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termes de l’article 6, les ponts à péage établis sur les routes nationales doivent être rachetés dans un délai de huit ans. D’aprè3 l’article 7, il peut être accordé sur les fonds de l’État pour le rachat des ponts à péage dépendant des routes départementales ou des chemins vicinaux de toutes catégories une subvention dont le maximum est rixé à la moitié de la dépense. Ce maximum est réduit à un tiers pour le rachat des ponts situés sur les routes dépariementales dans les départements dont le centime additionnel au principal des quatre contributions directes est supérieur à 20.000 francs et k un quart dans les départements où le centime est supérieur à 40.000 francs. Tout pont k péage construit sur les chemins vicinaux postérieurement k la promulgation de la loi du 30 juillet 1880 ne doit donner lieu pour son rachat à aucune subvention.

— Allua. litt. Pont de Mahomet, Pont étroit qui donne accès au paradis ; il bascule sous les pieds des méchants et les précipite dans l’abime :

« Le dégagement de plus de la moitié du personnel de l’Opéra-Comique ne peut s’effectuer que par une planche de om,60 à 0™,80 de large, et qui est située au-dessus du cintre : c’est un véritable pont de Mahomet. » M. Berthelot.

Pont d’Avignon (le), opérette en trois actes, livret de M. A. Liorat, musique de M. Ch. Grisart, représentée aux Bouffes-Parisiens le 3 septembre 1878. La légende, à la fois poétique et touchante de saint Benezet et des frères pontifes a été transformée en une suite d’épisodes grivois. On a remarqué un duo au premier acte, les couplets du pont d’Avignon et une parodie du septuor des Huguenots. Chantée par MM. Daubray, Jolly ; Mlles Lody, Luce et Marie Albert.

  • PONT (Paul-Jean), jurisconsulte français,

né à Barcelone (Espagne) le 23 octobre 1808. — Il est mort à Orsay (Seine-et-Oise) le 20 juin 1888.

POiNTA DA LENHA, en français Pointe des bois, groupe de factoreries importantes de l’État indépendant du Congo, sur le cours inférieur du fleuve Congo, k la pointe S.-E. de l’île de Tchimbach, à 55 kilom. E. du mouillage de Banana, par 50 56’ 17 de lat. S. et 100 25’ 54 de long. E. Il comprend trois factoreries, hollandaises et anglaises, et on peut le considérer comme la limite de la navigation pour de forts bâtiments. Le mouillage devant Ponta da Lenha a de 9 à 13 mètres d’eau ; c’est peut-être la station la plus saine du fleuve. On fait à Ponta da Lenha un commerce considérable en tissus de coton de toute qualité et de toutes nuances, articles de coutellerie, poudre, armes k feu, etc.

"PONTÉCOULANT (Louis-Adolphe Doulcet, comte de), officier et littérateur, né à Paris en 1794. — Il est mort le 20 février 1882 à Bois-Colombes, près Paris. — Son frère, Gustave DoulcEt, comte de Pontécoui.ant, né en 1795, est mort à Villers-sur-Mer (Calvados) le 31 juillet 1874.

PONTÉPISCOPIEN, IENNE s. et adj.fponté-pi-sko-pi-ain, i-è-ne — de Pontus Episcopi, nom latin de Pont-1’Evéque). Géogr. Habitant de Pont-1’Evêque ; qui appartient à Pont-1’Evêque ou à ses habitants : Les pontépiscopiens. La société pontépiscopienne.

  • PONT-JEST (Léon-René Delmas de), littérateur français, né k Reims en 1831.—Depuis

la notice que nous lui avons consacrée, M. René de Pont-Jest a publié, tant en feuilletons qu’ en volumes, un certain nombre de romans attachants et pleins d’imagination : les Crimes d’un ange (1881, in-12) ; Divorcée (1883, in-12) ; Mémoires d’un détective ; la Femme de cire ; le Cas du docteur Plemen (1884-1887, 2 vol. in-12), vigoureux plaidoyer en faveur de la réforme de l’instruction criminelle ; Sang-Mandit : Jeanne Reboul ; la Comtesse Iwacheff ; la Louve (1885, 3 vol. in-12) ; Grain de beauté (1886, in-12) ; les Martyrs de la Nello : le Roman d’une diva ; Un drame en Russie (1886, 2 vol. in 12) ; les Régicides : Fieschi, . la Machine infernale (1888, in-12). Divorcée et Grain de beauté sont deux études physiologiques d’une grande hardiesse et pleines de pages réellement touchantes ; on trouve dans Un drame en Russie des détails jusqu’ici ignorés sur les mœurs judiciaires russes.


  • PONTMARTIN (Armand-Augustin-Joseph-Marie DE) critique et littérateur français,

né à Avignon le 16 juillet 1811. — Depuis 1876 il a publié : Nouveaux Samedis, 13e à 20e série (1876-1881, 8 vol. in-12) ; Souvenirs d’un vieux mélomane (1878, in-12) ; Souvenirs d’un vieux critique, 1re à 9e série (1881-1888, 9 vol. in-12) ; Mes Mémoires, 1re et 2e séries (1885-1886, 2 vol. in-12). Ces Mémoires sont intéressants ; ils fourmillent d’anecdotes caractéristiques. Nous y trouvons une curieuse réflexion sur le résultat obtenu par la critique de parti pris dont l’auteur des Samedis et des Soirées de Mme Charbonneau. a le plus souvent usé dans ses feuilletons comme dans ses volumes : « J’avais risqué tel pronostic : c’est le contraire qui est arrivé. Je désirais ceci : mon désir n’est plus qu’un regret. Mes malédictions ont porté bonheur à ce que j’ai maudit. Je me suis attaqué à telle célébrité ; j’en ai fait une gloire. J’ai protesté contre ce succès ; j’en ait fait une vogue. J’ai vitupéré ce livre : il n’aurait eu peut-être que vingt éditions, il en a eu cent ! » M. de Pontmartin est pour lui-même un juge plus sévère que nous ne l’avons été. Citons encore de lui : Péchés de vieillesse (1889, in-12),


PONTON D’AMÉCOURT (vicomte Gustave de), numismate français, né k Paris en 1825, mort en 1888. Il était président de la Société française de numismatique et d’archéologie, et collaborait à la « Revue historique et archéologique du Maine ■. On lui doit un assez grand nombre de notices et de mémoires, entre autres : Excursion numismatique dans la Bourgogne du vue siècle (1866, in-8<>) ; Recherches sur tes monnaies mérovingiennes de Touraine (1872, in-8°) ; Description raisonnes des monnaies mérovingiennes de Chalon-surSaône (1874, in-8°) ; Monnaies mérovingiennes du Géoaudan (1883, in-8°) ; Recherches des monnaies mérovingiennes du Cenomanniciim (1883, in-8°) ; Monnaies de Cheptarchie anglosaxonne (1884, in-8°) ; Notice sur quelques ateliers monétaires de Brie et de Champagne (1885, in-8°).


  • PONTONNIER s. m. — Encycl. Admin.

milit. La loi du 13 mars 1875 sur l’organisation de l’armée a porté de un à deux le nombre des régiments de pontonniers. Le 1er régiment est établi à Avignon, dans le 15e corps d’armée, le 2e régiment à Angers dans le 9e corps. Les pontonniers de l’armée comprennent un service technique et un service matériel. Le génie a dans ses attributions le service technique ; l’artillerie a dans les siennes le matériel. Le génie est chargé des ponts à chevalets, c’est-à-dire des ponts que l’on peut établir sur des rivières peu profondes en enfonçant dans l’eau des sortes de tréteaux sur lesquels il est facile de jeter un tablier. Le génie est également chargé de la construction de tous les passages qu’il peut être nécessaire d’établir soit avec son propre matériel ordinaire, soit avec les ressources qu’il trouve sur place. Le génie enfin a pour mission spéciale de procéder à tous les travaux de terrassement ou autres souvent indispensables pour relier les ponts aux bords des rivières et des fleuves. C’est à lui qu’il appartient de créer les voies qu’il faut parfois pratiquer, sur le moment même, en raison de la nature de certains terrains, pour permettre à un corps d’armée d’arriver jusqu’aux rives du fleuve à traverser. L’artillerie ou plutôt les artilleurs-pontonniers ont le service des ponts de bateaux. Ils ne font pour ainsi dire qu’un travail de transport, et la plupart du temps ne sont que des conducteurs de bateaux. Cette division du service des ponts entre deux armes différentes, l’artillerie et le génie, n’existe pas dans les armées étrangères, lesquelles ont pour ce service un corps spécial.

L’organisation des régiments de pontonniers et leur administration intérieure sont de tous points semblables à l’organisation et à l’administration des régiments d’artillerie. C’est d’ailleurs dans ces régiments que se recrutent les hommes et les officiers des régiments de pontonniers. Chaque régiment compte 14 compagnies.

PONTSEVREZ (P. de), littérateur français, né vers 1836. Il est professeur’au collège Sainte-Barbe et aux écoles supérieures municipales de Paris. Il a publié : Au temps des feuilles, recueil de poésies (1877, in-18) ; la Vie mauvaise, autre recueil de vers (1877-1880, in-18) ; le Pendu, poème (1880, in-12) ; Cours élémentaire de morale (1883, in-16) ; l’Homme aux cent dix amis, nouvelle (1884, in-32) ; On va commencer, récits, saynètes et monologues (1884, in-12) ; les Attentats de Modeste (1886, in-18), attachante étude de mœurs campagnardes ; l’été rousse (1886, in-18) ; Propos de Cardënio (1888, in-12), recueil original d’apophtegmes et de paradoxes. M. de Pontsevrez collabore en outre au « Soir », à la revue « le Livre », à la « Revue pédagogique» et au • Journal de Senlis », dont il est le rédacteur en chef.

  • POOLE (Paul-Falconer), peintre anglais,

né à Bristol en 1810. — Il est mort en septembre 1879.

POPEL1N (Claudius-Marcel), peintre et écrivain français, né à Paris en 1825.—Il a publié depuis 1875 : Eistoired’avant-hier, poème (18S6, in-4°) ; Un livre de sonnets, recueil de vers (1888, in-4°), et il a donné une excellente traduction française de YHypnérotomachie de frère Francesco Colonna, singulier ouvrage écrit dans un style qui avait jusqu’alors rebuté par ses difficultés tous ses interprètes et qui est surtout connu sous le titre de Songe de Poliphile(iWÇ-lS82, 2 vol. in-8<>). L’introduction dont M. Popelin a fait précéder sa traduction est un travail aussi savant que complet sur la Renaissance italienne. L’esthétique du P. Francesco Colonna, la valeur de ses idées et de ses conceptions, l’influence qu’il a exercée sur les développements de la Renaissance et le retour aux principes de l’art grec sont autant de points que M. Claudius Popelin a traités d’une façon magistrale.

  • POPP (Philippe-Christian), ingénieur géographe

belge, né à Utrecht en 1805. — Il est mortk Bruges en 1879.

POPP (Caroline Bodssart, dame), journaliste et littérateur belge, femme du précédent,

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née à Bouche (B Igique) vers 1810. Issue par sa mère de la famille du peintre Picot, d’Abbeville, elle est nièce du général b ; iron Boussart, qui servit dans les armées du premier Empire. Rédactrice en chef du « Journal de Bruges» depuis 1837, elle a collaboré à diverses publications illustrées et écrit une série de Contes et de Nouvelles (Bruxelles, 1880, in-18). Plusieurs de ces récits et légendes ont été traduits en anglais, en flamand et en allemand. Mme C. Popp a reçu un prix de la Société d’émulation de Liège, les palmes d’officier d’académie (France), la croix de chevalier de l’ordre de Léopold (1889) et la croix de mérite de la Croix-Rouge.

  • POPPO (Ernest-Frédéric), philologue allemand,

né à Guben (Basse-Lusage) en 1794.

— Il est mort dans la même ville en 1866.

  • POPULATION s. f. — Au point de vue

statistique, on trouvera des détails sur la population des divers États aux articles qui sont consacrés à chacun d’eux dans ce supplément. Au point de vue de la démographie etdes mouvements de la population, v. mortalité, NATALITÉ, RECENSEMENT.

POREL (Désiré-Paul Parfourd, dit), comédien et directeur de théâtre, né à Lessay, près de Coutances (Manche), en 1842. Après avoir passé par le Conservatoire et obtenu, en 1862, le second prix de comédie, il entra à l’Odéon, où il débuta en 1863. Parmi les rôles qu’il créa avec beaucoup de verve et de finesse, nous citerons : Léo, des Plumes de paon (1864) ; Bonnet, du Second Mouvement (1865) ; Lucien, de la Contagion. Il aborda aussi le répertc-ire classique avec succès. Engagé au Gymnase, il y débuta, le 16 mars 1867, dans les Idées de Madame Aubray. Il créa ensuite entre autres rôles : Hippolyte, du Roman d’une honnête femme (1868) ; Mérindol, des Grandes Demoiselles ; Paul de Cussac, du Monde où l’on s’amuse ; Saint-Elix, du Filleul de Pompignac (1869). Revenu à l’Odéon, en 1871, il se montra le même soir, le H octobre, dans Jean-Marie, de Theuriet, et dans les Créanciers du bonheur, de Cadol. En possession de la faveur du public, il eut, depuis, de nombreuses créations, parmi lesquelles nous citerons : Pont-de-Veyle, de Mademoiselle Aîssé (1872) ; Molière, de laJeunesse de Louis ATT (1874) ; Jean Dulac, de la Maîtresse légitime, un de ses plus beaux rôles ; Taldé, des Danicheff(1875) ; Kami, de la Belle Salnara (1878) ; Olivier, de Rlackson père et fille (1878) ; Richelieu, de Joseph Balsamo ; Langis, de Samuel Browel ; Morgan, du Trésor (1879) ; Praberneau, du Klepte (1881) ; l’abbé, du Nom (1883), dont il saisit la physionomie avec beaucoup de naturel ; Sword, de Formosa ; Evrard, du Bel Armand.

Talent aussi souple que varié, M. Porel appartient par le répertoire classique à la grande école des Monrose, des Samson et des Régnier, il se rapproche aussi par la modernité de Berton et de Félix. Il a excellé surtout dans les rôles du duc d’Alésia, du marquis de Villemer ; de Marcel, de la Vie de Bohême, et de Rodolphe, de l’Honneur et l’Argent.

Directeur de la scène au théâtre de l’Odéon pendant la durée d’exploitation de M. LaRounat, il est devenu son associé en 1882, puis lui a succédé en 1884. Ayant cessé de paraître devant le public, il a été nommé, le 9 juillet 1886, chevalier de la Légion d’honneur. On a de lui, en collaboration avec M. Georges Monval, archiviste de la Comédie-Française : l’Odéon, histoire administrative, anecdotique et littéraire du second Théâtre - Français 1782-1853 (1876-1882, 2 vol. in-8°).

PORENCÉPHALIE (po-ran-sé-fa-lt — rad. pore et encéphale). Pathol. État lacunaire spécial du cerveau, caractérisé par l’existence de cavités pathologiques plus ou moins grandes dans l’intérieur de la masse cérébrale et produit par des processus destructifs semblables à ceux qu’engendrent l’hémorragie, l’anémie ou le ramollissement encéphalique.

— Encycl. Dans cette affection les lésions ont leur siège à la surface des circonvolutions. Elles se produisent le plus souvent pendant la vie fœtale(porencéphalie congénitale) ; mais elles peuvent se développer quelquefois au début de la vie extra-utérine (porencéphalie acquise).Dans le premier cas.elles troublent le développement du cerveau et modifient le dispositif des circonvolutions en produisant des arrêts de développement qui se manifestent ordinairement sous le masque de l’idiotie avec aphasie. Si les régions motrices sont atteintes, on observe également des paralysies accompagnées de contractions. Dans le second cas, la morphologie des circonvolutions n’est pas troublée, mais il se produit des arrêts de développement qui ont les mêmes conséquences. Ces défauts de substance encéphalique peuvent également déterminer des malformations du crâne. La

guérison a quelquefois lieu par cicatrisation et fermeture des lacunes cérébrales ; mais les effets persistent, les pertes de substance étant irréparables. La porencéphalie est la lésion la plus commune de l’idiotie.

  • PORNOGRAPHIE s. f. — Encycl. Litt.

Grâce à la liberté dont la presse jouit depuis 1871, la pornographie est devenue un genre littéraire ; comme il y a des bijoutiers en faux, il y a des ciseleurs d obscénités, et ce petit trafic tendait k devenir assez lucratif pour qu’on ait cru devoir lui créer quelques obstacles. Nous

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donnons pins bas le résumé des dispositions législatives prises en vue de s’opposer-u trop grand développement de la littérature pornographique ; elles ont été à peu près inefficaces, mais elles semblaient nécessitées par les circonstances. Vers 1880, on vit lout k coup éclore une foule de journaux qui n’attiraient guère les lecteurs que par des grivoiseries beaucoup trop salées. Le Gil Blas avait donné l’exemple. Fondé par un homme sérieux, M. Dumont, il prenait le chemin de n’avoir jamais ni abonnés, ni lecteurs, s’il restait dans la vieille ornière des journaux honnêtes : de petites nouvelles à la main fort lestes commencèrent à piquer la curiosité ; les collaborateurs s’enhardirent, de la simple nouvelle k la main, qui n’était guère qu’un mot piquant, ils passèrent au récit, k la nouvelle de deux ou trois cents lignes, toujours dans la même note gaillarde ou grivoise, et poussèrent si loin les choses que la police correctionnelle dut intervenir. L’article pour lequel le Gil Blas fut condamné était franchement immonde et le jugement qui atteignit son directeur comme coupable d’outrage à la morale publique, n’avait pas été volé ; mais qu’importe ? le journal était lancé, et, tout en s’étant assagi, il a vécu depuis de l’impulsion donnée, lors de ses premiers numéros, par ces grivoiseries épicées. Alors se fondèrent, pour exploiter la veine que le Gil Blas abandonnait quelque peu, une multitude de feuilles qui ne pouvaient trouver de moyens d’existence que dans la pornographie : le Boudoir, gazette galante, VEvénement parisien, le Piron, le Boccace, le Décaméron, la Lanterne des cochons de Paris, le Faublas, le Pornographe, le Journal des cochons, la Grivoiserie parisienne, l’Asticot, le Rabelais, Alphonse et Nana, le Journal des cocus, etc. La plupart ont disparu depuis la loi d’avril 1882. Le Courrier français, fondé en 1885, a suivi la même voie pour s’attirer la vogue ; mais ce sont plutôt ses dessins qui ont attiré parfois sur lui les sévérités du parquet, et quant au Gil Blas, quoique devenu plus sage, il a été encore une fois condamné en 1888 pour une nouvelle un peu trop vive de M. Camille Lemonnier, l’Enfant du crapaud.

Le livre jouit d’une grande tolérance au point de vue de la répression juridique ; il n’a cependant pas été non plus k l’abri des sévérités de la justice. Le naturalisme, qui se complaît dans la peinture des passions brutales, devait nécessairement conduire ses adeptes à faire, quoiqu’ils s’en défendent, de la littérature pornographique. Aucun des romans de M. Emile Zola n’a été poursuivi en France, malgré les détails obscènes qui sont semés à profusion dans certains d’entre eux, dans Nana, dans l’Assommoir, surtout dans la Terre, mais en Angleterre, ils sont considérés comme purement et simplement pornographiques : traducteurs et éditeurs sont envoyés pour quelques mois dans des maisons de répression, avec travail forcé, ce qui semble tout à fait excessif. L’Amérique est plus prude encore : elle prohibe, comme pornographiques : les Dames illustres, de Brantôme ; le Décaméron, de Boccace, et, qui le croirait ? I'Heptaméron, de la reine de Navarre ! Ce dernier ouvrage, si anodin pourtant, a été l’objet d’une condamnation sévère pour le libraire qui l’avait mis en vente en 1880. M. Zola et ses adeptes y sont poursuivis non moins énergiquement ; leurs traducteurs encourent à New-York, comme à

Londres, la peine des travaux forcés. En France, il faut que l’obscénité soit plus accentuée, et, en quelque sorte, voulue, recherchée, pour que la justice s’émeuve. Tel a semblé le cas pour la Chanson des gueux, de M. Richepin (1878) ; le Roman d’une nuit, de M. Catulle Mendès (1883) ; Chariot s’amuse, de M. Bonnetain (1883) ; Sarah Barnum, de Mme Marie Colombier ; Autour d’un clocher, de M. Desprez (1883) ; Deux Amies, de M. Maizeroy (1884) ; Chair molle, de M. Paul Adam (1885) ; le Gaga, de M. Dubut de Laforest (1886) ; nous ne voulons pas citer à côté de ces ouvrages qui, si repréhensibles qu’ils soient, au moins de par le tribunal, ont assurément un caractère et des mérites littéraires, les inepties de M"" de Montifaut et de M. Léo Taxil. Cependant, tel est l’arbitraire ou plutôt l’incohérence de la répression, qu’il serait impossible de deviner pourquoi tel livre a été condamné comme obscène, tandis que tel autre, souvent du même auteur, restait indemne.

Cette littérature pornographique est pour ainsi dire anodine si on la compare k celle dont nous inonde la Belgique. C’est de Bruxelles que proviennent clandestinement non seulement de nombreuses réimpressions des livres orduriers et monstrueux du marquis de Sade, Justine, Juliette, la Philosophie dans le boudoir, du Portier des Chartreux, de l’Académie des Dames, de VAnti-Justine de Rétif de La Bretonne, et autres classiques du genre, mais toutes les productions ultragalantes du xvme siècle : l’Are fin français, de Nogaret, le Cadran de la volupté, le Degré des âges du plaisir et le Rideau levé, attribués k Mirabeau, les Aphrodites, le Diable au corps et autres élucubrations d’Andréa de Nerciat, Thérèse philosophe, Vingt ans de la vie d’une jolie femme, la Fille de joie ou Mémoires de miss Fanny, et, pour la période moderne ou contemporaine : le Théâtre de la rue de la Santé, recueil de petites comédies