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an III, on lut une lettre de ce représentant, annonçant que deux cents soldats de la République avaient rais en fuite quinze cents chouans. Très-modéré, bien qu’ardent républicain, Baudran fut chargé d’instruire l’affaire de Carrier, et il s’éleva avec énergie contre les atrocités de ce scélérat. À l’expiration de son mandat, il retourna siéger au tribunal de Vienne ; mais, quelque temps après, il reprit sa profession d’avocat, qu’il exerça jusqu’à sa mort.

BAUDRAN (Auguste-Alexandre), graveur français contemporain, né à Paris. Il a exposé, en 1859, plusieurs planches d’animaux d’après Rosa Bonheur, MM. Mélin et Van. Marcke, pour l’Atlas de l’histoire des races bovines, publié par le ministère de l’agriculture ; en 1861, dix gravures d’après les peintures murales exécutées par M. Claudius Jacquand, dans la chapelle de la Vierge, à Saint-Philippe-du-Roule ; en 1863, Judas rendant le prix du sang et un Homme armé, fac-similé de dessins de Rembrandt ; en 1865, la Ronde, fac-similé de Campagnola, et trois fac-similé d’études d’H. Flandrin ; en 1866, le Christ expirant, d’après Michel-Ange.

BAUDRAND (Michel-Antoine), géographe français, né à Paris en 1633, mort en 17(70. Élève du collège de Clermont, où il suivit les leçons du père Briet, Baudrand devint secrétaire des cardinaux Antoine Barberin et Le Camus, ce qui lui permit d’assister aux conclaves de 1655, 1667 et 1691, où furent nommés les papes Alexandre VII, Clément IX et Innocent XII. Il voyagea beaucoup, et laissa plusieurs ouvrages de géographie, notamment : Dictionnaire géographique et historique (Paris, 1705, 2 vol.) ; une édition augmentée de moitié du Lexicon géographicum.ûe Ph. Ferrarius, (1670, in-fo) ; une édition du livre de Papiro Masson, Descriptio/luminumGalliœ (1688), etc.

BAUDRAND (Marie-Étienne-François-Henri, comte), général, né à Besançon en 1774, mort en 1848. Il fit avec distinction les guerres de la République et de l’Empire, fut directeur des fortifications de Corfou de 1808 à 1813, chef de l’état-major du génie de l’armée du nord, en 1815, avec le grade de colonel, et, après s’être battu à Mont-Saint-Jean, il suivit l’armée de la Loire. Nommé général de brigade en 1821, lieutenant général en 1830, il fut attaché à la personne au duc d’Orléans, prit part avec lui au siège d’Anvers en 1832, tut élevé à la pairie cette même année, et choisi, en 183S, pour être le gouverneur du comte de Paris.

Le portrait de ce général, peint par Ary Scheifer, a été offert au musée de Besancon par sa veuve, qui s’était remariée avec ^illustre artiste.

Le général est en uniforme, les bras croisés, tourné à droite et vu à mi-corps. Suivant M. Clément de Ris, ce portrait est bien le plus charmant et le meilleur qui soit jamais sorti de la brosse d’Ary Scheffer. La tète est un véritable chef-d’œuvre do vie, de solidité de ton, de fermeté de touche.

BAUDRICOURT (Robert de), bailli de Chaumont et capitaine de Vaucouleurs. Ce fut lui qui adressa Jeanne Darc à Charles VII.

BAUDRICOCRT (Jean de), maréchal de France, mort à Blois en 1499, était fils du précédent. Après la mort du roi Charles VII, il entra dans la ligue du Bien public, et prit parti pour Charles le Téméraire ; mais il revint par la suite au service de Louis XI, qui lui donna le cordon de Saint-Michel, et le chargea, en 1477, d’une mission diplomatique en Suisse, où il obtint du gouvernement des cantons une déclaration par laquelle défense expresse était faite aux citoyens, sous peine de mort, de porter les armes contre la France. Nommé, en 1481, gouverneur de Besançon et de la Bourgogne, fl se rangea, après la mort du roi, dans le parti de la régente, Anne de Beaujeu, reçut le bâton de maréchal en 1486, et contribua à la victoire de Saint-Aubin-du-Cormier. Le maréchal de Baudricourt suivit Charles VIII en Italie, en 1494, et mourut sans postérité.

BAUDRIER s. m. (bo-dri-é — du v, fr. baudre, morceau de cuir). Bande ordinairement do cuir, qui se porte en sautoir, et qui soutient un sabre ou une épée : N’avez-vous un si beau baudrier d’or que pour y suspendre une épée de paille ? (Alex. Dum.)

Un baudrier noué d’un crêpe tortillé.

Reonard.

— Asir. Baudrier d’Orion, Étoiles brillantes, au nombre de trois, disposées en ligne à peu près droite, dans la constellation d’Orion.

— Bot. Baudrier de Neptune, Nom vulgaire de la laminaire sucrée, ainsi appelée à cause de sa longueur et de sa forme aplatie.

— Encycl. L’usage àuiaudrier remonte à une haute antiquité. Virgile raconte qu’Euryale enleva h Rhamnès, pendant son sommeil, un baudrier orné de clous dorés, et qu’Enée reconnut sur l’épaule de Turnus le baudrier de Pallas, fils d’tvandre. On voit aussi des baudriers dans les bas-reliefs de la colonne Antonine et de la colonne Trajane. Au moyen âge, les chevaliers en avaient pour soutenir l’écu sur la cuisse gauche, et aussi quelquefois pour porter l’épée. L’habit que portaitTurenue, les jours de combat, était ceint d’une écharpe, et croisé d’un baudrier semblable a la bandoulière de nos suisses d’église. Une ordonnance de 1616 doiroa a chaque fantassin un baudrier ue cuir très-fort, et large de 0 m. 16 à 0 m. 18 ;

Louis XIV le supprima, mais une ordonnance de 1779 le fit revivre, eu réduisant sa largeur k 0 m. 05 ; il se composait de trois parties : la bande, le passant et les boucles. Nos officiers ont longtemps porté le baudrier par-dessus l’habit, et c’est pour le retenir sur l’épaule qu’on a créé l’épaulette et la contre-épaulette. Il en résultait que l’officier en marche pouvait rejeter l’épée en arrière, afin qu’elle ne gênâf, pas ses mouvements, et que, lorsqu’il était de garde, il pouvait se coucher sans quitter l’épée. Plus tard, nos officiers ne portèrent plus que des baudriers de dessous, qui ne présentent aucun de ces avantages.

BAUDR1LLART (Jacques-Joseph), agronome français, né à Givron en 1774, mort en 1832. Fils de simples cultivateurs, il lit partie, en 1792, du bataillon des Ardennes ? entra dans l’administration de l’armée, qu’il quitta en 1801, pour entrer l’année suivante dans l’administration forestière, où il obtint, en 1819, le grade de chef de division. On lui doit un grand nombre d’ouvrages très-estimés, sur la culture des arbres, les matières forestières, etc. Les principaux sont : Plantations des routes et avenues (1809) ; Mémoires sur la pesanteur spécifique des bois, etc. (1815) ; Dictionnaire de la culture des arbres (1821) ; Code forestier, avec un commentaire (1827) ; Code de la pèche fluviale, avec un commentaire (1829, 2 vol.) ; et surtout son Traité général des eaux et forêts, chasses et pèches (1821-1834,10 vol.in-4"), avec trois atlas, ouvrage qui fait encore aujourd’hui autorité. On lui doit, en outre, les traductions de l’allemand de l’Instruction sur la culture des bois par Hartig, du Manuel forestier par Burgsdorff, et la publication de deux recueils : le Mémorial forestier (1801 à 1807, 6 vol.) ; et le Mémorial forestier (1808-1816).

BAUDR1LLART (Henri-Joseph-Léon), économiste français, fils du précédent, né à Paris en 1821, fit d’excellentes études au collège Bourbon. Plusieurs fois lauréat du grand concours, il préparait son agrégation de philosophie, lorsque la révolution de Février éclata. Initié aux études ardues, il s’appliqua k la solution des questions sociales, dont 1848 venait de soulever le redoutable problème. Elles ne lui étaient d’ailleurs pas complètement étrangères, car il avait obtenu, en 1846, le prix d’éloquence à l’Académie française pour son Éloge de Turgot, ouvrage dans lequel la gravité du fond était habilement voilée sous l’élégance de la forme.’

Bien que doué d’un talent littéraire reconnu, il sembla se trouver dans son élément dès qu’il eut abordé les questions d’économie politique, et il se distingua dans cette branche de connaissances d’une manière si spéciale, qu’en 1850 M. Michel Chevalier le désigna comme le plus digne de le suppléer dans sa chaire au Collège de France. Malgré le peu d’ornements que comporte le développement de semblables matières, il sut rendre son enseignement attrayant, en le relevant par les grâces d’une diction claire et élégante. Lorsqu’en 1855, le départ de M. Joseph Garnier laissa vacante la place de rédacteur en chef du Journal des Economistes, elle lui fut offerte, et il s’y établit assez solidement, pour qu’on ne regrettât pas trop vivement son prédécesseur.

En 1856, M. Henri Baudrillart épousa la fille de M. Silvestre de Saoy, et son beau-père, heureux de pouvoir légitimer le népotisme par le talent de son gendre, le fit admettre au nombre des rédacteurs des Débats. Cette faveur était méritée, car, depuis longtemps, le nouveau venu avait fait ses preuves et terminé son noviciat ; il était passé maître.

Professeurau Collège de France, possesseur de deux organes de publicité fort accrédités à l’âge de trente-cinq ans, M. Baudrillart n’a cessé depuis ce jour- d’augmenter par de remarquables travaux sa réputation d’habile

économiste, marchant sur les traces de MM. Say et Édouard Laboulaye. Plusieurs fois, l’Académie a couronné ses œuvres. Son étude sur Jean Bodin et son temps (1853), tableau des théories politiques et des idées économiques du xvic siècle, qui se recommande Par la solidité de l’érudition et l’exactitude do analyse, lui valut le grand prix Montyon. La même distinction fut accordée plus tard à son Manuel d’économie politique (1857), ouvrage très-estimé. M. Baudrillart a vu couronner successivement, par l’Académie française et par

l’Académie des sciences morales et politiques, sç^s leçons du Collège de France, qu’il avait réunies- sous le titre de : Rapports de la morale et de l’économie politique (1860), deux sciences essentiellement et étroitement liées l’une à l’autre.

Chargé de traiter, dans le Journal des Débats, toutes les questions relatives à l’économie politique, il s acquitte de cette tâche en homme qui possède parfaitement son sujet. Nul écrivain n’a mieux apprécié la question du libre échange, qu’il a puissamment contribué à populariser.

M. Baudrillart se délasse de ses graves et sérieux travaux, par de fréquentes excursions dans le champ de la littérature. Sous le titre de Variétés, il a publié une série d’articles sur MM. Royer-Collard, Cousin, Maine de Biran, etc., études réunies en volume sous le titre de Publicistes modernes (1862). Il a donné à la Revue des Deux-Mondes- quelques comptes rendus bibliographiques.

Comme écrivain, M. Henri Baudrillart se distingue par la clarté qu’il a su répandre sur

les questions si obscures de l’économie politiques, par l’élégance et l’ampleur de son style. On pourrait désirer de trouver dans ses articles un peu plus d’abandon, une plus grande vivacité d’allure, surtout pour les sujets littéraires ; mais il est naturel qu’un esprit toujours préoccupé des problèmes les plus ardus ne puisse pas revêtir subitement une physionomie riante et badine. L’habitude de la réflexion communique une certaine lenteur au style ; aussi, M. Baudrillart sait mieux creuser un sillon’ qu’effleurer un sujet.

Depuis longtemps, dès la mort de M. de Tocqueville, l’Académie des sciences morales avait réclamé M. Baudrillart comme sien, se distinguant de l’Académie française en ce point, qu’en fait de titres, elle n’a d’égard qu’aux titres scientifiques. Il était juste qu’un écrivain accoutumé aux couronnes académiques fût appelé à les décerner à son tour.

BAODRIMONT (Alexandre-Édouard), chimiste, né à Compiègne en 1806. Il est aujourd’hui professeur de chimie à la faculté des sciences de Bordeaux. Ses principaux ouvrages sont : Introduction à l’étude de la chimie par la théorie atomique (1834) ; Du sucre et de sa fabrication (1841) ; Traité de chimie générale et expérimentale (1845) ; De l’existence descourants interstitiels dans le sol arable (1851) ; et une grande quantité d’articles dans les recueils scientifiques, etc.

BAUDROIE s. f. (bo-droî — du fr. baudrier). Ichthyol. Genre de poissons acanthoptérygiens ; à pectorales pédiculées, remarquable Sar la grosseur de leur têic et la grandeur e leur gueule.

— Encycl. La baudroie est un poisson de grande taille, il atteint jusqu’à 1 m. 70 de longueur ; il est remarquable aussi par sa conformation bizarre et par sa voracité. Il appartient à l’ordre des acanthoptérygiens, famille des pectorales pédiculées, et présente les caractères suivants : tête énorme, déprimée, épineuse ; gueule très-fendue, armée de dents sur les mâchoires, les palatins et le vomer ; absence de sous-orbitaire ; six rayons à la membrane branchiostége, recouvrant trois arceaux branchiaux ; deux dorsales. Les branchies n’ont que trois feuillets seulement de chaque côté, tandis que les autres acanthoptérygiens en ont quatre. La baudroie se tient ordinairement sur le sable, ou s’enfonce dans la vase, et elle fait flotter au-dessus les longs filets armés de pelotes charnues, qui garnissent sa tête ; ces pelotes servent d’appât pour attirer les petits poissons, qu’elle engloutit dans sa gueule. Elle est douée d’une grande force et peut vivre longtemps hors de l’eau. Rondelet affirme qu’une baudroie, abandonnée pendant deux jours dans les herbes du rivage, saisit la patte d’un jeune renard, qui ne put se dégager qu’avec beaucoup de peine. Parmi les espèces qui habitent nos mers, nous citerons la baudroie commune, appelée aussi raie pécheresse et diable de mer (lophius piscatorius de Linné), et la baudroie a petites nageoires (lophius paroipennis de Cuvier).

BAUDRON.(Antoine-Laurent), premier violon du Théâtre-Français, né à Amiens en 1743, mort en 1834. Élève de Gavinés pour le violon, il fut admis à l’orchestre du Théâtre-Français en 1763, et devint le chef de cet orchestre en 1766. C’est lui qui composa la nouvelle musique du Pygmalion de J.-J. Rousseau et les airs du Mariage de Figaro, à l’exception du vaudeville final, qui est-de Beaumarchais. Baudron écrivit, en outre, un grand nombre de morceaux, et la musique du troisième acte à’Athalie, remplacée tout récemment par la symphonie avec chœurs écrite par M. Jules Cohen, pour ajouter a la pompe de cette tragédie. Les ouvrages de Baudron n’ont pas été publiés.

baudroyer v. a. ou tr. (bô-droi-iô — du v. fr. baudre, morceau de cuir). Corroyer. Il V. mot.

baudroyeur s. m. (bô-droi-ieur — rad. baudroyer). Corroyeur. Il V. mot.

BAUDRUCHE s. f. (bô-dru-che — du v. fr. baudre, morceau de cuir). Pellicule mince et légère, qu’on fabrique avec le cœcum du bœuf et du mouton, et qui est spécialement employée par les batteurs d’or ■. Une feuille de baudruche. Un petit ballon en baudruche, il On l’appelle peau divine, lorsqu’on l’emploie pour la guérison des coupures.

— Encycl. V. Batteur d’or.

BAUDRUCHEUR s. m. (bô-dru-chourrad. baudruche). Techn, Ouvrier batteur d’or, oui emploie la baudruche : Les ouvriers se divisent en mouleurs, baudrucheurs et fondeurs. (Vinçard.)

BAUDRY. V. Baldéiîic.

BAUDRY (Paul-Jacques-Aimé), peintre français, né à Napoléon-Vendée en 1828, vint étudier à Paris aux frais de sa ville natale, entra dans l’atelier du classique Drolling, et remporta, en 1850, le premier grand prix de Rome : le sujet du concours était Zènobie retrouvée sur les bords de l’Araxe. Pendant son séjour à la villa Médicis, le jeune artiste se livra à l’étude approfondie des chefs-d’œuvre de l’art italien. Parmi les envois qu’il fit de Rome, on remarqua, en 1855, une excellente copie de la Jurisprudence de Raphaël, et une petite esquisse originale, pleine de promesses, représentant César mort au pied de la statue de Pompée. Mais ce fut par son envoi de dernière année (1857) que M. Baudry commença à attirer sérieusement l’attention du public ; cet envoi se composait de deux tableaux le Supplice d’une vestale et la Fortune et le jeune enfant, qui ont pris place l’un et l’autre au musée du Luxembourg, après avoir été exposés au Salon de 1857. Indépendamment de ces deux ouvrages, qui furent très-applaudis, mais où la critique signala néanmoins des imitations trop peu déguisées de certains maîtres italiens, M. Baudry exposa une Léda, inspiration gracieuse et originale, d’une couleur très-séduisante ; un Saint Jean-Baptiste enfant, et un très-beau portrait de M. Beulé. À propos de cette brillante exposition, qui valut a l’artiste une médaille de lr<s classe, M. Maxime du Camp écrivit les lignes suivantes dans la Revue de Paris : « M. Baudry a certaines vertus innées, qui font les bons peintres et leur permettent, par le travail et la réflexion, de devenir grands artistes. Mieux q ne personne, il possède la valeur des tons, 1 harmonie générale, le charme des colorations, et ce je ne sais quoi de doux et d’attrayant, qui est comme l’émanation spéciulo d’une âme s’interprétant elle-même. À côté de ces qualités, qui, seules, suffiraient à le placer hors du vulgaire, il a quelques défauts, que sa jeunesse explique amplement. Le jour où il se sera complètement assimilé les maîtres, le jour où l’étude sérieuse qu’il en a faite sera en lui à l’état d’expérience, et non plus de réminiscence, nous aurons un véritable artiste, propre aux grandes conceptions de l’esprit et aux exécutions savantes de la main. »

Au Salon de 1859, M. Baudry soutint faiblement sa réputation naissante : il exposa une Madeleine pénitente, figure mollement peinte, et d’un caractère plus mondain que religieux, et une Toilette de Vénus, composition d’un coloris agréable, mais d’une élégance mêlée d’afféterie ; il fit preuve d’un talent plus ferme, plus mâle dans ses portraits de M. le baron Jard-Panvillier, de M. de Vilgruy, de Mme de L.-B., et surtout dans une délicieuse tête d’enfant, Guillemette, esquisse puissante, rappelant, par le charme de la couleur et de l’expression, la célèbre infante de Velasquez. Pour répondre a ceux qui lui reprochaient de ne pas avoir encore produit d œuvres bien personnelles, M. Baudry peignit et exposa, en 1861, Charlotte Cordny venant de hier Marat, peinture fort discutée et très-diversement appréciée par les critiques parisiens, mais qui fut, sans contredit, le tableau le plus populaire du Salon. Il envoya, en outre, deux tableautins d’une grande finesse de coloris, Cybèle et Amphitrite, esquisses des décorations exécutées par lui dans le salon de M» la comtesse de Nadillac ; le portrait du Fils de madame la comtesse Swieytowska en petit saint Jean, toile des plus séduisantes ; un portrait magistral do M. Guizot, et trois autres portraits d’un mérite secondaire, ceux de M. le baron Charles Dupin, de M’e Madeleine Brohan et do M. le marquis B.-C. de la F. M, Baudry obtint un rappel de médaille de lr<= classe et fat décoré à la suite de cette exposition. Toutefois, loin de se faire illusion sur le succès de sa Charlotte Corday, il comprit qu’il ne possédait pas les qualités requises pour l’expression des hautes passions du draine, et il en revint aux sujets de la Fable, dans lesquels il lui était permis de déployer toutes les séductions de sa brillante manière. Son principal tableau du Salon de 1863, la Perle et la Vague, une femme nue couchée au bord de la mer, montra, suivant un critique, « jusqu’où l’on peut arriver lorsque, ne cherchant que la grâce, on ne sait pas la contenir dans les limites au delà desquelles elle change de nom. » Cette Océanide, aux yeux brillants et limpides, au torse voluptueusement arrondi, obtint un grand succès

près de certains amateurs ; mais des critiques sévères blâmèrent, dans cette figure, le défaut de style, la mollesse du modelé, la couleur

Elâtreuse des carnations. On reconnut du moins is qualités du coloriste, sa facilite étonnante, son habileté, son esprit dans le portrait do M. Giraud et dans celui de M»e E.

M. Baudry n’a pas exposé au Salon de 1864 ; il a envoyé a celui de 1885 une Diane chassant à coups de gaule un Amour, qui est venu essayer contre elle la vigueur de ses traits, composition d’une jolie couleur, mais d’une élégance un peu affectée, et un excellent petit portrait d’homme peint dans la manière d’I-lolbein. Ces deux ouvrages, malgré leur mérite, n’ont assurément rien ajouté à la réputation de |M. Baudry ; on attend encore que cet artiste, qui s’est placé, dès son début, parmi les, maîtres de notre école contemporaine, réalise les grandes espérances qu’avaient fait concevoir la Léda et la Fortune ; il ne suffit pas, en effet, qu’il se maintienne à la hauteur de ces premières œuvres, auxquelles on a donné d’autant plus d’éloges qu’on les savait être do la main d’un élève ; le public, qui lui a fait si bon accueil, et les nombreux admirateurs de son talent sont en droit de lui demander davantage ; il faut qu’il renonce aux puérilités de la peinture erotique, dans lesquelles son pinceau finirait par s’affadir et s’énerver, et qu’il s’efforce d atteindre aux grandes conceptions, au grand art : il est assez jeune encore, et il a assez de qualités pour y prétendre.

Au moment où nous écrivons ces lignes, lo Salon de 1866 est ouvert au public. C’est avec le plus grand regret que nous y constatons l’absence de M. Baudry. Les nombreux travaux décoratifs dont cet artiste a été chargé