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pèrent à mort. Ce fut le signal de nouvelles rigueurs de la part de Basville, mais aussi d’une insurrection générale des montagnards protestants.

Leur cri de ralliement fut : Plus d’impôts, et liberté de conscience ! Qui donc étaient ces insurgés qui prenaient les armes contre Louis XIV ? Des paysans, des ignorants ; on a dit bien souvent des fanatiques. Mais le fanatisme doit-il étonner de la part de croyants dont on a abattu les temples, de pères dont on a pris les enfants, de citoyens respectables dont on a saccagé les propriétés ? Quant à leurs chefs, ce sont aussi des hommes incultes : Cavalier, un garçon boulanger ; Roland, Ravenel et Catinat, des bergers ou des paysans ; un cardeur de laine, Salomon. Eh bien, ces paysans tiendront en échec deux maréchaux de France, Montrevel et Villars.

Les camisards, s’exaltant en face du danger croissant, s’appelèrent enfants de Dieu, peuple de Dieu, troupeau de l’Éternel. Ils eurent des visions ; ils crurent entendre des voix célestes chantant dans les airs des lambeaux de psaumes. « Nous n’avions, dit l’un d’eux (Élie Marion) ni force ni conseil ; mais nos inspirations étaient notre secours et notre appui. Ce sont elles qui ont élu nos chefs et qui les ont conduits ; elles ont été notre discipline militaire. Ce sont elles qui nous ont suscités, nous, la faiblesse même, pour mettre un frein puissant à une armée de plus de 20.000 hommes d’élite. Ce sont elles qui ont banni la tristesse de nos cœurs au milieu des plus grands périls, aussi bien que dans les déserts et les trous des rochers, quand le froid et la faim nous pressaient. Nos plus pesantes croix ne nous étaient que des fardeaux légers, à cause que cette intime communion que Dieu nous permettait d’avoir avec lui nous soulageait et nous consolait ; elle était notre sûreté et notre bonheur. » Aussi les camisards eurent-ils des prophètes écoutés comme les oracles mêmes de Dieu. Déjà, en 1686, Jurieu raconte qu’un homme de Codognan avait cru entendre une voix qui lui disait : « Va consoler mon peuple. » Peu de temps après s’éleva la bergère du Dauphinë, Isabeau Vincent, qui eut des extases et des visions extraordinaires. L’exaltation, accrue par la persécution, s’étendit rapidement du Vivarais au Languedoc, et de nombreux prophètes, s’inspirant de l'Apocalypse, jetèrent l’émoi dans les montagnes des Cévennes. Le chef principal des camisards, Jean Cavalier, n’exerça sur ses soldats un empire si grand que parce qu’il était prophète et prédicateur. Durant deux ans, les camisards campèrent dans les bois et les cavernes de leurs montagnes. Il ne se passait pas un seul jour que toute la troupe ne priât Dieu. Le dimanche, avait lieu une réunion générale. « Deux jours à l’avance, dit M. Peyrat dans son Histoire des pasteurs du désert, les prophètes faisaient prévenir les bourgades voisines du lieu de l’assemblée... À l’aurore, les peuples arrivaient et se mêlaient aux enfants de Dieu. Un prophète montait sur un rocher, qui servait de chaire ; un second orateur lui succédait, puis un troisième, et d’homélie en homélie, de prière en prière, de cantique en cantique, cette multitude insatiable atteignait insensiblement le soir. Alors le peuple reprenait le chemin de ses bourgades, et les camisards celui de leur camp. » Que de fois, surpris par les dragons, ils furent fusillés sans résistance ! « Leur nombre, dit M. de Félice, n’a jamais été au delà de 10,000 ; mais ils entretenaient de secrètes intelligences avec toute la population des nouveaux convertis. Les pâtres et les laboureurs employaient des signes convenus pour les avertir de l’approche des troupes, et lorsqu’ils étaient obligés de fuir, les camisards avaient des retraites assurées. C’était une guerre de guérillas, avec des surprises ou des rencontres de quelques centaines d’hommes de part et d'autre. Vainqueurs, ils profitaient du succès pour tenir des assemblées auxquelles assistaient tous les huguenots du voisinage ; vaincus, ils se réfugiaient dans des gorges impénétrables. Ils essuyaient le premier feu, un genou en terre, en chantant le psaume soixante-huitième : Que Dieu se montre seulement, etc. ; puis, se précipitant sur l’ennemi, ils combattaient avec l’acharnement du désespoir, sachant bien qu’on ne leur ferait ni quartier ni grâce, et préférant au supplice de la potence ou de la roue la mort du soldat. »

Le comte de Broglie, lieutenant général du roi dans le Languedoc et beau-frère de Basville, fut d’abord chargé d’étouffer la révolte. Il n’y réussit pas et fut remplacé, en 1703, par le maréchal de Montrevel. À son arrivée, Montrevel se flatte d’en finir promptement avec les révoltés, et, pour cela, il n’est aucun moyen de rigueur devant lequel il recule. Tout protestant pris les armes à la main est puni de mort. Quiconque donne asile à un camisard subit la même peine. Le Languedoc se couvre de gibets, les villages sont brûlés, les campagnes dévastées ; mais Montrevel est battu par Cavalier. Le maréchal venge sa défaite de la manière la plus sauvage : le 1er avril 1703, dimanche des Rameaux, il met le feu à un moulin où 300 protestants s’étaient réfugiés. Tous périssent, et Montrevel reçoit des éloges de l’évêque de Nîmes, Fléchier, qui lui dit : « Cet exemple était nécessaire pour arrêter l’orgueil de ce peuple. » Mais ici disons, pour la justification de l’épiscopat, que l’auteur des Grands Jours était moins évêque que courtisan. L’exaltation des camisards s’en accrut, et, dans l’hiver de 1703 à 1704, le maréchal de France, battu successivement à Nages, aux roches d’Aubais, à Martignargues et au pont de Salindres, fut rappelé à Paris par le roi. Villars fut envoyé pour pacifier les Cévennes. Arrivé à Nîmes, il entra en pourparlers avec Cavalier, dans une entrevue qui eut lieu le 16 mai 1704. Peu de temps après, Cavalier partait pour Versailles avec le brevet de colonel. Les camisards indignés lui reprochèrent de les avoir trahis. Repoussé par ses soldats, accablé de reproches par ses amis, surtout par Roland, Cavalier partit, fut froidement reçu à Versailles, où le roi haussa les épaules en le voyant : il alla mourir en Angleterre.

La guerre se termina peu après. Roland se fit tuer, et les autres chefs se dispersèrent ou furent exterminés. Diverses tentatives de révolte se produisirent jusqu’en 1715, mais n’eurent aucun résultat.

Montrevel et l’évêque Fléchier avaient créé une bande de camisards blancs ou cadets de la Croix par opposition aux huguenots, appelés camisards noirs. Le pape Clément XI en avait autorisé la création par une bulle particulière. Les camisards blancs se distinguèrent par leur amour du pillage et une férocité qui ne respectait ni l’âge, ni le sexe, ni la propriété.


CAMISE s. f. (ka-mi-ze). Forme ancienne du mot CHEMISE.


CAMISOLE s. f. (ka-mi-zo-le — dimin. du lat. camisa, chemise). Vêtement de femme taillé à peu près comme une chemise, mais ne descendant guère plus bas que les reins, et qui se porte le plus souvent en négligé ; Camisole de toile, de futaine, de basin. On a vu à Paris, l’été dernier, les ouvrières élégantes en jupon et en camisoles blanches des plus transparentes, il Vêtement du même genre, mais d’une étoffe plus forte, que portent quelquefois les hommes et particulièrement les ouvriers pendant leur travail : Une camisole de laine. Les soldats de Garibaldi portaient la camisole rouge.

Camisole de force, Sorte de camisole dont les manches sont assez longues pour être attachées sur les reins, et mettre ainsi hors d’état de nuire ou de se nuire les fous furieux pu les détenus dangereux : La camisole de forces rentre indispensablement, à ce qu’il parait, dans les revenants-bons d’une condamnation à mort. (Barbes.) Il On dit aussi gilet de force.

CA.MISOLER v. a. ou tr. (ka-mi-zo-lérad. camisole.) Néol. Mettre la camisole de force à : Ils sont doux comme des moutons, sauf un, qu’on a été forcé de camisoler tout à l’heure. (A. Delvau.)

CAMISSONIE s. f. (ka-mi-so-nî). Bot. Syn.

d’ONOSURIDE.

CAMITE s. f. (ka-mi-te — rad. came). Moll. Nom donné aux cames fossiles.

GAMMA, dame de Galatie, dont le nom rappelle un trait peu commun d’amour conjugal et de courage, que l’auteur du Répertoire des femmes célèbres raconte en ces termes : à Sinorix, qui était amoureux de Camma, assassina Sinatus, son époux, pour le remplacer. La vengeance que la veuve tira du meurtrier a immortalisé son amour et son audace. Après avoir résisté aux présents et aux sollicitations de Synorix, elle craignit qu’il n’y ajoutât bientôt la violence, et feignit de consentir à l’épouser. Elle le fit venir dans le temple de Diane, dont elle était prétresse, comme pour rendre leur union plus solennelle. L usage était que l’époux et l’épouse bussent ensemble damna même coupe. Camma, après avoir prononcé les paroles sacrées et fait le serment ordinaire, prit la première le vase qu’elle avait rempli de poison, et après avoir bu, le présenta à Synorix, qui, ne soupçonnant aucun artifice, vida la coupe fatale. Alors Camma, transportée de joie, s’écria : « qu’elle mourait contente, puisque son époux ■ était vengé. » Ils expirèrent bientôt l’un et l’autre. »

Ce trait historique a fourni à Thomas Corneille et a l’Italien Montanelli le sujet d’une tragédie. V. ci-après.

Camma, tragédie italienne de Montanelli. (Thomas Corneille a aussi laissé une assez mauvaise tragédie du même nom et sur le même sujet.)

La Camma de Montanelli, tragédie en trois actes, a été faite pour M«’« Adélaïde Ristori, la Rachel italienne, et représentée pour la première fois en avril 1857 à la salle Ventadour. Avocat, littérateur, poète et publiciste, Montanelli avait été triumvir de la Toscane en 1843 ; exilé depuis les revers de la cause libérale italienne, il habitait Paris, et c’est là qu’il écrivit sa tragédie. M<°e Ristori faisait, à cette époque, sa" seconde tournée en France ou, pour mieux dire, en Europe. Le sujet de cette œuvre dramatique est tiré du Traité des vertus des femmes, par Plutarque ; voici le passage qui s’y rapporte, traduit par Amyot :

« Il y eut jadis au pays de Galatie deux des plus puissants seigneurs, Synorix et Sinatus, desquels Sinatus avoit épousé une jeune dame qu’il avoit prise fille, appelée Camma, fort’ estimée et prisée de quiconque la connoîssoit, tant pour la beauté de son corps comme pour la fleur de son âge, mais encore plus pour son honnesteté et vertu, car non-seulement elle aimoit son honneur et son mari, mais aussi

CAMM

estoit prudente, magnanime et singulièrement aimée des sujets pour sa bonté et sa douceur ; ce qui la faisoit encore plus regarder et renommer, elle estoit prestresse religieuse de Diane, à laquelle les Galates anciennement avoient singulière dévotion, ce qui estoit cause qu’on la voyoit souvent es sacrifices publics et solennelles processions, parée et accoustrée magnifiquement. Synorix en devint amoureux ; il commit un malheureux acte, car, d’aguet propensé, il tua Sinatus, et, peu d’espace de temps après, il demanda Camma en mariage.

> Elle faisoit sa demeurance dans le temple et ne supportoit la malheureuse forfaiture que d’un cœur abattu et failli qui ne fist qu’émouvoir les gens à pitié ; ainsi, avec un courroux couvert en elle - mesme, n’attendoit autre chose que l’occasion de s’en pouvoir venger ; de l’autre côté, Synorix estoit assidu à la solliciter et prier, lui alléguant les raisons qui sembloient avoir quelque honneste couleur ; qu’il s’estait toujours monstre plus homme de bien en toutes sortes que Sinatus, et que ce qui l’avoit induit à le tuer, c’estoit la véhémence de l’amour qu’il lui portoit à elle, non pour aucune méchanceté.

« La jeune dame du commencement lui fit des refus qui ne furent pas trop rudes, et sembloit tous les jours que peu à peu s’allast amolissant, d’autant mesmement que les parents et amis estoient ordinairement après à la persuader et forcer de consentir au mariage, pour faire plaisir à Synorix, lequel avoit grand crédit et grande autorité au pays ; tant que finalement elle y consentit, et renvoya quérir qu’il vint vers elle, afin qu’en présence de la déesse même, le contrat de mariage fust passé et les espousailles solemnisées. Quand il fut arrivé, elle le receut gracieusement et l’amena à l’autel de Diane ; là, elle respandit à la déesse un peu de breuvage qu’elle avoit préparé dans une coupe, puis elle en heut une partie et bailla l’autre à boire à Synorix. Le breuvage estoit de l’hydromel empoisonné ; et, quand elle vit qu’il l’eut tout heu, alors, jetant un gémissement haut et clair, et faisant la révérence à sa déesse ;

« Je t’appelle & témoin, dit-elle, très-honorée

« déesse, que je n’ai survécu à Sinatus pour autre intention de voir cette journée, n’ayant

« eu ne bien, ne plaisir de la vie en tout le

> temps que j’ai vescu depuis, que l’espérance

> de pouvoir un jour faire la vengeance de sa « mort ; laquelle mainctenant faicte, je m’en vais gayement devers mon mari. Mais toi, le plus méchant homme du monde, donne

> ordre maintenant que tes amis et parents, au lieu de lict nuptial, te préparent une sépulture. •

■ Le Galatien, ayant oui ces propos et commençant desjà à sentir que le poison faisoit son opération et lui troubloit tout le dedans du corps, se fit mettre dans une litière, et ne sceut si bien faire que le soir même il ne rendit l’âme, et Camma, ayant passé toute la nuict et entendu comme il estoit déjà trespassâ, s’en alla volontairement et gayement hors de ce monde. »

Telle est cette histoire de Camma, à laquelle la vieille traduction d’Amyot prête sa naïveté gauloise et dont Montanelli, tout en la modifiant quelque peu pour la rendre encore plus tragique s’il était possible, a tiré les trois actes suivants :

Au premier acte, Camma vient do consu’ter la déesse ; son cœur est troublé par de sinistres présages. Sinatus, son époux, va partir pour une expédition ; l’armée, prête à partir, attend avec impatience son chef, lorsqu’on apprend qu’il vient d’être assassiné. Qui a commis le meurtre ? Qn ne sait ; mais quand parait Synorix, à l’horreur que sa vue lui inspire, Camma devine qu’elle a devant elle le meurtrier de son époux : « E dessot c’est lui I ■ et comme aussitôt l’idée d’une vengeance terrible, implacable, s’empare de ses esprits, elle ajoute :,

ta mta vittima ê qui, la sento !

Le deuxième acte commence par un long monologue de Camma, où l’auteur, bien inspiré par les croyances des Galates à la survivance réelle des morts dans d’autres étoiles, lui fait dire, entre autres paroles : < O Sinatus I tu gémis, je t’entends ; c’est en vain que le dieu qui guide les armes t’ouvrit les derniers cercles de l’éternelle joie. Je te vois aux bords de mon étoile errer mélancolique et seul. » etc.

Puis elle se lamente sur l’inutilité de ses efforts pour arracher au coupable l’aveu de son crime : • Jusqu’à présent, toute la puissance de mes artifices n a pu vaincre sa dissimulation. ■

Enfin, comme honteuse de chercher d’arriver au vrai par des voies détournées, elle prie Koridwen, la Diane gauloise, de sanctifier les voies tortueuses de la trahison.

Arrive Synorix, qu’elle amène à force de ruses à s’accuser lui-même. D’abord elle feint de n’avoir eu pour Sinatus qu’un vague amour de jeune fille ; ce n’est que depuis sa mort qu’elle a connu le véritable amour ; celui qui en est l’objet est l’inconnu qui l’a aimée jusqu’au crime, qui n’a pas craint de se rendre parjure, traître, assassin pour elle ; elle aime le meurtrier de son époux, ■ Mais je te fais horreur, sans doute, ajoute-t-elle, d’avouer une telle passion. »

Synorix, abusé, encouragé par ces confl CAMM

dences, avoue tout, ■ Des preuves ? » dit-elle. Synorix lui montre la cicatrice d’une blessure que lui a faite Sinatus, et, si elle le désire, il lui apportera le cœur arraché du sein de son rival. Camma, surje point de se trahir, se contient pour assurer s» vengeance ; elle tend la main au meurtrier. ■ Dis-moi que tu m’aimes I s’écrie Synorix. —Amo (j’aime, ré-. pond-elle en ne pensant qu’à Sinatus. — O deliriol s’écrie l’assassin, «2 talamo pressente.

Monstro, il talamo tuo sarà la tomba ! (ton lit nuptial sera ton tombeau I), » dit-elle dans l’explosion de la haine qui va être satisfaite, en le voyant s’éloigner pour préparer les pompes nuptiales.

Le troisième acte contient la scène du mariage : Synorix boit sans défiance à la coupe empoisonnée où Camma a d’abord trempé ses lèvres. Alors, d’une voix éclatante, la prêtresse nomme devant tous le meurtrier de Sinatus. Synorix ne tarde pas à mourir ; quant à elle, elle expire avec la joie d’avoir vengé son époux et de le rejoindre.

Montanelli, en composant cette tragédie, s’est bien inspiré des mœurs et des idées gauloises. Il a su les faire revivre avec une rare fidélité ; Camma et les autres personnages sont de vrais Gaulois, amollis par le climat de lAsie ; ils conservent encore, au cœur des forêts de la Galatie, les superstitions et les croyances de leurs ancêtres. Thomas Corneille, au contraire, dans sa tragédie, qui porte le même nom, fait parler tout son monde comme si ces Gaulois asiatiques n’étaient quo des gentilshommes français du xviie siècle. Aussi la pièce de Thomas Corneille n’a-t-elle aucun mérite.

Quant à la forme poétique adoptée par Mon. t&ueUj. on lui reproche la profusion des imafes ; il préfère trop souvent le langage fleuri e l’imagination aux simples accents de la passion. Il faut en excepter cependant la scène de l’aveu de Synorix, où l’auteur fait tenir à ses personnages le vrai langage tragique,

À vrai dirôj le mérite propre de Camma consistait plutôt dans la beauté de la poésie et dans le développement des caractères que dans la force des situations et du plan ; elle n’en réussit pas moins très-honorablement a la salle Ventadour ; elle fuit partie du réper-toire d’élite avec lequel M™» Ristori est en possession de recueillir chaque année ample moisson de bravos et de lauriers européens. En Italie surtout, on le conçoit, l’accueil fut chaleureux ; il est vrai qu’en applaudissant la pièce, les Italiens saluèrent dans l’auteur un citoyen d’un grand cœur et d’une vaste intelligence, victime de son patriotisme et du dévouement qu’il avait montré à son pays. Dernièrement encore (février 1865), les journaux italiens et autres annonçaient que M»« Ristori jouait Camma à Constantinople, au milieu d’un enthousiasme universel. Le soir de la dernière représentation, une couronne fut offerte à la grande actrice, et, après le spectacle, une foule immense la reconduisit chez elle, et suivit sa voiture au son des instruments de musique et à la clarté des flambeaux.

CAMM AILLE (Saint-Aubin), acteur et auteur, né en 1770, mort vers 1830. Il joua successivement en province et à Pans, notamment au théâtre des Variétés-Amusantes et à celui des Associés, boulevard du Temple. En 1808, il faisait partie de la troupe des Variétés-Etrangères, et en 1809, de celle du théâtre de l’Impératrice., Il avait débuté à l’Ambigu-Comique par le rôle de Floricour, dans la Feinte par amour, de Dorât. Cet acteur avait du feu, de l’aisance, de l’aplomb, quoiqu’il fût boiteux, et une grande habitude de la scène. I] a composé un grand nombre de pièces, comédies, vaudevilles, parades, etc., dont plusieurs, restées manuscrites, sont tombées entre des mains infidèles. On lui doit plusieurs ouvrages révolutionnaires ou mélodramatiques ? entre autres : l’Ami du peuple ou les Intrigants démasqués (v. ce mot) et le Moine. On peut encore citer de lui le Jaloux par quiproquo, la Jeune mère, Louise ou les Mœurs du théâtre, la Lingère ou la Bégueule, parodie de la Belle Arsène ; les Hochets, opéra-comique en deux actes : la Nuit champêtre, comédie-vaudeville en deux actes.

CAMMARANO (Salvator), poète italien, le meilleur librettiste de l’Italie après Félix Romani, né à Naples dans les premières années de ce siècle, mort en 185S. Il a composé un nombre presque incalculable de poèmes, mélodrames et opéras, tirés presque tous do nouvelles, de romans ou de drames italiens ou étrangers. Ses meilleurs travaux sont les libretti de : Lucia di Lammermoor, tiré, comme on le sait, du roman de Walter Scott ; Marie deBohan, a. Vestale, les Horaceset les Curiaces, qui présentent quelques-unes des lignes sévères de la grandeur romaine ; Sapho, énergique peinture de l’amour grec ; le Trovatore enfin, scène espagnole, celle d’héroïsme et de situations délicates et terribles. Ce fut son chant du cygne ; il l’avait à peine achevé que la mort vint le surprendre. Ce sont là les meilleures œuvres de Cammarano ; dans ses autres ouvrages, fort nombreux, on trouve çà et là quelque lueur de poésie, mais, somme toute, ils sont considérés en Italie comme n’ayant qu’une fort mince importance littéraire. Cammarano est mort dans la force de l’âge.

CAMMARATA, bourg du royaume d’Italie,

Êrovioce de Girgenti, district et à 16 kilom. i. de Bivona, ch.-l. de cant. ; 5,133 hab.