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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 2, part. 3, Bj-Bo.djvu/218

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vée qu’en 1816. En 1818, les autorités municipales plantèrent solennellement les arbres des Quinconces. Depuis, de magnifiques habitations ont été construites aux abords de cette promenade, que décorent les statues de Montaigne et de Montesquieu, exécutées par

M, Maggesi, et deux colonnes rostrales, hautes de 20 m. et surmontées chacune d’une statue : celles de la Navigation et du Commerce, par M. Manceau.

Le Jardin Public, situé a une petite distance des Quinconces, est une création du marquis de Tourny, gouverneur de Bordeaux soûs Louis XV et Louis XVI. Cet administrateur intelligent, par qui les remparts furent abattus, les fossés comblés, des rues percées et d’importantes constructions élevées de toutes parts, dépensa 300,000 fr. pour transformer en jardin public 88,465 m. car. de terrain. Ce jardin, laissé pendant longtemps dans un regrettable abandon, a été récemment transformé, d’après les plans de M. Alptiand, en un jardin anglais, avec cascades, lacs, îlots plantés d’arbres, et serres remplies de végétaux rares ; depuis cette métamorphose, il est devenu le rendez-vous des promeneurs fashionables ; les jeudis et les dimanches, des concerts y sont donnés^ par les musiques des régiments en garnison à Bordeaux. C’est encore à M. de Tourny que cette villédoit la création des Allées qui portent le nom de ce personnage ; elles font suite à la place de la Comédie, et, bien qu’elles aient été dépouillées des arbres que M. dé Tourny y avait fait planter, elles n’en sont pas moinsune des promenades les plus fréquentées de la ville.

— Antiquité». Pendant la période galloromaine, Bordeaux comptait une foule de monuments splendides, temples, palais, théâtres, cirques, thermes, aqueducs. Toutes ces merveilles ont disparu. Les seules antiquités qu’offre la ville sont les faibles débris — unearcade et quelques vestiges d’enceinte — d’un amphithéâtre, appelé les Arènes ou le Palais Gallien, parce que ce fut, dit-on, sous le règne de l’empereur de ce nom, qu’on le construisit. Une médaille romaine trouvée à Nérac en 1831 représente Tetricus, usurpateur du pouvoir en Gaule, entouré des édifices qu’il avait fait élever : au nombre de ces édifices, les savants ont cru reconnaître l’amphithéâtre de Bor " deaux. Ce monument offrait à l’extérieur deux étages couronnés par un attique ; l’étage inférieur était de style toscan, l’étage supérieur de style dorique. L’arène mesurait 74 m. sur 53 m. 60. On estime que, dans son développement complet, le Palais Gallien avait, hors d’oeuvre, 135 in. environ dans le sens de son grand axe, et 110 m. dans le sens du petit, sur une élévation totale de 21 m. ; 20,000 spectateurs pouvaient prendre place dans ce vaste amphithéâtre. On y pénétrait par soixante arcades distribuées sur tout le pourtour, et par deux portes principales placées aux extrémités du grand axe : une de ces portes, celle de l’occident, subsiste encore en entier-, elle a 8 m. 75 de haut sur 5 m. 75 de large. Les gradins de l’amphithéâtre étaient soutenus par six murailles circulaires et concentriques, qui allaient en diminuant de hauteur et qui comprenaient, entre leurs parvis, cinq enceintes larges de 3 à 4 m. chacune ; l’enceinte la plus reculée de l’arène était bordée par des galeries en arcades adossées aux murailles du Eourtour. Ces murailles étaient construites en locage, avec revêtement extérieur en petit appareil allongé, coupé par des cordons de briques rouges, espacés de 0 m. S0 environ. Le Palais Gallien était encore assez bien conservé lorsque, en 1774, il fut affecté" à une entreprise de voitures publiques. En 1732, on en commença la démolition, qui fut arrêtée en lSOt par M. Thibaudeau, préfet du département-Bordeaux possédait encore, au xvn" siècle, un monument antique plus précieux que le Palais Gallien. Ce monument, que l’on nommait, nous ne savons pourquoi, les Piliers de Tutelle, et qui probablement avait été un temple, s’élevait sur une aire à laquelle on montait par vingt et une marches. Il était bâti sur un plan rectangulaire de 30 m. de long sur 22 de large, et était entouré de 24 colonnes d’ordre corinthien, hautes de 12 m. Ces colonnes soutenaient une architrave au-dessus de laquelle s’élevait un second ordre en arcades dont le couronnement s’appuyait sur quarante-quatre cariatides adossées intérieurement et extérieurement aux pilastres. La hauteur totale

de l’édifice était de 20 m. Au centre était •l’autel qui portait la célèbre inscription (aujourd’hui au musée) : Augusto sacrum et geiiio civitatis Bitur. Vivisc. Dix-huit colonnes de ce remarquable édifice étaient encore debout en 1617 ; endommagées pendant la guerre que se firent, en 1649, le duc d’Epernon et le parlement, elles furent démolies en 1677, avec les autres parties du monument, et employées à la construction du fort Louis.

— Edifice» religieux. LaCATHÉDRALE (Saint-André), commencée en 1096 par le pape Urbain II, a été reconstruite en partie à diverses époques. Vue extérieurement, du côté du chevet, elle présente un aspect très-pittoresque. La façade occidentale, où devrait se trouver l’entrée principale, vient d’être dégagée des maisons qui la masquaient depuis plusieurs siècles. On pénètre dans l’église par deux portes latérales. La porte du nord offre d’intéressantes sculptures dans le style du xive et du xve siècle : la voussure est occupée par des

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figures d’anges, de patriarches, d’apôtres, de moines ; le tympan représente la Cène, l’Ascension, Dieu le Père dans sa gloire ; les niches latérales contiennent des statues de cardinaux, et le pilier qui partage la porte en deux valves est surmonté de la statue de l’archevêque Bertrand de Goth, qui devint pape sous le nom de Clément V. Ce portail est couronné par une belle rose, qui a été restaurée en 1846, et flanqué de deux tours terminées par des flèches élégantes qui s’élèvent à une hauteur de 80 m. La porte du nord est loin de présenter le même intérêt : ses deux tours attendent encore leur couronnement et, parmi ses sculptures mutilées, on ne distingue guère que les figures des Vierges sages et des Vierges folles. La cathédrale, disposée sur le plan de la croix latine, mesure 126 m. de longueur hors d’œuvre ; elle n’a qu’une seule nef, large de 18 m., longue de 66 m., et haute de 27 m. ; le transsept, long de 44 m., a 10 m. de largeur et 33 m. de hauteur sous voûte ; le chœur, large de 13 m. 50 et long de 33 m., est entouré d’un collatéral, qui a 7 m. 65 de largeur et qui est "bordé par neuf chapelles rayonnantes, hexagonales, dont la plus vaste, celle du milieu, est dédiée au Sacré-Cœur. La plus grande variété de styles se fait remarquer dans l’ornementation de l’édifice. Les murailles de la nef offrent, dans leur partie inférieure, des arcatures romanobyzantines, ornées de dents de scie ; au-dessus règne une galerie en style ogival. Les voûtes, démolies par un tremblement de terre en 1427, ne furent entièrement reconstruites qu’au xvie siècle. Les piliers qui les supportent appartiennent, les uns au style roman, les autres au style gothique. Le maître-autel date de l’époque de la Renaissance. Il provient de l’ancien couvent des bénédictins de la Réole. Dajis la sacristie, on montre une porte dite Porte Royale, dont les sculptures sont remarquables : elles représentent Dieuentourédela milice céleste et la Résurrection des morts. Sous la tribune de l’orgue sont deux bas-reliefs intéressants, qui ornaient autrefois un jubé de l’église Sainte-Croix, et qui ont pour sujets : la Résurrection du Christ et la Descente aux limbes. L’église renferme plusieurs tombeaux ; le seul qui soit digne d’attention est celui du cardinal de Cheverus (1768-1836), exécuté en marbre blanc par M. Maggesi en 1850. Parmi les tableaux, nous citerons : un Christ portant sa croix, attribué à Aug. Carrache ; un Crucifiement, par Jordaens ; une Résurrection, par Alexandre Véronèse ; le Couronnement d’épines, par Bergeret, etc.

A 30 m. au sud-est du chevet de la cathédrale, s’élève la TourdePey-Bbrland, ainsi nommée de Pierre (en patois Petj) Berland, archevêque de Bordeaux, qui la fit construire, en 1140, sur l’emplacement d’une fontaine (Divona), chantée par Ausone. C’est une tour quadrangulaire, percée de fenêtres ogivales ; elle a 47 m. 50 de hauteur, et était jadis surmontée d’une flèche octogone, haute de 14 m., que la foudre détruisit en 1617. Vendue pendant la Révolution h des industriels qui y établirent une fabrique de plomb de chasse, la tour de Pey-Berland a été rachetée par l’État en 1850 ; un magnifique bourdon de 11,000 kilogr., qu’on y plaça en 1853, s’est fêlé en 1859. Dans ces dernières années, cette tour a été complètement restaurée : on l’a entourée d’un square, et on a placé au sommet de l’édifice une statue colossale de la Vierge.

L’église Satnt-Michel, le plus bel édifice religieux de Bordeaux après la cathédrale, a été fondée en 1160, mais agrandie et restaurée à diverses époques. Son plan est celui de la croix latine, avec bas côtés. Elle a 74 m. de longueur et 30 m. 60 de largeur dans le transsept. Le style ogival domine dans l’ensemble de l’édifice. La partie inférieuredu chœur parait appartenir au Xilie ou au xive siècle. Les chapelles ont été ajoutées après l’achèvement de 1 église ; celle du Saint-Sépulcre renferme une belle Descente de croix, sculptée auxvie siècle ; celle de Saint-Joseph a un autel de la même époque, orné de statues ; celle qui est dédiée à Notre-Dame de Montuzet, patronne d’une confrérie de marins, est décorée de vitraux remarquables dus à un verrier bordelais ; d’autres chapelles et les fenêtres inférieures du chœur ont des vitraux exécutés par M. Maréchal (de Metz). À l’extérieur, Saint-Michel est en grande partie masqué par des constructions particulières. Une loterie a été organisée, il y a quelques années, dans le but de subvenir aux dépenses nécessaires pour isoler l’édifice et le restaurer. Des réparations considérables ont déjà été exécutées. Les trois’ portails ont des sculptures intéressantes : celles du portail du Sud représentent Y Apparition de saint Michel à l’évêque de Siponto ; celles du Nord, Isaac préparant le sacrifice d’Abraham ; celles de l’Ouest, la Naissance de l’Enfant Jésus et Y Adoration des bergers. A 30 m. environ de l’église s’élève un clocher isolé, bâti de 1472 à 1492 : la flèche, renversée" par un ouragan en 1768, vient d’être reconstruite sur le plan primitif. Au-dessous de cette tour est un caveau où l’on montre une cinquantaine de momies provenant d’un cimetière voisin, dont le terrain sablonneux avait la propriété de conserver les corps. M. Théophile Gautier a donné, dans son Voyage en Espagne (chap. i«), une description des plus fantastiques de cette singulière nécropole.

L’église de Sainte-Croix, ancienne dépendance d’une abbaye de bénédictins, remonte à une haute antiquité. Elle existait déjà vers le milieu du vnc siècle, époque où saint Moin BORD

molin, abbé de Pieury-sur-Loire, y fut enterré. Renversée par les Sarrasins en 729, restaurée par Charlemagne en 778, elle fut de nouveau détruite en 828 par les Normands. L’édifiée actuel fut bâti dans la première moitié du x" siècle par Guillaume le Bon, duc d’Aquitaine. Sa fiiçade est le plus beau spécimen d’architecture romane que l’on voie à Bordeaux. La porte principale s’ouvre au milieu d’un avant-corps, saillant de 2 m. environ et orné à ses angles de colonnes cannelées en hélice ; elle a cinq voussures dont les arcs cintrés reposent sur de légères colonnes. De chaque côté de cette porte, il y a une arcade aveugle surmontée de deux fausses fenêtres. Des sculptures fort peu.décentes décorent la

Forte et les arcades ; elles ont beaucoup exercé érudition des archéologues, sans avoir pu être interprétées jusqu’ici d’une façon complètement satisfaisante ; toutefois on peut admettre que la femme dite aux serpents, qui figure sur le portail, est une personniheation de laLuxure tourmentée par le démon. La partie en retraite de la façade, au-dessus de l’avant-corps, est décorée d’une rosace et surmontée d’un fronton triangulaire. À gauche de cette façade, une muraille nue, soutenue par un épais contre-fort, est percée à sa base d’une porte ogivale ; à droite s’élève un beau clocher roman, à quatre pans égaux, qui touche aux bâtiments de l’ancienne abbaye de Sainte-Croix, reconstruits au xviiie siècle, et transformés, depuis la Révolution, en hospice pour les vieillards. L’intérieur de l’église est beaucoup moins intéressant que l’extérieur. La nef a 56 m. 50 de longueur jusqu’au fond du sanctuaire, 26 m. de largeur y compris les bas côtés, et 18 m. de hauteur. Douze piliers qui séparent des arcades en plein cintre, soutiennent les voûtes en ogive ; les sculptures des chapiteaux rappellent celles de la façade par leur variété et par la nature des compositions. Les fonts baptismaux renferment une magnifique boiserie sur les panneaux de laquelle est sculptée l’histoire de la Vierge, et une cuve baptismale, dont les bas-reliefs représentent la Cène. Les fresques de la chapelle de la Vierge, dues à Jean Vasetti, et celles du sanctuaire, exécutées par Anoni père, sont dignes de quelque attention. En revanche, beaucoup d ornements modernes témoignent du plus mauvais goût. D’importants travaux de restauration s’exécutent actuellement dans l’église de Sainte-Croix.

L’église Smnt-Skurin, placée autrefois hors des murs de la ville, date des premiers siècles du christianisme. Sa crypte — dite de SaintFort, parce qu’elle renferme entre autres tombeaux celui de cet évêque — se compose

d’une nef voûtée à plein cintre et de deux bas côtés. Au xie siècle, on bâtit sur cette crypte, qui était déjà, fort ancienne, une église dont il ne reste plus que l’abside principale, le porche occidental et les clochers. Les autres parties de l’édifice actuel sont de différentes époques : le portail méridional, orné de curieuses sculptures, les bas côtés, les voûtes et la chapelle de Saint-Jean appartiennent au XIIIe siècle ; la chapelle de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle est du xive siècle ; la chapelle de Notre-Dame des Roses, du xve, ainsi que la sacristie. La façade ouest est moderne, et d’importants travaux de restauration ont été exécutés dans l’intérieur de l’édifice, en 1855. Saint-Seuriti a 64 m. de longueur et 18 m. de largeur. On remarque dans le chœur un trône épiscopul en style gothique fleuri. La principale curiosité de la crypte est le cénotaphe de saint Fort, orné de délicates sculptures du la Renaissance ; il est placé au fond de la nef, sur un sépulcre de pierre brute, qui contenait primitivement, dit-on, les restes du saint. Ce tombeau.est l’objet d’un culte particulier : les mères viennent y déposer leurs enfants pour leur faire prendre de la force. La crypte renferme encore les tombeaux de plusieurs autres saints, notamment ceux de saint Seurin et de saint Amand, évoques de Bordeaux ; de sainte Véronique et de sainte Bénédicte, nées dans le Médoc. On voit aussi des tombes du vn° au vme siècle dans l’ancien cloître de Saint-Seurin, qui existe encore en partie au nord de la nef. D’après une tradition locale, confirmée par un passage du poëme héroïque de Théroulde, 1 olifant du fameux Roland fut déposé, après le désastre de Roncevaux, dans l’église da Saint-Seurin, et y fut pendant longtemps l’objet d’un pèlerinage. Un savant bordelais, M. Th. R"* s’est demandé si ce souvenir du preux, qui fendait les montagnes d’un coup de sa Durandal, n’aurait pas donné naissance à la légende de saint Fort.

Les autres églises de Bordeaux n’offrent qu’un intérêt très-secondaire. Nous nous contenterons de citer : Sainte-Eulalie, ancienne église d’une abbaye de femmes qui existait au —vue siècle, consacrée en U74, reconstruite en partie au xive et au xve siècle ;— Saint-Bruno, ancienne église des Chartreux, consacrée en 1620, bâtie dans le style italien, ornée en 1771 de belles peintures murales par les Espagnols Berinzago et Gonzalès ; tableaux estimés ; mausolée du marquis de Sourdis ;-Notre-Dame, l’église fréquentée par la société élégante de Bordeaux, construite, en 1701, dans le style néo-grec, par un dominicain du nom de frère Jean, et décorée intérieurement avec un luxe de mauvais goût ; — Saint-Paul, ancienne église des Jésuites ; on y admire une statue de Saint François Xavier, attribuée à Guillaume Coustou ; —la chapelle des Carmes, édifice construit récemment et dont l’archi BORD

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tecture, vivement critiquée au point de vue classique, mérite toutefois l’attention par son caractère vraiment religieux.

— HAtcls des services publies. — La PRÉ-FECTURE aété bâtie, en 1775, par l’architecte Louis, pour M. Saige, avocat général au parlement. Ce n’est qu en 1808 que ce bel hôtel a été affecté aux divers services de l’administration du département de la Gironde ; depuis 1847, il est exclusivement réservé à l’hapitation du préfet, les bureaux ayant été

installés dans les maisons voisines ; il a étéentièrement restauré en 1855.

L’Hôtel de ville est l’ancien palaisâe Varchevêché,

  • construit par les architectes Bonrin

et Étienne, de 1770 à 1781, sous l’archiépiscopat du prince de Rohan. Il se compose d un vaste corps de logis flanqué de deux ailes réunies l’une à l’autre par deux péristyles, au milieu desquels se trouve la.porte d’entrée. La façade postérieure donne sur de superbes jardins, que borde le cours d’Albret. Tour à tour hôtel du département en 1790, palais impérial en 1808, palais royal en 1S12, cet édifice est devenu l’hôtel de la mairie en 1835. On y installa, à cette époque, les archives départementales, au second étage ; la galerie des

tableaux et une collection d’armes, au rez-dechaussée ; mais, un incendie ayant dévoré une partie de l’édifice, il y a quelques années, des réparations considérables ont dû être entreprises, et les collections ont été transportées dans une construction provisoire établie dans les jardins.

Le Palais de justice, bâti par M. Thiac, de 18 ?9 à 1846, a coûté 1,717,458 fr. 30. Il occupe une surface de 7,985 m. Sa façadi.>, • d’une grande lourdeur, • n’a pas moins do 145 m. 67 de longueur ; ellé se compose d’un avant-corps décoré d’un péristyle d’ordre dorique et de deux ailes. Les motifs saillants de cet avant-corps sont ornés de quatre statues colossales exécutées par M. Maggesi : à droite, Malesherbes et d’Aguesseau ; à gauche, Montesquieu et L’Hôpital. La salle des pas-perdus, longue de 46 m., large de 18 m. et haute de 16 m., est regardée par les Bordelais comme un véritable chef-d’œuvre d’architecture ■ « L’auteur semble y avoir déployé tout son génie, » dit en propres termes M. Raoul L., auteur d’un Guide des étrangers à Bordeaux. Dans le vestibule de la cour est une statue de Montesquieu, exécutée en 1S21 par M. Raggi, l’auteur d’une statue colossale de Louis XVI, commandée sous la Restauration par un grand nombre de souscripteurs bordelais et qui, à la suite des événements de Juillet, a été reléguée dans un enclos, où elle se trouve encoréaujourd’hui (octobre 1866). — Derrière le pillais de justice sont les prisons départementales, construites de 1835 à 1847, sur l’emplacement de l’ancien fort du Hà, dont il reste deux tours.

La Bourse a été bâtie en 1749 par l’architecte Jacques Gabriel. Trois de ses faces sont isolées, et offrent une décoration analogue. Les bas-reliefs de leurs frontons sont dusà Claude Francin et représentent : au sud, sur la place de la Bourse, la Victoire tenant un médaillon de Louis XV ; h l’est, sur le quai, Neptune favorisant le Commerce ; au nord, sur la place Richelieu, Y Union de la Garonne et de la Dordogne. La cour intérieure de l’édifice, longue de 34 m. et large de 24 m., a été couverte en 1803.

La Douane (ancien hôtel des Fermes), située en face de la Bourse, a été construite par le même architecte. Les sculptures de ses frontons sont de Vanderwoort ; elles représentent, du côté de la place de la Bourse, Minerve protégeant les Arts ; du côté du quai, Mercure protégeant la navigation de la Garonne.

Parmi les autres édifices affectés à des services publics, il faut citer encore : I’Hôteldes Monnaies, établi depuis l’an VIII dans l’ancien séminaire de la Mission, tandis que l’ancienne Monnaie, bâtie par Portier, de 1756 à 1757, est occupée par une congrégation d’Ursulines ; la Caisse d épargnes, installée depuis quelques années dans un hôtel occupé précédemment par la Banque et qui a été construit par l’Hôte, en 1775 ; le nouvel hôtel de la Banque, bâti en 1855, etc.

Bordeaux possède un grand nombre d’établissements de bienfaisance. L’hôpital Saint-André, situé sur la-place d’Armes, en face du palais de justice, a été fondé en 1390 par un chanoine de Saint-André nommé Vital Caries. Il a été rebâti, de 1825 à 1829, par M. Burguot, et a coûté près de deux millions. Il est complètement ist>lé et occupe une superficie de 18,000 mètres carrés. Sa façade principale, longue de 143 m., a une entrée monumentale : ait centre s’élève un portique formé de quatre colonnes d’ordre dorique, qui soutiennent un dôme surmonté d’une croix ; sous ce portique est placée la porte de la chapelle-, à droite età gauche s’ouvrent deux autres portes^ qui donnent accès dans l’intérieur de l’hospice.

— Etablissements scientifiques, littéraires

et artistiques. Les divers établissements d’instruction publique de Bordeaux n’offrent rieu qui mérite d’être cité. Toutefois l’élégante chapelle du lycée (ancienne église d’un monastère de Feuillants) a droit à une mention particulière, car elle contient le sarcophage de marbre blanc où sont déposés les restes de Montaigne.

Le Musée proprement dit occupa on bel