Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 3, part. 4, Chao-Chemin.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du privilège, pour ne pas accueillir avec joie l’aurore d’un régime qui tendait à supprimer les privilèges de toutes sortes. Ce sentiment, joint à l’esprit nouveau qui faisait, pour ainsi dire, explosion dans Charles IX, stimula encore chez Talma l’inspiration et le zèle. Mme Vestris, cette belle reine tragique, qui jouait le rôle de Catherine de Médicis d’une façon admirable, figurait aussi parmi les adeptes de la Révolution, avec son frère Dugazon. L’assemblée des comédiens avait donc ses deux camps, les avancés et les rétrogrades. Le camp rétrograde, tout en encaissant les grosses recettes de Charles IX, était opposé à la pièce, d’autant qu’elle faisait une position toute nouvelle à Talma, astre levant à qui s’attachait l’éclatante faveur de la foule. Ainsi Talma avait tout à la fois contre lui son talent et ses opinions. Charles IX lui offrant la seule création digne de lui qu’il eût dans le répertoire, il réclamait vivement la reprise de la pièce sans pouvoir l’obtenir. Il est vrai que si le mauvais vouloir de la majorité était peu équivoque, Talma, de son côté, exalté par le succès, n’apportait pas dans la question tout l’esprit de conciliation désirable. Naudet et lui en vinrent aux soufflets et se battirent ensuite au pistolet.

La suspension de Charles IX suscitait dans les cafés et autres lieux publics des commentaires où les influences que l’on regardait comme dominantes au théâtre étaient traitées avec fort peu de ménagements. Il faudrait un volume pour raconter dans ses détails toute cette histoire dont nous n’esquissons que les traits principaux. Un soir, dans l’été de 1790, une voix bien connue, celle de Mirabeau, s’éleva dans la salle. Au nom des fédérés provençaux encore présents à Paris, Mirabeau demande que l’on joue Charles IX. La motion est aussitôt appuyée par des adhésions nombreuses. Naudet se présente et prétexte une indisposition de Saint-Prix et de Mme Vestris. Mais, au même moment, Talma s’élance de la coulisse, déclare que l’indisposition de Mme Vestris n’est pas assez sérieuse pour mettre obstacle à son zèle, et qu’il est facile de faire lire le rôle de Saint-Prix par un autre acteur. Talma est acclamé, et la Comédie se voit mise en demeure de s’exécuter séance tenante. Talma, chaleureusement applaudi, fut demandé après la représentation, qui avait été assez orageuse pour nécessiter l’expulsion, par la force armée, de plusieurs spectateurs. L’un d’eux surtout, Danton, se fit remarquer parmi les tapageurs ; il fut arrêté et conduit à l’Hôtel de ville. Cette soirée triomphale pour Talma exaspéra ses camarades contre lui et contre la pièce. Des lettres publiées par Mirabeau, par Chénier, par Danton, par Talma, aigrirent davantage encore le débat, si bien que, sur la proposition de Fleury, Talma fut déclaré exclu de la Société. Une grande effervescence se produisit dans le public à la nouvelle de cette décision ; l’Hôtel de ville envoya l’ordre aux comédiens de révoquer leur sentence, mais ils s’y refusèrent. Le peuple s’en mêla. Le 16 septembre 1790, la salle des Français se trouva envahie de bonne heure, et à peine la toile fut-elle levée qu’un cri formidable s’éleva de toutes parts : « Talma ! Talma ! » Au milieu du tumulte qui s’accroît sans cesse, la Comédie fait annoncer que le lendemain on rendra compte des motifs pour lesquels M. Talma est éloigné de la scène. Le lendemain, en effet, au lever du rideau, Fleury vint annoncer au frémissant et tumultueux auditoire que M. Talma ayant trahi les intérêts de la Société, la Société n’aurait plus aucun rapport avec lui. Un ouragan de huées, de cris, de sifflets, éclata à l’instant même, et le fougueux Dugazon, s’élançant vers la rampe, prit contre la Comédie la défense de l’acteur expulsé. Il s’ensuivit une scène indescriptible ; les banquettes furent brisées, la scène fut prise d’assaut ; Dieu sait ce qui serait advenu sans l’arrivée de la force armée. Après de nouveaux pourparlers avec l’Hôtel de ville, il fallut enfin céder aux ordres les plus précis et les plus sévères. Talma fit sa rentrée dans Charles IX. Mais Fleury avait blessé Dugazon en duel ; Talma, qui déjà s’était battu avec Naudet, avait blessé assez grièvement Larive, et Mlles  Contat et Raucourt avaient donné leur démission. Ce fut le mardi 28 septembre que Charles IX et Talma reparurent. La pièce et l’acteur furent l’objet d’une ovation éclatante, que partageaient Mmes  Vestris et Dugazon. Il serait difficile de dire combien de fois depuis lors cette tragédie de Charles IX a été représentée, reprise, imprimée, traduite. Après la révolution de Juillet, le Théâtre-Français essaya une reprise de Charles IX, pour sacrifier aux idées du moment : mais cette reprise n’obtint aucun succès. Charles IX a fourni deux belles scènes aux auteurs des Huguenots.

Charles IX, drame en cinq actes, de M. Rosier, représenté pour la première fois à Paris, sur le Théâtre-Français, le 30 septembre 1834. L’auteur comptait déjà quelques succès au théâtre lorsqu’il s’attaqua, après Chénier, dont on venait de reprendre la pièce sans succès, à cette lugubre tragédie de la Saint-Barthélemy. Le premier acte nous introduit au Louvre ; Victor et Albert, deux frères élevés dans le protestantisme, et dont le premier s’est fait catholique, tandis que le second est demeuré fidèle à la religion de ses pères, vont mettre l’épée à la main après une chaude discussion, lorsqu’un certain Blandy, poète de cour, intervient et sépare ces frères ennemis. Albert, capitaine d’une compagnie de reîtres, a reçu l’ordre de partir pour Orléans ; jugez de son désespoir, il s’est uni secrètement à la belle Anna, fille d’honneur de la reine mère, que Charles IX trouve à sa convenance : cela n’explique guère l’arrivée de Coligny, mais enfin Coligny arrive. Charles et Catherine l’accueillent avec un empressement hypocrite. Catherine a fixé l’heure de la Saint-Barthélémy. Elle veut que la première victime soit l’amiral. À peine Coligny a-t-il quitté le Louvre pour regagner son hôtel de la rue de Béthisy, qu’un coup de feu retentit. L’assassin apposté par Catherine a tenu parole, mais l’amiral n’a été que blessé. Grand tumulte au Louvre : le roi joue l’étonnement. Nous ne revoyons Coligny que lorsque sa blessure est à peu près guérie. En vain les réformés sont effrayés de l’attentat ; Coligny, lui, conserve toute confiance dans la parole du roi qui vient lui rendre visite avec sa mère. Pendant ce temps, le massacre des réformés est résolu en conseil. Charles, au milieu des préparatifs qui ont lieu, songe à Anna, en l’honneur de laquelle il a rimé quelques mauvais vers. Les assiduités d’Albert, le huguenot, auprès de la fille d’honneur l’irritent et il ordonne à Anna de se retirer dans son hôtel tandis que le jeune capitaine restera consigné au Louvre. Blandy — les poëtes, même les poëtes de cour, sont parfois bons à quelque chose, — Blandy favorise l’évasion d’Albert qui, une fois libre, court chez sa femme. Les deux époux sont réunis lorsqu’on, annonce le roi. Albert se cache, mais bientôt il est forcé de reparaître, car son rival couronné devient pressant. Charles ne quitte l’hôtel que pour donner le signal du massacre dans lequel le huguenot Albert devra trouver la mort. Enfermé dans le Louvre avec sa mère et un peuple de pâles courtisans, il se repaît de la vue des assassins et des victimes. Deux jeunes gens ferraillent sur le balcon. C’est Albert et Victor. Albert a le triste avantage de triompher. Anna, éperdue, se précipite aux pieds du roi et demande grâce pour lui. Charles met à cette grâce un prix honteux : Albert intervient à son tour, il n’acceptera rien de l’assassin des protestants, de ce monarque bourreau de son peuple. Il est livré aux soldats. Anna tombe expirante, et, saisissant une arquebuse, le roi de France fait feu sur ses sujets. — Ce drame n’obtint aucun succès. Les scènes offrent un désordre fâcheux. Les caractères, mal soutenus, ne peuvent faire oublier l’insignifiance de l’intrigue. On était en droit d’espérer mieux d’un sujet aussi tragique que celui de la Saint-Barthélemy. Le rôle de Charles IX était joué par Firmin, et celui de Catherine de Médicis par Mlle Dupuis.

Charles IX (la vision de), tableau de M. Henri Scheffer ; exposition universelle de 1855. Cette composition, assez médiocrement peinte, mais d’un caractère tout à fait fantastique, a été décrite par M. Maxime Du Camp en quelques lignes pleines d’énergie : « Une mer de sang monte vers Charles IX, portant sur ses flots sinistres Coligny, qui montre sa poitrine percée par l’épée catholique ; Jean Goujon, tendant avec tristesse sa masse et son ciseau ; des femmes, tenant leurs petits enfants égorgés ; des vieillards, levant un doigt accusateur et montrant leurs cheveux blancs ; toutes sortes de victimes enfin tuées par le poignard orthodoxe forgé à Madrid, trempé à Rome et abreuvé à Paris. Le roi prévaricateur, agenouillé, éperdu, plus pâle que le remords, accroché aux tentures qu’il déchire dans son effroi, recule sans pouvoir fuir l’effroyable apparition qui lui rejette son arquebuse infâme. Il pleure, il crie, il sanglote, il demande grâce, il interpose entre lui et la vision un crucifix impuissant, un crucifix qui l’accuse, car celui qui étend ses maigres bras, sur la croix a dit : « Tu ne tueras pas ! » Ce soir, il ira se confesser à quelque prêtre vendu qui l’apaisera en lui citant les versets sanguinaires du livre de Josué ; mais c’est en vain : à chaque heure, à chaque minute de la nuit, le songe providentiel viendra vers lui tout chargé d’épouvante et d’anathème. Cela durera deux ans ; rien ne calmera ce cerveau à jamais troublé par le crime ; rien n’adoucira cette conscience perdue, ni les débauches, ni les prières ; et, un jour, le roi bourreau mourra d’une maladie horrible, frappé d’une effroyable plaie et plus détesté que Judas, car celui qui trahit son peuple l’emporte sur celui qui trahit son Dieu ! » La description que nous venons de reproduire prouve à elle seule que le sujet choisi par M. Henri Scheffer est de ceux qui prêtent à la peinture littéraire, mais dont s’accommode mal l’art plastique : un tableau, un bas-relief, une statue ne sont intelligibles qu’autant que la composition en est simple, l’expression claire et précise.


CHARLES X, fils de Charles de Bourbon, proclamé roi par les ligueurs après le meurtre de Henri III. Il était archevêque de Rouen et cardinal. Prisonnier à Fontenay-le-Comte, puis à Tours, il ne porta son vain titre qu’une année à peine et n’est point compté dans la liste des rois de France. V. Bourbon (le cardinal de).


CHARLES X, roi de France, petit-fils de Louis XV, frère puîné de Louis XVI et de Louis XVIII, né à Versailles le 9 octobre 1757, mort à Goritz le 6 novembre 1836. Il porta jusqu’à son avènement le titre de comte d’Artois. En 1773, il épousa Marie-Thérèse de Savoie, dont il eut deux fils, les ducs de Berry et d’Angoulême. L’éducation de ce prince fut empreinte des mœurs de la cour où il avait été nourri. Frivole, livré sans retenue à tous les plaisirs, il se rendit célèbre par les aventures scandaleuses de sa jeunesse, qui le mirent d’ailleurs fort en vogue parmi la noblesse de cour, et mérita de piquantes railleries pour son humeur peu belliqueuse et le peu d’étendue de son instruction. À la veille de la Révolution, il fit une opposition bruyante. aux réformes réclamées par l’opinion publique, émigra dès que les événements eurent pris un caractère menaçant (juillet 1789), et parcourut l’Europe en fatiguant les souverains de sollicitations et en s’épuisant en efforts pour susciter des ennemis à la France et à la Révolution. Il assista à la conférence de Pilnitz (1791), couvrit de son patronage les rassemblements d’émigrés, reçut de son frère, le comte de Provence, le titre de lieutenant général du royaume et se rendit en Russie pour solliciter les secours de l’impératrice Catherine, qui lui fit le présent, peut-être ironique, d’une épée enrichie de diamants. En 1795, appelé par les Vendéens, il partit d’Angleterre à la tête d’un corps d’émigrés et de troupes anglaises, s’entendit avec Charette et Stofflet, qui durent appuyer son débarquement, mais ne put pas ou ne voulut pas aborder sur la côte de France, resta simple spectateur du désastre de Quiberon et provoqua ainsi cette lettre célèbre de Charette : « Sire, la lâcheté de votre frère a tout perdu. » — Le comte d’Artois se borna dès lors à soudoyer avec les revenus princiers que lui fournissait le gouvernement anglais les divers complots royalistes qui furent tramés contre la République et contre Napoléon. Depuis la mort du fils de Louis XVI au Temple, il portait, en vertu de la fiction monarchique, le titre de Monsieur, comme son frère portait celui de roi de France. Il séjourna successivement à Londres, à Édimbourg, à Holy-Rood, en Écosse, et à Hartwel, auprès de Louis XVIII. En 1814, il entra en Franche-Comté à la suite des armées étrangères et accourut à Paris dès qu’il eut appris du baron de Vitrolles la tournure favorable que prenaient les événements. Lieutenant général in partibus depuis 1793, il prit possession du gouvernement au nom de son frère, et s’empressa de signer ce traité du 23 avril que Marmont lui-même qualifie de monstrueux, que Louis XVIII blâma amèrement, et qui livrait aux alliés, sans aucune compensation, toutes les places fortes conquises depuis 1792, avec un immense matériel, et réduisait la marine française à 13 vaisseaux de ligne, 21 frégates, 27 corvettes et bricks et divers autres bâtiments. En même temps, il charmait son entourage par quelques mots heureux, entre autres le fameux Il n’y a rien de changé en France, il n’y a qu’un Français de plus, que le comte Beugnot avait ciselé pour la circonstance. Son rôle ne se dessina bien nettement qu’après la seconde Restauration. Pendant que le roi songeait à désarmer l’hostilité des partis par cette politique de transactions habiles et de louvoiement qu’il recommandait encore à son lit de mort, Monsieur se fit le représentant direct de la faction des ultras et l’instrument d’une société religieuse dont le nom seul était odieux à la nation. Il resta d’ailleurs sans importance politique jusqu’à son avènement au trône (16 septembre 1824). Dans un premier mouvement, il suspendit la censure. Mais bientôt la loi contre le sacrilège, celle qui affectait un milliard d’indemnité aux émigrés, présentées par le ministère Villèle et votées par les Chambres après une discussion passionnée, vint, en agitant le pays, détruire les illusions qui avaient pu se former. La cérémonie surannée du sacre (29 mai 1825), pour laquelle on retrouva miraculeusement la sainte ampoule, détruite publiquement en 1793, exerça la malignité de l’opposition libérale, qui gagna chaque jour du terrain par suite des tendances ultramontaines du pouvoir, des envahissements de ce qu’on nommait alors le parti prêtre, de la tentative de rétablissement du droit d’aînesse, de la présentation d’une loi destructive de la liberté de la presse, qu’on nomma ironiquement loi d’amour, et qu’on dut retirer, du licenciement de la garde nationale, du rétablissement de la censure, enfin de la dissolution de la Chambre. La victoire de Navarin n’apaisa que faiblement le mouvement formidable d’opinion contre la politique du gouvernement. Quelques troubles sanglants éclatèrent dans Paris au moment des élections, dont le résultat força le ministère à se retirer. Le ministère Martignac, auquel on donna le titre de réparateur, fut une tentative équivoque de conciliation qui ne satisfit guère l’esprit public, et il laissa en se retirant la royauté plus affaiblie et l’opposition plus exigeante et plus irritée. Ce fut alors que Charles X, par une sorte de défi, nomma le ministère Polignac, composé d’hommes profondément impopulaires (1829). Une agitation menaçante se répandit dans tout le pays ; aux bruits de coup d’État, le libéralisme répondit par la menace caractéristique d’un coup de collier ; à la Chambre, la fameuse adresse des 221, hostile au cabinet, consomma légalement le divorce entre le gouvernement et la nation. Charles X ne s’arrêta point et ne pouvait plus s’arrêter, et la dissolution de la Chambre suivit de près l’avertissement qu’elle avait donné à un pouvoir qui courait aveuglément à sa perte. Un fait militaire important, la prise d’Alger, marqua les derniers jours du gouvernement des Bourbons, et peut-être avait-on compté sur l’éclat de cette victoire pour triompher des résistances désespérées du pays. Une dernière épreuve, celle des élections générales, où l’opposition obtint un succès éclatant, au lieu d’éclairer le roi et ses conseillers, précipita la catastrophe. Le 25 juillet 1830 parurent ces fameuses ordonnances, violation manifeste de la charte, et dont les dispositions principales détruisaient la liberté de la presse et modifiaient profondément le système électoral. Une révolution soudaine, irrésistible, éclata dans Paris, et le vieux roi, après s’être replié de Saint-Cloud sur Rambouillet, après avoir inutilement abdiqué avec le dauphin en faveur du duc de Bordeaux, dut reprendre une dernière fois la route de l’exil, expiant moins ses fautes, peut-être, que cette fatalité qui, depuis la Révolution, avait associé les triomphes de sa race aux victoires de l’étranger et aux humiliations de la patrie. Depuis, il habita successivement Holy-Rood, Prague et Goritz, où il mourut du choléra. Ses deux fils, le duc d’Angoulême et le duc de Berry moururent, le dernier en 1820, assassiné par Louvel, le premier en 1844. Le duc de Bordeaux, connu aujourd’hui sous le nom de comte de Chambord, est le dernier prétendant de cette branche épuisée.


CHARLES (saint), dit le Bon, comte de Flandre, fils de saint Canut, roi de Danemark, succéda à Baudouin dit à la Hache, comte de Flandre, qui l’avait désigné en mourant (1119), fut l’allié fidèle de la France, refusa la couronne de Jérusalem et celle de Germanie, et périt assassiné à Bruges, en 1127. Il était célèbre par sa dévotion enthousiaste et son inépuisable charité.


CHARLES DE VALOIS, comte du Maine et d’Anjou, troisième fils de Philippe le Hardi, né en 1270, mort en 1325. Il fut un des grands capitaines de son siècle. Chargé par son frère Philippe le Bel du commandement de la guerre contre les Anglais, il prit Saint-Sever et La Réole, combattit en Flandre et fit prisonnier Guy de Dampierre, qui s’était allié aux Anglais. Veuf de sa première femme Marguerite de Naples, fille du roi Charles le Boiteux, il épousa Catherine de Courtenay, petite-fille de Baudouin II, dernier empereur latin de Constantinople, vint en Italie, où le pape Boniface III le reconnut comme empereur d’Orient et l’établit son vicaire en Italie. Il chassa les gibelins de Florence, aida son beau-père, Charles le Boiteux, à reconquérir la Calabre et la Pouille, revint contribuer en Flandre à la bataille de Mons-en-Puelle, convoita inutilement l’empire d’Allemagne, eut une large part dans les dépouilles des templiers, conserva une influence prépondérante après la mort de Philippe le Bel et fut accusé d’avoir poursuivi le supplice d’Enguerrand de Marigny. Sous Charles le Bel, il reconquit une partie de la Guyenne sur les Anglais. On a dit de lui : Fils de roi, frère de roi, oncle de trois rois, et jamais roi.


CHARLES D’ANJOU, comte du Maine, troisième fils de Louis II d’Anjou, roi de Naples, né vers 1414, mort en 1473. Il fut un des favoris de Charles VII, son beau-frère, contribua à l’expulsion des Anglais et reçut le gouvernement du Languedoc. Louis XI lui confia, au commencement de son règne, plusieurs missions dont il s’acquitta assez mal. Pendant la ligue du Bien public, il eut le commandement d’un corps de troupes royales, et s’enfuit honteusement du champ de bataille de Montlhéry (1465). Lâche ou traître, il osa cependant rentrer dans Paris avec le roi, qui le dépouilla de son gouvernement. — Son fils, Charles d’Anjou, comte du Maine et duc de Calabre (1436-1481), vécut à la cour de son oncle le roi René, qui lui légua ses États en mourant (1480). Lui-même mourut l’année suivante, en instituant Louis XI son héritier universel pour ses domaines en France et pour ses droits sur Naples et la Sicile. Malgré les protestations d’un petit-fils de René, le roi de France réunit provisoirement l’Anjou et la Provence à la couronne, réunion qui ne fut définitivement opérée que par Charles VIII. (1486).


CHARLES D’ANJOU, frère de saint Louis. Le même que Charles Ier, roi de Naples.


CHARLES DE BLOIS ou DE CHÂTILLON, frère puîné de Louis, comte de Blois et neveu de Philippe de Valois, épousa en 1337 Jeanne de Penthièvre, fille de Gui de Bretagne, à la condition d’hériter du duc Jean III, qui n’avait point d’enfant, et qui mourut en 1340. Mais un autre compétiteur, Jean de Montfort, frère du duc défunt, revendiqua la riche succession, s’empara du trésor ducal et des villes de Nantes, de Rennes, de Vannes, de Brest et de quelques autres places. Il était soutenu par le peuple des villes et des campagnes et par l’Angleterre. Charles avait pour lui la plus grande partie des prélats et des barons, le roi de France et la cour des pairs. Une guerre sanglante éclata entre les deux rivaux. Fait prisonnier dans la ville de Nantes, Montfort fut enfermé à la tour du Louvre. Sa femme continua à défendre vaillamment sa cause. Charles fut lui-même pris à la bataille de La Roche-Dérien (1346), conduit en