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prévenu, l’impératrice gratifia l’auteur d’une très-belle médaille en or, qu’il renvoya à Grimm lorsque Catherine eut pris parti contre la France, avec une.lettre dans laquelle il témoignait le regret de ne pouvoir conserver cette marque flatteuse de l’estime d’une souveraine qui se déclarait l’ennemie des institutions que la France venait de se donner pour assurer sa liberté. » Volney prit pour épigraphe de son ouvrage cette phrase : J’ai pensé que le genre des voyages appartenait à l’histoire et non aux romans. » En effet, il ne suivit pas la méthode ordinaire ; il rejeta comme trop longs l’ordre et les détails itinéraires, ainsi que les aventures personnelles, et il ne procéda que par tableaux généraux. Au point de vue du style, le Voyage en Egypte et en Syrie ne le cède en rien aux Ruines du même auteur. Le Voyage a été traduit en espagnol en 1830.

Voyage du Bengale en Angleterre, par George Forster (1790 et 1798, 2 vol.).

Employé civil de la Compagnie des Indes à Calcutta, l’auteur de cette intéressante relation entreprit l’un des plus audacieux voyages qui aient jamais été faits. Il possédait peu do connaissances scientifiques ; mais il parlait l’indou avec pureté et facilité, le mahratte de préférence ; le persan lui était familier, ainsi que le sanscrit. Dans ces conditions, G. Forster conçut le projet de revenir en Angleterre par le nord de l’Inde et de la Perse. Déguisé en négociant musulman, il partit de Calcutta le 23 mai 1782. Evitant le Lahore (pays des Sikhs), il traversa le Gange et le Djemnah d-ans les montagnes et se rendit au Cacliemire par la route de Djombo. Il passa ensuite l’Indus pour gagner Kaboul. Son intention était’de poursuivre son voyage au travers de la Boukharie, ancienne Transoxiane ; mais il suivit la route ordinaire des caravanes qui vont à Candahar. De cette ville, il se rendit à Hérat, puis à l’extrémité méridionale de la mer Caspienne, en traversant le Seistan, le Khoraçan et le Mazandéran. Il avait mis un an pour aller d’Oude à la mer Caspienne, et pour faire 900 lieues, dormant tantôt sous la pluie, tantôt sur la neige. Forster arriva en Angleterre en 1784, après avoir traversé la Russie jusqu’à SaintPétersbourg.

Sa relation est un ouvrage curieux et instructif sous le double point de vue géographique et historique. Depuis Bernier, aucun voyageur européen n’avait visité la célèbre vallée de Cachemire ; Forster décrit « le paradis terrestre de l’Iiidoustan. » Heureux climat, Eden poétique, jardin de rosés, industrie merveilleuse ! Mais à quel prix l’habitant de cette région splendide jouit-il et du fruit de son art et des présents de la nature ? Jamais le despotisme, séculaire à Cacliemire sous n’importe quelle domination, jamais la tyrannie du sabre et la tyrannie de l’argent, l’usure et le fisc, n’ont produit des résultats plus désastreux soit dans l’ordre des faits moraux, soit dans l’ordre des faits économiques. Victor Jacquemont a visité vers 1830 la vallée de Cachemire ; ses renseignements confirment par des détails précis et par des chifi’res lumineux les rapports de Forster. Sait-on qu’une fileuse, travaillant tout le jour, gagne 1 fr. 25 par mois ? qu’un ouvrier habile gagne 0 fr. 40 par jour ? que le tisserand est obligé d’acheter son riz à son patron, luimême obligé de l’acheter h l’Etat ? que chaque objet fabriqué supporte un droit de pour 100 de sa valeur ? que le collecteur de l’impôt, fait couper le cliâle sur le métier, au fur et à mesure que la pièce tissue s’étend, et qu’il faut recoudre ensuite ces bandes d’étoffe ? que le prix des tissus se trouve triplé ou quintuplé soit par lesexactions du lise, soit par le brocantage des produits qu’expédient les banquiers persans ou indous ? et qu’enfin les ateliers des tisserands sont plus infecta que les taudis des plus misérables canuts de Lyon ? La décadence morale est au niveau Ue cette misère industrielle, qui fait de tout ouvrier un infirme ou un aveugle avant cinquante ans. Le premier volume du Voyage de Forster parut à Calcutta en 1790 ; le second fut publié en 1798, d’après ses notes. Cet ouvrage a été traduit en français par Langlès (1802, 3 vol. in-8o).

Voyage en Abyssinie, par Bruce (Londres, vol. in-4o).

Avant d’entreprendre son exploration aux sources du Nil, Bruce avait parcouru la Barbarie et visité Palmyre et Balbek. Il avait toutes les connaissances générales requises pour mener à bien la mission dont lord Halifax l’avait investi. Comme Niebuhr, dans le même temps, parcourait l’Egypte, Bruce fut autorisé à traverser ce pays pour son amusement personnel ; ses travaux sérieux ne devaient commencer qu’au delà des cataractes. Accompagné d’un dessinateur italien, Bruce se mit en route pour l’Abyssiuie en 1768. Il visita les ruines d’Axum et ce que l’on appelle les sources du Nil, dans une petite île verdoyante en forme d’autel, où elles sont placées sous la garde d’un grand prêtre. A Orondar, la capitale de l’Abyssiuie, le roi lui fit un accueil distingué et lui donna le commandement de sa cavalerie. Bruce séjourna quatre ans eu Abyssinie et parcourut le pays en tout sens. Il a cru trouver les sources du Nil dans celles du fleuve Bleu, déjà reconnues et décrites par un missionnaire portugais, le Père Paez ; il est aujourd’hui démontré que le Nil Blanc, la prin-

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cipale branche du fleuve, a son origine dans trois grands lacs découverts dans les régions équinoxiales par Speke, Grant et Baker. Bruce retourna en Egypte par les grands déserts de la Nubie, échappant aux embûches du roi nubien, aux attaques des Arabes, au simoun, aux tempêtes de sable. En 1772, son expédition était terminée.

Des événements extraordinaires, des aventures d’un tour romanesque, des traits de mœurs d’un caractère étrange, une vanité non déguisée, un style quelque peu boursouflé firent tourner en ridicule le voyageur consciencieux, le nouvel Hérodote, dont la sincérité a été reconnue par ses successeurs. Johnson mit en doute jusqu’à son voyage ; des.épigrammes en prose et en vers furent la récompense d’un zèle désintéressé, d’une constance énergique dans les périls et les souffrances. Bruce a eu le tort de revendiquer pour son compte la découverte des sources du Nil. Mais, en général, son récit a le mérite de l’exactitude, mérite affirmé parles récents voyageurs. lia fait connaître 1 Abyssinie mieux qu’aucun voyageur, surtout pour l’histoire naturelle ; il en a rapporté des plantes utiles et des manuscrits. Sa relation a été traduite en français par Castéra (5 vol. in-4o et 10 vol. in-8 », avec atlas).

Voyages en France pendant les années 1787, 1788, 1789, par Arthur Young (Londres, 1792-1793, 2 vol. in-4o).

Ce livre du célèbre agronome anglais est divise-en deux parties distinctes, dont chacune forme un volume. La première contient le journal proprement dit des trois voyages faits par Young en 1787, 1788 et 1789. Cette partie, écrite avec enjouement et liberté, est la plus amusante, la plus curieuse et, à quelques égards, la plus instructive. L’auteur traverse la France d’un bout à l’autre à plusieurs reprises ; il note en passant tout ce qu’il voit, et ses remarques sont en général si fines, si judicieuses, si pénétrantes, qu’on ne saurait trop admirer son étonnant coup d’œil. Le premier voyage dure environ cinq mois, du 15 mai au 15 novembre 1787 ; le second deux mois et demi, du 1er août au octobre 1788 ; le troisième, le plus long, dure huit mois, du commencement de juin à la fin de janvier 1790. Arthur Young entre partout en relation avec les hommes les plus éminents : à Paris, il a pour guides Broussonnet, le savant secrétaire perpétuel de la Société d’agriculture, Thouin, Parmentier, Layoisier ; en province, il ne manque pas de visiter les savants du lieu, les principaux membres de la noblesse, les correspondants de la Société d’agriculture ; et il arrive ainsi à connaître la France plus et mieux/ qu’aucun Français ne la connaissait alors assurément. Cette première partie est pleine d’utiles renseignements sur les personnes et sur les choses, sur l’aspect des pays parcourus, les villes, -les routes, les campagnes. Les lettres, les arts, les sciences, les coutumes, les mœurs, l’esprit de la société française à cette époque ont aussi leur place, et A. Young en pai le en observateur exact et critique judicieux. Veut-on savoir, par exemple, ce qu’il pense de la conversation chez nous ? S’il m était permis, dit-il, d’après ce que j’ai vu, de hasarder une remarque sur le ton de la conversation en France, j’en louerais la parfaite convenance, bien qu’en la trouvant insipide. Toute’vigueur de pensée doit tellement s’effacer dans l’expression, que le mérite et la nullité se trouvent ramenés à un même niveau. Châtiée, élégante, polie, insignifiante, -la masse des idées échangées n’a le pouvoir ni d’offenser ni d’instruire ; là où le caractère est si effacé, il y a peu de place pour la discussion, etxsans la discussion et la controverse qu’est-ce que la conversation ? » Qnoi de plus vrai, encore aujourd’hui, de plus sage et de mieux dit ? De temps à autre, le bon sens pratique et l’humour anglais suggèrent à notre voyageur de brusques et piquantes saillies pour parler des abus contre lesquels il butte a chaque pas ; à propos de l’abbaye des Bénédictins, à Paris, il s’écrie : C’est la plus riche abbaye de France ; l’abbé a 300, 000 livres. La patience m’échappe quand je vois disposer de tels revenus comme on le faisait au Xe siècle, et non selon les idées du xvme. Quelle magnifique ferme on créerait avec le quart seulement de cette rente 1 Quels navets ! Quels choux 1 Quelles pommes de terre I Quels trèfles ! Quels moutons ! Quelle laine ! Est-ce que tout cela ne vaut pas mieux qu’un prêtre à l’engrais ? Si un fermier anglais était derrière cet abbé, il ferait plus de bien à. la France avec moitié de sa prébende que la moitié des abbés du pays avec toute la leur. Je suis passé près de la Bastille, autre objet propre à faire vibrer dans le cœur de l’homme d’agréables émotions. Je suis en quête de bons cultivateurs, et à chaque pas je me heurte contre les moines et, les prisons d’Etat ! »

La politique joue également un grand rôle dans cette première partie, et peut-être n’existe-t-il nulle part une peinture plus vivante du mouvement national de 1789, soit à Paris, soit en province. Celte peinture est accompagnée de réflexions originales, quelquefois peu justes, sur les débuts de la Révolution française et sur les principaux personnages de l’époque en politique, tels que LouisXVI, Mirabeau, l’abbé fc>ie.)t ! S, iiarnave, Bailly et autres.

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La seconde partie, qui développe en vingt chapitres des considérations générales sur l’agriculture en France, prête davantage à la critique. Le voyageur anglais essaye d’y résumer ses propres impressions et les renseignements qu’il a puisés dans les innombrables" publications qui pleuvaient à cette époque. Les documents cités par Arthur Young sont toujours d’un grand prix, m ; iis ses conclusions ne sont pas’toujours irréprochables. Autant le premier volume est intéressant et digne de foi, autant le second doit être lu avec circonspection, car il renferme un perpétuel mélange d’erreurs et de vérités. Cependant, les dix premiers chal’itres ont encore une grande valeur et contiennent de précieuses indications sur l’étendue de la France, le sol et l’aspect du pays, le climat, le produit du blé, la rente et le prix de la terre, les irrigations, les prairies, la luzerne, le sainfoin, la vigne et les clôtures. Le grand agronome traite avec beaucoup de sagacité ces détails techniques. C’est à partir du chapitre xi, Du mode d’exploitation et de l’élendue dss fermes, que commence la partie contestable de cet ouvrage. L’auteur s’y montre le partisan déclaré de la grande culture et l’adversaire des petites fermes, ainsi que des petites propriétés, qu’il regarde comme la principale cause de Pétât arriéré de l’agriculture française. C’est là une grave erreur. Les provinces les plus divisées, les plus morcelées étaient au contraire, alors comme aujourd’hui, les.mieux cultivées, et l’on peut dire qu’en règle générale, avant comme après 1789, le progrès agricole a marché en France avec la division ; l’extrême division et surtout la division forcée ont sans doute leurs dangers, et si l’écrivain anglais s’était borné a combattre ceux qui voulaient à tout prix diviser le sol, il serait resté dans le vrai ; mais il est tombé dans l’exagération opposée en aftirmant qu’en France la culture est toujours meilleure sur les grandes fermes que sur les petites. Dans le chapitre xin, sur le Capital employé en agriculture, notre voyageur tombe dans une erreur nouvelle, en attribuant cette pauvreté de l’agriculture au développement de nos colonies et de notre commerce intérieur, qui auraient, selon lui, absorbé une très-grande partie du capital national. Arthur Young ne se contente pas de cette première attaque contre les colonies, il revient à la charge dans les chapitres xvm et xix relatifs au Commerce et &\a. Manufactures. D’ailleurs, il n’aime pas plus les colonies anglaises que les françaises ; toute colonie lui paraît une sorte de vol fait à la mère patrie, etil le dit, comme il dit toujours, franchement et vivement. Le chapitre sur les Manufactures renferme d’incroyables contradictions. Après avoir dit en propres termes:« Une société prospère par l’échange des pioduits de la terre contre ceux des fabriques, et, plus cet échange est rapide, plus le bien-être est grand ; la ville n’achète que parce qu’elle vend ; si les campagnes ne lui achètent pas, elle n’achètera pas aux campagnes; » tout à coup, sans transition, sans explication, il se met à développer cette idée diamétralement opposée, que plus un pays se lance dans les manufactures, plus l’agriculture y est misérable. C’est surtout à la Normandie qu’il s’en prend, exemple assez mal choisi, car la Normandie était alors une des contrées de France les mieux cultivées. Il passe ensuite en Angleterre, en Italie, dans le reste de l’Europe, et partout il retrouve la même illusion. Mais le chapitre le plus défectueux est le chapitre xv sur la Production. L’auteur entreprend de donner le total de la production agricole en. France, et, en l’absence de tout renseignement positif, il emploie une méthode, ingénieuse sans doute, mais bizarre et trompeuse:il divise une carte de France en régions de culture, région riche et fertile, région de bruyères, région des montagnes, légion des plaines ; il apprécie ce que doit produire, d’après lui, chaque région ;.puis il les découpe, les pèse chacune à part, pèse ensuite le tout et en déduit la somme de production. Par ce procédé, il arrive à un produit brut de 5, 792, 000, 000. Or, Lavoisier, qui a fait le même travail pour l’Assemblée nationale en 1791, sur des documents recueillis de longue main par le comité d’agriculture sous Louis XVI, n’arrive qu’au total de 2, 750, 000, 000.

Malgré l’infériorité relative de la seconde, moitié du deuxième volume, elle renferme d’excellents chapitres, par exemple le xvie, qui traite de la Population, et le xvne, de la Législation sur les grains. Même, dans les chapitres les plus faibles, on trouve des indications d’une grande valeur. Ainsi le xvme et le xixe chapitre sont précieux pour la quantité de documents qu ils renferment sur le commerce et l’industrie de la France avant la Révolution. On y trouve, entre autres, le tableau comparatif des importations et des exportations en 1784 et 1787. L’étude de ces tableaux pourrait donner lieu à une foule d’observations utiles. Comme fait général, ils attestent l’importance croissante que prenait sous Louis XVI notre commerce extérieur.

L’ouvrage se termine par un aperçu général sur la Révolution française, écrit dans le dernier mois de 1789 ; l’auteur comprend assez mal cette Révolution. « Dans tout ce que j’ai avancé, dit-il, sur cette révolution immense

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et sans exemple, je lui ai reconnu le mérite d’avoir aboli l’ancien régime, mais non d’en avoir établi un nouveau. Tout ce que j’ai vu en France m’a donné la conviction profonde qu’un changement était devenu nécessaire pour limiter l’autorité royale, supprimer les droits féodaux, restreindre les richesses de l’Eglise, corriger les finances et purifier l’administration de la justice ; mais que, pour y arriver, il fallût bouleverser l’État, anéantir les distinctions, fouler aux pieds le roi et sa famille, attaquer la propriété, allumer une guerre civile, c’est une autre question. Selon nous, ces violences n’étaient pas nécessaires ; une cour nécessiteuse, un ministère faible, un prince timide n’auraient pu refuser à l’Assemblée rien d’essentiel à la prospérité nationale. »

« Arthur Young-, dit M. L. de Lavergne, montre en économie politique, comme en politique proprement dite, une justesse extraordinaire d’idées. On voit, en le lisant, combien les esprits éclairés de son temps avaient déjà le sentiment des principes économiques les plus favorables à la production ; mais une base lui manque pour asseoir ses théories, il ne connaît pas assez les faits ni la statistique, qui en était encore à ses premiers tâtonnements. » Quant au style, il est clair, net, vif, s’échappant en boutades pleines d’humour après une période plus ou moins solennelle. L’ouvrage de Young a été traduit en français par Soûles (1793 1794, 3 vol. iu-S°) et par M. Lesage (1SGO, 2 vol. in-12), avec une introduction pur M. L. de Lavergne.

Voyages de Thunberg en Afrique et en Asie (Upsal, 1788-1793, 4 vol. in-8o).

Botaniste suédois et disciple de Linné, Thunberg partit du Texel en 1771, comme chirurgien, a bord d’un navire hollandais, et débarqua au Cap en avril 1772. Il employa trois années à des excursions aux environs du Cap même et à deux voyages dans l’intérieur des terres, jusqu’aux limites de la Cafrerie et le long des côtes de cette contrée. Ces excursions furent presque entièrement consacrées à des observations géographiques, physiques, zoologiques et botaniques. La relation néanmoins renferme l’histoire abrégée de l’établissement des Hollandais au Cap ; une esquisse de l’état politique de cette colonie et de son administration ; quelques curieux détails sur l’économie rurale et domestique des habitants du Cap ; des considérations sur leurs mœurs, leurs usages, leur commerce et leur industrie ; enfin une notice sur les Cafres, avec un parallèle entre eux et les Hottentots. En mars 1775, Thunberg s’embarqua pour Java, et en juin pour le Japon. Le naturaliste suédois recueillit un grand nombre de plantes rares et inconnues au Cap, à Java et à Ceylan, où il passa au retour. Il accompagna l’ambassadeur hollandais à la cour de l’empereur du Japon, à Yeddo. Dans son ouvrage, Thunberg a donné la nomenclature des empereurs ecclésiastiques et civils, des observations météorologiques et des notices sur les trois règnes de la nature. Le commerce surtout a fixé son attention. Le principal but de Thunberg, dans ses voyages, était de rassembler des végétaux exotiques et de faire des recherches dans les trois règnes. L’histoire naturelle forme donc une partie très-importante de cet ouvrage et méritait une attention toute particulièrere. Les observations de Thunberg étrangères à ces objets embrassent quelques considérations nouvelles sur le caractère physique et moral des Japonais ; des détails intéressants sur plusieurs de leurs usages, leur vie domestique, leurs fêtes, leurs amusements publics et privés ; des particularités curieuses sur leurs mœurs ; un tableau rapide de leurs progrès dans l’agriculture, les arts mécaniques, les manufactures, la navigation, le commerce ; des éclaircissements sur leur langue, avec une notice de quelques ouvrages publiés dans cet idiome ; l’aperçu de leurs progrès dans les sciences physiques, mathématiques, morales, et dans les arts libéraux; enfin un coup d’œil sur la géologie et la minéralogie du pays. Esprit exact et méthodique, Thunberg insiste toujours sur les applications rurales et médicales des plantes:Son ouvrage est écrit en suédois. Il en existe deux traductions allemandes, une anglaise et deux françaises. La plus estimée de ces dernières est celle de Langlès, revue pour l’histoire naturelle par Lamarck (Paris, 1796, 2 vol. in-4o et 4 vol. in-8o, avec des notes de Lamarck).

Voyage en Chine et en Tartarie, par Staunton (Londres, 1797, 2 vol. in-4o).

En 1792, le gouvernement anglais envoya une ambassade extraordinaire en Chine. Staunton accompagna lord Macartney en qualité de secrétaire de légation, mais avec des pouvoirs personnels de ministre plénipotentiaire. Il alla chercher sur le continent des interprètes chinois; le hasard lui en fit découvrir deux à Naples. Le but de cette mission était d’ouvrir des communications commerciales suivies avec l’empire chinois. L’expédition partit sur trois navires, de Portsinouth, le décembre 1792. Après avoir touché à Turon (Han-San) et à l’île de Callao ou Campello, ou jeta l’ancre, le 21 juin, à Chouk-Tchou (île des Larrons), on fit un relevé exact de ces parages, on passa entre les îles Queesan et l’on vint mouiller à Chu-san (mer