Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 1, A.djvu/407

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

404

AUST

Dès 1797, elle avait écrit au moins deux de ses romans, Orgueil et Prévention et Northanger Abbey, que son père, qui en savait la -valeur, offrit -vainement aux. éditeurs de Londres et de Bath ; l’un de ceux-ci, qui avait, dans un p’-eiuier moment d’enthousiasme, offert de Northanger Abbey dix livres sterling et les avait payées séance tenante, déclara, quelques jours après, qu’il aimait mieux perdre la somme et ne pas courir les risques de la publication. Ces romans étaient destinés, un peu plus tard, a, des succès qui consolèrent Jane Austen de ses déboires, mais son père n’en fut pas le témoin ; il mourut en 1805, avant qu’aucun livre de sa fille eût été imprimé. À cette époque, Jane Austen s’en fut, avec sa mère, habiter Southamuton, puis, quatre ans plus tard. Chawton, où l’un de ses frères, Édouard Austen, enrichi par une succession, mit a leur disposition un joli cottage. Ce fut k Chawton que Jane Austen retoucha ses deux premiers ouvrages, qui parurent en 1811 et 1812, sans nom d’auteur ; ils furent suivis, quelques années après, de : Sens et Sensibilité (18M) ; Mansfield Park (1815) ; Emma (1816), que l’auteur ne signa pas davantage. Lorsqu’elle mourut, à peine son nom était-il connu de quelques-uns de ses lecteurs ; ses romans n eurent une grande vogue que vin^t ans plus tard, alors qu’elle s’était éteinte obscurément, sans se douter que l’illustre Macaulay dirait d’elle que, parmi ceux qui s’étaient approchés de Shakspeare, il fallait mettre « l’étonnante créature « k laquelle la littérature anglaise devait JUansfield Park et Orgueil et Prévention. Les romans de Jane Austen reflètent si admirablement les mœurs de la société moyenne en Angleterre, de 1800 à 1815, que, sans eux, on n’en aurait pas d’image fidèle et qu’ils peuvent servir de documents au même titre que ceux de Balzac pour la société française de 1820 k 18<0. t Us ressemblent, a dit M. Léon Boucher, à l’existence de leur auteur ; ils sont sans éclat et sans prétention. Ce sont des tableaux de la vie bourgeoise à la campagne ; pour les bien comprendre, il est nécessaire de les replacer d’abord dans le jour qui leur convient. L’auteur travaillait, suivant son expression, sur deux pouces d’ivoire et avec une brosse si fine qu’il lui fallait beaucoup de labeur pour produire peu d’effet. L’effet n’est pas, a vrai dire, aussi mesquin que sa modestie le supposait ; mais on doit reconnaître que la comparaison ne manque pas de justesse. »

Macaulay, qui admirait profondément les créations de miss Austen, a écrit qu’il regrettait, faute de matériaux biographiques, de ne pouvoir lui consacrer une étude ; un parent de la romancière, M. Austen Leigh, a essayé de retracer le portrait que n’avait pas exécuté l’illustre essayiste : The Works of Jane Austen, toith a memoir by her nephew, J. E. Austen Leigh (Londres, 1872-1877). Cette intéressante monographie a été analysée par M. Léon Boucher dans la ■ Revue des Deux-Mondes » du 15 septembre 1878.

AUSTIN (Stephen-Fuller), fondateur de l’État du Texas, né le 3 novembre 1793 k Austinville, dans l’État de Virginie, mort le 25 décembre 1836. Il résolut de continuer l’œuvre de son père Moïse Austin, qui, en 1820, un an avant sa mort, avait tenté de fonder une grande colonie américaine dans les solitudes du Texas. Le gouvernement espagnol le reconnut comme héritier des droits et privilèges antérieurement accordés à son père, et dès le mois de décembre 1821, des colons, recrutés par Austin, venaient s’établirsur l’emplacement actuellementoccupô par la ville d’Austin, la florissante capitale du Texas. Par suite de la déclaration d’indépendance du Mexique, Austin fut obligé de se rendre à Mexico pour obtenir du nouveau gouvernement la reconnaissante de ses privilèges et des concessions territoriales faites par les autorités espagnoles. En février 1823, l’empereur Iturbide rendit un décret conforme à sa demande ; et, en avril 1823, k la suite de la chute d’Iturbide, un deuxième décret analogue fut promulgué par les successeurs de l’empereur. En juillet de la même année, le gouverneur don Garcia donna le nom de San Felipe de Austin à la ville qui devait être la capitale de la colonie américaine. En même temps, Austin fut nommé lieutenantcolonel, et des pouvoirs à peu près illimités lui furent attribués en vue du gouvernement civil et militaire de cette colonie. Il fut plus particulièrement autorisé à introduire en franchise des marchandises de tout genre à destination de San Felipe de Austin. Grâce à l’administration habile et à la généreuse activité de son fondateur, la colonie prospéra avec une prodigieuse rapidité. Un certain nombre de localités furent fondées, qui toutes prirent un grand développement. Pendant plusieurs années, après la déclaration d’indépendance mexicaine, le Texas resta attaché administrativement k l’État de Coahuila ; mais les colons américains, devenus nombreux et puissants, ne tardèrent pas à protester contre cette mesure administrative, et ils réclamèrent l’admission dans l’union mexicaine du Texas comme État autonome, (v.Texas, au tome XV au Grand Dictionnaire). Dans une convention tenue à San Felipe en avril 1833, on rédigea et adopta une constitution d’État, et l’on envoya aussitôt le colonel Austin à Mexico en qualité de commis AUST

saire et avec mission de faire comprendre au

fouvernement central l’utilité et l’urgenceaccéder au vœu des colons du Texas. Austin avait su conduire les négociations si habilement, que le décret qu’il réclamait était sur le point d’être promulgué, lorsque fut

Ïmbliée perfidement une lettre de lui, dans aquelle il engageait les corporations du Texas de profiter des circonstances pour fonder un gouvernement autonome, alors même que le gouvernement centrai s’y opposerait. Austin fut alors arrêté, et incarcéré dans l’ancien donjon de l’Inquisition à Mexico. Après une détention de treize mois, il fut rendu à la liberté. De retour au Texas, en septembre 1835, il exhorta la population du Texas à maintenir ses droits constitutionnels et à résister au gouverneur central, c’est-à-dire à la dictature du général Santa Anna.. Des comités de salut public furent organisés par les colons, et à l’approche des troupes mexicaines sous les ordres du général Cos, ils prirent les armes, formèrent une armée et acclamèrent le colonel Austin comme leur chef et leur général. Mais avant même que les opérations militaires eussent sérieusement commencé, Austin fut envoyé aux États-Unis par le gouvernement du Texas, afin d’obtenir de la grande république américaine la reconnaissance du Texas comme État autonome et indépendant. En 1836, ses amis le portèrent candidat à la présidence du nouvel État. Mais son concurrent, le général Houston, l’emporta et fut élu président du Texas. Austin, loin de montrer le moindre ressentiment, consentit à accepter le poste de secrétaire d’État. Il mourut en décembre de la même année, dans la ville de Colombia, fondée par lui sur les bords de la rivière Brazos.

AUSTIN (Alfred), romancier et poète satirique anglais, né k Leeds le 30 mai 1835. Il avait d’abord pris ses grades à l’Inner-Temple et s’était fait Tecevoir avocat en 1856, mais la vocation littéraire l’emporta et il abandonna la profession de légiste k laquelle sa famille le destinait. Un poème satirique : Fashionable saison (1861), où il ridiculisait les modes anglaises, fut assez mal accueilli de la critique ; il répondit par un opuscule : Ma satire et Ses censeurs (1861) qui mit la plupart des rieurs de son côté. L’année suivante il fit paraître une œuvre de plus longue haleine, ta Tragédie humaine (1862, in-S°), qu’il retira un peu plus tard de la circulation et dont un épisode, refait par lui, a été réimprimé sous le titre de : le Fils de la Madone (1873). Le genre satirique convenait mieux à son talent un peu âpre ; il y revint dans l’Age d’or (1871), qui avait été précédé d’un recueil poétique intitulé Intermèdes (1862). On lui doit en outre quelques romans : Il y a cinq ans (1858) ; Une épreuve d’artiste (1864) et divers essais littéraires, parmi lesquels nous citerons : Défense de lord Byron (1869) ; la Poésie contemporaine(1870) ; Home ou ta Mort (1873) ; la Tour de Babel, drame (1874) ; Lessko le Bâtard (1877). qui lui fut inspiré par sa haine contre la Russie, etc.

" AUSTRALIE, Ile immense ou continent situé dans le grand Océan. — Sa superficie atteint les trois quarts de Celle de l’Europe (6.270.155 kilom. carrés).

Divisions politiques. Le continent australien est divisé en cinq colonies, qui sont :

Superficie

Habitants. en

kilom. carrés.

1» La Nouvelle - Galles

du Sud 921.268 800.730

2» Victoria 961.276 227.610

3" Le Queensland.... 309.913 1.730.630 4° L’Australie méridionale...

312.781 983.655

5° L’Australie occidentale

32.958 2.527.530

Population. La population de l’Australie (non comprises la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande) était en 1884 de 2.538.196 hab. (dont 1.387.837 du sexe masculin et 1.150.339 du sexe féminin), soit en moyenne 0,5 hab. par kilom. carré. Mais cette population est très inégalement répartie et se trouve plus dense sur les côtes que dans l’intérieur : la colonie deVictoriaa4,2hab. par kilom. carré, la Nouvelle-Galles du Sud l, l et l’Australie occidentale 0,01 seulement. À mesure que les Européens pénètrent dans l’intérieur des terres, qu’ils se mettent k défricher le sol, les indigènes sont de plus en plus refoulés dans le désert ; ils disparaissent devant la civilisation, comme la faune et la flore du pays. Lors de l’arrivée des Européens 50.000 Australiens environ occupaient les régions de la Nouvelle-Galles du Sud, de Victoria et de l’Australie méridionale. En 1851, on comptait 1.750 indigènes dans la Nouvelle-Galles du Sud, î.500 dans la province de Victoria et 3.730 dans l’Australie méridionale. En 1872, leur nombre était réduit à 3.369 dans l’Australie méridionale, 1.330 dans la province de Victoria et 983 dans la Nouvelle-Galles du Sud. Le dénombrement du 3 avril 1881, enfin, donne 643 indigènes pour la Nouvelle-Galles du Sud ; 786 pour la province de Victoria ; 20.585 environ pour le Queensland ; 1.346 pour l’Australie méridionale ; 2.346 pour l’Australie occidentale. Leur nombre total, pour tout le continent, ne peut être fixé avec certitude ; on estime qu’il ne dépasse pas 30.000 indi AUST

vidus. La population indigène de la Tasmanie est complètement éteinte.

Depuis un demi-siècle la population de l’Australie a augmenté dans des proportions considérables, grâce surtout à l’immigration. En 1884, 215.550 immigrants se sont établis en Australie et 146.745 émigrants l’ont quittée. Lamêmeannée ilyeutdanstoutel’étendue de la colonie, y compris la Tasmanie. 21.149 mariages, 90-994 naissances et 42.072 décès. La population des grandes villes surtout augmente rapidement. D’autre part, l’immigration croissante des Chinois a attiré l’attention des divers gouvernements de l’Australie ; ils ont cherché par tous les moyens possibles à s’y opposer. Le Queensland, plus directement menacé, après la découverte des placers aurifères de Palmer, a établi une surtaxe de 10 livres sterling sur chaque Chinois immigré ; la province de Victoria a suivi cet exemple. L’Australie méridionale, au contraire, qui en a besoin pour ses cultures, les recherche. Le nombre des Chinois n’est cependant pas très considérable : on ne l’estime guère qu’à 45.000.

Il y a en Australie deux villes de plus de 100.000 hab. : Melbourne, dans la province de Victoria, avec 322.690 hab. À la fin de 1882, au lieu de ei9.6l5 en 1875, et Sidney, dans la Nouvelle - Galles du Sud, avec 224.211 hab. en 1881, au lieu de 134.756 en 1871. Les autres villes importantes sont : Adélaïde, 67.954 hab. ; Dunedin, 42.794 ; Ballarat, 41.420 ; Sandhurst, 38.420 ; Brisbane, 36.169 ; Auckland, 30.952 ; Christchurch, 30.715 ; Hobart-Town, 27.248.

Ethnographie. Les Australiens sont-ils l’expression la plus complète d’un type bien défini, ou résultent-ils du mélange de deux races plus primitives ? Suivant le DrTopinard, ils divergent suffisamment entre eux pour qu’on leur reconnaisse une triple origine : k côté d’une race nègre, tasmanienne sans doute et formant le substratum commun, il y en aurait une seconde aux cheveux droits, dolichocéphale, à la capacité cérébrale très petite, venue du Nord, et une troisième plus récente de source polynésienne. MM. de Quatrefages, Hamy, Cauvin tiennent, au contraire, pour l’unité de race des Australiens, et cette opinion est aussi celle des ethnographes anglais Brougb-Smyth, Tapiin, etc., qui attribuent à l’influence des conditions d’existence les différences de taille et d’aspect remarquées entre les Australiens du littoral et ceux de l’intérieur. Les premiers, vivant sur des côtes désertes et stériles, sont k tous les points de vue inférieurs aux seconds, qui vivent dans des régions mieux pourvues en ressources naturelles.

L’Australien a les cheveux ondes et noirs, la peau chocolat, le front étroit et fuyant, la racine du nez profondément échancrée, le nez plus large que haut, les narines k grand diamètre transversal, les yeux bruns à sclérotiques jaunâtres, les arcades sourcilières tantôt proéminentes, tantôt effacées, la face de largeur moyenne, le prognathisme sousnasal très accentué, la bouche grande, les lèvres épaisses, le menton en retrait, le buste court, les membres hauts et grêles, les extrémités petites, les bras très longs (Zaborowski). La barbe est généralement forte, le corps velu. En somme, leur laideur défie toute description. « Aux environs d’Adélaïde, par exemple, on est frappé de l’expression simiesque des indigènes, de leur œil toujours en mouvement, de leurs clignements de paupières. Ces gens-lk saisissent avec le pied comme nous avec la main. Ils grimpent aux arbres avec une agilité de chat. En particulier, les voyageurs ont été souvent surpris de l’extrême mobilité et de l’élasticité de leurs membres. Pour se reposer, ils prennent des attitudes que nous ne pourrions imiter quelque temps qu’au prix d’une extrême fatigue. Ils peuvent, par exemple, en retournant les pieds, se servir de leur surface interne comme d’une petite table à élan pour réparer leurs outils et leurs armes (Réville). >

Ils vont généralement nus. Cependant ils se recouvrent parfois d’une peau de kanguroo ou d’une sorte de pelisse de brins d’herbes. Les Australiens de l’intérieur se ceignent le front de bandelettes ; la taille, de ceintures en écorce, en herbe nattée ou en peau. Ils se tatouent, s’ornent de colliers de dents d’animaux, de coquilles, de pierres éclatantes, de plumes et même de queues de chien ; k chaque période importante de la vie, ils procèdent à une nouvelle mutilation (avulsion de dents, percement de la cloison du nez, circoncision). Les gens du littoral n’ont ni armes ni instruments dignes de ce nom ; ils ne savent pas naviguer et ils pèchent k la main : ceux de l’intérieur savent fabriquer des dards, des lances, des haches, des couteaux, des cassetête très courts, des boomerangs, des boucliers en écorce pointus et allongés. Les premiers, se nourrissent des choses les moins appétissantes, vivent dans les trous des rocs, sous des branchages, ou en plein air enfouis dans les feuilles, le sable ou les cendres chaudes ; les seconds s’abritent sous des tentes d’écorce et même dans des cases coniques. Sur les côtes, on ne vit pas en famille, mais en troupeau ; a l’intérieur, on rencontre des tribus obéissant & une sorte de droit, non écrit, à l’application duquel veillent les hommes faits réunis en conseil : plusieurs des coutumes observées ont un caractère incon AUST

testable d’hygiène et d’utilité. Il y a des propriétés particulières et des propriétés publiques ; par exemple, les fruits, les gibiers, sont res communes ; les armes, quoique détenues par les individus, appartiennent k la communauté. L’homicide est puni de mort ; l’infanticide est permis et surtout pratiqué contre les filles, incapables de chasser ou de faire la guerre. Le mariage est basé sur l’échange : l’homme qui n’a pas quelque parente k offrir est exposé à demeurer célibataire ; aussi lui arrive-t-il de voler une femme de quelque tribu voisine. Un Australien ne peut épouser une Australienne portant te même nom d’animal que lui : la descendance s’établit par les femmes et les enfants portent le nom d’animal de leur mère. Point n’est besoin de dire que les femmes, en général, sont traitées par leurs maîtres avec la dernière brutalité.

Les Australiens sont remarquables par une grande acuité de sens et une excellente mémoire. « Ils savent reconnaître au bout d’un temps très long qu’un arbre a été abattu k tel endroit ou qu’une pierre a été déplacée de tel autre. Cette mémoire des lieux est accompagnée d’une grande mémoire des mots ; mais ils ont beaucoup de peine à se souvenir des noms de nombre, ce qui tient évidemment k ce que ces noms ne peuvent acquérir aucune signification, à leur incapacité de concevoir une quantité quelconque au delk de cinq... Cinq est d’ailleurs une limite k laquelle n’atteignent pas tous les Australiens : les uns vont jusqu’à deux, les autres jusqu’à trois. Pour cinq, la notion est plus précise : c’est une • main », comme chez beaucoup de sauvages... Dépourvus de la notion de nombre, ils n’ont de fait aucun moyen de supputer le temps écoulé, et ils n’en ont non plus aucune idée ; c’est au point qu’ils ignorent leur âge, leurs antécédent1 !, l’histoire de leurs pères... La division du temps en semaines et mois parait leur être inconnue, et ils n’ont aucun mot qui corresponde aux noms des jours ; ils ont cependant des mots dans leur langue qui correspondent aux mots hier, demain, mais il semble que hier soit pour ces malheureux tout le passé et demain tout l’avenir (Houié et Jacques). • Bien que timide et craintif, un peu méfiant même, l’Australien, une fois habitué aux étrangers, devient aisément sociable, riant, causant, mais n’aimant point le travail. Il lui faut le grand air, une certaine indépendance, ou bien il s’épuise et meurt rapidement (Cauvin).

Leurs croyances religieuses présentent une incohérence complète. Au S. et au S.-E., les tribus apaisent par des danses la colère du dieu Koyan, créateur des êtres vivants. Ailleurs, on a constaté la cro3’ance k deux génies, à deux frères : l’un bon, l’autre mauvais. La lune, considérée comme astre masculin, passe pour une victime de son caractère volage, pour un amoureux inconstant condamné k errer toujours. Ngouk-Wonga est la divinité des eaux. Viennent enfin une foule de divinités locales et d’esprits inférieurs malfaisants (ingnas). Les sorciers jouissent d’une grande considération. Le culte consiste en offrandes, en fêtes, en danses, mais il n’y a point en Australie d’édifices religieux.

La mort est regardée comme le résultat d’un ensorcellement. ■ La croyance à la survivance après la mort est générale en Australie comme chez tous les non civilisés. Ce qui serait particulier aux Australiens, c’est leur idée que les âmes restent perchées pendant quelque temps sur les cimes des arbres et qu’elles peuvent rentrer dans le corps de ceux qui passent dessous. Dans certaines tribus, il est admis que les morts vont bien loin, vers une lie mystérieuse, dans la direction du soleil couchant. Dans la Nouvelle-Galles du Sud, on croit plutôt qu’ils vont vivre dans les nuages et que les plus èminents deviennent des étoiles. Mais, comme on croit aussi, de même qu’en Afrique, qu’ils deviennent blancs par l’effet même de la mort, sans doute k cause de la pâleur exsangue du cadavre, il en est résulté que bien souvent les blancs ont été pris pour des revenants... Les Australiens se représentent l’âme comme le souffle, la respiration de l’homme vivant, pouvant se détacher du corps, et le même mot wang signifie respiration, esprit et âme (Réville). ■ Ce souffle a la même forme, les mêmes organes que le corps qu’il animait, et c’est pour cela que l’indigène coupe le pouce droit de son ennemi tué ; car, pense-t-il, le mort ne pourra plus se servir de la main pour lui lancer quelque trait meurtrier.

— Productions naturelles. Tout le pays appartient légalement à la couronne d’Angleterre ; le gouvernement vend le sol dans des enchères publiques au plus offrant, ou le loue k bas prix comme pâturages pour favoriser l’élevage du bétail. La principale occupation des colons est l’élevage et l’agriculture. Depuis quelques années, on s’occupe en Australie de mettre en culture toutes les régions dont le sol est assez riche et de repousser vers les zones montagneuses ou plus pauvres l’élevage du bétail. Le rendement est faible en moyenne, mais les frais sont minimes ; les labours sont peu profonds et l’on n’emploie pas de fumure, aussi le sol s’appauvrit-il rapidement. La fumure est impossible, parce que le même colon, ne s’adonne jamais à la