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xvie siècle, alors qu’on no connaissait pas le détroit de Bering, elle fut soutenue au xvme siècle par Buffon. M. de Quatrefages, dan3 l’Espèce humaine, s’exprime de la munière suivante : ■ Le voisinage des deux continents au détroit de Berin ?, l’existence dans ce passage des îles Saint-Diomède, dont la principale est placée presque exactement entre les deux terres opposées ; la chaîne formée du Kamtchatka & la presqu’île d’Aliaska par les lies Aléoutiennes ; les habitudes maritimes de toutes ces populations ; la présence sur les deux rivages opposés de populations Tchouktchis ; les voyages qu’elles font d’un continent a. l’autre pour de simples affaires de commerce, ne peuvent laisser de doute sur les facilités offertes aux races asiatiques pour passer dans l’Amérique du Nord par les régions boréales. Plus au S., le Kouro-Sivo ouvre une large route aux navigateurs. Ce courant a fréquemment jeté sur les côtes de la Californie des corps flottants, des jonques désemparées. Des faits de cette nature ont eu lieu de nos jours. Il est impossible qu’ils ne se soient pas produits avant les découvertes européennes. De tout temps, les populations asiatiques maritimes ont dû être amenées en Amérique de tous les points que baigne le fleuve Noir. Le courant équatorial de l’Atlantique ouvre une route pareille conduisant d’Afrique en Amérique, et quelques faits plus rares, il est vrai, montrent que des épaves ont suivi cette voie : l’homme a donc pu lui aussi être entraîné dans cette direction. • D’autre part Tylor, considérant que les équidés appartiennent encore plus au nouveau continent qu’à l’ancien, fait observer qu’il y avait certainement une connexion terrestre entre l’Amérique et l’Asie, à l’usage des chevaux dont les débris se trouvent k l’état fossile dans le sol du nouveau continent et qui sont zoologiquement liés aux races de chevaux postérieurement ramenés d’Europe en Amérique. Le renne, de même, a pu passer de l’ancien continent dans le nouveau à l’époque pliocène, et le chameau a, sans doute, suivi la route inverse. Enfin, pendant la période quaternaire, surtout aux époques chelléenne et moustérienne, il y a eu jonction entre l’Europe et l’Amérique du Nord (Mortillet, le Préhistorique).

Il n’y a donc pas lieu d’être surpris lorsque l’on rencontre dans le nouveau monde des représentants de races qui semblent appartenir originairement à l’ancien continent. Le docteur Pickering a remarqué, par exemple, que tes tribus californiennes ont le même aspect que les Japonais. Les Botocudos du Brésil ont au plus haut point le type mogol. L’abbé Brasseur de Bourbourg se croyait entouré d’Arabes quand il avait autour de lui des Indiens de Rabinal : ils en avaient, dit-il, le teint, les traits, la barbe. M. de Quatrefages admet, après de Guignes, que les Chinois ont connu, exploité et colonisé diverses parties de l’Amérique bien avant les Européens. Ce que l’on peut conclure de tout cela, c’est que le continent américain est peuplé par des races variées, et non par une race unique, comme le veulent Morton et Agassiz, et d’Orbigny avait raison de dire que, s’il existe un homme américain se distinguant par certains caractères combinés des habitants des autres parties du monde, il y a aussi des races américaines bien tranchées. Il est, en outre, prudent, tout en tenant compte des éléments d’immigration, d’admettre pour l’instant que ces races se sont développées dans les vastes territoires où on les a rencontrées pour la première fois.

■ Le seul caractère vraiment commun à toutes, dit Girard de Rialle, semble être la nature du système pileux, assez rare à la face et sur le reste du corps, mais bien développé sur le crâne. Les cheveux sont en efFet.en Amérique, uniformément noirs, longs, rudes, épais et lisses. Le nez, toujours convexe, est presque universellement accentué et plus ou moins puissant ; toutefois, il est tantôt étroit, tantôt large à la base suivant les types. La peau varie, en tant que coloration, du rouge cuivre, comme chez certains sauvages de l’Amérique du Nord, au brun olivâtre, comme chez les Péruviens, et même au noir, comme chez les Charmas (aujourd’hui disparus), de l’Uruguay, les Caraïbes noirs et quelques indigènes de la Californie. La taille n’est pas plus constante : gigantesque en Patagonie, assez grande chez les Peaux-Rouges, elle descend au-dessous de la

moyenne chez les Péruviens et dans certaines tribus de la Colombie britannique. Enfin, le crâne affecte toutes les formes : il est dolichocéphale ici et là, mésaticéphale ailleurs, bracbycéphale autre part. » La coupe transversale du cheveu, vu au microscope, dessine chez l’Européen une ellipse et chez le nègre une ellipse allongée : chez l’Américain, au contraire, les cheveux ont une section ronde, comme ceux des Mongols. M. Bertillon, frappé de ce caractère anatomique, dit qu’il justifie bien l’opinion de ceux qui voient dans les Américains indigènes « des Asiatiques modifiés sous l’influence des milieux et des mélanges avec des races autochtones aujourd’hui disparues ».

Avant de passer en revue les groupes ethnographiques du nouveau continent, il importe, en effet, de dire quelques mots de l’homme préhistorique américain, c’est-à-dire

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de ces races autochtones auxquelles fait allusion le docteur Bertillon.

L’homme tertiaire a peut-être vécu en Californie et dans la région de la Plata, mais le fait a grand besoin d’être confirmé. Quant à l’homme quaternaire, on a trouvé de nombreuses preuves de son existence au Brésil, à Natchez, dans la Floride, à la Nouvelle-Orléans, en Californie, dans la république Argentine, Au delà de l’époque quaternaire, on ne peut que difficilement déterminer les monuments contemporains de notre période néolithique. On doit cependant mentionner avec certitude les chullpas, les sambaquis et les mounds.

Les chullpas du Pérou et de la Bolivie sont « des cryptes funéraires analogues aux nouragues de Sardaigne (v. le mot chullpa, au tome IV du Grand Dictionnaire). Les sambaquis du Brésil sont, comme les kjoekenmoeddings danois, des amas de rejets de cuisine, c’est-à-dire qu’ils marquent des stations de populations vivant surtout de mollusques dont les coquilles, entassées par milliers, se développent le long des côtes ; ces coquilles se trouvent mêlées à des foyers, à des cendres, à des charbons, à des fruits carbonisés, à des ossements, à des instruments en pierre. Les sambaquis contiennent des sépultures où le squelette est toujours replié. Il y a aussi de nombreux rejets de cuisine Sur le littoral du Mexique, en Patagonie, dans l’Ile de Vancouver. Les mounds, postérieurs d’une manière générale à la plupart des kjoekenmoeddings, sontdes monuments gigantesques,

d’immenses ouvrages en terre souvent mêlée de pierres, de véritables monts artificiels, ayant des destinations très diverses : les uns forment des travaux de défense, les autres sont desconstructions religieuses oufunéraires. Ils sont répandus dans l’immense région qu’arrosent le Mississipi, le Missouri et 1 Ohio, mais on en rencontre aussi sur les bords du lac Huron, à Ottawa, à Beaver-Harbour ; l’un des mounds les plus riches en débris de toute sorte est celui de la Rivière-Rouge, qui mesure actuellement 20 pieds de hauteur et qui doit avoir eu originairement 200 pieds de largeur sur 300 de longueur ; il est entouré de plusieurs monticules d’une moindre dimension. L’État deVisconsin renferme un grand nombre de tertres symboliques, des mounds reproduisant la figure d’un animal, d’un oiseau, d’un homme, ou celle de divers objets inanimés parmi lesquels figurent des pipes. Dans la vallée de l’Ohio, deux mounds, connus sous les noms de Grand-Serpent et Alligator, méritent à ce point de vue de fixer l’attention : le premier de ces animaux, très artistement rendu, mesure 1.000 pieds de longueur ; il est représenté la bouche ouverte, au moment d’avaler un œuf dont le grand diamètre n’a pas moins de 100 pieds ; son corps se courbe en ondulations assez gracieuses, et sa queue s’enroule en un triple tour de spirale. L’A Uigalor mesure 250 pieds ; sa carcasse intérieure se compose d’un amas de pierres, sur lequel on a dessiné les contours avec une terre argileuse dont la pâte est très finefJoly, l’Eommeavant lesmêtaux). D’autres fois, les mounds ont la forme d’animaux disparus ou inconnus, par exemple celui qui figure un animal fantastique ayant une tète ressemblant à celle d’un singe, un corps long de 160 pieds et une queue de 325 pieds qui décrit un demi-cercle (Fontpertuis, > Revue de Géographie », 1881). Les tertres funéraires sont d’autant plus considérables que le personnage enseveli occupait un rang plus

élevé : chacun d’eux contient une ou plusieurs chambres sépulcrales. Le site sur lequel s’élève Saint-Louis était autrefois recouvert de mounds dont l’un avait 35 pieds de haut, et c’est dans un groupe qui en compte environ soixante que s’élève, dans le voisinage de Saint-Louis, !a grande pyramide tronquée de Cakokia, dont les côtés ont une longueur respective de 200 pieds de largeur sur 450 de longueur et qui est surmontée d’un petit mound conique de 10 pieds de haut. Les constructeurs de mounds ou mounds builders appartiennent à une race inconnue. Schoolcraft les regarde comme les Indiens le plus anciennement fixés dans les vallées de l’Ohio et du Mississipi ; une autre opinion veut qu’ils aient entièrement disparu et que les sauvages de l’Amérique actuelle n’aient rien de commun avec un peuple dont les vestiges dénotent un état social suffisamment avancé. V. mounds builders, au tome XI du Grand Dictionnaire,

Occupons-nous maintenant des races américaines non préhistoriques.

A. Eskimaux. Ils habitent tout au nord du continent, le long de la baie d’Hudson, de la mer Glaciale, du détroit de Bering et du grand Océan jusqu’à l’embouchure du Fraser (50° de lat.). Ils descendaient jadis beaucoup plus bas et il est très probable que les indigènes rencontrés par les Islandais au x« et au xie siècles étaient non des Peaux-Rouges, mais des Eskimaux, de sorte que ceux-ci auraient été refoulés par les premiers vers l’extrême nord. Ils se nomment eux-mêmes Innuyt, c’est-à-dire les hommes, et Eskimau vient du surnom Eskimantsic ou Asckkimeg (mangeurs de chair crue) donné par les Peaux-Rouges à leurs voisins septentrionaux. Evidemment, ils n’ont pu naître dans les froides régions qu’ils habitent aujourd’hui ; mais d’où viennent-ils î ■ On a pensé d’abord, dit Girard de Rialle, que leur patrie primitive aurait été l’Asie du Nord ; on s’est appuyé surtout,

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pour soutenir cette hypothèse, sur ieur physionomie mongolique. Mais à cette opinion on oppose avec succès la forme extrêmement allongée du crâne eskimau. Celui-ci est dolichocéphale au plus haut point (indice céphalique 11,4, Broea ; 11,8, Virchow) ; il forme un parallélogramme allongé dont les côtés tombent verticalement et dont la crête sagittale est si marquée que certains semblent être physiologiquementscaphocéphales(Toptnard). Or, le type mongolique d’Asie est essentiellement bracbycéphale. En conséquence,

c’est agir prudemment que de tenir les Eskimaux pour les représentants d’un groupe humain sui generis et parfaitement distinct de tous ses voisins, malgré les caractères mongoliques de la face, prognathe (710,4), large, aplatie, aux mâchoires massives, aux pommettes saillantes, aux yeux bridés et noirs, au nez étroit, mais très court, avec des narines très ouvertes. La chevelure est noire, rude et peu épaisse. La peau, sous la couche de crasse dont elle est enduite, est d’un jaune clair avec des tons rouges cuivrés. Enfin, la taille est très courte et ne dépasse pas lm,5S (Sutherland) en moyenne, bien que ça, et là on rencontre des individus plus grands ; mais ceux-ci, peu nombreux du reste, passent pour être des métis de Scandinaves au Groenland et de Peaux-Rouges sur le continent. • Au contraire, des raisons historiques et linguistiques démontreraient plutôt l’origine purement américaine des Eskimaux, Ils se divisent en trois groupes : les Groenlandais, les Eskimaux occidentaux et les Tchouktchis. Ils sont doux, hospitaliers, intelligents (il se publie au Groenland un journal eskimau et des recueils de traditions populaires) ; leur organisation sociale offre un régime très prononcé de communauté et la propriété est tout à fait primitive ; la polygamie et la polyandrie se rencontrent chez eux assez fréquemment. Ils vivent de pêche ; ils résistent au froid non par les combustibles, qui leur manquent, mais par la nourriture (huile de poisson, sang de phoque encore chaud, etc.).

B. Peaux-Rouges. On sait que l’Amérique septentrionale est divisée dans toute sa longueur en deux parties inégales par la chaîne des montagnes Rocheuses. Si l’on descend du N. au S. en se tenant à l’E. de ces montagnes, on trouve d’abord le groupe important des Athapasques (Loucheux, Côtes-de-Chien, Chippewyans) ; puis, entre le 59° et le 49B degré de lat. N., les populations Crt. En se rapprochant des grands lacs, on remarque les Algonkins, divisés en deux fractions dont l’une est adossée aux montagnes Rocheuses, et dont l’autre se développe jusqu’au cours inférieur du Saint-Laurent. La disjonction de ces deux groupes est due à l’invasion des Iroquois, qui comprennent les Surons (aujourd’hui disparus), les Ojibwas et les Chippewoys ou Saulteux. Au S. des lacs, il y a encore des Algonkins, tels que les Delawares ou Leni-Lenapes, les Chauniest les Susquehannas et les Illinois. À cheval sur le Mississipi, la confédération des Dakotas ou Sioux suscite aux États-Unis de fréquents embarras, ainsi que les Otages, les Kansas, les Mandons et les Pawnies. Plus au S.-E., entre le Mississipi, l’Ohio et la mer, il convient de citer les Cherokees, les Chaktas, les Creeks, les A labamas et les Seminoles. Les Natchez, les Camanches et les Apaches vivent entre le Mississipi et les montagnes Rocheuses. Si maintenant nous nous transportons à l’O. de la grande chaîne, au-dessous des bouches du Fraser, nous constatons successivement la présence des Tétes-plates ou Seelish, des Aht de Vancouver, des peuplades de VÛrégon, des Shoshones ou Indiens-Serpents, etc. Tels sont les principaux groupes compris sous la dénomination générale d’Indiens Peaux-Rouges. Le type physique de Ces indigènes peut être ainsi défini : tête pyramidale ; occiput aplati au-dessous de la protubérance et renflé latéralement ; arcade zygomatique présentant un certain excès d’écartement latéral ; fosses nasales très ouvertes ; arcade maxillaire supérieure avancée ; absence de proclivité sensible chez les incisives ; mâchoire inférieure formant une courbe ; yeux noirs, petits et ternes à l’état ordinaire ; nez proéminent et recourbé ; cheveux rudes, noirs et longs ; teint tantôt clair, tantôt foncé, mais ayant toujours une nuance rouge fondamentale. Ces indigènes vivent de chasse et de pèche ; ils se tatouent, se drapent dans des robes de peau et se chaussent de mocassins ; leurs huttes sont coniques. Ils font la guerre par goût, par gloriole, et déploient contre leurs ennemis autant de perfidie que de bravoure ; ils sont très loquaces, parfois même très éloquents. Ils aiment les liqueurs fortes, se gorgent de nourriture et furent calumets sur calumets. Si l’on examine leur état social, on constate qu’ils vivent répartis en tribus et en clans, et que la parenté par les femmes est la seule qu’ils admettent.

C. Peuples de l’Amérique centrale. Parmi ces peuples, les uns arrivèrent à un haut degré de civilisation, les autres ne sortirent jamais de la barbarie. Les principaux de ces derniers, dont l’ethnographie est encore à faire, sont les Otomis, les Mixtèques, les Tarasques, les Zapotèques, les Totonaques (Mexique) et les Pueblos de 1 Arizona. Les races civilisées se ramènent à deux : les Mayas et les Nahuas. La civilisation des Mayas, du Yucatan au Guatemala, a laissé les ruines fameuses de Palenqué, d’Uxmal, d’Iztamal,

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de Mayapan ; ils seraient arrivés dans la Yucatan au vme siècle avant notre ère et auraient les Antilles pour patrie d’origine (Biart, les Aztèques). La civilisation nahua florissait au Mexique, qui ; fut envahi du vne au xi» siècle par des tribus nahuas, dont la plus célèbre est celle des Toltèques, Suivant D. Charnay, les Toltèques n’ont rien de commun avec les populations autochtones de l’Amérique. • Nous trouvons, en effet, mêlées à leur civilisation, dit l’auteur des Anciennes villes du nouveau monde, une foule d’influences étrangères. Les tribus des Antilles d’un côté, la race polynésienne de l’autre, et nombre de familles asiatiques semblent y avoir apporté quelque souvenir... D’où leur venait la tradition des sacrifices humains ? Elle ne leur venait pas de l’ancien continent, avec lequel ils ont tant d’affinité ; les peuples pasteurs de l’Asie orientale ne connaissaient plus l’anthropophagie ; elle ne leur venait ni du Japon ni de la Chine, dont les peuples agriculteurs ne l’avaient point pratiquée ; mais elle leur venait des îles du Pacifique et des Antilles. Ce serait la une preuve de l’influence des races caraïbes et polynésiennes sur la race américaine dont nous parlons. » Recherchant les analogies propres à rapprocher les Nahuas des races malaises et asiatiques, M. Charnay insiste sur ce fait que l’idée de caste, qu’on trouve chez les Toltèques, est purement asiatique et non américaine. En 667, les Toltèques fondèrent, à 40 kilom. de Mexico, la ville célèbre de Tollan ou Tula, leur capitale. Vers 1031, la famine, la peste et la guerre les chassèrent vers le Yucatan et le Guatemala ; ils furent bientôt remplacés au Mexique par les Chichimecs (suceurs de sang), également de race nahua et Venus, comme les Toltèques, des régions septentrionales de l’Amérique. Il ne serait pas impossible, en effet, que les tribus nahuas fussent venues originairement de la Tartane par le détroit de Bering : chaque tribu, prenant le nom du chef qui la gouvernait, se serait répandue ensuite de divers côtés. Après la ruine des Toltèques et l’arrivée des Chichimecs, il se forma dans l’Anahuac un grand nombre d’États petits et grands, et de nouvelles tribus arrivèrent successivement au Mexique. Les dernières venues furent les Aztèques, qui imposèrent leur domination et leur langue aux autres nations de la contrée. • L’Aztèque est de taille moyenne, trapu, avec des membres bien proportionnés. Dolichocéphale, il a le front étroit, le nez camard, les yeux noirs, la bouche grande, les lèvres charnues et de couleur violacée, les dents blanches, courtes, bien rangées, admirablement enchâssées dans des gencives roses. Ses cheveux sont noirs, épais, rudes ; sa barbe est rare. La couleur de sa peau est terne, cuivrée, moins foncée à la paume des mains et sous la plante des pieds. Les hommes de cette race sont plutôt laids que beaux. Les femmes, dont les traits ont plus de délicatesse, sont souvent jolies à l’heure de la puberté ; mais leurs formes deviennent promptement massives. Les deux sexes ont un

caractère commun : la petitesse des extrémités. Il est à remarquer que, contrairement aux Toltèques, ce peuple ne se déformait le crâne qu’accidentellement. ■ (Biart, les Aztèques.)

D. Caraïbes. Lors de la découverte de l’Amérique, les Antilles étaient peuplées par des nations diverses, dont la plus connue est celle des Caraïbes, appelés aussi Galibis ou Canibis, et qui ont aujourd’hui encore des représentants dans la vallée de l’Orénoque. Au temps de leur puissance, leur habitat s’étendait sur une région assez vaste, le long des côtes septentrionales et orientales de l’Amérique du Sud, du golfe de Darien aux bouches des Amazones ; même, ils avaient établi des avant - postes vers le confluent de ce fleuve avec le rio Negro. Ils paraissent être originaires du bassin de l’Orénoque, et non de la Floride, comme on l’a soutenu sans la moindre preuve. • Les Caraïbes étaient une race grande, élancée, fortement musclée, d’un brun foncé, couleur puce dans la région équatoriale, tirant beaucoup plus sur le clair en allant vers le nord, au point de se rapprocher beaucoup de la couleur blanche et d’avoir donné lieu, près des bouches du l’Orénoque, à la dénomination d’Indiens blancs. Les yeux sont petits, rappelant ceux des Mongols, auxquels ils ressembleraient aussi par leurs pommettes saillantes, leurs cheveux lisses, d’un grain épais, et la rareté de la barbe. Mais ils en diffèrent complètement par le nez, qui est saillant, assez fort, avec des narines dirigées de haut en bas. La mâchoire inférieure est avancée, les dents presque verticales, les sourcils minces, la bouche grande, mais les lèvres peu prononcées, i (A. Réville.) Aucun peuple n’inspire plus de répulsion par ses moeurs, sa brutalité et sa cruauté. Marins intrépides, ils pénétraient, en remontant le cours des rivières, dans les pays qu’ils voulaient mettre au pillage. Ils rapportaient de leurs courses aventureuses des bijoux, des parures, des femmes qu’ils se partageaient, des enfants et des hommes qu’ils mangeaient à belles dents, car ils étaient anthropophages. Navarrete rapporte qu’ils parquaient comme un troupeau, dans des Ilots, les femmes qu’ils ne pouvaient nourrir, qu’ils engraissaient comme des chapons les enfants nés de ces malheureuses, et qu’ils dévoraient ces petits êtres dans