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sèment, Raymond, qui, malgré son amour, commence à trouver les allures de sa femme quelque peu suspectes, suit Mathilde et la trouve chez un usurier, le père Replumasse, un nom qui exhale un acre parfum de bric-à— brac, un nom à enchâsser dans un roman de Balzac en regard de celui de Gobseck. Grâce toutefois à la présence d’esprit de Mme Mignolet, notre boulangère, Mathilde se tire de ce pas difficile à la satisfaction générale. Mme Mignolet rachète l’écrin, qu’elle replace elle-même dans le petit meuble de bois de rose où Mathilde serre ses bijoux. Raymond ne tarde pas cependant à voir que la fortune s’en va souvent plus vite encore qu’elle n’est venue. Un matin, il s’éveille ruiné par une faillite, et demande l’écrin, ressource suprême ; mais le misérable Stéphen ne se contente pas de voler aux femmes leur honneur, il leur prend aussi leurs pierreries et leurs bijoux. C’est ainsi que, par un domestique, son complice, il a fait enlever les diamants de Mathilde ; au lieu des pierres précieuses, le mari trouve un billet de Stéphen qui eiige un dernier rendez-vous de la jeune femme. Disons tout de suite que les diamants ne sont pas parvenus & leur adresse ; la petite fille les a trouvés dans les poches du domestique infidèle, où elle cherchait des bonbons. La friandise sert parfois à quelque chose. Stéphen pousse l’audace jusqu à se présenter chez Raymond— ce dernier lui tire un coup de pistolet qui l’effleure sans l’atteindre, et reçoit une balle dans l’épaule. On croit le pauvre Raymond en danger de mort ; mais il guérit bientôt ; il guérit, et c’est pour faire souffrir Mathilde, qu’il croit coupable, de son dédain et de ses sarcasmes. Muet, froid et cruel avec elle, il voit couler ses larmes et n’en a pas pitié. Revenu des grandeurs du trois pour cent, il a repris son ciseau, et, dans un bloc de marbre, il sculpte mystérieusement le tombeau de ses illusions perdues, sur lequel est couchée une triste et douloureuse figure qui ressemble à Mathilde. Pauvre Jean Raymond 1 lorsque sa peine est trop vive, il court à Paris (car depuis sa ruine il habite non loin du moulin de sa sœur la boulangère). Morne et hagard, il se glisse dans quelque cabaret borgne, il s’égare dans quelque tripot clandestin, s’abrutit d’absinthe, et, l’œil avide, la main fiévreuse, jette à tout hasard sur le tapis vert ses maigres écus, produit de son travail. Stéphen Bertal est revenu de Californie ; il est riche. Un soir, les deux hommes se rencontrent dans une maison suspecte, et Raymond, qui de prime abord ne reconnaît pas son ennemi, perd 16, 000 fr. contre lui sur un coup de lansquenet. L’énormité de la perte dégrise Raymond, et il saute à la gorge de Stéphen pour l’étrangler. Stéphen a quelque peine à se défendre. « Quar n. vous m’aurez payé les 16, 000 fr. que vous me devez, nous nous battrons, » dit-il. Pour acquitter sa dette et pouvoir se venger, le statuaire vend son œuvre, le tombeau même auquel il travaillait avec

Eassion, à un industriel que les sujets lugures n’effarouchent point, il paraît. La ren. contre va donc avoir lieu, et Dieu seul sait quel en serait le résultat, si Stéphen n’était fort à propos pris dans un piège qu’il avait fort habilement préparé. Au moment d’attirer Mathilde dans un guet-apens infâme, il est démasqué par un mitron de Mme Mignolet, gaillard perspicace qui répond au nom de Pierre Sarrazin. Ce Pierre Sarrazin avait, une nuit, aperçu un inconnu qui essayait d’escalader les fenêtres de la chambre où Mathilde reposait ; il s’était précipité sur le visiteur nocturne et avait engagé une lutte avec celui-ci, qui cependant était parvenu à prendre la fuite, quoique grièvement blessé par le mitron. Bref, l’innocence de Mme Raymond est démontrée, quoique un peu tardivement pour son repos et celui de son mari, et Stéphen Bertal rend lui-même hommage à la

vertu de Mathilde en se brûlant la cervelle. Que ne l’a-t-il fait plus tôt ? pourrait-on s’écrier ; mais alors le drame s’effondrait dès le premier acte, faute de solives et de ciment.

« À travers cette action, dit le critique dramatique du Moniteur, M. Théophile Gautier, que nous avons cité plus haut, à travers cette action, M. Jules de Prémaray a fait fourmilier tout un monde de figures grimaçantes et de caricatures épisodiques : ce sont des revendeuses à la toilette, des marchands de bric-àbrac, des courtiers marrons, des lorettes, des grecs. Il promène son drame du Jardin d’Hiver aux enfers clandestins, et l’abandonne à chaque instant pour se livrer à quelque saillie aristophanesque, à quelque éloquente diatribe. Sa pièce en contient trois bien distinctes : la Boulangère a des écus, Mathilde et lïaymond, le Monde interlope. Tout cela s’enlace et se croise comme une natte à trois brins, dont chaque ruban reparaît à son tour ; il y a de l’intérêt quelquefois, de l’esprit partout, du "style souvent. » Après une quarantaine de représentations, la Boulangère a des écus disparut de l’affiche de la1 Porte-Saint-Martin.

Acteurs qui ont créé la Boulangère a des écus: MM. Munie,.Jean Raymond ; Alfred Baron, Stéphen Bertal; M"" »  » Page, Mathilde ; Delphine Baron, la boulangère, etc.

BOULANGER v. n. ou intr. (bou-lan-jéde boulanger, subst. ; prend un e muet devant l’a et Yo : Je boulangeai, nous boulangeons). Faire du pain : La petite Madelon refuse 25 écus de Jean Bedout, encore elle ne sait ni boulanger ni traire. (P.-L. Courier.)

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— v. a. ou tr. Pétrir et faire cuire, en parlant du pain : La grande Nanon, son unique servante, quoiqu’elle ne fût plus jeune, boulangeait elle-même, tous les samedis, le pain de la maison. (Balz.)

BOULANGER (Jean), dessinateur et graveur français, né àTroyes vers 1610, mort à Paris, dans un âge avancé. Suivant le célèbre amateur Mariette, « les gravures de Boulanger sont terminées avec tant de soin, et il y règne une si grande propreté qu’il n’y a guère d’estampes qui se fassent regarder avec plus de plaisir. » Mariette ajoute : « Ce graveur donnait toute son application à arranger ses tailles avec égalité, de manière que l’accord des ombres et demi-teintes produisît une couleur douce et agréable. Dans cette vue, sans se mettre en peine du temps qu’il lui en coûterait, il imagina d’exprimer les ombres des chairs au moyen d’une infinité de points mis auprès l’un de l’autre, comme on le pratique dans la peinture en miniature, au lieu qu’on les avait jusqu’alors représentées avec des tailles, c’est-à-dire des traits. Cette nouvelle manière (à laquelle on a donné le nom de pointillé) lui réussit assez, —et elle a été suivie depuis par plusieurs autres graveurs qui, comme lui, se sont uniquement étudiés à graver avec une extrême propreté. » Jean Boulanger a gravé, entre autres pièces : la Vierge aux œillets, d’après Raphaël ; VAnnonciation, la Vierge, l’Enfant Jésus et saint Jean, d’après le Guide ; la Vierge de Passau, d’après Andréa Solario ; diverses Madones, d’après Simone Cantarini, le Baroche, An. Carrache, Simon Vouet, P. Mignard, N. Coypel, J. Blanchard, J. Stella ; divers autres sujets religieux, d’après Séb. Bourdon, Ch. Le Brun, Cl. Le Febvre, Nie. Mignard, A. Solario, Ph. de Champagne, frère Luc, Et. Villequin, Cl. Mellan, Fr. Chauveau, etc. ; les portraits d’un grand nombre de personnages de son temps, princes, cardinaux, prélats, prêtres, moines, religieuses, etc.

BOULANGER (Nicolas-Antoine), écrivain du xvme siècle, né à Paris en 1722, mort en’ 1759. Il fut ingénieur des ponts et chaussées, apprit les langues orientales, et fut conduit à étudier les révolutions du globe par les observations qu’il fit dans les fouilles qu’il était chargé de diriger. Toutefois, ce ne fut pas au point de vue de la géologie qu’il considéra ces phénomènes, mais uniquement dans leurs rapports avec les révolutions humaines. Frappé des grands cataclysmes de la nature et de la tradition du déluge universel, il vit, dans les terreurs que ces fléaux avaient produites parmi les hommes, l’origine des superstitions et des idées religieuses. L’Écriture, l’histoire même, ne renfermaient pour lui que des symboles as—’ tronomiques. Il retrouve dans les usages de l’antiquité, dans les religions, dans les prédictions apocalyptiques, dans les idées de la fin du monde, des preuves à l’appui de ses deux interprétations de tous les faits, symboles astronomiques et terreur du déluge. Il n’a rien

publié de ses ouvrages, sinon quelques articles dans l’Encyclopédie. Son Antiquité dévoilée (1766), et ses Recherches sur l’origine du despotisme oriental (1761), ont été publiées par le baron d’Holbach, qui les a probablement remaniées et où il a mis l’empreinte de son esprit antireligieux. On a encore imprimé sous le nom de Boulanger des écrits qui ne sont pas de lui, entre autres : le Christianisme dévoilé, qui a pour auteur Damilaville. Les œuvres de Boufanger ont été réunies en 1792 (8 vol. in-8°).

BOULANGER (Marie-Julie Halligner, dame), cantatrice française, née à Paris en 1786, morte dans la même ville en 1850. Admise au Conservatoire le 20 mars 1800, dans la classe de chant de Plantade, elle reçut ensuite clés leçons de Garât. Elle débuta au théâtre de l’Opéra-Comique le 16 mars 1811, dans l’Ami de la maison et le Concert interrompu, avec un tel succès que l’administration de ce théâtre prolongea ses débuts pendant un an. Mme Boulanger joignait à la beauté de l’organe une extrême facilité de vocalisation, et un jeu rempli à la fois de délicatesse et de verve comique. Aussi les intentions fixées par elle dans certains rôles de son répertoire, notamment dons les rôles de Lisette des Evénements imprévus et de Julie des Rendez-vous bourgeois, sont devenues des traditions à l’Opéra-Comique. Mme Boulanger, qui avait autant

d’esprit que de talent, eut le bon goût d’abandonner, en 1835, les rôles trop jeunes pour son âge, ce qui ne l’empêcha pas d’obtenir, dans l’emploi des caractères, un succès qui rappelait aux vieux habitués le temps de la bonne mère Gonthier. On s’imagine trop aisément, au théâtre, que les rôles de duègne ne sont qu’un pis-aller ; une comédienne de talent n’est pas de cet avis ; elle sait que la victoire chèrement achetée n’en est que plus glorieuse pour celle qui la remporte, Mmc Boulanger quitta le théâtre en 1845. Voici la liste des rôles principaux qu’elle a créés dans divers opéras : Lucie, dans la Promesse de mariage, de Benincori ; Nanette, dans le Petit chaperon rouge ; Lucifer, dans la Clochette, opéra d’Hérold : Lucette, dans la Bergère châtelaine, d’Auber ; Rose, dans Emma, d Aubert ; Nyn-Dia, dans le Paradis de Mahomet, de Kreutzer et Kreubé ; Cicily, dans Leicester, d’Auber ; Zerbine du Muletier, d’Hérold ; Carline, dans le Concert à la cour, d’Auber ; M™6 Bertrand, dans le Maçon, d’Auber ; Jenny, dans la Dame blanche ; Suzette, dans Marie, d’Hérold ; Zerbine, dans Fio-

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relia, d’Auber ; Catherine, dans Loup-Garou, de M>1° Bertin ; Paméla, de Fra Diavolo ; Ritta, de Zampa, d’Hérold ; M’e Barneck, dans l’Ambassadrice ; Jacinthe, dans le Domino noir ; la comtesse, de Ilégine, d’A. Adam ; la signora Bochetta ? dans Polichinelle, de Montfort ; lady Pékinbrook, dans la— Reine d’un jour, d’Adam ; Manuela, dans Guitarero d’Halévy ; la comtesse, de Mina, d’Ambroise Thomas ; la marquise de "Volmerange, dans Cagliostro, d’Adam, etc., etc.


BOULANGER (Ernest-Henri-Alexandre), compositeur français, fils de la précédente, né à Paris le, 16 septembre 1815. Admis au Conservatoire en 1830, il y suivit les cours de Valentin Alkan pour le piano, d’Halévy pour le contre-point, et de Lesueur pour la composition dramatique. En 1835, il remporta le premier grand prix de composition musicale et se rendit en Italie. De retour à Paris, M. Boulanger, après avoir subi les dégoûts ui abreuvent tous les jeunes lauréats, obtint e Scribe un poëme en un acte : le Diable à l’école. Cet ouvrage, représenté au théâtre de l’Opéra-Comique, le 17 janvier 1842, obtint un fort joli succès, et c’était justice. « M. Boulanger a la mélodie facile, disait un journal de l’époque. Son instrumentation et sa facture dénotent une main exercée. » On remarqua l’ouverture, l’air de Roger (qui n’avait pas dédaigné de prêter son appui au débutant) et le trio final. Voici la.hste des autres opéras de M. Ernest Boulanger : les Deux Bergères, opéra-comique en un acte (Opéra-Comique, 1843) ; Une voix, opéra-comique en un acte, de Bayard et Charles Potron (Opéra-" Comique, 20 mai 1845) ; cette Voix était celle de M, ne Casimir, une cantatrice émérite, dont le talent assura ace petit acte un très-agréable succès ; —la Cachette, opéra-comique en trois actes (Opéra-Comique, 1847)" ; les Sabots de la 'marquise, opéra-comique en un acte, de Jules Barbier et Michel Carré (Opéra-Comique, 29 septembre 1854), œuvre pleine de grâce et de verve. Les couplets:À vous je m’intéresse sont restés populaires. Les vaudevillistes en ont fait un dé leurs timbres favoris. Les charmantes mélodies de cet opéra, où la science s’allié dans une juste mesure à l’imagination, représentent les seuls progrès enviables dans le genre éminemment français de l’Opéra-Comique. La musique a le bon goût de se borner à être l’auxiliaire des paroles ; elle n’ambitionne que la vérité et trouve le succès ; —l’Eventail, opéra-comique en un acte (Opéra-Comique, 1861), marivaudage à l’eau de rose, qui n’était guère de nature à inspirer un compositeur; le Docteur Magnus, opéra en un acte, de MM. Cormon et Michel Carré (Opéra, 9 mars 1864). Il est étrange qu’après avoir obtenu deux succès réels à l’Opéra-Comique, M. Boulanger, en désespoir de cause, ait été forcé de porter à l’Opéra une œuvre qui ne convenait à cette scène sous aucun rapport. La pièce, lourdement interprétée, fut jouée onze fois.


BOULANGER (Louis), peintre français, né à Verceil (Piémont) en 1806, mort à Dijon en 1867. Il se forma sous la direction de Lethière et d’A. Devéria, et exposa pour son début, au Salon de 1827, un Mazeppa (aujourd’hui au musée de Rouen), tableau plein d’énergie et de mouvement, exécuté dans la chaude éclosion du romantisme et auquel le jury décerna, sans doute par mégarde, une médaille de 2e classe. Cet ouvrage plaça immédiatement M. Boulanger au premier rang de la jeune école et lui valut les sympathies, les encouragements, les louanges les plus chaudes et les plus exagérées des écrivains de la pléiade romantique. Victor Hugo le prit sous son patronage et lui dédia quelques-unes de ses plus belles poésies. En retour, l’artiste s’inspira souvent du poëte et commenta ses œuvres avec le crayon et le pinceau. Au reste, les faveurs du gouvernement ne lui firent pas défaut. Il exposa, en 1833, l’Assassinat de Louis d’Orléans par le duc de Bourgogne, commande du ministère des travaux publics, et, en 1835, le Cantique de Judith, commande du ministère de l’intérieur. À dire vrai, ces ouvrages ne sont pas de ses meilleurs. Le favori du romantisme devait se sentir mal à l’aise dans la peinture officielle. Il retrouva toute sa verve pour peindre des sujets puisés dans les livres de ses amis et dans ceux des poëtes et des romanciers des autres âges, dans Virgile, Dante, le Tasse, l’Arioste, Shakspeare, Cervantes, Le Sage, La Fontaine, Walter Scott, etc. Artiste d’une inépuisable imagination et d’une main infatigable, il a pris part à toutes les expositions qui ont eu lieu de 1827 à 1866, excepté à celles de 1838, 1842, 1847, 1848 et 1864. Parmi ses nombreuses productions, nous nous contenterons de citer:Renaud dans les jardins d’Armide, la Mort et le bûcheron et les Muletiers espagnols (Salon de 1833) ; une série de brillantes aquarelles représentant des scènes tirées de Notre-Dame de Paris, de Béatrix de Cenci, de Lucrèce Borgia, d’Othello, du Roi Lear (Salons de 1833 et de 1834) ; les Noces de Gamache, composition ingénieuse et vivante (Salon de 1835); le Triomphe de Pétrarque, « poétique et splendide apothéose du génie, » suivant l’expression de Gustave Planche, peinture savante, harmonieuse, exécutée dans un style décoratif pour la galerie du marquis de Custine, et qui eut le double avantage d’inspirer à Victor Hugo une de ses meilleures pièces et de valoir à l’artiste une médaille de 1re classe:les Trois amours poétiques (la Béatrix, de Dante ; la Laure, de Pétrarque, et Orsolina, aimée de l’Arioste), « espèce de Parnasse romantique, a dit Th. Gautier, œuvre élégante, pleine de goût, de talent et de distinction, » qui fut exposée en 1840, et pour laquelle M. Boulanger reçut la croix de la Légion d’honneur ; les Bergers de Virgile et des Baigneuses (1845) ; la Douleur d’Hécube, commande du ministère de l’intérieur, Ugolin et ses fils (1858) ; le Roi Lear et son fou (1853) ; Saint Jérôme et les Romains fugitifs, seule grande composition que l’artiste ait envoyée à l’exposition universelle de 1855, où ses admirateurs ont regretté avec raison de ne pas retrouver quelques-unes de ses œuvres antérieures ; les Gentilshommes de la sierra ; le Guitarero ; la Fête au château de Lirias, et Roméo achetant du poison (1857) ; Don Quichotte et le chevrier, Othello, Macbeth, le Message (1859) ; la Rêverie de Velléda et la Ronde du sabbat (1861); Vive la joie ! sujet tiré de Notre-Dame de Paris, et un Concert picaresque (1866). M. Louis Boulanger a exécuté en outre un certain nombre de peintures religieuses:Saint Marc (1831) ; Notre-Dame de pitié (1844) ; une Sainte Famille (1845) ; Mater dolorosa (1857) ; l’Apparition du Christ aux saintes femmes (1859); une autre Sainte Famille, commande du ministère d’État (1855). On lui doit aussi une foule de très-beaux portraits et notamment ceux de divers écrivains contemporains : V. Hugo, Balzac, Alexandre Dumas père (en costume de Circassien), Alexandre Dumas fils, A. Maquet, Granier de Cassagnac, etc. Voilà sans doute une carrière laborieusement et brillamment remplie, et l’on pourrait croire que M. Louis Boulanger jouit paisiblement aujourd’hui d’une réputation incontestée ; mais, hélas ! notre génération oublie vite : c’est là son moindre défaut. Après avoir été fêté, prôné, chanté à outrance, il y a quelque vingt ans, le triomphateur des luttes romantiques a passé à peu près inaperçu aux expositions récentes. Sa verve assurément s’est refroidie, son pinceau n’a plus de ces emportements qui faisaient jadis la joie de la pléiade ; son intempérance s’est changée en sobriété ; mais on retrouve encore dans quelques-unes de ses œuvres, surtout dans ses portraits, le vaillant coloriste d’autrefois. Et d’ailleurs, ne convient-il pas de le juger seulement sur les productions de sa première manière, qui suffisent pour lui assigner une place honorable parmi les maîtres de l’école contemporaine ? — Depuis 1860, M. Louis Boulanger dirige l’école des beaux-arts de Dijon : faut-il s’étonner que, devenu professeur, il ait cru devoir adopter un dessin moins hardi et mettre une sourdine à sa palette ?


BOULANGER (Clément), peintre français,né à Paris en 1806, mort à Magnésie, sur les bords du Méandre, en 1842. Il eut pour maître M. îngres et débuta, au Salon de 1831, par les ouvrages suivants : Adieux de François i" à sa maîtresse. Institution de l’ordre de ta Toison-d’Or, Mazaniello. Il exposa depuis, entre autres ouvrages:en 1833, Nicolas Poussin senrôlant.par misère, et la Procession du Corpus Domini à Rome, « peinture décorative ; dit M. F, Lenormand, remarquable par la vivacité du ton, l’art de faire saillir les figures en pleine lumière, la gaieté de l’aspect; » en 1834, le Baptême de Louis XIII (commande de la liste civile), composition un peu confuse, mais offrant quelques parties d un beau "coloris ; en 1835, le Génie des arts préférant la misère aux grandeurs pour conserver son in- j dépendance, tableau qui, suivant M. Al. de Saint-Chéron, fait plus d’honneur aux pensées de désintéressement de l’artiste qu’à son talent ; en 1837, la Procession de la Gargouille à Rouen, et Jocelyn à la grotte des Aigles ; en 1838, Y Enfant prodigue ; en 1839, la Fontaine de Jouvence ; en 1840, Sainte Geneviève (commande du ministère de l’intérieur), SixteQuint recevant ses parents, les Vendanges du Médoc (au musée de Bordeaux) ; en 1842, le Mal des ardents. C’est par erreur que quelques biographes, entre autres Gabet et Guyot de Fère, ont attribué à cet artiste le Mazeppa de son homonyme Louis Boulanger.-Mme Marie-Elisabeth Boulanger, née Blavot, femme de M. Clément Boulanger, a exposé, de 1830 à 1842, des tableaux de genre k l’huile et à l’aquarelle ; devenue veuve, elle a épousé M. Cave et a continué, sous le nom de son second mari, à prendre part aux expositions de 1845 à 1855. V. Cavb.


BOULANGER" (François-Louis-Florimond), architecte français, né à Paris en 1807. Après avoir suivi les cours de l’École des beaux-arts, il obtint, en 1836, le grand prix d’architecture partagé avec J. Clerget. De l’Italie, où ce premier succès lui permit d’aller continuer ses études, il envoya en France uns Restauration de la maison du Faune à Pompéi, puis les Thermes de Dioctétien. Plus tard, il partit pour la Grèce et s’occupa depuis de littérature.


BOULANGER (Gustave-Rodolphe-Clarence), peintre français contemporain, né à Paris en 1824, élève de Paul Delaroche et de M. Jollivet, exposa, en 1848, un portrait et deux petites scènes ethnographiques : un Café maure et des Indiens jouant avec des panthères. L’année suivante, il envoya au Salon uns composition mythologique, Acis et Galatée, et remporta le premier grand prix de Rome. Il

profita de son séjour en Italie pour faire de sérieuses études archéologiques. De retour.

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