Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 3, part. 1, Ca-Cap.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

. I

56

C^ÊC

(J.-J. Rousseau.) L’homme qui assure son honneur, en risquant sa vie ne fait qu’échapper à la caducité. (E. de Gir.)

Je consacréh mon Dieu, néglige trop longtemps. De ma caducité les restes languissante.

VoLTAUUE.

Toux, gravelle, pituite, Assiègent sa caducité.

J.-B. Houssbad. — Fig. État de ce qui touche k sa fin, de ce qui est près de périr ; caractère de ce qui est passager, peu solide, peu durable : Je vois en la vieillesse d’Elisabeth la mourante caducité de ta loi. (Boss.) Le vice le plus inséparable des choses humaines, c’est leur propre caducité.(Boss.) Tout ce qui tient à l’homme se sent de sa caducité. (J.-J. Rouss.) Venise touchait à sa décadence ; mais le silence et l’immobilité de son gouvernement lui cachaient à elle-même sa caducité. (Lamartine.)

... On peut aux forêts comparer les cités En fait de changements et de caducités.

A. Barbier.

— Jurispr. Annulation des le^s et des donations, dans les cas où la loi les déclare caducs.

— Bot. Caractère des organes caducs : La caducité des feuilles, de la corolle. — Syn. Caducité, dcerepHmlo. La caducité est une vieillesse déjà avancée, et qui présente les signes d’une chute, c’est-à-dire d une mort prochaine. La décrépitude est le dernier degré de la caducité ; le corps du vieillard décrépit est déjà en ruine ; il craque de toutes parts’, il va tomber. Outre cette différence, il laut en signaler une autre ; c’est que caducité se dit des choses aussi bien que des hommes, et décrépitude ne s’applique qu’aux vieillards.

— Antonymes. Vigueur ; âge mûr, force de l’âge, jeunesse ; persistance, en botauique.

CADUQUE s. f. (ka-du-ke — rad. caduc). Anat. Membrane caduque. "V. caduc.

CADURCI, peuple de l’ancienne Gaule, dans l’Aquitaine 1", entre les Lémovices au N., les Arvernes et les Ruthènes à l’E., les Volces Tectosages et les Lactorates au S., les Nitiobriges et les Pétrocoriens a l’O. Leur capitale était Divona, qui plus tard fut appelée Cadurci, sur l’emplacement de laquelle est bâti Cahors. Les Cadurques ou Cadurci, renommés dans les Gaules pour leurs fabriques de poteries, furent un des derniers peuples qui osèrent résister à César.

CADURCIEN, IENNE s. et adj. (ka-dur-si ain, i-è-ne — du lat. Cadurci, nom d’un peuple qui habitait Oahors et ses environs). Géogr. Habitant de Cahors ou de ses environs ; qui appartient k Cahors ou à ses habitants : Les Cadurciens. La population cadurciennb. Il a publié à Cahors un journal appelé le Cadurcien. Il Ne se dit que dans le style soutenu. Dans le langage ordinaire, on dit Gahorsin.

CADURC1UM, CADURCA TERRA ou CABURCElNCIS AGER, noms latins du Quercy.

CADUSII ou CADUSIENS, peuple de l’ancienne Asie occidentale, sur la côte S.-O. de la mer Caspienne, entre les fleuves Cyrus et Amordus ou Sygris. Leur territoire forme actuellement la province persane du Ghilan.

CADWALDYR ou CALWALADYR, dernier roi des Bretons. En 660, il succéda à son père Cadwallon ; mais, quand les barbares eurent envahi la Grande-Bretagne, il se retira à Rome, où il mourut en 705. Fendant le cours de son règne) il s’était montré plein de bienvieillance pour les chrétiens.

CADWAI.l.AUEK, médecin américain, qui exerçait son art à Philadelphie. Il a publié, vers 1740, le premier Traité de médecine qui ait paru en Amérique. Il attaque vivement dans cet ouvrage l’usage du mercure et des purgatifs violents.

CADWALLON, roi des Bretons dans le vue siècle. Vaincu par Edwin, prince de Northumberland, il fut ensuite rétabli par son neveu Braiot-Hir, et c’est alors qu’il prit le titre de roi, en 633. Il eut pour successeur son fils Cadwaldyr.

CADWËLL (Andrew), littérateur irlandais, né à Dublin en 1732, mort en 18Û8. Il embrassa la carrière du bavreau dans sa ville natale en 1760 ; mais il ne tarda pas à l’abandonner pour se livrer à son goût pour les beaux-arts et surtout pour l’architecture. On a de lui : Obseiiialions sur les édifices publics de Dublin (1770), sans nom d’auteur.

CADWBAN, fils de Bleddyn, régna dans lenord du pays de Galles vers 1107.11 fut obligé de se retirer en Irlande avec son fils, qui avait enlevé la femme de Gérald. Il rentra dans ses États l’année suivante, et fut assassiné par son neveu.

CADYANDA, ville de l’ancienne Lycie, un peu au N.-E. de la ville moderne de Macri, découverte par M. Pellow en 1840. Près du village turc appelé Honzoumle, construit sur l’emplacement de l’ancienne Cadyanda, on trouve les restes d’un temple, d’un stade et d’un beau théâtre.

CJE... Hist. nat. Pour les noms de genres ou de familles qui commencent par cette syllabe, et qui ne se trouvent pas ici, v, ce..

CŒCAI., ALE adj. (sé-kal, a-le — rad. cœcum). Anat. Qui appartient à l’intestin appelé

CML.

catcum ou cœeum, il On écrit, à tort cœcum. V. la remarque au mot c<ecum.

CiECIFORME adj. (sé-si-for-me — de cœeum et de forme). Hist. nat. Qui a la forme du cœcum, la forme d’un cul-de-sac, d’une cavité sans issue.

dïICILIUS s.m. (sé-si-li-uss). Entom. Genre d’insectes névroptères détaché du genre psoque.

C.ŒC1LIUS STATlUS, po6te comique latin, d’origine gauloise, né à Milan, mort l’an 174 avant J.-C., avait commencé par être esclave. Ayant été affranchi, il devint l’ami d’Ennius et de Térence, dont il encouragea les débuts, et il comppsa pour le théâtre environ quarante comédies, imitées généralement de Ménandre. Il ne reste de ces pièces que quelques fragments, recueillis par Henri Estienne en 1564, et publiés notamment dans les Opéra et fragmenta veterum poetarum latinorum de Maittaire en 1713.

CflîCINA ALIEMJS, général romain, qui vivait au ier siècle de notre ère. Lorsque Othon se lit proclamer empereur en Espagne, et excita à Rome une révolte dans laquelle Galba fut tué, Cœéina Alienus se prononça pour Vitellius, que l’armée de Germanie venait d’élever à l’empire, et marcha contre les troupes d’Othon, qu’il vainquit à Bêdriac, l’an 69 de notre ère. Bientôt après, il abandonnait ViteHius pour Vespasien ; mais, n’ayant pas reçu de ce dernier les récompenses qu’il espérait, il conspira contre lui, et fut tué par Titus en sortant (ïun festin.

CflîClNA POETCS. V. Pœtus.

OffiCOGRAPHE S. m.(sé-ko-gra-fe —du lat. ccecus, aveugle ? et du av. graphe, j’écris). Instrument à l’aide duquel on peut écrire sans y voir.

CJECOGRAPHIE s. f. (sé-ko-gra-fl — du lat. cœcus, aveugle, et du gr. graphe, j’écris). Art d’apprendre à écrire aux aveugles.

CiECUBE petit canton de l’Italie ancienne, sur les confins du Latium et de la Campanie, entre les villes modernes de Terracine et de Gaete ; les Latins l’appelaient Cœcubum et Cœcubus Ager. C’était, au milieu de marécages plantés de peupliers, une colline produisant un vin qui rivalisait avec le massique et le falerne.

CjECULUS s. m. (sé-ku-luss — nom mythol.). Genre de coléoptères, de la tribu des buprestides, comprenant six. espèces répandues sur tout le globe.

CAàCUM s. m. (sé-komm — du lat. cœcus, aveugle, parce que cet intestin est bouché, aveuglé). Anat. Sorte de prolongement ou d’embranchement sans issue qui se trouve entre l’intestin grêle et le colon.

— Fig. Détour, passage obscur : Les prédestinations ne sont pas toutes droites ; elles ne se développent pas en avenue rectiligne devant le prédestiné ; elles ont des impasses, des ctâ- cums, des tournants obscurs, des carrefours inquiétants offrant plusieurs voies. (V. Hugo.)

— Rem. L’Académie écrit cœcum, sans paraître se douter que le radical latin cbcus s’écrit par un je. Cette inadvertance a eu le sort glorieux de toutes les fautes échappées à l’Académie : on l’a religieusement reproduite dans la plupart des dictionnaires, et même, qui pis est, dans les ouvrages scientifiques. Comme.il est probable que tous ceux qui commissent l’orthographe adoptée par l’Académie, et qui n’eu connaissent pas d’autre, chercheront cœcum pour y trouver les développements.encyclopédiques que nous consacrons à cet intestin, comme à tous les organes importants du corps humain, nous les avons placés là où la plupart des lecteurs les chercheront, mais après iivoir protesté contre l’erreur commise pur l’Académie.

CflïDIE. Entom. V. cédie.

OÏDIT1US (Quintus), guerrier romain. V. Calpurnius Flamma.

CtëDMON, écrivain religieux etpoëte anglosaxon du vue siècle. V. Cedmon.

CffiLÉBOGYNE ou CÉLÉBOGYNE s. f. (celé-bo-ji-ne — du lat. cœlebs, célibataire ; gunê, femme, femelle). Bot. Genre d’euphorbiacées de la Nouvelle-Hollande, qui semblent présenter une anomalie des plus singulières : bien que leurs fleurs soient complètement dépourvues d’étamines, ces arbrisseaux produisent des graines fécondes.

CVELÈNE s. f. (sé-lè-ne). Entom. Genre de lépidoptères nocturnes détaché du genre apamée.

CftîLET.* :, peuple de l’ancienne Thrace ; Pline les distingue en Cœletœ Majores et Cœletœ Minores ; les premiers habitaient au pied du mont Htemus, les seconds au pied du mont Rhodope.

C/KL1US, nom d’une des sept collines comprises dans l’enceinte de Rome ancienne, au N. du mont Palatin. Après la destruction d’Alba Longa, Tulius Hostilius transporta les Albains sur le Cailius, qui dès lors fut réuni à la ville. Ce quartier de Rome ne renfermait aucun monument remarquable, mais il était très-peuplé et très-commerçant. Il fut dépeuplé et ruiné en 1080 par le Normand Robert Guiscard, duc de Fouille, qui défendit Grégoire VII contre l’empereur Henri IV et l’antipape Clément III, au prix du sac et du pillage de la ville éternelle.

•. CÀEN

CMUVB (Antoine), médecin italien, natif de Messine, où il vivait dans la première moitié du xvu« siècle, a publié deux ouvrages sur son art : Tractatus de pulsibus (Messine, 1618, in-4»), et Introduetio universatis ad medicam facullatem, etc. (Messine, 1818, in-4»),

GEL1US AUREL1ANCS, médecin de la secte des méthodistes, sont on ignore complètement la vie. Selon les uns, il est né à Aria en Asie ; selon d’autres, à Sicca en Afrique, et, pendant que certains le font vivre au ve siècle, le plus grand nombre le regardent comme contemporain de Galien, c’est-à-dire comme ayant vécu an He siècle de notre ère. Quoi qu’il en soit, on a de ce médecin deux ouvrages intéressants, parce que, d’un côté, il y expose le système de la médecine méthodique, et que, de l’autre, en réfutant les principes des médecins antérieurs, il donne des notions sur plusieurs points obscurs de l’ancienne médecine. L’un de ces traités, qui a pour objet les maladies chroniques, a pour tïtre : Cœlii Aureliani tardarum passionum libri V, et a été publié pour la première fois à Bâle (1529, in-fol.) ; le second, sur les maladies aiguës, est intitulé : Cœlii Aureliani acutarum passionum libri III (Paris, 1533, in-8°).

CiKLIUS SABINDS. V. SaBIHUS.

CAEM s. m. (kan). Ancienne forme du mot KAN : Le CABM de Tartarie.

CAEMMERER (Frédéric), poète français, né à Longwy en 1785. Après avoir fait ses études à Nancy, il entra dans le corps des mineurs en 1804. Étant à Hambourg, il fit connaissance avec la famille du célèbre poète allemand Klopstock. Le frère de ce grand écrivain, homme de lettres lui-même, distingua Caemmerer et lui donna sa fille. Nommé a la direction des postes de Longwy, Caemmerer trouva dans la culture des lettres et des Muses un moyen d’employer utilement ses loisirs. On connaît de lui un mémoire fort bien fait, qu’il adressa en 1823 à la Société littéraire (aujourd’hui Académie) de Metz, sur un autel antique découvert à Havange, village situé sur la route de Metz à Longwy ; diverses poésies insérées dans le Recueil des travaux de l’Académie de Mets et dans le Chansonnier des Grâces.

CAEN (À LA MODE DE) loc. adv. Art culin. Se dit d’une manière d’accommoder les tripes et le gras double : L’autre côté est occupé par les marchands de cidre chez lesquels on peut se régaler d’huîtres et de tripes À la mode »b caen. (Gér. de Nerval.)

CAEN (Cadomum), ville de France (Calvados), ch.-l. du département, de l’arrondissenîent de son nom et de deux cantons, au confluent de l’Odon et de l’Orne, à 377 kilom. O. de Paris ; pop. aggl. 34,260 hab. — pop. tôt. 41,564 hab. L’arrondissement renferme 9 cantons, 188 communes et 131,959 hab. Cour impériale, cour d’assises, tribunaux de lre instance et de commerce, chef-lieu d’académie, facultés de droit, de scienceSj des lettres ; école préparatoire de médecine et de pharmacie, lycée impérial, école normale d’instituteurs, école d’hydrographie, conservatoire de musique, bibliothèque publique renfermant 50,000 volumes, musée de peinture et d’histoire naturelle, nombreuses sociétés scientifiques, littéraires et artistiques ; chef-lieu de la 3« subdivision delà 2e division militaire ; vice-consuls étrangers. Le confluent des deux rivières qui baignent la ville y forme un port composé d’un bassin à flot ayant Sso m. de longueur, 50 m. de largeur et 4 m. de profondeur. Ce bassin est directement relié au chemin de fer de Paris à Cherbourg et uni à la Manche par un canal de 1,478 m., qui se termine a l’avant-port d’Ouistreham. Le mouvement de la navigation a été, en 1861, entrée et sortie réunies, de 1,867 navires jaugeant 173,082 tonneaux. L’importation consiste en sapins du Nord, engrais, grains et farines, set, houille, fonte, fers et aciers, vins, eaux-de-vie, denrées coloniales. L’exportation a pour objet principalement les matériaux de construction maritime, les graines oléagineuses, granits et pierres de taille, machines, pommes de terre, œufs, fruits, beurre, etc.

Caen possède actuellement quatre chantiers de construction maritime, qui fournissent des navires de 450 tonneaux, beaucoup plus estimés que les produits des chantiers du Midi. Les autres branches de l’industrie consistent en scieries, fontes de deuxième fusion ; épurations d’huile, très-importante fabrication de dentelles, bonneterie, papiers peints, carrosserie-et grès cassés pour Paris. Les chevaux, les bestiaux, la volaille, le cidre, le poisson sont les principaux objets du commerce. Caen, situé dans un riant vallon, est une ville bien bâtie, bien percée, propre, ornée de plusieurs places publiques, Saint-Sauveur et le Grand-Cours, et de plusieurs beaux édifices.

La date précise de la fondation de Caen est inconnue ; les débris de constructions romaines qu’on trouve près de là, au village de Vieux, semblent indiquer l’existence d’une ville fort ancienne. Toutefois, il est certain que, au ni° et auive siècle, cette ville fut détruite par les Saxons, réédifiée peu après, et qu’elle était déjà importante lorsque, en 912, la Neustrie fut cédée aux Normands par Charles le Simple. Caen se développa rapidement sous les ducs de Normandie, et surtout sous Guillaume le Conquérant, qui commença la construction du château terminé par Henri Ier d’Angleterre, réparé et agrandi par Louis XLJ et

’ • CAEN

François I»». Devenue la plus considérable dû la basse Normandie, cette ville fut en butte à de fréquentes attaques pendant les guerres du moyen âge. En 1346, elle fut prise et pillée par ÉdouardIII ; en 1417, les Anglais prirent Caen une seconde fois, &t s’y maintinrent jusqu’en 1450, époque où Uunois l’enleva au duc de Sommerset, qu’il força de capituler avec 4,000 soldats qui s’étaient retirés dans le ehâteau. Pendant les guerres de religion, les protestants s’en rendirent maîtres Te 8 mai 1562, et gardèrent cette ville jusqu’au traité d’Amboise (1563). La révolte des Pieds nus y causa les derniers troubles en 1839. Pendant la Révolution, Caen fut le foyer du fédéralisme girondin, et c’est de cette ville que partit Charlotte Corday. Parmi les hommes illustres nés k Caen, on doit citer Malherbe, Boisrobert, Segrais, Malfilâtre, Huet, évêque d’Avrancbes, de la Rue, ’Choron et Auber.

— Monanent». Caen n’a conservé de ses anciennes fortifications qu’une grosse tour, nommée la Tour de Guillaume-le-Iioi, et une espèce de citadelle qu’on appelle le Château. La tour de Guillaume-le-Roi est une lourde masse, divisée en trots étages et surmontée d’une plate-forme, qui s’élève à 14 mètres au-dessus du niveau de l’Orne ;^eîle renferme plusieurs habitations particulières et a subi de nombreuses mutilations destinées à l’approprier aux besoins de ceux qui l’occupent. Le Château a conservé sa destination militaire ; il est entouré, comme autrefois, de remparts élevés et de fossés profonds creusés dans le roc vif ; mais il ne reste plus guère de traces des constructions qu’on voyait autrefois dans l’enceinte : le donjon, bâti par Henri Ier, fils du Conquérant, a été abattu en 1793 ; le palais des ducs a également disparu ; mais, près de l’emplacement où il s’élevait, on voit encore un curieux édifice que les savants du pays avaient pris pour une église et dans lequel un archéologue anglais, M. Stapleton, a reconnu le local siégeait l’ancienne cour de justice ou échiquier de Normandie. Le Château renferme encore une petite église, dédiée à saint Georges, fondée au xie siècle et rebâtie presque entièrement au xve.

C’est principalement par ses monuments religieux que la ville de Caen se recommande à la curiosité des archéologues et a l’admiration des artistes. Le plus beau de ces monuments est

L’église de Saint-Etiknnb, dite VAbbayeaux■ hommes, fondée en 1064 par Guillaume le Conquérant. Cet édifice présente, à l’extérieur, l’aspect le plus imposant et le plus majestueux, « De quelque côté que l’on arrive à Caen, dit M. Louis Enault, Le regard est attiré par ses. deux hautes tours jumelles, octogones, avec des pans aux vives arêtes, et surmontées de grands croisillons de fer. Approche-t-on ; une grosse tour décapitée (elle avait jadis 372 pieds de haut) s’élève au point d’intersection de la nef et des transsepts, escortée de huit ou dix clochetons posés sur les transsepts mêmes, autour du choeur et a l’extrémité de la bride. > Ces divers clochetons, qui produisent un effet si gracieux, sont d’une construction postérieure à celle des autres parties de l’édifice. Les deux

frandes tours de la façade ont été achevées la fin du xue siècle : elles écrasent un peu le portail, dont l’ornementation est d’une simplicité extrême ; ce portail présente, au rezde-chaussée, trois portes encadrées de colonnes grêles, et au-dessus deux rangs de petites fenêtres, le tout en plein cintre ; un pignon couronne la grande nef, entre les deux hautes tours d’où s’élancent des flèches pyramidales. Tout ce frontispice offre, d’ailleurs, une grande sévérité de lignes. Les autres faces de l’édifice sont emprisonnées et masquées par des constructions parasites. En pénétrant dans l’église, on est frappé tout d’abord du caractère de force, de grandeur et de majesté de l’architecture, et de l’ampleur des proportions. L’édifice, construit sur le plan de la croix latine, mesure lis mètres environ de long, depuis l’entrée du vestibule jusqu’au fond de la chapelle absidiale, et 27 mètres de large ; la longueur de la nef, non compris le vestibule et le transsept, est de 40 mètres ; celle du chœur, de 35 mètres ; la largeur de chacun des collatéraux est de 4>»50. Les arcades à plein cintre qui séparent la nef des bas-côtés sont entourées de moulures doriques d’une grande pureté d’exécution ; elles s’appuient sur des piliers cantonnés de colonnettes alternativement simples et triples, dont les chapiteaux, ornés de feuillages épais, reçoivent les retombées des nervures prismatiques de la voûte. Au-dessus des bas-côtés règne une galerie aussi large que ces nefs elles-mêmes, disposition peu commune dans les monuments de ce style. Les ouvertures du triforium sont larges et circulaires. Les transsepts sont peu saillants. Des trois absides que l’église avait autrefois, il ne reste plus que celle du transsept méridional. Les collatéraux se prolongent et forment autour du choeur un déambulatoire sur lequel s’ouvrent de chaque côté, dans la partie droite, quatre chapelles carrées, et dans la partie demi-circulaire sept chapelles à chevet arrondi. Auxv^ siècle, une grande chapelle a été accolée à la partie inférieure de la nef. Le choeur, postérieur à la nef, date de la fin du xue siècle : on y rencontre déjà l’are en tiers-point et quelques autres caractères du style ogival. Au milieu de ce chœur, une dalle de marbre gris indique l’endroit où, en avant du maître-autel, reyo-