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au talent et au mérite incontestables de M. Thaïes Bernard.

BERNARD (Jean-François-Armand-Félix), peintre français contemporain, né à Cormatin (Saône-et-Loire), élève de M. Paul Flandrin, a remporté, en 1854, le premier grand prix de paysage historique au concours pour l’école de Rome. Il envoya de cette ville, en 1858, une Fuite de Néron, peinte avec une certaine vigueur de style, et qui figura au Salon de 1859. Il a pris part à toutes les expositions qui ont eu lieu depuis ; mais ses ouvrages, traités suivant les traditions de l’école, n’ont pas eu le privilège de captiver la foule.

BERNARD (GENTIL-), poëte français. V. Gentil-Bernard.

BERNARD DE LA BARTHE, archevêque d’Auoh et troubadour, mort vers l’année 1220. Ce prélat poète appartient à l’histoire, plus encore par son esprit courageux et tolérant que par ses vers, dont il ne reste qu’un très-petit nombre. Sincèrement attaché à Raymond VI, comte de Toulouse, il lui resta fidèle, avec les évêques de Rodez et de Carcassonne, et manifesta ouvertement son improbation contre l’avilissante cérémonie qui eut lieu, dans la principale église de Saint-Gilles, le 18 juin 1209. La paix, qui devait être le prix de cette honteuse condescendance, .ne fut pas respectée. Malgré les promesses du pape et du légat, Raymond vit ses États envahis, ses sujets exterminés et la couronne arrachée de sa tète. C’est dans cette circonstance que Bernard de la Barthe écrivit un sirvente, où l’on trouve le passage suivant : " Dans l’église doit se trouver bonté et indulgence, et franc pardon des humaines faiblesses, ainsi que le dit la sainte Écriture. » Il y avait du courage à fairé entendre ces paroles modérées au moment où l’armée de Dieu, comme l’appelle le moine de Vaux-Cerhay, s’abandonnait à tous les genres d’excès et de cruautés. Cette protestation courageuse ne devait pas lui être pardonnée : le légat du pape lui demanda sa démission de l’archevêché d’Auch, et, sur son refus, il le déposa en 12H. En même temps, au mépris de toute justice, on faisait don.à Simon de Montfort du comté de Toulouse, pour récompenser son zèle sanguinaire.

BERNARD DEL CARPIO, héros espagnol du IXe siècle. Il naquit d’un mariage secret entre don Sanche, seigneur de Saldagna, et la sœur d’Alphonse le Chaste. Ce prince, irrité de la mésalliance de sa sœur, fit crever les yeux à don Sanche et le fît enfermer. Bernard, devenu grand, s’illustra par de glorieux exploits contre les Maures, espérant toujours qu’il obtiendrait la liberté de son père ; mais le successeur d’Alphonse le Chaste eut la cruauté de faire périr don Sanche. Alors Bernard quitta l’Espagne et vint en France, où il mena la vie aventureuse d’un chevalier errant. Tel est du moins le récit que nous ont laissé sur Bernard del Carpio les romanciers espagnols.

BERNARD DE CHARTRES, philosophe scolastique du xiie siècle. Il dirigeait l’école de Chartres au moment où Guillaume de Champeaux dirigeait celle de Saint-Victor. M. Cousin a découvert, à là Bibliothèque impériale, le manuscrit où Bernard de Chartres développe son système, qui consiste à soutenir qu’en dehors des idées il n’y a ni espèces ni genres, et que les idées, éternels exemplaires des choses de la nature, constituent vraiment et proprement les universaux,

BERNARD-LÉON, acteur français, ancien directeur des théâtres du Vaudeville et de la Gaîté, né en 1784, .mort à Paris en 1856. Cet artiste était attaché au théâtre de Versailles, lorsque le Gymnase l’appela à lui. Il débuta le 23 décembre 1820, jour de l’ouverture, dans le Boulevard Bonne-Nouvelle, prologue, et partagea pendant quelque temps la popularité de Perlet. Le Comédien d’Étampés, le Coiffeur et le Perruquier, ainsi que la plupart des pièces produites à cette époque, doivent en grande partie leur succès à son talent plein de flexibilité et d’enjouement. Ses premiers appointements furent modestes, car il ne gagnait que 1,800 fr. par an. Il y avait peu de temps qu’il avait débuté, et son engagement était de trois ans, lorsqu’un jour il fut prévenu brusquement, dit M. Théodore Anne, que son directeur l’attendait dans son cabinet. Il se rend à cette injonction, assez inquiet, interrogeant sa conscience et ne comprenant pas quelle mercuriale il a méritée. — Vous avez encore deux ans et demi d’engagement, lui dit Delestre-Poirson, avec cette physionomie qui ne se déridait jamais. — Oui, monsieur, répondit en tremblant l’acteur, qui croyait qu on allait lui proposer une résiliation, oui, j’ai encore deux ans et demi à faire, mais j’espérais avoir prouvé que j’essayais d’être utile. — Qui vous dit le contraire ? reprit le directeur. Je trouve que ce laps de temps n’est pas assez long, et je vous propose de le porter à six ans, en améliorant votre position : 6,000 fr. par an et 5 fr. de feux, voilà mes offres... tes acceptez-vous ? — De grand cœur, s’écria Bernard-Léon, qui pensait, à part lui, qu’au bout de trois ans sa position serait améliorée. — Alors, lui dit M. Poirson, en lui tendant une plume et en lui montrant un engagement libellé, signez.-Bernard-Léon, enchanté, signa Sans lire.-C’est bien, ajouta le directeur, vos nouveaux appointements commencent à courir d’aujourd’hui.

— Plaît-il ? fit l’acteur tout étonne ; et

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l’ancien contrat ? — Si vous aviez lu le nouveau, .vous auriez vu que le premier était annulé. Vous êtes exact, consciencieux, vous m’avez bien servi, il est juste que je vous récompense. « On comprend la joie de l’artiste. C’était une fortune qui lui venait du ciel. Le directeur faisait une bonne action, mais il était tombé sur une bonne nature. » En 1824, Guilbert de Pixérécourt, directeur de l’Opéra-Comique, usant d’un privilège qui a soulevé bien des réclamations, envoya un ordre de début à Bernard-Léon, qui parut sur la scène de l’Opéra-Comique le 23 mars 1825, dans les rôles de Roch de Y Avis au public, opéra de Piccini, et de Dugravier des Rendez-vous bourgeois, de Nieolo. On ne s’improvise pas chanteur à volonté, et Bernard-Léon, si remarquable au Gymnase, se montra tout au plus convenable sur une scène lyrique. Il recouvra bientôt sa liberté et revint à la bonbonnière du boulevard Bonne-Nouvelle, u À la mort de Désaugiers, en 1827, ajoute M. Théodore Anne, le marquis de Guerchy, qui avait troqué contre la profession d’architecte l’épééde ses ancêtres, prit la direction du Vaudeville, et Bernard-Léon, entra pour moitié dans la combinaison. Ce fut une idée malheureuse... Il se démit de ses fonctions administratives en 1829, pour ne pas monter Marie Mignot, qui devait être un des grands succès de ce théâtre. » En 1835, il acheta pour 50,000 fr. la direction de la Gaîté. Il était à peine installé dans sa nouvelle position lorsque le théâtre fut entièrement détruit par le feu. Forcé d’abandonner son privilège, il s’attacha successivement au Palais-Royal, au Gymnase et au Vaudeville. Bernard-Léon avait conservé jusque dans un âge avancé la physionomie de ses plus beaux jours, le même roulement d’yeux comique, le même rire sincère, en —un mot, l’allure dégagée et joviale de ses débuts.

BERNARD DE PAVIE, surnommé Circn, canoniste italien, né à Pavie, mort en 1213. Il enseigna le droit canonique à Rome et à Bologne, où il s’acquit une grande réputation ; fut nommé évêque de Faenza en 1191, appelé "au même siège dans sa ville natale en 1198, et chargé, en 1203, par la cour de Rome, de rattacher les villes de la Lombardie au parti de l’empereur Othon IV. Le plus important de ses ouvrages est une collection de Décrétales, publiée à Lérida en 1567, et où il a-classé les matières sous divers titres, afin d’en rendre l’étude plus facile.

BERNARD PTOLOMEI (saint), né à Sienne en 1272, -mort en 1348. Il était professeur de droit dans sa ville natale, où il jouissait d’une haute considération, lorsque, ayant été atteint d’un violent mal dyeux, il fit le vœu d’abandonner le monde s’il parvenait à guérir. Saint Bernard conserva la vue, vendit ses biens, dont il distribua le prix aux pauvres, et pratiqua la vie cénobitique dans une solitude près de Sienne. Il fonda, en 1319, l’ordre des olivétains, ainsi nommé du mont Olivet, lieu de sa retraite. Ces religieux adoptèrent la règle de Saint-Benoît et l’habit blanc.

BERNARD SA1NT-AFFRIQUE (Louis), conventionnel, né àValleraugue (Gard), en 1745, mort vers 1824. Il était ministre protestant à SaintrAffrique (Aveyron). Dans le procès du roi, il vota pour le bannissement, remplit une mission à l’armée du Nord, siégea ensuite aux Anciens et participa activement aux travaux d’un grand nombre de commissions dans les deux assemblées. — Son frère, Louis Bernard Saint-AffriQue, qu’on a souvent confondu à tort avec lui, et né àValleraugue en 1771, remplit diverses fonctions dans l’administration militaire, suivit à Naples le roi Jo • seph, qui le créa baron, et fut nommé, par Louis XVIII, inspecteur aux revues, chevalier de Saint-Louis, etc.

BERNARD DE SAINTES (Adrien-Antoine), membre de l’Assemblée législative et de la Convention, né à Saintes en 1750, mort en Amérique en 1819. Il siégea à la Montagne, vota la mort du roi, fit partie du comité de sûreté générale, montra beaucoup d’énergie dans ses missions, combattit la réaction après le 9 thermidor, et fut emprisonné à la suite du 1er peinai an III. Sous l’Empire, il remplit les fonctions déjuge, et fut exilé en 1816 comme régicide.

BERNARD DE THURINGE, ermite et visionnaire du xo siècle. En lisant dans l’Apocalypse que l’ancien serpent serait délié, il s’imagina que la fin du monde devait arriver 1 année même où l’Annonciation de la Vierge tomberait le vendredi saint, c’est-à-dire en 960. Ses prédications fanatiques produisirent un effroi immense, et une foule d’autres prédicateurs, convaincus que la prédiction de Bernard devait s’accomplir, vinrent augmenter la terreur générale des peuples chrétiens, qui ne furent pleinement rassurés que lorsqu’ils virent commencer le siècle suivant sans que rien fût changé dans le cours de la nature.

BERNARD le Trésorier. Nom donné au continuateur inconnu de la Chronique de Guillaume de Tyr, et dont le travail, qui s’arrête à 1275, a été inséré dans la collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, de M. Guizot.

BERNARD le Trévisau, alchimiste italien, né à Padoue en 1406, mort en 1490, devait son surnom à ce qu’il se disait comte de la Mar BÈRN

che trévisane. Il consacra sa vie et une fortune immense à la recherche de la pierre philosophale. Après avoir passé dé longues années à faire, sans aucun résultat, des essais de tous genres, il se mit à voyager. Cherchant partout le secret du grand œuvre, toujours déçu dans son attente, mais jamais découragé, interrogeant successivement la nature et les ouvrages des anciens, Bernard finit, dit-on, par trou%rer dans cet ancien adage : Nature s’esjhuit de sa nature et nature contient nature, le véritable secret de la pierre philosophale, qui peut se résumer en ces mots : Pour faire de l or, il faut de l’or. Bernard s’en ^aperçut trop tard. Bien que sa découverte réduisit à néant la principale prétention de la science hermétique, Bernard n’en eut pas moins une grande célébrité, et pendant longtemps les alchimistes recherchèrent ses ouvrages. Les principaux sont : De Philosophia hermetica (Strasbourg, 1567) ; Opus historico-dogmaticum (1598, in-8o) ; Tractatus de secrelissimo pkilosophorum opère chemico (Bâle, 1600), le plus important et le plus curieux de ses écrits. C’est dans ce livre qu’il raconte toutes les tribulations de sa vie d’alchimiste, et qu’il donne sur le très-grand secret des philosophes des indications bizarres et difficiles à comprendre. Citons encore : ses Opuscula chemica de lapide philosophorum, publiés en français (1587), et Bernardus rediuivus, vel opus de chymia (1625), etc.

BERNARD DE VARENNES (Dom), historien français, mort en 1630. Il entra dans l’ordre des théatins, dont il devint supérieur, et composa plusieurs ouvrages, dont te plus estimé a pour titre : Histoire de Constantin le Grand, premier empereur chrétien (1728).

BERNARD DE VENTADOUR, troubadour du xiio siècle, fils d’un domestique du château de Ventadour, fut chassé de ce domaine par le seigneur, avec la femme duquel il avait entretenu un commerce de galanterie, et se réfugia à la cour d’Éléonore de Guyenne. Après le départ de cette princesse pour l’Angleterre, il se retira auprès de Raymond V, comte de Toulouse, protecteur des troubadours. On a de lui quelques tensons ou jeux partis, et environ cinquante canzones, dont seize ont leurs mélodies notées. Pétrarque le cite avec éloge.

BERNARD D’ADBIAC, troubadour qui vivait au xjne siècle. V. Auriac (Bernard d').

BERNARD DE MARIGNY. V. MariGjny.

BERNARD PAL1SSY, célèbre potier. V. Palissy.

BERNARD DE SIENNE, peintre italien. V. Berna.

BERNARD ou DIVIZIO, littérateur italien. V. Bibbibna (Bernard).

BERNARDES (Diego), poëte portugais, né à Ponte de Barca, vers 1540, mort en 159G. Il visita Madrid, où il se rendit avec le secrétaire d’État Pedro de Carneiro, puis il accompagna dom Sébastien en Afrique, fut fait prisonnier à la bataille d’Aleaçar Quivir et revint à Lisbonne, après être parvenu à recouvrer sa liberté. On a de lui divers recueils de vers : O Lyma (1596, in-4o) ; Rimas varias flores da Lyma (1597), etc. Ces poésies, .i^logues et épitres, sont remarquables par l’harmonie et l’élégante pureté du style.'Il a été surnommé le prince de la poésie pastorale, et ses œuvres figurent parmi celles des classiques de la littérature portugaise.

BERNARDET s. m. (ber-nar-dè). Ichthyol. Nom vulgaire du squale.

BERNARDI (Étienne), compositeur et musicien allemand du xvir.c siècle. Il habita Vérone, où il devint maître de chapelle de la cathédrale et maître de la musique de l’académie philharmonique. Outre des madrigaux, des motets, des messes, etc., on a de lui un traité de composition plein de clarté et de concision, intitulé : Porta musicale, etc. (Vérone, 1615, in-4o).

BERNARD1 (Joseph-Elzéar-Dominique), légiste français, né à Monieux (Provence), en 1751, mort en 1824. Avant la Révolution, il était lieutenant général au siège de Sault. Arrêté en 1793, pour ses opinions monarchiques, il recouvra sa liberté lors de l’insurrection fédéraliste, se hâta d’émigrer et ne rentra en France qu’après le 9 thermidor. Envoyé aux Cinq-Cents par le département de Vaucluse, il y prit la défense de ceux qui avaient livré Toulon aux Anglais, et devint, sous l’Empire, chef de division au ministère de la justice. Élu membre de l’Institut en Î812, il fut nommé, sous la Restauration, censeur des journaux. On a de lui quelques ouvrages estimables, dont les principaux sont : Essai sur les révolutions du droit français (Paris, 1793) ; Institution au droit français civil et criminel, etc. (18OO) ; De l’origine et des progrès de la législation française (1817). Il a également publié une excellente traduction de la République, de Cicéron (1798).

BEUNARDI ou BERNARDY (Philippe), littérateur français, né à Monieux en 1759. Membre de la congrégation des.oratoriens, il se livra à l’enseignement, se maria en 1794, et fut nommé, après la création de l’Université, professeur de rhétorique au lycée de Poitiers,

Ïmis professeur de littérature à la faculté do a même ville. Parmi ses ouvrages nous citerons : Observations critiques sur le plan d’éducation nationale de Mirabeau (Tours, 1791) ;

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Vues sur l’enseignement des séminaires (1791) ; Observations sur Fénelon considéré comme moraliste et littérateur (Poitiers, 1810), etc.

BERNARDI (Amédée - Elzéar - Félicien), homme politique français, fils du jurisconsulte Joseph-Elzéar Bernardi, né à Monieux en 1778. Il entra dans" l’armée en qualité de souslieutenant en 1806, fit les campagnes de Prusse, d’Espagne, de Saxe, et se distingua par sa belle conduite à la bataille de Dresde. Entré dans les gardes du corps en 1814, il était chef de bataillon en 1S29, lorsqu’il abandonna la carrière militaire. Il fut nommé, à deux ruprises, député de Carpentras sous le règne de Louis-Philippe, et envoyé à l’Assemblée législative par le département de Vaucluse, en 1849. Il y appuya toutes les mesures proposées par les chefs de la réaction. Il a disparu complètement de la scène politique depuis le coup d’État du 2 décembre. M. Bernardi a publié : Observations sur l’emploi des troupes aux travaux d’utilité publique (1840).

BERNARDI (Charles-Chrétien-Sigismond)-, savant allemand, né à Ostrau en 1799. Nommé recteur de la bibliothèque du muséum à Cassel, après la mort de J. Grimm, Bernardi fonda, en 1831, un journal politique : l’Ami dn la constitution ; devint, en 1848, membre de l’assemblée nationale de Francfort, et se rangea dans le parti qui reconnaissait pour chef M. de Gagern, c’est-à-dire qui se prononçait pour un libéralisme modéré et pour la constitution de l’unité allemande. Les principaux travaux de ce savant sont : De excidio regni judaici (Louvain, 1824), et Carte des langues de l’Allemagne (Cassel, 1824).

BERNARDIE s. T. (bèr-nar-dî). Bot. Genre de plantes lycopodiacées. Syn. d’adélie.

BernardiÈre s. f. (bôr-nar-di-è-re). Hortic. Variété de poire.

BERNARDIN (saint), né à Sienne en 1 :180, mort en 1444, fit éclater son courage et sa charité pendant la peste qui ravagea la ville de Sienne en 1400, prit ensuite l’habit de Saint-François, fut envoyé en Terre sainte par ses supérieurs, et, à son retour, se livra pendant quatorze ans à la prédication. Il refusa plusieurs évêchés, réforma son ordre sous le nom A’étroite observance, et fonda plus de 300 monastères. Son éloquence et ses vertus contribuèrent souvent à calmer la fureur des factions guelfe et gibeline. Il a laissé des sermons et des traités ascétiques. Fête le 20 mai.

L’iconographie s’est emparée de cette belle figure. Saint Bernardin de Sienne est ordinairement représenté tenant dans sa main le nom de Jésus entouré des rayons du soleil. On a donné diverses explications de ce symbole. Saint Bernardin avait une dévotion toute particulière au nom de Jésus, et il s’efforça de la communiquer à ses auditeurs, comme l’attestent plusieurs des sermons qui nous sont restés de lui. Un jour, dit-on, il prêcha sur ce sujet avec tant d’élévation, que quelques personnes, n’ayant pu le comprendre, trouvèrent tout simple de l’accuser d’hérésie ; mais le lendemain, au moment où il prêchait de nouveau, le nom du Sauveur apparut aux yeux émerveillés de la foule, environné d’une auréole de feu. Le saint ne pouvait espérer une plus éclatante justification. D’après quelques auteurs, l’origine du symbole dont il s’agit n’aurait rien à démêler avec le surnaturel. Saint Bernardin se montra un jour si éloquent, si entraînant, dans un sermon contre le jeu, que ses auditeurs convaincus brisèrent à l’envi tables de jeu et jetons. Tout bon catholique qu’il pouvait être, l’artisan qui fabriquait ces tables et ces jetons se désola d’être réduit à la misère par un aussi beau zèle ; il s’en plaignit au prédicateur, " qui l’engagea alors à faire des images représentant le nom de Jésus au milieu d’un soleil. L’artisan suivit ce conseil et s’enrichit. Tous les dévots voulurent avoir l’image inveDtée par saint Bernardin.

Molanus (De Imag., p. 107 et 126) nous apprend que saint Bernardin tenait dans sa main, lorsqu’il prêchait, un objet de ce genre, qu’il montrait à ses auditeurs quand il voulait surexciter leur enthousiasme. Il paraît que le pape Martin, craignant que cette nouveauté ne dégénérât en superstition, la proscrivit sévèrement ; mais le saint vint se jeter à ses pieds et obtint que l’interdiction fût levée. Il n’est pas douteux pour nous que l’image dont il s’agit devint par la suite l’ostensoir employé

f>ar le clergé catholique pour donner aux fidèles a bénédiction du Saint-Sacrement : on voit que cet ornement religieux consiste en un soleil de métal, monté sur un pied et au centre duquel est placée une hostie consacrée qui porte ordinairement les initiales du nom de Jésus (I H S). C’est un véritable ostensoir que beaucoup d’artistes donnent pour attribut à saint Bernardin. Parmi les représentations où ce symbole figure, nous citerons : un tableau de Pierre Laurati, publié, dans la Collection des peintres primitifs, par Artaud de Montor et Challamel ; une peinture de Frani cesco Vanni, qui a été gravée plusieurs fois, notamment par J. Sadeler et par Ph. Galle ; une estampe de Jacob Neefs, d’après Fruytiers. Cette dernière composition représente le saint déposant l’ostensoir sur un autel où sont écrits ces mots : Exaltemus nomen $jus ; un ange plane au ciel tenant une bannière sur laquelle sont tracées les initiales I H S. Les mêmes lettres ornent une sorte de patène