Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 1, A.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2G6

ANIM

est si bien sans lacune que, pour certains êtres qu’on trouve dans la mer, on est embarrassé de savoir si ce sont des animaux ou des plantes ».

Le livre IX est consacré au caractère des animaux, à leur industrie, aux guerres qu’ils se font entre eux pour se disputer les aliments. Il débute par la comparaison psychologique des deux sexes dans les différentes espèces. ■ Les femelles ont généralement moins de courage que les mâles ; elles sont aussi plus soucieuses de nourrir leurs petits. Pour les mâles, c’est tout le contraire. Ils sont plus braves, plus sauvages, plus simples dans leurs allures et moins rusés. On peut trouver la trace de tout cela dans la totalité des animaux, pour ainsi dire ; mais ces phénomènes sont plus sensibles chez les animaux qui ont un caractère plus prononcé ; et par-dessus tous les autres, chez l’homme, parce que la nature de l’homme est achevée, de telle façon que toutes ces affections sont beaucoup plus frappantes en lui. Ainsi, la femme est bien plus que l’homme disposée à la pitié ; elle pleure bien plus aisément ; elle est aussi plus jalouse que lui et plus portée à se plaindre ; elle aime davantage à injurier et à chercher querelle ; la femme est en outre plus facile à se décourager et plus rebelle à l’espérance ; elle est plus effrontée et plus fausse. Elle se laisse tromper plus aisément ; elle a plus de rancune. » Ce portrait de la femme ressemble beaucoup, remarquons-le, à celui qui en a été tracé par deux philosodu xixe siècle, Proudhon et Schopenhauer.

Si nous considérons la zoologie aristotélique au point de vue de la classification, nous remarquons qu’Aristote divise le règne animal en de grandes classes, peu nombreuses, mais parfaitement distinctes : animaux qui ont du sang(ÇûaivMnot), comprenant l’homme, les quadrupèdes, les oiseaux, les poissons et les cétacés ; animaux qui n’ont pas de sang « âa£vailia), comprenant les testacés, les crustacés, les mollusques et les insectes. Telles sont les divisions qu’il établit au chapitre VI du livre Ier ; et il les reproduit fidèlement au commencement du livre V, en disant la marche qu’il va suivre pour traiter des différents modes de génération des animaux. Il n’y a pas eu d’autre classification avant Linné. Linné conserve les deux grandes coupes d’Aristote : animaux à sang ronge et animaux à sang blanc. Il subdivise la première coupe en quatre classes : mammifères (quadrupèdes vivipares et cétacés), oiseaux, amphibies (quadrupèdes ovipares et serpents), poissons. Ces quatre classes sont plus naturelles que celles d’Aristote : les quadrupèdes ovipares sont, avec raison, séparés des quadrupèdes vivipares. Au reste, Aristote avait très bien su rapprocher les serpents des lézards. « Le genre serpent, dit-il, ressemble aux Iézard3, et ils auraient a peu près la même configuration si l’on donnuit aux lézards plus de longueur de corps, et qu’on leur retranchât les pieds. Le serpent a aussi des écailles, et le dessus et le dessous du corps sont comme dans les lézards... Les organes internes du serpent sont les mêmes que ceux du lézard, si ce n’est que tous les viscères sont étroits et longs, parce que le corps lui-même est étroit et long à tel point qu’on les confond à cause de la ressemblance des formes. ■ Linné n’apporte aucune amélioration dans la subdivision de ta seconde coupe ; il y met plutôt de la confusion, en n’y distinguant que deux classes : les insectes et les vers. Aristote, qui séparait les crustacés des insectes, et les céphalopodes des autres mollusques, envisageait plus correctement que Linné les rapports qui existent entre les animaux inférieurs.

Le grand défaut de !a classification d’Aristote est d’être incomplète. Si l’on ne considère que les classes qu’elle établit, on peut dire, avec Auguste Comte, qu’elle a été « plutôt justifiée et rectifiée par l’ensemble des travaux ultérieurs que radicalement changée >. Malheureusement, elle se borne à ces classes, elle n’en descend pas par degrés aux espèces, laissant la connaissance des espèces séparée de celle des classes, ce qui rend celle-ci a peu près stérile. Elle ne possède pas des idées précises de groupes intermédiaires, et une langue fixe pour exprimer ces idées, c’est-à-dire une nomenclature scientifique. On en voit facilement la raison : Aristote employait le même mot genre (y’voj) pour désigner indistinctement tout groupe d’espèces, quelle qu’en fût l’étendue. Il distinguait vaguement entre genres, grands genres (waïa ïivij) et très grands genres ([iifiTCti flvi)).

Il est intéressant et important de connaître ce que pensent de la zoologie d’Aristote les juges les plus autorisés. Voici d’abord les appréciations de Buffon et de Cuvier :

Appréciation de Buffon. t II paraît qu’Aristote connaissait peut-être mieux les animaux et sous des vues plus générales qu’on ne les connaît aujourd’hui. Quoique les modernes aient ajouté leurs découvertes à celles des anciens, je ne vois pas que nous ayons sur l’histoire naturelle beaucoup d’ouvrages qu’on puisse mettre au-dessus d’Aristote. Mais comme la prévention qu’on a pour son siècle pourrait persuader que ce que je viens de dire estavancé témérairement, levais faire en peu de mots l’exposition du plan de son ouvrage.

■ Aristote commence par établir des différences et des ressemblances générales entre

ANIM

les divers genres d’animaux ; au lieu de les diviser par de petits caractères, comme l’ont fait les modernes, il expose historiquement tous les faits et toutes les observations qui portent sur des rapports généraux et sur des caractères sensibles ; il tire ces caractères de 1» forme, de la couleur, de la grandeur et de toutes les qualités extérieures de l’animal entier, et aussi du nombre et de la position de ses parties, de la grandeur, des mouvements, de la conformation de ses membres et des relations qui se trouvent entre ces mêmes parties comparées

■ Il commence par l’homme, plutôt parce qu’il est l’animal le plus connu que parce qu’il est le plus parfait. Il l’étudié dans toutes ses parties extérieures et intérieures. Puis, au lieu de décrire chacun des animaux spécialement, il les fait connaître tous par les rapports

de leurs corps avec le corps de l’homme

Suivant ce plan de comparaison, dans lequel l’homme sert de modèle, et ne donnant que les différences qu’il y a de chaque partie des animaux à chaque partie de l’homme, il retranche à dessein les descriptions particulières ; il évite par la toute répétition et il n’écrit pas un mot qui soit inutile.

■ Aussi a-t-il compris, dans un petit volume, un nombre presque infini de faits. Je ne crois pas qu’il soit possible de réduire à de moindres termes tout ce qu’il y avait à dire sur cette matière, qui parait si peu susceptible de cette précision qu’il fallait un génie comme le sien pour y conserver, en même temps, de l’ordre et de la netteté. ■

Appréciation de Cuvier. « De toutes les sciences, celle qui doit le plus à Aristote, c’est l’histoire naturelle des animaux. Non seulement, il a connu un grand nombre d’espèces, mais il les a étudiées et décrites d’après un plan vaste et lumineux, dont peut-être aucun de ses successeurs n’a approché, rangeant les faits, non point selon les espèces, mais selon les organes et les fonctions, seul

moyen d’établir des résultats comparatifs

Les principales divisions que les naturalistes suivent encore dans le règne animal sont dues à Aristote, et il en avait déjà indiqué plusieurs auxquelles on est revenu dans ces derniers temps, après s’en être écarté mal à propos. »

Après Buffon et Cuvier, on peut citer Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Littrê, Milne-Edwards, M. Claus, M. Victor Carus. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire proclame Aristote • le prince des naturalistes de l’antiquité >. Littré déclare qu’Aristote « n’a pas eu de successeurs jusqu’au xvie siècle». M. Milne-Edwards est étonné, en lisant les écrits d’Aristote, • du nombre immense de faits qu’il lui a fallu constater, peser et comparer attentivement, pour pouvoir établir plus d’une règle que les découvertes de vingt siècles n’ont pas renversée». M. Claus regarde Aristote ■ comme le véritable fondateur de la zoologie ■, attendu que c’est lui «qui recueillit les connaissances éparses de ses prédécesseurs, les enrichit des résultats de ses curieuses recherches, et les coordonna scientifiquement dans un esprit philosophique ». M. Victor Carus attribua à Aristote la gloire d’avoir • placé la zoologie etl’anatomie comparée, pour la première fois, parmi les sciences inductives ■.

Nous possédons deux traductions françaises de l’Histoire des animaux d’Aristote : celle de Camus, publiée en 1783, et celle de M. Barthélemy-Saint-Hilaire.

Animaux (TRMTB DU MOUVEMENT DES), par

Aristote. Ce traité, divisé en onze chapitres, fait partie des Parva naturalia, opuscules réunis en un volume in-8°, sous le titre général de Psychologie d’Aristote, par M. Barthéleiny-Saint-IIilaire, dans sa traduciion française des œuvres du philosophe grec. L’auteur y traite la question du principe général du mouvement dans les animaux, tandis que dans le Traité de la marche des animaux, il s’occupe de la locomotion comparée dans le règne animal. Il commence par établir, en thèse générale, que tout mouvement suppose un principe immobile. Pour en avoir la preuve, il suffit d’observer le jeu des articulations dans les animaux. Dans toute flexion, il y a un point qui fait centre et reste immobile, pour que le reste du membre puisse s’appuyer sur lui. Ainsi, quand l’avant-bras se meut, c’est l’olécrane qui reste immobile ; quand le bas de la jambe se meut, c’est le genou qui demeure ; quand le membre entier se meut, c’est le bassin. On voit que le principe se vérifie jusque dans les détails. Il ne régit pas seulement les mouvements des animaux, il s’étend encore à. l’univers entier. Si tout cédait toujours, on n’avancerait pas ; la marche ne serait pas possible, si la terre ne résistait pas ; ni la natation, ni le vol, si l’eau et l’air n’offraient un point d’appui.

Après des considérations générales sur le mouvement de l’univers qui suppose un premier moteur immobile, Aristote passe à montrer que l’âme est le principe du mouvement dans les "animaux. Remarquons que, pour lui, l’âme est h la fois force psychique et force vitale. L’animal ne se meut jamais qu’en vue de quelque fin ; et ses motifs d’action sont la pensée, l’imagination, la préférence, la volonté et le désir. Ces motifs peuvent se réduire à deux : l’intelligence et l’instinct ; car, à l’intelligence se rapportent l’imagination et la pensée ; à l’instinct, la volonté et

ANIM

le désir ; et la préférence appartient en commun à l’instinct et à l’intelligence. Ainsi, les premiers moteurs, pour l’animal, c’est ou l’objet conçu par I intelligence, ou l’objet désiré par l’instinct. Mais c’est l’objet envisagé comme fin, par conséquent c’est le bien, auquel tend toujours l’animal, que ce bien soit apparent ou qu’il soit réel.

En définitive, ce qui meut l’animal, c’est l’appétit, mis en mouvement soit parla sensation, soit par l’imagination, soit par l’intelligence. Ceci a de 1 analogie avec le jeu des automates, où il suffit de mouvoir un ressort unique pour que tout le reste se meuve, et souvent d’une manière très compliquée. Les ressorts, chez les animaux, ce sont les nerfs et les os. Seulement les pièces, invariables dans leurs dimensions chez les automates, peuvent, chez les animaux, se dilater ou se resserrer par suite de modifications internes ou externes. Les modifications internes viennent de la sensibilité, de l’imagination et de la pensée. Les modifications extérieures se réduisent presque exclusivement à la chaleur et au froid. Quelquefois aussi, les unes et les autres se confondent, puisqu’il suffit de penser à quelque chose pour frissonner ou trembler d’épouvante, comme si l’on était sous l’impression de quelque agent extérieur.

Le plaisir et la douleur, qui déterminent, le premier le mouvement de recherche, la seconde le mouvement de fuite, sont toujours accompagnés, bien qu’on ne s’en rende pas toujours compte, soit de chaleur, soit de refroidissement. C’est ce que prouve, de la manière la plus évidente, l’effet des passions. Ainsi, le courage, la crainte, les désirs de l’amour, échauffent ou refroidissent tantôt une partie du corps, tantôt le corps tout entier. Les souvenirs, les espérances qui ne nous présentent que les copies des choses, produisent les mêmes effets avec plus ou moins de vivacité.

C’est de l’âme que part le mouvement initial qui détermine celui des différentes portions du corps. Dans la flexion, il y a un point immobile qui sert d’appui, et un point qui se meut ; mais ni l’un ni l’autre n’a l’initiative du mouvement, pas plus que la main n’est l’origine du mouvement reçu par le bâton qu’elle tient. Il faut remonter du bâton à la main, de la main au carpe, du carpe à l’olécrane, de l’olécrane a l’épaule, et, de la, poussant plus loin, arriver jusqu’à l’âme qui a déterminé toute la transmission du mouvement. L’intermédiaire par lequel l’âme agit sur le corps, c’est le souffle inné dsins l’animal. Par sa nature, le souffle semble tout a fait propre à communiquer te mouvement, puisqu’il peut lui-même ou se dilater ou se contracter. Aristote place le souffle inné dans le cœur pour les animaux qui ont un cœur, et dans la partie correspondante pour les animaux qui n’en ont pas. Il termine en comparant l’harmonie de l’organisme a celle d’un état gouverné par des Sois sages.

Animaux (TRAITÉ DES PARTIES DES), par

Aristote, traduit pour la première fois en français par M. Barthélemy-Saim-Hilaire (1885, in-8°). Cetouvrage, qui contientl’anatomie et la physiologie comparées des anciens, se divise en quatre livres, subdivisés eux-mêmes en chapitres. Le premier est entièrement consacré à la question de la méthode. Aristote trace les règles qui doivent présider k l’étude de la vie chez les animaux. La première de ces règles est d’étudier les fonctions et les organes par lesquels ces fonctions s’accomplissent, et non pas les espèces d’animaux où on les observe. • Il est bien clair, dit le philosophe, que, si nous parlions successivement de chaque animal en particulier, nous aurions à répéter à tout instant les mêmes choses dans bon nombre de cas, puisque chacune des fonctions se retrouve, et dans le cheval, et dans le chien, et dans l’homme. Par conséquent, si l’on allait pour chacun de ces animaux parler de toutes les fonctions successivement, on serait exposé à des redites sans fin, toutes les fois que l’on traite de fonctions qui sont identiques dans des êtres de genres très divers. >

À cette première règle, Aristote en joint une autre ; c’est qu’il faut observer les faits avant de tenter l’explication des causes. « Un point qu’il ne faut jamais perdre de vue, c’est de savoir s’il faut procéder comme les philosophes antérieurs l’ont fait duns leurs théories, et s’il convient de rechercher avec eux comment les choses se sont naturellement produites au début, plutôt que d’observer comment elles sont maintenant. Ces méthodes ne diffèrent que médiocrement l’une ■de l’autre. Quant à nous, il nous semble qu’il faut d’abord recueillir les faits dans chaque genre de choses, et que c’est seulement ensuite qu’on peut en dire les causes et remonter a leur origine. » En cette seconde règle se montre l’esprit positif de la biologie d’Aristote.

Troisième règle : Il faut considérer les êtres dans leur pourquoi, c’est-à-dire dans la cause finale qui est la raison dernière, le principe de l’organisation. On ne doit pas, en biologie, s’en tenir à la cause matérielle et à la cause motrice, comme le faisaient les premiers philosophes qui ont étudié la nature. Cette dernière règle est la condamnation des théories et des explications purement mécaniques dans l’histoire naturelle des êtres vivants.

ANIM

Le livre premier se termine par une page admirable sur l’objet des études biologiques. « Même dans les détails qui peuvent ne pas flatter nos sens, la nature a si bien organisé les êtres qu’elle nous procure, à les contempler, d’inexprimables jouissances, pour peu qu’on sache remonter aux causes et qu’on soit réellement philosophe... Ainsi, ce serait

une vraie puérilité que de reculer devant l’étude des êtres les plus infimes. Car, dans toutes les œuvres de la nature, il y a toujours

place pour l’admiration, et l’on peut leur appliquera toutes, sans exception, le mot qu’on prête à Heraclite, répondant aux étrangers qui étaient venus pour le voir et s’entretenir avec lui. Comme, en l’abordant, ils le trouvèrent qui se chauffait au feu de la cuisine : « Entrez sans crainte, entrez toujours, » leur dit le philosophe, • les dieux sont ici comme « partout, t De même dans l’étude des animaux, quels qu’ils soient, nous ne devons jamais détourner nos regards dédaigneux, parce que, dans tous indistinctement, il y a quelque chose de la puissance de la nature et de sa beauté. Il n y a jamais de hasard dans les œuvres qu’elle nous présente. Toujours ces œuvres ont en vue une certaine fin ; et il n’y a rien au monde où le caractère de cause finale éclate plus éminemment qu’en elles. Or, la fin en vue de laquelle une chose subsiste ou se produit est précisément ce qui constitue pour cette chose sa beauté et sa perfection. ■

Après l’exposé de la méthode et avec le second livre, commence l’étude de la physiologie comparée, qui doit remplir le reste de l’ouvrage. Il débute par des généralités sur les éléments matériels dont est composé le corps de tous les animaux. L’auteur montre que les parties homogènes ou similaires sont faites en vue des parties complexes ou non similaires, c’est-à-dire en vue des membres et des viscères où les mouvements se passent, soit au dehors, soit k l’intérieur de l’animal. Les parties similaires, telles que les os, la chair, les nerfs, le sang, etc., proviennent, selon Aristote et selon la chimie de son temps, des quatre éléments, terre, eau, air et feu, combinés dans des proportions diverses, et avec leurs propriétés particulières, chauds ou froids, liquides ou secs, pesants ou légers. Les parties non similaires et complexes, comme le bras, la jambe, le visage, le tronc avec tout ce qu’il renferme et protège, sont les instruments des actes que l’animal accomplit. Les parties non similaires restent toujours les mêmes dans leur totalité, tandis que les parties similaires, dont l’assemblage constitue les parties complexes, . ont des qualités variables, selon les fonctions auxquelles elles doivent servir. Les unes sont molles, les autres sont dures et résistantes ; celles-ci sont liquides et visqueuses, celles-là sont cassantes et friables.

Ce sont surtout les parties liquides qui sont nécessaires a la vie de l’animal, puisque, sans elles, il n’y aurait pas de développement possible. Aristote fait l’analyse du sang, aussi bien que le permettait l’absence de connaissances chimiques. Il le montre composé de fibres et de lymphe. Plus ou moins abondantes, les fibres font qu’il peut se coaguler, ou qu’il se coagule imparfaitement. Trop aqueux, le sang rend l’animal plus timide ; plus fibreux, il lui communique énergie et courage.

Du sang, il passe à la graisse, et il en expose l’origine et la fonction. La graisse est un produit du sang et une surabondance d’aliments. De là vient que les animaux qui n’ont pas de sang n’ont pas non plus de graisse. En quantité modérée, la graisse contribue à la santé et à la force ! en quantité trop grande, elle est nuisible. Si tout le corps n’était que graisse, il serait insensible et il périrait bien vite. Aristote avait très bien remarqué que les animaux trop gras sont peu féconds, parce que la portion de sang qui devrait se convertir en liqueur séminale a tourné à la graisse.

Après le sang et la graisse, il analyse la moelle, autre produit du sang. Une analogie apparente le fait ici tomber dans une grave erreur anatomique et physiologique. Il confond la moelle épinière avec la moelle des os. À cette erreur, il en joint d’autres sur le cerveau. * Bien des naturalistes, dit-il, s’imaginent que le cerveau est de la moelle, ou du moins qu’il est le principe et l’origine de la moelle, parce qu’ils voient que la moelle de l’épine dorsale est le prolongement du cerveau. Mais on pourrait dire sans exagération que le cerveau est tout le contraire de la moelle. De toutes les parties du corps, le cerveau est certainement la plus froide, tandis que la moelle est naturellement chaude, comme le prouve son luisant et sa nature graisseuse. Si la moelle du rachis est le prolongement du cerveau, c’est que toujours la nature dispose, contre l’excès d’un objet quelconque, le secours et le voisinage de 1 objet contraire au premier, afin que l’un puisse compenser l’excès de l’autre. Une foule de faits démontrent bien que la moelle est chaude, tandis que la froideur du cerveau est manifeste, rien qu’à y toucher. De plus, le cerveau est, de toutes les parties liquides du corps, celle qui contient le moins de sang, puisqu’il n’en a pas du tout par lui-même ; et il est la plus exsangue de toutes. Le cerveau n’est pas une excrétion, et il n’est pas an de ces organes qui sont continua