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sylvanie avec une armée dans le but de le renverser. En 1575, Henri de Valois, roi.de Pologne, ayant quitté furtivement ce pays pour revenir en France succéder à son frère Charles IX, les Polonais déclarèrent le trône vacant, et élurent pour roi, de préférence à Maximilien d’Autriche, Étienne Bathori, qui fut couronné à Cracovie en 1576, et épousa Anne, tille de Sigismond-Auguste, le dernier roi Jagellon. Brave, actif, .juste, bienfaisant, Bathori eut un règne glorieux, et mérita l’affection des Polonais. Il triompha de son compétiteur Maximilien d’Autriche, prit Dantzick aux Autrichiens, lutta pendant cinq ans contre les Russes, leur enleva la Gourlande et une partie de la Livonie, réorganisa l’administration civile dans toutes ses branches, fonda l’académie de Vilna, disciplina l’armée ainsi que les Cosaques de l’Ukraine, et créa cette cavalerie polonaise, si redoutée des Turcs et des Russes. Il songeait, dit-on, à faire de la Pologne un royaume héréditaire, lorsqu’il mourut sans postérité à Grodno, à la suite d’un accès de colère provoqué par la rébellion de Riga ; —Bathori (Christophe), frère du précédent, lui succéda comme prince de Transylvanie en 157G, et mourut en 1581, après avoir fait alliance avec les Turcs et ap Felé dans ce pays les jésuites, à qui il confia éducation de son fils ; — Bathori (Sigismond), fils du précédent, fut élu prince de Transylvanie du vivant même de son père, auquel il succéda en 1581. Élevé par les jésuites, il devint dans leurs mains un pur instrument, et leur influence se fît aussitôt sentir par les troubles qui agitèrent le pays. Il commença par rompre avec la Porte, et, comme les États voulurent s’opposer à cette rupture, il étouffa leur résistance dans le sang. Bientôt après, il épousa une princesse de la maison de Habsbourg ; mais presque aussitôt, cédant aux conseils du jésuite Simon Genga, il abdiqua en faveur de l’empereur Rodolphe II, qui lui promit en échange le chapeau de cardinal avec une pension viagère, et il embrassa l’état ecclésiastique. Les États, indignés de ce trafic d’un pouvoir qui émanait de la nation seule, protestèrent avec énergie ; mais encore mie fois le sang coula ; l’un des membres las plus éloquents de l’opposition, Étienne Josibia eut la tête tranchée, et la Transylvanie fut livrée à des commissaires autrichiens en 1538. Sifismond, ayant vainement attendu le chapeau e cardinal qu’on lui avait promis, finit par comprendre qu’il avait été le jouet d’une intrigue. Il revint en Transylvanie, essaya de faire donner le pouvoir à son frère Balthazar Bathori, puis il alla se réfugier en Pologne. Balthazar fut défait près de Kronstadt par l’armée de George Basta et de Michel, vayvode de Valachie, envoyés contre lui par l’empereur, et massacré peu de jours après par le peuple. La mésintelligence qui s’éleva bientôt après entre les vainqueurs, Michel et Basta, .permit à Sigismond Bathori de reparaître en- Transylvanie en 1601, et de ressaisir le pouvoir. Battu à Govoslo par Michel et Basta, qui s’étaient réconciliés, il se réfugia en Valachie, revint une dernière fois en Transylvanie, et, après une abdication définitive en faveur de Rodolphe, moyennant une pension de 300,000 thalers et une terre en Bohême il terminaobscurément, en 1613, une vie qui, grâce aux jésuites, avait été si ealamiteuse pour son pays. En lisant l’histoire si remplie d’incidents de Sigismond Bathori et des autres princes de sa famille, on ne peut s’empêcher de se demander si notre La Fontaine, qui vint au monde quelques années après seulement, ne songeait pas à eux lorsqu’il disait si bien, dans sa fable des Deux Voleurs et l’Ane :

L’âne, c’est, quelquefois une pauvre province ; .. Les voleurs sont tel pu tel prince,

Comme le Transylvain, le Turc et le Hongrois.

Bathori (Gabor ou Gabriel), frère du précédent, fut élu prince de Transylvanie en 160s, et consentit à reconnaître pour suzerain Vempereur Rodolphe ; mais il devint si odieux aux Transylvains par son orgueil et ses débauches, qu’après une révolte de la noblesse, comprimée en 1610, les Saxons se soulevèrent à leur tour et le battirent à Kronstadt. Le roi de Hongrie Mathias, pensant qu’il lui serait facile en ce moment de conquérir la Transylvanie, prêta son concours aux révoltés, s’empara de Weissembourg, battit Bathori et l’enferma dans Hermanstadt. La vaincu allait être forcé de se rendre ; lorsque son cousin Bethlen-Gabor accourut a son secours à la tête de troupes turques, et fît conclure la paix en 1611. Au lieu de se montrer reconnaissant, Bathori essaya de faire assassiner Bethlen, qui lui portait ombrage. Celui-ci se rendit aussitôt ea Turquie, obtint du sultan Achmet Ier une armée de 60,003 hommes, commandée par Sandarpacha, et entra en Transylvanie, où il fut proclamé vayvode, pendant que Bathori, détrôné ’ par le peuple, prenait la fuite et mourait assassiné à G rosswardein en 1613. Il fut le dernier représentant de cette famille qui régna en Transylvanie ; — Bathori (Elisabeth), nièce d’Étienne, roi de Pologne, et femme d’un seigneur hongrois nommé Nadasty, morte en 1614. Elle s’est rendue fameuse par des actes d’une monstruosité peut-être unique dans les annales du crime. Cette horrible créature vivait dans son château de Cseithe, avec plusieurs jeunes filles qui lui tenaient compagnie et qu elle punissait, pour les fautes les plus légères, avec une cruelle sévérité.

Ayant un jour frappé une de ses demoiselles d’honneur avec une telle violence, que le sang de celle-ci lui rejaillit au visage, elle crut remarquer, en s’essuyant, que, sous le sang, sa peau était devenue plus douce et plus blanche. Aussitôt elle forma le projet de prendre des bains de sang humain, dans l’espoir de se rajeunir, et elle lit égorger secrètement et successivement plus de six cent chiquante jeunes filles de la contrée. Le deuil devenait universel, et on ne savait qui accuser, lorsque la disparition d’une nouvelle victime vint donner l’éveil. Son fiancé ayant eu quelques soupçons prodigua l’argent, finit par savoir la vérité, et rendit à Presbourg, où il dénonça le crime. Georges Thurzo, palatin de Hongrie, se rendit sur-le-chainp au château de Cseithe (1010). Il surprit Elisabeth en flagrant délit avec ses trois complices, son nain Flisko et deux vieilles femmes, qui, après avoir procuré les victimes, jetées dans une cave profonde, les égorgeaient, recevaient leur sang dans un pot déterre, et le versaient tout fumant sur le corps d’Elisabeth Bathori. Ces deux femmes furent brûlées vives ; le nain fut décapité après avoir eu, comme celles-ci, le poing tranché ; quant à Elisabeth, elle fut condamnée à une détention perpétuelle dans un cachot de son château d’Esei, où elle mourut trois ans après. On trouve encore aujourd’hui dans les archives du chapitre de Gran, en Hongrie, les pièces relatives à l’instruction de cette lugubre série de crimes.

’ BATHRIK s. m. (ba-trik). Hist. Nom sous lequel on désigne les patriarches chrétiens dans les pays orientaux.

BATHSÈBE s. f. (ba-tsè-be). Entom. Genre

d’insectes coléoptères tétrameres, de la famille

des chrysoméhnes, formé aux dépens des

colaspis et comprenant une seule espèce, qui

’ vit au Cap de Bonne-Espérance.

BATHUR1N ou BATOURINE, ville de la Russie d’Europe, gouvernement et â. l’E. de Tchernigow, district et à 30 kil. N.-O. de Konotop, près de la Seym, affluent de la Desna ; 9,000 hab. Ancienne résidence de l’hetman des Cosaques ; prise et saccagée par les Russes en 1708.

BATHURST ou BATHORST-TOWN (prononcez Baceurste), colonie et ville anglaise dans le bassin de la Gambie (Afrique occidentale), auprès de la mer, par 13° 28’ làt. N. et 18° 55’ long. O., résidence du gouvernement local ; fondée en 1816 ; 3,000 hab. Le sel est le principal article de troc contre les produits indigènes. Il Ile au N. de l’Australie, près du golfe de Van-Diemen, par no 30’ lat. S. et 128° long. E. Ville principale : Port-Raflfes, fondée en 1824. Il Villede l’Australie (Nouvelle-Galles du Sud), sur le versant occidental des montagnes Bleues et la rive gauche du Macquarie, à 200 kil. de la mer ; aux environs, récentes et riches mines d’or, u Ville de l’Afrique méridionale, dans la colonie anglaise du Cap, ch.-l. du district d’Albany, à S00 kil. E. du Cap.

BATHIJRST, nom d’une famille anglaise, dont l’origine remonte.a la conquête de l’Angleterre par les Normands, et qui compte plusieurs membres distingués, parmi lesquels nous citerons les suivants : Ralph Bathurst, poète et savant, né en 1620 dans le comté de Northampton, mort en 1704. Médecin de la marine sous Cromwell, il fut un des fondateurs de la Société royale de Londres, et, étant entré dans les ordres après la restauration, il fut nommé chapelain de Charles II, président du collège de la Trinité à Oxford, et, eu 1673, vice-chancelier de l’université de cette ville. Promu évêque de Bristol en 1691, il refusa ce siège et mourut aveugle. On a de lui un ouvrage curieux sur les fonctions de la respiration, intitulé : Prcélectiones très de respirations (Oxford^ 1634) ; Nouvelles de l’autre monde, en anglais (Oxford, 1651), ouvrage dans lequel il raconte l’histoire de AnneGreen, pendue, en 1650, pour crime d’infanticide, et rappelée à la vie par ses soins ; des poésies insérées dans les Ânalecta Musarum, etc. Un choix de ses œuvres a été publié par Warton, sous le titre de Literary Remains (Restes littéraires), 1761 ; — Allen Bathurst, homme d’État, né à Westminster en 1684, mort en 1775, fut élu en 1705 au parlement par le bourg de Cirencester, et porté à la chambre haute par les torys en 1711. Il s’y signala comme un des adversaires les plus acharnés du ministère Walpole. Nommé membre du conseil privé par George II, il arriva au comble de la faveur sous George III, dont il avait été le trésorier pendant que celui-ci n’était que prince de Galles. Il en obtint une pension de 2,000 liv. sterl. (50,000 fr.) et le

| titre de comte en 1772. Bathurst fut en relation avec les hommes de lettres les plus éminents de l’époque, et Sterne prétend qu’à quatre-vingts ans il avait encore toute la vivacité d’esprit, la sensibilité et le charme d’un " homme de trente ans ; — Henri Bathurst, fils du précédent, né en 1714, mort en 1794, étudia la jurisprudence, et fut successivement nommé solicitor gênerai du prince de Galles en 1746, juge de la cour des plaids en 1754, lord et baron d’Aspley en 1771, enfin, appelé la même année au poste de grand chancelier d’Angleterre, qu’il conserva jusqu’en 1778. Il figura, en qualité de grand sénéchal, dans le procès de la duchesse de Kingston, en 1776,

’ et devint, en 1779, président du conseil privé.

, Il passe pour un des chanceliers les plus incapables et les plus dénués de caractère qui aient jamais rempli ces fonctions dans la Grande-Bretagne. On a de lui quelques écrits, notamment une Theory of évidence, dont le juge Buller parait s’être servi dans son introduction à la loi Nisi prius ; — Bathurst (Henri, comte de), homme d’État, fils du précédent, né en 1762, mort en 1834. Porté aux affaires, autant par la position de son père que par la faveur du prince héréditaire, depuis George IV, il devint membre de la commission pour l’Inde en 1793, et fut appelé, en 1809, à fairs partie du ministère Castelreagh, en qualité de secrétaire d’État des colonies. Il se signala, parmi les membres du parti tory, par sa constante opposition à toutes les mesures libérales demandées par les wighs, et plus encore par la haine qu’il ne cessa de manifester en toute occasion contre la France et contre Napoléon, ce qui lui valut une certaine popularité en Angleterre. Lorsque Napoléon, revenant de l’île d’Elbe, inaugura son second règne de cent jours, Bathurst déclara, dans le conseil des ministres, " que l’administration anglaise serait à jamais déshonorée si, après avoir présenté à l’Europe la chute de Bonaparte comme le résultat des vastes efforts de la nation britannique, cette administration pouvait consentir à le reconnaître pour souverain. ■ En conséquence, il demanda et obtint qu’une partie des fonds consolidés fût.consacrée à payer les intérêts de la dette contractée en Hollande par la Russie pour soutenir la guerre ; que des sommes considérables fussent appliquées à fortifier contre Napoléon les frontières de Belgique, et il se fit accorder un bill dans le but de pouvoir expulser tout Français de la Grande-Bretagne. Quand l’empire croula sur le champ de bataille de Waterloo, Bathurst fit voter des remerciements solennels à lord Wellington et à son armée, et lorsque, en 1816, lord Landsdowne demanda la réduction de l’effectif, il s’y opposa vivement, en prétendant qu’une nombreuse armée était désormais nécessaire à l’Angleterre. Comme ministre des colonies, Bathurst a à répondre devant l’histoire des mesures odieuses qui furent prises contre Napoléon vaincu, impuissant et désarrfié. Ce fut lui qui fit choix d’Hudson-Lowe pour être son implacable geôlier, et qui lui donna ses instructions. Appréciant un jour la conduite de lord Bathurst, l’empereur tombé le flétrît en ces termes : « Il ne m’est donné de pouvoir juger ici ce mauvais dogue, à la pâture duquel il semble qu’on nous ait livrés, que d’après ses actes envers moi. La brutalité de ses déterminations, la grossièreté de ses expressions, le choix infâme de son agent m’autorisent à le juger ainsi. » Il est facile de comprendre, après ces paroles, pourquoi Bathurst s’éleva avec tant de véhémence, en 1817, contre la proposition de lord Holland, qui demandait uné enquête sur la conduite tenue à l’égard de Napoléon. La réaction qui s’opéra dans l’esprit public, vers 1825, amena au pouvoir le ministère libéral de Canning, et força Bathurst à se retirer, avec Wellington et Peel. Le parti tory ayant repris le dessus en 1828, la présidence du conseil fut donnée à Bathurst ; mais la révolution qui éclata à Paris, en. juillet 1830, eut son contre-coup en Angleterre, et, en donnant une nouvelle force aux idées libérales dans ce pays, elle amena la retraite définitive de cet homme d’État.— Le frère du précédent, Benjamin Bathurst, né à Londres en 1784, embrassa la carrière diplomatique. Chargé, en 1809, d’une mission en Autriche, il quitta Vienne avec des dépêches diplomatiques, et disparut dans les environs d’Hambourg. Malgré toutes les recherches auxquelles on se livra, il fut impossible d’en retrouver d’autres traces que quelques lambeaux de vêtements ramassés au bord de l’Elbe.

BATHYAM ou BATTYANI, nom d’une ancienne et célèbre famille hongroise, qui fait remonter son origine à Coers, compagnon d’Arpad, lors de l’invasion de la Panr onie par les Magyars, en 884, et qui doit son nom à la terre de Battyani, donnée en 1389 à Grégoire de Cœrs, par le roi Sigismond, pour le récompenser d’éminents services. Il est sorti de cette maison un grand nombre d’hommes distingués, guerriers, hommes d’État et d’Église, dont nous allons mentionner les plus importants.

BATHYANI (Balthazar de), né en 1538, mort en 1590, s’acquit une grande réputation militaire dans les guerres contre la Turquie, et il eut sans cesse à ses frais un corps de douze cents fantassins et de cinq cents cavaliers. Il fut élevé, en 1585, à la dignité de baron de l’empire, et son fils Adam à celle de comte, en 1630.

BATHYANI (Charles-Joseph, prince de), né en 1697, mort en 1772, fut un des hommes de guerre les plus distingués de son temps. Dès 1716, il signala sa brillante valeur à la bataille de Peterwaradin, puis aux sièges de Temeswar et de Belgrade, et, après avoir fait partie de l’ambassade d’Autriche à Constantinople, en 1719, il servit, comme général, sous les ordres du prince Eugène, dans la campagne du Rhin, en 1734. Il se battit de nouveau contre les Turcs à Rudawatz (1737) et à Cornia (1738), fut appelé, en 1741, à commander la cavalerie dans la guerre contre la Prusse, au sujet de la succ«ssion de Bavière, et rendit, a la tète de ses Croates, d’éminents services. Frédéric de Prusse ayant envahi la Bohême en 1744, Bathyani réunit ses forces à celles du prince Charles, qui, à la tête d’une armée imposante, força Frédéric à une retraite précipitée. Bientôt après, Bathyani battait, à Pfaffendorf (1745), les Français et les Bavarois commandés par le comte de Ségur, et contribuait puissamment, par ce succès, h amener la paix de Fùssen. Nommé feld-maréchal par Marie-Thérèse, il. fit encore la ..guerre dans les Pays-Bas et sur les bords du Rhin ; puis il fut élevé, en 1764, .à la dignité de prince de l’empire, à celle de conseiller intime/et appelé a la grande maîtrise de la cour de l’archiduc, qui depuis fut l’empereur Joseph II.

BATHYAM (Ignace, comte de), né en 1741, mort en 1798, entra dans les ordres, fut appelé, en 1781, à occuper le siège épiscopal de Weissembourg, en Transylvanie, et devint un protecteur aussi éclairé que généreux des lettres et des sciences. Il fonda en 1798, à Carlsbourg, un observatoire, auquel il laissa en mourant une somme de 40,000 florins et la riche bibliothèque qu’il s’était faite. On lui doit plusieurs ouvrages écrits en latin, dont le plus important a pour titre : Leges ecclesiasticœ regni Hunguriœ et provinciarum collectée et illustrâtes (Weissembourg, 1785, in-fol.).

BATHYANI (Casimir, le comte), homme politique, né en 1807. Possesseur d’une immense fortune, il voyagea dans presque toute l’Europe après avoir achevé ses études, et séjourna longtemps en Angleterre, où le spectacle d’un peuple libre fit sur son esprit une vive impression. De retour dans sa patrie, il fut appelé, à partir de 1840, à siéger dans la diète. Il se signala par ses vues larges et libérales, se mêla activement à toutes les entreprises ayant un caractère national, et aida de sa fortune à la publication d’ouvrages hongrois, écrits en faveur de la liberté. Lorsque, en 1848, les Croates, sous l’instigation dé l’Autriche, entrèrent en lutte avec la Hongrie, M. Bathyani, qui venait d’être nommé grand bailli (obergespan) et commissaire du gouvernement dans le comté de Barany, se montra aussi habile administrateur qu’homme de guerre énergique. Il s’empara de la place forte d’Essek, assura la navigation du Danube et de la Drave, sortit vainqueur des combats de Szanvas et de Chezin, et se retira à Debreczin, lorsque Essek fut tombé au pouvoir des Autrichiens, au commencement de 1849. Il fut alors appelé au gouvernement civil et militaire de la petite Koumanie, de Szegedin, etc. ; puis il prit part à l’expédition que fit Perezel dans la Bacska et le Banat, et qui eut pour résultat la soumission de ces contrées. Lorsque la diète de Debreczin eut proclamé l’indépendance de la Hongrie, le 14 avril 1849, M. Bathyani fut chargé par son ami Kossuth, devenu président, de diriger le ministère des affaires étrangères. Forcé, au bout de trois mois, de se réfugier, avec ce dernier, à Szegedin ei à Arpad, il protesta contre la dictature de Georgey et se rendit, après la catastrophe de Vilagos, à Widdin, dans la Turquie. La Porte Ottomane l’interna à Sehumla, puis à Kutayeh ; mais il obtint, peu de temps après, l’autorisation de se rendre en France. M. Bathyani a publié plusieurs de ses Discours à la diète hongroise (Leipzig, 1847).

BATHYANI (Louis, comte), homme politique, né à Presbourg en 1809, mort en 1849, embrassa, ’ à seize ans, la carrière militaire, et fut envoyé en garnison à Venise, où, au contact de ses chefs-d’œuvre artistiques, son intelligence prit un goût décidé pour l’étude. Devenu maître, à sa majorité, d’une fortune princière, il quitta’l’armée pour s’adonner aux sciences et à la politique, visita, avec sa femme Antonie Zichy, la plus grande partie de l’Europe et de l’Orient, fit, h. son retour, grâce a 1 aide de Horvath, une étude approfondie de la langue et de l’histoire des Magyars, et lorsqu’il parut, en 1840, a, la chambre des magnats, celle-ci compta un orateur et un esprit libéral de plus. Le jeune comte, par la fermeté de son attitude, devint presque aussitôt un des membres les plus importants du parti national hongrois. À la diète de 1843 et 1844, il combattit le gouvernement autrichien, le parti conservateur, le chancelier Appony ainsi que l’institution des administrateurs, et, en même temps, se fit le défenseur de toutes les mesures propres à favoriser la liberté, le commerce et 1 industrie. Après avoir combattu Kossuth, il se lia avec lui d’une étroite intimité, et usa de toute son influence pour lui faire obtenir un siège de réprésentant à la diète de 1847. Bathyani vit s’augmenter encore son autorité morale lorsque son ami, l’archiduc Étienne, fut nommé palatin. Quelques mois après, en mars 1848, lô comte Louis fut placé a la tête du ministère institué pour diriger les affaires de la Hongrie. Partisan du maintien de l’union politique de la Hongrie et de l’Autriche, il sévit en présence d’embarras de tout genre amenés par la difficulté de la situation, et il donna sa démission au mois de septembre suivant, lorsque le bàn Jellachich envahit la Hongrie, à l’instigation de l’Autriche. Après avoir tenté de former un ministère modéré, qui n’eut pas la sanction royale, il partit pour Vienne à !a suite de la dissolution de la diète et de l’assassinat du comte Lambert, commissaire autrichien. Il

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