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son traité philosophique Disputatio de mysticismo, il poursuivit d’une ironie souvent spirituelle les systèmes de Kant, Fiohte et Schelling. On lui doit encore beaucoup d’autres ouvrages, et, entre autres, deux volumes do sermons où il montre les qualités d’un véritable orateur.

BORGES (José), chef de partisans espagnol, fusillé en 1861. Ancien officier carliste, il était, depuis 1855, interné à Mâcon, lorsque, en 18G1, après l’expulsion de François II du royaume de Naples, il entra en relation avec le comité bourbonien, qui, connaissant son intrépidité, lui proposa de faire une descente dans les Calabres et de soulever le pays pour provoquer une restauration. Borges, à qui l’ex-roi do Naples offrit un brevet de généralissime, et a qui l’on lit croire qu’il trouverait une armée de 10,000 hommes prête à marcher sous ses ordres, n’hésita point à accepter. À la tête d’une poignée d’Espagnols, il débarqua sur la côte de la Calabre et lança une proclamation dans laquelle il appelait le peuple à l’insurrection. Le peuple n’eut garde de répondre à son appel, et, au lieu de 10,000 hommes, Borges ne trouva pour toute armée que 300 coureurs d’aventures, commandés par un bandit aux gages des Bourbons. Trompé dans ses espérances, le généralissime d’une armée qui n’avait jamais existé que dans l’imagination des courtisans du jeune roi détrôné dut errer à l’aventure, au milieu des bois, poursuivi et traqué par les troupes italiennes, sans vivres et subissant des fatigues inouïes. Vainement il essaya de se frayer un passage à travers les colonnes qui Un fermaient toute issue ; il fut fait prisonnier à Tagliacozzo le 30 novembre, condamné à mort et fusillé. On trouva sur Borges un journal dans lequel il avait consigné jour par jour, dès le début, les diverses circonstances do sa folle entreprise, journal qui a jeté une vive lumière sur les menées du parti bourbonien en Italie.

BORGHÈS (Jean), théologien. V. Bourgeois.


BORGHÈSE, famille romaine originaire de Sienne, où elle appartenait à l’ordre des Neuf et où elle remplit depuis le xve siècle les plus hauts emplois de la république. Le pape Paul V (1605-1621), qui en était issu, accumula sur elle les honneurs et les richesses, et la fixa à Rome, où elle a toujours tenu depuis un rang considérable, se distinguant surtout par sa passion pour les beaux-arts. C’est ce même pontife qui fit édifier à Rome la villa Borghèse, célèbre surtout par ses collections de sculptures antiques. Paul V combla de faveurs deux de ses neveux : Scipion-Caffarelli-, qu’il créa cardinal, à qui il fit don des biens immenses confisqués à la famille Cenci, et qu’il autorisa à porter le nom de Borghèse, et Marc-Antoine Borghèse (mort en 1658), qu’il fit nommer grand d’Espagne et qu’il créa prince de Sulmona, avec un revenu de 200,000 écus. C’est de ce dernier que descend la famille actuelle des Borghèse. — Marc-Antoine III, né en 1730, mort en 1800, fut, en 1765, sénateur de la république romaine et père de Camille Borghèse, dont nous allons parler.

BORGHÈSE (Camille), prince de Sulmona et de Rossano, né à Rome en 1775, mort en 1832. Il passait pour le plus riche des princes romains ; aussi sa famille fut-elle une des plus lourdement frappées par les impositions qu’établirent les généraux français après le meurtre du général Duphot, en 1798. Partisan des idées libérales, Camille servit dans l’armée française, et, en 1803, fut appelé à Paris, où il épousa la sœur du premier consul, Pauline Bonaparte, veuve du général Leclerc. Ce mariage le fit nommer prince français en 1804, et, en 1806, prince et duc de Guastalla. En 1807, l’empereur le força à lui vendre sa magnifique collection d’objets d’art moyennant 3 millions comptant, l’abbaye de Lucedio, près de Turin, estimée 4 millions, et 300,000 fr. de rente. En exécution de cette expropriation, le musée de la villa Borghèse fut transporté en France. C’est ainsi que Rome perdit le Gladiateur, l'Hermaphrodite, le Silène, le musée Gabrino et une quantité de monuments de l’antiquité et des beaux-arts. L’année suivante (1808), Napoléon le nomma grand dignitaire de l’Empire et gouverneur général des départements du Piémont, de Gênes et de Parme. Il établit sa cour à Turin et s’y fit aimer. Après l’abdication de Napoléon, en 1814, il remit aux alliés le Piémont et Gênes. À partir de cette époque, il cessa toutes relations avec les Bonaparte, et se sépara de sa femme, dont il avait à se plaindre. En 1815, une grande partie de son musée lui fut rendue, mais il vendit sa terre de Lucedio, en Piémont, et habita depuis Florence et Rome. Il mourut à Florence. — François Borghèse Aldobrandini, frère et héritier du précédent, né à Rome en 1777, mort en 1839. Le prince François, comme son frère Camille, avait acquis la faveur de Napoléon, qui lui donna le titre de prince français et le nomma son grand écuyer. Il avait épousé la comtesse Alexandre de La Rochefoucauld, dont il eut trois fils : Marc-Antoine, prince Borghèse, né à Paris en 1814 et chef actuel de la famille ; Camille, prince Aldobrandini, né en 1816, et qui fut ministre de la guerre en 1848 dans les États pontificaux, et Scipion, duc de Salviati, né en 1823.


BORGHÈSE (la princesse Pauline). V. Bonaparte (Marie-Pauline).


BORGHÈSE (villa), à Rome. Cette magnifique maison de plaisance, située à une petite distance de la porte du Peuple, fut bâtie, au commencement du xvnc siècle, par le cardinal Scipione CafTarelli-Borghèse. L’architecte de l’édifice fut Giovanni Vansanzio ; les jardins furent dessinés par Domenico Savino, de Monte-Pulciano, et les travaux de conduite et de distribution des eaux furent dirigés par Giovanni Fontana. Par la suite, les princes Borghèse firent exécuter de nombreux embellissements dans la villa et y rassemblèrent

une précieuse collection de marbres antiques. Deux cents morceaux environ de cette collection furent cédés à Napoléon Ier par le prince Camille : ils allèrent prendre place au Louvre, dont quelques-uns forment encore aujourd’hui l’ornement. (V. Louvre.) La collection de la villa Borghèse se reforma en peu d’années. Parmi les ouvrages antiques qu’on y admire actuellement, nous citerons : sous le portique, qui a environ 20 m. de long et qui est d ordre ionique, deux bas-reliefs provenant de l’arc de Claude • dans les salles, les statues de Junon, de Cérès, de Vénus, de Léda, de Bacchus assis, (YHercule, de Mercure, de Daphné, do Cupidon déguisé en Hercule, du Berger Paris ; un Hermaphrodite, répétition de celui qui est au Louvre ; un groupe représentant une Amazone combattant ; l’Éducation de Télénhe, bas-relief estimé ; un autre beau bas-relief qui représente Cassandre repoussant Ajax ; un sarcophage en porphyre, qu’on croit provenir du mausolée d’Adrien ; des bustes, des hermès, des candélabres, etc. La villa Borghèse offre, en outre, quelques peintures modernes, entre autres un portrait de Paul V, par le Caravage ; des tableaux d’animaux, par le Hollandais Paul Peters, et une voûte peinte par Lanfrane ; trois ouvrages de l’extrême jeunesse du célèbre sculpteur Bernin, David, Enée portant Anchise, Apollon et Daphné ; le Sommeil, de l’Algarde, et une des couvres capitales de Canova, la statue couchée de la princesse Pauline Borghèse. (V. la description page 952.)

BORGHÈSE (palais et galerie), à Rome. Le palais Borghèse, situé sur la place de ce nom, près du port de Ripetta, fut commencé en 1590 par le cardinal Dezza, sur les dessins de Martino Lunghi le Vieux, et terminé, en 1607, par Flaminio Ponzio, lorsque Paul V (Paul Borghèse) en eut fait l’acquisition. C’est un des plus beaux, palais de Rome. Il est disposé sur un plan irrégulier assez semblable à celui d’un clavecin, d où lui est venu le nom de Cembalo. La cour intérieure, d’un aspect somptueux, est entourée do portiques à deux étages, soutenus par quatre-vingt-seize colonnes de granit, doriques au rez-de-chaussée et corinthiennes à 1 étage supérieur. Dans cette cour sont les statues colossales antiques de Julie, de Sabine et de -Cérès. Une magnifique galerie de tableaux occupe, au rez-dechaussée d’une des ailes, douze salles décorées dans le style maniéré do la seconde moitié du xvue siècle. Cette collection, la plus riche et’la plus curieuse de Rome, est ouverte tous les jours au public. Commencée par Paul V, elle fut continuée par son neveu Marc-Antoine et par les descendants de celui-ci, qui, à leur fortune personnelle, joignirent successivement celles des maisons Spinola, Aldobrandini, Colonna, dont ils épousèrent les

héritières. La galerie Borghèse renferme actuellement six cents tableaux environ, qui

sont presque tous de.premier ordre et dont plusieursjouissent d’une juste célébrité. Parmi les œuvres de l’école italienne, on distingue : une Sainte Famille, d’Ant. Pollaiuolo ; Madone à la grenade, de Sandro Botticelli ; un Portrait déjeune homme, d’une vérité surprenante, et une Madone, de Lorenzo di Credi ; deux Evangélistes, d’un beau dessin, mais d’une exécution unjpeu dure, de Michel-Ange ; les Tireurs d’arc, fresque qui a été attribuée à Raphaël, mais que de savants juges croient être encore du Buonarotti ; une Vénus, trois Sainte Famille et une admirable tête de Madeleine, d’Andréa del Sarto ; deux épisodes de Y Histoire de Joseph, du Pinturicchio ; le portrait de Raphaël, œuvre charmante, pleine de vie et d’expression, at : ribuée par M. Passavant à Timoteo délie Vitte ; quatre ouvrages de Raphaël lui-même ; la célèbre Mise au tombeau, le splendide portrait de César Borgia, le portrait d’un cardinal et les Noces d’Alexandre et de Iloxuiie, fresque qui, suivant quelques connaisseurs, aurait été exécutée par Pierino del Vaga sur les dessins du maître ; une Flagellation, œuvre capitale du Garofalo ; un Calvaire, de Crivelli ; un Saint Sébastien, figure d’un grand stylo, du Pontormo ; une Vénus au bain, et trois copies d’après Raphaël (Saint Jean, le portrait de Jules II et celui delà Fornarina), attribuées à Jules Romain ; la Danaé, peinture célèbre, et la Madeleine, du Corrége ; un beau portrait d’homme et une Sainte Catherine, un peu maniérée, du Parmesan ; le portrait de Côme le par le Bronzino ; une Léda, une Sainte Agathe et le Sauveur du monde, attribués.à Léonard de Vinci ; un Saint Antoine de Padoue et un Saint Étienne, chefs-d’œuvre de Francia ; la Chasse de Diane et la Sibylle de Cumes, chefs-d’œuvre du Dominiquin ; une Déposition de croix, d’Annibal Carrache ; une copie des Trois âges de la vie, d’après le Titien, et une Madone, du Sassoferrato ; un

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Paysage, de Salvator Rosa ; jnc Madone, de Giovanni Bellini ; l’Amour sacré et l’Amour profane (deux belles femmes, l’une nue, l’autre habillée, assises près d’une citerne où un enfant puise de l’eau), œuvre célèbre du Titien ; les Trois Grâces, du même ; un magnifique portrait d’homme, du Pordenone ; une Vénus, du Padovanino ; l’Anneau de saint Marc et les Fils de Zébédée, de Bonifazio, etc. Les écoles étrangères à l’Italie ne sont représentées que par un petit nombre de toiles dans ia galerie Borghèse ; mais quelques-uns de ces ouvrages sont des plus remarquables ; tels sont : un superbe portrait d’homme, d’Holbein ; une Vénus, de Lucas Cranach ; une Déposition de croix et le portrait de Marie de Médicis, de Van Dyck ; Lotk et ses filles, de Gérard Honthorst ; un Cabaret, de Téniers ; un Corps de garde, de Palamède ; des Buveurs, de Van der Meer de Delft ; une Marine, de Backhuyzen ; des paysages, de P. Potter, Wouverman ; des Batailles, du Bourguignon ; Joseph expliquant les songes de l’éckanson et du panetier, de Moïse Valentin ; deux beaux paysages, du Guaspre ; un Saint Stanislas, de Ribera, etc.

BORGHÈSE (Giovanni-Ventura), peintre italien, né à Città-di-Castello vers 1640, mort en 1708. Il prit des leçons de Pierre de Cortone, avec lequel il travailla longtemps à. Rome, et habita ensuite l’Allemagne pendant plusieurs années. On cite parmi ses meilleurs tableaux : l’Annonciation et le Couronnement de la Vierge, dans l’église de Saint-Nicolas de Tolentino, à Rome, et son Martyre de saint Pierre, à Saint-Dominique de Pérouse.

BORGHESI (Diomède), littérateur italien, mort k Sienne en 1598. Après avoir voyagé dans les principales villes d’Italie, il reçut du grand-duc Ferdinand de Médicis le titre de gentilhomme de sa cour, et quelque temps après fut nommé à la chaire de langue toscane à Sienne. Il était membre de l’Académie des Inlronati, ei il publia cinq volumes de poésies (Rime), des Lettres familières (1578, in-4o), et des Lettres discursives (Padoue, 1584-1003, in-4o).

BORGHESI (comte Barthélémy), célèbre numismate et épigraphiste italien, né à Savignano, près deRimini, en 1781, mort en 1860.11 s’adonna de bonne heure à l’étude des vieilles chartes historiques du moyen âge ; mais il fut obligé de renoncer à ces travaux, à raison de l’affaiblissement de sa vue. Il s’occupa alors d’enrichir son beau musée de médailles, visita les collections les plus riches de l’Italie, ainsi que la bibliothèque de Rome, et se partagea entre la numismatique et l’épigraphie. Il commença, en 1820, à publier ses Nouveaux fragments des Fastes consulaires du Capitale (1818-1819, 2 vol,), vaste ouvrage, riche en monographies et en inscriptions qui jettent une lumière nouvelle sur beaucoup de points obscurs de l’histoire romaine. En 1821, il se retira dans la petite république de Saint-Marin, au Mont-Titan. Il fut envoyé à Rome, en 1S42, comme plénipotentiaire de sa patrie adoptive, pour conclure des conventions commerciales. À cette époque, son nom et ses travaux jouissaient d’une grande notoriété dans le monde scientifique européen. De nombreux savants lui apportaient des matériaux et des documents pour la continuation de ses Fastes consulaires, en même temps qu’il popularisait ses connaissances par ses élèves. Il a donné de nombreux et savants articles de critique dans les Mémoires de l’Académie des sciences de Turin au Giornale Arcadico de Rome, aux Annales de l’Institut archéologique, au Bulletin napolitain, etc. Ces travaux épars doivent être réunis sous le titre de Décades numismatigues (in-S0). Il avait le projet de réunir et de publier un Corpus universale inscriptionum latinarum, projet pour la réalisation duquel divers gouvernements de l’Europe lui promirent leur concours ; mais il mourut à Saint-Marin avant d’avoir exécuté ce dessein. Ce savant épigraphiste était membre correspondant de l Institut de France.

«Le comte Borghesi qui, le premier, dit M. Desjardins, a porté la lumière de son incomparable savoir et la prodigieuse sagacité de son pénétrant génie dans ces obscurités et dans toutes ces lettres mortes d’un monde éteint, dont il fait revivre l’esprit, est un des hommes qui auront le plus compté dans l’histoire intellectuelle du monde, un de ceux qui auront le plus marqué dans notre siècle. » Après la mort du comte Borghesi, l’empereur Napoléon III a ordonné qu’une édition des Œuvres complètes, imprimées ou inédites, du célèbre épigraphiste, fût publiée aux frais de l’État. Une commission composée de MM. Léon Régnier, Desjardins, de Rossi, etc., a été chargée de ce travailj et plusieurs volumes des Œuvres numismatiques et épigraphiques ont paru depuis 1863.

BORGHETTO, ville du royaume d’Italie, prov. et à 34 kilom. S.-E. de Brescia, sur la rive droite du Mincio : 2,500 hab. En 1796, le général Bonaparte y battit le général Beaulieu. Il Ville du roy. d’Italie, dans la Sicile, prov. et district de Païenne ; 4,300 hab. Il Ville du roy. d’Italie, prov. et à 12 kilom. S. de Lodi ; 2,630 hab.

BOBGHI (l’abbé Joseph), littérateur italien, né à Bibbiena (Toscane), en 1790, mort à Rome en 1847. Il commença de bonne heure ses études littéraires au séminaire de Castîglione Fiorentino, et, à dix-huit ans, il était

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déjà professeur de rhétorique. Il s’adonna avec succès à l’étude des lettres grecques. devint bientôt familier avec les poèmes d’Homère, et publia, en 1824, à Florence, une traduction complète des Odes de Pinclare, qui fut très-bien accueillie en Italie, et qui fut couronnée par l’Académie de la Crusca au concours quinquennal. Après 1830, Borghi habita successivement Rome, Palerme, Paris, Arezzo,

toujours cultivant les lettres et surtout la poésie. Ses Canzonï, ses Hymnes sacrés, ses autres compositions poétiques, ses Commentaires sur Dante, ses Notessuv Pétrarque, furent plusieurs fois imprimés dans différentes villes d’Italie. Dans les dernières années de sa vie, Borghi travaillait à une Histoire générale d’Italie, dont il parut trois volumes sous le titre de Discours sur les histoires italiennes depuis le commencement de l’ère chrétienne jusqu’en 1840. Cet ouvrage a trompé les espérances que l’on avait fondées sur le talent de l’auteur.

BORGHI-MAMO (Adélaïde Borghi, dame Mamo, dite), cantatrice italienne, née à Bologne en 1829, reçut de bonne heure les conseils de la Pasta, qui avait découvert en elle une admirable voix de contralto, et qui la décida à embrasser la carrière théâtrale. Ses débuts eurent lieu à Urbin en 1S46, dans le Giurameuto, de Mercadante, et furent couronnés de succès. Elle parcourut ensuite l’Italie, se fit partout applaudir, et épousa, étant à Malte, en 1849, M. Mamo. Lors de son engagement à Naples, Pacini écrivit à son intention Malvina di Scozia et Romilda ; Mercadante, la Statira, et Rossi YAlchimista. En 1S53, elle se rendit à Vienne, où l’attendaient de nombreux triomphes, et, l’année suivante, elle parut au Théâtre-Italien de Paris, où elle interpréta successivement les principaux rôles du répertoire, et se montra dans diverses créations. Les succès qu’elle obtint, notamment dans la Cenerentola, le Barbier, Mathilde de Shabran et surtout dans II Travalore de M. Verdi, décidèrent le Grand Opéra à se l’attacher : en 1856, elle signa avec notre Académie de musique un engagement de trois années. Elle a joué à l’Opéra la Favorite, le Prophète, la Reine de Chypre, puis le Trovatore, traduit et arrangé pour la scène française, sous le titre du Trouvère, dont le quatrième acte a été chanté parM’ue Borghi-Mamo comme personne avant elle ne l’avait chanté et comme personne ne l’a chanté depuis. En 1855, profitant d’un congé, elle était retournée à Vienne, et y avait paru dans Lucrèce Borgia, Mario Visconti, Don Giovanni et dans ses meilleurs rôles, entre autres la Cenerentola. Ce dernier ouvrage lui avait valu une ovation sans exemple. Ce congé expiré, Mm« Borghi-Mamo rentra à l’Opéra de Paris, où elle créa le rôle de Mélusine dans la Magicienne, d’Halévy, et celui d’Olympia dans Y Herculamtm, de Félicien David, rôle dans lequel elle a laissé d’ineffaçables souvenirs. Malgré ces éclatants triomphes, des rivalités de coulisses empêchèrent le renouvellement à l’Opéra de l’engagement de M""* Borghi-Mamo. Elle revint alors au Théâtre-Italien, où eiiereprit, en 1863, le rôle d’Amina de la Sonnambula et celui de Rosine du Barbier de Sévilte, avec beaucoup de bonheur. Mme Borghi-Mamo possède une voix de contralto des plus remarquables ; c’est de plus une artiste consommée dans son ait. Depuis son départ des Italiens, aucun contralto n’a pu la faire oublier, et ni M"’» AJboni, ni cette grandissime artiste qu’on nomme Mine Viardot, n’ont approché de M’"c Borghi-Mamo dans sa création d’Azucena, à’Il Trovatore.

BORGHINI (Vincent), antiquaire italien, né à Florence en 1515, mort en 1580. Il était bénédictin, prieur du monastère de Florence et directeur de l’hôpital de Sainte-Marie des Innocents, lorsqu’il fut chargé d’administrer le diocèse de Florence pour Alexandre de Médicis, obligé d’habiter Rome (1574). Plus tard, il refusa le titre d’archevêque do Pise, que le duc François voulait lui donner. Lié avec les hommes les plus distingués de la Toscane, Valori, Veftori, Salviati, Torelli, tenu en haute estime par le Tasse, qui le consultait sur ses ouvrages, le modeste et savant Borghini consacrait tous ses loisirs à l’étude des antiquités romaines, des origines et du perfectionnement de la langue toscane, et il était, en outre, très-versé dans la connaissance dos beaux-arts. Vice-président de l’Académie del disegno, Borghini fut un des commissaires choisis pour revoir le Décaméron, de Boccace, et supprimer les parties qui avaient fait prohiber ce livre par les papes Paul IV et Pie IV. Ce fut lui qui composa seul les Annotazioui e discorsi publiés à ce sujet l’année suivante (1574). Borghini adonné, sous le nom de Discours (JJiscorsi, Florence, 1584-1585, 2 vol. in-4»), des dissertations d’un haut intérêt sur l’origine de Florence, sur les villes toscanes, les municipes et les colonies des Romains, etc.

BORGHINI (Raphaël), littérateur italien du xvie siècle. Il était lié avec Baccio Valori, et c’est d’après les conseils de celui-ci qu’il continua de cultiver les muses ; car des scrupules de conscience lui avaient fait prendre la résolution de renoncer à la poésie. On lui doit : la Diana pietosa, commedia pastorale in versi (Florence, 1585, in-8o) ; deux comédies en prose avec des intermèdes en vers, et un ouvrage sur les arts, intitulé : H riposo, in cui sitratta délia pittura e délia scullura dé piu illustri antichi e moderni (Florence, 1584, in-8<>).