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xvme siècle a un grand critique d’art, Diderot ; M. Bougot lui reproche avec raison d’avoir jugé plutôt avec son sentiment qu’au nom d’une méthode quelconque, et de s’être laissé le plus souvent emporter par son enthousiasme. Il n’en est pas moins le fondateur de la critique d’art en France, et ses Salons constituent encore aujourd’hui une lecture attrayante. « Ce dont il faut le louer, c’est d’avoir donné dans ses Salons, non un système, non une théorie complète de la peinture, mais l’exemple d’une critique, sinon toujours méthodique, du moins attentive aux procédés des artistes, curieuse des effets et pleine d’admiration pour la puissance et les ressources de l’art. »

Critique philosophique (LA), publication

hebdomadaire philosophique, politique, scientifique et littéraire. La Critique philosophique, fondée en 1872 par MM. Renouvier et François Pillon, est la suite, sous forme hebdomadaire, de l’Année philosophique parue en 186Set 18G9, et dont la publication avait été interrompue par les événements de 1870-1871. La Critique philosophique s’adresse à tous les esprits curieux des idées générales, des nouveaux horizons intellectuels, des controverses suscitées par les grands problèmes, des tendances et des directions de l’esprit moderne en tout ordre de spéculation. Le titre qu’elle a adopté marque le but en vue duquel elle a été fondée. Ce but, c’est d’embrasser avec le temps, dans des études critiques, tout ce qui dans les sciences relève véritablement de la philosophie, leur logique et leurs méthodes, leurs rapports entre elles, leurs principes et leurs théories les plus générales.

La Critique philosophique est sans lien d’aucune espèce avec l’enseignement officiel, avec les Facultés et les Académies. Elle n’a ni ambition ni crainte, et elle ne cherche en tout que la vérité.

La Critique philosophique s’applique à signaler touc ouvrage français de portée philosophique et à en faire un compte rendu qui est lui-même une véritable étude plus ou moins développée.

La doctrine philosophique, née de l’esprit du xvme siècle et de la Révolution française, et dont les principes ont été posés par Kant, n’a pas d’organe plus autorisé que la Critique. Grâce aux hommes qui rédigent cette publication avec autant de conviction que de talent, la grande doctrine philosophique inaugurée par Kant se présente aujourd’hui dégagée des contradictions et des erreurs qui l’obscurcissaient à l’origine et qui avaient nui à ses progrès. Elle est comme renouvelée par une nouvelle analyse des lois de la pensée et des moyens de la connaissance, qui lui a donné ce qu’elle n’avait pas reçu de Kant, un caractère vraiment positif et une complète et harmonieuse unité systématique..

CRITIQUEMENT adv. (kri-ti-ke-manrad. critique). Selon les lois de la critique.

CRITOBULE, amante de Macs, dont elle eut Pangée.

  • CRITOLAtjS, fils d’Hicétaon et mari d’Aristomaque,

fille de Priam.

CR1TTEIVDEN (John-Jay), homme d’État américain, né en 1786, mort à Francfort en 1863. Son père, qui était fermier, lui fit étudier le droit. Après avoir exercé la profession d’avocat à Hopkinsviile, il s’établit à Francfort, où il plaida avec beaucoup de succès. Elu député du Kentucky, il alla siéger à Washington, dans la Chambre des représentants, et vota avec les whigs. En 1819,

! reprit sa place au barreau. Sous la présidence

d’Adams, il fut nommé membre de la haute cour de justice ; mais le Sénat refusa de ratifier sa nomination. Elu quelque temps après sénateur par le Kentucky ; il tut appelé en 1841 au poste d’avocat général ; mais il donna sa démission lorsque Tyler arriva à la présidence des États-Unis et siégea de nouveau au Sénat. Il se prononça contre l’annexion du Texas, contre la guerre avec le Mexique. En 1848, il proposa d’envoyer des félicitations à la France qui venait de proclamer la république. À la même époque, il fut élu gouverneur du Kentucky et, peu après, nommé par Fillmore avocat général, poste qu’il conserva jusqu’en 1853. Au Sénat, où il siégea ensuite, il s’efforça, bien que contraire à l’esclavage, d’empêcher un conllit sur cette question entre les États du Sud et ceux du Nord, et il proposa, comme moyen . de conciliation, en 1860, de remettre en vigueur le compromis du Missouri, en vertu ! duquel il était interdit de s’immiscer dans les ’ affaires particulières d’un État. En 1861, il ’ renonça à la vie politique et retourna à ’ Francfort, où il eut la douleur, avant de mou- I rir, de voir commencer la grande lutte fratricide qui ensanglanta les États-Unis pen- ! dant plusieurs années. !

CRIC MÉTAPON, ancien cap de la Cher-Sonèse Taurique. Quelques géographes pen- I sent que c’est un des caps de la presqu’île au N. de laquelle s’élève Sébastopol. Il Cap de ’ l’Ile de Crète (Candie), aujourd’hui cap trio.

CRICS, gouverneur de Phryxus, d’après Diodore de Sicile. Il accompagna son élève en Colchide, y fut sacrifié aux dieux, et sa peau fut suspendue aux murs du temple. Tel est, suivant quelques auteurs, le fondement du mythe du bélier sur lequel Phryxus tra CROC

versa l’Hellespont. il Un des Titans, époux d’Eurybie et père d’Astréus, de Pallas et de Persée.

  • CROATIE, pays de l’Autriche-Hongrie ;

capitale, Agram. — En 1860, un parti se forma pour demander que la Croatie, l’Esclavonie et la Dalmatie constituassent un État particulier sous la souveraineté de l’empereur d’Autriche. Ce parti, dit « unioniste, n remporta à une faible majorité dans la diète réunie k Agram le 13 juillet 1861. Il avait à lutter contre le parti national autonome dont M. Strossmayer, évêque de Deakovar, était le chef. La diète refusa d’abord d’envoyer des députés au Reichsrath de Vienne, mais elle finit par y consentir à certaines conditions. En 1865, une députation formée de douze délégués fut envoyée à Pesth, avec mission de rechercher sur quelles bases une union étroite pourrait être contractée entre la Hongrie et la Croatie. Mais l’entente ne put se faire, et les délégués se retirèrent sans avoir obtenu aucun résultat. Cet échec eut une influence décisive sur l’attitude du parti unioniste ; dans sa séance du. 18 décembre 1866, la diète d’Agram adopta les trois propositions suivantes : l<> l’autonomie du royaume tri-unitaire doit être maintenue atout prix ; 2° le royaume tri-unitaire n’a ni droit, ni devoir, ni voie légale quelconque d’entrer dans la- diète hongroise ; 3° le royaume tri-unitaire est, en vertu de son droit public, engagé à se mettre en rapport direct avec la couronne relativement k son autonomie. Mais ce vote resta sans résultat, parce que le gouvernement de Vienne donnait alors toute son attention aux affaires de la Hongrie. À l’approche du couronnement de l’empereur François-Joseph k Pesth, le président du ministère autrichien, M. de Beitst, recommandaau ban de Croatie de s’entendre avec les Hongrois et de former avec eux un compromis politique. La diète d’Agram fut Convoquée et ouverte le 1er mai 1867 ; mais après de longs débats elle rejeta le projet d’union. Elle fut dissoute et le baron de Rauch fut nommé gouverneur de la Croatie. Des élections eurent lieu et une nouvelle diète s’assembla ie 9 janvier 1868. Elle montra, dès ses premières séances, un esprit de conciliation qui faisait présager qu’elle finirait par consentir à ce que le gouvernement attendait d’elle ; en effet, vers la fin de la même année 1868, l’union politique avec la Hongrie fut acceptée, et des députés croates furent nommés pour aller siéger au Parlement hongrois. Aujourd’hui, sur les 444 députés qui composent la Chambre hongroise, 34 représentent la Croatie et l’Esclavonie, et il existe un ministère spécial chargé de veiller aux intérêts de ces deux pays, qui comptent ensemble 1,846,150 habitants.

  • CROBYLB s. in. — Aigrette sur le cimier

d’un casque.

CROCALÉ, fille du dieu-fleuve Ismênus et nymphe de la suite de Diane.

CROCÉ-SPINELLI (Joseph-Eustache), aéronaute français, né à Montbazillac, près de Bergerac, en 1843, mort dans le ballon le Zénith, le 15 avril 1875. Il lit ses études au lycée Bonaparte, fut reçu bachelières lettres et es sciences et suivit les cours de l’École centrale de 1864 à 1867. Pendant la guerre de 1870-1871, il servit comme garde mobile dans le 22ie bataillon. M. Crocé-Spinelli avait inventé le vélocipède nautique et tes plans roulants électriques, lorsqu’il s’éprit de la navigation aérienne, qui devait lui être si fatale. Il fit quatre ascensions en ballon. Voulant faire tourner au profit de la science les ascensions aérostatiques et étudier la constitution chimique et physique de l’atmosphère, il lit avec M. Penaud, le 26 avril 1873, dans l’Étoile polaire, qui partit de l’usine à gaz de laVillette, un intéressant voyage aérien, pendant lequel ils s’élevèrent à une hauteur de 4,600 mètres et essayèrent des méthodes d’observation et des instruments. Le 22 mars 1S74, il fit avec Sivel une nouvelle ascension pendant laquelle les voyageurs atteignirent une hauteur de 7,300 mètres. Pour remédier à la raréfaction de l’air, ils respirèrent de l’oxygène pur ou mélangé de gaz azote. À cette grande élévation, leur pouls marquait cent quarante pulsations ; leurs faces étaient devenues très-rouges et leurs muqueuses presque noires ; la température s’était abaissée jusqu’à 240 au-dessous de zéro, bien que la sensation de froid ne fût pas très-vive. Pendant ce voyage, Crocé-Spinelli et Sivel firent plusieurs observations intéressantes au point de vue météorologique. Ce fut pour compléter ces observations que Crocé-Spinelli lit avec MM. Sivel et Tissundier, dans le ballon le Zénith, deux nouvelles ascensions, la première les 23 et 24 mars 1875, la seconde le 15 avril 1875. Dans ce dernier voyage, les trois aéronautes atteignirent une hauteur de 8,000 mètres. Crocé-Spinelli tomba asphyxié, ainsi que Sivel ; M. Tissandier s’évanouit. Quant il revint à lui, à 6,000 mètres, il trouva ses compagnons privés de sentiment. Quelque temps après, à quatre heures (tu soir, il jetait l’ancre au Nérault, commune de Ciron, près du Blanc (Indre), et constatait j que ses compagnons étaient morts. Les obsèques de Crocé-Spinelli et de Sivel eurent lieu au milieu d’une affluence considérable. : Une souscription publique, ouverte en faveur des familles de Crocé et de Sivel, produisit I

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une somme de 91,943 francs 75 centimes, sur laquelle on préleva une somme pour constituer au père de Crocé-Spinelli une rente viagère de 2,500 francs.

CROCÉTINB s. f. (kro-sé-ti-ne — rad. crocine). Chim. Produit obtenu par le dédoublement de la crocine.

  • CROCHE s. f. — Perche ou grappin de

bois qui sert k maintenir les-claies d’un parc à bestiaux, en Normandie.

  • CROCHER (SE) v, pr.— Devenir crochu.
  • CROCINE s. f. — Encycl. La crocine prend

naissance lorsqu’on saponifie au moyen des acides étendus la polychroïte ou matière colorante du safran. La crocine, ainsi que la polychroïte dont elle dérive, est étudiée et décrite au mot safran, au tome XIV du Grand Dictionnaire.

On appelle aussi crocine la matière colorante des baies jaunes de la gardénie ou gardénia grandiflora. Pour l’obtenir, on écrase les baies et on les fait bouillir avec de l’alcool. On exprime, on filtre et on distille ; puis le résidu est étendu d’eau, additionné d’hydrate d’alumine et abandonné pendant plusieurs jours. On filtre, on précipite par le sous-acétate do plomb. On lave le précipité et on le décompose par le gaz sulfhydrique. Après une suite d’opérations du même genre, on obtient, comme produit sec, une poudre d’un beau rouge, soluble dans l’eau et dans l’alcool. La solution aqueuse, étendue et bouillie avec les acides sulfurique etchlorhydiique faibles, donne un-sucra incristallisable et de la crocétine, qui se dépose si les liqueurs ne sont pas trop diluées :

ïCaH«OlS + 5H*G Crocine.

= C3W60U -f gC^HSK) !*.

’ Crocétine. Sucre.

CROCKETT (James), célèbre dompteur an ■ glais, né en 1820, mort à Cincinnati en 1865. Il apprit la musique, devint un habile corniste et fut attaché à un orchestre de Londres. Ayant appris que la contre-basse produisait un grand effet sur les lions, il entreprit d’expérimenter si le cor aurait sur eux la même influence et fit des essais, qui restèrent infructueux, sur les lions du Jardin zoologique. Crockett continua pendant quelque temps son état de musicien, puis il eut l’idée de se faire dompteur. Pendant un certain temps, on n’entendit plus parler de lui. Un beau jour, il se montra en public avec des lions qu’il était parvenu à apprivoiser. En 1863, il se rendit à Paris avec six lions et lionnes et donna au cirque Napoléon, puis au cirque de l’Impératrice des séances qui attirèrent la foule. Très-grand, portant toute sa barbe, il entrait dans la cage où étaient enfermés ses animaux, s’étendait sur eux, les faisait passer dans des cerceaux, leur tirait des coups de pistolet, mettait sa tête entre leurs mâchoires, etc. Il ne se tira pas toujours sain et sauf de ces exercices dangereux’, bien qu’il parût inspirer à ses lions un grand effroi. En 1864, il quitta Paris pour retourner en Angleterre. L’année suivante, Crockett se rendit aux États-Unis. Il allait donner à Cincinnati une représentation lorsqu’il mourut subitement le 6 juillet 1805. On a publié sous son nom : Mémoires de Crockett, suivis de la recette pour dompter les lions (Paris, 1863, in-16).

CROCON, époux de Sésara et père de Méganire, femme d’Arcas, aux temps héroïques.

  • CROCQ, bourg de France (Creuse), ch.-l.

de cant., arrond. et à 23 kilom. S.-E. d’Aubusson ; pop. aggl., 699 hab. — pop. lot., 1,020 hab. C’est là que commença, en 1592, l’insurrection des Croquants. Aux environs, dolmen appelé la Pierre-Levée..

CROCDS, amant de Smilax. Il fut metamorphosé en pied do safran par les dieux, certains auteurs disent par Mercure, qui l’avait tué par inégarde eu jouant au disque.

CRODO, idole des anciens Saxons, citée souvent avec Irminsul.

Croisade des du mon (la), opéra-comiquo en un acte, paroles françaises de M. Victor Wilder, musique de Franz Schubert ; représenté pour la première fuis k Paris, sur le théâtre des Fantaisies-Parisiennes, le 3 février 1868. Ce ne sera pas un des moindres titres de M. Martinet au souvenir des amis des arts que d’avoir fait représenter pour la première fois en France ce petit chef-d’œuvre de l’auteur du Roi des Aunes. La Croisade des dames a porté originairement le titre de la Guerre domestique ou les Conjurés. Le sujet a pu être suggéré par la pièce d’Aristophane, intitulée : Lysistratu ; mais on n’y remarque aucune trace des obscénités qui rendent illisible la comédie de l’auteur grec. De braves chevaliers reviennent de la croisade. Les châtelaines, irritées par la longue absence de leurs maris, complotent de se venger en les déconcertant par la froideur de leur accueil ; mais plusieurs des conjurées trahissent en secret leur serinent, et la réconciliation devient bientôt générale. L’ouverture, quoique peu développée, est une page magistrale. Schubert esc, à notre avis, supérieur à la plup : iri. des compositeurs allemands dans l’art d’écrire pour les voix. Les chœurs, dans ce petit opéra, ont une sonorité magnifique. Belle harmonie au service d’idées originales,

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des formes variées d’accompagnemen’t, un sentiment poétique et toujours conforme aux règles du goût le plus pur, telles sont les qualités maîtresses de François Schubert. On les retrouve toutes dans ce petit opéra. Nous recommandons aux amateurs, dans l’édition française publiée par M. Gérard, la lecture du délicieux lieder : Jlêlas ! verrai-je encore, du morceau d’ensemble : Seigneur, dans vos domaines, l’ariette du baron Thrasybule : Pour toi, j’ai souffert^ et le finale. Cet ouvrage a été chante par MM. Geraizer, Laurent, Masson, Guyard, Mmes Decroix, Arnaud, Vois et Deneux.

  • CROISIC (le), ville maritime de France

(Loire-Inférieure), ch.-l. de cant., arrond. et à 27 kiiom. de Saint-Nazaire, à l’extrémité occidentale de la presqu’île de Batz ; pop. aggl., 2,129 hab. — pop. tôt., 3,344 hab. L’heureuse situation de cette ville attire chaque année un grand nombre de baigneurs et d touristes.

CROISIER s. m. (kroi-zié). Chanoine de Sainte-Croix.

CROISILLE (la), bourg de Franco (Haulo-Vieune), cant. et à il kilom. de Cliàteau-neuf, arrond. et à 44 kilom. de L ; moges ; pop. aggl., 203 hab. — pop. tôt., 2,030 hab.

  • CROISILLES, bourg de France (Pas-de-Calais),

ch.-l. de cant., arrond. et il 13 kilom. S.-E. d’Arias ; pop. aggl., 1,561 hab.pop. tôt., 1,580 hab. Fabrique de sucre.

  • CROISILLON s. m, — Garde d’épée ancienne.

CROIX, bourg de France (.Nord), cant. et à 3 kilom. de Roubaix, arrond. et à 8 kilom. de Lille : pop. aggl., 1,619 hab. — pop. tôt., 4,204 hab.

  • CROIX (SAINTE-), bourg de Franco

(Ariêge), ch.-l. de cant., arrond. et k 11 kilom. N. de Saint-Girons, sur la rive droite du Volp ; pop. aggl., 425 hab. — pop. tôt., 1,698 hab. Importantes carrières de pierres calcaires.

  • CROIX-AUX-MINES (SAINTE-), ancienne

ville de France (Haut-Rhin). Cédée k l’Allemagne par le traité de Francfort du 10 niai 1871, elle fait aujourd’hui partie de l’Alsace-Lorraine (cercle de Ribeauvillé) ; 8,810 hab.

Croix (filles de la), congrégation religieuse fondée en 1806 par Élisabeth Bichier des Ages, qui consacra une brillante fortuno à l’établissement et k la prospérité de ce nouvel ordre, dont le besoin ne se faisait nullement sentir au sein de cette génération qui avait fait triompher les impérissables principes de la Révolution. La femme dévouée qui échangea ses titres nobiliaires contre l’humble nom de sœur Elisabeth, fille de la Croix, mit son œuvre sous la protection et la direction d’un vicaire général de Poitiers, André-Hubert Fournet, qui plaça lui-même le nouvel institut sous l’invocation de saint André ; c’est pourquoi les filles de la Croix sont communément appelées sœurs de Saint-[ André. Cette congrégation fut autorisée par j une ordonnance royale du 28 mai 1826 et

! approuvée par un bref du pape en date du

’ 29 juillet 1867. Elle jouit donc de la double investiture légale et canonique.

L’ordre des Filles de la Croix fit de rapides progrès, et dès 1836 il se divisait en plusieurs provinces, dont les chefs-lieux, qui relèvent tous de la maison mère de La Puye, sont fixés à Paris (rue de Sèvres, 90), à Igon et à Ustaritz, dans les Basses-Pyrénées, enfin à Coj lomiers, dans la Haute-Garonne. La princi-I pale maison est celle de La Puye, misérable | village enfoui au fond d’un trou du Poitou ; ou y arrive par Châtellerault ou par Poitiers. Malheur à 1 imprudent qui s’aventurerait par la première route 1 il aurait à traverser un véritable désert de 28 kilom. de longueur ou de largeur, comme on voudra le prendre, aride, inculte, semé et hérissé de bruyères, et où les maisons hospitalières sont rares, attendu qu’il n’y en a d aucune sorte, si nous en exceptons- un petit village que l’on croirait accroché par un gros clou au flanc d’une eoliine qui semble vouloir barrer la route, à 12 kilom. de Châtellerault. Le principal noviciat est k La Puye (que le Dictionnaire des communes écrit Lappiue) ; deux autres sont établis dans les maisons provinciales d’Igon et d’Ustaritz. L’institut compte aujourd’hui environ 3,000 religieuses, réparties dans 370 établissements, dont 360 en France, 5 en Espagne et 5 en Italie. Les filles de la Croix se consacrent à l’enseignement, soit dans des écoles gratuites, soit dans des pensionnats payants ; elles assistent aussi les malades pauvres à domicile. Elles font cinq sortes de vœux : obéissance, humilité, chasteté, etc. ; vœux qui se renouvellent annuellement pendant cinq ans, à l’expiration desquels elles prononcent des vœux perpétuels. La supérieure générale réside à Lit Puye, quand elle n’est pas ailleurs, car les intérêts de sa congrégation l’obligent à d’inees—unts voyages qui effrayeraient le Juif errant. Il est vrai que celui-ci n’a pas eu, pendant plus de dix-huit cents ans, la ressource des chemins de fer et ne pouvait pas annoncer son arrivée par le télégraphe aux bons bourgeois de Bruxelles, en Brabant.

La règle à laquelle obéissent aveuglément les filles de la Croix est des plus sévères et bien faite pour décourager toute jeune tillo (nous allions dire toute hallucinée) qui ne