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peuple puissant : Paris est, a son tour, la utile ; lo foyer commun de la vie moderne ; on n’a pas assez dit quand on l’a nommée le emur et le cerveau de la France : c’est lo cerveau <ie l’univers, c’est le cœur de l’humanité.

Ecoutons les paroles d’un illustre historien :

  • Ceux qui n’ont pas eu l’honneur de naître

dans la sainte boue de la métropole du monde, qui n’ont pas vu et senti la puissance de cet étonnant creuset où les races et les idées vont se transformant et créant sans cesse, arrivent rarement à savoir ce que c’est que la grande chimie sociale, Qu ils aient la science, l’intelligence et le génie même, ils sortent difficilement des classifications étroites ; à grand’peine comprennent-ils la fluidité de la vie. Qu ils humilient leur science, qu’ils viennent étudier, ces docteurs 1 À ce point central du globe où se rencontrent et se combinent tous les courants magnétiques, ils pénétreront à la longue le souverain mystère, invisible, intangible, des mélanges de l’Esprit. » (Michelet.) Paris a remplacé la Rome des césars et celle des pontifes comme point central du globe ; mais, tandis que le Capitole dominait le inonde par les armes et le Vatican par une doctrine immuable qui arrêtait nécessairement le développement, le progrès de

la pensée, Paris exerce un empire purement intellectuel ; il affranchit les esprits qu’il conquiert, et ses victoires sont des émancipations.

À l’article Paris, on appréciera le rôle de cette noble cité, son action sur la France et sur le monde ; ici, nous ne pouvons que rappeler que depuis des siècles déjà elle est réellement la capitale de l’intelligence, le pays de la libre parole et de la libre pensée, une vraie république, un forum pour la diffusion de toutes les idées, enfin la tribune de l’univers.

La Rome des Césars ne demandait à ses maîtres que du pain et les jeux du Cirque. Ces conditions remplies, Néron et Caligula pouvaient impunément, l’un chanter sur les ruines fumantes de Rome, l’autre se passer la fantaisie de faire nommer son cheval consul.

Paris a toujours demandé autre chose ; aux époques les plus despotiques, il a constamment revendiqué pour l’humanité entière la lumière et la liberté.

Centres des arts, de la science et de la pensée, rendez-vous de toutes les capacités, de toutes les intelligences d’élite, les capitales ont généralement tonné et nourri dans leur sein des populations plus indépendantes et plus éclairées, conséquerninent moins faciles à asservir. Aussi les puissants de la terre, les souverains absolus, les partis rétrogrades, ont toujours préféré prendre leur point d’appui sur les masses provinciales et rurales, c’est-à-dire sur des individus disséminés, faibles de leur isolement, et en outre étrangers pour ainsi dire à la vie collective et aux échanges d’idées. Pour ne citer qu’un exemple, qu on se souvienne de Louis XIV, ce demi-dieu du despotisme, de Louis XV, ce débauché semioriental, fuyant Paris, et enfermant leur vie dans ce Versailles, qui était pour eux tout l’univers. Louis XVI y vécut de même, et il fallut que le peuple de Paris allât l’en arracher en 17S9. Les rois n’avaient laissé à notre capitale que le moins d’initiative possible, et cette déliance se manifeste encore aujourd’hui à Lyon et à Paris, où le gouvernement se réserve la nomination des autorités muuicipales.

Pendant la Révolution, on remarque le même esprit dans tous les partis qui, se sentant dépassés, ont tenté d’enrayer le mouvement, et spécialement les Girondins. Leurs canditats ayant échoué à Paris lors des élections conventionnelles, ils s’abandonnèrent de plus en plus à leur étroit provincialisme, à leurs rancunes, à leur animosité contre la grande commune, et l’on entendit plusieurs de leurs enfants perdus s’écrier que Paris devait être réduit à un 83" d’influence, qu’il ne fallait plus do capitale, etc., ce qui les fit accuser de fédéralisme et fut une des causes de leur perte.

Nous ne nous arrêterons pas sur l’histoire de ces luttes fameuses, qui trouvera sa place dans ce Dictionnaire aux mots Fédéralistes, Girondins, etc. Contentons-nous de rappeler en passant un fait qui a eu dernièrement, chez nous, un certain retentissement.

Un homme qui est doué, qui est possédé du génie administratif au suprême degré, et qui "pense que, pour faire quelque chose de bon, la devise de Môdée est ta meilleure, M. Haussmann, s’est demandé, dans ces dernières années, à la suite des élections législatives, si celui que, depuis Julien l’Apostat, on a la manie d’appeler le Parisien, est bien un être qui existe réellement ; si ce n’est pas plutôt une individualité fictive, un mythe, une entité ; et, après les plus profondes réflexions, la réponse a été : Non, le Parisien est une personnalité impalpable ; il est ici, là et ailleurs, mais jamais à Paris. Aujourd’hui à Monaco, demain à Bade, il ne demeure pas ; c’est à peine s’il perche ; c’est un nomade (le mot est resté, et il le méritait). Comme le monde de Pascal, le Parisien est un cercle dont le centre se trouve partout, la circonférence nulle part. Puisqu’il en est ainsi, pourquoi assigner un domicile fixe à cette ombre légère, à cette bulle de savon ? Pourquoi en faire un garde national, un électeur ? Qu’il soit contribuable et patenté, passe encore :

La patente n’est pas ce qu’un vain peuple pense.

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Mais citoyen de Paris, mais électeur de Paris, c’est une anomalie évidente.

Voilà ce que croit fermement M. Haussmann, et nous croyons qu’il a raison ; c’est même sur cet aveu, dénué d’artifice, que nous terminerons ces réflexions, qui seraient trop osées si elles étaient sérieuses.

— Typ. Les grandes capitales excèdent de près de la moitié le corps de la lettre ordinaire. Elles suivent son alignement habituel par le bas, et, par le haut, celui de son prolongement supérieur. On les emploie au commencement de tous les noms propres, et de

quelques noms communs pris dans certaines acceptions. On en fait aussi usage pour les titres et les divisiojis de livres ou de chapitres. Les petites capitales ont la forme des grandes capitales, mais leur volume n’est guère plus grand que celui des lettres ordinaires. On s’en sert, après une grande capitale, pour compléter le premier mot d’une division d’ouvrage. On y a également recours pour faire des titres et des sous-titres, et, dans les pièces de théâtre, pour indiquer les interlocuteurs.

CAPITALEMENT adv. (ka-pi-ta-le-manrad. capital). D’une façon essentielle, principale, capitale : Je ne prétends point que le retour de Mm* de Jouarre rende le commerce moins libre avec moi, et c’est à quoi je pourvoirai capitalement. (Boss.) Voilà la 1 sainte et divine paix que nous devons capitalembnt désirer. (Bourdaloue.)

— A mort, à la peine capitale : Quel est l’audacieux qui, lorsqu’il s’agit de juger capitalisent un homme, passe en avant et le condamne, sans avoir pris toutes les précautions possibles ? (J.-J. Rouas.)

CAPITALISABLE adj. (ka-pi-ta-H-za-blerad. capitaliser). Qui peut être capitalisé : Intérêts capitalisables.

CAPITALISATION s. f. (ka-pi-ta-li-za-si-on

— rad, capitaliser). Action de capitaliser : Capitalisation des intérêts.

— Action d’amasser et de rendre productif : La capitalisation incessante des résultats acquis, telle est la cause et la loi du progrès. (E. Seherer.)

CAPITALISÉ, ÉE (ka-pi-ta-li-zé) part. pass. du v. Capitaliser : Intérêts capitalisés. Les intérêts de cette famille, capitalisés par les soins du gendre, devaient donner cinq cent mille francs. (Balz.)

CAPITALISER v. a. ou tr. (ka-pî-ta-li-zê

— rad. capital). Transformer en capital ; Capitaliser les intérêts. Capitaliser ses économies. L’avantage principal de l’or et de l’argent, pour la formation des capitaux, a été de favoriser les plus petites économies et de les capitaliser. {Dupont de Nemours,) Il Réaliser un capital : Capitaliser une rente.

— Calculer un capital sur un taux donné ou arbitraire ; estimer des valeurs en calculant à un taux donné le capital représenté par le revenu qu’elles fournissent : Les produits de ce chemin sont encore trop variables pour qu’on puisse en capitaliser les actions.

— Ahsol. Amasser un capital : Vous capitalisez. Capitaliser, c’est préparer le vivre, le couvert, le loisir, l’instruction, la dignité aux générations futures. (F. Bastiat.) Ce qui empêche les travailleurs de capitaliser, c est que la propriété ne leur en laissepas le moyenj^touàh.)

CAPITALISME s. m. (ka-pi-ta-li-smerad. capitaliser). Néol. Puissance des capitaux ou des capitalistes : La terre est encore la forteresse du capitalisme. (Proudh.) Plus le commerce international prend d’extension et plus le capitalisme se centralise, plus aussi le paupérisme se multiplie. (Proudh.)

CAPITALISTE s. m. (ka-pi-ta-li-ste — rad. capitaliser). Individu qui possède un capital et vit de son revenu : On a défini le capitaliste un monstre de fortune qui n’a que des affections métalliques. De même que des Arabes du désert, qui viennent de piller une caravane, enterrent leur or de peur que d’autres brigands ne surviennent, de même nos capitalistes enfouissent notre argent. (Mercier.) Dans le monde, on n’accorde le nom de capitalistes qu’aux hommes dont Vunique ou du moins le principal revenu consiste dans l’intérêt de leurs capitaux. (J.-B. Say.) Le capitaliste est l’homme qui dispose de l’instrument de circulation qu’on appelle argent. (Proudh.) Il n’est point de capitaliste qui ne vive dans Vavenir par les liens de famille. (G. Sand.) Un capitaliste chagrin est comme les comètes, il présage toujours quelque grand malheur au monde. (Alex. Dum.) La faim place le prolétaire dans la dépendance absolue du capitaliste. (Lamenn.) Il Bailleur de fonds, individu qui fournit des fonds à une entreprise industrielle ou autre : Votre idée est bonne ; il ne vous manque qu’un capitaliste pour la faire valoir. liéprouver les capitalistes comme inutiles à la société, c’est s’emporter follement contre les instruments mêmes du travail. (Mirab.) Tout colon doit s’associer à un capitaliste qui le défraye, ou être son capitaliste à lui-même. (A. de Broglie.) La puissance de l’Angleterre tient à la richesse et à la sagesse de ses capitalistes. (Droz.)

— Adjfictiv, Qui appartient aux capitalistes, qui est relatif aux capitalistes : Sans aristocratie capitaliste, plus d’autorité, et sans autorité, plus de gouvt ’nement. (Proudh.) Otez la hiérarchie capitaliste, tous devenaient égaux et frères. (Proudh.)

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CAPITALITÉ s. f. (ka-pi-ta-li-té — rad. capital). Caractère de ce qui est capital : La CAPITALITÉ de cette ouvre est évidente.

CAPITAN s. m. (ka-pi-tan — mot espagn. qui signifie capitaine ; se dit à cause du iaractère fanfaron attribué à ce peuple). Personnage fanfaron et ridicule, qui était, pour ainsi dire, obligé dans l’ancienne comédie italienne ; personne qui se donne le même air : Le capitan de l’ancienne comédie ne parlait que de tuer, de massacrer, de pourfendre ; entrait en scène en prononçant les mots ventre ! têtel et finissait par recevoir très-pacifiquement la correction énergique qu’on lui administrait. M. d’Elbeuf, qui venait de-recevoir une lettre de La Bivière, pleine de mépris, faisait le capitan. (C. de Retz.) Un juge des choses d’esprit n’est pas un capitan, et quand il s’en donne l’air, il est un capitan. (Rigault.) Le démon se pavanait comme un capitan des anciennes comédies de Hardy. (Balz.) Voici le capitan tout près de vous braver. La Fontaine.

A ta gloire, il faut que je fende

Les naseaux de ces capitans.

Th. Gautier.

CAPITANATE, division administrative du royaume d’Italie, sur l’Adriatique, comprenant le petit groupe d’Iles de Triniti et l’Ilot de Pianosa, et comprise entre l’Adriatique à l’E., l’Adriatique et la province de Molise au N., les provinces de Molise et la Principauté Ultérieure à l’O., la Basilicate et le pays de Bari au S. Superficie, 820,930 hectares ; pop., 334,878 hab, ch.-l. Foggia. Formée de la partie septentrionale de l’ancienne Apulie, appuyée au S. au faîte de l’Apennin, et couverte a l’O. et au N. des contre-forts de cette chaîne, dont l’un va se terminer au grand massif du monte Gargano, dans la presqu’île du même nom, cette province comprend au S. et à l’E. lo vaste plaine basse et sablonneuse delà Pouille. Ses principales rivières sont : le Fortore, le Cervaro et l’Ofanto. Ses côtes sont en général basses et-ne présentent aucun bon port ; elles sont dépourvues d’îles, mais bordées de lacs assez importants : ceux de Vorano et de Lésina, sur la côte septentrionale, ceux de Santano-Salso et de Salpi, au fond du golfe Manfredonia. La plupart de ces lacs sont bordés de marais salants très-productifs. Dans les montagnes, le sol est calcaire, mais fertile ; il est couvert de belles forêts peuplées, de hêtres, de chênes, d’ifs et de châtaigniers. Quoique cultivée seulement dans les vallées, la Capitanate fournit une récolte surabondante de froment, mais peu d’autres grains. Elle produit aussi des légumes, des fruits et des vins généralement estimés, surtout ceux de San-Giovani et de Manfredonia ; de l’huile d’olive, du tabac, et l’on récolte de la manne sur les frênes du Gargano ; mais la principale richesse de cette contrée consiste dans l’élève du bétail, qui produit des chevaux très-recherchés et reconnus les meilleurs du royaume ; des buffles élevés en troupeaux sur les bords de l’Ofanto, des moutons très-nombreux dont la laine est très-estimée, des chèvres, des porcs, des abeilles sur te mont Gargano, enfin des vers à soie.

L’industrie manufacturière de la Capitanate est à peu près nulle ; le commerce a pour objet les productions agricoles : grains, huile, fruits, miel, bétail, fromages, peaux et lainages. Le principal entrepôt du commerce est Foggia. Viesti, Manfredonia et Rodi possèdent chacune un petit port de commerce. La province est divisée en trois districts, dont les chefs-lieux sont : Foggia, Bovino et San-Severo. Elle comprend 28 cant. et 62 comm.

CAFITAME s. f. (ka-pi-ta-ne — de l’espagn. capitan, capitaine). Nom donné en France à la principale galère d’une flotte étrangère : La capitane espagnole. Le chevalier de Villeroy se noya dans la capitane de Malte, qui coula à fond. (St-Sim.)

— Adjectiv. La galère capitane :

Nous allons de Fez & Catane

Dans la galère capitane. V. Huoo.

CAP1TANI, chefs des milices grecques nommées ARMATOLES. V. Ce mot.

CAPITAN-PACHA s. m. Grand amiral de l’empire ottoman, qui joint a ses fonctions les attributions de notre ministre de la marine :

Toi dont le bras, la nuit, envoie, en se jouant, Avec leurs icoglans, leurs noirs, leurs femmes nues, Les capitans-pachas s’Cveiller dans les nues.,

V, Hugo.

— Par ext. Vaisseau monté par le capitanpacha ;

Quand brûlaient, au sein des Ilots fumants,

Les capilam-paehas avec leurs armements.

V. Hugo.

CAPITATION s. f. (ka-pi-ta-si-on — lat. capitatio, même sens ; rad. eaput, capilis, tête). Impôt, taxe par tête : C’est à la fin de 1695 que fut établie la capitation. (St-Sim.) En Russie, ni la noblesse ni les ecclésiastiques ne sont soumis à la capitation. (Volt.) De toutes les manières d’asseoir un impdt, la ptus commode et celle qui coûte le moins de frais est sans contredit la capitation. (J.-J. Rouss.) Par ta nature des choses, l’impôt affecte quelquefois la forme d’une capitation. (Michel Chev.) L’impôt personnel est un retour à la capitation. (Proudh.) La taille succéda à la capitation romaine. (Guizot.) /.-/. Rousseau

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ayant été imposé à 3 livres de capitation lorsqu’il demeurait dans la ruePlâtrière, à Paris, il refusa de payer et répondit au percepteur qui te menaçait de vendre ses meubles : « Lors~ que mes meubles seront vendus, je sortirai de mon appartement et j’irai mourir au pied d’un arbre. »

— Féod. Droit de capitation, Droit payé par les serfs au seigneur lorsque celui-ci mariait ses enfants ou faisait recevoir ses fils chevaliers.

— Théâtr. Représentation pour la capitation des acteurs, Nom appliqué anciennement a des représentations données à l’Opéra à lit tin de chaque année théâtrale, au béuéfice de la troupe.

— Encycl. Fin. L’origine de la capitation remonte à la guerre de 1C95. Le dauphin lui-même n’en était pas exempt. Momentanément établie, elle devait cesser trois mois après la conclusion de la paix. Elle cessa effectivement en 1S98 ; mais une autre guerre força d’y avoir recours, et elle reparut en 1701 avec un tarif augmenté de moitié. Bientôt, comme cela^ est arrivé souvent pour la plupart des impôts établis pour Je temps que dure une guerre, la déclaration de 1715 prorogea indélmiment la capitation, et elle subsista jusqu’à la Révolution, souvent doublée, triplée même quelquefois.

H y avait deux sortes de capitations : la capitation taillablo et la capitation personnelle, La première s’imposait sur tous les taillables au marc la livre de la taille, et la seconde se levait dans les villes franches et sur les non-taillables, d’après les rôles arrêtés par les intendants, conformément a’u tarif réglé au conseil pour les vingt-deux classes établies pour tous les sujets du roi. À Paris, tous les corps, compagnies et communautés, étaient taxés collectivement ; quant aux individus qui n’appartenaient à aucun de ces corps, ils étaient, comme le reste des habitants du royaume, taxés selon le tarif.

; Dans l’Europe moderne, la capitation est

l’un des principaux impôts de la Russie et de la Turquie. En Russie, cette taxe constitue à elle seule un véritable impôt foncier, car elle est payée, non en raison du nombre d’âmes, comme le dit la loi, mais à raison de la quantité de terres possédées dans la commune. Voici les détails que donne à ce sujet le publtciste Tourgueneff : « On connaît d’avance, dit-il, la somme totale de la capitation que la commune doit payer, par le nombre d’habitants inscrits sur les registres du dernier recensement. Les terres que la commune possède pour être cultivées par ses habitants sont réparties entre ceux-ci annuellement ou à de certaines périodes : chacun prend autant de terrain qu’il en veut ou qu’on peut lui en accorder. Il arriva sans doute, dans le cas où les terres sont en disproportion avec le nombre des cultivateurs, que ceux-ci sont obligés d’en prendre davuntage, ou, ce qui revient au même, de payer pour plus de terre qu’ils n’en veulent avoir. Mais ces cas sont rares ; car dans les contrées les moins peuplées, on trouve toujours à louer les terres qu’on ne cultive pas soi-même. En assignant a chacun son lot, on fixe en même temps la quotité de l’impôt qu’il devra payer. On dit : tel lot payé pour tant d’aines, tel autre pour tant. Le total do l’impôt pour toute la commune étant déterminé préalablement, les paysans ne font autre chose que répartir entre eux la somme à payer. »

En Russie, la capitation se trouve donc être un impôt territorial payable par suite de répartition. Tous les publicistes et économistes russes en renom se sont, depuis vingt ans, accordés à demander la réforme de cette répartition. Ils ont suggéré comme plus simple et plus rationnel de totaliser le revenu de lu capitation, pour le répartir d’abord entre les gouvernements ou provinces, puis entre les districts, enfin entre les communes.

En Turquie, la capitation représente le rachat du service militaire ; c’est une taxe personnelle qui porte sur tous les mâles adultes, sujets ottomans, sans distinction de religion. Cette taxe varie de quinze à soixante piastres turques, suivant la fortune de l’imposé. Les prêtres, les femmes, les indigents ne sont pas soumis à la capitation. Depuis 1850, les chefs religieux sont chargés de percevoir la capitation due par leurs coreligionnaires. Ils en versent le produit dans Tes caisses de l’État, L’article M du hatti - humayoun du 18 février 1856 a définitivement aboli en principe l’impôt de capitation qui frappait exclusivement les sujets ottomans non musulmans ; il a consacré l’égalité de l’impôt en Proclamant, comme conséquence logique, égalité des charges ; mais la répugnance des populations chrétiennes à se soumettre au recrutement militaire a, jusqu’à présent, • empêché le gouvernement de mettre en pratique le système de l’égalité des impôts. La capitation, supprimée en principe, existe encore en fait.

— Théâtr, Représentations pour la eapita~ tion des acteurs. Dans notre ancienne Académie de musique, les représentations pour la capitation des acteurs ressemblaient assez k ce que nous appelons aujourd’hui des représentations à bénéfice. Elles avaient lieu a la lin de l’année, et le produit en était partagé entre les acteurs, au marc le franc de leurs appointements. Ces mêmes acteurs faisaient