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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 1, A.djvu/268

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lents ; la couleur bleue des lèvres gagne le nez et les oreilles, contrastant avec Je visage qui reste blafard ; l’anesthésie cutanée est absolue, les pupilles sont rétrécies ; le malade tombe, a des convulsions et des pertes de connaissance de dix minutes à une demiheure. La respiration est très gênée, les mictions très fréquentes et douloureuses. Parfois en quelques jours tout disparaît ; mais it y a souvent une aggravation des symptômes quand la cause d’intoxication est déjà supprimée. Jamais on n’a vu d’accidents mortels foudroyants.

Leloir et Lùtz, dans le service du docteur Lailler, ont expérimenté sur des animaux chez lesquels ils ont provoqué les mêmes symptômes par des injections d’aniline. Ce corps semble agir directement sur l’hémoglobine du sang, dont le pouvoir absorbant •est diminué, ce qui explique l’irritation bulbaire et la mort par asphyxie. Le chlorhydrate d’aniline s’empare de l’oxygène du sang ■pour se transformer en fuchsine, que l’on a retrouvée dans les urines, tandis que les réactifs les plus délicats n’y ont pas montré trace d’aniline (Lùtz).

  • ANIMAL S. m. — Encycl. Droit. Les

animaux que le propriétaire du fonds livre au fermier ou au métayer, estimés ou non, sont censés immeubles, tant qu’ils restent attachés au fonds par l’effet de la convention. Ceux qu’il donne à cheptel, à d’autres qu’au fermier ou métayer, sont meubles. Dans le premier cas, les animaux sont considérés comme des objets attachés au fonds par le propriétaire, pour le service et l’exploitation de ce fonds, d’où leur qualité d’immeubles.

Le propriétaire d’un animal ou celui qui s’en sert, pendant qu’il est à son usage, est responsable du dommage que l’animal a causé, soit qu’il fût sous sa garde, soit qu’il fût égaré ou échappé. Il répond, en ce cas, de son incurie ou de son défaut de surveillance, et il ne saurait se soustraire à cette responsabilité, alors même qu’il tenterait de prouver qu’il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour l’empêcher de nuire. Il y a eu dommage si l’animal qu’il a en sa possession est tellement méchant qu’en dépit des précautions prises et de l’attention donnée il ne puisse l’empêcher de nuire, il a commis une faute en ne s’en débarrassant point, et, aux termes de l’article 1382 du code civil, il en doit la réparation. Toutefois, le propriétaire ne saurait être tenu si, en outre des mesures prises, il avait averti le plaignant, et si celui-ci s’était imprudemment approché ou avait excité l’animal malgré ses avertissements.

Le propriétaire d’une garenne étant Je propriétaire des lapins qu’elle contient, encourt également des responsabilités. Si ces animaux ont causé du dégât dans les propriétés voisines, les propriétaires ou fermiers de ces propriétés ont qualité pour réclamer au propriétaire de la garenne des dommages et intérêts.

De même en matière de chasse. Si la trop grande abondance du gibier qui se trouve sur une terre venait à nuire aux propriétaires adjacents, ceux-ci auraient qualité pour poursuivre le propriétaire du terrain ou se trouve le gibier, non plus en raison de l’action directe en responsabilité, mais par application de l’article 1382 du code civil, aux termes duquel tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer, et qui déclare, en outre, que chacun est responsable non seulement par son fait, mais encore par sa négligence.

Il a été ainsi jugé par la cour de cassation : que le propriétaire d’un bois est resfionsable vis-k-vis du fermier auquel il a oué une pièce de terre contiguë au bois, des dégâts causés aux récoltes de ce fermier par les lapins qui vivent dans le bois, lorsqu’il ne justifie pas de diligences personnelles pour arriver à la destruction de ces animaux, et qu’il s’est opposé dans une certaine mesure à leur destruction par des tiers. (En l’espèce, des chasseurs venus avec fusils et furets avaient été renvoyés par le propriétaire.)

La même solution est admise en ce qui concerne les cerfs, biches, sangliers, etc. ; et il a été jugé que le locataire de la chasse d’un bots où se trouvent des cerfs et des biches, assimilé en cela au propriétaire, peut être déclaré responsable des dégâts causés par ces animaux aux propriétés voisines, alors même qu’il est constaté qu’il n’a ni attiré ni retenu les cerfs et les biches, et qu’il n’en a pas favorisé la multiplication, si, d’autre part, il résulte des débats qu’il n’a pas employé des moyens de destruction suffisants et que les cerfs et biches étaient en trop grand nombre.

Animaux (histoire des), par- Aristote, traduction française de M. Barthélemy-Saint-Hilaire (1884, in-8<>). Cet ouvrage, qui contient la zoologie des anciens, se compose de neuf livres, que nous allons parcourir successivement.

Livres /, //, ///, — Dans le corps de tous les animaux, on distingue des parties qui sont complexes, et d’autres parties qui ne le sont pas. Les parties complexes se subdivisent en d’autres parties, dans lesquelles ne se trouve plus la forme de celles d’où on les a tirées. Le visage ne se divise pas en visages, mais

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en nez, en bouche, en yeux, en front, tandis qu’au contraire les parties simples, comme le sang, les os, les nerfs, les cartilages, ne donnent jamais, quelque divisées qu’elles soient, que des parties toujours similaires, du sang, des os, des nerfs, etc. Les parties complexes sont parfois des membres qui se divisent en plusieurs portions : ainsi le bras, pris dans sa totalité, comprend le haut du bras, l’avant-bras et la main, qui se subdivise elle-même en plusieurs autres parties secondaires, telles que les doigts. Remarquons en passant que cette première division des parties du corps contient en germe la distinction des appareils et des systèmes, des organes et des tissus.

Les parties complexes ou simples, qui se retrouvent dans tous les animaux, sont semblables dans les individus de la même espèce ; elles diffèrent d’une espèce à l’autre et d’un genre à l’autre, par la couleur, la forme, la grandeur ; elles peuvent différer par la position : par exemple, les mamelles sont placées pour les uns sur la poitrine, et pour les autres entre les cuisses ; enfin, il peut n’y avoir entre elles qu’une simple analogie : > par exemple, l’os est analogue à l’arête, l’ongle à la corne, la main à la pince, la plume à l’écaillé, etc. ; car ce qui est la plume dans l’oiseau est l’écaillé dans le poisson ». Lus parties similaires sont tantôt sèches et solides, tantôt molles et liquides : ici l’os, la corne, les cheveux, etc. ; là, le sang, la bile, le lait, la lymphe, etc.

Aristote passe aux différences qu’on observe entre les animaux. Les uns vivent sur la terre, les autres sont aquatiques, d’autres sont amphibies ; ceux-ci restent toujours en place, tandis que ceux-là peuvent se mouvoir ; ceux-ci marchent sur le sol, tandis que ceux-là volent dans l’air ; les uns ont des pieds, les autres en sont dépourvus ; les uns vivent en troupes, les autres sont solitaires ; il y en a qui habitent constamment les mêmes lieux, il y en a qui en changent ; ceux-ci sont carnivores, ceux-là frugivores ; les uns sont privés, les autres sauvages ; les uns ont une voix, les autres sont muets.

Parmi les animaux aquatiques, il y a deux espèces à distinguer. La première vit dans l’eau et s’y nourrit ; elle absorbe le liquide et le rejette ; « si elle vient à en manquer, elle ne peut plus vivre. ■ C’est le cas de la plupart des poissons. La seconde espèce se nourrit aussi dans l’eau et y passe sa vie, » mais cependant elle pe respire pas l’eau, elle respire l’air et se reproduit hors du liquide, i Quant aux animaux terrestres, « il y en a qui reçoivent l’air et le rejettent ; c’est ce que l’on appelle aspirer et expirer ; on observe ce phénomène dans l’homme et dans tous les animaux terrestres qui ont des poumons, • d’autres, au contraire, m’absorbent pas l’air •, mais ils vivent et trouvent leur nourriture sur le sol, comme la guêpe, l’abeille et les autres insectes. (Aristote ignorait la respiration branchiale des poissons et la respiration trachéale des insectes.) Les animaux qui vivent en troupe sonttantôterrants, tantôt organisés en sociétés fixes. Les animaux qui forment des sociétés sont ceux qui ont à faire un travail identique et commun. L’homme, l’abeille, la guêpe, la fourmi, la grue forment des sociétés ; de Ces sociétés, les unes ont un chef, tandis que les autres n’en ont pas.

Le caractère des animaux n’est pas moins varié que leurs habitudes. Douceur ou férocité, courage ou timidité, intelligence ou stupidité, et une foule d’autres qualités semblables se manifestent en eux à des degrés divers. Tel animal est plein d’activité et de malice, comme le renard ; tel autre, comme le chien, est plein de cœur, d’attachement et de fidélité. D’autres sont doux et faciles à apprivoiser comme l’éléphant ; d’autres sont jaloux et vaniteux comme le paon. « Entre tous les animaux, l’homme seul a le privilège de la réflexion. Beaucoup d’autres ont également la faculté de se souvenir et d’apprendre ; lui seul a le don de se ressouvenir à volonté. »

Il y a dans tout animal deux parties absolument indispensables : l’une, pour recevoir la nourriture, qui le fait vivre, sous forme de fluide ; l’autre, pour en rejeter le superflu. Tous les animaux sont sensibles ; mais tantôt ils ont tous les sens ; tantôt ils n’en possèdent qu’un seul, qui, alors et sans aucune exception, est le toucher, répandu dans le corps tout entier, et ne résidant pas comme les autres sens dans un organe spécial. Quant à la reproduction, les animaux sont, ou vivipares, ou ovipares, ou vermipares. (Aristote croyait que les insectes se reproduisaient sous forme de vers.) Les genres les plus étendus et les plus remarquables sont les quadrupèdes, les oiseaux, les poissons, les cétacés qui ont tous du sang ; puis viennent les genres qui n’ont pas de sang : mollusques, crustacés, testacés et insectes. Aristote réservait le nom de sang au liquide rouge des animaux supérieurs.

Telle est la première esquisse tracée par Aristote du règne animal. Ici, il nous apprend quelle méthode it entend suivre dans l’étude des animaux. « Nous examinerons, dit-il, les choses plus en détail, afin de saisir d’abord les différences réelles qui divisent les animaux, et les conditions qui sont communes à tous. Ensuite, nous devrons nous efforcer de découvrir les causes de tous ces

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faits ; car c’est ainsi qu’on peut se faire uns méthode conforme à la nature, une fois qu’on possède l’histoire de choque animal en particulier, puisqu’alors on voit aussi évidemment que possible à quoi il faut appliquer sa démonstration et sur quelle base elle s’appuie. • Puis, il explique pourquoi il lui parait nécessairedecommencer par l’homme. «Nous nous appliquerons tout d’abord à l’étude des parties dont l’homme se compose ; car de même qu’on estime la valeur des monnaies en les rapportant à celles qu’on connaît le mieux, de même il faut en faire autant pour toute autre chose. C’est l’homme qui nécessairement nous est le mieux connu de tous les animaux. Il suffit du témoignage de nos sens pour savoir quelles sont ses parties. >

L’homme étant pris pour modèle, Aristote étudie les parties extérieures et intérieures de quelques animaux parmi ceux qui ont du Sang ; et il les compare avec les parties analogues du corps humain. II remarque que « la taupe ne voit pas, et qu’elle n’a pas certainement d’yeux qui soient apparents » ; mais en lui enlevant la peau, dit-il, ■ on reconnaît qu’elle a la place des yeux, et les parties noires de l’œil, dans le lieu et à la position que la nature assigne aux yeux qui saillissent au dehors ; on dirait que ceux de la taupe ont été mutilés au moment de la naissance, et que la peau a poussé par-dessus ».

Passant des parties non similaires, dans l’homme et dans l’animal, aux parties similaires, le philosophe traite spécialement du sang et des vaisseaux qui le contiennent et le portent dans toutes les parties du corps. À ce propos, il discute et repousse trois théories : celle de Syennésis de Chypre, celle de Diogène d’Apollome et celle de Polybe, le gendre d’Hippocrate. Ces théories faisaient partir toutes les veines, soit du nombril, soit de la colonne vertébrale, soit de la tête. Aristote montre qu’elles commencent en partant du cœur. « Ce qui le prouve, dit-il, c’est qu’en passant au travers d’autres viscères, elles y gardent toute leur intégrité et y restent partout des veines. Le cœur semble, en quelque sorte, en être une partie, surtout de la veine qui est en avant et qui est la plus grosse, puisque au-dessus et au-dessous on trouve ces veines et qu’au milieu c’est le cœur. » Nous devons dire qu’il ignorait, non seulement la circulation du sang, mais la distinction des artères et des veines, et même qu’il connaissait assez mal l’anatomie du cœur, car il n’y comptait que trois cavités au lieu de quatre.

Après le sang, viennent d’autres parties qui sont similaires comme lui, nerfs, fibres, cartilages, ongles, poils, membranes, chair, graisse et suif, moelle, lait, liqueur séminale, le tout observé sur les animaux qui ont du sang. On voit, par ce que dit Aristote des nerfs, qu’il ne connaissait ni leurs fonctions, ni leurs rapports avec les sens, d’une part, avec l’encéphale et la moelle épinière de l’autre ; qu’il ne connaissait sous le nom de nerfs que les extrémités tendineuses des muscles et des ligaments articulaires.

Livres IV, V, VI, VII. — Le quatrième livre contient deux parties : l’une où Aristote achève la description des animaux par celle des mollusques, des crustacés, des testacés et des insectes, c’est-à-dire des animaux qui, selon lui, n’ont pas de sang ; l’autre où il étudie, dans la série animale toute entière, les sens, la voix, le sommeil, les sexes.

Les trois livres suivants sont consacrés à exposer les modes de reproduction qui, dans tous les degrés de la vie animale, sont destinés à continuer les espèces. Ici, le philosophe nous avertit expressément qu’il croit devoir renverser l’ordre qu’il a précédemment adopté. Au lieu de commencer par l’homme, c’est par lui qu’il compte finir, après avoir montré comment tous les autres animaux se reproduisent. Il débute donc par les testacés, pour passer aux crustacés, aux mollusques, aux insectes ; de ceux-ci, il passe aux poissons, des poissons aux oiseaux, des oiseaux aux quadrupèdes, des quadrupèdes à l’homme.

Cette étude sur la physiologie comparée de la génération commence par quelques mots sur la génération spontanée, qui est admise par Aristote. « Il y a des animaux qui naissent d’autres animaux, par homogénéité de forme ; mais il en est d’autres qui naissent spontanément, et non pas d’êtres du même genre qu’eux. Et parmi ces derniers, les uns viennent de la terre putréfiée ou de plantes pourries, comme on le voit pour bien des insectes ; d’autres se produisent dans les animaux eux-mêmes et proviennent des excrétions qui restent dans les divers organes ». Cette erreur n’a rien qui doive surprendre chez Aristote. La génération spontanée devait sembler une donnée de l’observation positive à qui ne se rendait pas compte de tout ce que recelaient les plantes ou la terre.

Il faut lire les livres V et VI pour se faire une idée de la quantité prodigieuse de faits rassemblés par Aristote sur les phénomènes qui se rattachent à la génération dans toutes les espèces qu’il connaît. Modes variés et saisons des accouplements ; âges où les accouplements deviennent possibles ; durée de la gestation ; frai des poissons ; œufs et nids des oiseaux ; développement de l’œuf ; par» turition des petits ; éclosion des insectes, il 83

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semble que rien n’échappe à son observation. Tout cela n’est pas classé bien régulièrement, mais rien n’est obscur dans ces descriptions multipliées et toujours exactes.

Le livre VII traite de la génération de l’homme. Il s’occupe, en premier lieu, de la puberté, qu’il appelle, avec Alméon de Crotone • la floraison de l’être humain », puis de l’évacuation mensuelle, de la grossesse, du développement progressif du fœtus, de la durée de la gestation, des naissances plus ou moins heureuses, à sept, huit, ou neuf mois, sans omettre celles qui, beaucoup plus rares, vont à dix mois. Il indique la position du fœtus dans l’utérus, et la façon dont il se présente le plus ordinairement quand il en sort. Il décrit les phases de l’accouchement. Il parle ensuite du lait, qui doit faire vivra l’enfant, une fois né, et dont il explique les relations étroites avec les menstrues de la mère. Il passe enfin au nombre des enfants de chaque couche, aux superfétations, à la fécondité variable des adultes, aux ressemblances des enfants avec leurs parents. Il est à remarquer que, sur ce dernier point, sur la question des ressemblances, qui est celle de l’hérédité, on ne fait guère, même aujourd’hui, que répéter les observations d’Aristote.

« Il naît des enfants de parents infirmes ; de boiteux, il vient des boiteux ; d’aveugles, il vient des aveugles. Souvent même des enfants ressemblent à leurs parents pour des choses qui n’ont, rien de naturel, et ils portent des signes tout à fait pareils. Quelquefois, ces ressemblances passent d’une première personne à la troisième ; et c’est ainsi qu’un père oui avait un signe au bras, eut un fils qui n avait plus ce signe ; mais le petit-fils eut à la même place une tache noire. Ces derniers cas sont rares ; la plupart du temps, de parents qui sont incomplets à certains égards viennent des enfants très complets ; car dans tout cela il n’y a rien de régulier. Les enfants ressemblent à leurs parents, ou aux grands parents, en remontant. Parfois, il n’y a pas la moindre ressemblance avec personne. D’autres fois, la ressemblance cesse pendant plusieurs générations ; témoin cette femme de Sicile qui, ayant eu commerce avec un Ethiopien noir, eut une fille

?jui n’était pas éthiopienne ; mais ce futl’enant

issu de cette fille. En général, les filles ressemblent davantage à la mère ; les enfants mâles, au père. Parfois aussi, c’est le contraire qui se produit ; les filles ressemblent au père ; les garçons ressemblent a la mère. D’autres fois encore, c’est seulement en une certaine partie que les enfants ressemblent à un de leurs parents, et pour des parties diverses de l’un et de l’autre. On a vu des jumeaux qui n’avaient pas la moindre ressemblance entre eux ; mais généralement la plupart des jumeaux se ressemblent. »

Livres V111 et IX.— Ce sont les derniers de l’ouvrage. Aristote y expose les actes, les mœurs et le caractère des animaux. Il remarque d’abord que les animaux dans leurs actes montrent des traces des facultés diverses de l’âme qui se manifestent plus particulièrement dans l’espèce humaine. L’analogie est surtout frappante quand on compare l’unimal à l’enfant. • La facilité à se laisser dompter et la résistance sauvage, la douceur et la méchanceté, le courage et la lâcheté, la timidité et l’audace, la colère et la ruse, sont dans beaucoup d’entre eux, autant de ressemblances qui vont même jusqu’à reproduire la pensée et l’intelligence. Tantôt la différence est du plus au moins des animaux à l’homme, ou de I homme à bon nombre d’animaux, certaines de ces qualités prédominant dans l’homme, et certaines autres prédominant, au contraire, dans l’animal. Tantôt, la différence porte sur une simple analogie ; et, par exemple, ce que l’art et la science sont dans l’homme, telle autre faculté naturelle du même genre remplit le même office chez les animaux. Ces rapprochements sont surtout frappants quand on regarde ce que sont les enfants, et cette période de la vie humaine. En eux, on voit déjà comme les traces et les germes des qualités qu’ils doivent avoir plus tard. Mais à ce moment, l’âme de l’enfant ne diffère en rien, on peut presque dire, de celle des animaux ; et par conséquent, il n’y a rien de faux à supposer qu’il y a, dans 1b reste des animaux, des choses qui sont, ou identiques, ou voisines, ou analogues à celles qu’on observe dans l’homme. »

La comparaison de l’homme avec les animaux amène celle des animaux avec les plantes, et le philosophe est conduit à exprimer sur la gradation insensible qu’on observe entre les êtres, des idées qui ne semblent pas éloignées de celles de Leibniz et de. Bonnet.

t La nature passe par des degrés tellement insensibles, des êtres sans vie aux animaux, que ta continuité nous cache la commune limite des uns et des autres, et qu’on ne sait auquel des deux extrêmes rapporter l’intermédiaire. Après la classe des êtres ina nimés vient d’abord celle des plantes, et entre les plantes les unes comparées aux autres semblent participer davantage à la vie. Mais cette classe entière d’êtres parait presque animée comparativement à d’autres corps, en même temps qu’elle parait presque inanimée quand on la compare à la classe des animaux. D’ailleurs, ainsi qu’on vient de le dire, le passage des plantes aux animaux

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