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tour en Pologne, il fut nommé par Auguste II évêque de Plock, et, bien qu’il eût été au nombre des partisans de Stanislas lorsque ce prince fut réélu en 1733, il n’en devint pas moins, deux ans plus tard, grand chancelier de la couronne, fonctions qu’il remplit pendant dix ans. Il devint, dans la suite, évêque de Cracovie et chancelier de l’Académie de cette ville. Il montra le zèle le plus vif pour l’encouragement des lettres en Pologne et réunit son importante bibliothèque a celle de son frère, dont nous parlons k l’article suivant.

ZALUSKI (Joseph-André), prélat et bibliophile polonais, frère du précédent, né en 1702, mort en 1774- Il acquit de bonne heure des connaissances étendues dans l’histoire politique et littéraire de sa patrie et, après avoir employé plusieurs années à voyager en Allemagne, en Hollande, en France et en Italie, entra, k son retour en Pologne, dans l’état ecclésiastique. Nommé chanoine de Plock et grand référendaire du royaume, il embrassa, k la mort d’Auguste II, le parti de Stanislas Leczynski, qui l’envoya à Rome annoncer au pape son élection. Zaluski demeura trois ans en Italie, et comme, dans cet intervalle, Stanislas avait été forcé de quitter la Pologne, il le rejoignit en Lorraine et obtint de Louis XV las abbayes de Fontanette et de Villars. Mais le désir de revoir sa patrie le décida bientôt à demander k Auguste III l’autorisation de rentrer en Pologne. Il l’obtint, et, peu après son retour, il fut promu évêque de Kiev. Oe fut alors que, de concert avec son frère aîné, il entreprit de former une bibliothèque telle qu’il n’en existait pas en Pologne. Il sacrifia la plus grande partie de sa fortune à acheter des ouvrages aux bibliothèques étrangères et à celles îles couvents polonais et finit par réunir plus de 230,000 volumes. Jamais en Europe un simple particulier n’avait formé à ses frais une pareille collection. En 1748, il en fit don à la nation, et elle fut établie dans un bâtiment particulier à Varsovie. Il continua néanmoins avec la même ardeur à l’augmenter encore, et le nombre des ouvrages qu’elle renfermait s’éleva bientôt à près de 300,000. À la diète de 1767, il s’éleva avec force, ainsi que plusieurs autres prélats polonais, contre les dissidents, qui étaient protégés par les Russes, fut arrêté par ordre de Repnin, ambassadeur de Catherine II, et exilé à Kalouga, d’où il ne revint qu’en 1773. À son retour, raconte-t-il lui-même, il eut le cœur brisé en voyant l’état déplorable dans lequel se trouvait sa bibliothèque. Le bibliothécaire, Janocki, bibliographeéminent, était devenu presque aveugle, et le sous-bibliothécaire qu’on lui avait adjoint avait vendu à vil prix un>grand nombre des volumes de cette précieuse collection. Zaluski eut la douleur, en mourant, de voir qu’aucune de ses intentions n’avait été remplie. Dès 1761, il avait formellement exprimé la volonté que la bibliothèque fût administrée par les jésuites ; mais cet ordre fut supprimé avant sa mort, et elle passa sous la direction du comité d’éducation. De pins, il avait cru travailler pour ses compatriotes, et ce furent les ennemis de sa patrie qui profitèrent du fruit des travaux de toute sa vie. Lors du dernier partage de la Pologne en 1795, les Russes s’emparèrent de la bibliothèque et la transportèrent à Saint-Pétersbourg, où elle forma le fond de la bibliothèque impériale actuelle. Beaucoup des ouvrages qu’elle renfermait furent perdus ou détruits en route, mais, une fois arrivée dans cette ville, elle se composait encore de 262,640 volumes et de 25,000 gravures environ. Elle fut augmentée, dans la suite, par la confiscation de la bibliothèque du prince Czartotyski.k Pula’wy, et de celle des Amis des sciences, à. Varsovie, puis par diverses acquisitions ; mais quelque magnifique et quelque considérable qu’elle puisse être aujourd’hui, ce n’est pas une collection dont les Russes puissent s’enorgueillir avec une légitime fierté.

Zaluski exerça une féconde influence sur la renaissance de la littérature polonaise. Il fut l’ami intime et le protecteur de Konarski, auquel il fournit une partie des fonds nécessaires pour publier sa grande collection des Volumina legum. Il avait consacré les loisirs de son exil k écrire de mémoire un important ouvrage bibliographique, que Muezkowski a publié depuis sous ce titre : Bibliothèque des historiens, des diplomates., des jurisconsultes et autres auteurs polonais ou étrangers qui ont écrit sur ta Pologne (Cracovie, 1852, in-4o). Nous citerons encore parmi ses écriis : Anatecta Instorica (Varsovie, 1731, in-4o) ; Spécimen historix Polonim criticx (Dantzig, 1733, in-fol. J ; Conspectus notas collectionis legum ecclesiasticarum Polonis (Varsovie, 1744, in-4o) ; Bibliotheca poitarum polonorum (Varsovie, 1752-1756, 5 vol. in-4o) ; JSlanuale juris publia Potonise in staturegni acephalo(Varsovie, 1764, in-8û), traduit en français par Duclos (Varsovie, 1764, in-8o) ; Evénements qui ont frappé J. A. Zaluski, évêque de Kiew, pendant sa captivité en Bussie (Varsovie, 1773, in-4o), sorte d’autobiographie, assez sèche et écrite en Vers blancs.

ZALUSKI (Joseph-Henri), général polonais, né à Oyçow, près de Cracovie, en 1787, mort en 1806. Il entra en 1807 dans l’armée française, fit dans ses rangs les campagnes

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d’Espagne, d’Allemagne, de Russie et de Fiance, et reçut le titre de baron de l’Empire. Il passa en 1815 dans la nouvelle armée polonaise, fut nommé, deux ans plus tard, aide de camp de l’empereur Alexandre et prit part, en 1828, à la guerre contre les Turcs. Lorsque éclata l’insurrection, il se rangea parmi les patriotes, fit, en qualité de général, la campagne de 1831 et se retira ensuite en Galicie. On a de lui, entre autres ouvrages : la Pologne et les Polonais défendus contre les erreurp et les injustices de MM. de Ségur, Thiers et Lamartine (publié par Léonard Chodzko, Paris, 1856, in-8o).-Son frère, Charles Zaluski, né en 1794, mort en 1845, d’abord chargé d’affaires de la Russie à Berne et à Berlin, prit aussi une part active au soulèvement de 1830, après lequel il se retira k Paris. Au bout de deux ans, il lui fut permis de revenir en Galicie.

ZALUZAKIE s. f. (za-lu-za-nî — de Zahizianslci, botan. polonais). Bot. Genre de plantes, de la famille des composées, tribu des sénécionées, dont l’espèce type croît au Mexique. Il Section des bertières, genre de rubiacées.

ZALUZ1ANSKI DE ZAZULAN (Adam), médecin et botaniste polonais, né en Bohême vers le milieu du xvie siècle. Il professa avec distinction la médecine k l’université de Prague, dont il devint recteur, et jouit de la confiance des princes de Brunswick et de Lunebourg. On lui a fait honneur a tort de la découverte du sexe des plantes, car il ne fut guère plus avancé sur ce sujet que les anciens et Cisalpin. Ses principaux ouvrages sont : Methodi rei herbarim libri 1res (Prague, 1592, in-4«) ; Harmonia confession num orthodoxarum regni Bahemix (Prague, 1609) ; Animadversiones in Galenum et Avicennam, etc.

ZALUZTANSKYE S. f. (za-lu-zi-an-skîde Zaluzianski, botan. polonais). Bot. Genre de plantes, de la famille des pérsonnées, tribu des buchnérées, originaire du Cap de Bonne-Espérance. Il Syn. de marsiLIÏe, genre type des marsiléacées.

ZALVK (Grégoire-Georgiades), littérateur grec, né k Thessaloiiique (Macédoine) en 17S5, mort à Paris en 1827. À dix-sept ans, il alla compléter ses études à Bukharest, sous la direction du savant Lampros Photiades, apprit les mathématiques, les littératures grecque et latine, le valaque, le turc, le français, et fut envové en 1802, en qualité de secrétaire interprète, auprès du chargé d’affaires turc à Paris. Halet-Effendi le chargea de plusieurs missions délicates, dont il s’acquitta avec beaucoup d’intelligence. Lorsque ce personnage quitta la

France, Zalyk resta à Paris, où il devint le secrétaire et l’ami du comte de Choiseul-Gouffier, qu’il aida k composer le second et le troisième volume de son voyage pittoresque en Grèce. En même temps, il entra en relation avec plusieurs membres de l’Académie des sciences, copia pour l’impression plusieurs manuscrits grecs d’anciens ouvrages inédits et en collationna un grand nombre d’autres avec les éditions les plus estimées. De 1816 à 1820, Zalyk remplit les fonctions de secrétaire de légation à Paris, sous le chargé d’affaires Nikolakis Manos, puis se rendit à Bukharest, y pardit ce qu’il possédait pendant les troubles de 1821, passa en Transylvanie, se rendit de là k Saint-Pétersbourg, où l’empereur Alexandre lui

lit une pension, et revint, en 1827, à Paris, où H mourut peu après. On a de lui un Dictionnaire français et grec moderne (Paris, 1809, in-8o), ouvrage estimé, dont la préface contient des observations judicieuses et savantes ; Dialogue sur la révolution grecque, publiépar Agathophron, Lacédémonien (Paris, 1829, in-18), livre original et plein de vues profondes ; une traduction grecque du Contrat social (1828).

ZAMA, ville de l’Afrique ancienne, nommée aujourd’hui Zouarin, à 150 kQom. S.-O. de Caithage, près d’un petit affluent du Bagradas. Elle est célèbre par.une victoire que remporta Scipion l’Africain sur Annibal, l’an 202 av. J.-C, et qui mit fin à la deuxième guerre punique. Après la ruine de Carthage, Zama devint une des principales villes de la Numidie et repoussa les attaques de Metellus en 109. Les Romains la détruisirent après la défaite de Juba 1er, l’an 49.

Zama (bataillk de), gagnée par Scipion sur Annibal le 19 octobre 202 av. J.-C. « Depuis cinq ans, Annibal n’avait tenté aucune de ces entreprises hardies qui si souvent avaient déconcerté les Romains, et il laissait les consuls se vanter, comme d’autant de victoires, de la reprise de quelques villes obscures. Mais malheur à quivenait le troubler dans sa retraite ! le héros se retournait, frappait un coup, puis rentrait dans son repos. Sombre et triste, il se sentait vaincu par quelque chose de plus fort que son génie, les mœurs et les institutions de Rome. Des armées, des généraux, il en aurait triomphé ; mais ce peuple avait quelque chose de la puissance de l’Océan. En vain, il l’avait refoulé devant lui ; comme la mer qui revient et monte lentement, invinciblement, ce peuple s’était relevé. Déjà l’espace lui manquait, le flot l’entourait, et, montant toujours, il arrivait jusqu’aux murs de Carthage, dont il battait les portes. «(Duruy.)

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Le jeune Scipion, déjà vainqueur de l’Espagne, avait trouvé le moyen unique d’arracher enfin Annibal de 1 Italie ; c’était de transporter la guerre en Afrique, où il s’était ménagé l’alliance de quelques princes africains, tels que Syphax et Masinissa. Carthage éplorée se hâta de rappeler Annibal, qui obéit, mais en vomissant des injures contre les dieux, les hommes et lui-même. En quittant l’Italie, • il lui laissa d’insultants, de sanglants adieux. Dans le sanctuaire de Junon Lacinienne, il éleva une colonne où il grava toutes ses victoires, et autour du temple il fît égorger tous les mercenaires italiens qui refusèrent de le suivre. La tradition racontait aussi qu’il avait voulu ravir la statue d’or de la déesse, mais que son visage irrité avait arrêté le sacrilège. » Annibal mit alors à la voile pour l’Afrique, l’âme remplie de sombres pressentiments, car son génie ne s’abusait pas sur les dangers de sa patrie. Il n’avait plus autour de lui les vainqueurs de Trasimène et de Cannés, il ne ramenait qu’une armée démoralisée, tandis que les Romains, commandés par un général rempli d’habileté, d’activité et de vigilance, avaient recouvré toute leur valeur, toute leur confiance dans les glorieux destins de la république. Voilà ce que comprenait admirablement Annibal ; aussi, à peine débarqué en Afrique, avant de livrer une bataille suprême qui allait prononcer définitivement entre Rome et Carthage, demanda-t-il une entrevue k Scipion. Celui-ci l’accorda aussitôt ; mais ils ne purent s’entendre sur les conditions de la paix. Un pareil traité, sans une défaite d’Annibal, aurait été sans gloire et sans durée. Il fallut donc combattre, et les historiens sont unanimes à reconnaître que tout ce que pouvaient enseigner l’art de la guerre et une vieille expérience fut mis en pratique de part et d’autre. Avec un ennemi comme Scipion, Annibal n’appela plus à son aide ces ruses auxquelles s’étaient laissé prendre tant de consuls, mais les plus savantes, les plus admirables dispositions. A la tête de ses troupes, il disposa une formidable avant-garde de quatre-vingts éléphants d’une taille énorme, portant de hautes tours pleines de gens de trait ; il composa sa première ligne de Liguriens et de Gaulois, dont il connaissait la solidité ; à la seconde, il disposa les Carthaginois et les Africains ; enfin il forma la troisième des vieilles bandes qu’il avait amenées d’Italie et qu’il rangea à une assez longue distance de sa deuxième ligne, parce qu’il doutait de leur affection, suivant quelques historiens ; d’autres, au contraire, les représentent comme ses soldats les plus dévoués, qui devaient achever la victoire ou, en cas de défaite, l’accompagner et le protéger à Carthage. Scipion, de son côté, prit toutes les dispositions d’un habile capitaine ; il rangea également son armée sur trois lignes ; mais il eut soin-de ménager entre ses manipules des intervalles garnis de soldats armés à la légère, qui criblèrent de traits les éléphants. A. sa gauche, il plaça Lelius, son lieutenant, avec la cavalerie italienne ; à droite, Masinissa avec ses redoutables Numides.

Ce fut la cavalerie qui engagea le combat de part et d’autre ; puis Annibal lança ses éléphants contre les Romains, qui sonnèrent de la trompette et poussèrent d’effroyables cris. Les éléphants épouvantés

reculèrent alors et jetèrent le désordre dans la cavalerie de l’aide gauche carthaginoise. Masinissa acheva de las enfoncer. Percé3 de traits, comme nous venons de le dire, ils devinrent furieux et se ruèrent çà et là en exerçant d’affreux ravages. L’infanterie des deux armées eu vint alors aux mains ; la mêlée fut terrible et la lutte acharnée ; la victoire balança longtemps ; mais enfin la fortune de Rome l’emporta ; les Carthaginois, accablés de toutes parts, furent obligés de prendre la fuite, laissant 20,000 hommes sur le champ de bataille et autant de prisonniers entre les mains de Scipion. Annibal, près d’être enveloppé et pris, s’échappa tout frémissant de eolère et rentra à Carthage, d’où il était sorti depuis trente-cinq ans. Il s’avoua vaincu sans ressource, ne rapportant à sa patrie qu’une paix humiliante, après tant de guerres, de victoires et de conquêtes.

ZAMACOÏS (Édouard), peintre espagnol, né k Bilhao vers 1840, mort en 1871. Il vint étudier à Paris et se forma sous la direction de M. Meissonier. Il emprunta à ce maître sa manière de peindre nette, délicate, minutieuse, et ne tarda pas k se faire remarquer aux Expositions de Paris. Il débuta au Salon de 1803 par deux tableaux d’histoire littéraire, un relatif k l’un des plus grands écrivains de l’Espagne, Engagement de Cervantes dans l’armée ; l’autre relatif à deux des plus vigoureux penseurs de notre pays, Diderot et d’Alembert. Il exposa, l’année suivante, un intéressant tableau de mœurs, les Conscrits en Espagne ; en 1863, l’Entrée des toreros (peint en collaboration avec M. Vibert) et la Première épée ; en 1867, un Bouffon au xvre siècle et un spirituel tableau de genre, intitulé Contribution indirecte. Cette dernière exposition, que Zamacoïs compléta par deux charmants dessins (un Fou au xvio siècle, .aquarelle, et Musique de chambre), lui valut une médaille. Les tableaux qu’il exposa en 1868, le Favori du

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roi et le Réfectoire des trinitaires à Borne, ne furent pas moins remarqués. La première de ces compositions est aussi spirituellement conçue que spirituellement peinte. Le Favori du roi, affreux petit bossu, vêtu d’un costume de soie k losanges bleus et rouges, suivi d’un lévrier presque aussi haut que lui et tenant sa marotte comme un sceptre, descend avec un air de suffisance tout k fait comique le grand escalier d’un palais ; les courtisans, rangés au bas des degrés, s’écartent respectueusement sur son passage et lui font des courbettes, dont l’affectation laisse percer une pointe d’ironie ; le nabot se rengorge et répond aux flatteurs par un sourire malin qui découvre des dents blanches longues et crochues ; un hallebardier, en sentinelle dans la galerie qui règne au haut de l’escalier, jette un regard de mépris sur le favori et son entourage. Le costume bariolé du nain éclate comme une fusée au milieu de ce tableau ; on dirait l’apothéose de la laideur et de la méchanceté. En 1869, Zamacoïs fit paraître au Salon deux scènes monacales italiennes fort réjouissantes : la Bentrée au couvent (un moine déployant d’inutiles efforts pour faire avancer un âne récalcitrant, chargé de provisions) et le Bon pasteur, un frocard à la mine fleurie, allongeant, du fond de son confessionnal, une longue gaule et distribuant des indulgences aux jolies pénitentes agenouillées devant lui, pour la plus grande vexation d’un autre confesseur, maigre etrogue, qui se voit sans clientes.

Au Salon de 1870, le dernier où il parut, Zamacoïs obtint un succè3 très-vif j outre une amusante bluette, V Amour platonique (an nègre faisant une déclaration k un buste de femme... de marbre), il exposa un tableau qui, aussi bien sous le rapport de la composition que sous le rapport de l’exécution, peut être regardé comme un chef-d’œuvre d’esprit. L'Éducation d’un prince, tel est le titre de cet ouvrage. La scène se passe dans un salon du palais de Madrid. Un enfant de trois ans, vautré sur un grand tapis, abat à coups d’oranges une année de soldats de bois ; il joue au général en chef. Son auguste père assiste béatement aux prouesses de son héritier. Les courtisans s’extasient sur les talents stratégiques que déploie déjà le jeune prince ; l’enthousiasme fait pâmer ces grands d’Espagne tout confits en dévoLion royaliste. Un vieux chambellan ploie péniblement sonéchine branlante et ses jambes goutteuses pour ramasser un des projectiles dévié de sa route. Un autre s’avance du fond de la salle, en clopinant sur sa canne. Un cardinal et un évêque contrastent par leur physionomie, louangeuse mais décente, avec

les transports de ces momies de cour, galvanisées par l’adulation. La finesse ecclésiastique contient en eux la servilité. ■ Ce tableau de M. Zamaeoïs, a dit M. Paul de Saint-Victor, est un récit peint, une page de mémoires prenant souffle et vie. Son pinceau expressif, mordant, brillant sans clinquant, moqueur sans grimace, trace des

caractères, comme ferait la plume du plus habile chroniqueur. L’esprit de la touche, aiguisé par l’esprit de l’observation, ne saurait mieux dire et mieux mettre en scène. « Aux qualités qu’il avait puisées à l’école de Meissonier, Zamacoïs avait su joindre une légèreté de touche, une vivacité de coloris et un brio dont il fut redevable, croyonsnous, à son compatriote Fortuny. Comme celui-ci, il fut enlevé par une mort prématurée ; il succomba k une phthisie laryngée, pendant le dur hiver de 1871.

ZAMAGNA (Bernard), poôla latin moderne et jésuite italien, né à Raguse en 1735, mort dans la même ville en 1620. Dès l’âge de dix-huit ans, il entra chez les jésuites, fit avec une grande distinction ses études idéologiques au collège romain, devint en 1772 professeur de rhétorique k Sienne et passa, après la suppression de son ordre, à Milan, ou il enseigna la littérature et le grec. Lors de l’invasion française, il retourna dans sa ville natale, où il termina ses jours. Zamagna fut un des meilleurs poêles latins qui rirent école àRaguse au xvine siècle. Il était, sous le nom de Triphylius Cephisius, membre de l’Académie des Arcadiens. Outre des élégies, des idylles ef autres poésies publiées dans divers recueils, plusieurs poëmes, entre autres Echo (Rome, 1764, in-8o) et Navis aeria (Rome, 1768), on a de lui des traductions fort estimée^ de l’Odyssée d’Homère (Venise, 1777, in-fol.), des Œuvres d’Hé, siode (Parme, 1785, in-4o), des Idylles de Théocrite, de Moschus, et de Bion (Panne, 1784).

ZAMAII, émir arabe d’Espagne. V. Sa-

MAH.

ZAMAKHSCIIARI (Aboul-Cacem-Mahmoud al-), écrivain arabe, né à Zamakhschar (Kharizme) en 1074 de notre ère, mort en 1144. Il passa une partie de sa vie à La Mecque, adopta d’abord les opinions des Motazales, puis revint vers la fin de -sa vie à la doctrine orthodoxe et acquit une telle renommée qu’on l’appela Iakbi-Kfio«iireim (la gloire du Kharizme). En voyageant dans sa province natale, il eut un pied gelé. Ses principaux ouvrages sont : un commentaire sur le Coran, intitulé Casschaf ; un traité de syntaxe arabe, Mofassel, qui a été l’objet de nombreux commentaires ; une anthologie eu