ciseau et de leur pinceau. Il ne reste aujourd’hui de toute cette grandeur universitaire que quelques plafonds et le tombeau du fondateur, le cardinal François-Ximénès de Cisneros. Le vaste cadre rempli par les créations de Gabriel Teliez, la perfection à laquelle il sut porter l’art dramatique et la langue espagnole elle-même, la profonde connaissance qu’il montra des lettres anciennes prouvent qu’il profita des études sacrées et profanes auxquelles il se livra. Quand il eut acquis ses grades, il quitta Alcala pour se rendre à Madrid, où il devait tenter la fortune du théâtre. Selon toute apparence, ce fut vers les dernières années du xvie siècle qu’il dut arriver dans la capitale de l’Espagne, et là commença pour lui cette vie de combats mêlpe de triomphes et de déboires qui constituait alors, plus encore qu’au-