Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 3, part. 1, Ca-Cap.djvu/300

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nemi des chrétiens, périt dans une expédition en Angleterre. Fils du roi Gorm le Vieux et de la reine Thyra Danebod, il se signala par de rares qualités et reçut le surnom de Donn-Aii* (joie des Danois). Bien qu’appelé par les historiens Canut 1er, ce prince ne régna point. La nouvelle de sa mort produisit sur son père une telle impression qu’il mourut le lendemain..


CANUT II, le Grand, roi d’Angleterre (1014), de Danemark (1018) et de Norvège (1031). Dans sa jeunesse, il avait suivi son aère Suénon à la conquête de l’Angleterre ; il fit plus tard assassiner le roi anglo-saxon Edmond Côte-de-Fer, qui régnait encore sur le midi de cette contrée, écrasa les Anglais d’impôts et les abandonna au despotisme sanguinaire des chefs danois, mais s’en fit aimer dans la suite en supprimant toute distinction entre les deux races, en rétablissant les coutumes saxonnes et en faisant de grands efforts pour assurer la tranquillité et la prospérité du pays. Héritier du Danemark en 1018, il y étendit la civilisation, conquit la Norvège sur Olaiis le Saint (1030), et montra un zèle souvent excessif pour la propagation du christianisme dans ses États. Rassasié de grandeur et de puissance, il se jeta dans la dévotion, combla l’Église de bienfaits, et se rendit à Rome pour y voir le pape (1026). Canut reçut le surnom de Grand, surtout à cause de la puissance de ses armes et de la terreur qu’il avait inspirée aux peuples soumis à son joug de fer. Ce prince mourut à- Sbaftesbury en 1035, laissant le trône d’Angleterre a son fils Harald, dit Pied-delièvre, et celui de Norvège à son fils Suen ou Suénon.

CANUT III, dit Horde Canut, dernier roi d’Angleterre de la dynastie danoise, fils du précédent, mort en 1042. Il régna aussi sur le Danemark. Son règne fut court et n’eut rien de remarquable. La dynastie danoise en Angleterre s éteignit avec lui. Il laissa la réputation d’un prince avide et cruel.

CANOT IV, io Snin<, roi de Danemark de 1080 à 1086. Fits de Suen ou Suénon, roi de Danemark, il succéda à son frère Harald. Il fit Quelques préparatifs inutiles pour reconquérir ^Angleterre sur Guillaume de Normandie, soumit la Prusse et la Courlande, et fut tué dans une révolte de ses sujets, qu’il avait irrités en les livrant au despotisme et aux exactions du clergé. Canut fut mis au rang des martyrs et canonisé en 1100.

CANUT (saint), appelé Lavat-d, duc de Sleswig et roi des Slaves Obotrites, ne doit pas être confondu avec Canut IV, compté aussi au nombre des saints. Il propagea le christianisme dans ses États et encourut la haine de Magnus, roi de Danemark, qui l’accusa dé ; vouloir lui enlever sa couronne. Canut prouva facilement son innocence ; mais Magnus, l’ayant invité à venir passer les fêtes de Noël à Roskild, l’attira dans un lieu désert et lttt trancha la tète (ll3l).

CANUT V, roi de Danemark, fils de Magnus, mort en 1157. Il disputa, pendant dix ans, la souveraineté de ce pays à Suénon et à Waldemar, se vit contraint de fuir, obtint, grâce à l’intervention de l’empereur Frédéric Ëarberousse, une partie du Danemark, et périt assassiné par Suénon, qui l’avait invité à un festin. *

CANUT VI, roi de Danemark de 1182 à 1202, fils de Waldemar le Grand, dont il continua le règne glorieux. Il soumit la Poméranie, résista aux ennemis que l’empereur Barberousse avait ligués contre lui, s’empara du Mecklembourg, du Holstein, et de presque tout le littoral de la Baltique. Il prit le premier le titre de roi des Vandales. Sous son règne, la civilisation fit de grands progrès en Danemark, le christianisme s’étendit, la législation se régularisa, les lettres et les sciences brillèrent d un vif éclat avec les historiens Saxo Grammaticus et Sueno Aagesen.

CANUT, roi de Suède, mort en 1199. Il était fils de saint Eric, roi de Suède ; mais il dut disputer le trône à Charles Sverkerson, déjà roi de Gothie. Quand il fut parvenu à régner paisiblement, il s’appliqua à faire fleurir l’agriculture et fonda beaucoup de monastères.

CANUTI (Dorainico-Maria), peintre et graveur italien, né à Bologne en 1620, mort en 1684. Il eut pour maître le Guide et devint habile à peindre les raccourcis. On vante surtout une Déposition de croix aux flambeaux, appelée la JVtH* de Canuti, et un Saint Michel, dans l’église des Pères olivétains de Bologne. On cite aussi ? parmi ses gravures à l’eau-forte, les portraits des Carrache. d’après le Guide, et une Vierge avec le Rédempteur.

CANUTI (Philippe), publicîste et homme politique italien, né en 1802 à Bologne, fit son droit à l’université de cette ville, fut reçu

. docteur en 1822, et, tout en exerçant la profession d’avocat, s’adonna à la culture des lettres et à la politique. Il prit une part active au mouvement insurrectionnel de 1831, qui réussit à établir un ordre de choses éphémère dans l’Italie centrale ; les relations de Canuti avec Cyrus Menotti et les libéraux les plus innuentedes Légations etdes autres États du centre contribuèrent à la propagation de l’insurrection. Nommé préfet d’Ascoli par le

■ gouvernement provisoire de Bologne, il fut en relation avec les deux fils de Louis Bonaparte, qui avaient pris part à l’insurrection et dont 1 un est aujourd’hui l’empereur Napoléon III. Après la capitulation d’Ancône, il fut forcé de

CANZ

s’expatrier, et se rendit successivement à Corfou, k Malte, à Marseille et enfin à Paris, où il a été, jusqu’en 1848, le représentant du parti libéral constitutionnel. C’est lui qui fut chargé de présenter au gouvernement français le célèbre manifeste des populations des États Romains aux princes et aux peuples d’Europe, rédigé par Farini (1845). Canuti fut, à Paris, le collaborateur de plusieurs journaux, entre autres du Commerce, ainsi que des Revues politiques et littéraires de l’émigration italienne. Après la révolution de Février, l’association nationale italienne, qui venait de se constituer à Paris sous la présidence de Mazzini, nomma Canuti son vice-préside.nt. Le but de l’association était le triomphe de la cause italienne, sans acception d’aucune forme de gouvernement. Canuti partit pour Turin avec Alex. Bixio, qui s’y rendait en qualité de ministre de France ; il alla ensuite à Milan, puis à Crémone, où il eut une entrevue avec Charles-Albert, à son quartier général. Canuti appuya fortement la fusion du royaume Lombard-Vénitien avec le Piémont. Le gouvernement constitutionnel de Pie IX le nomma commissaire général extraordinaire auprès des troupes pontificales, qui avaient franchi le Pô pour prendre part à la guerre cc-.itre l’Autriche. Après l’armistice, il fut envoyé par le ministère Mamiani (5 décembre 1848) en mission diplomatique à Paris et à Londres. À son retour de cette dernière ville, il reçut du gouvernement provisoire l’ordre de s’arrêter à Paris en qualité de chargé d’affaires. Ces fonctions lui furent retirées aussitôt après la proclamation de la république à Rome, et il rentra dès lors dans la vie privée, jusqu’à sa mort, arrivée il y a quelques années. Canuti a publié quelques écrits, entre autres : Vie de Stanislas Mattei (Bologne, 1829) ; la Question italienne (1845), et Réflexions sur les affaires d’Italie (1848).

CANY-BARV1LLE, bourg de France (Seine-Inférieure), chef-lieu de canton, arrond. et à 25 kilom. N.-O. d’Yvetot, sur la Durdent ; pop. aggl. 1,276 hab. — pop. tôt. 2,051 hab. Filature et tissage de coton ; commerce de poissons, bois, céréales, fourrages et graines oléagineuses.

CANZ (Israël-Théophile), théologien protestant et philosophe allemand, né à Heimsheim (Wurtemberg) en 1690, mort en 1753. D’abord adversaire, puis disciple de Wolf, il développa les principes de son maître et les appliqua à la théologie. Ses ouvrages sont nombreux et ont eu au dernier siècle une grande réputation. Nous citerons, entre autres : Philosophiœ Leibnitzianœ et Wolfianœ usus in theologia (1728-1739, 4 vol.) ; Grammaticœ universalis tenuia rudimenia(1737) ; Disciplina : morales omnes (1739) ; Meditutiones philosop/ticœ (1750), etc.

CANZLAR ou CANZLER (Jean - George), écrivain et hommé politique allemand, né à Burkhardsdorf (Hartz) en 1740. Il remplit successivement les fonctions de secrétaire d’ambassade près de la cour de Suède, et de conseiller des comptes à Dresde. On a de lui des Mémoires pour servir à la connaissance des affaires politiques et économiques de Suède (177G, 2 vol. in-4o), et un Tableau historique sur la Saxe (1786, in-4«).

CANZLER (Frédéric-Théophile), géographe, né à Wolgast en 1764. Il occupa une chaire à l’université de Greifs-wald, et publia, entre autres ouvrages : Archives universelles pour la connaissance des pays, des peuples et des États ; Traité de la géographie dans toute son étendue ; des traductions, des voyages, etc.

CANZONE s. f. (kan-dzo-né — mot ital.). Littér. Petit poème italien divisé en stances égales, sauf la dernière, qui est plus courte : une canzone solitaire, échappée de la tombe, continuait à charmer Vaucluse. (Chateaub.) Les poètes italiens de la renaissance lui avaient rempli la tête de canzones et de sonnets langoureux. (Gér. de Nerv.) Parfois, dans leurs canzones, les poètes italiens du xme siècle égalent les troubadours, ces premiers maîtres de la poésie moderne. (Villem.) Il On dit aussi canso. il Quelques-uns font ces deux mots du genre masculin.

— Encycl. Malgré l’analogie du nom, la canzone n’a rien de commun avec la chanson ; il faut même renoncer à traduire ce mot, tant l’idée qu’il éveille est exclusivement italienne. Inventée, dit-on, en Provence par Giraud de Borneil, le père putatif des troubadours, la canzone n’eut pas de peine à se naturaliser sur cette belle terre d’Italie, dont la Provence n’était en quelque sorte que l’extrême province. Elle fut oubliée oar les héritiers des troubadours, à, l’époque ou, devenus Français, ils tirent un pas vers le génie de leur nouvelle patrie ; mais elle devint, en peu de temps, aux mains des poètes italiens, le plus noble des petits poèmes. Depuis Dante et Pétrarque jusqu’à nos jours, elle a également tenté toutes les imaginations fortes ou gracieuses, à la réssrve peut-être de quelques écrivains du xvmc siècle, auxquels les allures philosophiques de l’épitre plurent davantage. Personne, à notre époque, n’a plus contribué que Marchetti à remettre la canzone en honneur. L’école moderne y peut regretter l’absence de ces fortes couleurs dont parfois elle abuse ; mais, grâce à la simplicité touchante de la pensée, à la sobriété et à la pureté du style, le poète de Bologne a produit des chefs-d’œuvre en ce genre ; par exemple, celles qu’’il a faites en

CANZ

l’honneur de quelques morts illustres : le sculpteur Visconti, le posta Perticari, et celle qu’a inspirée à l’auteur le tombeau de Pétrarque. Une pensée unique suffit presque toujours à un poème de si peu d’étendue ; la développer en vers harmonieux est toute la poétique du genre. Mais les canzoni les plus remarquables qui aient paru de nos jours sont celles de Leopardi, un grand poète presque ineonnu en France. Nous allons d’ailleurs, en sortant un peu de notre cadre habituel, passer ici en, revue les principaux recueils de canzoni. V. canzoni.

CANZONETTE s. f. (kan-zo-nè-te — dimin. de canzone). Littér. Petite chanson populaire et gracieuse : Mademoiselle est si bonne, qu’elle veut bien me favoriser de quelques-unes do ces jolies canzonkttes douces et consolantes à l’oreille d’un Italien. (Bodin.) On grave, chez ce marchand de musique, t*ois canzonettks avec texte italien et allemand. (Champfleury.)

Camonetio vénitienne, musique de R. Schumann. Nous devons l’avouer, cette composition n’a pas tout le relief et l’accent que nous pouvions espérer ; mais, si la mélodie est un peu pâle, la ritournelle, que par malheur nous ne pouvons reproduire, est une merveille de fraîcheur et de pittoresque, on croirait entendre caqueter une de ces courtisanes vénitiennes aux cheveux ambrés dont Paul Véronèse et le Titien nous découvrent les splendides épaules.

■ de - le dans l’on» - bre, Gon-do - le at-tea

gl^^S^^^ËËI

— dra. Voi - le do mys ■ îê - rc, sou

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■rit le bon-heur ; Et, loin do la . Bitord, ,|,

ter - re, Bat mieux notre cœur.

DEUXIÈME COUPLET.

La mer est tranquille Le ciel sera par, Et calme est l’asile Du golfe d’azur. Un reflet de lune Remplace le jour. Toute la lagune Soupire d’amour.

Cnnzonclto vénitienne, musique de R. Schumann. Nous préférons de beaucoup cette canzonette à l’autre pièce de môme nature qu’a écrite Schumann, Il y a dans cette mélodie une nonchalance, une coquetterie, une langueur indicibles. C’est plein de senteurs marines, de murmures des vagues, de voix étouffées, de baisers furtifs ; en un mot, c’est tout un poème amoureux.

Mysteriaso et bien rhylhmé’

Au-tour de nous le flot tout bas g<S— mit ; Lèvent lc-ger nous berce et nous con nui ! iks-uyiid th’S eu ux. Il lu ut ca-cht-r h

g^^^PIP^i^

tous les yeux Lon-heur mvs-te - ri • eux.

. I ’ I ’ I ^

Viens ! viens ! viens ! viens !

Variante pour la 2« strophe, de ££ à *

N’2niends-tu pas, dis, les flotsjaloux Se

plaindre *m -cor plus doux ? Hon DEUXIÈME COUJ-tBT. Flots caressants, je la confie à vous ! La mer nous aime, nous : N’enteiïds-tu pas’les flotsjaloux

Se plaindre encor plus doux ? Bonheur ne dure qu’un moment Et laisse un long tourment. Mensonge affreux pour un amant ! Je crois a ton serment ! Viens ! (quater)

CmiEonetto vénitienne, paroles françaises de Bélanger, musique de Mendelssohn. Ceci esc un chef-d’œuvre, et les deux cauzonettes vénitiennes de Schumann sembleraient presque d’une couleur terne et grise, mises on présence de ce rayon de soleil noté ! Mendelssohn, le poète des mélancolies et des teintes douces, trouvant cette chiiucle et lumineuse mélodie, si vivace, si exubérante de jeunesse, de mouvement et de vie, c’est un do nos grands étonnements musicaux. ■

Allegro vivace.=

gÉ^g^^^^

STROPHE. Le

leil s’c-latice des.

cieux. Sur la ter - re il dar - de ses

—* u

i^^^plëpgl^

T* *~V*

■ si - e. Tout s’ombel - Ut par leur ma ■

^g^m^^^^i

—gi-e. L’éther est pur et ra - di

JL

^^Efl^ëË^l^

■ eux. Tout é-blou - it, tout charme les yeux.

DEUXIÈME COUPLET.

L’oranger enivrant d’odeur, L’aloès brillant de splendeur. Le peuplier dans la campagne, Le cidre altier sur la montagne, Rois de la plaine et rois des monts, Avec fierté lovent leurs fronts !

Ëjï

3e strophe- Est-ce bien toi, fleuve or • gueil — leux, Dont l’hanse roi - le a-vec les

jN^M^ggp^a

■ H - e Son eau lim - pi - de et son ciel Molto, Crée.. -f.— Ilitard. Molto. ja l’ou - bli

Caugouï de Pétrarque. La CailZOUC est,

avec le sonnet, l’une des formes des poésies lyriques de Pétrarque. Il ne faut pas croire que toutes les pièces de son canzomere soient consacrées à célébrer Laure et la passion platonique qu’elle lui inspira jusqu’à sa mort ; le poète y chante aussi d’autres sujets, et même, dans ce genre dû poésie qui a tant contribué à la gloire de Pétrarque, le plus brillant et le plus enthousiaste de ses poèmes, celui qui se rapproche le plus de l’ode antique, est, a nos yeux, la cinquième canzone, dans laquelle il prêchait à son ami, l’évêque de Lonibez, la croisado.pour la délivrance des lieux saints. En voici quelques strophes :

« Quiconque habite entre la Garonne et les monts, entre le Rhône, le Rhin et les ondes salées, accompagnera les enseignes chrétiennes ; quiconque, des Pyrénées jusqu’au dernier horizon, estime la vraie valeur, laissera déserts l’Aragon et l’Espagne. La charité excite à cette haute entreprise J’Angleterre et toutes les lies que baigne l’Océan, entre la Grande Ourse et les colonnes d’Hercule... Quel amour si légitime et si profond, quels enfants, quelles femmes ne seraient pas abandonnés pour ufl si juste dessein ?

« Il est une partie du monde qui toujours est couverte de glace et de noigo, loin de la route du soleil ; là, sous un jour nuageux et court, naît un peuple ennemi de la paix, et pour qui la mort n’est point une peine ; si, plus dévot qu’il n’a coututno de l’être, il joint son épée à la fureur des Allemands, on verra