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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 1, A.djvu/185

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pièces à succès fut la Comtesse Léa, de P. Lindau, drame de tendance, n’offrant, il est vrai, la solution d’aucune des questions qu’il soulève.

Mentionnons encore les tragédies historiques de HansHerrig : Alexandre, Frédéric Barberousse et Néron ; puis Heliodor et Atlantis, du comte Ad. de Scliack ; Cambyse en Égypte, par Théod. Gampe, curieux mélange de naturalisme et de style figuré : le Guelfe, de Charles Ritter ; la Patricienne, tragédie tirée de l’histoire romaine, au temps de Spartacus, par Richard Voss, poète d un sombre pessimisme ; Alcibiade, de P. Heyse. E. de Wildenbruch, dont les œuvres dramatiques n’avaient pas été représentées jusqu’à ces dernières années, est devenu l’un des maîtres de la scène allemande, notamment avec Pères et Fils. La critique l’a même proclamé le Shakespeare de l’Allemagne, Nous devons citer aussi les drames historiques qui fuient joués à l’occasion du jubilé de Luther en novembre 1883 et dont le plus remarquable a été Luther de Hans Herrig, représenté à Worms. Parmi les auteurs comiques, quelques-uns traitent des sujets anciens et démodés ; d’autres s’inspirent de la vie moderne, en dehors de toute allusion politique, et leurs pièces roulent sur les végétariens, les chemins de fer, etc. Nous citerons dans ce genre : E. Wichert, avec le Fou du bonheur ; Ad. Wilbrandt, Paul Lindau, etc.

Roman. Le genre littéraire qui de nos jours est le plus goûté en AUemagnfi, c’est le roman. Certains romans sont publiés en feuilletons à la fois dans plusieurs journaux, et servent admirablement à la propagande philosophique, pédagogique, religieuse et poétique ; c’est ce qu’on appelle en Allemagne des romans de tendance. Ils ont à lutter contre deux autres sortes de romans, qui jouissent d’une grande vogue : les romans historiques et les romans réalistes. Les premiers se recommandent surtout par l’érudition et par les recherches minutieuses. Les trois plus illustres représentants de ce genre semihistorique, semi-romanesque, sont : Freytag, qui depuis 1872 a composé sous forme de roman une véritable épopée nationale en cinq parties ; Joseph -Victor Scheffel, l’auteur de Ekkekard, roman dont l’action se passe au xe siècle ; enfin Eber3, égyptologue distingué, qui a choisi pour cadre de ses ouvrages l’Orient et, en particulier, le pays des Pharaons.

Parmi leurs nombreux imitateurs, on remarque P. Dahn ; Max Ring, Spielhagen,

H. Laube, Gutzkow, de Gottschal !, Hermann Lingg, Woldemar Kaden. Quant aux romans réalistes, ils deviennent de plus en plus nombreux ; la critique a inventé !a dé-’ nomination générique de Romans d’hôtel (ffotelromane) pour toute une classe de récits dont les scènes principales se passent en voyage et dans les chambres d’hôtel. Revenons, pour pouvoir faire des citations plus détaillées, sur quelques-uns de ces différents genres.

Parmi les romans de tendance, les études de caractère et de mceurs, les ouvrages récents de Fr. Spielhagen, par les qualités de la forme et du fond, s’élèvent bien au-dessus do la moyenne des productions contemporaines ; ses meilleures productions sont : la Tempête, dont l’action se passe sur l’Ile de Rugen et à Berlin, et dont l’idée dominante est le contraste entre un certain monde qui ne connaît que la vanité et le plaisir, et le monde où le travail et te courage viril sont en honneur ; Quisisana, où l’auteur a épuisé un sujet déjà bien usé, l’amour d’un homme âgé pour une toute jeune fille ; enfin, Uhlenhans, œuvre tendant a montrer que sur cette terre un honnête homme ne peut être que malheureux, et empreinte d’un sombre pessimisme. W. Raabe (Jacob Corvinus) forme

un constraste complet avec la méthode classique du précédent. Il est & la fois élégiaque et comique. Dans une de ses dernières productions, les Vieux Nids, il raconte l’histoire de cinq personnages intimement liés dans leur jeunesse, qui, après les luttes, les souffrances et les déboires de la vie, se retrouvent réunis à l’endroit même où ils ont éprouvé les premières joies et les premières peines ; la Princesse Fisch est une interprétation d’un thème cher à l’auteur : la lutte de l’honnêteté timide contre la vanité humaine et la dureté du cœur. Charles Gutzkow a fait paraître, peu de temps avant sa mort, les Nouveaux Frères Sérapion, où l’on trouve à la fois une certaine richesse de pensées traduites avec le talent d’observation qui caractérisait ses premières productions et le maniérisme de ses dernières œuvres.

Paul Heyse, à ia fois nouvelliste, romancier et dramaturge, a fait paraître, outre les Nouvelles romantiques, un roman intitulé : A u paradis, dont l’action se déroule pendant la guerre de 1870-71, dans la société artistique de Munich. Charles Frenzel a donné de nouveaux témoignages de la finesse de son esprit, de son talent d’observation, dans de remarquables études de mœurs contemporaines : Madame Vénus ; les Frères et Sœurs, etc. Citons ensuite Richard Voss, avec Rolla, journal d’une actrice, œuvre malsaine ; Auguste Niemann, l’écrivain conservateur, avec les Comtes d’AUenschwerdt ; Othon Roquette, que nous connaissons déjà comme poète ; Gerhard d’Amyntor. Paul Lindau, dans Monsieur et Ma-

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dame Bewer, raconte l’histoire d’un millionnaire, qui, de retour de Sumatra, épouse une séduisante chanteuse de chansonnettes, union qui, comme on pouvait s’y attendre, tourne mal. H. Laube, le vieil écrivain, fait part à la nouvelle génération do ses souvenirs de jeunesse, dans les Baehminger. L’Adultère, de Th. Fontane, est une fidèle peinture, disent les Allemands, des mœurs de la haute société de Berlin. Parmi les représentants les plus remarquables du réalisme proprement dit, il faut citer W. Jensen, auteur de Nirvana, des Mondes disparus, etc., et Max Kretzer, qui se donne lui-même le titre de « Zola allemand > ; mai 3 ses compatriotes, tout les premiers, avouent qu’il est loin de valoir notre grand écrivain naturaliste. On lui doit notamment les Déchus.

Parmi les romans historiques, les uns déroulent leur action à une époque relativement récente-, les autres, dits archéologiques, retracent de préférence des tableaux empruntés aux civilisations anciennes. Dans une série de volumes appartenant au -premier groupe et intitulée les Ancêtres, Freytag raconte l’histoire d’une famille allemande a travers les siècles ; les dernières parties sont le Roi Marcus, dont l’action se déroule à Thorn, à l’époque des débuts de la réforme en Allemagne, les Frères et Sœurs (xvira et xvnie siècles) et Dans une petite ville, conclusion de cette œuvre considérable permettant de mieux comprendre l’idée-mère qui relie les diverses parties de l’épopée. Rudolphe de Gottschall a sacrifié également au goût du jour pour le roman historique. G. Taylor (pseudonyme d’un savani allemand) a publié Klytia, dont l’action se passe pendant les luttes de la réforme au Palatïnat. L’amour de la fille du médecin et théologien Eraste pour un jésuite est l’intrigue fondamentale de l’œuvre. Malgré d’éminentes qualités, on peut reprocher à cet écrit d’être plutôt une exacte reproduction des événements de cette époque troublée qu’un récit littéraire d’un intérêt soutenu. Georges Ebers, savant égyptologue, est le représentant le plus autorisé du genre archéologique : Uarda, roman de l’ancienne Égypte ; Homo sum, qui se passe aux premiers siècles du christianisme, parmi les anachorètes du Sinaï ; enfin, l’Empereur, où se trouve décrite l’époque de la puissance universelle de l’empire romain et où l’auteur établit un curieux contraste entre l’empereur Adrien, fatigué de vivre, et le jeune et bel Antinous, sont ses œuvres les plus intéressantes. Il a aussi fait quelques excursions à travers des âges moins éloignés de nous : dans Madame la Bourguemestre, par exemple, il raconte les guerres de l’indépendance des Pays-Bas et le siège de Leyde en 1574. Félix Dahn, dans un Combat pour la possession de Rome, raconte la défaite des Ostrogoths, en Italie, d’après Proeope. On lui doit encore ta Consolation d’Odin, récit d’une légende Scandinave ; Félicitas et Bissula, débuts d’une série de petits romans se passant à l’époque de la migration des peuples. Félicitas transporte le lecteur a l’année de la chute définitive de l’empire romain d’Occident et le fait assister à la prise de lu ville de Juvavum (Sa)zbourg) par les Alamans et les Bajuvares. C’est encore sous l’empire romain que se passent les Claudiens de E. Eckstein. L’auteur a bien su peindre les mœurs de l’empire romain expirant, au moment où Coccajus Nerva remplace Domitien sur le trône. L’action est d’un intérêt soutenu ; la reconstitution d’une époque disparue ne sert ici que de cadre à l’intrigue et n’est pas le but principal. Relevons encore les noms de Alf. Meiszner, auteur de la Princesse de Portugal ; de Th. Fontane, auteur de Schach von Wuthenow, récit parfaitement bien conduit et rempli de fines observations, dont l’action se déroule à Berlin, au commencement du siècle ; de Levin Schiicking, d’Erich Lilsen, de Wilhelmine de Hillern. Quelques écrivains ont entrepris de raconter l’histoire universelle et, en particulier, l’histoire d’Allemagne, dans une série de romans. Gustave-Adolphe, par Conrad de Bolanden, est l’œuvre la plus remarquable de ce genre.

En ce qui concerne la nouvelle et la conte proprement dits, beaucoup d’écrivains de talent se sont consacrés à ce genre si populaire et si répandu en Allemagne. Berthold Auerbach, le célèbre conteur, a ajouté à sa série de nouvelles une dernière œuvre, intitulée : Trente ans après, où il présente de nouveau au lecteur des personnages de ses œuvres précédentes, à une époque plus avancée de leur existence. Hans Hopfen a donné les Histoires dumajor, recueil de nouvelles racontées par un militaire. Les Camarades disparus ; le Bonheur et la fin de Fritizerl, aventures de la campagne de 1870-1871, Sont dans leur genre de petits chefs-d’œuvre. Citons encore les Idylles russes de Charles Detlef (Claire Bauer) ; les Nouvelles du pays d’Ad. Wilbrandt ; les Contes d’été, charmant petit livre de Rudolphe Baumbach.

La littérature des voyages est largement représentée en Allemagne. Nous mentionnerons : Le Vrai pays des milliards, études parisiennes, et Paris sous la troisième République, par Max Nordau ; Porisiana, de M. G. Conrad ; le Livre de voyages et les Lettres de Russie du comte de Moltke, le grand stratégiste ; Souvenirs et Études, par Guillaume RoszmanD, parmi lesquels on remarque : la

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Passion à Saint-Pierre de Rome, la Passion sur la scène de l’Oberammergau, Une visite aux moines du mont Athos ; Monaco, souvenirs du tapi3 vert et de la mer bleue, par H. Wachenhusen ; Trois étés en Norvège, par Louis Passarge ; Ma mission en Abyssinie, da Gerhavd Rohlfs ; les Iles heureuses, de François de Loeher ; et enfin les Lettres d’un voyageur aux Indes, œuvre remarquable d’Ernest Haeckel, le savant naturaliste.

Nous voudrions pouvoir consacrer un grand nombre de lignes a la critique en Allemagne, mais la tâcha nous apparaît trop malaisée. Nous avons dit plus haut que, par une abdication volontaire, elle se confinait au triste rôle de piper le lecteur dans des réclames adroitement déguisées ; elle ne change guère de ton que lorsqu’il s’agit d’apprécier dès œuvres qui no sont point des produits nationaux, des œuvres françaises, par exemple : alors, rajeunissant une vieille formule, elle passe du plaisant au sévère, et de plate se fait agressive. Passons, et rendons au plus vite hommage aux rares représentants honorables et sérieux que la critique compte encore au delà du Rhin. Parmi eux il faut citer en première ligne MM. Paul Lindau, Maurice Carrière et Fr. Vischer. Après eux viennent MM. Proelsz, qui a écrit plusieurs ouvrages d’histoire littéraire et notamment l’Histoire du nouveau drame ; Gervinus, auquel on doit aussi, nous l’avons vu, des œuvres purement historiques, Julien Schmidt et Gottschall qui traitent tous deux de la nouvelle littérature : l’un essentiellement opposé aux tendances libérales

dont elle fait preuve, l’autre, au contraire, s’y ralliant sans restriction ; L. Klein, qui, dans son Histoire du drame, œuvre malheureusement trop surchargée, a mené à bonne

fin un labeur inouï, décrivant en 13 volumes le théâtre de la Grèce, de Rome, de l’Orient, ainsi que celui de la France, de l’Espagne et de l’Angleterre.

Nous terminerons ce résumé du mouvement littéraire en Allemagne par une analyse rapide de la littérature historique et scientifique. Les principaux historiens de l’Allemagne contemporaine sont Jean-Gustave Droysen, George, Godefroy Gervinus, dont l’Histoire du xtxe siècle, qui va jusqu’au traité devienne, se distingue par une grande érudition et une remarquable exposition. Le célèbre historien Léopold de Ranke, mort en 188S, avait commence à l’âge do 85 ans la publication d’un nouvel ouvrage considérable, une Histoire universelle, en 6 parties (1880). Relevons encore les noms de G.-Henri Pertz, chercheur érudit ; de Théodore Mommsen ; de Henri de Sybel, qui présente l’histoire de la Révolution française sous un jour tout nouveau ; de Max Duncker, l’enthousiaste historien de l’antiquité ; de Louis Hœusser, auquel on doit une Histoire de l’Allemagne depuis la mort de Frédériu le Grand jusqu’à l’établissement de la confédération germanique ; de Guillaume de Giesebrecht, qui décrit avec chaleur et dans un style remarquable l’époque de l’empire germanique. Quant à la littérature scientifique, depuis les

Premiers ouvrages de vulgarisation d’A. Humoldt (dans le « Cosmos », etc.), de nombreux auteurs ont suivi cette voie et ont tenté de mettre les profanes au courant des progrès de la science. Ce sont surtout le chimiste baron de Liebîg ; Bernard de Cotta ; M.-J. Schleiden ; Herm. Burmeister ; Cari Vogt ; Ernest-Henri Haeckel, etc.

À toutes ces productions en des genres si divers, il faut ajouter encore de nombreuses traductions d’auteurs étrangers. Enfin, ainsi que nous l’avons dit en débutant, on réédite un grand nombre de productions du passé. Comme on le voit, le mouvement littéraire est très actif en Allemagne ; de nombreuses anthologies répandent partout le goût de la littérature et dans aucun pays peut-être on ne lit autant. Seulement, nous n’hésitons pas à le répéter, nos voisins, chez qui l’on aime tant a dauber sur les écrivains de la « Babylone moderne ■ n’accordent point leurs préférences aux bons auteurs des époques classiques, et le plus mauvais roman contemporain, pourvu qu’il contienne des allusions à un scandale récent, avec quelques révélations piquantes, trouve plus de lecteurs que les écrits des grands maîtres.

Peinture. Depuis la mort des deux maîtres de la peinture académique, Schwind (1871) etW. Kaulbach (1874), le3 écoles réalistes et coloristes dominent en Allemagne, subissant surtout l’influence de Piloty, deMunich. Les idéalistes, qui ne sont plus représentés que par des peintres d’un talent secondaire, comme J. Schraudolph, ont presque complètement disparu des expositions. Depuis quelques années, les artistes allemands ne se bornent

filus a étudier dans leur pays, ils vont visiterétranger, particulièrement ta Belgique et Paris. Il en est résulté que les productions des divers centres artistiques ont, en général, un caractère uniforme. Cependant il existe toujours quelques différences caractéristiques. Les écoles du Nord, comme Berlin, ont une tendance plus marquée vers le réalisme ; celles du Sud forment plutôt des coloristes doués de fantaisie et d’imagination. Ces divergences correspondent d’ailleurs au caractère et aux dispositions des populations. De même, les artistes de Berlin et de Dusseldorf, que la situation géographique de ces

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villes prédispose à des études internationales, possèdent eu général un talent plus varié que ceux qui se forment à une école unique et isolée. Les principaux centres artistiques de l’Allemagne sont Berlin, Dusseldorf, Munich, Carlsruhe et Weimar.

Berlin. Un grand nombre d’artistes berlinois vont terminer leurs études à Paris, et généralement leurs productions n’ont pas d’originalité propre. L’art berlinois est éclectique et vigoureux, mais il manque absolument de sentiment. U compte encore quelques adhérents de l’idéalisme du commencement de ce siècle, mais leurs œuvres tendent de plus en plus à disparaître devant le flot montant du réalisme. Parmi les artistes qui sont restés fidèles à l’idéalisme conventionnel de Cornélius et de Kaulbach, il convient de citer Ad. Begtvs, qui a surtout étudié Raphaël, les Vénitiens et les Espagnols ; Bernh, Plockhorst, Oscar Begas, Ad. Jebens, J.-F.-A. Schrader, G. Richter, remarquable surtout dans le portrait, où il rappelle la manière de Van Dyck. Son Portrait de femme fut l’œuvre capitale en ce genre de 1 exposition de Berlin, en 1881. Parmi les peintres d’histoire qui terminèrent leurs études à Paris chez Couture, mentionnons. G.-A. Spanfenberg, O. Knigge et surtout Othon Knille, qui fut décernée la grande médaille d’or à l’exposition de Berlin, en 1881, pour sa grande Composition destinée à la bibliothèque de l’université de Berlin et représentant les Réformateurs salués par les humanistes.

Le comte Frédéric Harrach, élève du peintre belge Pauwels, s’est particulièrement adonné à la peinture religieuse. Son œuvre capitale est la Tentation, tableau qui produisit une grande Sensation à l’Exposition de Berlin en 1881. Le Tentateur a conduit le Christ au sommet d’une haute montagne, pour lui montrer « tous les royaumes de la terre et leur splendeur t. Satan, qu’enveloppe une atmosphère lumineuse, est présent sous la forme la plus séduisante ; et à ses pieds s’étend à l’infini un paysage splendide.

La peinture historique a pour principal représentant le comte Antoine de Werner, élève de Lessing et de Schrcedteret directeur de l’académie de Berlin. Peintre officiel de la cour, il a exécuté de grandes toiles» devenues, par leurs sujets, populaires en Allemagne, mais d’une exécution froide et d’un effet prosaïque ; tels sont notamment ses tableaux : De Moltke et son état-major devant Paris ; la Proclamation de l’empire auchâleav. de Versailles ; le Congrès de Berlin en 1878 (Exposition de Munich, en 1883).

L un des plus grands artistes de l’Allemagne et le premier de Berlin est Adolphe Menzel, qui traite avec un égal bonheur la peinture historique et la peinture de genre. Parmi ses œuvres les plus remarquables, on cite le Portrait du roi, au château royal de Berlin ; Y Entrée du roi d Berlin après la déclaration de guerre, le Départ du roi pour l’armée et les Cyclopes modernes. On lui doit aussi de petits tableaux, des aquarelles d’une grande finesse d’exécution, rappelant Meissonier, comme Un jour de semaine à Paris, et Une soirée au ministère. Chacune de ses œuvres est le fruit d’une étude nouvelle, de nouvelles observations ; il leur communique toujours une vie et une individualité propres. L. Ktiaus, qui jusqu’en 187-4 a résidé & Dusseldorf, est le plus illustre des peintres de genre qu’ait eus Berlin depuis la mort de Fr.-Ed. Meyerheim. Ses œuvres, bien composées et toujours intéressantes, sont frappantes de vérité et d’un élégant coloris. Beaucoup d’entre elles, comme On enterrement dans un village de ta Hesse (1870), le Conseil des paysans, se trouvent à la galerie nationale de Berlin. À côté de Menzel et de Knaus, II. Gussow, élève de Pauwels, a Weimar, occupe un rang honorable. Adonna au pur naturalisme, dédaignant les jeux da lumière et d’ombre, il peint la vérité brutale et forme un contraste complet avec Knaus. Bien que ses œuvres manquent de perspective et d’air, elles attestent un réel talent, comme le prouvent les tableaux l’Ami des fleurs et le Bonheur perdu. Citons encore quelques artistes d’un ordre inférieur : W. Amberg, A. Conrad, J. Ehrentraut, A. Dieffenbach, F. Paulsen. Les œuvres de Fritz Werner, élève de Menzel et de Meissonier, manquent généralement de perspective, comme celles de Gussow, Les Grenadiers du temps de Frédéric le Grand, où ce défaut est évité, sont une œuvre estimée. Dans la peinture de portraits, on trouve généralement une reproduction fidèle jointe à une certaine élégance ; un des meilleurs portraitistes da Berlin est G. Graef, dont une étude de nu eut un grand succès à l’exposition de Berlin en 1881. Signalons parmi les autres portraitistes : O. Heyden, G. Biermann, C. Freyberg, Th. Ziegler et surtout M. Schrœdl, dont les productions rappellent l’art français.

La prépondérance du naturalisme sur la peinture de sentiment se fait aussi sentir dans le paysage. Les tendances idéalistes n’ont plus que peu de représentants : Ed. Pape, E. Bennevitz, Chr. Wilberg, élève de Pape et d’O. Achenbach. À la tête des réalistes se trouvent J.Jacob et K. Scberres. Le premier a fait des études approfondies de la nature dans ses voyages à travers l’ancien continent et s’est occupé également de peinture d’histoire et de genre. K. Scherres,