Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 15, part. 4, Vl-Zz.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1454

ZÀMO

envahi la Livonie et la Courlande. De retour en Pologne, il s’adonna à des travaux sur la philosophie des anciens. Malgré son grand âge, il assista à la diète de 1605, y blâma ouvertement le roi, qui voulait épouser une archiduchesse d’Autriche, l’engagea à terminer la guerre avec la Suèdf, lui déclara qu’il n’avait pas le droit de faire couronner son fils, comme il en avait l’intention. « Changez de conduite, sire, lui dit-il avec une liberté de langage qui était dans les mœurs du temps. "Vous savez que les Polonais, lorsqu’ils ont été mécontents de leurs chefs, les ont forcés k quitter le royaume et qu’ils les ont remplacés par d’autres. Ne nous obligez pas de suivre l’exemple de nos ancêtre et de vous faire déporter au delà des mers. « À ces paroles, Sigismond ne put contenir sa colère et répondit avec véhémence en mettant la main sur son épée. À ce mouvement, des murmures éclatèrent de tous côtés dans l’assemblée. ■ Ne touchez pas à votre épée, s’écria alors Zamoyski, pour que la postérité ne vous appelle pas C’uïus César et nous des Brutus. Nous faisons les rois, mais nous écrasons les tyrans. » Après ces paroles menaçantes, le vieillard quitta la diète et se retira à Zatnosk, où il mourut quelque mois après. Zamoyski ne fut pas seulement un grand homme d’État, un guerrier illustre, il fut encore un savant de premier ordre. « Dans les temps les plus difficiles ou se soit trouvée la patrie, dit Hendenslein, ses ennemis eux-mêmes ont eu souvent recours à son courage, à la force do son bras, à la sagesse de ses conseils. ■ 11 fonda autour de son château de Skokow une ville qui devint bienlôt fameuse par son industrie. « Voulant, dit M. Gley, la mettre k l’abri des invasions des Tartares, il la fortifia si bien qu’il en fit une des premières places du royaume ; il y fonda deux collèges, une académie, et donna k la nouvelle cité le nom de Nowy-Zamosk, pour la distinguer de l’ancienne, Stary-Zamosc. Le 15 mai 1594, il ouvrit l’académie de Zamosk, où il avait attiré les plus célèbres professeurs de Cracovie, et établît dans cette ville une imprimerie dont il donna la direction k Martin Leuski. » Un lui doit les ouvrages suivants : De senatu romano lil, ri duo (Venise, 1563, in-4o), ouvrage plein d’érudition que Grœvius a inséré dans son Anliq. rom. 2 hesaurux ; Oc couslitutionibus et immunitatibus Academix Patavim (Padoue, 1564, in-4o) ; De perfecto seitittore (Padoue, 156-4, in-4o) ; De ïibertate suffrayiorum (Craiovie, 1572, in-4) ; Orolio qua Henricum Valesdum regem Poloniie renunliaoit (Paris, 1573) ; Pacificationis iuter domum Austriacam ac regem Patentai et ordities regni tractais SCripUi atiquot (1570, in-4o) ; De transitu Tatworum per Pudoliam (Cracovie, 1594, in-4o) ; Loyica stoica (Zamosk, 1506), ouvrage sur la philosophie des stoïciens.

■ZAMOYSKI (Thomas), chancelier de Pologne, fils du précèdent, né en 1595, mort en 1638. Il s’attacha à marcher sur les traces de son glorieux père, devint palatin de Podolie et de Kiovie sous Sigismond III, prit une laillanle part aux guerres qui eurent lieu contre les Tartares et les Suédois sous Zolkievv.^ki et fut nommé chancelier du royaume par Wladislas en 1635. De son mariage avec la princesse Catherine Ostrogska il eut un fils, qui devint palatin de Sandomir, et une fille, Constance-G.zeldts, qui l’ut la mère de Michel Wisniowieçki, roi de Pologne.

ZAMOYSKI (Jean), palatin de Sandomir, fils du précédent, né en 1626, mort à Varsovie en 1665. Hernie* du courage et de l’immense fortune de ses ancêtres, il se distingua sous Jean-Casimir, en 1651, par sa brillante conduite en combattant les Cosaques et en contribuant à la victoire de Berestezki, reçut en récompense de ses services le palatinat de Sandomir, harcela avec succès les Suédois, qui, pendant la guerre de la succession, étaient arrivés jusqu’aux portes de Varsovie, et se défendit vaillamment dans la forteresse de Zamosk. Ayant levé une armée k ses frais, il porta la guerre en 1659 chez les Cosaques de l’Ukraine. Enfin, en 1663, il parvint k amener les confédérés à faire leur soumission au roi Jean-Casimir. Zamoyski avait épousé, en 1657, une Française, la belle Marie-Casimire de La Grange, dont il n’eut pus d’enfants, et qui épousa en secondes noces le grand Sobieski.

ZAMOYSKI (André), grand chancelier de Pologne, issu de la même famille que le précédent, né en 1716, mort en 1792. Il alla achever ses études à Paris, servit que.que temps en Saxe, remplit ensuite divers emplois dans sa patiie et fut nommé chancelier par Stanislas-Auguste en 1764. Il avait surtout des

connaissances étendues en jurisprudence. En 1776, la diète le chargea de revoir toutes les lois du. royaume et d’en former un code, qu’il termina en moins de deux ans et qui fut présenté en 1780. L’affranchissement des serfs eu formait la base, et lui-même avait préludé a cette grande mesure dès 1760, en abolissant la servitude dans ses terres. Mais il ne fut imité que par un petit nombre de seigneurs, et il vit s’élever contre son généreux projet toute la noblesse polonaise ; il dut s’éloigner des affaires avec la douleur de n’avoir pu le faire adopter. Ce projet a été imprimé en polonais sous le titre de Code des toU judiciaires, rédige en vertu de la constitutiun de 1776 (Varsovie, 1778). Cependant, Zamoyski vécut assez pour voir adopter son

ZAMP

code avec la constitution de 1791. Il mourut Hannée suivante. Sa femme, née princesse Constance Czartoryska, morte à Vienne en 1796, abolit également la servitude dans ses domaines.

ZAMOYSKI (Stanislas - Kotska - Françoîs-Reinhold), homme politique polonais, fils du précédent, né k Varsovie en 1775, mort à Vienne en 1856. Il entra dans la vie publique en 1795 comme conseiller intime et chambellan de l’empereur d’Autriche, fut nommé, en 1809, président du gouvernement central de Litblin, puis sénateur palatin, fit partie de la déautation chargée d’aller complimenter Napoléon sur son mariage avec Marie-Louise et alla siéger au sénat après l’octroi d’une nouvelle constitution à la Pologne en 1815. Ayant échangé, en 1820, lu ville forte de Zamosk contre des terres, il établit dans ses nouvelles propriétés des écoles, une bibliothèque, et introduisit dans la culture de grandes améliorations. En 1822, il succédai Potocki comme président du sénat et montra dans ses fonctions une soumission entière aux volontés de l’empereur de Russie. Quatre ans plus tard, il devint président d’une commission d’enquête chargée de juger ou plutôt de condamner les membres de la Société patriotique polonaise, accusés de conspiration contre le gouvernement impérial. Cette commission, composée en majorité de Russes, se prononça pour la condamnation des accusés (1827). Ces conclusions soulevèrent une réprobation générale, et le czar, cédant à la voix de l’opinion, fit reviser l’enquête par la haute cour du sénat, qui prononça un verdict d’acquittement. Lors de la révolution qui éclata à Varsovie en 1830, Zamoyski résolut d’abord de se joindre aux patriotes polonais ; mais, détourné bientôt de ce projet par les siens, il gagna Saint-Pétersbourg, où il resta jusqu’en 1832. À cette époque, il revint en Pologne, qu’il quitta en 1836 pour se rendre k Vienne, où il termina ses jours. Il avait épousé la princesse Sophie Czartoryska, qui mourut k Florence en 1836.

ZAMOYSKI (André, comte), patriote polonais, né eu 1800, mort à Cracovie en 1874. Il reçut, de 1812 à 1814, sa première éducation à Paris, continua ses études à Genève et à Édimbourg et, chargé k son retour en Pologne de l’administration des vastes propriétés de son père, acquit des connaissances étendues en économie rurale. En 1823, il entra dans la carrière administrative, devint directeur de la division- de l’agriculture et du commerce au ministère de l’intérieur à Varsovie et, pendant la révolution de 1830, fut lui-même placé quelque temps k la tête de ce ministère. Il fut ensuite envoyé en mission k Vienne, dans le but d’y décider Mettemich à une intervention en faveur des Polonais. Il demeura en Pologne après la chute de Varsovie et s’imposa la noble tâche d’élever le niveau moral de ses compatriotes en travaillant au développement de leur bien-être matériel. Il commença par affranchir les serfs de ses terres, fonda des écoles, établit la navigation k vapeur sur la Vistule, se mit k la tête d’une banque hypothécaire, etc., et sacrifia à ces entreprises une partie de sa fortune. En 1842, il fonda les Annales de l’agriculture et provoqua la création de la Société agronomique, qui eut bientôt des membres dans toutes les parties de la Pologne et dont les séances annuelles avaient lieu k Varsovie. Cette association nationale parut k la fin pleine de dangers aux Russes et aux Polonais russifiés, et, en 1862, peu de temps avant l’explosion des troubles k Varsovie, elle fut supprimée. Il est triste de dire que cette suppression fut due surtout k l’influence d’un Polonais dont le nom est devenu tristement fameux depuis, le comte Wielopolski, adversaire politique et rival du comte Zamoyski, Lorsqu’en août 1862 Wielopolski, alors ministre tout puissant du grand-duc Constantin, vice-roi de Pologne, eut été appelé k la présidence du conseil municipal de Varsovie, Zamoyski donna sa démission de membre de ce conseil. Appelé k Saint-Pétersbourg pour justifier sa conduite auprès du czar, il fut exilé par ce dernier et se retira k Paris, où il résida presque constamment jusqu’à sa mort.

Zampn OU la Fitinr.ee de marbre, opéracotnique en trois actes, paroles de Mèlesville, musique d’Hérold ; représenté à l’Opéra-Comique le 3 mai 1831. Depuis trente-cinq ans, cet ouvrage est resté constamment au répertoire. L’opéra de Zampa n’a perdu aucune de ses qualités au jugement des gens de goût, et son attrait pour la public n’est pas moindre qu’autrefois, quoique l’exécution en soit généralement très-médiocre. La pièce abonde en situations dramatiques et essentiellement musicales, mais absurdes au fond. On pourrait reprocher kMélesville d’avoir trop imité plusieurs scènes de Don Juan, surtout au dénouaient.

Un corsaire nommé Zampa répand l’effroi par tout le royaume de Naples et rie Sicile. 11 est condamné à mort par contumace, et son signalement est envoyé aux ofticiers chargés de le poursuivre et de l’arrêter. Ce Zani[ja appartient d’ailleurs k une famille qui a rendu des services k l’État. Il porte le titre de comte de Monteza. Son frère, nommé Alphonse, beaucoup plus jeune que lui, ne l’a jamais connu et ignore que ce Zampa si redouté n’est autre que son propre frère. Alphonse sert

ZAMP

dans l’armée du vice-roi ; il va épouser Camille Lugano, fille d’un riche négociant. Tout le monde est dans la joie au château ; les jeunes filles se parent des présents que leur a faits le fiancé et adressent leurs félicitations k Camille. Dans la galerie du château où cette première scène se passe, on voit une statue de marbre : c’est l’image d’Alice Manfredi, pauvre fille séduite, abandonnée, morte de douleur, dont voici la légende :

D’une haute naissance,

Belle comme a seize ans,

Alice dan9 Florence

Charmait tous les amants ;

A seize ans, comment faire

Pour défendre son cœur ?

Un seul parvint a. plaire.

Et c’était un trompeur !

D’un pareil maléfice,

Sainte Alice, préservez-nous ;

Nous prirons Dieu pour vous.

Flattant sa conûanco,

Le traître, avant l’hymen,

Lui ravit l’innocence

Et disparaît soudain !

II reviendra, dit-elle.

Mais, Ô funeste erreurl

Jamais, près de sa belle,

Ne revint le trompeur !

D’un pareil maléfice.

Sainte Alice, préservez-nous ;

Nous prirons Dieu pour vous.

Hélas ! sur ce rivage

Alice vint mourir,

Et cette froide image

Semble toujours gémir.

Quand la nuit, on l’assure,

Le vent gronde en fureur.

Ce marbre encor murmure

Et nomme le trompeur.

Ah ! soyez-nous propice,

Sainte Alice, veillez sur nous ; Nous prirons Dieu pour vous.

Il y a du sentiment dans cette ballade, dont Hèrold a traduit en musique les deux premiers couplets avec une grâce naïve et développé le troisième d’un manière très-heureuse ; mais l’idée en est singulière. Si on élevait des statues de marbre à toutes les malheureuses Arianes, les carrières de l’Italie ne suffiraient pas k une aussi somptueuse décoration. Mélesville les range, en outre, parmi les saintes ; et, oubliant qu’on les invoque alors, mais qu’on ne prie pas pour elles, il laisse échapper cette distraction : Sainte Alice, nous privons Dieu pour vous. Revenons k la suite du récit de la pièce. Alphonse est mandé aux portes du château par des hommes à cheval. Ii croit que ce sont des amis invités k la fête ; il part et ne reparaît plus. C’est Zampa qui se présente k sa place. Il est porteur d’une lettre adressée k Camille et signée par son père qui, tombé au pouvoir du corsaire, conjure sa fille de l’aider k recouvrer sa liberté en accordant k Zampa tout ce qu’il exigera pour sa rançon. Camille, effrayée, se réfugie dans son appartement, laissant le château k la merci de Zampa et de sa troupe, qui s’y livrent k une orgie mêlée de terreurs superstitieuses causées par la présence de la statue de marbre. Daniel, l’un des forbans, reconnaît les traits d’Alice Manfredi, jadis séduite par son maître. Celui-ci s’amuse de sa frayeur, s’approche de la statue et lui passe au doigt son anneau en lui disant qu’il la prend pour sa fiancée jusqu’au lendemain. La statue étend son brus et le ramène sur sa poitrine comme pour garder l’aimeau. Les pirates, consternés, tombent à genoux, et Zampa fait de vains efforts pour ranimer l’audace impie de ses compagnons. Ce finale du premier acte produit un grand effet au théâtre.

Au deuxième acte, la toile se lève sur un décor représentant le bord de la mer, où des femmes sont agenouillées devant une image de la Madone. Rien n’est plus frais que ce lever du rideau, après les émotions violentes de la dernière scène. À la suite de l’air du triomphateur Zampa, il y a une rencontre fort comique et de bon goût entre Daniel, ancien pêcheur, mari de Ritta) qu’il a quittée depuis dix ans pour suivre Zampa, et sa femme, devenue la servante de Camille. Au moment où Ritta témoigne k Daniel la joie qu’elle éprouve de le revoir et l’assure de sa fidélité constante ; un certain Dandolo, chargé du rôle de poltron dans la pièce, accourt et annonce k Ritta que leurs bans sont publiés et que dans deux jours ils seront maries. Daniel, qui commençait k s’attendrir, entre en fureur k cette nouvelle. Cet épisode, -qui se rattache naturellement k l’action, est heureusement imaginé. Alphonse a pu s’échapper des mains des pirates. Sou rôle est ingrat, et, quoiqu’il ait k chanter de charmants morceaux, il n’intéresse pas assez. Il apprend, de la bouche même de Camille, qu’elle va épouser Zampa. Une lettre du vice-roi lui fait connaître k la fois que Zampa est le comte de Monteza, son frère, et que le souverain lui accorde sa grâce k la condition qu’il expiera sa conduite passée en servant dans la marine de l’État. Alphonse brise son épée et s’éloigne, pendant que Zampa et Camille se rendent au pied de l’autel ; lk encore se trouve la statue, qui pose sa froide main sur l’épaule de Zampa. La présence de ce témoin inat ZAMP

tendu le glace deterreur. Ici se termine !e second acte.

Le châtiment du corsaire occupe l’esprit du spectateur pendant le dernier acte ; mais cette scène est précédée de deux incidents d’un effet délicieux. D’abord, c’est une bare.arolle plaintive chantée par Alphonse, qui s’éloigne, et par Camille, qui cherche k le consoler tout en gémissant sur sa propre destinée. Ensuite, c’est une sérénade chantée discrètement par le choeur, et qui s’adresse au bonheur présumé des époux. Ce qui suit est moins heureux. Alphonse revient, veut déterminer celle qu’il aime à le suivre. Zampa le fait entraîner par ses amis. Le pauvre Alphonse disparaît pour la troisième fois. Resté seul avec Camille, qui le supplie de lui permettre de se retirer dans un couvent, Zampa repousse ses prières et veut user de ses droits ; mais au moment où il atteint son infortunée victime, s’enfuyant k son approche, il se trouve entre les bras de la statue de marbre, qui s’engloutit avec lui. Un dernier tableau montre Camille, son père et Alphonse réunis. Le chœur persiste k pritr pour sainte Alice, et il a raison, puisqu’elle se trouve en si mauvaise société.

L’ouverture de cet opéra est une suite des motifs les plus brillants et les mieux orchestrés ; mais -ce n’est plus l’ouverture telle que les prédécesseurs d’Hérold l’avaient conçue) et fait accepter, telle que lui-même l’avait comprise pour son Pré aux clercs. Mozart, Beethoven avaient déjà donné k cette préface de l’œuvre dramatique des formes d’un caractère généralisé. Mehul, Cherubini, et à leur exemple les compositeurs de ce temps, écrivirent îles morceaux spécialement appropriés au genre d’ouvrages qu’ils avaient k traiter, sans leur emprunter les motifs principaux pour en faire une sorte de pot pourri, une macédoine de thèmes juxtaposés, sans autre liaison qu’une marche harmonique ou des gammes modulantes. Les belles ouvertures de Rossini, depuis celle de l’ancredi jusqu’à celle de Guillaume Tell, sont des préfaces véritables, tantôt gracieuses et sémillantes, tan tôt grandioses et magnifiques. Boieidieu a introduit un des premiers, dans ses ouvertures, des réminiscences ou plutôt un avant-goût des motifs épars de ses opéras. Hérold et Auber ont suivi cet exemple. Les thèmes étaient agréables ; on les entendait avec plaisir plusieurs fois dans la soirée, bis repetita placent, et les formes de l’ancienne ouverture ont été délaissées, proscrites, oubliées. L’ouverture de Zampa se compose de cinq thèmes empruntés au chaut.

On a comparé souvent Zampa au Pré aux clercs, et on s’est demandé lequel de ces deux chefs-d’œuvre devait être préfère k l’autre. Notre avis est que l’un ne doit pas faire dédaigner l’autre. Il y a peut-être dans le Pré aux clercs une couleur plusoriginule, un sentiment plus exquis ne lu grâce. Le lieu de la scène, l’atmosphère de la cour des Valois, la valeur littéraire de la pièce ont exercé leur influence sur la nature des inspirations d’Hé rold. Mais au point de vue du style, de la manière n’éerire, de la fécondité des ressources musicales, de la clarté du discours mélodique, Zampa offre un ensemble de qualités supérieures. Les situations dramatiques y sont accusées par le musicien avec plus de fermeté que dans tous ses autres ouvrages, sans en excepter la fameuse scène du bateau, au dernier acte du Pré aux clercs. Au premier acte, l’oreille de l’auditeur ne chôme pas. Après te chœur des jeunes filles : Dans ses présents, que de magnificence, Camille chante un air dont la première phrase est charmante : À ce bonheur suprême. La ballade, k laquelle le timbre ues ciunnettes donne un caractère légeudaire et naïf ; le trio, accompagna d’un sol paSSO si vif ; le quatuor majestueux : Le voilât que mon àmeesc émue ! le meilleur morceau de l’ouvrage, avec le duo du troisième acte, et enfin le trio final : Au plaisir, à ta folie, d’une grande variété d’effets, telle est la partie musicale du premier acte. Le second n’est pas moins riche. Tout le monde connaît le suave cantique pour trois voix de femme : Aux pieds de la Madone, ainsi que l’air : Il faut céder à mes lois, si bien approprié, par son accompagnement lé» ger et spirituel, k l’usage des Don Juan français. Le duo de la reconnaissance : Juste ciel, c’est ma femmel est plein d’entrain, d’intelligence scènique et de bon goût. Hérold, livré à lui-même et non surexcité par une situation dramatique imposée, était mélancolique. On saisit parfaitement ce côté de son caractère dans ce passage : Mêlas ! è douleur ! il me croit infidèle ! connue aussi dans la barcarolle du troisième acte ; Où vas-tu, pauvre gondolier ? Lu ronde : Douce jouvencelle, bien encadrée dans le choeur, a été populaire. On est moins frappé du commencement du finale ; mais le compositeur se relève à la strette ; Tout redouble mes alarmes, où le fa naturel sur le mi pédale confluence une de ces phrases inspirées qui suffisent pour prouver le génie. Nous avons parlé plus haut des mélodieux morceaux qui ouvrent le troisième acte ; il ne nous reste plus qu’k rappeler le célèbre duo : Pourquoi trembler, entre Camille el. Zainpa. La puissance dramatique de ce morceau et son expression passionnée ont fait croire k bien des personnes que l’opéra de Zampa aurait mieux convenu à la salle de la rue Lepelletier qu’à l’Opéra-Comique. C’est une grave erreur. Hérold était uu