caillebottis. Pièces de bois avec lesquelles on fait des caillebottis.
BARROW s. m. (ba-ro). Archéol. Nom anglais donné aux tumulus ou tombeaux antiques, formés de terre entassée : Quelles que soient leurs dimensions, les barrows, dolmens et cromlechs impressionnent généralement le spectateur. (Michiels.) On a trouvé dans les barrows des urnes renfermant des cendres, des coffres de pierre qui servirent de cercueils, des ossements de chiens et de cerfs mêlés à ceux des hommes. (Bachelet.)
— Encycl. On sait que les habitants primitifs des îles anglaises ont longtemps, comme ceux de la Gaule et de la Germanie, pratiqué toutes les observances de la religion druidique ; il n’est donc pas étonnant qu’on ait trouvé dans ces îles un grand nombre de ces monuments curieux du culte de nos premiers ancêtres, connus sous le nom de monuments druidiques. Les savants anglais désignent sous le nom de barrow un amas de terre qu’on suppose avoir été élevé pour servir de tombe à un chef, et qui, chez nous, s’appelle ordinairement tumulus. Certains barrows ont la forme d’un cône, souvent tronqué au sommet ; d’autres ressemblent à une cloche ; quelques-uns sont entourés de fossés, d’autres sont au milieu d’une enceinte de pierres, et d’autres n’ont rien qui les entoure. On a trouvé dans quelques-uns des espèces de cercueils formés de six pierres plates, mais trop courts pour que le corps d’un homme pût y être étendu, ce qui fait supposer que les genoux devaient être appuyés contre la poitrine et les jambes contre les cuisses. Un mètre et demi d’élévation, cinq à six mètres à la base, telles sont les dimensions ordinaires des barrows. Ceux qui en ont de plus considérables renferment des divisions intérieures, formées de grosses pierres brutes, et l’on a toute raison de croire qu’ils servaient de sépulture commune à plusieurs membres d’une même famille, ou à plusieurs chefs ayant trouvé la mort dans le même lieu ; la forme de leur base est ordinairement elliptique.
Les galgals des Bretons sont semblables aux barrows anglais. Quelques-uns, pourtant, offrent cette différence, qu’ils sont formés de pierres au lieu de terre.
BARROW, fleuve d’Irlande, prend sa source
aux monts Sliebh-Bloom, dans le comté de
Queen’s, passe à Carlow, New-Ross, et se
jette dans l’océan Atlantique à l’E. de Waterford,
après un cours de 150 kil., presque entièrement
navigable. Les affluents principaux
sont la Nor et la Suir, à droite. || Barrow (détroit
de), détroit de l’Amérique du Nord,
dans le passage N.-O, entre ceux de Lancastre
à l’E., de Melville à l’O., par 90° long,
0. et 74° lat. N. Il communique avec la mer
de Baffin par le détroit de Lancastre, avec
lequel on le confond quelquefois. || Barrow-Upon-Soar, ville d’Angleterre, comté et à 12
kil. N. de Leicester, sur la Soar ; 6,300 hab. ;
beau calcaire bleu, donnant une chaux hydraulique
renommée.
BARROW (Isaac), géomètre et théologien anglais, né à Londres en 1630, mort en 1677. N’ayant pu obtenir une chaire de grec à Cambridge,
parce qu’on l’accusait d’être partisan
des idées d’Arminius, il se mit à voyager
(1655), visita la France, l’Italie, Smyrne,
Constantinople, et revint en Angleterre en
1659. L’année suivante, il fut nommé professeur
de grec à Cambridge, puis successivement
professeur de philosophie à Gresham
(1662), membre de la Société royale de Londres
(1663), et professeur de mathématiques
à l’Université de Cambridge (1664). C’est alors
qu’il compta au nombre de ses élèves le grand
Newton, à qui il céda sa chaire en 1669, pour
l’attacher à cette université. Depuis cette
époque, il s’occupa surtout de théologie, devint,
en 1670, chapelain de Charles II, en 1675,
chancelier de l’université de Cambridge, et
fut enterré dans l’église de Westminster.
Bien qu’il se soit beaucoup occupé de théologie,
c’est aux sciences mathématiques que Barrow
doit sa réputation. La lecture d’Eusèbe
et de Scaliger le conduisit à l’étude de la chronologie,
celle-ci à l’astronomie, qui l’obligea de
se livrer à la géométrie. Versé dans la connaissance
du grec et de l’arabe, il put traduire
des traités d’Euclide, d’Archimède, d’Apollonius
et de Théodose, qu’il réduisit à de petits
volumes. Il a contribué par ses travaux aux progrès de la science ; il est regardé notamment comme l’inventeur du triangle différentiel,
d’où l’on déduit sur-le-champ la sous-tangente
d’une courbe quelconque, et qui a préparé
l’application du calcul différentiel à la géométrie.
Ses ouvrages les plus importants sont : Lectiones
opticœ et geometricœ, etc. (Londres, 1674, in-4o), Lectiones habitœ in scholis, etc. (1684) ; et les éditions d’Archimède, des Éléments d’Euclide, des Coniques d’Apollonius, etc.
BARROW (Jean), compilateur anglais du XVIIIe siècle. On lui doit deux ouvrages qui eurent du succès en Angleterre, un Dictionnaire géographique, et surtout un Abrégé chronologique, ou Histoire des découvertes faites par les Européens dans les différentes parties du monde (Londres, 1756). Ce dernier ouvrage, qui ne parut avec le nom de son auteur qu’en 1765, fut traduit en français par Targe, et publié à Paris (1766, 12 vol. in-12).
BARROW (Jean), voyageur anglais, né en
1764, mort en 1848. Il accompagna lord Macartney
dans son ambassade en Chine, puis
au cap de Bonne-Espérance, et, de retour en
Angleterre, il fut appelé au poste de secrétaire
de l’amirauté. Dans ces fonctions importantes,
il rendit de véritables services à la science,
par l’appui constant qu’il prêta aux
expéditions entreprises par les Franklin, les
Ross, les Back, etc., notamment dans les régions
circumpolaires. Il fut nommé baronnet,
et devint membre de la plupart des sociétés
savantes de l’Angleterre, président de la Société géographique de Londres, etc. Ses principaux ouvrages sont : Travels in South Africa
(Voyages dans l’Afrique méridionale, 1797-1798, 2 vol. in-4o), traduit en français par de Grand-Pré et par un anonyme, qu’on croit
être Walckenaer ; Voyages en Chine en 1794,
Londres (1804), traduit en français par de
Castera ; Voyages en Cochinchine (1806), trad.
en français par Malte-Brun ; A chronological History of Voyages into the arctic régions (Londres, 1838) ; et une série de biographies
de marins célèbres, Anson, Drake, Smith, etc.
BARROYER v. n. ou int. (ba-roi-ié — rad. barreau). Fréquenter le barreau. || V. mot.
BARROZZI (Giacomo), architecte italien, plus
connu sous le nom de Vignole.
BARRUEL (abbé Augustin de), littérateur
français, né à Villeneuve-de-Berg en 1741,
mort en 1820. Membre de l’ordre des jésuites
lorsque ceux-ci furent expulsés de France, il
se rendit successivement en Bohême, en Moravie
et à Vienne, où il se livra à l’enseignement,
puis il vint s’établir à Paris en 1774,
avec la qualité d’aumônier de la princesse
de Conti. Bientôt après, il devint collaborateur
de Fréron à l’Année littéraire, puis il fit
paraître les Helviennes ou Lettres provinciales philosophiques (Paris, 1788, 5 vol.), dans lesquelles
il attaquait la philosophie de son temps
avec une extrême violence et en mettant en
cause les personnes mêmes. Il poursuivit son
système de polémique haineuse et passionnée
dans le Journal ecclésiastique, qu’il rédigea
jusqu’en 1792. À cette époque, il passa en
Angleterre, où il fit paraître ses Mémoires sur le jacobinisme (1797, 1813, 5 vol.), ouvrage rempli d’exagération et de mensonges, mais qui fit beaucoup de bruit, parce qu’on le prohiba.
Après le 18 brumaire, il publia un opuscule
dans lequel il prêchait l’obéissance et la
soumission à l’autorité du premier consul. En
récompense de cet écrit, Bonaparte le nomma
chanoine de la cathédrale de Paris. Peu de
temps après, parut son livre Du pape et de ses droits religieux (1803), apologie du concordat, qui lui valut une réfutation vigoureuse de l’abbé Blanchard. Il passa ses dernières années dans le même poste, bien qu’il se fût
toujours empressé d’apporter ses protestations
de fidélité à chaque pouvoir nouveau.
Outre les ouvrages cités plus haut, mentionnons :
Collection ecclésiastique ou Recueil complet des ouvrages faits depuis l’ouverture des états généraux, relativement au clergé (1791-92, 14 vol. in-8o) ; Histoire du clergé de France pendant la Révolution (1794 et 1804, 2 vol.) ; Du principe et de l’obstination des jacobins (1814), etc. Tous ces ouvrages, dirigés contre les principes de 1789, la Révolution, les francs-maçons, etc., sont écrits par un homme de talent, mais avec une partialité révoltante, et un esprit de dénigrement qui leur enlève toute autorité.
BARRUEL-BEAUVERT (Antoine-Joseph,
comte de), publiciste français, né en 1756 au
château de Beauvert près de Bagnols, mort
en 1817. Cousin de Rivarol, il s’affubla comme
lui du titre de comte, grâce auquel il fit un
bon mariage, obtint le commandement d’une
compagnie de réforme des dragons de Belzunce,
puis celui d’une compagnie de la milice
de Bretagne, et vécut à Paris dans l’intimité
des gens de lettres. Lorsque éclata la
Révolution, et qu’il vit menacés les privilèges
d’une caste au sein de laquelle il s’était introduit
de son autorité privée, il se crut profondément
lésé dans ses droits et devint un des
plus ardents défenseurs de la noblesse. Après
avoir habité quelque temps Bagnols, où il devint
commandant de la garde nationale, en
1790, il retourna à Paris. Il y publia quelque
temps un journal intitulé le Royaliste, s’offrit
comme otage de Louis XVI après la fuite de Varennes, accourut près du roi le 20 juin 1792, ce qui lui fit envoyer le lendemain la croix de Saint-Louis, et, après le 10 août, vécut dans
la plus profonde retraite, tant que dura la
la Terreur. En 1795, il devint le principal rédacteur
des Actes des apôtres, journal qui n’a de commun que le titre avec celui du royaliste Peltier. Condamné en 1797 à la déportation, il parvint à se soustraire à toutes les recherches.
Quelques brochures, qu’il publia contre
le 18 brumaire, le firent enfermer au Temple
pendant deux ans. Il en sortit en 1802, grâce
à l’intercession de Joséphine, qui, au lieu
d’une préfecture sollicitée en vers et en prose,
lui fit obtenir enfin, en 1808, une place d’inspecteur
des poids et mesures à Besançon. En
1815, le comte Barruel ne pouvait manquer de
reparaître sur la scène, ce qu’il fit en jouant
un rôle exécrable, celui de dénonciateur. Un
rôtisseur nommé Biennais fut, entre autres,
dénoncé par lui comme un des auteurs des
massacres de septembre. Le tribunal condamna
à cinq francs d’amende le calomniateur,
qui ne put fournir de preuve, et acquitta
Biennais ; mais celui-ci, ruiné par le seul fait
de cette calomnie, perdit la raison et se tua.
Le colonel comte de Barruel-Beauvert, comme il ne manqua jamais de se faire appeler depuis qu’il fut nommé commandant de la garde
nationale de Bagnols, a publié plusieurs écrits
qui se ressentent de son manque d’instruction
première, et qui n’ont point échappé à l’oubli.
Nous citerons seulement : Actes des philosophes et des républicains (1807), et Lettres sur quelques particularités secrètes de l’histoire pendant l’interrègne des Bourbons (1815, 3 vol).
BARRURE s. f. (ba-ru-re — rad. barre). Techn. Barre d’un corps de luth. || Petite irrégularité sur une pipe.
BARRUTINE s. f. (ba-ru-ti-ne). Comm. Sorte de soie de Perse.
BARRY ou BARRI s. m. (ba-ri). Jeune verrat.
BARRY (Gérald), savant anglais, également
connu sous le nom de Giraldus Cambrensis,
né dans le pays de Galles vers 1146, mort
vers 1220. Il fut envoyé en France pour y
achever ses études, et, de retour en Angleterre,
il se signala par ses talents, mais surtout
par son caractère inquiet, ardent et ambitieux.
À la mort de son oncle, l’évêque de
Saint-David, il fut appelé par le chapitre à
lui succéder ; mais écarté de ce siège par
Henri II, il retourna à Paris, où il se livra
surtout à l’étude de la théologie et des décrétales,
et où on lui offrit, en 1179, une chaire
de droit canon, qu’il refusa. L’année suivante,
il revint en Angleterre, fut chargé par l’archevêque
de Cantorbéry d’administrer l’évêché
de Saint-David, dont le titulaire avait été
chassé, puis il fut nommé chapelain de Henri II,
et, en 1185, secrétaire et conseiller du prince
Jean, en Irlande. Il y recueillit les matériaux
de sa Topographie de l’Irlande, ouvrage rempli de fables et d’erreurs grossières, que, pendant trois jours, il lut publiquement à Oxford en 1187. Après avoir prêché la croisade
aux Gallois en 1188, il fut chargé d’administrer
le royaume en l’absence de Richard
Cœur-de-Lion. Le siège de Saint-David, objet
de son ambition, étant de nouveau devenu
vacant en 1198, on l’engagea à se porter comme
candidat. « Un homme digne de l’épiscopat ne
doit pas le demander, mais être demandé, »
répondit-il. Désigné par le chapitre, il fut
écarté par le roi Richard, comme il l’avait
été déjà par son prédécesseur. Barry prit la
détermination d’en appeler au pape ; il fit trois
voyages à Rome, mais sans succès, et, renonçant
pour toujours aux affaires du monde, il
termina sa vie dans la retraite après avoir
refusé, en 1215, ce même évêché de Saint-David,
que cette fois on lui avait offert. Barry,
dont le plus grand défaut était une vanité
excessive, professait pour les moines une
véritable aversion. Il ajouta, dit-on, à l’oraison
dominicale cette variante : Seigneur, délivrez-nous
de la méchanceté des moines (A monachorum malitia libera nos, Domine). Ses principaux ouvrages sont : Topographia Hiberniœ, publiée avec son Historia Vaticinalis de expugnatione Hiberniœ (Francfort, 1602) ;
Itinerarium Cambriœ, (1585), etc.
BARRY (Melchisédech), fameux opérateur du Pont-Neuf, né vers 1574, mort à Amiens vers 1654, brillait à Paris dans la première
moitié, et même dès les premières années du XVIIe siècle. Il se tenait sur la place Dauphine et s’intitulait pompeusement médecin chimique, par opposition aux galéniques de la Faculté. Indépendamment de leur singe,
de leur Marocain et du masque italien dont ils s’affublaient, les charlatans, qui aimaient à se donner une physionomie étrangère afin d’exciter
plus fortement la curiosité de la foule, se choisissaient des femmes qui pussent compléter la physionomie exotique de la troupe. Barry eut tour à tour des compagnes italienne, anglaise, flamande, etc.. Ses courses en tout pays le mettaient à même de satisfaire largement son goût pour la variété. Entre autres excursions, Barry fit plusieurs fois le voyage de Rome. La première fois qu’il s’y
rendit, la peste y exerçait de grands ravages,
et les cardinaux mêmes prenaient la fuite.
Notre médecin chimique alla trouver le pape
et lui vanta avec tant d’éloquence la vertu
de son antidote, qu’il le détermina à rester,
ainsi que les hauts personnages qui se disposaient
à abandonner la ville. Puis, sans perdre
de temps, il fit élever un splendide théâtre
sur la place Navone, et travailla si bien avec
ses remèdes, qu’en moins de quinze jours la
maladie fut arrêtée. L’opérateur se vit comblé
d’honneurs et de biens. Le pape lui fit présent
d’une médaille d’or, frappée en son honneur
et portant, avec son effigie, l’inscription
suivante ; Innocentius Decimus Barrido,
Urbis sanatori, anno salutis m dc xliv.
Barry rentra en France avec deux belles Romaines,
les signore Morini et Colombina, qui
ne purent se séparer de lui. Il arriva un jour
à la célèbre foire de Guibray, suivi de sa
troupe, troupe admirable, qui s’était récemment
augmentée d’un Trivelin, fils naturel
qu’il avait eu d’une Égyptienne. Ce Trivelin
était un beau garçon qui, le premier, dansa
sur la corde sans balancier. La foule, attirée
par les riches décorations que Barry avait
rapportées de Venise, l’excellence et la réputation
de ses remèdes, la variété de ses pièces
italiennes, jouées par de bons acteurs, affluait
autour de lui et achetait son remède souverain.
Mais il faillit, dans cette ville, mourir
empoisonné publiquement par la Morini, qui
était jalouse et se croyait moins aimée que la
Colombina. Sa marchandise, employée à propos,
le sauva. Voyant son coup manqué, la
Morini corrompit le Trivelin et l’amena à profiter
de la confiance de son père pour lui voler
tout ce qu’il avait d’or et d’argent et fuir de
Guibray. Barry descendit à Rouen, alors désolé
par le pourpre, et délivra la ville de cette
maladie. Puis il alla courir le royaume et les
pays étrangers, sans rien changer de son genre de vie, quoiqu’il fût septuagénaire. Ce fut à Amiens qu’il termina son existence aventureuse. Un sauteur, qu’il avait amené de Portugal,
le vola de concert avec Colombina ;
puis tous deux se sauvèrent en Hollande.
Son esprit succomba à ce coup, qui brisa en
même temps un corps ruiné par quatre-vingts
ans de travaux et de plaisirs. « Le grand
Barry, le favori des princes, le vainqueur de
la mort, s’en fut mourir à l’hôpital, où, dit
M. Fournel, touché enfin de la grâce, il pleura
amèrement ses fautes et eut la fin la plus
édifiante. » Il est vrai que le vieillard était
fou, ce qui nuit à l’effet du tableau. Dancourt,
en 1702, a mis en scène ce contemporain de
Mondor, de Tabarin et de l’Orviétan, sous ce
titre : l’Opérateur Barry ; dans le prologue
de cette comédie, l’auteur fait dire à son héros :
« Il y a quatre-vingt-treize ans, je faisais
un bruit de diable à Paris ». Ce qui
reporte à 1609 l’époque dont il est question.
Il existe en outre une Histoire de Barry, Filandre et Alison, publiée à la suite du Voyage de Guibray (1704), curieux et rarissime petit livre qui fait comme la suite naturelle du Roman comique. Cette Histoire de Barry est racontée par la propre fille de l’habile médecin
chimique, dans le plus grand détail. L’auteur
des spectacles populaires a esquissé cette physionomie,
que les Biographies soi-disant générales
et les dictionnaires de toutes sortes ont
oubliée. Nous ne pouvions, nous, laisser dans
l’oubli un nom qui fit tant de bruit autrefois,
et qui revient souvent encore sous la plume
des chroniqueurs du vieux Paris.
BARRY ou BARRI (Paul de), écrivain ascétique français, né à Leucate en 1587, mort en 1661, à Avignon. Membre de l’ordre des jésuites,
il devint provincial de la province de Lyon
et composa un assez grand nombre de livres
de dévotion mystique. La singularité de leurs
titres et des idées qu’ils contiennent, mais surtout
le ridicule dont Pascal les a couverts, les
ont seuls préservés de l’oubli qu’ils méritent à
tous les points de vue. L’un d’eux, toutefois, intitulé
Pensez-y bien ! est encore lu aujourd’hui
par quelques âmes dévotes, éprises des mysticités.
BARRY (Spranger), célèbre acteur irlandais,
né à Dublin en 1719, mort en 1777. Fils
d’un orfèvre, il se sentit entraîné par un irrésistible
goût pour le théâtre, et, abandonnant
la profession paternelle, il débuta à Cork en
1744, avec le plus grand succès, dans le rôle
d’Othello. Son talent ne tarda pas à le faire
appeler à Dublin, puis, en 1746, à Londres, où
il joua au théâtre de Drury-lane. Bien que la
scène anglaise possédât alors des acteurs tels
que Garrick, Quin et Cibber, Barry se montra
leur digne rival. Il excellait surtout dans les
rôles passionnés, dans les situations pathétiques,
et jamais, dit-on, il n’a été égalé dans
le rôle d’Othello. L’affluence qui se portait
chaque soir au théâtre pour entendre de tels
acteurs était si grande, qu’elle devint funeste
à plusieurs spectateurs, et qu’il n’était pas
rare alors d’entendre dire : « un tel est mort
d’une fièvre, d’un rhume donné par Garrick,
Quin ou Barry. » — De retour en Irlande, en
1758, ce dernier fit construire des salles de
spectacle à Dublin et à Cork ; mais, en 1766,
il revint à Londres, où il continua à jouir de
la faveur du public jusqu’en 1773, année de
sa retraite.
BARRY (du), famille noble de Toulouse, qui
prétendait descendre des Barri-More d’Écosse,
branche cadette des Stuarts. Elle avait pour
devise et pour cri d’armes : Boutez en avant.
Malgré ses prétentions à une antique et illustre
origine, elle n’est célèbre que pour avoir
donné son nom à la maîtresse de Louis XV,
Mme Du Barry. L’aîné de la famille était alors
le comte Jean du Barry de Cérès, né à Lévignac,
près de Toulouse, en 1722. Il fut d’abord
employé dans la diplomatie et remplit diverses
missions en Angleterre, en Allemagne et en
Russie. Disgracié sous le ministère Choiseul,
il se livra aux plaisirs et devint un des roués
les plus fameux de son temps, vivant noblement
du jeu et des femmes. Ce fut lui qui
trouva, dans un tripot, celle qu’on nommait
la petite Lange. Il exploita d’abord sa beauté
en la produisant dans le monde, puis la présenta
à Lebel, parvint à la donner comme
maîtresse à Louis XV et lui fit épouser son
frère Guillaume. Pendant tout le temps de la
faveur de cette femme, il vécut royalement
du Trésor public, s’enfuit en Suisse lors de la
mort de Louis XV, puis revint à Toulouse, où
il se fit nommer colonel de la garde nationale
à l’époque de la Révolution. Prévenu de conspiration,
en nivôse de l’an II, il fut condamné à mort et décapité.
Son frère puîné, Guillaume, comte du Barry, avait été officier des troupes de la marine et vivait fort maigrement à Toulouse, lorsqu’il fut appelé à Paris par son aîné, pour donner son nom à la maîtresse du roi. Aussitôt après ce mariage, il revint dans sa ville natale y dépenser les revenus que lui valut son igno-