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vertes en 1699 par Dampier, et de nouveau visitées en 1T6S par Carteret. La population de tout l’archipel est évaluée à 100.000 habitants de la race des Papous. Il On donne encore le nom de Nouvelle-Bretagne à l’ensemble des possessions anglaises dans l’Amérique du Nord, qui comprennent a l’E. : le Labrador, la Nouvelle-Galles septentrionale, la Nouvelle-Galles méridionale, le haut et le bas Canada, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et les

îles de Terre-Neuve ; au centre, les vastes contrées habitées par les Esquimaux, et cette multitude de tribus indiennes qui occupent le territoire compris entre les montagnes Rocheuses et la mer d’Hudson ; à l’O., la Nouvelle-Calédonie, et les îles nombreuses qui

bordent les côtes de l’océan Pacifique, l’île de Vancouver, l’île de la Princesse-Charlotte, etc. ; enfin, au N. les îles et les terres encore peu visitées qui appartiennent aux régions polaires. Cette immense région, comprise entre 42" 12’ et 76° 10’ de lat. N., et entre 53° 10’ et 133° 30’de long. O., est bornée au N. par la mer Polaire, au N.-E. et à l’E. par la mer de Baffin et l’océan Atlantique ; au S., elle est séparée des États-Unis par la rivière Sainte-Croix, le fleuve Saint-Laurent, les grands lacs Ontario, Erié, Huron, Supérieur, la rivière et le lac de la Pluie, une portion des monts Rocheux ; a l’O., elle est baignée par l’océan Pacifique, et séparée de l’Amérique russe par la rivière Makensie. Sa longueur de l’E. À l’O. est évaluée à 5,200 kilom., et sa largeur à 3,400 kilom. ; superficie, 17,680,000 kilom. carrés. Quant à la population de cette vaste contrée, on porte à 700,000 le nombre de ses habitants d’origine européenne ou africaine, répartis au S.-E. ou dans les forts et les comptoirs de commerce ; on ne connaît pas, même approximativement, le nombre d’Indiens qui composent les tribus sauvages de cette partie de l’Amérique. Les possessions anglaises de l’Amérique du Nord sont ordinairement divisées en cinq parties : le Canada, avec Terre-Neuve et la NouvelleÉcosse ; le Labrador, avec le Maine oriental ; la Nouvelle-Galles méridionale et la Nouvelle-Galles septentrionale ; le Nouvel-Hanovre et le Nouveau-Cornouaillesj et, enfin, les immenses solitudes comprises entre ces deux dernières régions. Pour les détails géographiques, fleuves, lacs, montagnes, etc., de ces diverses contrées, voyez chacun de ces mots.

bretAILLER v. n. ou intr. (bre-ta-llé ; M mil.—fréquentatif de. bretter). Faire le bretteur, fréquenter les salles d’armes ; se battre fréquemment en duel.

bretailleur s. m. (bre-ta-fleurj II mil.

— rad. bretailler). Celui qui bretaille, qui met l’épée à la main pour le motif le plus futile : Sans se débotter, il reprend son chapeau, receint son épëe, va trouver le chevalier de Griasgue, un spadassin, un bretailleur, le provoque et la tue. (Alex. Dum.)

bretaudé, ÉE (bre-tô-dé) part. pass. du v. Bretauder. Tondu inégalement ; Drap bretaudé. H Tondu très-court : Cheveux bre-

TAUDÉS.

— Cheval bretaudé, Cheval dont on a taillé, raccourci les oreilles.

BRETAUDER v. a. ou tr. (bre-tô-dé — rad. bertaud). Autrefois, Tondre irrégulièrement, couper les cheveux ou les poils d’inégale longueur : Qui" vous a bretaudé ainsi ? Madame de Nevers vint chez madame Ventadour, coiffée à faire rire ; la Martin Savait bretaudée par plaisir comme un patron de mode, tous les cheveux coupés sur la tète et frisés par cent papillotes. (Mme de Sév.)

— Par ext. Châtrer : Bretauder un cheval. il Mutiler en général, priver de quelque partie du corps, comme la queue, les oreilles, etc. : Bretauder un chien, il On dit également ber-

TAUDER, BERTOUDER et BRETOUDER.

— Manég. Bretauder un cheval, Lui tailler et raccourcir les oreilles : Les maquignons bretaudent quelquefois les chevaux qu’ils mettent en vente, pour masquer des défauts.

BRETEAU s. f. (bre-to). Pêch. Variété d’anguille que l’on pêche en assez grande quantité dans la rivière de l’Eure.

BRETÈCHE OU BRETESCHE S. f. (bre-tè che— de l’anc. allem. brett-tach, composé de brett, ais, planche, madrier, et de tach, couverture, toiture, appentis. Ces racines, avec les mêmes significations, se trouvent aussi en tudesque, islandais, hollandais, danois, suédois et anglais). Ane. fortif. Sorte de fort en charpente que l’on élevait souvent, au moyen âge, pendant les sièges, en arrière de la brèche, pour permettre à la garnison de prolonger la défense, il Galerie en bois que Von établissait, au xne et au xm1e siècle, au haut des tours et des courtines, pour permettre à l’assiégeant de battre le pied du rempart : dans ce cas, bretèche était synonyme de hourd.

— Archit. Espèce de balcon en bois que, pendant le xve siècle et plus tard, on plaçait sur la façade des hôtels de ville, et d’où les magistrats municipaux faisaient les publications officielles, ce qui s’appelait bretéquer.

— Blas. Se dit d’une rangée de créneaux, sur une fasce, une bande ou un pal, ou sur les côtés de l’écu. Il On dit aussi bretasse,

BRETESSE et BRETÈQUE.

— Encycl, Nous avons dit qu’on appelait bretèche, au moyen âge, un fort en charpente

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élevé en arrière de la brèche, afin de~ prolonger la défense, ou une galerie en bois établie par l’assiégeant pour battre le pied du rempart. Nous aurions peut-être mieux fait de dire que ce mot bretèche désignait tout ouvrage de fortification muni de créneaux. Les écrivains militaires du temps passé ne donnent point la définition précise du mot, et le blason est peut-être le seul guide à suivre pour arriver a en connaître la vraie signification ; or, en blason, toute pièce est dite bretessée, quand elle est munie de créneaux, haut et bas alternativement. Les créneaux étaient le signe héraldique d’une fortification quelconque ; des créneaux placés alternativement au-dessus et au-dessous indiquaient probablement que la pièce dont il s’agit avait plusieurs étages de galeries crénelées, qu’elle offrait les moyens de tirer sur l’ennemi à diverses hauteurs sans être atteint par ses projectiles, ou peut-être qu’elle était défendue dans toute son enceinte supérieure par des murs crénelés, et par des parties pleines alternativement. On ne peut ici que former des conjectures plus ou moins vraisemblables.

Bretèche (la grande), roman par H. de Balzac. V. Scènes de la vie privée.

BRETÈCHE (de la), officier français, mort à Madagascar en 1672. D’origine bretonne, il embrassa la carrière militaire ; niais ayant été réformé, lorsqu’il n’était encore que lieutenant, il se rendit à Madagascar, épousa la fille de La Caze, major général de la colonie française, et lui succéda dans son commandement. Une révolte ayant éclaté parmi les indigènes, avec un caractère des plus menaçants pour les colons, de La Bretèche, chargé du commandement en chef, envoya sa famille au fort Dauphin, et resta seul avec quelques Français, espérant conjurer l’orage, grâce à l’alliance d’un des principaux chefs de l’île j mais, assailli subitement, il fut massacré avec une grande partie de ses compatriotes.

BRETELLE s. f. (bre-tè-le. — L’origine étymologique de ce mot est probablement germanique ; il rappelle d’assez près le brittil de l’ancien haut allemand, signifiant bride). Sorte de lanière plate et plus ou moins large, en cuir ou en étoffe^ que l’on passe sur l’épaule, et qui sert a porter un sac, une hotte, un brancard, etc. : Les bretelles d’un porteur d’eau. Arranger la bretelle de son fusil. Je n’avais point oublié mon sac, dont les bretelles me coupaient les épaules. (Chateaub.)

— Particulièrem. Lanière qui, passant sur l’épaule, soutient le pantalon ou une autre pièce de vêtement : Une paire de bretelles. Le premier soin des gendarmes est d’enlever les bretelles à ceux qu’ils arrêtent, afin de leur rendre la fuite plus difficile. Bans certaines contrées, les paysannes assujettissent leur jupon avec des bretelles.

— Prov. Il en a jusqu’aux bretelles, par dessus tes bretelles. Il est fort engagé dans de mauvaises affaires, il Se dit aussi d’un homme complètement ivre.

— Art milit. Les bretelles, Châtiment que l’on infligeait autrefois aux soldats, et qui consistait à les faire passer entre deux haies de camarades, qui les frappaient à coups de bretelles de fusil. Châtiment qui était analogue à celui de la bouline chez les marins.

— Techn. Bout de sangle qui s’attache d’une part à la poitrinière, de l’autre au haut du châssis du métier, et sur lequel l’ouvrier passementier s’appuie par l’extrémité des épaules.

— Pêch. Filet pour prendre les chiens de mer.

— Encycl. L’introduction des bretelles parmi les accessoires de la toilette des hommes ne date que du jour où les pantalons devinrent à la mode ; les hauts-de-chausses et les culottes, dont le règne a duré.pendant une longue suite de siècles, s’attachaient par le haut au moyen d’une ceinture plus ou moins serrée autour du corps, et par le bas au moyen de rubans qui se nouaient au-dessous du genou. Passant sur chaque épaule, et rattachées au pantalon par des boutons, les bretelles maintiennent à la hauteur convenable ce vêtement, que la pruderie anglaise appelle inexpressible, et qui, sans un tel soutien, risquerait de laisser traîner ses jambes sur nos chaussures. Néan moins, les gens qui aiment à être à l’aise : les artistes, les étudiants et les jeunes gens, en général, professent aujourd’hui une grande répugnance pour les bretelles, qui n’ont, en effet, rien de gracieux. Mais ou les bretelles jouent encore jin grand rôle, c’est dans les circonstances où une jeune fille, une femme nouvellement mariée, sont dans la coutume de faire un cadeau à un père, à un mari, à un oncle, à un protecteur. Le premier jour de l’an, le jour de la fête, voient surgir d’élégantes bretelles brodées en secret par une main chérie. Les bretelles partagent avec les pantoufles le privilège de constituer le fond’ principal de ces surprises filiales ou conjugales. Quelquefois, il faut bien l’avouer, la fameuse paire de bretelles qu’on croit brodée dans le silence des nuits a été tout simplement achetée chez le marchand de nouveautés du coin, à beaux deniers comptants ; mais cette petite supercherie n’ôte rien au plaisir de celle qui les donne et de celui qui les reçoit.

Autrefois, les bretelles étaient toutes intérieurement garnies d’élastiques en fil de laiton ; mais, depuis l’invention du caoutchouc,

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ce dernier produit a remplacé le ressort à boudin. La mode a tout aussi bien soumis les bretelles a son empire que les autres parties de l’habillement ; on les vit tour à tour en lisières (ce fut la première forme), puis en étoffe, en peau, et de nombreux perfectionnements n’ont cessé d’y être apportés, en attendant qu’une innovation, que beaucoup de gens regarderaient comme un progrès, les supprime tout à fait.

Mais les bretelles ne servent pas seulement à soutenir le pantalon ; elles sont et resteront toujours utiles à une foule d’artisans pour aider à porter des civières, des hottes, des sacs, etc. Elles ont aussi leur utilité manifeste dans diverses parties de l’équipement militaire ; les fusils et les mousquetons ont des bretelles ; c’est au moyen de bretelles que nos soldats portent le havre-sac où ils mettent leurs effets quand ils sont en marche, et nos tambours ont ce qu’on appelle des bretelles porte-caisse, qui leur servent à porter leur caisse sur le dos dans certaines circonstances. Les bretelles de fusil sont composées d’une courroie ou bande, d’une lanière et d’une boucle ou demiboucle ; elles permettent au soldat de porter l’arme à la grenadière, c’est-à-dire en bandoulière, quand, les circonstances l’exigent ; elles sont habituellement tendues et serrées contre le fusil, la demi-boucle à la hauteur de la capucine. — Les bretelles furent un instrument de correction en usage dans l’armée française jusqu’à la Révolution de 1789 ; les soldats qui se rendaient coupables de certains délits étaient condamnés aux bretelles, et par suite à l’expulsion du régiment avec cartouche jaune. Ce châtiment était infligé par les grenadiers, qui avaient seuls la prérogative de l’appliquer. Le patient était placé au milieu d’une double haie d’exécuteurs, qui faisaient pleuvoir sur ses épaules et ses reins des coups de bretelles. Cette exécution était considérée comme infamante. Elle fut abolie en 1789 dans l’armée française ; mais les corps suisses n’étant pas soumis à la législation française, on vit encore, en 1790, deux soldats du régiment de Châteauvieux passés par les bretelles à Nancy ; ce fut la dernière exécution de ce genre.

BRETELLES s. f. (bre-tèl-lé — rad, bretelle). Nom donné, dans les chantiers de construction, à l’ensemble ou équipe des hommes chargés du transport des matériaux, parce qu’ils se servent de courroies appelées bretelles } pour manœuvrer le bard a bras ou le bard a roues.

BRETELLERIE s. f. (bre-tè-le-rî — rad. bretelle). Fabrique et commerce de bretelles, jarretières, ceintures et autres ouvrages analogues.

bretelliÈre s, f. (bre-tè-liè-re). Pêch. Filet légèrement leste et flotté, dont les mailles sont moins larges que celles du filet appelé folle, et que l’on tend de façon à ce qu’il fasse des plis, tant dans le sens vertical que dans le sens horizontal,

BRETENOCX, bourg de France (Lot), ch.-l. de cant., arrond, et à 40 kilom. N.-O. de Figeac, sur la Cère ; pop. aggl. 902 hab. —pop. tôt. 1,101 hab. Ce bourg, situé à l’entrée dune riche plaine arrosée par la Dordogne, conserve encore une partie des murs qui l’enfermaient autrefois ; l’enceinte, apeu près carrée, était percée de quatre parties qui n’ont pas trop souffert des injures du temps.

bretèque s. f. (bre-tè-ke). A signifié Halle, place publique, marché.

— Fortif. Syn. de bretèche.

— Ane. législ. Se disait, dans le nord de la France, du lieu où l’on affichait les actes de l’autorité publique.

bretesse s. f. (bre-tè-se). Syn. de bretèche.

bretessé ée (bre-tè-sé) part. pass. du v. Bretesser. Blas. Se dit du pal, de la fasce, de la bande et des autres pièces honorables, le chef excepté, qui sont crénelées des deux côtés : D’Aux : D azur, à une bande cousue de gueules bretessée. ii On a dit plus anciennement BRETESCHE.

— Encycl. Les pièces bretessées sont l’écu, les pièces honorables et les diverses pièces héraldiques qui entrent dans la composition des armoiries. Elles tirent leur nom des bretesses ou bretesches, sortes de châteaux de bois roulants, dont on se servait pour donner l’assaut aux places fortes et y jeter des troupes au moyen de ponts volants. Ces châteaux étaient crénelés, et ce sont ces crénelures qui bretessent les pièces. Un pal, une croix, une bande, une barre, une fasce, un sautoir, peuvent être bretessés, c’est-à-dire crénelés des deux côtés. Famille d’Aux : D’azur, à une bande cousue de gueules bretessée. Seul parmi les pièces honorables, et en raison de sa forme particulière, le chef ne peut être bretessé que dans sa partie inférieure ; aussi le désigne-t-on de préférence, quand il est pourvu de créneaux, sous le nom de bastille. Le bretessé a la saillie opposée à la saillie, et l’échancrure à l’échancrure. Lorsque, contrairement à cette règle, la saillie d’un côté se trouve opposée à l’échancrure de l’autre et réciproquement, la pièce devient bretessée contre-bretessée. On appelle le bretessé d’un seul côté, celui du chef, bretessé à simple.


BRETESSER v. a. ou tr. (bre-tè-sé — rad.

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6re<«se).Fortifier ; défendre, protéger. Il Vieux mot. On disait aussi bretescher.

— Blas. Créneler sur les bords : Bretesser un écu, une pièce de l’écu.


BRETEUIL (Bretolium), ville de France (Eure), ch.-l. de cant, arrond. et à 35 kil. S.-O. d’Évreux, sur l’Iton, près de la forêt de son nom ; pop. aggl. 1,556 hab. — pop. tot. 2,162 hab. Hauts fourneaux, moulins à blé, fabriques d’épingles, clouterie, tuilerie. On y voit une église du XIIe siècle et les ruines d’un château fort bâti par Guillaume le Conquérant. Cette ville, jadis fortifiée, doit son origine à son ancien château fort ; elle résista victorieusement aux armes de Louis le Gros et d’Amaury de Montfort ; en 1137, elle fut assiégée, prise et brûlée par Eustache, fils du roi d’Angleterre Étienne ; le captal de Buch l’occupa en 1372, et Duguesclin s’en rendit maître en 1378, et fit démanteler sa forteresse.



Breteuil (MÉMOIRES DU BARON DE), introducteur des ambassadeurs à la cour de Louis XIV, de 1699 à 1715. On connaît deux manuscrits de cet ouvrage, mais l’original paraît perdu. Le manuscrit appartenant à la bibliothèque de l’Arsenal forme sept volumes in-folio, et c’est celui qui a servi à la publication partielle de ces mémoires, en 1858. L’autre copie, conservée par la bibliothèque de Rouen, présente plus de garanties que la précédente, le baron de Breteuil ayant fait de sa main des corrections sur ce manuscrit, et mis son visa avec signature. Ce manuscrit se compose aussi do sept volumes in-folio ; il s’étend de 1693 à 1715.

Les Mémoires de Breteuil ne sont pas un recueil d’anecdotes ; le narrateur a voulu préciser d’une manière officielle tout ce qui se rapporte à la fonction d’introducteur des ambassadeurs, pour l’instruction de ses successeurs dans cette charge, et afin de leur épargner les incertitudes, les difficultés que lui-même avait rencontrées, faute de renseignements certains. Il répète souvent : « Je ne fais qu’un livre de cérémonie. » Ses Mémoires ne sont donc, à vrai dire, que des procès-verbaux, des protocoles de cérémonies rédigés avec toute la ponctualité, toute la rigueur d’étiquette que Louis XIV faisait régner à sa cour. On n’y trouve rien qui rappelle les grands et terribles événements de la guerre de Succession. Si parfois Breteuil mêle au cérémonial quelque chose de la vie extérieure, c’est qu’il y est amené par une circonstance relative à ses fonctions. Comme il y avait deux introducteurs, exerçant par semestre, Breteuil, qui exerçait pendant le premier semestre de 1715, termina ses Mémoires proprement dits à la fin de juin ; mais, ayant été appelé à suppléer son collègue, il est amené à parler de la mort de Louis XIV et du lit de justice de Louis XV. On se tromperait en supposant que cette relation est d’une lecture sèche et aride. Sans prétendre à la gloire d’historiographe, Breteuil a su écrire de manière à intéresser. Ses Mémoires sont fort précieux comme sources historiques.


BRETEUIL (Julienne, fille naturelle de Henri Ier, roi d’Angleterre, femme de Eustache de). Assiégée dans le château de son mari par une forte armée, que commandait son père en personne, la dame de Breteuil, après avoir lutté longtemps et avec courage, après avoir vu ses soldats tomber un à un, sentant que la défense était devenue impossible et qu’elle serait obligée de se rendre, songea à la façon dont Henri Ier lui-même en avait agi avec son frère Robert, encore prisonnier au château de Cardiff, et eut recours à la trahison. Sous apparence d’accommodement, elle fit demander une entrevue à Henri Ier.

« Le roy, rapporte l’historien Orderic Vital, qui ne se doutoit pas de tant de fourberie dans une femme, se rendit à l’entrevue où sa malheureuse fille vouloit le faire périr. Elle tendit une baliste et lança un trait vers son père, qui, par la protection de Dieu, ne fust point atteint. Alors Henry fit à l’instant mesme détruire le pont du château, afin d’intercepter toute communication. Julienne se voïant entourée de toutes parts et sans espoir d’estre secourue, rendit le château à Henry ; mais elle ne put obtenir de luy de sortir en liberté. D’après son ordre, elle fut forcée de se laisser glisser du haut des murs sans pont ny sans soutien, et descendit ainsy honteusement jusqu’au fond du fossé, en montrant son corps nu à toute l’armée. Cet évesnement arriva au commencement du caresme, dans la troisième semaine de febvrier ; de telle sorte que l’eau du fossé glaça la chair délicate de la princesse, qui s’y plongea dans sa chute. Cette malheureuse se retira de là honteusement et comme elle put, puis alla en toute hâte rejoindre son mary à Paci-sur-Eure. »


BRETEUIL (Louis-Auguste le Tonnelier, baron de), diplomate, né à Preuilly (Touraine) en 1733, mort à Paris en 1807. Depuis 1758, il remplit de grandes ambassades à Cologne et auprès des cours de Russie, de Suède, de Vienne, etc. En 1783, Louis XVI le nomma ministre de sa maison et le chargea du département de Paris. Son administration fut signalée par l’amélioration du régime des prisons, par la conservation des bas-reliefs de Jean Goujon, qui ornent la fontaine des Innocents, et par divers travaux d’utilité publique. Cependant, sa hauteur, ses tendances à l’arbitraire, son dévouement à la politique