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poëme religieux ; en second liea, que ce poGme n’est pas un ouvrage entrepris à dessein par un seul ou par plusieurs, mais un tissu de mythes populaires, produits spontanés des pensées, des sentiments, des préoccupations de la communauté chrétienne des premiers temps ; enfin, que la direction de ces pensées, de ces sentiments, de ces préoccupations a été déterminée surtout par l’idéal que, selon la croyance traditionnelle, on s’était faite du Messie. En un mot, selon Strauss, Jésus ayant inspiré pendant sa vie, et laissé après sa mort la croyance qu’il était le Messie, et le type du Messie existant déjà dans les livres sacrés, il en résulta l’histoire évangélique de Jésus telle que nous la possédons, histoire qui présente les particularités de la doctrine et de la destinée du Jésus réel combinées avec le type messianique, transfigurées par ce type. Presque toute cette histoire évangélique est sortie de ce syllogisme : Le Messie, d’après les croyances et les espérances juives, doit accomplir telle œuvre ; or, Jésus est le Messie ; donc, il a accompli telle œuore. Dans cette hypothèse d’une christologie juive, d’un type messianique préexistant chez les Juifs, de l’action lente et cachée d’une tradition non consciente d’elle-même, la révélation ne doit plus être considérée comme une inspiration du dehors, comme un acte isolé. Elle apparaît comme le produit de Yespril humain, comme l’ouvrage de la pensée universelle ; elle est une seule et même chose avec le développement historique. « L’apparition de Jésus-Christ, dit Strauss, n’est plus l’implantation d’un principe nouveau et divin ; c’est un rejeton sorti de la moelle la plus intime de l’humanité dotée divinement. » Tel est le point où Strauss avait amené la critique évangélique. Le caractère saillant de l’exégèse du célèbre auteur de la Vie de Jésus, c’est, comme on le voit, de sacrifier l’influence personnelle, l’action et l’invention particulières, réfléchies, à la mystérieuse et féconde spontanéité, au travail anonyme et collectif du sentiment et de l’imagination populaire, au développement inconscient de l’idée ; c’est de substituer à la révélation divine miraculeuse une sorte de révélation divine immanente. Ce système de panthéisme réaliste, appliqué à l’histoire des origines du christianisme, semble effacer complètement le rôle de Jésus, celui des apôtres, celui des auteurs des Évangiles ; les initiatives particulières disparaissent dans le mouvement général et spontané des masses ; les idées s’associent, se combinent, comme en vertu d’affinités naturelles ; elles se développent, tendent à se compléter et à prendre une forme définitive, par une sorte de travail organique. « Au fond, dit M. Renan, l’hypothèse de Strauss, qui se présentait d’abord comme attentatoire aux dogmes les plus sacrés, laissait une large part au mystère. L’école mythologique, tout en niant le miracle et l’ordre surnaturel, conservait une sorte de miracle

apparition. On savait que la nature seule avait agi sous ce voile, mais on n’avait rien vu de ses actes ; l’imagination était libre d’entourer de respect et d’admiration le berceau du Dieu naissant. Il y avait la encore quelque chose de divin, comme à l’origine de tous les grands poèmes dont la génération est inconnue, et qui, nés dans les profondeurs de l’humanité, se montrent tout formés au grand jour. »

Tout autre est la critique de M. Bruno Bauer. Ce miracle psychologique, ce berceau voilé, cette mystérieuse intervention de l’esprit humain, qui ressemble à l’inspiration du Saint-Esprit, cette obscurité divine de l’inconscience, qui laisse a l’adoration un refuge, cette région souterraine où plongent, fuyant la lumière, les racines de ta plante-religion : M. Bruno Bauer entend démolir tout cela. « L’hypothèse de Strauss, dit-il, est tautologique. Expliquer l’histoire évangélique par la tradition, c’est s’obliger à expliquer la tradition elle-même et à lui trouver une base antérieure. La méthode de Strauss est embarrassée, et cela devait être. La critique a, dans récrit de Strauss, livré son dernier combat à la théologie, tout en restant sur le terrain théologique. Toutes les fois que deux adversaires sont aux prises l’un avec l’autre, le vaincu fait toujours un peu fléchir le vainqueur. Lorsque nous demandons comment l’histoire évangélique s’est produite, il revient au même de répondre que les évangélistes l’ont écrite par inspiration du souffle de Dieu, ou de dire qu’elle s’est formée par voie de tradition. Ces deux réponses font également appel au mystère, au transcendant, au surnaturel. Comme Weisse l’a

montré, on est fondé à nier cette tradition, qui aurait porté dans ses flancs toute l’histoire évangélique, renftrmée dans un cadre déterminée II n’est pas vrai que le christianisme ait trouvé dans la théologie juive un type messianique sur lequel le caractère de Jésus aurait été calqué. L’idée du Messie ne date que de Jean-Baptiste, et elle n’a achevé de se préciser que vers le temps de la composition de nos Évangiles. Tous les actes par lesquels on nous montre Jésus accomplissant l’idéal messianique, et cet idéal lui-même, sont des inventions de la première communauté chrétienne. En un mot, l’idée du Messie n’est pas le noyau primitif autour duquel s’est faite la cri tallisatîon chrétienne ; née dans le milieu chrétien, cette idée a passé dans la théologie juive par suite du contact et du conflit entre l’EgUse et la Synagogue ; elle est <i<rve*iue le

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centre des espérances et des aspirations juives ; ce n’est pas la théologie juive, ce ne sont pas les espérances juives qui l’ont fournie au christianisme. Pas de christologie juive précédant la christologie évangélique et lui servant de modèle : voilà la proposition qui ; seule, est capable d’émanciper la critique biblique. Cette proposition coupe les ponts et brûle la flotte ; cette proposition détruit à jamais toute communication avec l’ancienne opinion orthodoxe. Les Évangiles ne sont pas l’œuvre impersonnelle et anonyme de la foule ; chacun d’eux a été composé par un seul homme, est une œuvre d’art, une composition littéraire. Parmi ces Évangiles, il y en a un qui a précédé les autres, qui a servi, pour ainsi dire, de matière première aux rédacteurs des autres. Weisse et Wilke ont prouvé que cet Évangile primitif était le deuxième, celui de Marc. C’est à cet Évangile de Marc que la critique doit donc désormais s’adresser. Quelle en est l’origine ? Suivant Weisse, l’évangéliste Marc a composé son écrit de ce qui lui fut raconté de temps à autre par l’apôtre Pierre, qu’il avait accompagné dans ses voyages. Voilà le rôle des personnes restitué ; nous sortons de l’anonyme, du spontané, de l’abstraction, du nuage mythique. Mais en nous faisant remonter de Marc à Pierre et de Pierre à Jésus, Weisse fait de Marc un historien, et, en faisant de Marc un historien, nous ramène à l’orthodoxie. La vérité est que Marc est un artiste, un romancier, et que son récit est, non-seulement pour la forme, mais encore pour le contenu, un produit purement littéraire. Avant l’Évangile écrit de Marc, il n’y a pas d’Évangile transmis oralement. Marc a trouvé quelques éléments vagues, épars, flottant dans l’atmosphère spirituelle de la jeune communauté chrétienne ; il s’est emparé de ces éléments, les a enrichis largement du travail de son imagination, et, les coordonnant, les combinant d’après ses vues propres et sa libre inspiration, en a fait l’œuvre qui s’appelle le deuxième Évangile. Il est impossible, d’ailleurs, de voir une histoire dans le récit de Marc, si l’on réfléchit à l’incompatibilité radicale qui existe entre l’esprit théologique et l’esprit historique. L’esprit théologique, égaré par la passion, marche à son but sans souci de la réalité historique, et tout moyen lui paraît bon pour atteindre ce but. Ainsi, au delà de ce fait, Marc composant avec réflexion, inventant en grande partie l’Evangile primitif, il ne faut plus chercher d’action personnelle sur laquelle l’histoire ait quelque prise. Il n’y a pas d’histoire possible de Jésus. Qui ne voit, en effet, que le Christ évangélique appartient complètement à l’idéal, et n’a rien à démêler avec le monde réel ? S’il y a eu un homme auquel on puisse attribuer la révolution extraordinaire qui a ébranlé le monde, il y a dix-huit siècles, on peut affirmer au moins qu’il n’a pas dû être enchaîné dans les formes étroites du Christ évangélique. Le Christ évangélique, considéré comme un phénomène Jiistorique, nous échappe. Il ne naît pas comme un homme, il ne vit pas comme un homme, il ne meurt pas comme un homme. »

Nous devons dire que les résultats auxquels M. Bruno Bauer est arrivé sont contestés par la plupart des critiques allemands et français. Ce prétendu progrès sur Strauss a paru d’assezmauvais aloi à bon nombre d’esprits. On a vu généralement un excessif amour du paradoxe dans cette négation de toute idée mes- i sianique antérieure a l’apparition du principe I chrétien, et dans cette large part faite à l’invention individuelle, à l’œuvre d’art, tranchons le mot, à l’imposture, pour expliquer les origines du christianisme. Quant à la forme, la critique évangélique de M. Bauer encourt le reproche de ne pas habiter la région calme et élevée de la science, et d’apparaître trop souvent comme une œuvre de polémique violente. « On chercherait vainement, dit M. Renan, dans l’ouvrage de M. Bauer (l’ouvrage dont M. Renan parle ici est la Critique de l’histoire évangélique des synoptiques), ce grand caractère d’élévation et de calme qui tait la beauté du livre de Strauss. Le blasphème se comprend et s’excuse presque aux époques où, la science n’étant pas libre, le penseur se venge des entraves qu’il subit par de secrètes colères. Mais nous ne croyons pas que M. Bauer ait eu à souffrir assez de persécutions pour avoir le droit d’être, dans la forme, aussi déclamatoire qu’il l’est parfois. » « M. Bruno Bauer, dit M. Saint-René Taillandier, retombe dans le voltairianisme le plus vulgaire, dans l’étroit point de vue aussi pardonnable, il y a cent ans, que ridicule aujourd’hui ; seulement, le théologien de Bonn n’oublie pas d’envelopper ses doctrines dans la phraséologiéhégélienne, ce qui donne toujours un air de profondeur, et suppose je ne sais quelle supériorité dont un écrivain français est incapable. Pour nous, que l’exégèse allemande regarde de si haut, pouvons-nous voir ici autre chose que Voltaire, moins son esprit agile et son âme ardente ; Voltaire, affublé d’une perruque et d’un gros bonnet ? »

BAUER (Edgar), publiciste allemand, né à Charlottenbourg en 1821. Versé dans la connaissance du droit et de la théologie, il défendit les écrits et les doctrines de son frère, et fut condamné à quatre ans de prison pour une brochure intitulée : la Querelle de ta critique avec l’Église et avec l’État (1843). On a encore de lui beaucoup d’écrits purement politiques dans le sens du nouveau libéralisme allemand, qu’il publia, soit pendant, soit depuis

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sa détention à Magdebourg. Les principaux sont : Histoire de Vaqitation constitutionnelle dans l’Allemagne du Sud de 1831 à 1834 (Charlottenbourg, 1845-1846) ; les Tendances libérales en Allemagne (Zurich, 1843) ; Histoire du luthéranisme (Leipzig, 1845-1847) ;• De l’art d’écrire l’histoire et de l’Histoire de la Révolution française par Dallmann (1846) ; Du mariage au point de vue du luthéranisme (Leipzig, 1849). Cette même année, M. Bauer fit paraître une revue politique, sous le titre de Les Partis. Tous ces ouvrages sont écrits en allemand.

BAUÉRACÉ, ÉE adj. (bo-é-ra-sô — rad. bauère). Bot. Semblable à la bauère.

— s. f. pi. Section de la famille des saxtfragées, d après les uns ; famille particulière, d’après les autres, ayant jpour type le genre bauère. il On dit aussi bauerées.

BAUÈRE s. f. (bo-è-re — de Bauer, botaniste allemand). Bot. Genre de plantes dicotylédones, type de la famille des bauéracées, ou bien rangée parmi les saxifragées et comprenant cinq espèces d’arbrisseaux, qui croissent en Australie.

BAUERLE (Adolphe), auteur dramatique et romancier allemand, né à Vienne en 1786. Il commença, dès sa première jeunesse, à produire sur la scène des comédies pleines d’animation et d’entrain, mais péchant assez souvent par le manque d’originalité, de bon goût, et offrant d’une façon trop exclusive la reproduction de types grotesques particuliers a la capitale de 1 Autriche. Quoi qu’il en soit, les nombreuses pièces de M. Bauerle obtinrent, pour la plupart, en Allemagne, une vogue soutenue, notamment celles qui ont pour titre : Y Hôtellerie moderne, Léopold, a. Fausse prima donna, VAmi dans l’embarras. En 1808, il fonda le Journal théâtral de Vienne, qui ne fut pas sans influence sur la littérature spéciale dont il était l’organe. Enfin, en 1852, après une longue éclipse, l’auteur comique reparut comme romancier dans l’arène littéraire, et, dans ce genre, il a fait également preuve de fécondité. Publiés sous le pseudonyme d’Otto Horn, ses deux premiers romans, Thérèse Kroncs (1854), et Ferdinand Raimund (1855), n’en réussirent pas moins ; ces œuvres présentent de l’intérêt et de l’originalité, aussi bien que les Notes secrètes d’un avocat viennois (1854) ; le Directeur Charles (1856) ; Zehlheim (1856), etc.

BAUERNFELD (Édouardde), poète comique allemand, né à Vienne en 1804. Il s’est créé un rang distingué dans la littérature dramatique et dans la société de la capitale autrichienne, par des comédies où l’on reconnaît des qualités toutes françaises, l’esprit et l’entrain, le dialogue facile et naturel, un heureux choix de mots, et un intérêt soutenu dans l’enchaînementdes scènes. Sa verve intarissable,

son aptitude à saisir les ridicules sans trop creuser les caractères, enfin, sa fécondité, en ont fait en quelque sorte le Scribe du théâtre viennois. Par une innovation heureuse, il a mis parfois, mais discrètement, la politique sur la scène. Il a publié, sous le titre de Lustspielen (Vienne, 1833), et AeTheater (Manheim, 1836-1837), un choix de comédies, parmi lesquelles nous citerons : les Confessions, Bourgeoisie et romantisme, Industrie et cœur, etc. Parmi ses drames, nous mentionnerons un Guerrier allemand, Franz de Sickingen, etc. Enfin, on doit à M. de Bauernfeld une traduction des Œuvres poétiques de Shakspeare (Vienne, 1827), en collaboration avec Schumacher, et des Pensées fugitives sur le théâtre allemand (Vienne, 1849).

BAUERW1TZ, ville de Prusse, province de Silésie, régence et à 25 kil. S. d’Oppelu, sur le chemin de fer de Ratibor à Leobschùtz ; 2,275 hab. Filatures de fin ; brasseries ; fabrication de chaussures.

BAUFPE s. m. (bô-fe). Pêch. Longue et grosso corde à laquelle on attache des hameçons, et qu’on enterre ensuite dans le sable, ou qu’on maintient entre deux eaux.

BAUFFREMONT, BEAUFFREMONT ou

BEAUFREMONT, nom d’une ancienne famille originaire de Lorraine, qui tire son nom du bourg de Beaufremont (Vosges). Cette maison acquit de grandes possessions en Bourgogne, hérita successivement de la principauté de Listenais, du duché de Pont-de-Vaux, du marquisat de Mornay-la-Ville, et jouit d’une grande considération, ainsi que le prouve cet adage populaire : li Bauffremont li bons barons. Bien qu’elle n’ait produit ni grands politiques ni grands capitaines, cette famille joua ’ néanmoins un assez grand rôle, soit par son crédit, soit par ses alliances. Au milieu du xve siècle, elle était représentée par Pierre de Bauffremont, qui épousa, en 1448, une fille naturelle légitimée du duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Guillaume db Bauffremont, frère puîné du précédent, fut la souche des différentes branches de cette maison qui se sont illustrées pendant les quatre derniers siècles. Il eut pour fils Pierre de Bauffremont, baron de Senecey, de Soey, etc., père de Nicolas de Bauffremont, bailli de Chalon et gouverneur d’Auxonne, mort en 1582. Il laissa deux fils : l’aîné, Claude, baron de Senecey, a continué la filiation directe de sa branche, éteinte au milieu du xviie siècle, laissant pour héritière Marie-Claire de Bauffremont, marquise de Senecey, première dame d’honneur de la reine Anne d Autriche, mariée

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en 1637 k Jean-Baptiste Gaston de Poix. Le fils puîné, Georges, est l’auteur de la branche collatérale des marquis de Scey, à laquelle appartenait Claude de Bauffremont, gouverneur de la Franche-Comté, marié à Antoinette devienne, dame de Listenais, dont il eut, entre autres enfants, Charles-Louis, qui a continué ta ligne, et Claude, évêque de Troyes. Charles-Louis de Bauffremont, marquis de Messimieux, grand d’Espagne, eut pour fils et successeur Pierre de Bauffremont^ enfant d’honneur du roi d’Espagne, colonel de dragons au service de France, qui recueillit le titre de marquis de Listenais, a la mort de son cousin, fils du frère aîné de son père. Le fils aîné de Pierre, grand bailli d’Aval, colonel de dragons, puis maréchal de camp, fut tué au siège d’Aire en 1710, et ne laissa qu’une fille. Le fils cadet, Louis-Bénigne, marquis de Bauffremont, puis marquis de Listenais, après la mort de son aîné, se distingua à la bataille de Malplaquet (1709). Il eut pour successeur, Louis, marquis de Listenais, à qui l’empereur d’Allemagne François Ier conféra, en 1757, le titre de prince du Saint-Empire. Le petit-fils du dernier, Alexandre-Emmanuel-Louis, prince de Bauffremont, fut fait pair de France, à la Restauration. Le fils de celui-ci, Alphonse, a servi avec distinction dans l’armée française, pendant les guerres de l’Empire.

Nous allons compléter la notice qui précède, par la biographie des principaux membres de cette famille, en faisant de chacun l’objet d’un article spécial.

BAUFFREMONT (Nicolas de, baron de Senecev), né en 1520, mort en 1582, fut nommé par Charles IX grand prévôt de France. Il se conduisit vaillamment à la bataille de Jarnac (1569), où il fut laissé pour mort, et à celle de Moncontour, où il portait le guidon du duc de Guise ; mais pendant la Saint-Barthélémy, il flétrit son nom en se conduisant en bourreau plutôt qu’en soldat. C’est ainsi qu’à la tête d’une bande de fanatiques, il alla s’emparer de l’intègre La Place, premier président de la cour des aides, et que, sous prétexte de le conduire au Louvre, il le remit entre les mains des assassins. Député aux états généraux de Blois (157G), Nicolas de Bauffremont harangua le roi, en qualité d’orateur de la noblesse, et, par une singulière contradiction avec sa conduite, se montra favorable à l’esprit de tolérance. Sa mémoire est plus recommandable comme savant que comme homme politique ; il a laissé •- une traduction du traité De Ouoernatione Dei, de Salvien (Lyon, 1573, in-go) ; Harangue pour la noblesse (i56i) ; Proposition pour toute la noblesse de France, faite en 1577 aux états de Blois (Paris, 1577, in-S°).

BAUFFREMONNT (Claude de), fils du précédent, né en 1542, mort en 1596, fut, comme son père, baron de Senecey, gouverneur d’Auxonne et ardent catholique. Il prononça, aux états de Blois, en 1588, une harangue qu’on trouve dans le tome III des Mémoires de la Ligue. On lui attribue les Miracles de la Ligue, et le Recueil de ce qui s’est négocié en la compagnie du tiers état aux états de Blois, de 1576 a. 1577.

BAUFFREMONT (Henri de), fils du précédent, mort en 1622, fut gouverneur d’Auxonne, lieutenant du roi dans Te Maçonnais, et président de la chambre de la noblessa aux états généraux de Paris (1614). En cette qualité, il demanda l’abolition de la paulette (vénalité des charges), et s’opposa à la publication du concile de Trente, soutenu du reste en cela par le tiers état, désireux de s’opposer, autant qu’il était en lui, aux prétentions de la cour de Rome. On sait que ces. états, assemblés pour le bien du royaume, se terminèrent sans amener aucune réforme. Les harangues prononcées par Henri de Bauffremont sont insérées dans le Recueil général des états tenus en France (Paris, 1651, in-4<>).

BAUFFREMONT (Claude - Charles - Roger de), frère du précédent, mort en 1593, entra dans les ordres, et fut nommé, en 15C2, évêque de Troyes, en remplacement d’Antoine Carac. cioli, qui abandonna son siège pour embrasser le protestantisme. Toutefois, Claude de Bauffremont s’engagea à payer à ce dernier, sur les revenus de son éveché, une pension de 4,500 livres.

BAUFFREMONT (Alexandre - Emmanuel-Louis, prince de), duc et pair de France, na à Paris en 1773, mort en 1833, était fils du prince de Listenais. Gendre du duc de La Van guyon, ambassadeur en Espagne, il émign. pendant la Révolution, prit part avec les princes à l’invasion de la Champagne, se battit en 1793 et 1794 contre la France, et n’en fut pas moins rayé de la liste des émigrés en 1795. Fait comte par Napoléon, et appelé par lui à présider le collège électoral de la Haute-Saône, il lui adressa une harangue (1812), dans laquelle il proclamait les sentiments d’amour, d’admiration et de respect, dont il était animé pour sa personne, ainsi que tous les habitants de son département. L’ordonnance de 1814, qui rétablissait l’ancienne noblesse, lui permit de reprendre son titre de duc, et, après les Cent-Jours, il fut appelé à la Chambre des pairs (1815).

BAUFFREMONT (Alphonse-Charles-Jean, duc de), fils aîné du précédent, né en 1795. mort en 18G0, fut. aide de camp de Munit pendant la campagne de Russie. Il accompagna, en 1814, le comte d’Artois, comme coin-