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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 15, part. 3, Vamb-Vi.djvu/302

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trefaites, lui assurait une part importante dans la gestion des affaires publiques. Il fit partie de la commission chargée de reviser la charte, et il voulut qu’on abrogeât l’article qui déclarait le catholicisme religion de l’État. Un accident faillit un moment compromettre sa destinée parlementaire. Lors des élections générales, les électeurs d’Évreux refusèrent de lui continuer son mandat ; mais le nouveau roi le nomma membre du conseil supérieur de l’instruction publique, dont il devint, en 1832, vice-président. Le 6 mai de cette même année, il parvint aussi à la pairie, et bientôt l’Académie française fît de lui son secrétaire perpétuel.

Au Luxembourg, l’indépendance du caractère de Villemain fit sensation. On s’attendait à voir un homme d’esprit, on rencontrait une nouvelle personnalité politique ; plus il avançait en âge, plus il devenait libéral. Il déploya tous les efforts de son talent contre les lois de septembre (1835), sans réussir toutefois à convaincre la Chambre des pairs. Sa théorie sur la presse fut longtemps considérée comme le dernier mot sur cette question ; elle consiste à dire qu’il n’y a point de délits d’opinion, par conséquent pas lieu de les soumettre à une juridiction spéciale, d’où il est facile de conclure que le droit commun est le droit naturel sous lequel doit vivre la presse ; cependant, il n’allait pas jusqu'à la soumettre au jury, et il trouvait que ce serait là un expédient dangereux et sans efficacité réelle au point de vue de la répression. Lors de la coalition des trois partis, centre droit, gauche et centre gauche, contre le ministère Molé, Villemain crut devoir à lui-même de ne pas s’y engager et il offrit son concours à M. Molé. Ce concours avait quelque importance, et on le reconnut bientôt en lui offrant une part des dépouilles du cabinet Molé. Il ne pouvait guère entrer dans une combinaison ministérielle qu’en qualité de ministre de l’instruction publique ; ce fut, en effet, ce ministère qu’on lui offrit. Il y avait un obstacle ; Louis-Philippe ne l’aimait pas et disait de lui : « C’est un ennemi de ma maison », faisant allusion, dit Louis Blanc, au peu d’empressement qu’avait mis Villemain, en 1830 à saluer la fortune de la dynastie d’Orléans. Quelque vives que fussent des répugnances ainsi exprimées, M. Thiers s’empressa de les combattre et le fit avec succès. Villemain entra donc comme ministre de l’instruction publique, le 13 mai 1839, dans le cabinet présidé par le maréchal Soult et conserva ce poste jusqu’au 1er mars de l’année suivante, où M. Thiers lui donna M. Cousin pour successeur. Ce ne fut qu’un éloignement momentané ; le 29 décembre 1840, il reprit le ministère de l’instruction publique que lui offrit Guizot, et cette fois c’était pour longtemps. Mais une dure tâche l’attendait. Un n’ignore pas que, depuis l’organisation de l’Université en 1808, le clergé n’a jamais cessé de protester contre le monopole universitaire ; alors comme aujourd’hui, il affectait de se montrer très-libéral en cette matière ; il demandait la liberté absolue, sachant parfaitement que lui seul en France est organisé pour en profiter. La charte de 1830 avait promis la liberté d’enseignement, réservant à une loi le soin de l’organiser. La loi n’était pas venue. Les efforts de Lamennais, de Lacordaire et de M. de Montalembert n’avaient pu décider le gouvernement à la donner. Le moment arrivait où il n’y avait plus moyen de se dérober aux importunités d’une école qui était parvenue peu à peu à indisposer l’opinion contre l’état de choses existant. Villemain dut préparer un projet de loi. On possédait de fait, sinon de droit, la liberté de l’enseignement primaire, du moins un grand nombre de congrégations, tolérées par l’État, en faisaient usage. Cette fois, on allait faire une concession considérable, c’est-à-dire accorder sous certaines conditions la liberté de l’enseignement secondaire ; l’État ne conserverait que le monopole de l’enseignement supérieur. Le projet de loi, corrigé, remanié, retire, rapporté devant les Chambres, finit par être adopté, mais ne satisfit personne. L’Université se plaignait d’être sacrifiée ; le clergé de n’avoir pas obtenu tout ce qu’il demandait, la gauche de n’avoir pas été consultée. La guerre avait duré quatre ans, et Villemain, sentant son cerveau fatigué, dut donner sa démission le 30 décembre 1844. On voulut lui offrir une indemnité ; le maréchal Soult proposa même aux Chambres de lui accorder une pension de 15,000 francs comme témoignage de l’estime publique envers un écrivain qui avait rendu de si grands services à notre littérature nationale. Il refusa et, quand la santé lui revint, s’enferma dans le cercle étroit de ses études et de ses fonctions de secrétaire de l’Académie française. Il avait eu pour suppléant dans sa chaire de la Sorbonne Saint-Marc Girardin. Il ne remonta point dans cette chaire et, en 1852, il envoya sa démission définitive du titre qu’il avait conservé. Cousin suivit son exemple. « Si nous sommes bien informé, dit Sainte-Beuve, ils n’ont donné aucun motif de cette détermination, sinon qu’ils croyaient que pour eux l’heure de se retirer était venue. Le ministre de l’instruction publique, M. Fortoul, ne négligea aucune démarche ni aucune instance pour le retenir, et ce ne fut qu’après s’être assuré qu’il y avait un parti pris et une résolution irrévocable, que le ministre admit à la retraite l’illustre professeur. » Sainte-Beuve a l’air de ne pas savoir pourquoi Villemain voulut s’en aller ; il n’est pourtant pas difficile de trouver une excellente raison, c’est que désormais entre sa chaire et lui il y avait le 2 décembre ; d’ailleurs Villemain avait cessé de professer depuis 1836 pour entrer dans la vie politique, et on ne reprend point une chaire après une absence de vingt-deux ans.

Depuis 1852, sa vie n’offrit plus que des événements purement littéraires : publication de livres nouveaux, réédition de livres déjà mis au jour par lui, discours académiques surtout. Pendant près de cinquante ans, on s’habitua à le voir présider aux solennités académiques, et on accourait de toutes parts pour assister à ces fêtes de l’esprit où le vieillard semblait toujours jeune. Au milieu des vicissitudes de la politique, des transformations du goût, de la disparition des compagnons de sa jeunesse et de ses idées, il était toujours le même. Son corps seul avait vieilli.

Selon les meilleurs juges, parmi le grand nombre de productions émanées de cette plume féconde autant qu’étincelante, deux surtout méritent d’être signalées et contribueront à former le jugement de la postérité. Ce sont d’abord les quatre volumes d’histoire littéraire consacrés à l’étude du xviii siècle et ensuite son Tableau de l’éloquence chrétienne au ive siècle. « Je ne sais pas de lecture plus intéressante, dit Sainte-Beuve, parmi les lectures sérieuses de notre âge, que celle de ces quatre volumes sur le xviiie siècle, tels qu’ils s’offrent à nous dans leur rédaction définitive. Il y reste de la parole première une sorte de mouvement général, la facilité et le courant ; mais le style a désormais toute la précision et tout le fini que les plus curieux peuvent souhaiter ; la pensée sur chaque point a sa solidité et sa nuance. On y est conduit sans interruption depuis les premiers pas un peu timides de La Motte et de Fontenelle, à travers les conquêtes et les hardiesses triomphantes de leurs successeurs, jusqu’à l’entrée en scène de Mme de Staël et de M. de Chateaubriand, qui viennent clore pour nous cette grande époque où régna Voltaire. L’écrivain s’y est donné tout développement dans l’intervalle et ne s’est refusé aucune des excursions ou des vues qui pouvaient agrandir son sujet et l’éclairer. On y passe plusieurs fois en Angleterre, ou mieux on ne cesse pas de l’embrasser d’un même regard parallèlement avec la France et de suivre l’histoire de la littérature et de l’éloquence anglaises durant tout le siècle, depuis Bolingbroke jusqu’à M. Pitt. La connaissance approfondie que l’auteur a de l’antiquité amène à propos des rapprochements, des citations heureuses, toutes neuves à force d’être antiques, et pleines de fraîcheur. Avec Pope, on est reporté à Homère ; La Chaussée avec son drame est une occasion d’évoquer Ménandre. M. Villemain excelle à ces traductions qui rendent si bien le génie d’une langue sans jamais offenser celui d’une autre. En n’évitant aucune des phases importantes de son sujet, l’autour réussit particulièrement dans les endroits qui demandent un sentiment littéraire exquis. Il est unique à démêler et à démontrer les originalités voilées qui se combinent avec une part d’imitation et s’y confondent, l’originalité de Pope, par exemple. Les portraits modérés, ceux de Gresset, de Daguesseau, de Vauvenargues, sont touchés avec une grâce parfaite et comme enlevés avec légèreté. »

Le Tableau de l’éloquence chrétienne au ive siècle nous transporte dans un monde bien différent. Grâce à ces sévères études, on connaîtra désormais les Basile, les Grégoire de Nazianze, les Chrysostome par les caractères de leur talent et de leur parole aussi distinctement que l’on connaît Bourdaloue et Massillon. L’auteur, qui d’instinct sentait l’éloquence mieux encore que la poésie, a su cette fois pénétrer dans cette poésie un peu sombre et déjà voilée qui chez quelques-uns de ces Pères, chez Grégoire de Nazianze surtout, se montre si bien d’accord avec les souffrances de l'âme et du monde. « Le beau génie de la Grèce, dit-il, semble s’obscurcir ; un nuage a voilé sa lumière ; mais c’est un des progrès moraux que le christianisme apportait au monde, un progrès de douleur sur soi et de charité pour les autres. Le cœur de l’homme a plus gagné dans ce travail que son imagination n’a perdu. »

La retraite à peu près simultanée de Villemain, de Guizot et de Cousin a fermé en France une période de l’histoire des idées. L’enseignement public n’avait jamais eu chez nous un si grand éclat, et bien des années passeront peut-être avant qu’il le retrouve. Il y a des intermittences dans l’histoire des lettres comme dans celle de la politique et de la pensée pure. Villemain n’a donc pas eu de successeur à la Sorbonne. Sa retraite prématurée caractérise la fin d’une époque, et s’il y a toujours des professeurs de talent, la tradition est rompue, l’enseignement lui-même se modifie.

Les grands écrivains ne se continuent pas par leurs disciples. De nouveaux maîtres viennent qui reprennent l’ensemble des faits et des idées par d’autres aspects. Ils font une nouvelle tradition et servent d’anneaux à la chaîne du mérite littéraire. Villemain n’en aura pas moins servi d’enseigne, avec quelques autres noms illustres, à un temps qui sera compté comme un des plus beaux moments de la littérature française et de la pensée moderne. L’éclectisme, dont il fut dans les lettres une si haute personnification, baisse à l’horizon, mais il laisse dans le passé une trace lumineuse et sans doute féconde. Des trois professeurs qui ont jeté tant de gloire sur les dernières années de la Restauration, c’est peut-être Villemain qui a le moins perdu aujourd’hui. Le système de Cousin est usé en philosophie ; Guizot s’est fait un autre champ d’action que le professorat ; Villemain n’a pas un instant quitté les lettres ; il est resté jusqu’à son dernier jour le premier littérateur de son temps. Le dernier ouvrage auquel il ait mis la main est une histoire de Grégoire VII, trouvée achevée dans ses papiers et qui fut imprimée trois ans après sa mort (1873, 2 vol. in-8o). Il en avait tracé le plan et rédigé une notable partie à la fin de la Restauration, alors que la congrégation toute-puissante menaçait d’asservir le pays. L’histoire du fondateur du catholicisme politique était alors une œuvre d’à-propos. Villemain l’abandonna lorsque la révolution de Juillet eut soufflé sur les entreprises téméraires du clergé et les eut fait évanouir. Il y revint dans les dernières années de sa vie par scrupule de littérateur soucieux, et il se trouve que son livre rencontre aujourd’hui, au milieu des menées du parti clérical, l’à-propos que l’auteur ne croyait plus rencontrer. L’Histoire de Grégoire VII est une œuvre sévère et d’une haute portée ; on y retrouve, avec le mérite de bien dire, cette liberté d’esprit, cette érudition sans étalage, ces jugements toujours tempérés et réfléchis, sinon définitifs, qui sont les qualités ordinaires de Villemain comme historien. C’est autant une œuvre d’art qu’une œuvre d’érudition.

Parmi les outras ouvrages de Villemain, nous citerons : le recueil sténographié de ses leçons de 1828-1829 à la Sorbonne, publié plus tard sous le nom de Cours de littérature française, tableau du XVIIIe siècle (5 vol. in-8o) ; il en existe plusieurs éditions ; Discours et mélanges littéraires (1823, 1 vol. in-8o) ; Nouveaux mélanges historiques et littéraires (1827, 1 vol. in-8o) ; Études de littérature ancienne et étrangère (1816, 1 vol. in-8o) ; Tableau de l’éloquence chrétienne au IVe siècle (1 vol. in-8o ; 2e édit., 1849, et 1 vol. in-12 la même année) ; Études d’histoire moderne (1846, 1 vol. in-8o) ; Souvenirs contemporains d’histoire et de littérature (1856,2 vol. in-8o), contenant une Histoire des Cent-Jours et une étude fort étendue sur M. de Narbonne ; la Tribune contemporaine, M. de Chateaubriand (1857,1 vol. in-8o), commencement d’une série de travaux que l’auteur n’a pas continuée ; Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique (1859,1 vol in-8o) ; Exposé de motifs du projet de loi sur l’instruction secondaire présenté à la Chambre des pairs le 2 février 1844, précédé d’un rapport au roi (1844, 1 vol. in-8o) ; la France, l’empire et la papauté (1860, br. in-8o), défense du pouvoir temporel du pape qui a fait un certain bruit au moment de son apparition.

On possède, en outre, de Villemain un grand nombre d’essais, études, discours, notices, rapports académiques, préfaces de livres, traductions disséminées çà et là, car il n’a mis au jour aucune édition collective de ses œuvres.

On distingue, parmi ses essais, notices, rapports et articles divers, des morceaux intéressants sur Florus, Synésius, lord Byron, Fénelon, Pascal, Shakspeare, Bossuet, Thomas. On cite encore ses Rapports en tête des Considérations sur les enfants trouvés de J.-F. Terme et Montalcon (183S, in-8o), des Lettres choisies de Mme de Sévignné (1842-1843, in-12), des Études sur les réformateurs modernes, par R.-L. Raybaud (1847, 2 vol. in-8o), etc. Il a rendu compte, dans la Revue de Paris, des Études de mœurs et de critique sur les poètes latins de la décadence, par M. Nisard (1838, 2 vol. in-8o). L’Éloge de Daunou, prononcé à la Chambre des pairs, se lit encore, ainsi que les discours prononcés, l’un à l’Académie française à l’occasion des funérailles de Jouffroy (1842), l’autre sur la tombe d’Étienne (17 mars 1845). On a encore de lui, dans la Revue des Deux-Mondes : Une scène historique du XIe siècle, à Rome ; Enlèvement du pape Grégoire VII (1838) ; Voltaire et la littérature anglaise de la reine Anne (1837), et, dans le Livre des cent et un, les Obsèques de M. Cuvier.

Il a fait précéder d’un Discours sur la langue française l’édition du Dictionnaire de l’Académie publiée chez Didot en 1835. Il a collaboré au Journal des Savants, à la Biographie Michaud, au Journal d’éducation et d’instruction pour les personnes des deux sexes, à l’Histoire et description des principales villes de l’Europe, à Paris-Illustration, à la Revue contemporaine, à l’Encyclopédie des gens du monde, etc.

Voici le jugement qu’a porté sur M. Villemain un homme qui a été regardé à son époque comme le prince des critiques, mais sur le compte duquel on est un peu revenu depuis, Gustave Planche :

« M. Villemain, dit-il, a labouré dans tous les sens le terrain de l’érudition. Doué d’une mémoire prodigieuse, habile à saisir des rapports inattendus, il étonne le lecteur par la multiplicité des rapprochements en même temps qu’il le charme par la grâce du langage, par le choix des images, par l’élévation constante de la pensée ; si parfois il se laisse aller à la malice de son esprit, il n’en abuse jamais et sait toujours s’arrêter à temps, preuve inestimable d’une modération qu’on ne peut trop louer. Il ne veut pas amuser, il veut instruire. Il ne se contente pas de nous révéler sa pensée, de nous la présenter sous une forme claire et précise ; il ne s’attache pas avec moins de soin, avec moins de constance à déposer dans l'âme du lecteur le germe des idées qu’il s’abstient d’exprimer. Il se plaît à exciter l’intelligence, à lui désigner des voies nouvelles. On dirait qu’il prend plaisir à tromper son lecteur sur la vraie mesure de ses forces, en lui laissant croire qu’il peut marcher seul et sans secours, et plus d’une fois, en effet, le lecteur s’abuse et prend pour siennes les idées et les sentiments que M. Villemain vient de lui suggérer… La place réservée à M. Villemain dans l’histoire de notre littérature n’est pas difficile à marquer ; il occupe aujourd’hui et gardera, sans doute, longtemps encore le premier rang dans la critique. Personne mieux que lui ne sait animer l’analyse. Si quelquefois on a pu sans injustice lui reprocher un peu de timidité dans l’exposition de ses doctrines, il a racheté cette faute par les services immenses qu’il a rendus à la cause du bon goût et du bon sens. Nourri des lettres antiques, il a compris la nécessité d’élargir l’horizon de sa pensée par l’étude assidue des littératures modernes ; il a multiplié les points de comparaison et s’est fait, avec un art merveilleux, un goût cosmopolite. Il n’y a pas une nation de l’Europe dont il ne comprenne le génie. »


VILLEMAIN (François-Émile), administrateur français, frère du précédent, né à Paris vers la fin de xviiie siècle, mort à Castres en 1867. Longtemps attaché aux bureaux de l’administration centrale de la guerre, il fut nommé intendant militaire en 1850, puis conseiller d’État (section de la guerre et de la marine) au moment où il venait d’être admis dans le cadre de réserve, et commandeur de la Légion d’honneur en 1867. Il était, en 1863, le doyen des conseillers d’État en exercice, lorsqu’il fut appelé au Sénat. L’illustration de son frère, bien que celui-ci soit resté hostile au régime impérial, ne fut pas étrangère à sa fortune administrative.


VILLEMAREST (Charles-Maxime de), littérateur français, né à Paris en 1785, mort en 1852. Élève du Prytanée, il y attira l’attention du premier consul Bonaparte, qui lui accorda une sous-lieutenance ou un emploi d’élève diplomate, à son choix. Villemarest se décida pour la diplomatie, mais il ne resta que peu de temps attaché au cabinet de M. de Talleyrand qui, en 1808, le fit nommer secrétaire du prince Camille Borghèse. Villemarest remplit ces fonctions jusqu’à la Restauration, sous laquelle il n’obtint aucun emploi. Il demanda alors des ressources à la littérature et collabora à divers journaux, tels que les Annales politiques, morales et littéraires, l’Indépendant, le Moniteur et la Gazette de France. Il écrivit aussi un grand nombre d’ouvrages ; mais, à part une pièce intitulée le Rideau déchiré (1821, in-8o), il les publia tous sous le voile de l’anonyme. Nous citerons les suivants : L’Observateur au congrès ou Relation historique et anecdotique du congrès d’Aix-la-Chapelle en 1818 (Paris, 1818, in-8o) ; Plus de rideau, lettre sur les théâtres (Paris, 1821, in-8o) ; L’Ermite en Italie ou Observations sur les mœurs et usages des Italiens au commencement du XIXe siècle (Paris, in-8o) ; Mémoires de M. de Bourienne, ministre d’État, sur Napoléon, le Directoire, le Consulat, l’Empire et la Restauration (Paris, 1829-1830, 10 vol. in-8o) ; Mémoires de Constant, premier valet de chambre de l’empereur, etc. (Paris, 1830-1831, 6 vol. in-8o, dont les deux derniers seulement ont été rédigés par Villemarest) ; Mémoires de mes créanciers, mœurs parisiennes (Paris, 1832, 2 vol. in-8o) ; Mémoires de Mlle Adèle Boury (Paris, 1833, in-8o) ; Mémoires de Mlle Avrillon, première femme de chambre de l’impératrice Joséphine, etc. (Paris, 1833, 2 vol. in-8o) ; le Palais-Royal et les Tuileries (Paris, 1833, in-8o) ; M. de Talleyrand, ouvrage portant pour épigraphe : Ni pamphlet, ni panégyrique (Paris, 1834-1835, 4 vol. in-8o) ; les Souvenirs de Blangini de 1797 à 1834 (Paris, 1835) ; Napoléon, 1769-1821 (Paris, 1848), etc.


VILLEMESSANT (Jean-Hippolyte-Auguste Delaunay de), journaliste français, né à Rouen le 22 avril 1812. Comme il nous l’a appris lui-même dans un retentissant procès en revendication du nom de sa mère, il naquit des secrètes amours de Mlle Augustine de Villemessant et du colonel Cartier. Il porta pendant assez longtemps le nom de son père, reçut une instruction des plus négligées et se maria en 1830. Quelque temps après, sous le nom de Cartier-Briard, il fit le commerce de rubans à Blois ; mais la fortune fut loin de lui sourire, et il se vit contraint de faire faillite le 25 juin 1835. Après avoir habité Tours et Nantes, il se rendit, en 1839, à Paris. Actif, audacieux, entreprenant, il eut l’idée de chercher des ressources dans le