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tion. Il a revu, corrigé et publié la traduction française du Dictionnaire universel de médecine de James (6 vol. in-fol.).

BUSSON (Charles), paysagiste français contemporain, né h Montoire (Loir-et-Cher) vers 1825, s’est formé sous la direction de Rémond et de M. Français, Il a débuté, au salon de 1846, par une Vue des environs de Sassenage, et a exposé depuis : les Bords du Loir et un Souvenir d’Auvergne, en 1852 ; une Coupe de bois en Touruine et les Foins, en 1853 ; les Environs de Montoire, tableau d’une grande simplicité de lignes et d’un coloris frais et brillant, en 1855 ; le Gué, en 1857 ; les Landes près de Tartas, composition d’un caractère grave et recueilli, d’une perspective savante et d’une franchise d’exécution des plus remarquables ; une autre Vue des Landes et une toile vigoureusement brossée, Avant l’orage, en 1859 ; le Soir sur les bords du Loir, un Coucher de soleil et un Orage dans les Landes, en 1863 ; le Lever du soleil sur la hier et le Soir, en 1864 ; une Journée d’automne et une Chasse au marais, compositions d’un sentiment très-juste et d’une facture très-large, en 1865 ; le Retour du garde-chasse, en 1866. M. Busson a obtenu quatre médailles de 3e classe, en 1855, 1S57, 1859 et 1863.


BUSSON-DESCARS (Pierre), ingénieur français, né en 1764 à Bauge, mort en 1825. Il entra dans les ponts et. chaussées, devint ingénieur et fut employé à Tulle dans la dernière année de sa vie. On a de lui : Essai sur le nivellement (Paris, an XIV, 1805, in-8°) ; Traité du nivellement (Paris, 1813) ; Essaisur la cubature des terrasses (Paris, 1818, iii-8°).


BUSSONE. V. Carmagnola (François).


BUSSY (LE), petit pays de France, dans le Forez, "partie de l’ancienne province du Lyonnais ; Allien-en-Bussy en était la principale localité, comprise aujourd’hui dans le canton de Boen, arrond. de Montbrison (Loire).


BUSSY (Antoine-Alexandre Brutus), pharmacien chimiste, né à Marseille en 1794. Il fut reçu docteur en 1832. Il est directeur de l’école de pharmacie, membre de l’Académie de médecine et membre libre de l’Académie des sciences. On lui doit les procédés pour liquéfier l’acide sulfureux, le chlore et divers gaz regardés jusqu’alors comme fixes. Outre de nombreux articles dans le Journal de pharmacie et quelques ouvrages en collaboration avec MM. Lecanu, Orfila, etc., il a donné, avec M. Boutron-Charlard, un Traité des moyens de reconnaître les falsifications des drogues, etc., 1829,


BUSSY D’AMBOISE (Louis de Clermont de), gentilhomme français, vivait dans la deuxième moitié du XVIe siècle. Pendant les massacres de la Saint-Barthélemy, il égorgea son parent, Antoine de Clermont, avec lequel il avait un procès d’intérêt. Devenu, par la protection du duc d’Anjou, commandant du château d’Angers, il voulut séduire la femme du comte de Montsoreau, qui l’attira dans un piège et le tua.


BUSSY-CASTELNAU (Charles-Joseph Pâtissier, marquis dk), lieutenant général, né à Bucy, près de Soissons, en 1718, mort à Pondichéry en 1785. Il s’est acquis une grande célébrité dans les luttes de l’Inde entre la France et l’Angleterre. Avec une poignée de Français et 10,000 Indiens, il conquit la province de Garnute, fit lever aux Anglais le siège de Pondichéry (1748), mais fut fait prisonnier par eux sous le gouvernement de Lully. Attaqué dans les mémoires de ce général, il devint à Son tour son accusateur. Il eut ensuite le commandement des forces de terre et de mer au Cap de Bonne-Espérance, poste dans lequel il seconda vaillamment le bailli de Suffren.

BUSSY-LECLERC (Jean), fougueux ligueur et l’un des seize. Il avait été maître d’armes, puis procureur ; le duc de Guise le fit nommer gouverneur de la Bastille pendant la Ligue. En 1589, à la tête d’une troupe armée, il arrêta en plein parlement les magistrats qui refusaient de seconder les violences des ligueurs, fut un des instigateurs du supplice de Brisson et des autres conseillers (1591), obtint son pardon de Mayenne en lui livrant la Bastille, et se retira à Bruxelles, où il vécut encore quarante ans de sa profession de maître d’armes.


BUSSY (Roger de Rabutin, comte de), homme de guerre et écrivain français, mais avant tout homme d’esprit, né à Epiry le 13 avril 1618, mort à Autun le 9 avril 1693. Il était fils d’un mestre de camp qui remplissait les fonctions de lieutenant du roi dans le Nivernais, et il avait eu pour parrain le gouverneur de Bourgogne ; Roger de Saint-Lary, duc de Bellegarde, grand écuyer de France, exmignon de Henri III et ex-favori de Louis XIII. En 1635, il entra dans la carrière militaire en qualité de capitaine de la première compagnie du régiment de son père. Celui-ci étant tombé malade et se croyant près de mourir le mit au courant de. ses affaires, et, entre autres choses, lui parla d’un prêt assez important fait, sans autre garantie que la bonne foi du débiteur, au médecin Guénaut, à ce docteur original qui allait visiter ses malades h cheval, et dont Boileau disait :

Guénaut sur son cheval en passant m’éclabousse.

Bussy, à qui les loisirs d’un congé avaient permis de se rendre à Paris, s’y laissa en BUSS

traîner dans des désordres de toute nature. Ayant épuisé sa bourse au brelan, il eut recours à celle de Guénaut. Sur ces entrefaites, arriva le père Bussy, qui s’était relevé de sa maladie, et qui, trouvant sa créance diminuée de 3,000 livres, renvoya Monsieur son fils à l’armée ; mais, considérant le peu de forces qui lui restaient, il résigna son brevet au profit de sa géniture.

Le nouveau mestre de camp, qui ne comptait pas plus de vingt années, se signala d’abord par un duel qui fut suivi de mort d’homme. Il prit ensuite une maîtresse, pour trancher du gentilhomme accompli ; c’était une veuve qui avait cinq ans de plus que lui. Ils étaient d’abord fort épris l’un de l’autre ; mais voilà que tout à coup le jeune Bussy se met à songer a la différence d'âge qui les sépare, et il se décide à rompre brutalement. La veuve, frappée au cœur, tombe dangereusement malade, et Bussy apprend que les médecins désespèrent de sa vie. Pour se consoler, il part pour Châlons, où il avait une parente mariée a François du Rallier, le futur maréchal de L’Hôpital. Cette parente n’était autre que la jolie Charlotte des Essarts, qui, après avoir été une des maîtresses dé Henri IV, avait subjugué ie cardinal de Guise. Cette femme était la rouerie incarnée : elle entreprit l’éducation de Bussy. Celui-ci, voulant traduire sur l’heure en actions les préceptes de son professeur, s’attaqua à la propre fille de Mm« du Hallier ; mais il éprouva un échec, dont il serait téméraire de faire un mérite à la vertu de sa jeune cousine, car, devenue la femme de Claude Pot, grand maître des cérémonies de France, elle s’illustra par ses galanteries. Bussy fut plus heureux à Moulins, où il rencontra une comtesse de seize ans qui ne demandait qu’à tromper un mari vieux et laid. Il était encore tout enivré de ce triomphe facile, lorsqu’il reçut l’ordre de se rendre à Paris', pour répondre à une accusation de faux saunage portée contre lui. Dans cette circonstance, le mestre de camp payait pour ses soldats, qui, livrés a eux-mêmes, avaient fraudé la gabelle ; Bussy était un roué, mais ce n’était pas un coquin : il passa cinq mois à la Bastille. Lorsqu’il en sortit (juin 1641), il recueillit, non sans peine, les tronçons de son régiment, taillé en pièces à la bataille de Sedan. Après l’avoir réorganisé, il revint à Paris, où, pour couper court à une amourette qui prenait des proportions trop sérieuses, son père lui fit épouser une cousine très-riche, Gabrielle de Toulongeon, fille du gouverneur de Pignerol.

En 1644, Bussy succéda à Mauvilly dans la charge de lieutenant de la compagnie de chevau-légers du prince de Condé. Bientôt après, son père, à son lit de mort, lui faisait obtenir celle de lieutenant du roi en Nivernais, et le prince de Condé le gratifiait, en outre, de la dignité de conseiller d’État. Notre lieutenant partit, sous les ordres de ce dernier, pour le siège de Mardick, où il fit preuve d’un grand sang-froid. En décembre 1646, il perdit sa femme, après trois ans de mariage. Dans le même mois mourut Condé, dont le fils confirma Bussy dans sa lieutenance de la compagaie de chevau-légeis. Celui-ci suivit son nouveau chef dans la campagne de Catalogne, puis sur la frontière de Picardie. À ce moment, sa famille le pressait de se remarier. Comme on avait parlé devant lut d’une bourgeoise belle et riche à millions, qui s’appelait Mme de Miramion, il prit langue avec le confesseur de cette dame, un frère de la Merci nommé Clément. Celui-ci soutira au prétendant 2,000 écus, sous prétexte de gagner l’entourage de sa pénitente. Pendant ce temps, Condé attendait a. Péronne son lieutenant, qui fut obligé d’aller le rejoindre. Trois semaines plus tard, Bussy recevait une lettre du frère Clément, qui lui annonçait que M™<= de Miramion ne demandait pas mieux quede lui accorder sa main, mais que, comme ses parents s’opposaient à cette union, elle désirait qu’on lui fît un simulacre de violence. Bussy s ouvrit à, ce sujet au prince de Condé, qui, pour le mettre à même d’exécuter son projet, l’envoya porter à la cour la nouvelle de la capitulation d’Ypres. Là notre Lovelace apprit que sa Clarisse se disposait a aller faire ses dévotions au mont Valérien, et il résolut de l’arrêter au milieu du bois de Boulogne ; mais il rencontra une résistance qui prouvait que le frère de la Merci, sans doute élevé à l’école de Basile, l’avait indignement trompé. Mm" de Miramion se déchira les mains aux vitres du carrosse, qu’elle s’efforçait de briser pour crier à l’aide et échapper à son ravisseur. Bussy, qui connaissait l’histoire des saules, tint bon et conduisit sa conquête au château de Launay, près de Sens ; mais voyant que Galathée continuait à, le repousser, il lui rendit sa liberté. Cet enlèvement fit un grand scandale ; la famille de M»ie de Miramion intenta un procès qui n’eut pas de suite, grâce à l’intervention au vainqueur de Lens, lequel, peu de temps après, sans que l’on sut pourquoi, se tourna contre Bussy et lui demanda sa démission de lieutenant de sa compagnie de ehuvau-légers.

C’était aux premiers jours de. la Fronde. Bussy ne s’y mêla pas d’abord, occupé qu’il était d’un nouveau mariage, qui eut lieu en mai 1650. Sa seconde femme était M’e de Rouville, fille du chevalier d’honneur de la duchesse de Montpensier. Les noces étaient à peine terminées, que, vaincu par l’insistance de ses amis, Bussy entrait dans le parti des princes. Il en fut récompensé par un brevet de maréchal de camp, que lui envoya la princesse de

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Condé ; mais il n’eut pas à se louer du prince lui-même : à sa sortie de la Bastille, Condé ne l’aborda que pour remettre sur le tapis la question de sa démission, qui n’avait pas été résolue, parce que Guitaut, le successeur choisi par Condé, n’avait pu lui payer.sa charge. Bussy, poussé par une rancune fort légitime, n’eut garde de répondre à l’appel du prince, lorsqu’il réclama l’appui de ses partisans pour une autre levée de boucliers. Il offrit son épée à Mazarin, et eut mission d’aller avec Palluau garder le Nivernais. Le roi, de son côté, lui avait donné un brevet de maréchal de camp, et il fut si satisfait de ses services, que, Palluau ayant été nommé maréchal de France, il l’autorisa à acheter la charge de mestre de camp de la cavalerie légère, qui lui fut vendue 90,000 écus.

Bussy débuta en cette qualité, à. l’ouverture de la campagne de 1653, sous les ordres de Turenne. Celui-ci conçut, à première vue, contre lui une prévention profonde, qui ne fît qu’augmenter par l’attitude indépendante de celui qui en était l’objet. L’année suivante, il passa au service du prince de Conti, très-friand d’anecdotes scabreuses, et avec lequel il ne pouvait manquer de s’entendre. Il y gagna le brevet de lieutenant général. On prétend que ce prince mit la main dans sa Carte du puys de Bracquérie, critique sanglante des dames de la cour. Mais Bussy fut contraint dt le quitter et de retourner sous le commandement de Turenne, qui partait pour la Flandre et qui lui montra la même répugnance. Il s’en vengea par des couplets qui firent dire à son chef qu’il était le meilleur officier de l’armée... pour les chansons. Mais cette situation pesait a Bussy ; elle se compliquait d’une gêne qui provenait de dépenses exagérées. Il menait grand train : chaque campagne lui coûtait au moins 20,000 écus. Or, au commencement de celle de 1658, il n’en avait pas plus de 10,000 à sa disposition. Il recourut a sa cousine, dont n’ayant pu faire sa femme, il avait voulu faire sa maîtresse, aussitôt qu’elle avait été mariée. Mme de Sévigné, qui avait eu l’esprit de convertir ce méchant amour en belle et bonne amitié, allait envoyer à Bussy 10,000 écus, lorsque son oncle, 1 abbé de Coulanges, qui s’était institué le directeur de sa maison, lui fit comprendre qu’elle n’avait pas le droit de gaspiller ainsi la fortune de ses enfants. Ce fut M">c de Montglas, dont Bussy était l’amant depuis quatre années, qui tira d’em-Jbarras le besoigneux mestre de camp, en lui envoyant ses pierreries. Bussy se hâta de les mettre en gage, et arriva à son poste la veille de la bataille des Dunes, où il eut l’honneur d’obliger Condé à battre en retraite. Ce succès et ses protestations de dévouement lui donnèrent un relief qui eût pu le mener loin ; mais ileompromittout avec une déplorable légèreté, d’abord par sa participation a l’orgie du château de Roissy, où, dit-on, le jour du vendredi saint, un petit cochon de lait fut baptisé, puis par cette débauche d’esprit, l’Histoire amoureuse des Gaules, qu’il composa en Bourgogne pour égayer Ma« de Montglas, pendant l’exil que lui avait valu l’indignation bruyante des dévots. Il avait eu l’imprudence de confier son manuscrit à la marquise de La Baume, qu’il avait quittée pour Muie de Montglas, et qui en fit circuler des copies dans les ruelles. Des ennemis puissants se plaignirent au roi, qui fit enfermer Bussy à la Bastille. Il s’abaissa vainement à d’humiliantes supplications qu’il adressa à Louis XIV ; il n’obtint sa liberté que grâce au dévouement de sa femme. Exilé de nouveau en Bourgogne, il attira autour de lui les gentillâtres du pays, dont il se fit une sorte de cour, pour s’illusionner lui-même. Il correspondait avec Mme de Sévigné, qui, ayant pardonné les pages fort malséantes iju’il lui avait consacrées dans son pamphlet, lui racontait les nouvelles du jour. On dirait, en lisant les lettres qu’il écrivit a. sa cousine, qu’elle lui communiquait une partie <ie son esprit si franc et si fin : il lui donne la réplique sans trop de désavantage. Entre temps, il essayait de fléchir le roi pour qu’il lui fût accordé de reprendre son rang a la cour. Louis XIV ne consentit à le recevoir qu’en 1682 ; Bussy était alors âgé de soixante-quatre ans.

Une dame disait de Bussy : «11 y a tant d’amour-propre dans tout ce qu’il, écrit, que cela fait mal au cœur ; il pue la vanité. » C’était en effet un Narcisse de cour ; il s’aimait, il s’estimait comme pas un. Il avait toutes les prétentions : celle de la plus haute naissance, celle du génie, celle de la figure et du courage et celle de l’homme à bonnes fortunes. Comme courtisan, comme militaire, comme écrivain, il croyait n’avoir point d’égal ; cela allait au point qu’il s’estimait, comme général, supérieur à Turenne. Il conservait ce ton avantageux jusque dans ses lettres à Louis XIV. Il montra cependant une modération intelligente en une grave occasion : il avait critiqué l’épître de Boileau sur le passage du Rhin ; on sait combien cette épître plut au roi, qui ordonna que le poète lui tût présenté. Bussy, l’imprudent Bussy, railla Boileau sur plusieurs passages de cette épître ; il railla surtout le poëte sur l’endroit où il dit que si le roi continuait à prendre tant de villes, il n’y aurait plus moyen de le suivre, et qu’il faudrait que lui, Boileau, allât l’attendre aux bords de l’Hellespont. Bussy plaisanta sur le dernier mot, et mit au bout : Tarare pon pon... Boileau en fut informé ; un ennemi de plus, même un grand seigneur, n’effraya point le satirique. Il se disposait à ne pas mieux traiter

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Bussy que ses autres ennemis ; mais le comte le sut, et fit promptement négocier la paix. II écrivit à Despréaux, qui s’empressa de lui répondre, et ils s’adressèrent des lettres pleines de témoignages d’estime et même d’amitié. D’ailleurs, Bussy ne manquait ni d’esprit ni de goût, Tout grand seigneur qu’il était, il sentait toute la valeur de Boileau, et il n’était f>as.de ceux qui font fi d’un trait satirique à eur adresse. Toutefois, une occasion s’était présentée où le nom de Bussy était venu naturellement sous la plume de ce naïf Boileau, qui, d’après la prédiction paternelle, ne devait jamais dire de mal de personne. Parlant du danger que l’on court en épousant une femme coquette, il avait écrit les vers suivants dans sa satire vnie, sur l’homme :

Moi ! j’irais épouser une femme coquette ! J’irais, par ma constance, aux affronts endurci, Me mettre au rang des saints qu’a ctîlêbrés Bussiî

On sait, hélas ! quelle sorte de saints le comte a célébrés. Le trait n’était pas trop méchant ; néanmoins il rappelait h Bussy la cause de sa disgrâce. Dans son Histoire amoureuse des Gaules, il avait raconté les amours du grand Alexandre (Sa Majesté Louis le Grand) ; il avait chantonné ces vertueuses dames, qui, avec le roi Soleil, faisaient de leurs maris des saints, comme tout exprès pour que Bussy les célébrât ; il en avait chantonné la plupart, même les plus innocentes, comme Mlle de La Vallière, qui, elle au moins, n’avait pas da mari à sanctifier ; il avait dit d’elle :

Que Déodntus est heureux

De baiser ce bec amoureux

Qui d’une oreille a l’autre va ! Alléluia !

Boileau eût peut-être sacrifié son vers s’il n’eût été pour ainsi dire étranger aux passions violentes et haineuses soulevées par lo tableau trop ressemblant que Bussy avait fait des mœurs de la cour. Le comte ne se tâcha point ; il sentit que Boileau ne l’avait pas nommé pour le blesser, et il le défendit même à ce sujet contre les attaques passionnées de la veuve de Scudéry.

Malgré les torts du cher cousin de M'1"" de Sévigné, on ne peut méconnaître son mérite. On estime peu ses maximes d’amour, mais il a fait d’assez jolis vers, et ses épigrammes, imitées de Martial, sont, pour la plupart, très-bien tournées. En somme, le comte de Bussy était qn homme d’esprit, qui a eu le tort de se trop' complaire dans la peinture des mœurs corrompues de son temps, dont le roi, qui

fratiquait avec gravité et presque dévotement adultère, ne voulait pas qu’on parlât légèrement. C’était un de ces hommes spirituels, légers, vaniteux, en qui s’incarne le mieux le caractère français, qui trouvent en eux assez de ressource pour réparer une sottise en en commettant une plus grande.

Outre son Histoire amoureuse des Gaules, Bussy a laissé des Mémoires qui présentent fort peu d’intérêt ; une Histoire abrégée de Louis le Grand, qui n’est qu’une plate flatterie ; un Discows à ses enfants, où il fait un étalage ridicule d’une morale et d’une piété d’emprunt ; enfin, une volumineuse correspondance publiée par le P. Bouhours.

Bussy eut deux filles de sa première femme : l’une, qui était entrée en religion et qui devint supérieure d’un couvent de Saumur ; l’autre, Louise-Françoise de Rabutin, dont il ne se sépara jamais, naquit en 1642 et mourut en 1716. Elle se maria, le 5 novembre 1675, avec Gilbert de Langhéac, marquis de Coligny, qui mourut l’année suivante, laissant un fils, Marie-Roger d’Andelot. Un petit gentilhomme bourguignon, appelé La Rivière, s’éprit de la jeune veuve, et, payé de retour, la décida a. s’unir secrètement à lui. Bussy n’apprit ce mariage que par la grossesse de sa fille. Froissé dans son orgueil, car nourri dans le sérail, il n’en approuvait pas les détours, il se montra tellement exaspéré que La Rivière, craignant un esclandre, s’enfuit à Paris. Louise de Rabutin publia, sans' y mettre son nom, un Abrégé de la vie de saint François de Sales (1699), et une Vie de M">e de Chantai (1697).

Deux fils et une fille étaient nés du second lit. L’aîné, Amable-Nicolas de Bussy-Rabutin, eut le titre de marquis, et le roi lui donna une compagnie ; mais, comme son père, il s’attira de nombreuses inimitiés, et finit ses jours dans l’exil. — L’autre fils, Michel-Celse-Roger dk Rabutin, mort en 1736, devint évêque de Luçon, et entra à l’Académie en 1732. Homme d’esprit, il fut honoré de l’amitié de Voltaire, et le charme de ses manières lui mérita le surnom de Dieu de la bonne compagnie. — La fille, dont Mule de Sévigné était la marraine, épousa, en 1677, le marquis de Lassay, après avoir été chanoinesse de Remiremont.

Bussy-Rabutin (CORRESPONDANCE DE). SùUS

les façons de l’homme de cour et de l’homme du monde, le célèbre Bussy avait un bon sens et un degré d’esprit naturel qui lui permettaient de « juger plus finement des choses que tout le savoir enrouillé des pédants, » comme dit Molière dans la Critique de l’École des femmes. C’est qu’en effet la science de la vie se cache parfois aussi bien soûs un point de Venise et sous un chapeau à plumes, que sous une perruque courte et un rabat uni ; et cette science en vaut bien d’autres, n’en déplaise à la philosophie. La Correspondance do Bussy est, a ce point de vue, un livre presque