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Dont l’impudique ardeur n’a jamais eu de bornes :
« Inconstant qu’un sujet ne sçauroit arrester,
Puisque malgré Junon tu veux avoir des cornes,
Que ne se résout-elle à t’en faire porter ? »

L’imagination n’est-elle pas des plus drolatiques ? Scarron n’eût pu, en ce genre, faire mieux. Ici Tristan l’a égalé en bouffonnerie.

Voici l’indication des ouvrages dramatiques et autres de François Tristan l’Hermite : Marianne, tragédie (1637, in-4o) ; Penthée (1639, in-4o) ; la Mort de Sénèque (1645, in-4o) ; la Mort de Crispe (1645, in-4o) ; Osman (1656, in-12) ; la Folie du sage, tragi-comédie (1645, in-4o) ; Amaryllis, pastorale (1653, in-4o) ; le Parasite, comédie (1654, in-4o) ; Marianne eut trois éditions et fut retouchée par J.-B. Rousseau en 1731. Tristan a donné des recueils de vers, qui sont : les Amours (publié d’abord sous ce titre : Plaintes d’Acante, etc., 1634, in-4o) ; la Lyre l’Orphée et Mélanges poétiques (1641, in-4o) ; Vers héroïques (1648, in-4o) ; Lettres mêlées (1642, in-8o) ; Plaidoyers historiques ou Discours de controverse (1640 ou 1650), dont on croit que Tristan ne fut que l’éditeur ; le Page disgracié (1643, in-8o, 1665 ou 1667, 2 vol, in-12), récit des aventures et voyages de jeunesse de l’auteur, qui n’a pas eu à faire de grands frais d’imagination, et s’est borné à recueillir ses souvenirs ou à rassembler ses notes ; les Heures de la sainte Vierge (1653, in-12), en vers et en prose. Il a fait des vers passables à la louange de Balzac et on lui attribue divers autres travaux.


TRISTAN L’HERMITE (Jean-Baptiste), seigneur de Souliers, écrivain français, frère du précédent, mort vers 1670. Il fut gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. Comme son frère, il cultiva la poésie, mais il s’occupa surtout d’histoire et de science héraldique. Indépendamment de pièces de vers, insérées dans divers recueils du temps, on lui doit un assez grand nombre de compilations généalogiques peu estimées. Nous nous bornerons à citer de lui : les Forces de Lyon (Lyon, 1658, in-fol.) ; les Corses françois (Paris, 1668) ; Naples françoise (Paris, 1663) ; Histoire généalogique de la noblesse de Touraine (Paris, 1667, in-fol.).


TRISTAN, personnage des poèmes cycliques de la Table ronde, célèbre surtout par son amour pour la belle Iseult. D’après la légende, née probablement dans le nord de la France, vers le XIIe siècle, il fut envoyé demander en mariage, pour le compte de son oncle Mark, roi de Cornouailles, la fille du roi d’Islande, la belle Iseult, l’obtint et la ramena en effet près de Mark, qui l’épousa ; mais l’amour d’Iseult et de Tristan triompha de leur loyauté, et la malice des trouvères s’est ingéniée à montrer par quels moyens la passion parvient à rendre aveugles la surveillance et la jalousie.

Dans d’autres épisodes, on voit le galant chevalier, fuyant la cour du roi Mark, séjourner dans celle d’Artus, puis même être amoureux d’une autre Iseult, qu’il épouse. Mais le souvenir de sa première passion ne cesse de le poursuivre ; il s’échappe et court revoir celle qu’il ne peut oublier. Il est assassiné au moment même où il allait la joindre, et Iseult inconsolable meurt sur le cadavre de son amant. Le bon roi Mark, naïvement touché de cette fidélité amoureuse, quoiqu’elle s’exerçât fort à ses dépens, les fit inhumer dans la même tombe.

Les légendes chevaleresques offrent peu de personnages placés plus haut dans l’imagination populaire. Tristan était célèbre dès le XIIe siècle, puisque le châtelain de Coucy-Rambaud, comte d’Orange ; Chardry, auteur de la Vie des septs dormants ; Marie de France, etc., tous écrivains de ce siècle, en parlent déjà. Nous analysons plus bas divers poëmes qui célèbrent ses aventures.


Tristan et Iseult, poëme chevaleresque du XIe ou du XIIe siècle. Il appartient au cycle de la Table ronde et est un des plus célèbres de ce cycle. Il roule tout entier sur les aventures de Tristan du Léonnois, sur ses amours adultères avec Iseult, femme de Mark, roi d’Islande, et sur les bons tours que les deux amants jouent au pauvre mari. C’est un des thèmes sur lesquels se sont le plus exercés les poètes du moyen âge ; il en existe des versions dans toutes les langues, et les aventures de Tristan furent chantées jusqu’en Scandinavie et en Islande. Cependant, le texte original a disparu et, des diverses rédactions qui subsistent, en prose ou en vers, toutes offrant entre elles d’assez notables différences dans les accessoires et les détails, aucune ne parait être autre chose qu’une traduction. Quatre de ces rédactions nous sont parvenues en entier, ce sont : une rédaction française ou plutôt normande, en prose, généralement attribuée à Luce, seigneur de Gast, près de Salisbury ; l’auteur dit avoir traduit cette histoire du latin sur l’ordre de Henri II, roi d’Angleterre ; une rédaction allemande, également en prose, qui parait avoir eu pour base la précédente ; un poème en vers, de Godefroy de Strasbourg, un des minnesingers les plus connus du XIIe siècle ; un poëme écossais de Thomas d’Erceldoun, en stances symétriques de onze vers chacune. On a de plus des fragments considérables de quelques autres rédactions, soit en prose, soit en vers ; Chrestien de Troyes en avait composé une qui est entièrement perdue ; il dut eu exister aussi une version provençale, à laquelle les troubadours du XIIe et du XIIIe siècle font de fréquentes allusions.

On n’a longtemps vu dans le roman de Tristan que le produit de l’imagination. Il est aujourd’hui démontré que tous les personnages qui y figurent sont historiques ; les romans de la Table ronde ne paraissent pas être autre chose que de très-anciennes chroniques, versifiées ou arrangées sous une forme agréable pour un public que la gravité de l’histoire aurait éloigné.

« Tristan, lit-on dans le Cambrian biography, fils de Talweh, célèbre capitaine qui vivait au milieu du VIe siècle, était avec Greidiol Gwon, l’un des trois hérauts de la Bretagne. Tristan, avec Gwair et Cai, était appelé l’un des trois princes couronnés. On les comptait aussi parmi les trois puissants porchers ; les deux autres étaient Coll et Pryderi. Il était un des trois qui portaient l’épithète de chefs obstinés que personne ne pouvait détourner de leurs projets. Il était aussi désigné comme un des trois fidèles amants, par rapport à son attachement pour Esyllt, femme de March Meirchiou, son oncle ; ce héros est familier aux lecteurs de romans sous l’appellation de sir Tristam. »

Suivant d’autres traditions, Tristan était aussi un barde gallois, disciple de Merddin. De plus, il était un des trois com-peers de la cour d’Arthur et vivait en 520. Il reste un dialogue en vers gallois entre lui et Gwalzmai, neveu d’Arthur.

M. Francisque Michel a publié, sous le titre de Tristan (Paris et Londres, 1835, 2 vol. in-12), le Roman de Tristan, fragments du poème en français-normand de Luce de Gast ; une poésie dont on ne sait pas l’origine, intitulée De Tristan ; le Lai du chèvre-feuille ; un extrait du Dounez des amans ; divers morceaux de poésie grecque ou latine du XIVe ou du XVe siècle, dont Tristan est le sujet. L’ouvrage de M. Francisque Michel contient, en outre, une table analytique, un glossaire et une introduction étendue, dans laquelle on peut trouver des renseignements très-précieux sur les légendes relatives à Tristan et sur les romans de la Table ronde en général. Un troisième volume (Londres, 1839, in-12) contient des fragments du poème de Tristan par Thomas d’Erceldoun.


Tristan le voyageur ou la France au XIVe siècle, par de Marchangy (1826, in-8o). Cet espèce de roman historique, écrit en style pompeux, est le complément de la Gaule poétique, dont elle reproduit les défauts et les qualités. Les qualités sont un style abondant, fleuri, cherchant le romantique et le pittoresque, une narration limpide, d’une certaine dignité, et ne manquant pas d’élévation. Les défauts consistent en ce que le style, écho affaibli de Chateaubriand, touche à la déclamation et devient fatigant par sa monotonie.

M. de Marchangy, dans la Gaule poétique, avait essayé de prouver que notre histoire pouvait inspirer les beaux-arts ; dans Tristan le voyageur, il a voulu montrer les trésors des anciennes coutumes. Contraint, par le plan de la Gaule poétique, de traverser rapidement tous les âges de la France, depuis l’époque druidique jusqu’au siècle de Louis XIV, il n’avait guère pu que donner un aperçu des temps, sans s’arrêter à tout décrire. C’est particulièrement à ces descriptions qu’est consacrée la relation de Tristan le voyageur, qui, « l’an de grâce 1373, quitta ses fiefs paternels, situés dans les belles campagnes du Poitou, pour visiter une partie du vaste pays de France. » Au lieu de parcourir l’immense carrière qu’ouvre notre histoire, l’auteur se renferme dans un petit nombre d’années, vers la fin du XIVe siècle, et il peut à loisir étudier ce qu’il y a de curieux à cette époque. Son voyageur, tantôt décrit les cours à la fois chevaleresques et pastorales des suzerains, tantôt écoute les vieillards qui, assis sous un chêne, appliquent les lois ; plus loin, il reçoit l’hospitalité dans un monastère ; ailleurs, il raconte les pèlerinages, les fables populaires du canton, la vie privée des bourgeois et des matrones, les privilèges des confréries. Déguisé en ménestrel, il pénètre à la cour de Charles le Mauvais, il s’arrête dans les manoirs des Clisson, des Du Guesclin et des comtes de Foix ; il combat, sous les bannières de France, contre les Anglais, dans la Bretagne et le Limousin ; on le présente au roi de France, Charles V ; il voit le grand monde de la capitale et se trouve au milieu du luxe, des arts et des plaisirs du temps ; il suit les cours de l’université et les audiences du parlement. En quittant Paris, il se dirige vers les provinces méridionales, où il est pris par une des grandes compagnies qui alors dévastaient la France. Délivré des mains de ces brigands, Tristan le voyageur, à travers une foule d’autres aventures, revient en son manoir, où, pour l’instruction des siens, il écrit ce qu’il a vu et observé.

Bien que la nature de son sujet éloignât l’auteur de l’époque contemporaine, il a trouvé le moyen d’imprégner son livre du plus pur esprit réactionnaire ; ses apologies du moyen âge sont toujours tournées de manière à devenir des critiques de la France moderne et des principes de 1789. S’il dénonce les vices de la féodalité, du clergé et de la noblesse, on voit qu’il le fait à regret et qu’il les absout en songeant à l’époque actuelle ; il appelle Paris la nouvelle Babylone, ce qui n’est guère neuf, et le définit « la centralisation de la corruption. » C’est du style de procureur général, troubadour à ses moments perdus.


Tristan le Roux, roman de M. Alexandre Dumas fils (1850). Ce roman est une des rares incursions faites par le fils sur le domaine si largement exploité par le père. Tristan le Roux n’est autre chose que l’histoire de Jeanne Darc encadrée dans un roman fantastique. « Si on nous demande pourquoi, dit l’auteur, nous avons fait de l’histoire fantastique de Tristan le Roux le cadre des événements réels que nous avions à mettre sous les yeux du lecteur, nous répondrons que cela nous a paru le seul moyen de montrer du même coup les deux faces bien distinctes et bien certaines de ce XVe siècle qui d’un côté s’éclaire chrétiennement au feu du bûcher de Jeanne Darc, l’incarnation de la foi, l’envoyée de Dieu, et de l’autre aux lueurs du bûcher de Gilles de Retz, la personnification de la magie et de l’esprit d’athéisme de cette époque, où le peuple, ruiné par l’invasion étrangère, ignorant et se croyant abandonné de Dieu, était tout près de se donner au diable et demandait à l’enfer le secours que lui refusait le ciel. » Pour mieux faire ressortir ces deux termes de comparaison, M. Dumas les oppose l’un à l’autre. Tristan est le fruit du crime, le produit du viol de la comtesse de Karnac par le père de Gilles de Retz. Élevé en qualité d’écuyer près d’Olivier, son frère légitime, Tristan n’est agité que de pensées coupables ; il veut ravir à Olivier Alix, sa fiancée, et posséder des honneurs et des richesses ; l’envie le ronge. Son autre frère, Gilles de Retz, qui se livre à la sorcellerie, lui fait signer un traité avec Satan, qui lui promet de satisfaire tous ses vœux s’il consent à lui vendre son âme. Le marché est conclu : Tristan appartient au génie du mal. Conseillé par lui, il passe aux Anglais et, après avoir inutilement tenté d’empoisonner Jeanne Darc, la blesse dans un combat et prend part à la trahison qui la livre aux Anglais. Il se souille de tous les crimes, sans reculer même devant le fratricide et le parricide, qu’il ne peut, il est vrai, consommer. Pour mettre le comble à ses forfaits, il va insulter Jeanne jusque sur son bûcher ; mais prisonnière et victime du lâche fanatisme des Anglais, la vierge en mourant triomphe de lui. Elle lui pardonne, et le repentir pénètre dans le cœur du coupable. L’esprit du mal se rit de lui et ne tient pas ses promesses. Tristan le provoque, et, comme l’esprit de Dieu est avec lui depuis qu’il s’est repenti, il remportera la victoire. Mais la lutte est longue et acharnée. C’est à la fois un chant d’Homère et une légende d’Hoffmann : « Le Sarrasin, qui représentait l’esprit du mal, ne rompait que pied à pied, et des heures, des journées se passaient sans que Tristan pût le faire rompre d’un pouce. C’était la vivante parabole des luttes auxquelles Dieu soumet le pécheur qui se repent pour l’éprouver et voir si son repentir est sincère. De temps en temps, Tristan appelait à son aide ou le nom de sa mère, ou le nom de Jeanne Darc, ou le nom de la Vierge, et, chaque fois que cela lui arrivait, il sentait ses forces doubler et celles de son ennemi s’affaiblir. Une voix intérieure lui criait : « Courage. » C’était un combat merveilleux, et les combattants laissaient derrière eux les collines, les vallées, les rivières, les jours, les mois, les saisons. Tantôt le soleil brûlait leur visage, tantôt la neige glaçait leurs mains. Puis le paysage changeait d’aspect. Tristan traversait des contrées qu’il n’avait jamais vues et dépassait des horizons auxquels il n’aurait jamais cru pouvoir arriver. Le Maure rompait toujours, espérant le fatiguer ; mais on eût dit que Tristan était une âme, et non un corps, et qu’il était maintenant au-dessus des conditions humaines. Cependant ses cheveux et sa barbe croissaient, et ses yeux se creusaient à force d’insomnies. Un jour, le soleil était ardent et l’atmosphère lourde comme du plomb. Le combat avait lieu près d’un torrent qui couvrait le bruit de la lutte du bruit de ses cascades. « Laisse-moi me désaltérer à l’eau de ce torrent, dit le Sarrasin. — Non ! » répondit Tristan ; et le duel continua. Deux mois après, le ciel était noir et la neige tombait à flots. Des pâtres avaient mis le feu à un bois de sapins, et les rouges reflets de l’incendie couraient comme des démons entre la terre toute blanche et le ciel tout noir. « Laisse-moi me réchauffer à cette flamme, dit l’ombre, qu’outre le froid de la nature glaçait déjà le froid de la mort, — Non ! » répondit Tristan ; et il chargea le colosse d’airain qui allait s’affaiblissent de plus en plus. Trois mois plus tard, c’était le matin, avril riait dans les arbres et se mirait au cristal des fontaines. Les deux combattants entrèrent sous une forêt de hêtres et de chênes aux larges ramures. « Laisse-moi me reposer une minute, dit le Maure. — Non ! » répondit Tristan ; et il devint plus terrible que jamais. Le Sarrasin fit un dernier effort et lutta jusqu’au soir. Mais, se sentant enfin vaincu, il s’enfonça dans les entrailles de la terre. Il y avait deux ans, jour pour jour, heure pour heure, que le combat avait commencé ! » Ce travail surhumain accompli, Tristan put s’endormir du sommeil du juste, tandis que, de ses deux frères, l’un, Olivier, était l’heureux époux d’Alix, et l’autre, Gilles de Retz, avait été brûlé comme sorcier.

Ce roman renferme, à côté de passages historiques d’une scrupuleuse exactitude, des chapitres fantastiques qui frappent vivement l’imagination du lecteur. L’intérêt ne faiblit pas, le style est élégant, mais on chercherait en vain cette vivacité de dialogue qui assure le succès des romans historiques du père de l’auteur.


Tristan et Yseult, action en trois actes. C’est le titre donné par M. Richard Wagner à son œuvre, représentée sur le théâtre royal de Munich le 10 juin 1865, en présence du roi de Bavière, protecteur zélé du compositeur et de deux cents amis enrôlés sous la bannière du Mazzini musical.


TRISTAN-D’ACUNHA (îles), groupe d’îles de l’océan Atlantique, à l’O.-S.-O. du cap de Bonne-Espérance, par 35° 5’ de latit. S. et 14° 3’ de longit. O. Il se compose de trois îles : Tristan-d’Acunha, la plus grande et seule habitée (35 kilom. de tour), Nightingale et Inaccessible.

Rien d’aussi effrayant que l’aspect de Tristan-d’Acunha, composée d’une masse de rochers volcaniques, dont les nombreuses dentelures forment autour d’elle une ceinture noirâtre. Elle abonde en volailles, dont certaines espèces, s’étant trop multipliées, sont retombées dans l’état sauvage ; on y trouve aussi beaucoup de chats, auxquels s’applique la même observation, bien qu’ils y foisonnent moins qu’autrefois. On rencontre aussi beaucoup de chèvres, mais si farouches et si rapides dans leur course, qu’il est très-difficile de les tirer. Les montagnes, qui occupent une grande partie de l’île, sont presque à pic. À leur base, en descendant sur la mer, règne une vallée ayant 3 quarts de mille de largeur sur 5 à 6 milles de longueur. Toute la partie qui a été conquise sur les broussailles est d’un bon rapport et produit, entre autres choses, d’excellentes pommes de terre. Du haut du pic le plus élevé, situé au centre de l’île, jusqu’à la mer, les flancs des montagnes sont déchirés par des fondrières creusées sans doute par les torrents. Celles qui sillonnent la vallée s’ouvrent en droite ligne sur la mer. Deux d’entre elles ont 50 pieds de largeur et autant de profondeur et sont encombrées d’une masse informe de laves noirâtres. Telle est, du reste, la teinte uniforme des montagnes ; aussi rien de plus sombre que l’aspect général de l’île. Sur la côte de Tristan-d’Acunha, la navigation est dangereuse par suite de fréquents ouragans qui y précipitent des vagues furieuses. Les îles Tristan-l’Acunha furent découvertes par les Portugais lors de leur premier voyage dans les mers d’Afrique ; ils leur donnèrent le nom de leur chef.


TR1STANIE s. f. (tri-sta-ni — de Tristan, voyageur portugais). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des myrtacées, tribu des leptospermées, comprenant une dizaine d’espèces, qui croissent en Australie : La tristanie à feuilles de nérion figure très-bien dans les jardins d’agrément. (Th. de Berneaud.)


TRISTANNEUX adj. (tri-stann-neu — du pref. tri, et de stanneux). Chim. Se dit d’un sel stanneux qui contient trois fois autant de base que le sel neutre correspondant.


TRISTANNIQUE adj. (tri-stann-ni-ke — du préf, tri, et de stannique). Chim, Se dit d’un sel stannique qui contient trois fois autant de base que le sel neutre correspondant.


TRISTANY (DON Benedito), chef d’insurgés espagnols, né en Catalogne, fusillé en 1833. Il était prêtre et chanoine de Girone, lorsqu’il se joignit aux Espagnols qui défendirent leur pays contre l’invasion française sous Napoléon Ier. Tristany se signala par son intrépidité et devint un des chefs les plus distingués de l’insurrection. Après le retour de Ferdinand VII, il quitta l’épée pour reprendre la soutane. La révolution de 1828, qui ébranla le trône du roi Ferdinand, amena Tristany à reprendre les armes. Ultra-royaliste, il se battit contre les libéraux jusqu’au moment où le roi fut réintégré dans son pouvoir absolu par les Français. Après la mort de Ferdinand VII (1833), Tristany se prononça en faveur de don Carlos, qui le nomma maréchal de camp, commandant en second de la Catalogne. Le hardi guérillero combattit au siège de Puycerda, à Solsonne, marqua chacun de ses pas par d’inqualifiables dévastations, devint un des fléaux de son pays et tomba enfin entre les mains des troupes de la reine Christine, après une vigoureuse résistance, le 16 mai 1838. Conduit à Solsonne, dès le lendemain il y fut fusillé. — Trois neveux du précédent, Rafaël, Francisco et Ramon Tristany, ont marché sur ses traces et acquis, sous les ordres de don Carlos, une triste célébrité pendant la guerre civile qui a achevé la ruine de l’Espagne de 1872 à 1876. Le plus connu des trois est Rafaël, comte d’Avino, qui servit de 1833 à 1840 dans les rangs des carlistes en Catalogne, puis commanda une brigade d’insurgés en 1849 et 1850. Par la suite, il prit du service dans l’armée du roi de Naples et vécut pendant plusieurs années à Paris. Le 25 mai 1872, don Carlos l’ayant nommé commandant général des carlistes dans les quatre provinces de la Catalogne, il entra en Espagne et publia, le 26, une proclamation dans laquelle il appelait les carlistes aux armes. Tristany contribua beaucoup à imprimer à la guerre civile