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une odeur ou à une saveur pénétrante, qui en fait des proies plus repoussantes qu’agréables, ou bien à une dureté qui les rend indigestes. Souvent la propriété mimique est "apanage d’un seul sexe, qui est dons la règle le sexe féminin, et, dans ce cas, l’observation enseigne que la protection de ta femelle pendaut un temps considérable est bien plus nécessaire pour assurer la conservation de l’espèce que celle du mâle.

Un autre chapitre remarquable du livre de M. Wallace est celui auquel l’auteur donne le titre de Philosophie des nids d’oiseaux. Il divise les nids d’oiseaux en deux classes. a première comprend tous les nids dans lesquels les œufs et les petits sont entière* ment cachés, soit par la construction d’un toit ou d’un dôme protecteur, soit par la circonstance que le nid est logé dans un tronc d’arbre creux ou dans une cavité souterraine. Dans la seconde classe viennent se ranger tous les nids dans lesquels les œufs, les petits et l’oiseau couveur sont entièrement à découvert et exposés à la vue. M. Wallace croit pouvoir établir que, pour tous les oiseaux chez lesquels les deux sexes ont des couleurs vives et voyantes, le nid est de la première classe, tandis que les espèces chez lesquelles le mâle seul offre des couleurs gaies et brillantes, la femelle étant obscure ou terne, construisent des nids de la seconde classe. L’examen de ces faits, dont la réalité est incontestable aux yeux de l’auteur, suggère à ce dernier les réflexions suivantes : 11 ne parait exister chez les oiseaux aucune incapacité pour les femelles de revêtir les mêmes teintes brillantes et les vifs contrastes de couleurs qui ornent si fréquemment leurs époux, puisque, toutes les fois qu’elles sont protégées et cachées pendant l’incubation, elles se revêtent du même plumage. La conclusion à en tirer, c’est que le manque de la protection d’une bonne cachette pendant cette époque est en relation intime avec l’absence ou l’arrêt de développement de ces riches et vives couleurs. La manière dont les choses se passent devient très-inte !ligible, si l’on a recours aux procédés de la sélection naturelle et sexuelle. Il est manifeste que les deux sexes sont rarement munis au même degré d’armes offensives et défensives quand celles-ci ne sont pas absolument nécessaires à la protection personnelle ; tandis que le nombre des cas dans lesquels les deux sexes soiit également décorés dé brillantes couleurs prouve que l’action normale de la sélection naturelle tend a développer les couleurs et la beauté dans les deux sexes, en propageant et en multipliant toutes ces riches variétés’ de plumage qui, dans chaque sexe, plaisent & l’autre. La femelle cependant, appelée à couver sur un nid ouvert de tous côtes, est très-exposée aux attaques de ses ennemis, et toute modification de son plumage, qui la rendrait plus apparente encore, amènerait la destruction de l’oiseau et de la couvée. Toutes les femelles dont le plumage se modifierait dans lu direction de nuances plus voyantes seraient peu à peu exterminées, tandis que celles dont le plu’ mage prendrait une tendance contraire, qui s’assimilerait, par exemple, à la terre, au tronc, au feuillage, auraient une bien meilleure chance de survivre. C’est ainsi qu’on aboutit à ces teintes d’un brun sale, vertes ou ind.lTérentes qui caractérisent le plumage de la partie supérieure du corps de la grande masse des oiseaux femelles couvant sur des nids ouverts.

Nous arrivons à la dernière partie de l’ouvrage de M. Wallace, à celle ou l’auteur examine l’application, à l’origine de l’homme, de la théorie de la sélection naturelle. C’est, à nos yeux, la plus curieuse. M. Wallace, sur cette question, se sépare de Darwin et cesse d’être èvolutionniste. Il ne lui parait pas que la sélection naturelle suffise pour expliquer la formation de l’homme. Il rappelle d’abord que la sélection naturelle repose en entier sur le principe de l’utilité immédiate. 11 suit de là qu’il est des variations qu’elle ne peut produire, des transformations qu’elle est incapable d’accomplir. Il est impossible que la sélection fasse naître des variations nuisibles en quoi que ce soit à un être quelconque. Elle ne peut pas davantage développer un organe spécial et qui pourtant serait sans usage pour son possesseur ou d’un usage de beaucoup moindre qu’on ne doit l’attendre de son développement. • De pareils faits, dit M. Wallace, prouveraient l’intervention de quelque autre loi, de quelque autre puissance que la sélection naturelle. Mais, ajoute-t-il, s’il est en outre démontré que ces modifications, -dangereuses ou inutiles au moment de leur première apparition, ont présenté plus tard la plus haute utilité et sont maintenant indispensables au développement complet de la nature intellectuelle et morale de l’homme, nous devrons conclure à une action intelligente, prévoyant et préparant l’avenir, exactement comme nous le faisons lorsque nous voyons l’éleveur se mettre à l’œuvre dans le but de produire une amélioration déterminée dans quelque plante cultivée ou quelque animal domestique. •

M. Wallace trouve dans l’espèce humaine un certain nombre de particularités et de phénomènes qui le conduisent à cette conclusion. Ainsi, le cerveau de l’homme préhistorique, semblable à celui du sauvage actuel, diffère fort peu en volume de celui de

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l’homme civilisé. Cette égalité anatomique n’étant pas en rapport avec l’énorme différence du fonctionnement physiologique, on est fondé à croire que le cerveau de l’homme préhistorique, du sauvage, est un organe préparé d’avance pour être entièrement utilisé, à mesure que son propriétaire progressera en civilisation. tPar conséquent, dit M. Wallace, nous devons admettre que le cerveau actuellement possédé par les races humaines inférieures n’a jamais pu se développer sous la seule influence des lois de l’évolution. L’essence de ces lois est de conduire l’organisation à un degré exactement proportionné aux besoins de l’espèce ; de ne jamais aller plus loin que la satisfaction de ces besoins ; de ne pouvoir rien préparer pour le développement futur de la race ; de ne jamais accroître, soit eu grandeur, soit en complication, aucune partie du corps sans conserver la plus stricte coordination entre les formes nouvelles et les besoins pressants de l’ensemble. Le cerveau de l’homme préhislorique et de l’homme sauvage me semble prouver l’existence de quelque pouvoir distinct de celui qui a dirigé le développement des animaux inférieurs à travers les transformations incessantes de l’être. >

L’absense des villosités sur le corps humain, opposée à l’abondance des poils chez les mammifères terrestres, conduit M. Wallace à une conclusion analogue. Le pelage a évidemment pour résultat de protéger l’individu contre l’inclémence du climat ; et la direction des poils le long de la ligne dorsale, les crinières plus ou moins développées que l’on trouve souvent dans cette région nous apprennent que la sélection a eu spécialement pour effet de garantir les animaux contre la pluie. Rien de semblable n’existe chez l’homme. Il n’en est pas pioins évident qu’il eût été fort utile pour le sauvage d être naturellement abrité comme l’est le moindre animal. « Il est parfaitement certain, dit . M. Wallace, que la sélection naturelle ne peut avoir tiré d’un ancêtre couvert de poils le corps nu de l’homme actuel, car une modification pareille, loin d’être utile, aurait été nuisible, au moins à certains égards. • Par conséquent, un autre pouvoir que la sélection est intervenu dans la production de cet homme pour le rendre tel que nous le connaissons.

Quelques autres particularités de l’organisme humain, sans avoir aux yeux da

M. Wallace une importance comparable à celle des précédentes, lui paraissent encore" peu compatibles avec toute explication de nos origines par la sélection naturelle seule. Il cite comme exemple la structure anatomique du pied, de la main, du larynx.

L’étude de l’esprit témoigne également, et avec plus de force encore que celle du corps humain, de l’insuffisance de la doctrine èvolutionniste. On peut, il est vrai, dit M. Wallace, expliquer la naissance et le développement des idées de bienveillance et de sociabilité par les avantages qui en résultent pour la tribu ; mais les facultés essentiellement individuelles et sans utilité immédiate pour autrui, par exemple celles qui nous donnent le sentiment artistique, les conceptions idéales d’espace et de temps, d’éternité et d’infini, les notions abstraites de nombre et de figure géométrique ne sauraient avoir leur origine dans la sélection, • Comment la lutte pour l’existence et la victoire des mieux adaptés auraient-elles pu venir en aide au développement de facultés mentales, si fort étrangères aux nécessités de la vie sauvage, et qui, même aujourd’hui, semblent être en avance de notre époque et répondre bien plus à l’avenir de la race qu’à son état présent ? • M. Wallace insiste d’une manière toute spéciale sur l’impossibilité d’expliquer le développement du sens moral chez le sauvage par des considérations tirées de l’utilité soit individuelle, soit collective. Il cite des faits d’où il résulte que ce sentiment, dans ce qu’il a de plus délicat et de plus opposé aux notions utilitaires, existe chez les tribus barbares de l’Inde centrale, telles que les Kuruburs et les Santals. « La conséquence que je tirerais de cet ordre de phénomènes, conclut M. Wallace, est qu’une intelligence supérieure a dirigé le développement de l’homme dans une direction arrêtée et dans des voies spéciales, exactement comme l’homme dirige le développement d’un grand nombre de formes animales et végétales. Les lois de l’évolution seule n’auraient peut-être jamais produit un grain adapté aux usages de l’homme aussi bien que le froment et le mais ; des fruits comparables à la banane sans graines et au fruit de l’arbre à pain, pas plus que des animaux tels que la vache laitière de Gueinesey ou b cheval charretier de Londres... Nous savons que, dans les cas de cette nature, une intelligence a contrôlé et dirigé les lois de variation, de multiplication et de survie, en vue du but qu’elle voulait atteindre. Par conséquent, si nous ne sommes pas l’intelligence ht plus élevée de l’univers, on peut admettre qu’une intelligence plus haute que nous a dû diriger la marche du développement de la race humaine, au moyen d’actions qui nous ont échappé. »

Outre ses Essais sur la sélection naturelle, M. Wallace a publié les ouvrages suivants ; Voyagessur l’Amazone et le rio Negro (IS53) ; les Palmiers de l’Amazone et leurs usages

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(1853) ; l’Archipel malais (1869) : cet ouvrage, qui a mérité une des médailles d’or de la Société de géographie de Paris, résume les recherches et les travaux accomplis par l’auteur pendant un séjour de huit années, de 1854 à 1868 ; la Distribution géographique des animaux (1876).

WALLACK. (James-Williams), auteur anglais, né en 1792, mort à New-York, à latin de l’année 1564. Il charma le public de Princess’ Théâtre, à Londres, par son jeu souple, élégant, remarquable à une époque où Edmuud Kean et Elliston étaient dans tout l’éclat de leur talent et de leur renommée. Doué d’une belle figure et d’une voix charmante, il jouit pendant longtemps, chez nos voisins, d’une grande célébrité. De 1830 à l’incendie de 1869, il joua au National Théâtre de New-York. Londres le revit jusqu’en 1851 à Princess’ Théâtre. À cette époque, il retourna en Amérique et fit construire à New-York une salle de spectacle à laquelle il donna son nom et qu’il dirigea jusqu’au moment où l’âge le contraignit de quitter la scène, c’est-à-dire jusqu’en 1861. Son fils, comédien distingué lui-même, continua alors l’exploitation de Wullack’s Théâtre. Au nombre des meilleurs rôles de cet artiste fameux, les critiques ont cité ceux de Masseroni, du Brigand ; As Mercutio, dans Roméo et Juliette ; de Petruchio, dans The Taming ofthéShrew, don César de Bazan, etc.

Walladmor, roman de Hsering, paru en Allemagne comme une traduction de W. Scott (1833,2 vol. in-8°). Beaucoup de pastiches du célèbre romancier anglais ont été tentés, mais aucun n’a trompé le public comme Walladmor, que les Anglais eux-mêmes firent figurer dans la collection des œuvres de Walter Scott. La manière pittoresque et animée avec laquelle sont représentées les scènes dramatiques de ce récit, les personnages qui y jouent un rôle, leur physionomie et les lieux où se passe l’histoire, leur description brillante, tout semble si bien un reflet de l’auteur des Puritains d’Écosse que l’illusion est presque complète. Le sujet rentre tout à fait dans tes combinaisons ordinaires de Walter Scott. Le sire de Walladmor a dû faire périr un contrebandier, le fils de Gillie Godber, et depuis ce temps il est torturé de remords pour cet acte de sévérité, d’autant plus que la vengeance de Gillie l’a frappé dans ses plus chères affections. Les deux enfants de sa fille ont été volés par la mère de Gillie, qui reste impénétrable sur leur destinée, vivunt seule, comme ces sorcières évoquées par Walter Scott, sur un rocher battu par les tempêtes. Il n’est bruit dans le pays, vingt-cinq ans après cet enlèvement, que des prouesses de Nicolas, un chef de contrebandiers dans le genre de Fia Diavolo, la providence des pauvres, la terreur des oppresseurs. Nicolas sait que sa tête est mise u prix, mais il aime miss Walludmor, il en est aimé, et risque sa vie pour demeurer dans le voisinage du château. Le hasard lui a fait rencontrer un enfant abandonné comme lui, Bertram, pour lequel il s’est pris d’une vive affection. Poursuivi par les soldats, il leur échappe toujours ; mais Bertram, qui lui ressemble, est pris pour lui et arrêté. Nicolas vient le délivrer, puis, dégoûté de la vie, qui ne lui offre aucun plaisir puisqu’il n’a aucun espoir de s’unir à celle qu’il aime, il se remet entre les mains du sire de Walladmor. Le tribunal le condamne à mort, et alors on voit arriver au château la vieille Gillie, qui vient compléter sa vengeance. Nicolas et Beriram sunt les deux enfants qui ont été enlevés à sir Walladmor. Mais elle a parlé trop tôt ; Nicolas s’échappe et va se faire tuer en Amérique au champ d’honneur, après avoir vu tomber miss Walladmor sous une balle qui lui était destinée. Bertram héritera des biens de la famille, et Walladmor pourra mourir en paix ; il laisse un rejeton digne de lui.

L’intérêt de ce roman apocryphe se concentre sur Nicolas, qui a quelque ressemblance avec Rob Roy, et sur Gillie, cet être fantastique, qui semble extrait d’une vieille légende écossaise. Les personnages accessoires du roman sont néanmoins assez vigoureusement dessinés, et leurs mœurs sont conformes à celles que Walter Scott donne à ses héros écossais. Le style est également bien imité ; à peine deux ou trois passages trahissent-ils 1 origine germanique.

WALLDURN, ville du grand-duché de Bade, cercle du bas Rhin, chef-lieu du bailliage de son nom, dans l’Odenwald ;3,000 hab. Église de pèlerinage. Beau château.

WALLENBOUKG (Jacques de), orientaliste allemand, né à Vienne en 1763, mort en 1806. Sorti à dix-neuf ans de l’Académie orientale de sa ville natale, il fut envoyé, comme élève interprète, à Constantinople, séjourna pen* dant vingt ans en Turquie et en Perse et y acquit une connaissance approfondie des langues orientales. Il possédait, en outre, presque toutes celles de l’Europe. À l’époque de la guerre contre les Turcs (1787), il fut rappelé par Joseph II, servit d’interprète lors du congrès de Sistow et reçut le litre de conseiller aulique. Il prit ensuite une part importante à la se édition du Dictionnaire de Meniski et entreprit différentes traductions, dont les manuscrits furent anéantis dans l’incendie qui dévora Péra en 1799.

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WALLENBUBCH ou WALENBORCH (Adrien et Pierre de), nom de deux frères hollandais, aussi célèbres par leurs talents que par l’amitié qui les unit jusqu’à la fin et qui ne permet pas de séparer l’histoire de l’un de celle de l’autre. Ils étaient nés à Rotterdam vers le commencement du xvtie siècle et moururent le premier en 1669, et le second en 1075. Après avoir fait leurs études dans leur ville natale, ils se tendirent en France, où ils se firent recevoir docteurs i» utroque jure, et, de retour dans leur patrie, s’y adonnèrent à l’étude de la théolugie, science dans laquelle ils acquirent rapidement une grande réputation. Ils jouèrent un rôle important dans les controverses religieuses de leur temps, et tandis qu’Adrien devenait chanoine de Cologne, puis évêque d’Andrinople in partibus, son frère obtenait les titres de chanoine de Mayence et d’évêque de Mysie. Les œuvres complètes des deux frères ont été réunies en 2 volumes in-fol. (Cologne, 1669-1671), dont le premier porte le titre de Tractutus générales de controversiis ftdei, et le Second celui de Tractalus spéciales de controversiis fidei. La plupart des traités qui se trouvent dans ce recueil ont été écrits en commun par les deux frères, et il serait impossible d’assigner k chacun d’eux la part qui lui revient dans ces travaux.

WALLENCUONA (Pierre), publiciste et philanthrope suédois, né eu 1757, mort en 1832. Possesseur d’une fortune considérable, il la consacra à faire le bien, fonda onze caisses d’épargne, trois écoles et deux asites pour l’enfance et agrandit plusieurs hôpitaux. Il fil, en outre, paraître pendant trente-deux ans, -à Carlstadt, une Gazette d’économie rurale et domestique, dans laquelle il s’attacha à vulgariser les connaissances les plus utiles dans la pratique de la vie ordinaire. Wallencrona était grand maître de l’ordre des francs-maçons de Suède.

WALLENDORF, bourg de l’empire d’Autriche, comitat de Zips, sur le Hernad ; 3,600 hab. Riches mines de fer et de cuivre ; fonderie de cuivre.

WALLÉNIE s. f. (oual-lé-ul — de Wallen, sav. angl.). Bot. Genre d’arbres, de la famille des myrsinées, tribu des ardisiées, comprenant des espèces qui croissent dans l’Amérique tropicale.

WALLEMtOD (Conrad), grand maître de l’ordre Teutonique, mort en 1394. L’existence de ce personuage abonde en péripéties dramatiques. Quoiqu’il passât pour un des membres de la célèbre famille allemande de Wallenrod, il n’en était pas issu en ligne directe ; la chronique de Iiœnigsbeig le dit fils d’un prêtre, et par conséquent’enfant naturel. D’autres écrivaius supposent qu’il était Lithuanien et qu’il n’entra dans l’ordre que pour venger plus sûrement son pays des persécutions essuyées. La même contradiction existe au sujet du caractère de Conrad. D’uu côté, on le représente comme un homme orgueilleux, cruel, adonné à l’ivrognerie, plein de dureté pour ses subordonnes, montrant peu de zèle pour la fui, et même de la haine euvers les ecclésiastiques. De 1 autre, des auteurs contemporains lui donnent en partage la grandeur d’âme, la valeur, la noblesse et la force de caractère.

Lorsqu’il fut élu grand maître, après la mort de Conrad Zoilner (1390), il se présentait pour lui une belle occasion de débuter avec éclat, c’était de déclarer la guerre à la Liihuaiiie. Witold, le frère de Jagellon, promettait de conduire lui-même les chevaliers UVilna et de bien payer leur alliance. Conrad différa pourtant les hostilités et alla jusqu’à offenser sensiblement Witold, eu qui il mit ensuite une confiance si imprudente, qu’elle valut de grands désastres à l’ordre. Witold, réconcilié secrètement avec Jagellon, uonseuteinent abandonna Conrad, mais, profitant de ses précédentes relations avec lui, entra comme ami dans les châteaux appartenant aux chevaliers et eu massacra les garnisons. Ces événements excitèrent de toutes parts de violents murmures, et Gonrad sentit que, pour les apaiser, il fallait prendre une forte détermination. Il annonça donc une cio.sade en Lithuunie ; mais, en cette circonstance comme précédemment, sa conduite offrit des contradictions frappantes. Il dissipa en longs préparatifs tes trésors de l’ordre, 5 millions de marcs, ou environ 1 million de florins de Hongrie, somme énorme pour l’époque ; s’amusa en route à donner des fêtes et à attendre des secours qui ne parurent pas. La mauvaise saison arriva, et Conrad, abandonnant le camp teutonique où sévissait la famine, se retira précipitaiumentenPrusse, portant ainsi un dernier coup à la puissance de l’ordre. Nui chroniqueur ou historien n’a pu expliquer d’une façon plausible les motifs de cette espèce de fuite, et l’on doit en revenir à la première supposition, c’est-à-dire que Conrad Wallenrod était Lithuanien et s’était étudié de longue main à venger, sur les ennemis acharnes de son pays natal, les malheurs dont il avait été témoin presque eu naissant.

Conrad mourut fou en 1394. Il avait pour inséparable compagnon un certain Conrad Halban, autrement dit le docteur Leander von Albanus, qui passait, quoique moine et affectant les dehors de la piété, pour païen et sorcier. On ignore où et comment il mou-