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était entré k Oran le i janvier 1831, et il y avait renversé le pouvoir beylical ; mais notre domination ne dépassait paa encore les murs de cette ville. Le pays était livré k l’anarchie, les tribus rivales se faisaient une guerre meurtrière et, des brigands coupant tes routes, les marchés demeuraient déserts. Les gens de Tlemcen et les Beni-Amer comprirent tout de suite la nécessité de se grouper autour d’un chef. Ils en demandèrent un au sultan du Maroc, Muley Abd-ur-Rahman, qui leur envoya comme lieutenant un de ses neveux. Celui-ci commençait à rétablir l’ordre, lorsqu’il fut rappelé par son oncle, auquel le gouvernement français avait adressé des représentations comminatoires. De leur côté, les Hachems prièrent Mahhi-ed-Dln de se mettre à leur tête arec le titre de sultan. Le vieux marabout refusa à plusieurs reprises ; seulement, il consentit à donner pour chef aux Hachems son bien-aimé fils Abd-el-Karler, âgé de vingt-quatre ans, dont le courage s’était manifesté déjà en plusieurs rencontres et qui fut également reconnu par les Beni-Amer et par Mascara. À peine arrivé dans cette place qui devint en quelque sorte sa capitale, Abd-el-Kader se hâta de proclamer la guerre sainte et donna rendez-vous aux chefs de la province pour le premier jour de janvier 1833, sous les murs d Oran. Ceux-ci Refusèrent de lui obéir ; il marcha contre eux, mais il dut battre en retraite. La guerre sainte commençait mal, puisque l’autorité de celui qui la dirigeait était méconnue. Sur ces entrefaites, le général Desmichels fut désigné pour succéder, à Oran, au général Boyer. Le nouveau commandant, voyant qu’Abd-el-Kader voulait réduire la ville par un long blocus, résolut de se donner de l’air et y réussit en partie ; mais il eut le tort immense d’offrir indirectement à son adversaire de Bigner un traité de paix. Ce traité, origine véritable de la puissance du sultan algérien, reconnut la souveraineté d’Abd-el-Kuder sur un grand nombre de tribus (26 février 1834), et le général Desmichels, poussant jusqu’au bout sa malheureuse politique, aida l’émir à triompher des chefs arabes, ses compétiteurs, notamment des Douairs et des Smélas. Lorsque le gouvernement français reconnut l’erreur dans laquelle il était tombé en ratifiant la convention Desmichels, il rappela le maladroit négociateur et le remplaça par Trézel qui perdit contre Abd-el-Kader, le 26 juin 1835, la bataille de La Macta. A Trézel succéda Clauzel, qui marcha contre l’émir, le battit, lui enleva Mascara et débloqua Tlemcen ; mais pendant un voyage politique que fit le maréchal à Paris, le général d’Arlanges essuya une défaite près de Sidi-Yacoub. Une fois encore, l’émir triomphait, et les Arabes oranais se levaient en masse contre la France. Bugeaud, qui arriva alors en Afrique avec la mission de vaincre ou de négocier, eut avec Abd-el-Kader l’entrevue de la Tafna. Abd-el-Kader s’y montra hautain, dédaigneux, entouré d’une brillante cavalerie ; il parla de la paix comme un homme qui ne demande qu’a continuer la guerre. « L’entretien fini, raconte Louis Blanc, le général Bugeaud s’était levé et l’émir restait assis. Blessé au vif. le général français le prit alors par la main, et l’attirant à lui d’un mouvement brusque : « Mais relevez-vous donc I » Les Français furent charmés de cette inspiration d’une âme impérieuse et intrépide, et les Arabes laissèrent percer leur étonnement. Quant à l’émir, saisi d’un trouble involontaire, il se retira sans proférer une parole, sauta sur son cheval et regagna les siens. En même temps on entendit une puissante clameur que les échos prolongèrent de colline en colline. Vive le sultan I criaient avec enthousiasme les tribus. Un violent coup de tonnerre vint ajouter à l’effet de cette étrange scène et, se glissant dans les gorges des montagnes, les Arabes disparurent. » Le traité de la Tafna (30 mai 1837) donnaità Abd-el-Kader l’administration de la province d’Oran, de celle de Tittery et d’une partie de celle d’Alger ; en échange de certaines conditions acceptées par l’émir, celui-ci obtint la cession de Rachgoun et de Tlemcen et devint, en réalité, le véritable maître des deux tiers de l’Algérie. Il organisa tout le pays arabe soumis a ses lois en huit califaliks ou gouvernements : Tlemcen, Mascara, Milianah, Hamza, Medjatia, Zàb, etc. Chaque califalik fut divisé en aghaliks, et les aghaliks comprirent un certain nombre de tribus commandées par des caïds, ayant sous leurs ordres des cheiks pour les représenter auprès des fractions de tribus. Tous les postes supérieurs furent occupés par des marabouts, par des hommes de noblesse religieuse, peu suspects de sympathie pour les chrétiens. Outre les contingents des tribus, l’émir créa une armée permanente de 10.000 hommes, dont 2.000 cavaliers, et un corps de 240 artilleurs. U acheta de la poudre dans le Maroc, et il en Ht fabriquer à Tlemcen, à Mascara, à Milianah. Enfin, pour exciter l’émulation des soldats, il alla jusqu’à créer une décoration militaire. Aussi, lorsque le maréchal Valée lui soumit un article rectificatif du traité de la Tafna, Abd-el-Kader ne put ou ne voulut point s’entendre avec le négociateur français. Valée résolut d’effrayer I Arabe par une démonstration militaire, et il franchit !e défilé des Portes de Fer (octobre 1839). AbJ-el-Kader y répondit en proclamant la guerre ; il donna à Ben-AUal et à

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Beik.mi l’ordre d’envahir la plaine de la M6tidjah par l’O. et par le S., tandis que les contingents de Beni-Salem s’y précipitaient par l’É. Alors commença cette lutte passionnée où vainqueurs et vaincus firent des prodiges d’héroïsme et dont la défense de Mazagran est le fait le plus mémorable (1840). En 1641, Bugeaud remplaça Valée dans le gouvernement général de l’Algérie, À peine s’est-il rendu compte de la situation, qu’il adopte une nouvelle tactique. Il va s’appuyer sur Médéah et Milianah, ■ qu’il garnira de troupes suffisantes, non pas seulement pour garder ces villes, mais pour inquiéter l’ennemi qui se trouvera placé entre les colonnes mobiles et les principaux points d’occupation fixe. De Milianah, il s’avancera par la plaine du Chelif dans la direction de Mostaganetn ; puis, après avoir donné la main aux troupes de la division d’Oran, poursuivant Abd-el-Kader de montagne en montagne, de vallée en vallée, ne lui laissant aucune trêve, aucune relâche, il le traquera dans toutes les positions jusqu’à ce qu’il ait détruit ses établissements et peut-être son armée. Dans ce système, un certain nombre d» tribus se trouveront placées en arrière de nos colonnes ; il les organisera en courant, leur donnera des chefs nouveaux, établira ainsi une rivalité profitable entre ceux qui l’étaient et ceux qui le sont devenus, et sur toutes ces divisions, sur cet amas de pouvoirs naissants et de pouvoirs détruits, il établira le pouvoir de la France. » Ce système, perfectionné par Lamoricière, produisit de tels résultats que, dès 1843, Bugeaud ne songea plus qu’à s’emparer de l’émir lui-même : la plupart des tribus avaient, en effet, demandé l’aman, et Abdel-Kader ne nous faisait plus qu’une guerre de partisans ; il errait de côté et d’autre avec sa smalah, forte de 12.000 ou 15.000 personnes. Pour éteindre les derniers foyers de l’hostilité à la domination française, on donna aux opérations deux formes bien distinctes. D’un côté, on disputa pied à pied aux Kabyles leurs après montagnes ; de l’autre, on poursuivit dans le désert les tribus nomades restées fidèles à l’émir et groupées autour de lui. Cette dernière mission fut confiée aux troupes parties de Mascara, sous les ordres de Lamoricière, et de Médéah sous ceux du duc d’Aumale, maréchal de camp. Le 10 mai 1843, la colonne du duc d’Aumale quitta Boghar. où avaient été concentrés des approvisionnements considérables et 800 chameaux

ou mulets. On savait que la smalah avait passé l’hiver au ksar de Gonsilah ; il importait donc d’atteindre ce point le plus promptement possible, en évitant les lieux momentanément occupés par les tribus et en

s’efforçant de dérober à l’ennemi la direction de notre marche. On arriva, le 14, à la pointe du jour, au pied de la montagne escarpée que dominait Gonsilah. Là on apprit que la smalah se trouvait à Oussek ou Rekaî, à environ 15 lieues dans le S.-O., et l’on se mit en route dans cette direction. Informé par un enfant de la tribu des Harrar que l’émir était en route pour le Djebel-Amour, le duc d’Aumale, subdivisant sa colonne en deux bataillons, piqua droit sur Taguin, se lança sur une fausse piste, rebroussa chemin et se trouva par hasard juste en face de l’adversaire insaisissable qu’il cherchait.

On sait ce que désigne ce terme arabe : smalah. Lorsque Abd-el-Kader avait vu ses établissements fixes successivement envahis et détruits par nos soldats, lorsqu’il s’était vu pressé entre Le désert et nos colonnes, il avait compris que, pour sauver les plus précieux débris de sa puissance, il ne lui restait d’autre moyen que de les rendre mobiles et de dérober à nos armes, par des marches et des contremarches rapides, ce qu’il ne pouvait plus leur disputer par des combats. Il organisa donc la smalah, sorte de capitale ambulante, d’où partaientses instructions, où se ipaliiaient ses parents et ses partisans, où se traitaient les affaires importantes et autour de laquelle les tribus formaient dans le désert comme un rempart/immense. Le campement de cette population nomade se composait de quatre enceintes circulaires et concentriques où chaque douar, chaque famille, chaque individu, avait sa place fixée suivant le rang ou le poste qu’il occupait. La tente d’Abd-el-Kader se dressait au centre. En tout, la smalah comprenait, lorsqu’elle fut attaquée par le duc d’Aumale, 363 douars de 15 à 20 tentes chacun. Le 16 mai au matin, notre cavalerie se déploya brusquement sur le mamelon pierreux qui surplombe la source deTaguin.pendantquelesArabess’écriaient : Et Roumil Br Botimil (le Chrétienl). Sans donner le temps à l’ennemi de se remettre de sa surprise, le duc forma rapidement sa petite troupe et, malgré l’infériorité du nombre, il s’empara de la smalah, Abd-el-Kader, sa femme et sa mère réussirent à prendre la fuite, mais ses drapeaux, ses munitions, ses tentes, ses trésors, sa correspondance, tombèrent entre nos mains, ainsi que 3.000 prisonniers. L’émir gagna le Maroc. Loin de sa décourager, il surexcita le fanatisme des confréries religieuses au point d’obliger le sultan Muley Abd-ur-Rahman à lui obéir en aveugle, sous peine de soulever ses sujets contre lui. Cette politique adruite et insidieuse réussit à merveille. Muley Abd-ur-Rahman nous déclara la guerre. Mais l’occupation d’Ouchda, le bombardement de

Tanger, la ruine de Mogador et la victoire

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de l’Isly obligèrent le sulian marocain à répudier l’alliance d’Abd-el-Kader (1844). Celui-ci, qui était rentré en Algérie, ne cessa cependant point d’exciter les tribus. Dans une reconnaissance du côté de Sidi-Brahim, le colonel de Montagnac le rencontra et succomba sous ses coups avec la plupart de ses hommes. A Aïn-Tmoucbent, la garnison dut se rendre et, au bout de six mois de captivité, l’émir la fit égorger pour n’avoir plus à la nourrir. Enfin, le Î3 décembre 1647, cette guerre, devenue atroce de part et d’autre, se termina par la soumission d’Abd-el-Kader, qui remit son épée k Lamoricière. Le général lui promit de le laisser se retirer à Alexandrie ou à Saint-Jean-d’Acre, mais le gouvernement, au lieu de ratifier cette promesse, fit interner le vaincu au fort Lamalgue, puis à Pau et ensuite à Amboise. • Prisonnier, dit Jules Claretie, Abd-el-Kader accepta l’épreuve sans murmurer. À Pau, à Amboise, il y a sous l’herbe de petits monticules que le temps et les pluies ont aplatis lentement avec les années. Ce sont des compagnes ou des enfants de l’émir qui dorment dans ces cimetières oubliés. Ces pauvres Africains souffrirent de dures journées, même sous le doux ciel de Touraine ou le chaud soleil de Pau. Pendant une excursion que nous fîmes il y a quelques années à Amboise, le guide nousdonnait.sur leséjour de ces malheureux, de curieux détails. Ces Arabes étaient fiers, silencieux, à la fois bonnes gens et dédaigneux. Tout leur semblait dû. C’est fort étrange, cet Orient s’implantantdans un château où tout évoque le xvi» siècle. Les femmes, voilées, avaient leurs appartements séparés. Pour les soigner, comme les hommes ne peuvent les approcher, on leur avait donné deux sœurs de charité qui rendaient compte aux médecins de l’état de leur santé. Les malheureuses étaient dévorées par des maladies de peau. Tout d’abord, les médecins d’Amboise, qui ne connaissaient point ces tempéraments d’Orientaux, se livrèrent à des expériences in anima vili. Il fallut faire venir des chirurgiens militaires d’Algérie. Ceuxci déclarèrent qu’ils voulaient voir les malades, qu’ils ne pouvaient les soigner sans cela. Ce fut toute une négociation. On va trouver l’émir, on lui expose que le mal décime les femmes, qu’il faut absolument voir de près la maladie pour la combattre, à Eh « bien, dit Abd-el-Kader, nous demanderons

« aux femmes si elles consentent à se montrer N Une seule y consentit ; mais pour fuir le regard du médecin, dans la salle où on la mena, elle se jeta sur les rideaux, les enroula autour d’elle, s’en couvrit des pieds à la tête et ne laissa passer que son bras nu, taché de psoriasis. Les pauvres Arabes se tuaient, pour ainsi dire, eux-mêmes. Ils couchaient en plein air, sous les arbres, sans vouloir rentrer, comme si l’herbe de Touraine était aussi chaude que le sable de leur Sahara. Aussi les plus robustes, bientôt perclus ou étiques, succombaient-ils. Ils jetaient, d’ailleurs, par la fenêtre les potions et les remèdes. Leur cimetière est dans le jardin, et un marabout de pierre, sans inscription et sans nom, a longtemps marqué leur passade et doit encore.indiquer leurs tombes. Quelle destinée pour ces pauvres gensl

« Abd-el-Kader sortait peu ; il enseignait à lire à ses enfants, autour d’un poêle ; il priait, k midi et à minuit, dans une chambre k l’orient, qui donne sur la Loire. Sa mère était là, et ses femmes, toutes empressées et respectueuses, auprès de la sultane fnvorite. On prenait mille prétextes pour le faire sortir, le forcer à respirer l’air, à se rendre en promenade ; mais la curiosité des paysans, l’escorte qui ne le quittait jamais, attristaient l’émir ; il aimait mieux demeurer seul. Peut-être songeait-il à ce livre qu’il écrivit plis tard : Rappel à l’intelligent, avis à l’indifférent. qu’a traduit M. Gustave Dugat, et dont l’émir disait, en envoyant le manuscrit à la Bibliothèque nationale : • C’est une flèche au mi « lieu des Sèches 1 ■

> À Pau, Abd-el-Kader était, comme à Amboise, l’objet de sollicitations incessantes. On voulait le voir. Il s’y refusait Plus heureux que le lion captif derrière ses barreaux et que les sots ou les lâches insultent du bout de leur canne, il pouvait rester seul dans sa geôle. Mais U savait qu’on l’aimait, à Pau. Bien souvent les dames de la ville lui envoyaient un album pour qu’il y inscrivit quelques-unes de ses poésies. Il répondait parfois non seulement par quelques fragments d’une grandeur digne du Coran, mais par quelque madrigal fort joliment tourné, à la française, et même digne d’un Français du xvme siècle. C’est que ce guerrier, ce prophète, ce soldat, fut avant tout, lui aussi, et pur-dessus tout, un philosophe, un savant et je dirai volontiers un homme de lettres. Après la prise de Mascara, on lui disait : • Que regrettes-tu

« le plus dans ta ville ? > L’émir répondit :

« Mes livres ! •

Il a écrit un jour : • Le kalam (la plume), depuis qu’il a été taillé, a pour esclave le sabre, depuis qu’il a été.affilé. ■ Lorsqu’il dut

?uitter la ville de Pau, il fit demander le préet et lui donna une somme considérable pour les indigents en disant : • Le prisonnier prend sur sa part pour la part du pauvre. » Il ajouta : < Maintenant, puisque les riches me veulent voir, je vais les saluer tous à la fois. » Et il parcourut en calèche les rues pleines de curieux, Louis-Napoléon, qui se

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préparait à asservir la France, venait do rendre la liberté au grand vaincu, qui lui jura de ne jamais remettre les pieds en Algérie. Venu à Paris, il visita l’Imprimerie nationale. Lorsqu’il fut dans l’atelier des machines et qu’il se fut convaincu de leur merveilleuse puissance, il demeura tout étonné ; puis, après un moment de réflexion : • J’ai vu hier, dit-il en parlant du Musée d’artillerie, la maison des canons avec lesquels on renverse les remparts ; je vois aujourd’hui la machine avec laquelle on renverse les rois. Ce qui en sort ressemble à la goutte d’eau venue du ciel : si elle tombe dans le coquillage entr’ouvert, elle produit la perle ; si elle tombe dans la bouche de la vipère, elle produit le venin. » En quittant la France, Abd-el-Kader alla s’établir successivement à Brousse et à Damas. « Il y vécut très à l’écart, dit M. Lanier, retiré dans un quartier de la ville, dont il acheta successivement pour lui, pour sa famille et pour ses serviteurs, toutes les maisons. La plus vaste avait été transformée en mosquée ; les plus petites logeaient les 300 ou 400 Algériens qui l’avaient accompagné dans l’exil. Il vivait au milieu d’eux en patriarche et en souverain. • En 1860, quand eurent lieu les massacres des Maronites par les Druses musulmans, celui qui avait fait en Algérie une guerre si acharnée aux chrétiens prit le parti des Maronites, leur ouvrit son palais, les protégea contre les assassins, les vêtit et les dirigea lui-même sur Beyrouth pour les y mettre en *ûreté. À cette occasion, il reçut le grand cordon de la Légion d’honneur, et jamais récompense ne fut mieux méritée. Depuis sa délivrance, pas un acte, pas un mot ne nous donna le droit de l’accuser de perfidie. Certes, les tribus arabes d’Algérie, si souvent insurgées, l’auraient acclamé encore comme libérateur et comme vengeur, et elles auraient recommencé la guerresainteàlavoixdufils deMahhi-ed-Dln ; mais le fils du désert, qui avait été glorieux dans la lutte, fut constamment, dans la retraite, grand et généreux ; et quand des émissaires prussiens tentèrent, dit-on, en 1870 del’entralner en Algérie, il les écarta sans hésiter. Un de ses fils «'étant mêlé à des intrigues contre notre domination dans l’Afrique septentrionale, U le désavoua énergiquement. Dans une lettre au gouvernement de la Défense nationale, en janvier 1871, il s’exprimait en ces termes :

« Louange à Dieu unique. À Leurs Excellences MM. les membres du gouvernement de la France, résidant à Bordeaux. Que Dieu les aide et leur donne victoire. Vous m’avez informé que des imposteurs se servaient de notre nom et de notre cachet pour soulever le Sahara de l’Est et pour exciter les mécontents à porter les armes contre la France.

« Quand un grand nombre de nos frères (Dieu les protège 1) sont dans vos rangs pour repousser l’ennemi envahisseur, et quand vous iravaillez à rendre les Arabes des tribus libres comme les Français eux-mêmes, nous venons vous dire que ces tentatives insensées, quels qu’en soient les auteurs, sont faites contre la justice, contre la volonté de Dieu et la mienne ; nous prions le Tout-Puissant de punir les traîtres et de confondre les ennemis de la France.

« Le 20 de schawel 1287 (de L. S.),

« Le sincère Abd-el-Kadkr.

Pendant l’année terrible, des voyageurs vinrent le visiter à Damas, et, dans l’espoir de lui être agréable, lui racontèrent avec une méprisable complaisance nos désastres répétés. Abd-el-Kader sortit et revint quelques instants après portant les insignes de la Légion d’honneur. Il mourut en 1883, obscurément, presque oublié, mais jusqu’au bout fidèle à la parole jurée.

ABD-EL-OUADH, tribu arabe d’Algérie, département d’Oran ; elle habite les plaines de Mascara. L’empire des Beni-Zéïân fut fondé à Tlemcen par les Abd-el-Ouadh.

ABD-ÈN-NOUR, confédération arabe d’Algérie, formée d’une trentaine de petites tribus ou ferkas de Kabyles, de Berbers, etc. Au nombre de 9 à 10.000, ils habitent à 70 kilom. S.-O. de Constantine.

ABDOMINO-SCROTAL adj. (ab-do-mi-noscro-tal — rad. abdomen et scrotum). Anat. Qui a rapport à l’abdomen et au scrotum.

Nerfs abdomino-scrotaux. Les deux premières branches collatérales du plexus bulbaire, dont quelques rameaux vont innerver les muscles île l’abdomen et d’autres la peau du scrotum ou des grandes lèvres.

Muscle abdomino-scrotal. V.cremastek.

* ABD-UL-AZIZ, sultan de Turquie. — Malgré le certificat des médecins, attestant que le sultan Abd-ul-Aziz, trouvé mort sur un sopha, les veines ouvertes, le 4 juin 1876, s’était certainement, ou tout au moins vraisemblablement suicidé, des doutes s’étaient immédiatement élevés sur cette fin aussi inopinée qu’improbable. Le suicide est, en effet, très rare chez les musulmans ; ils l’ont en horreur, tandis que l’assassinat est, pour ainsi dire, de tradition dans la politique turque. Une grande obscurité continua d’envelopper ce lugubre événement durant tout le règne, assez court d’ailleurs, de Mourad V, qui ayant, selon toute apparence, ordonné le meurtre, ne tenait pas à ce que la lumière fût faite ; des bruits accusateurs n’en circulaient pas moins. Trois infimes domestiques du palais attiraient sur eux