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charmantes fantaisies les porches et les chapiteaux des églises, représentèrent parfois avec une naïveté délicieuse des scènes populaires, des types grotesques empruntés, à la société au milieu de laquelle ils vivaient ; mais, le plus souvent, leurs compositions en ce genre sont mêlées de figures allégoriques et symboliques qui les rendent à peu près incompréhensibles. La grande école italienne, fille de Sa Renaissance, se voua tout entière à la réprésentation des sujets historiques, religieux et mythologiques : elle dédaigna l’étude des moeurs, et, lorsqu’il lui arriva d’emprunter quelques types à la société moderne, des types de buveurs, de soldats ou de pâtres, par exemple, elle s’attacha presque toujours à les ennoblir et en fit de véritables figures de convention. Le génie italien répugnait si bien à la représentation des scènes de 1% comédie humaine que, lorsque le Hollandais Pieter van Laar s’avisa, vers 1626, d’exposer à Rome des tableaux de petites proportions représentant des scènes populaires, telles que joutes, rixes de paysans, marchés, foires, vendanges, mascarades, on ne crut pouvoir mieux faire que de flétrir les compositions de ce genre d un nom dérivé de bamboccio (nain difforme, poupée), sobriquet qu’avait valu à Pieter sa taille rachitique : on les appela bambocciate, dont nous avons fait bambochades. Les peintres sérieux de l’Italie se plaignirent, dit Lunzi, du ce qu’on osât avilir 1 art par de pareilles bouffonneries ; Salvator Rosa (qui le croirait ?) s’éleva vivement (Sat. 111) contre les grands qui donnaient place dans leurs galeries à des tableaux de ce genre. Mais l’habileté avec laquelle Pieter van Laar peignait ses paysans triompha des critiques et des préventions, et ses ouvrages furent bientôt très-recherchés. Il travailla pendant longtemps k Rome, et y fit des élèves et des imitateurs. Le plus estimé de tous fut Michel-Ange Cerquozzi, que son talent dans ce genre nouveau pour l’Italie fit surnommer le Michel-Ange des bambochades. L’école italienne ne compta guère, par la suite, que Césare Baglione, Giuseppe Gamburini, Alessandro Magnasco, Giuseppe Ratti, qui montrèrent quelque aptitude pour les bambochades. Nulle part ce genre ne fut cultivé avec plus de succès qu’en Flandre et en Hollande, d’où il avait été importé en Italie. Il convient de remarquer, en effet, que Pieter van Laar le Bamboche, qui lui donna son nom, n’en fut pas l’inventeur. Avant lui, Quentin Metzys, Lucas de Leyde, le vieux Breughel et quelques autres Néerlandais avaient peint, avec une grande finesse, d’observation et une bonhomie charmante, des scènes de la vie rustique, et, lorsque, après son long séjour à Rome, il revint se nxer dans son pays natal, il y trouva un grand nombre d’artistes qui ne lui cédaient ni en habileté pratique, ni en verve humoristique dans les compositions analogues. Nommer David Teniers, Adriaan Ostade, Brauwer, Jan Steen, Brakenburgh, Jan Miel, c’est nommer les peintres qui ont représenté avec le plus d’esprit, de vérité et de charme comique, les mœurs de la société néerlandaise. En France, Callot et Adam Bosse, tous deux dessinateurs et graveurs, ont exprimé avec verve le côté plaisant des mœurs de leurs compatriotes. Les Anglais ont eu Hogarth, Cruikshanck, Wilkie ; les Espagnols nomment Goya ; les écoles contemporaines de France, de Belgique, d’Allemagne pourraient citer une foule d’artistes par qui la comédie sociale a été interprétée avec plus ou moins d’humour ; mais notre intention n’est pas d’examiner ici le caractère des compositions des divers wrtistes dont nous venons de parler : le nom de bambockade a cessé depuis longtemps d’être appliqué aux productions du genre comique et familier. V. Genre (Peinture de), Caricaturas, Paysanneries.

bamboche s. f. (ban-bo-che — do l’ital. bamboccio ; grosse poupée). Marionnette de grande taille.

— Par ext. Enfant : Tout doucement, la despotique bamboche remarque que tout le inonde est empressé à la servir. (A. Karr.)

— Par dénier. Personne contrefaite : Quelles bamboches ! Ce sont de vraies bambochus.

— Pop. Débauche, ripaille : Faire des bamboches. Il ne cesse de faire bamboche.

BAMBOCHE s. f. (ban-bo-che — rad. bambou). Tige effilée de bambou : On appelle bamboches de jeunes tiges de bambou, dont on fait des cannes légères. (Jussieu.)

BAMOOGIIE (Pieter van Laar ou van Lakr, surnommé le Bamboccio ou le), peintre hollandais, né à Laar ou Laaren, près de Naarden, en 1613, mort en 1G73. On lui donne pour maître un certain Johann del Campo, artiste très-peu connu. Il vint très-jeune en Italie et se fixa à Rome, où il lit beaucoup d’études d’après nature et peignit avec succès des scènes rustiques et populaires, foires, marchés, jeux et querelles de paysans, haltes de chasseurs, attaques de brigands, genre de compositions qui n’avaient point encore été traitées en Italie, et que l’on appela bambochades, du surnom Bamboccio ou Bamboche, donné k l’artiste à cause de-la difformité de sa taille. Il avait, dit-on, les jambes fort longues, le corps très-court et la tête enfoncée dans les épaules. Il rachetait, d’ailleurs, ces imperfections physiques, dont il était le premier h se moquer, par les qualités de son esprit et surtout par son inépuisable gaieté. Il était, de plus, excellent musicien et jouait avec talent du violon et de la guitare. Son inérile, comme peintre, et sa joyeuse humeur lui valurent l’amitié de plusieurs artistes célèbres, entre autres de Poussin, de Claude Lorrain et de Sandrard. Après un long séjour à Rome, il retourna en Hollande, s’arrêta quelque temps à Amsterdam et alla ensuite s’établir à Harlem, chez son frère Roelandt. Il soutint dans son pays la réputation qu’il avait acquise en Italie, et mourut âgé d’environ soixante ans. Les biographes racontent diversement sa fin. Voici ce que rapp< rte Weyerman sur la foi de Michel Carrée, qui avait connu Nicolas Roestraeten, ami du Bamboche : «Lorsque le soleil de Wouwerman commençait à poindre à l’horizon, la lune de van Laar dut rentrer ses cornes (sic)... La manière de celui-ci était devenue mélancolique ; tandis que celle de Wouwerman, quoique inférieure sous le rapport de l’exécution, avait quelque chose de fai, de séduisant... Van Laar avait le maleur de faire payer très-cher ses tableaux. Un brocanteur, Jean de Wet, auquel il n’avait pas voulu céder une toile pour 200 florins, résolut de s’en venger. Il commanda à Wouwerman un tableau du même genre, et, ce tableau terminé, notre marchand le vanta si bien aux amateurs, qu’il parvint à leur persuader que le Bamboche n en avait jamais fait d’aussi bien. Celui-ci en mourut de dépit. Jean de Wet courut aussitôt à la maison mortuaire, acheta "pour une. modique somme les croquis et les dessins de van Laar, et les revendit à Wouwerman, qui sut merveilleusement tirer parti de ces trésors artistiques. » Wouwerman, à sonlitde mort, ajoute Weyerman, fit livrer aux flammes ces dessins et ces croquis, « et nous ne pouvons presque pas douter que ce ne fût pour détruire les traces du plagiat commis au préjudice du pauvre Bamboccio. » Il est à peu près certain que Wouwerman ne visita pas l’Italie, et cependant ses tableaux sont remplis de motifs empruntés à ce pays : il est donc probable qu’il les aura puisés dans les études de van Laar. Si l’on en croit Florent Le Comte, fort suspect d’ailleurs dans ses récits sur les artistes néerlandais, le Bamboche se serait noyé dans un puits, poursuivi par le souvenir d’un crime commis autrefois à Rome. « 11 vivait dans cette ville, dit cet écrivain, avec des jeunes gens de son pays qui, en leur qualité de protestants, ne se faisaient aucun scrupule de manger de la viande en-plein carême ; un ecclésiastique, après leur avoir adressé souvent d’inutiles remontrances, finit’ par les menacer de les déférer au saint office. Le Bamboche et ses amis, échauffés par la boisson, jetèrent le sermonneur dans le Tibre. » Sandrard, qui, comme nous l’avons dit, connut à Rome van Laar, ne parle pas de ce crime et se, borne à dire que « cet homme pieux fut tiré du trouble temporel pour passer au repos éternel. » D’autres historiens rapportent que, vers la fin de sa carrière, ses infirmités ayant beaucoup augmenté, il devint ansêi morose qu’il était enjoué dans sa jeunesse, et qu’il mourut d’une oppression. Le Bamboche avait une façon originale de travailler. Avant de commencer un tableau, il restait quelque temps pensif devant son chevalet, ou Dieu il jouait quelques airs sur son violon, saris parler à personne ; puis il prenait un crayon, esquissait rapidement et peignait ensuite avec une verve extraordinaire. « À un remarquable talent de composition, dit M. Waagen, il joignait un sentiment très-vif de l’expression et du mouvement et un dessin correct. Sa couleur est généralement d’un ton brun chaud, quelquefois très-clair, mais le plus souvent opaque, et sa touche large et spirituelle. Ses paysages prouvent qu’il vécut dans l’intimité de Claude et de Poussin. » Suivant Passeri, « les figures sont si vives et’si bien accompagnées par le paysage et les animaux que l’on croirait voir, d’une fenêtre ouverte ; les scènes qu’il a représentées sur la toile. • Les tableaux du

Bamboche sont assez rares, du moins en dehors de l’Italie. Le musée des Offices, à Florence, possède son portrait, un Mendiant caressant un chien, un Maréchal ferrant dans son atelier, une Blanchisseuse, des Chasseurs arrêtés d la porte d’une auberge, un Paysage, etc. Le palais Corsini, dans la même ville, a une Réunion champêtre, des Bergers qui se reposent, des Chasseurs et plusieurs paysages. Parmi les tableaux que Ion voit dans les divers musées de l’Europe, nous citerons : le Départ de l’hôtellerie et les Pâtres, au Louvre ; un Charlatan ; des Paysans italiens se querellant ; des Paysans buvant, à Cassel ; une Bambochade italienne ; Paysans jouant aux quilles ; Religieux distribuant des aumônes ; Paysan avec un cheval gris ; Vigneron payant ses ouvriers, à Dresde ; Jeux de paysans romains, une des meilleures toiles du maître, à Vienne ; un Champ de bataille, où des cavaliers dépouillent les morts, à Munich ; plusieurs Haltes de chasseurs, à Saint-Pétersbourg. Rien dans les musées de Hollande. Le Bamboche s. gravé a l’eau-forte, d’une pointe vive et spirituelle, vingt planches, parmi lesquelles une suite de huit pièces (datées de Rome, 1636, et signées Petrus di Laer fe.), figurant différents animaux, et une suite de six pièces représentant des chevaux, dontBartsch a critiqué avec raison le dessin.

BAMBOCHER v. n. ou intr. (ban-bo-chérad. bamboche). Pop. Faire des bamboches, des débauches, des fredaines.

BAMBOCHEUR, EUSE (ban-bo-cheur, eu-zo

— rad. bambocher). Pop. Personne qui aime

à bambocher, qui a l’habitude de bambocher : Les bambocheurs passent leur temps au cabaret, au café, au bal, criant, fumant, vociférant dans une atmosphère infecte et hideuse. (G. Sand.)

— Adjectiv. : Tout Paris voudra voir les aventures de M. Malmouche, ce bourgeois facétieux, bamuocheur et prodigue, qui voudrait bien dépenser en folies ses quarante mille livres de rente. (Th. Gaut.) Je suis bambocheur, voilà tout... Quel est le militaire qui n’a pas fait des siennes ? (Th. Leclercq.) L’épouxn&M- bociieur a étalé son trésor sur la table : une belle pièce de deux francs et trois gros sous (Cl. Robert.)

BAMBONNER v. n. ou intr. (ban-bo-nédu gr. bambainô, je bégaye). Pop. Marmotter, parler entre ses dents.

BAMBOU s. m. (ban-bou). Bot. Genre de graminées, qui renferme les plus grands végétaux de cette famille : Rien de plus merveilleux que les touffes du bambou. On l’enterra au pied d’une touffe de bambous elle aimait à se reposer. (B. deSt-P.)ie bambou est le géant des graminées. (Clavé.) Les bambous d’une taille énorme sont un objet de vénération pour les Malais. (Clavé.) Lorsque le bambou est jeune, les pousses contiennent vue substance médullaire fort tendre et très-agréable au goût. (Dumeril.) On trouve soutient dans les mines de houille des empreintes de plantes qui paraissent appartenir au genre bambou. (Do France.)

L’éléphant aux larges oreilles

Casse les bambous en marchant.

V. Huoo.

Oh ! ne regrette plus ton île si lointaine. Ses forêts de bambous et sa brise africaine Qui frôle dans les bananiers.

M’c DE Poligny.

— Par extr. Bois de bambou : Un tuyau de pipe en bambou. Notre table de bambou fut recouverte d’une nappe luisante comme de la toilecirée. (H. Berthoud.) il Canne de bambou : Je lui cassai mon bambou sur les épaules. (***) Et il partit eu brandissant son implacable bambou. (L. Reybaud.)

— Hist. Peine du bambou, Châtiment usité, surtout en Chine, à l’égard de certains coupables.

— Encycl. Le genre bambou présente les caractères suivants : fleurs disposées sur deux rangs, en épillets comprimés et multiflores, les inférieures ordinairement neutres et avortées, les autres tantôt hermaphrodites, tantôt, au contraire, mâles avec une seule hermaphrodite ; la lépicène est formée de deux

écailles concaves et dépourvues d’arête : la glume se compose de deux paillettes, dont l’inférieure est concave, allongée, plus ou moins mucronée au sommet, et dont la supérieure, plus étroite, porte deux nervures saillantes ; les étamines, ordinairement au nombre j de six, sont plus longues que les valves de la | glume ; Uovaire est muni à sa base de trois paléoles courtes et ciliées dans leur contour ; le style est divisé en deux ou trois branches terminées par un stigmate plumeux ; le fruit est recouvert par les paillettes de la glume. Au lieu de former des herbes grêles comme la plupart des graminées, les bambous ont l’aspect de véritables arbres, quoique avec un port tout particulier. « Peu de végétaux, dit M. Bory de Saint-Vincent, présentent un port aussi majestueux et en même temps plus mollement léger ; leurs racines émettent une foule de tiges qui, atteignant de 8 a 20 m. de hauteur, se développent en gerbe immense. Ces tiges, cylindriques, polies, luisantes même, d’une belle couleur jaunâtre, sont formées de gros nœuds et produisent, vers 1 m. À 3 m. de hauteur, des rameaux de même nature, d’autant plus courts qu’ils approchent de la pointe des tiges, et qui se chargent d’une multitude de feuilles en ruban du vert le plus tendre et d’une extrême mobilité. •

Ce sont les bambous qui contribuent principalement à donner aux paysages équinoxiaux cet aspect grandiose, mystérieux et étrange qui a frappé tous les voyageurs. Une sorte de terreur religieuse, un saisissement inexplicâble pénètre l’âme, à mesure qu’on s’avance sous les ombrages sans fin de ces roseaux géants. Mais c’est surtout au milieu du silence ue la nuit que les forêts de bambous sont merveilleuses a voir. Alors la moindre brise qui s’élève de l’un des points de l’horizon suffit pour agiter de mille façons cet inconstunt feuillage et ces longues tiges flexibles, qui semblent à peine tenir au sol. Aussitôt une espèce de rumeur sourde et plaintive se fait entendre de mille points k la fois, et glace d’effroi le voyageur qui en ignore la cause. Mais c’est bien autre chose quand survient la tempête. Dans ces moments, surtout si les chaumes sont mûrs, on est témoin d’un des spectacles les plus imposants que la nature puisse nous offrir, La surface des forêts devient semblable à celle d’une mer en furie. Les bambous se courbent ou se relèvent au gré des vents, se heurtent dans tous les sens avec violence et produisent un bruit effrayant, auquel nul autre bruit ne ressemble. Souvent alors, la foudre éclate et allume des incendies immenses, qui brûlent des semaines et des mois entiers sans rencontrer d’obstacles. Ces embrasements sont assez fréquents, et, si l’on en croit les habitants, le simple frottement des tiges les unes contre les autres, pendant la tempête, suffit pour les produire.

Le genre bambusa, tel qu’il vient d’être caractérisé, ne comprend qu’environ une douzaine d’espèces. Un grand nombre de plantos, qui autrefois en faisaient partie, forment aujourd’hui les genres nastus, chusquea, guadua, beesha, dont les caractères ont été savamment établis par M. Kunt. Parmi les

espèces les plus remarquables du genre bambusa, nous citerons seulement le bambusa arundinacea, ou bambou proprement dit. Le bambou proprement dit (arundo barnbos de Linné) est une graminée gigantesque, dont les chaumes atteignent 20 et 25 m. de haut. Ses tiges sont simples, mais de leurs nœuds naissent souvent un très-grand nombre de rameaux verticillés chargés de feuilles, qui forment des espèces de panicules interrompues et ramifiées ; la cavité intérieure des tiges est coupée de distance en distance par d’épaisses cloisons ou diaphragmes, formés d’un tissu ligneux à fibres très-fortes et imprégné d’une grande proportion de silice. Cette substance s’y accumule même en concrétions très-dures qui portent le nom de tabaschir, et sont célèbres par les propriétés merveilleuses qu’on leur attribue.

Les usages du bambou sont nombreux et variés. En Amérique, on le cultive en haies immenses, appelées balisages, au pourtour des grandes exploitations. Ses tiges légères, mais élastiques et résistantes, sont employées pour la mâture, la charpente ; on en fait des planches, des échelles, des claies, des lattes, des nattes ; en les tronçonnant dans le sens transversal, on en obtient des vases, des boîtes, des tambours. Des villages entiers, en Chine, sont construits en bois de bambou. Les rameaux et les racines servent à faire des cannes légères et élégantes, fort recherchées en Europe. Ses jeunes pousses sont regardées en Chine comme un légume très-esiïmé. À une certaine époque, il découle des nœuds une liqueur miellée, douce, agréable et fermentescible, qui sert do boisson dans plusieurs pays.

Les bambous sont originaires des régions les plus chaudes de l’Asie méridionale-, mais on les a introduits et on les cultive aujourd’hui dans presque tous les pays qui s’étendent entre les tropiques. Cependant, quelques espèces dépassent cette zone et peuvent vivre en plein air sous des latitudes assez élevées. Le bambou roseau, originaire de la Chine, est cultivé en Algérie, où il s’est naturalisé, et jusque dans quelques localités bien abritées de la Provence. Le bambou noir est encore plus rustique ; il vient très-bien dans le midi de la France, et même, avec quelques précautions, sous le climat de Paris. La culture du bambou est facile ; il croît également bien sur les rives des fleuves, au bord des marais et dans les lieux secs où d’autres végétaux ne présentent qu’une maigre végétation. On le multiplie par la division des souches ou rhizomes.

— Hist. Le bambou joue, dans la législation des peuples de l’extrême Orient, un rôle extrêmement actif. Chez les Cochinchinois, comme chez les Chinois, il constitue, avec le châtiment du bâton, les deux premiers degrés de la pénalité judiciaire ; les trois autres degrés sont les fers, .l’exil et la mort. Le code annamite, dont la connaissance, si importante pour l’avenir de notre colonie, a été facilitée par la traduction de M. Aubaret, entre à ce sujet dans des détails extrêmement précis, et, d’un autre côté, très-curieux. Le bambou employé pour les fautes légères est mince. Le code en limite même la longueur, qui doit être de 0 m. 70, et la circonférence de cinq ou six phans (2 cent.). Comme le dit le texte, le bambou est surtout destiné à réveiller chez le coupable des sentiments de repentir, et à exciter chez lui un salutaire retour sur lui-même. On administre de dix à cinquante coups, en passant par les nombres intermédiaires vingt, trente et quarante coups, suivant la gravité du délit. Le bâton est employé pour les cas plus graves ; lï est gros, dit laconiquement le texte, et, plus bas, il détermine ainsi les proportions qu’il doit avoir : longueur, 0 m. 80 ; grosseur, 0 m. 04 c. au plus. On l’emploie en donnant depuis soixante coups jusqu’à, cent, en augmentant la dose de dizaine en dizaine. Pour les femmes, la peine du bâton est généralement convertie en celle du bambou. Outre les usages qui viennent d’être indiqués, le bambou et le bâton s’emploient encore comme appoint dans les trois peines supérieures, les fers, l’exil et la mort, afin do créerdes châtiments mixtes et en proportions variables. La peine du bambou et du bâton peut être rachetée suivant un tarif fixe, qui est donné tout au long dans le code.

BAMBOUC s. m. (ban-bouk).’ Bot. Espèce de palmier dont on extrait une huilo fine, connue sous le nom de beurre de bambouc.

BAMBOUK, royaume d’Afrique, dans la Sénégambie, s’étendant au S. et k l’E. du haut Sénégal et présentant des limites k peu près inconnues du côté de l’est. Sol élevé et montagneux, arrosé par le Sénégal et d’autres cours d’eau ; climat malsain, riche végétation tropicale, gros bétail en très-grand nombre, troupeaux d’éléphants errant dans la plaine, riches gisements d’or. Les habitants appartiennent à la race mandingue et sont mahoniétans. Capitale Bambouk ; ville principale Natacho.

BAMBOULA s. m. (ban-bou-ia). Tambour des nègres d’Haïti : On lui présenta en même