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leurs fêtes solennelles (Coleecion de los viajes). De son côte, l’historien Pedro Simon, dans ses Nnticias hisluriales, affirme qu’ils attachaient à un poteau leurs prisonniers les plus élevés par le rang ou la puissance, qu’ils leur coupaient des morceaux de chair vive et les mangeaient crus devant eux. Ils formaient une sorte de confédération guerrière : soumis à des lois très rigoureuses dès qu’ils partaient pour une expédition, ils jouissaient chez eux d’une absolue liberté. On a constaté, dans la nation caraïbe, une étrange coutume, également signalée en pays basque : la couvade. Cette singulière pratique veut que le père, à la naissance de l’enfant, se couche aux lieu et place de la mère, qui vaque à ses occupations à peine délivrée, tandis que le mari gémit et s’impose une diète presque absolue durant une douzaine de jours.

E. Guaranis. Les Guaranis ou Toupis, de même race que les Caraïbes, sont les indigènes rlu Brésil et des contrées situées entre le fleuve des Amazones et le Paraguay. Ils ont la peau jaunâtre, un peu rouge ; la taille moyenne chez les hommes, très petite chez les femmes, les formes massives, les membres sans muscles saillants, les extrémités minces, le nez court, la bouche moyenne, le menton rond, les cheveux longs, rudes, noirs, la barbe rare (D’Orbigny). L’anthropophagie était autrefois très répandue chez eux : de s mères maiigénient leur enfant mort dans l’espoir que, lorsqu’elles donneraient le jour à un nouveau rejeton, ce serait le même enfant qui reviendrait. En général, les Guaranis sont affables, hospitaliers, crédules ; ils vivent en agglomérations de familles formant vdiage. Dans la région qu’ils habitent, il convient de mentionner quelques autres peuplades sauvages, notamment les Botocudos.

F. Tribut des Pampas. Dans la classification d’Alcide d’Orbigny, ces tribus sont répandues à l’K, de la grande Cordillère, depuis le Paraguay jusqu’à l’extrémité du continent. Le type du rameau pampéen est le suivant : formes larges, massives, quelquefois athlétiques, tête forte, ronde, front peu développé, nez un peu gros et épaté, bouche grande, bordée de grosses lèvres, yeux petits avec l’angle des paupières un peu bridé en dehors (Maury, la Terre et l’homme). Les Charmas et les Puelches sont parmi les plus noirs individus du continent américain. Trapus, charnus, ils ont de grosses tètes, de grosses lèvres, de petits nez et de petits yeux vifs ; peu de cheveux et encore moins de barbe. Un trait caractéristique, c’est qu’ils se coupent une phalange de doigt à la mort d’un parent rapproché, en même temps qu’ils se blessent volontairement et se soumettent & un jeûne rigoureux. Us sont nomades, chasseurs, pillards et n’ont d’autres habitations que des tentes de peau. — La tribu des Téhuelches ou Patagons se distingue par la largeur des pieds et de la bouche, la longueur du buste, la brièveté des jambes. — Les Indiens du grand Chaco (l’ùbas, Mcobobis, Mataguayos, Abipones, Guaycourous) ont une coloration bron-Kée et une conformation physique assez semblable à celle des Charruas. — Les Fnégiens ou Peichères, vêtus de peaux de chien de mer, ne se défendent contre les rigueurs du climat de leur misérable pays qu’en allumant en plein air de grands feux autour desquels ilti restent accroupis et dont la fumée, aperçue de loin par les premiers navigateurs qui le» découvrirent, Ht donner le nom de ■ Terre* de-Feu • à l’un des pays les plus froids du globe. Pe ; iu brune, petite taille, poitrine et tête très développées, extrémités petites, pieds larges et courts, épidémie très épais, visage rond et lar^re, front petit et fuyant, yeux ovules et obliques, lèvres épaisses, nez large et très ouvert. Civilisation très primitive : pour allumer du feu, les Fuégiens ont encore recours à la percussion du silex.-Les Araucans ou Aucas ont une taille de 110,62. Dès le temps de la découverte, ils étaient parvenus à un degré social suffisamment élevé ; ils s’adonnaient à l’agriculture, recouraient au système des irrigations, savaient tirer du lama tout le parti possible ; ils avaient une année solaire de douze mois avec cinq jours intercalaires.

G. Ando-Péruviens. Le rameau ando-péruvien est caractérisé par une peau d’un brun olivâtre plus ou moins foncé, une taille peu élevée, un front fuyant, des yeux horizontaux non bridés à l’angle externe. Des populations qui s’y rattachent, les unes vivent dans les hautes régions de la Cordillère, les autres errent sur les pentes du versant oriental des Andes, sur les côtes et tes lies de la pointe du continent (Maury). Partout elles pré entent le même caractère de prédominance des formes élargies (Hollard). Le rameau comprend deux subdivisions : les Quichuas et les Aymaras. La civilisation des Aymaras, dont les ruines de Tiaguanaco attestent l’antiquité, est antérieure à celle des Quichuas, qui atteignirent leur apogée sous les Inuns, rois de Cuzco. La tète des Quichuas, d’après d’Orbigny, est oblongue d’avant en arrière ; le front est bombé, court, légèrement fuyant ; le crâne est assez volumineux, plutôt rond qu’ovale ; le nez, saillant, très «quilin, creusé à la racine et ■nférieurement épaté ; la physionomie a quelque chose de réfléchi, de triste. Les

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Aymaras ne diffèrent des Quichuas que par la langue.

H. Ckibekas. Les Chibchas on Muyicas vivnient.au temps de la conquête espagnole, au N.-E. de la région occupée par les Quichuas, dans la vallée de Cundinamarca. On ne sait s’ils ont appartenu originairement à un groupe différent, mais ils n’ont aucune parenté avec les Ando-Péruviens, comme quelques-uns l’ont affirmé. Leurs institutions sociales ne s’accordaient aucunement avec les institutions incasiques. Ils étaient de petite stature, avec un front bas, un large nez et une bouche saillante. Us s’habillaient d’une cotte de toile tombant jusqu’aux genoux et d’une capote de même étoffe ; ils aimaient passionnément la parure ; mais, pour avoir le droit de porter des bijoux, il fallait appartenir a une classe dirigeante. Le peuple ne pouvait que se peindre le corps.

Religion. « Depuis le simple animisme et l’adoration directe des êtres vivants et inorganiques jusqu’au naturalisme anthropomorphine, jusqu’aux hiérarchies savantes

du polythéisme, jusque même aux aspirations monothéistes, il n’est aucun stade que n’ait parcouru la mythologie américaine. » Ainsi s’exprime, da.s le Dictionnaire des sciences anthropologiques, M. André Lefèvre, qui, recherchant les catégories auxquelles on peut rapporter les manifestations de la religiosité en Amérique, établit tes neuf suivantes : animisme, zoolâtrie, phytolâtrie, litholâtrie, culte des eaux, culte des aspects et phénomènes de la nature, astrolâtrie, divinisation des passions et facultés humaines, anthropomorphisme. Cela ressort, en effet, de l’examen des croyances observées chez les diverses races du nouveau monde.

A. Les Peaux-Bouges adorent les astres, le feu, les animaux, les eaux. Le grand manitou, appelé Wahcon chez les Sioux, Andouagni chez les Indiens du Canada, est un dieu multiple qui personnifie tantôt le soleil, tantôt le ciel, et surtout lèvent. On a souvent représenté les Peaux-Rouges comme de véritables monothéistes, tandis qu’ils sont en réalité naturistes et animistes. De même que les nègres africains, les sauvages de l’Amérique du Nord divinisent tout dans la nature et redoutent les esprits bous ou mauvais qui, selon eux, parcourent invisiblement 1 espace ou revêtent telle ou telle forme ; de même aussi il croit aux sorciers, car l’animisme a toujours engendré la sorcellerie. « Les tribus se subdivisent pour la plupart en clans, chacun désigné par un emblème ou totem, ordinairement emprunté à la faune de la contrée et qui se transmet de génération en génération ; le totem est à proprement parler le fétiche particulier du clan, et on a lieu de penser que son culte se confond avec le souvenir du fondateur du clan, porteur d’un nom d’animal et dont l’esprit reste le génie protecteur de ses descendants. » Remarquons à ce propos que, d’après une

croyance très répandue chez les Peaux-Rouges, l’espèce humaine descend d’un animal déterminé : un chien chez les Chippeways, un aigle chez les Deuvwares. Quant aux idées des Indiens sur la vie d’outre-tombe, elles reviennent à ce trait général que l’existence future est la continuation île I existence actuelle iians des conditions absolument identiques de pauvreté ou de richesse, de liberté ou d’esclavage, etc. Parmi les coutumes religieuses, les plus curieuses sont celles qui se pratiquent lors de Vinitiation de la jeunessequand un Peau-Rouge est assez fort pour demander à être admis dans tes rangs des guerriers, il accomplit des formalités rigoureuses qui consistent, chez les Sioux, par exemple, à se passer dans les chairs du dos ou de la poitrine une baguette à laquelle sont suspendues des têtes de bison et à courir jusqu’à ce que, le poids du fardeau ayant déchiré les chairs, les têtes soient tombées à terre.

B. Les Eskimaux non convertis au christianisme tiennent le ciel pour un dieu bon et la terre pour une déesse terrible, dualisme qu’expliquent suffisamment les conditions eliinatériques du pays. Leurs sorciers s’appellent angekoks. Leurs esprits sont de quatre catégories : 1° esprits de ta mer (Kingeiisetohil) ; 2° esprits du feu (Ignersoil) ; 3° esprits des monts (Teunersoit et Innuarolit) ; 4° esprits de l’atmosphère. Ils croient a la vie future ; mats, fait singulier, ils admettent que, durant le trajet que l’âme doit faire pour se rendre au séjour des morts, elle peut être anéantie en chemin par divers obstacles. En somme, leur religion est principalement animiste, bien qu’elle reposa sur un fond naturiste (Réville).

C. Dans toute la région du Mexique, de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud à l’ouest des Andes, la religion était essentiellement solaire et lunaire : le dieu suprême, c’est le soleil, qui a pour épouse la lune, et sur cette base commune chaque peuplade avait construit un mythe spécial. Chez les Aztèques, les deux grands dieux étaient fils du soleil. L’un, Uilzilopochtli, était le soleil de la belle saison ; il mourait chaque année

Îiour céder la place a Tezcatlipoca, son frère, e soleil de ta saison froide, ramenant la stérilité au lieu de l’abondance. La légende voulait que Tezcatlipoca fût sorti victorieux d’un long duel avec Quetzalcoatl, le i serpent emplumé », dieu civilisateur et législateur, quii

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personnifiait le vent d’E. et que l’on continua d’honorer, même après sa défaite, d’une certaine vénération. Outre ces dieux supérieurs, il y en avait de secondaires. À tous on offrait des sacrifices humains avec une sorte de frénésie : des compagnies entières de petits enfants étaient noyés ou égorgés, des femmes dépecées pour que leur peau saignante servit de capuchon mystique aux prêtres, des esclaves jetésdxns des fournaises et rôtis avant d’être immolés ; le plus souvent, le sacrificateur fendait la poitrine de la victime, lui arrachait le cœur et le jetait palpitant aux pieds ou dans la bouche de l’idole. Tous les cinquante-deux ans, c’est-à-dire à chaque siècle aztèque, il y avait une grande fête pour célébrer le commencement d’une nouvelle période. Les Mayas du Yucacan avaient, eux aussi, un panthéon complet, à la tête duquel était le dieu Bunab Ku, la ■ bouche et les yeux du soleil •, dont l’épouse Ixazaluoh avait inventé le tissage et personnifiait l’eau. Ils avaient des Zémès, petites idoles représentant les esprits familiers. Au milieu de l’Ile Coz’imel, leur sanctuaire le plus révéré, s’élevait un grand temple où de nombreux pèlerins venaient adorer le dieu supérieur Cukulcan, l’oiseauserpent venu de l’Ouest. Les sacrifices humains étaient beaucoup moins nombreux que chez les Aztèques.

D. Les idées religieuses des anciens Péruviens ne s’élevèrent pas beaucoup, du moins dans les classes populaires, au delà d’un fétichisme superstitieux. Quant à la religion des Incas, ■ elle avait pour base l’adoration d’un dieu solaire, Inti, et de la lune son épouse ; c’était pourtant un polythéisme bien caractérisé, puisqu’elle admettait dans le panthéon péruvien : Viracocha, un dieu de l’eau probablement ; Cateqnil, dieu du tonnerre ; Pachacamac, vivilicat»ur du monde, dieu bien distinct du dieu du soleil et que nous pensons avoir été la divinité du feu. On redoutait le sombre dieu de l’enfer, Cupay, auquel on offrait des victimes humaines, de même qu’on en sacrifiait aux funérailles des rois et des nobles, afin que leurs âmes ne fissent pas seules le voyxge de l’autre momie. Vers la fin de l’empire, cependant, un changement commençait à se produire dans la religion péruvienne ; l’Inca Ynpanqui prononça même, au dire de Balboa, un discours dans lequel il fit une profession de foi franchement monothéiste, mais la conquête espagnole ne permit pas à cette évolution de s’accomplir. • (Girard de Rialle.) L’adoration se manifestait par des danses religieuses, des fêtes, des processions. À la tête de tous les prêtres trônait le Villac Oumon. le souverain pontife, qui venait immédiatement après l’Inca, fils et successeur du soleil et véritable grand prêtre. La confession, qui se pratiquait dans tout l’empire, était un moyen de rechercher les act-s secrets de nature à porter préjudice à la dynastie s’ils n’étaient conjurés par des rites expiatoires. M. Ré ville (Histoire des religions) dit que la religion, du Pérou se composait de trois étages superposés. À la base, chez les classes ignorantes, des superstitions, des croyances animistes et fétichistes, des sorciers ; au second degré, de grands dieux civilisateurs d’origine étrangère, tels que Viracocha et Pachacamac. Au premier rang, la religion solaire, celle de la maison régnante, de l’État et de ses serviteurs.

E. Les Chibéhns on Muyscas considéraient comme le fondateur de leur civilisation et de leur puissance Botchica ou Nemtéquécétéba, personnage myihique dont le grand, prêtre était le successeur. Ce grand prêtre, consulté par les rois et chefs de tribus, commandait à un nombre considérable de ministres inférieurs (chèques), recrutés dans les plus hautes fin milles. Les Chibchas, polythéistes, adoraient le soleil comme dieu suprême et tenaient la lune pour une déesse malfaisante. Le peuple avait pour patron ChiàcAatchom, qui n’est sans doute qu’une hypostase de Botchica.

F. Caraïbes. Ni temples, ni fêtes périodiques, ni sacerdoce chez les Caraïbes, mais un ensemble de croyances hétérogènes et incohérentes, dont on ne saurait esquisser le tableau précis. Il y avait deux sones d’esprits bons ou mauvais : ceux des femmes (Chemen ou Tchemyn) et ceux des hommes (Akambous). Chaque être humain avait, selon les Caraïbes, une âme distincte à la tête, au cœur, aux bras, parfois même dans chaque artère ; l’âme du cœur devenait après la mort un bon esprit ou payé. En un mot, les Caraïbes étaient animistes et, par une conséquence logique, fétichistes. Leurs sorciers étaient extrêmement adroits et vénérés. Cependant, on trouve chez eux une certaine mythologie de la nature : ils adoraient la lune en tant que dieu masculin, et les étoiles parce que, pensaient-ils, elles étaient pour la plupart des chefs valeureux transportés au ciel. Enfin, ils avaient deux divinités suprêmes, l’une bienfaisante, qui se manifestait par l’arc-en-ciel, l’autre malfaisante, qui menaçait au moyen des éclipses, du soleil et de la lune.

G. Tribus brésiliennes et de l’Extrême-Sud. Les Guaranis sont animistes. Ils ont une prédilection marquée pour la lune, mais le soleil et les étoiles tiennent aussi une grande place dans leurs idées religieuses. Pour eux, les animaux sont des manifestations des esprits

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divins ou des esprits des morts. Le premier des esprits, c’est Toupan, personnification du tonnerre et du vent. Les Guaycourous paraissent avoir pour dieu suprême le vent ou le ciel, personnifié par un immense oiseau. Les Abipones sont animistes et astrolàtres : ils célèbrent l’apparition de la constellation des Pléiades par des danses bruyantes. Les Puelches ont une religion solaire, et ils ont dans les sorciers la plus grande confiance : leurs croyances sont un mélange de naturisme et d’animisme. Les Patagons ont, au point de vue religieux, une incontestable pa-i rente avec les Puelches, mais ils adorent, en outre, ur.-.’1'eu, Achekemet-Kanet, qui réside au ciel, et une divinité Souterraine capricieuse, Camalasque. L’homme, sorti de la terre, y rentre après sa mort pour s’enivrer à son aise de breuvages excitants : telle est l’idée qu’ils se font de la vie future. Les Fuégiens ont des sorciers et, par conséquent, sont animistes ; ils redoutent un grand homme noir qui fréquente les montagnes et les bois pour espionner les hommes. Mais on ne possède aucun renseignement sur les croyances indigènes, dont l’état social misérable laisse suffisamment entendre que leur religion doit être très grossière. Les Araucaniens ont pour dieu suprême Toki, le grand chef du ciel, qui se manifeste par le tonnerre, par le feu des volcans, etc. Chacun d’eux se met sous la protection d’un bon esprit et cherche à apaiser Apo, le mauvais génie, par des offrandes de propitiation.

Population. La population de l’Amérique est environ de 100.415.000 âmes, ainsi composée :

2—96

Race germanique... 53.000.000 17.923.000 Race latine 48.000.000 20.469.000

qui se distribuent de la manière suivante :

États indépendants..[91.500.000j39.350.000 Colonies européennes) 9.500.000) 9.070.000

La population blanche est de 57,5 pour îoo ; la population américaine, de 10 pour 100 ; l’élément mixte de couleur ou de sang mêlé, 12,5 pour 100, et l’élément asiatique, chinois, esquimau, 14,5 pour 100. Les Indiens aborigènes ne forment plus qu’une infime minorité, évaluée à 13 millions. L’infériorité à laquelle ils sont condamnés s’explique en partie par leur extrême division ; les linguistes, en effet, comblent jusqu’à 43S langues distinctes et près de S.000 sous-idiomes et dialectes. V. Amérique, au tome Ier du Grand Dictionnaire.

Il ne reste guère de ces aborigènes que les Aztèques, au Mexique, et les Indiens sauvages dont le chiffre ne dépasse certainement pas 3 millions, les uns vivant dans une complète indépendance, les autres cantonnés dans les terrains de chasse réservés pour eux, mais dont la superficie diminue tous les jours. D’après la communication faite à la Société de géographie de Paris par M. Simonin, dans la séance du 20 mars 1885, le gouvernement des Ecats-D/iis de l’Amérique un Nord vient d’adopter une nouvelle politique à l’égard des Indiens qui occupent des territoires trop étendus, dans le but de réduire considérablement ces territoires, au profit des immigra ils qui arrivent chaque année aux États-Unis. À chaque famille de Peaux-Rouges composée de quatre personnes, le père, la mère et deux enfants, ou concédera, dorénavant, comme on le fait pour le» familles de l’Ouest ou Settlers, une étendue de terrain de 60 hectares seulement, et l’on pourra ainsi gagner sur les réserves indiennes 50 millions d’hectares, dont les indigènes ne tirent aucun profit. Le chiffre de la population aborigène des États-Unis en 1884 était de 265.000, dont 63.000 civilisés dans le territoire indien et 19.000 sauvages ; le reste, soit 183.000, habitent dans les enclaves ou réserves comprises dans 14 États et 8 territoires.

L’immigration de l’ancien monde s’est surtout établie sur le littoral, depuis l’estuaire du Saint-Laurent jusqu’à celui de la Plata, d’où elle domine le reste du continent. Aujourd’hui, l’Amérique n’est plus, en somme, qu’une espèce de grande colonie européenne. Ce mouvement d’immigration s’est accentué depuis 1850. En 1884, 210.547 émigrants ont quitté l’Allemagne, et à cette époque 1.960.742 de leurs compatriotes habitaient déjà les États-Unis. D’après lei Contanseau’a Monthly Bulletin», le nombre des passagers amenés d’Kurupe à New-York, en 18S4, a été de 380.310. En 1880, le nombre des émigrés Scandinaves fut de 60.000 environ, et celui des Irlandais de 95.S57, tous dirigés vers l’Amérique du Nord. De 1851 à 1884, le nombre des Irlandais émigrés en Amérique s’élève à 2.715.604. Il y eut seulement 14.665 Français immigrants de 1878 à 1881. Jusqu’ici c’est vers l’Amérique du Sud, et surtout vers le bassin de la Plata, que s’est dirigée l’émigration italienne ; chaque année, le port de Montevideo voit débarquer, en moyenne, 17.000 individus. Dans la république Argentine, de 1857 & 1875, il n’y a pas eu

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