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chistes. Cette démarche lui valut l’honneur d’être suspendu, pendant deux mois, de ses fonctions de maire par M. Beulé, ministre du gouvernement de combat. Lors des élections sénatoriales du 30 janvier 1873, les républicains du Pas-de-Calais le choisirent pour un de leurs candidats. Dans sa profession de foi, il déclara qu’il était convaincu que la République conservatrice, devenue la loi du pays, était seule capabte d’assurer la paix à l’extérieur et la prospérité à l’intérieur et que, dans le cas de révision de la constitution, il voterait le maintien de la forme républicaine, avec les modifications jugées nécessaires pour la consolider et l’améliorer. Seul des quatre candidats républicains, il fut élu sénateur par 521 voix. Il alla siéger dans les rangs de la gauche républicaine et appuya de son vote les lois adoptées par la majorité de la Chambre des députés. Après le 16 mai 1877, il s’associa à la protestation des gauches du Sénatcontre la politique de combat que recommençait le maréchal de Mac-Mahon. Le 22 juin, il vota contre la dissolution de la Chambre des députés, et, le 19 novembre suivant, il se prononça contre l’ordre du jour Kerdrel, ayant pour objet de blâmer l’enquête parlementaire ordonnée par la Chambre.

  • HUGUIER (Pierre-Charles), chirurgien français. — Il est mort à Paris le 18 janvier 1873. Huguier avait été nommé officier de la Légion d’honneur en 1868. Le dernier de ses ouvrages est intitulé : Considérations anatomiques et physiologiques pour servir à la chirurgie du pouce (1873, in-8°).

HUI adv. (ui). Se disait pour aujourd’hui dans le vieux langage et en style de pratique.

  • HUILE s. f. — Encycl. On a fait grand bruit, dans ces derniers temps, de l’action de l’huile sur les vagues de la mer. Nous croyons devoir en dire quelques mots. Un journal de Bombay a raconté, avec le plus grand sérieux, qu’un commandantde navire avait arraché son bâtiment au naufrage en jetant de l’huile dans la mer au plus fort de la tempête. C’est une opinion dont on retrouve les traces dans quelques auteurs latins, que l’huile aurait le pouvoir de calmer les flots et d’obliger les plus grandes vagues à s’allonger

et à perdre ainsi de leur violence. M. Henri de Parville a publié, à ce sujet, dans le Bulletin français, un article très-intéressant, que nous ne pouvons mieux faire que de résumer. D’après lui, et nous sommes complètement de cet avis, une pareille influence de l’huile serait tout à fait inexplicable. Aucun physicien ou mécanicien n’admettra facilement qu’une mince couche d’huile répandue sur la mer en fureur puisse éteindre la force vive des flots et anéantir une aussi grande quantité de mouvement que celle dont est animée la vague de l’Océan. On sait bien qu’il se forme une sorte d’émulsion qui peut produire un effet superficiel et absorber un peu de force vive ; mais de cette action très-petite à un apaisement brusque du flot, il y a une distance incommensurable.

Une petite vague d’eau, ayant peu de masse et peu de vitesse, peut être modifiée par un peu l’huile ; mais ces vagues énormes de 8 à 10 mètres de hauteur, roulant des tonnes d’eau, comment leur gigantesque puissance mécanique pourrait-elle être altérée, diminuée, sinon anéantie, par quelques kilogrammes l’huile ?Nous répetons donc que, s’il y a du vrai dans le phénomène, il a été tellement exagéré, qu’on a fini par en dénaturer la véritable portée. Telle est du moins la conclusion qui se déduit naturellement des considérations théoriques les plus élémentaires.

Néanmoins, voici un fait caractéristique qui semble être bien établi. Les Provençaux sont très-friands d’oursins. Ces animaux se tiennent au fond de l’eau. Quand le temps est calme, on voit, dans toutes les rades de la côte, de petites barques portant un ou deux hommes qui, armés d une longue perche fendue par le bout, se livrent à la pêche des oursins. Pour les saisir avec l’extrémité de ces roseaux, il faut l’habileté d’une main exercée ; mais il faut aussi que la surface de l’eau soit parfaitement limpide, pour permettre de voir jusqu’au fond de l’eau, profonde souvent de plusieurs mètres.

Or, il arrive souvent que, malgré le calme, la surface de la mer se couvre de rides légères, qui empêchent le regard de pénétrer dans l’eau. Chaque barque porte une petite bouteille pleine l’huile, destinée à tourner la difficulté.

Dès que l’eau se ride, le pêcheur saisit un petit pinceau qui plonge dans la bouteille et asperge la mer tout autour de lui. À l’instant même, les vagues minuscules s’aplanissent, et l’eau reprend l’aspect d’une glace sur plusieurs mètres de circonférence. L’effet produit par ces quelques gouttes d’huile est connu sur toutes les côtes de la Méditerranée.

Théoriquement, ce fait n’est peut-être pas impossible à expliquer. On conçoit très-bien que de petites gouttelettes d’huile, en suspension dans l’eau et non mouillées par l’eau, constituent autant d’obstacles a la propagation de l’onde liquide. La petite vague rencontre sur son chemin ces sphéroïdes de graisse, se brise, se coupe, et la surface liquide s’aplanit. Ou crée ainsi des défenses artificielles contre la propagation de l’onde liquide. Quant au phénomène de grosses vagues, déferlant sur les rochers, apaisées par une tonne d’huile, nous le répétons, l’explication nous en parait impossible, et non-seulement l’explication, mais le phénomène lui-même. Assurément, en raison de la grande quantité d’huile jetée à la mer dans un espace circonscrit, on peut concevoir à la rigueur que cette masse s’émulsionnant ait brisé l’effort du flot pendant quelques instants. La couche d’huile elle-même, faisant pression, aplanit un peu l’ondulation ; la force vive des vagues venant du large a pu être atténuée ; mais l’effet ne saurait être qu’extrêmement momentané, en mettant les choses au mieux.

Dès lors, en pratique et loin des côtes, quelle action sérieuse un peu d’huile exercera-t-elle sur la masse énorme des vagues ? Quel obstacle opposera à la propagation de l’ondulation une aspersion d’huile ? Quelle est la masse de d’huile jetée à la mer par rapport à la masse de la vague ? C’est presque zéro. L’obstacle a la propagation est à peu près nul, eu égard à la puissance d’une forte vague. Donc, encore une fois, on ne saurait s’expliquer mécaniquement l’action d’une aspersion d’huile sur les vagues en fureur.

On se souvient de l’histoire de l’œuf. Je crains, dit M. Henri de Parville, qu’elle ne s’applique au cas actuel. « Vous qui savez tout, dit-on un jour à un érudit naïf, expliquez-nous donc comment il se fait que l’on puisse main tenir un œuf debout sur sa pointe? » Et l’érudit chercha longtemps une explication plausible. Il ne la trouva pas ; il avait oublié de commencer par le commencement, c’est-à-dire de vérifier d’abord si le fait était possible en laissant intacte la forme de l’œuf. Ne l’imitons pas, et avant de chercher une explication rationnelle à l’action toule-puissante de l’huile sur la mer, assurons-nous d’abord que cette action est bien réelle. Il ne sera pas difficile au premier curieux venu, amateur de canotage, de faire disparaître toute incertitude à cet égard, au moyen d’une expérience décisive.

HUILEUSE S. f. (ui-leu-ze — rad. huile). Machine à faire de l’huile.

  • HUILLARD-BRÉHOLLES (Jean-Louis-Alphonse), historien français. — Il est mort

à Paris en 1871. Il était chef de section aux Archives nationales, membre du Comité des sociétés savantes, et il avait été appelé, en 1869, à faire partie de l’Académie des inscriptions. Outre les ouvrages que nous avons cités, on lui doit : Chronicon placentinum et chronicum de rebus in Italia gestis (1856, in-4°) ; Vie et correspondance de Pierre de la Vigne (1864, in-8") : Titres de la maison ducale de Bourbon (1866, in-4°) ; le Duc de Luynes, membre de l’Institut (1868, in-8°) ; l’Irlande, son origine, etc. (1867, in-s°), avec Chavannes ; Analyse d’un mémoire sur l’état politique de l’Italie (1871, in-8°).

HUISSERIE s. f. (ui-se-rî — rad. huis). Toutes les pièces de bois qui forment une porte ou qui en dépendent.

  • HUÎTRE s. f. — Encycl. L’ostréiculture

a fait de grands progrès en France depuis une dizaine d’années. Les besoins de l’alimentation et la cherté des huîtres, provenant surtout alors du dépeuplement des bancs en exploitation, indiquaient, en effet, qu’il fallait aviser, si l’on ne voulait priver les gourmets d’un mollusque auquel ils tiennent, avec raison, et les nombreuses populations du littoral d’une industrie qui les fait vivre. Nous avons parlé, au tome IX du Grand Dictionnaire, des essais tentés par M. Coste pour la culture artificielle des huîtres, et de ses succès. Les procédés recommandés par lui se sont beaucoup propagés. On y a apporté des modifications heureuses, et, aujourd’hui, l’exploitation des bancs naturels ne fournit plus qu’une partie des huîtres livrées à la consommation ; un très-grand nombre provient des vastes établissements de Brest, de Quimper, d’Auray, d’Arcachon, etc., où on se livre en grand à la culture artificielle du précieux mollusque.

Une des causes du dépeuplement des bancs naturels est que le naissain s’attache aux coquilles des huîtres mères, et qu’en pêchant celles-ci pour les livrer à la consommation, on se trouve détruire jusqu’à vingt ou vingt-cinq individus jeunes qui n’auraient pas demandé mieux que de grandir. Le naissain, abandonné à lui-même, a, de plus, à lutter contre une foule d’accidents et d’intempéries qui font que, parmi les milliers d’embryons produits par les huîtres, un très-petit nombre parvient à l’âge adulte. La culture artificielle les soustrait aux intempéries et à la plupart des accidents ; mais on a aussi eu recours au repeuplement des bancs naturels, et même à leur reconstitution complète. Ainsi, à Vannes, où les bancs étaient totalement épuisés depuis plus de quinze ans, on a transporté, en 1874, 130 000 huîtres mères, recouvertes d’un nombre considérable de jeunes sujets attachés aux coquilles, et plusieurs bancs très-productifs sont, dès maintenant, en exploitation.

D’importantes améliorations ont été introduites dans la manière de recueillir le naissain, soit sur les bancs naturels, soit dans des viviers, où sont renfermées des huîtres mères. L’ancien procédé, qui consistait à déposer des fascines au fond de la mer, est presque partout abandonné ; il a fait place à un autre, que nous avons signalé comme donnant de bons résultats, et destiné à se propager déjà partout. Il consiste dans l’emploi des tuiles disposées symétriquement sur un plancher de lattes, et auxquelles le naissain s’attache très-facilement. Dans les grands parcs d’Auray, de la Trinité et d’Arcachon, aménagés spécialement pour le captage du naissain, on immerge de 500 000 à 1 million de briques, et sur chacune d’elles se fixent de vingt à trente jeunes huîtres. Ce procédé était imparfait, en ce qu’il est difficile de détacher je naissain, dont la coquille est très-fragile ; il fallait, ou casser la brique en autant de fragments qu’il y avait de jeunes huîtres fixées sur elle, ce qui est très-favorable au développement du jeune sujet laissé ainsi en possession d’un lest propre à le maintenir en repos au fond des viviers où on le transporte, mais ce qui est très-coûteux, puisqu’il faut chaque année renouveler les briques ; ou bien s’exposer à perdre une certaine quantité de naissain dont la coquille se brisait dans l’opération du détroquageou décollement. On eut d’abord l’idée de recouvrir les briques de papier et d’une mince couche de ciment romain ; le détroquage s’exécuta alors facilement. On imagina ensuite de plonger les briques dans de la chaux hydraulique ; elles en sortent recouvertes, sur chaque face, d’une couche de 5 millimètres d’épaisseur, qu’on laisse sécher, puis la brique est soumise à un nouveau bain de chaux, soit pure, soit mélangée avec des cendres ou. des poussières de charbon de bois*. Ces couches de chaux et de matières diverses sont assez adhérentes pour résister aux mouvements des flots, et se détachent très-aisément, avec le naissain, dans l’opération du détroquage. C’est ce dernier procédé qui est maintenant le plus usité.

Les meilleurs fonds pour ce genre d’exploitation sont les fonds formés de terre

bourbeuse, recouverte d’une légère couche de sable et de débris de coquillages. Le naissain semble les rechercher de préférence. Les briques, disposées sur les bancs pendant l’été, sont enlevées soit au commencement de l’hiver, soit au mois d’avril de l’année suivante, et transportées aux ateliers pour le détroquage. 500 000 briques donnent environ 12 millions de jeunes huîtres, et la manipulation demande une centaine d’ouvriers exercés, opérant du mois d’avril au milieu du mots de juin. L’opération est, d’ailleurs, des plus simples ; il suffit de pratiquer quelques incisions dans la chaux autour du mollusque, et de le détacher avec une mince lame de couteau, de façon qu’un léger fragment de chaux reste adhérent à la coquille. La dextérité des ouvriers consiste à faire très-vite cette besogne, simple par elle-même. Une fois détachées, les jeunes huîtres sont provisoirement déposées dans un bassin, pour être ensuite transportées dans un endroit favorable à leur développement. Les établissements d’Auray, de la Trinité et d’Arcachon, aménagés surtout en vue de la production ou plutôt du captage du naissain, n’élèvent qu’un petit nombre d’Autres adultes, comparé à la quantité de naissain qu’ils recueillent ; le reste est’expédié à divers établissements du littoral de la Manche, dont la spécialité est l’engraissement et l’éducation de l’huître. Quand on parle de la provenance des huîtres et des qualités qui différencient celles dételles ou telles localités, on commet une légère erreur ; le naissain est le même partout, et sa provenance originaire n’importe en rien. Mais certaines localités sont plus aptes que d’autres à, l’engraissement, et surtout au verdissement du mollusque ; il acquiert, par exemple, dans les parcs de Marennes et de Courseulles, outre ses qualités comestibles, diverses autres qualités, telles que la légèreté et la transparence de la coquille et une jolie couleur verte, estimée des amateurs.

Le naissain, élevé soit dans les lieux de production, soit dans les parcs du littoral où il a été transporté, commence à croître rapidement à partir du détroquage. Quand l’été a été favorable à son développement, il obtient, d’avril à octobre, un diamètre de 5 à 9 centimètres. Les plus grosses huîtres de la récolte peuvent être livrées a la consommation au courant de l’hiver suivant ; celles qui ont le moins profité sont gardées en réserve pour l’autre année. Ainsi, deux ans suffisent à peu près pour la production et l’élève de l’huître. Pour ne pas être induit en erreur, on passe au crible toutes les huîtres, et on les place, suivant leur taille, sur les bancs d’engraissement ; les plus petites séjournent dans des bassins séparés, jusqu’à ce qu’elles aient acquis le développement nécessaire. Les briques dont le naissain a été détaché sont soigneusement grattées, puis replongées dans le bain de chaux, pour servir à une nouvelle récolte.

Les établissements modèles où l’on se livra spécialement à cette industrie sont ceux d’Auray et de la Trinité. Le principal siège de l’exploitation d’Auray est au lieu dit le Rocher. La concession comprend des parcs de reproduction et quelques claires d’élevage. Les parcs sont établis sur un fond de vase de 3 à 4 mètres d’épaisseur ; les collecteurs se composent d’un bouquet de dix tuiles croisées, superposées deux par deux, et suspendues à un piquet de 2 mètres de hauteur ; un plateau cloué à 30 centimètres au-dessous des tuiles empêche l’appareil de s’enfoncer dans la vase. Sur les fonds plus consistants, on utilise les ruches ordinaires, ou même on se contente de placer les tuiles les unes au-dessus des autres, sur des traverses en bois ; on se sert aussi quelquefois de simples planchers collecteurs. Les collecteurs, briques ou planchers, sont enduits de chaux avant leur immersion. À l’établissement d’Auray, le premier enduit est composé de chaux hydraulique et de vase délayées dans de l’eau de mer ; le second enduit s’opère dans une cuve où il n’y a que de la chaux hydraulique et de l’eau de mer. L’immersion a lieu au mois de juin ; les planchers collecteurs sont retirés, pour le détroquage, au mois de novembre ou de décembre ; on ne retire les tuiles qu’au mois d’avril de l’année suivante. Le naissain est alors porté dans les claires d’élevage ou expédié aux parcs d’engraissement. Les procédés sont les mêmes à la Trinité et à Arcachon.

Les établissements où l’on s’occupe de l’élève, de l’engraissement, du verdissement et de l’éducation de l’huître étaient fort peu nombreux il y a-une douzaine d’années ; aujourd’hui, leur énumération complète serait fort longue. Non-seulement on en compte beaucoup, mais ils sont tous en voie de prospérité. Les principaux sont ceux de Brest, de Belon, près de Quimper, de Lorient, de Brenéguy, de Vannes, de Sarzeau, dans le golfe du Morbihan ; de Saint-Vaast-de-la-Hougue, de Granville, de Régneville, de Cancale, de Courseulles-sur-mer, de Grand-Cump, de Marennes, de Fossemort, près de Saint-Malo, et des Sables-d’Olonne. Nous emprunterons à un excellent rapport de M. G. Bouchon-Brandely, secrétaire du Collège de France, d’intéressants détails sur quelques-uns de ces établissements, qui, d’ailleurs, se ressemblent tous et ne différent que par l’étendue de la concession et l’importance de la culture.

L’établissement de Brenéguy, près de la rivière d’Auray, occupe une superficie de 45 hectares, dans le bassin de Brenéguy. lînclos dans la côte, séparé de la mer, à l’occident, par une digue-*naturelle insubmersible, il communique avec l’Océan par l’anse Kerlud. Une autre digue de 145 mètres, en terre et en maçonnerie, pourvue de deux écluses en bief, ferme le bassin, le protège contre les tempêtes et y maintient le niveau des eaux de la pleine mer. Ce vaste étang contient 900,000 mètres cubes d’eau, et sa profondeur varie entre I mètre et 3 mètres. Les écluses ne sont ouvertes qu’aux grandes marées, et, par conséquent, l’eau n’est renouvelée que deux fois par mois. On ne s’occupe, dans cet établissement, que de l’élève et de l’engraissement des huîtres ; le naissain y est apporté des établissements d’Auray ou de la Tiïnité. Il séjourne d’abord dans les bassins, enfermé dans des caisses métalliques, tant qu’il n’a pas acquis une certaine dimension. Quand sa coquille est assez résistante pour défier les pinces des crabes, il est étalé sur le fond des bassins. U huître grandit et grossit très-rapidement dans le bassin de Brenéguy, mais elle n’acquiert pas une aussi belle coloration qu’à Marennes. Cet établissement livre, par an, 2 millions i’huitres à la consommation.

Les concessions huîlrières de Saint-Vaastde-la-Hougue, établies, comme les précédentes, sur un sol vaso-argileux, comprennent des dépôts ou étalages et des parcs. Les premiers, au nombre de quarante-huit, occupent une superficie de 48 hectares et demi, ets’étendent sur la partie de la plage appelée la Couleige ; ils sont réservés aux jeunes huîtres qui doivent croître avant de devenir marchandes. Les seconds, affectés à la conservation des huîtres comestibles, sont situés dans la Toquaise, et se trouvent, pour la plupart, garantis de la mer par la petite lie de Tatihou ; ils sont au nombre de cent trente-sept, sur une surface de 39 hectares et demi. Les dépôts ou étalages no découvrent qu’aux grandes marées ; ils sont bordés par des murs en pierres sèches, de 15 à 25 centimètres de hauteur ; les parcs sont enclos de murailles, également en pierres sèches, de 75 centimètres à 1 mètre de hauteur, et d’une épaisseur de 2 à 3 mètres. À l’approche de l’hiver, et après que les petites huîtres des dépôts ont été. transférées dans les parcs pour y être abritées des rigueurs de la saison froide, on pile une couche de terre glaise mêlée à de la paille dans l’épaisseur des murs, afin de pouvoir retenir dans le compartiment l’eau & marée basse. La nappe d’eau dont les élèves sont couverts les isole du froid extérieur et des gelées. Deux fois par an, on nettoie les parcs ; il importe, en effet, de les débarrasser des vases et des herbes marines, très-contraires à la bonne santé des huîtres. Celles dont l’élevage réussit le mieux à Saint-Vaast proviennent des bancs de Cancale et de Dives ; elles sont apportées, déjà assez grosses, par les pêcheurs ; cependant, le naissain acheté à Auray ou Arcachon donne aussi d’assez bons résultats. Les éleveurs de Saint-Vaast estiment que le parcage du mollusque ne doit pas se prolonger au delà de deux ans. La première année, il croit de 3 à 4 centimètres environ ; pendant la seconde année, il croit fort peu, mais il épaissit et engraisse. Les procédés consistent principalement à nettoyer et à déplacer fréquemment le coquillage, pour l’empêcher de s’envaser ou