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que Boufflers, Catinat, sont modestes. (Ste-Beuve.)

C’est un fort galant homme, excellent caractère.
Bon ami, bon mari, ton citoyen, bon père.
Piron.

— Mus. et Chorégr. Demi-caractère, Garnis intermédiaire entre le noble et le comique. || Danse de caractère, Danse qui exprime une action et surtout des sentiments : On pria Blanca d’exécuter une de ces danses de caractère où elle surpassait les plus habiles gitanas. (Chateaub.)

— Pathol. Nature ; Une fièvre d’un caractère pernicieux.

— Littér. Développement donné aux sentiments, aux passions, aux idées des Héros d’un ouvrage : Les caractères de Corneille ont plus d’énergie que ceux de Racine. Quelle véhémence dans les sentiments ! quelle dignité et en même temps quelle prodigieuse variété dans les caractères ! (Racine.) Il ne faut jamais que les caractères comiques soient dessinés à demi, (La Harpe.) || Tableau dans lequel un écrivain a développé un caractère plus ou moins saillant, dans une intention ordinairement satirique : Les caractères de La Bruyère, de Théophraste. Le nom de caractères n’est pas une invention de La Bruyère ; il était très-répandu et en usage : on disait, caractère pour portrait. (V. Cousin.)

Que je vais m’amuser ! Ah ! ah ! c’est La Bruyère ;
J’en fais beaucoup de cas : lisons un caractère.
Colun l’Harleville.

|| Comédie de caractère, Comédie établie surtout sur le développement du caractère de plusieurs et le plus souvent d’un seul de ses personnages, plutôt que sur la conduite de l’intrigue : Le Misanthrope est la plus belle des comédies de caractère.

— Syn. Caractère faible, Ame faible, cœur faible, esprit faible. V. âme.

Encycl. Gramm. On peut dire d’une manière générale que les caractères sont des signes conventionnels, inventés pour représenter tout ce qui peut faire l’objet de la pensée. D’Alembert admet trois espèces principales de caractères : les caractères littéraux, les caractères numéraux et les caractères d’abréviation. Les caractères littéraux sont les lettres de l’alphabet, au moyen desquelles on indique les divers sons articulés en usage dans toutes les contrées du globe ; les caractères numéraux sont ce qu’on appelle plus ordinairement les chiffres ; les caractères d’abréviation sont des lettres dont chacune indique seule un mot, comme S. M. pour Sa Majesté ; c.-à-d. pour c’est-à-dire, On en faisait un grand usage dans les anciennes inscriptions et dans les manuscrits du moyen âge ; on s’en sert beaucoup moins aujourd’hui.

Relativement à leur nature et à leur usage, les caractères ont été aussi divisés en nominaux et emblématiques. On a donné le nom de caractères nominaux aux lettres proprement dites, parce que l’on s’en sert pour écrire le nom des choses ; les caractères emblématiques ou symboliques servent a désigner les choses mêmes par la représentation plus ou moins exacte de leurs formes, comme les hiéroglyphes des anciens Égyptiens et de quelques autres peuples, ou par des dessins, comme ceux que faisaient certains peuples d’Amérique avec des plumes d’oiseaux, ou comme les quipos ou cordes à nœuds en usage dans le même continent. Ces emblèmes ont été variés de bien des manières différentes ; ainsi les Orientaux arrivent à exprimer leurs pensées au moyen de fleurs arrangées dans un certain ordre.

D’une fenêtre à l’autre, on nous dit, fleurs discrètes,
Qu’aux amours musulmans vous serves d’interprètes.
***

Les caractères littéraux se divisent encore, en égard aux diverses nations chez lesquelles ils ont pris naissance et où ils sont en usage, en caractères latins, caractères grecs, caractères hébraïques, etc., etc. Les plus répandus de ces caractères sont les caractères latins, qui ont été adoptés par presque toutes les nations de l’Europe et d une grande partie de l’Amérique.

La grande variété des caractères en usage chez les différentes nations, qu’ils soient à l’usage d’un seul peuple ou de plusieurs, est un obstacle sérieux aux relations des diverses races humaines entre elles, non pas tant à cause de leurs formes diverses qu’il cause du caprice qui a présidé à leur emploi, surtout quand un alphabet créé par un peuple a dû être adopté sans modification par un ou plusieurs autres. C’est pour remédier à ce grave inconvénient que l’on a songé à créer des caractères universels, ou en d’autres termes un alphabet universel. Il en a été question au mot alphabet. Ces divers caractères ne sont pas les seuls dont on fasse usage ; il y en a qui ne servent que pour certaines connaissances spéciales : tels sont ceux dont on se sert pour la tachygraphie, la sténographie, la télégraphie, la diplomatie, l’arithmétique, la géométrie, l’algèbre, l’astronomie, la musique, etc.

Typogr. On appelle caractère, en typographie, toute lettre ou signe quelconque qui se trouve en relief à l’extrémité d’un petit parallélipède de métal fondu, ou d’un morceau de bois, si ce sont des lettres destinées aux affiches. Dans les caractères typographiques, la longueur s’appelle corps ; la largeur, épaisseur, et la profondeur, hauteur. On mesure le corps d’une lettre de la tête des lettres montantes, l, d, b, à la queue des lettres descendantes, g, p, q. Le blanc que l’on remarque d’une ligne à l’autre provient ordinairement du talus existant entre les lettres qui ne montent ni ne descendent, comme l’a, le o, le c, etc. Quand on veut que les lignes soient plus écartées qu’à l’ordinaire, on est obligé de placer entre chacune d’elles une lame de métal plus ou moins épaisse, désignée sous le nom d’interligne. Sa présence est indiquée par cette circonstance qu’alors les lettres montantes et descendantes ne se touchent plus. Quand les lignes ne sont pas séparées par cette lame de métal, la composition est dite pleine. La différence qui existe entre une lettre large, comme le m, et une autre moins large, le n, le t ou le i, par exemple, est ce qui constitue l’épaisseur. La hauteur, que l’on appelle, aussi hauteur en papier, est la distance comptée à partir du pied de la lettre, supposée debout sur sa tige, jusqu’à l’œil ; elle est, en France, de 0 m. 024. L’œil est la partie de la lettre qui paraît à l’impression.

Les fondeurs de caractères ont l’habitude de pratiquer sur la tige de la lettre, soit en haut, soit en bas, soit en dessus, soit en dessous, ou même des deux côtés, un, deux, trois ou quatre crans, pour indiquer de quel côté le compositeur doit placer sa lettre pour qu’elle se trouve à l’impression dans sa position normale. Ces crans ont aussi pour but de faire distinguer les lettres du même corps qui ont des œils différents. La grande variété du corps des caractères a obligé de leur donner des noms différents. Ces noms étaient autrefois arbitraires, et sans rapport les uns avec les autres ; ils provenaient souvent de circonstances tout à fait accidentelles ; ainsi le cicéro était appelé ainsi parce qu’il fut employé dans l’origine à l’édition des œuvres de Cicéron ; le saint-augustin servit d’abord à une édition des œuvres de saint Augustin, etc. Avant 1737, la force relative des différents corps de caractères était arbitraire et variait dans les diverses parties de la France ; Fournier jeune inventa le prototype, remplacé depuis par le typomètre, pour mettre fin à cette anarchie. Les anciens noms arbitraires des caractères furent remplacés par des désignations numérales, tirées d’une mesure spéciale, le point typographique, équivalant à deux points du pied de roi, et chaque caractère fut désigné par le nombre de points qu’il porte. Ainsi le cicéro s’appelle aujourd’hui le 11 ; le saint-augustin, le 12, etc. Ces nouveaux noms sont généralement adoptés, quoique les anciens ne soient pas encore entièrement abandonnés. Dans la plupart des imprimeries, on a conservé l’usage de désigner les caractères par le nom de l’auteur de l’ouvrage pour lequel ils ont été d’abord employés : ainsi on trouve le neuf Guizot, ou par le nom du fondeur : le dix Thorey. Il est fâcheux que les noms établis sur le nombre de points, bien plus commodes que les anciens, n’aient pas pour base le système métrique. Quoi qu’il en soit, nous allons, dans le tableau suivant, présenter les chiffres qui tiennent lieu des noms nouveaux par lesquels on a remplacé les noms anciens :

Diamant 
 3
Perle 
 4
Parisienne ou sédanaise 
 5
Nonpareille 
 6
Mignonne 
 7
Petit texte 
 7 1/2
Gaillarde 
 8
Petit romain 
 9
Philosophie 
 10
Cicéro 
 11
Saint-Augustin 
 12, 13
Gros texte 
 14, 15, 16
Gros romain 
 18
Parangon 
 20, 22
Palestine 
 24
Petit canon 
 26
Trismégiste 
 36
Gros canon 
 40, 48
Double canon 
 56
Double trismégiste 
 72
Triple canon 
 88
Grosse nonpareille 
 96
Moyenne de fonte 
 100

Comme on le voit, tous les caractères n’ont pas un nombre juste de points ; aussi les désigne-t-on par un nombre fractionnaire ; il y a le 6 1/2, le 7 1/2, et comme le 6 1/2 est ordinairement sur le corps 7, on l’appelle 6 1/2 corps 7 ou 7 petit œil. Ces caractères portant un demi-point de blanc ; il y en a même qui portent jusqu’à un point et plus, alors on dit du 6 corps 7, etc. Ces nouveaux noms permettent de saisir immédiatement le rapport existant entre un caractère et un autre, ce qui n’était pas possible avec les anciennes dénominations.

De même qu’il y a plusieurs forces de corps pour les caractères, il y a plusieurs œils : le petit œil, l’œil ordinaire et le gros œil. Il y a aussi un œil poétique, ainsi appelé parce que ces lettres, peu épaisses et très-allongées, sont très-propres à l’impression des vers, permettant de renfermer dans une seule ligne les vers les plus longs. Il y aussi des caractère compactes, qui ne portent pour ainsi dire pas de blanc, et qui ne sont guère employés que pour des éditions très-économiques. Les dénominations numérales actuelles sont employées pour désigner les caractères de tout genre et de toutes les langues, car ils n’ont pour but que de désigner la force du corps ; ainsi l’on dit du grec corps 6, de l’hébreu corps 8, de l’anglaise corps 12, etc.

On a aussi besoin de différentes dénominations pour désigner la forme des caractères. Les peuples qui ont adopté l’alphabet latin ont le romain et l’italique. Le romain est un caractère droit, et l’italique un caractère penché. On a aujourd’hui deux sortes d’italiques, l’un penché a droite et l’autre à gauche. Le romain est le caractère le plus employé ; l’italique ne sert guère que pour différencier du reste certaines parties d’un texte que l’on veut faire remarquer. Chaque romain a son italique. On emploie en autre dans l’imprimerie des caractères d’écriture ou calligraphiques, tels que l’anglaise, la ronde, la coulée, la bâtarde et la gothique. On a inventé de plus une grande variété de lettres, dites de fantaisie : il y a des lettres grasses, maigres, égyptiennes, normandes, etc.

Chaque sorte de caractère a des lettres de différentes ; formes : les grandes capitales, A, B, C ; les petites capitales, a, b, c, et les lettres ordinaires ou du bas de casse, romaines ou italiques, a, b, c, a, b, c. Dans ces dernières, il s’en trouve quelques-unes qui sont doubles et même triples, comme f‍i, f‍f‍i, f‍l, f‍f‍l, f‍f. Ces lettres accolées étaient plus nombreuses autrefois. On a beaucoup multiplié les lettres de fantaisie, surtout pour les capitales ; on a gravé des lettres ombrées, ornées, blanches, antiques, augustales, monastiques, etc. On place souvent, au commencement des livres ou des chapitres, des lettres beaucoup plus grosses que celles du texte ; quelquefois elles s’étendent sur plusieurs lignes, d’autres fois elles ne tiennent qu’à une seule, mais s’élèvent beaucoup au-dessus ; elles sont sans ornements, ou plus ou moins ornées, d’où leur nom de lettres ornées. Dans les abréviations, on fait usage de lettres plus petites, appelées supérieures, mais du même corps que celles près desquelles elles se trouvent placées, comme cela à lieu dans 1o, 1re, 2e, Sr, Mme, Me, etc. Dans les calculs algébriques, on se sert souvent de chiffres supérieurs : 3², 8², a¹, b². Il y a aussi des chiffres inférieurs : a₁, b₂, que l’on nomme indices. Comme toutes ces lettres supérieures n’existent pas dans toutes les fontes, pour celles qui manquent, on se sert d’un caractère plus petit, que l’on fait tenir au moyen d’espaces pour combler le vide ; c’est ce qu’on appelle un parangonnage. On peut noter encore un signe appelé prime ou minute, dont il est fait un fréquent emploi pour l’astronomie et les mathématiques A′, 5º 2′ 4″.

Outre les lettres, les signes de ponctuation et les signes accessoires, on se sert, en typographie, de petits morceaux de métal plus bas que la lettre, dans le but de séparer les mots les uns des autres ; ce sont les espaces. Si l’on veut obtenir un peu plus de blanc, par exemple remplir une ligne en partie blanche qui termine un alinéa, on emploie un ou plusieurs quadrats, et si l’on veut renfoncer la première ligne d’un alinéa ; on recourt au cadratin, qui sert aussi à d’autres usages.

La fabrication des caractères a encore lieu aujourd’hui par les mêmes procédés qu’à l’origine de l’imprimerie. Après avoir gravé en relief chaque lettre à l’extrémité d’un poinçon d’acier, on enfonce ce poinçon dans une matrice de cuivre, où la lettre se trouve reproduite en creux. Il ne reste plus alors qu’à livrer la matrice au fondeur, qui la fixe dans un moule, et y introduit du métal en fusion. Chaque lettre se fondant isolément, on a essayé d’accélérer l’opération en faisant usage de moules polyamalypes, c’est-à-dire disposés de manière à produire plusieurs lettres à la fois ; mais cette innovation, qui est due à Firmin Didot (1806), n’a pas eu beaucoup de succès. La matière généralement employée pour la fonte des caractères est un alliage de plomb et d’antimoine, dans lequel la proportion de ce dernier métal varie de 10 à 30 pour 100. Les presses mécaniques et les grands tirages usant rapidement les caractères, on a imaginé de nos jours d’en augmenter la durée en durcissant cet alliage par l’addition d’une petite quantité de cuivre, d’étain ou de fer. C’est à des caractères ainsi fabriqués que l’on donne le nom de caractères ferrugineux.

La matière employée pour les caractères d’imprimerie n’est pas nécessairement un alliage métallique. Dans ces dernières années, on a fait des essais fort intéressants : la matière mise en œuvre a été le caoutchouc vulcanisé. C’est dans l’ancienne maison Dondey-Dupré que ces essais ont eu lieu ; les résultats que l’on a obtenus ne sont pas suffisants pour faire prévoir de sérieux changements dans l’industrie du fondeur en caractères. V. fonderie de caractères.

Caractères de civilité. Ces caractères, bien connus des bibliophiles, des bibliographes et des libraires tenant boutique de librairie ancienne, désignent une sorte de caractère imitant l’écriture ordinaire, et qui a été ainsi nommé parce que, n’ayant guère pris cours, il a été constamment et presque exclusivement employé à la fréquente réimpression du livre de Jean-Baptiste de La Salle, intitulé : la Civilité puérile et honnête, qui parut pour la première fois en 1713, d’abord en lettres rondes, ensuite en caractères cursifs français ; mais le premier qui ait eu l’idée de graver des caractères imitant l’écriture est Nicolas Granjon, qui les inventa à Lyon en 1556. La Civilité puérile et honnête (v. ce mot), n’était que l’imitation d’un livre de Mathurin Cordier intitulé : la Civile honnesteté pour les enfants, imprimé avec les caractères de Granjon, en 1560. Granjon avait obtenu de Henri II, pour ces types cursifs, un privilège daté du 26 décembre 1557. Ce privilège n’était exclusif que de la reproduction telle quelle des caractères fondus d’après le modèle du graveur Granjon. D’autres, cependant, se prirent de goût pour cette imitation de l’écriture par des types d’imprimerie. En 1558, R. Breton et Danfric publièrent un Brief discours de la cour, où, dans une dédicace en vers, ils semblent attribuer l’invention du caractère en question à Lebreton, secrétaire du cardinal de Lorraine, sur l’écriture duquel avait été modelé leur caractère, plus beau et plus gros que celui de Granjon, qui d’ailleurs est fort bien aussi.

Quoi qu’il en soit, le premier ouvrage qui ait paru en caractères de civilité n’était pas destiné à donner naissance à la dénomination qui nous occupe ; il avait pour titre : Dialogue de la vie et de la mort, par Rhingier (Lyon, 1557), et il était composé avec les types-écritures gravés par Granjon. Il fut suivi de dix ou douze autres du même genre, imprimés tant à Lyon qu’à Paris, avant que parussent, imprimés de même, la Civile honnesteié pour les enfants (Paris, 1560, in-8o), livre anonyme, mais qu’on sait être de Mathurin Cordier, et la Civilité et thrésor de la jeunesse (Lyon, 1583, in-16), d’un auteur inconnu. Ce ne fut pas là encore ce qui donna lieu d’introduire dans la langue française cette bizarre expression : Caractères de civilité. Le livre de Mathurin Cordier et le second livre que nous venons de citer, composés en ces caractères, n’eurent chacun qu’une édition, et passèrent pour ainsi dire inaperçus. On peut dire, toutefois, que si Granjon n’avait pas imaginé cas sortes de types au xvie siècle, et que les deux ouvrages ci-dessus n’eussent pas été alors imprimés avec ces types, Jean-Baptiste de La Salle, fondateur de l’Institut des frères des écoles chrétiennes, n’eût pas eu, cent cinquante ans après, l’idée de composer et de faire paraître un livre Sur le même sujet, en poussant l’imitation jusqu’à le faire imprimer avec des caractères figurant l’écriture de son temps, comme on avait fait au xvie siècle pour les deux ouvrages traitant de la même matière. Nous avons dit que ce dernier ouvrage avait été publié pour la première fois en 1713, et que c’est à la fréquence des réimpressions de celui-ci qu’était due la dénomination des caractères avec lesquels on l’a constamment et si souvent reproduit. C’est donc plus de cent cinquante ans après avoir été inventés que les caractères de civilité ont été ainsi nommés. Ils étaient à peu près complètement tombés en désuétude dès la fin du xvie siècle, et les livres composés avec ces caractères, de 1557 à 1600, sont tous devenus d’une extrême rareté dans le commerce de la librairie. Un bibliophile très-connu, M. Jérôme Plichon, a, dans les Mélanges de littérature et d’histoire de la Société des bibliophiles français (1550), publié le catalogue à peu près complet des livres imprimés en caractères de civilité ; ils sont au nombre de moins de cent, parmi lesquels on remarque surtout les Récréations de B. Desperriers (1558), volume si rare qu’à la vente Venant, en 1860, il s’est élevé au prix extraordinaire de 1,000 fr.

— Méthodol. et Hist. nat. I. Du principe de la subordination des caractères considéré en général. Les propriétés par lesquelles les choses se manifestent et se distinguent les unes des autres sont désignées sous le nom de caractères. L’ensemble des caractères d’une chose constitue sa nature, et la connaissance de ces caractères la science de cette chose. Placé pour la première fois devant le spectacle de a nature, l’homme commence par l’observation directe, individuelle et successive des objets divers répandus autour de lui. Ainsi considérés, c’est-à-dire isolément, les objets cèlent d’abord aux yeux de l’observateur la communauté de caractères qui les unit : rien encore ne pouvant lui faire soupçonner l’existence de ce lien, ils lui apparaissent comme autant d’individualités absolument étrangères l’une a l’autre par leur nature. Tous les objets dont les sens lui communiquent l’impression viennent dès lors se peindre dans son esprit en autant d’idées totalement distinctes. Des idées privées de toute connexion ne pourront, par cela même, être représentées dans le langage que par des mots d’acceptions entièrement différentes entre elles. Si l’esprit humain s’en tenait là, les objets ne seraient désignés que par des noms propres ; mais il n’en est pas ainsi : après avoir observé, l’esprit humain compare, et la comparaison lui montre : 1o que les caractères de chaque individu, loin de lui être tous exclusivement propres, lui sont communs, au contraire, pour la plupart, avec un nombre plus ou moins grand des autres individus ; 2o qu’à côté de ces caractères communs, tout objet présente d’autres caractères comparativement très-peu nombreux, qui, lui appartenant exclusivement, caractérisent son individualité, et servent à le distinguer. Ainsi la nature de tout objet se trouve être formée de deux espèces de caractères, de caractères communs ou généraux par lesquels l’objet se rattache à d’autres objets, et de caractères propres ou particuliers, par lesquels il se sépare de tout le reste. Par cette distinction des caractères propres et des caractères