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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 3, part. 2, Caq-Cel.djvu/156

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gation y est dangereuse, par la fréquence des vents d’est et d’ouest, par les rochers qui garnissent les côtes, par les bancs de sable qu’il faut éviter.

Nous avons déjà nommé cinq des principaux cours d’eau qui se jettent dans cette mer ; mats il y en a encore quelques-uns qui méritent d’être cités ; tels sont : l’Aksaï, la Kouraa, la Kizil-Ozen, l’Abi-Atrek, le Gouyen et la Jemba, appelée aussi le Djem. Ces cours d’eau charrient beaucoup de sable, ce qui contribue à rendre la nier Caspienne de moins en moins navigable. C’est à 1 abondance des eaux douces amenées par ces fleuves que cette mer doit de n’être salée que loin de ses côtes. Mais elle offre Une particularité : c’est son amertume, qui est due à la grande quantité de sources de naphte qui jaillissent de son fond, de ses Iles et de plusieurs parties de ses côtes.

Parmi les lies qui bordent les côtes, nous citerons ; vis-à-vis l’embouchure du Volga, celle de Tchetyré-Bougra ; près de l’embouchure duTerek, vis-à-vis de la pointe d’Agrakhan, les trois lies appelées Ouga, Popova et Tchetchen, près desquelles on prend beaucoup de phoques ; au nord de la presqu’île d’Apchéron, les Dva-Brata (Deux-Frères, rochers à fleur d’eau qui ressemblent, dit Klaproth, à deux quilles de navires renversées) ; vis-à-vis le cap du Vizir, quatre petites îles appelées Svinoï (lies des Cochons). Le cap Sérébrenoï-Bougas s’élève au N. de l’embouchure du Gourghera ; il formait encore, en 1782, une île, qui ne s’est réunie au continent que depuis les premières années du xtxe siècle. Le golfe de Balkan est fermé à l’ouest par des Iles, dont les plus importantes sont celle d’Ogourtsa, appelée aussi Aïdan, et celle de Tcheleken ou de Naphte, et par la langue de terre de Kradnovodsk. À peu de distance ducapTouk-Karagan se trouve 111e de Koulat, l’une des plus grandes parmi toutes celles que nous avons nommées ; elle a 28 kilom. du nord au sud, sur 4 kilom. de largeur de l’est à l’ouest.

La mer Caspienne peut être considérée comme une source de richesses inépuisable pour le vaste empire dont elle dépend en grande partie ; si les productions de cette mer sont peu variées, elles sont du moins fort abondantes. Elle nourrit en effet une quantité considérable de poissons. On y fait deux sortes de pêche, la grande et la petite. Dans la grande pêche, on prend différentes espèces d’esturgeons : l’esturgeon commun (acipenser stttrio) le strelet ou sterlet (acipenser ruthenus) ; l’étoile (acipenser stellatus) et le seuruga (acipenser seuruga). La petite pêche comprend la brème, l’idus, l’ablette aux yeux rouges, le meunier (cyprinatus), e brochet, etc. La mer Caspienne nourrit aussi un grand nombre de phoques, dont plusieurs espèces ou variétés ne sont pas encore complètement décrites : les uns sont blancs, les autres jaunâtres, d’autres gris ou tigrés ; ils sont tellement nombreux qu’ils servent de nourriture à plusieurs peuplades riveraines. Mais cette mer, si abondante en poissons et en mammifères, nourrit peu de zoophytes et un petit nombre d’espèces de mollusques.

La mer Caspienne n’a pas de marées. Elle gèle souvent dans sa partie septentrionale, et les glaces interceptent jusqu’en avril la navigation sur le Volga, que les navires descendent par l’embouchure appelée Jarkov. Les Russes attachent une grande importance à la possession de cette mer ; aussi ont-ils imposé a la Perse, maîtresse de la partie méridionale des côtes, un traité en vertu duquel cette dernière puissance ne peut y avoir de flotte. La navigation russe s’y est considérablement développée, et la Caspienne est sillonnée par de nombreux bâtiments à voiles et à vapeur. Maîtres de cette mer, les Russes peuvent à leur gré débarquer des troupes sur les côtes de la Perse et du Turkestan, et les approvisionner très-facilement par le Caucase et les voies navigables dont ils disposent. Au point de vue commercial, la Caspienne est également d’une importance capitale, qui prend des proportions énormes, quand on considère que la Russie vient d’établir sa domination dans les khanats de Khiva et de Boukhara, ce qui lui permettra de diriger à son gré les riches caravanes qui sillonnent ces contrées et d’en organiser de nouvelles. Les ports russes les plus importants dans la Caspienne sont ; Astrakhan, Derbent et Bakou. Voici quel a été, en résumé, le mouvement total de la navigation de ces ports pendant l’année 1859 : navires entrés, 227 ; sortis, 305.

CASPIENNE (province), nom donné au gouvernement de Chamaki, province russe du

Caucase. V. Chamaki.

CASPIENNES (portes), les Caspiœ pylm des anciens, défilé étroit et difficile, qui conduisait de l’Hyrcanie dans la Parthie. De nos jours, on nomme ce passage pas de Khaouar ; il conduit du Mazendéram dans l’Irak-Adjémi. Les Géorgiens le nomment Çhewi. Situé entre la mer Caspienne et le Pont-Euxin, c’était lui qui servait de passage à ces peuples nomades du nord de l’Asie, qui venaient de temps à autre, par leurs irruptions, changer la race du monde européen. « Quand on a passé les frontières de l’ibérie, dit Procope, on trouve un chemin fort étroit et long de 50 Stades, qui se termine par une montagne escarpée et inaccessible, n ayant pour toute issue qu’une porte faite par les mains de la nature, et qu’on appelle de toute ancienneté porte Caspienne.

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De là on découvre une vaste campagne où il y a de l’eau en abondance, et qui est fort propre à nourrir un grand nombre de chevaux. C’est en cet endroit que les Huns habitent, s’étendant de là jusqu’au Palus-Méotide. Lorsque, pour faire irruption sur les terres des Perses ou sur les nôtres, ils sortent par la porte dont je viens de parler, avec d’excellente cavalerie, ils n’ont point de détours à prendre, ni de lieux hauts et bas a traverser. Quand ils prennent d’autres chemins, ils y trouvent d’étranges fatigues, et ils sont obligés de quitter leurs Chevaux, défaire divers circuits et de descendre par des précipices. » Ce défilé était un passage facile à défendre, comme celui des Thermopyles, ou

celui de Saint-Maurice dans la vallée du Valais. Aussi on y avait construit une forteresse nommée Daricla, et qui, suivant l’expression de Pline, séparait une portion du globe d’avec l’autre. On voit encore les restes de la muraille qui fermait autrefois ce passage, concurremment avec des chaînes de fer, qui ne purent empêcher l’irruption des barbares.

Il ne faut pas confondre ces portes Casviennes avec le défilé de Firouz-Kouh, qu’Alexandre traversa pour se rendre en Perse, et auquel on a donné trës-improprement le même nom.

CASPIENS, en latin Caspii, ancien peuple de l’Asie, sur la côte S.-O. de la msr Caspienne, à laquelle il donnait son nom. Une tribu scythique qui habitait la Sogdiaue portait aussi le même nom.

CASPIENS (monts), nom donné à une ramification duTaurus, qui s’étend à l’E. de l’Euphrate, entre la Médie et l’Arménie.

CASPIRE, ancienne ville de l’Inde, au N.-O., vers les sources de l’Hydaspe, ch.-l. d’uneprovince de même nom, qui faisait partie du royaume de Taxile.

CASQUE s. m. (ka-ske. — L’origine de ce mot a été, parmi les linguistes, l’objet de vives controverses. Les savants qui veulent absolument que le français dérive du celtique, et non pas du latin et du germanique, retrouvent dans le mot casque un dérivé celtique. Il est formé, disent-ils, de deux mots celtiques cas, caisse, étui, et quet, qued, ked ou cead, tête. Nous n’avons pas besoin d’insister sur l’invraisemblance de cette étymologie, non-seulement au point de vue linguistique, mais aussi sous le rapport historique ; car, comment admettre que ce soient des Celtes qui aient donné aux Germains et aux Latins, dont le mélange constitue la grande majorité de la nation française, le nom d’une partie de l’armure aussi importante que le casque ? Une seconde hypothèse, plus acceptable, a été présentée et soutenue par d’autres savants, entre autres par Diez, dans son Etym’ologisches Wœrterbuck der Romanischen Spracken. Suivant eux, casque dériverait, ainsi que son proche parent 1 italien casco, d’un mot espagnol casco, qui veut dire quelque chose de brisé, coque, écorce, casque, etc., et qui dérive du verbe coscar, briser. Coscar viendrait du latin quassare, par l’intermédiaire d’un verbe dérivé hypothétique, gnassicare, contracté, par suite de 1 influence de l’accent tonique, en quasscare, et, avec l’orthographe espagnole, cascare. Enfin, d’après une troisième théorie, casque viendrait tout bonnement du latin cassis, cassidis, casque. Il y a évidemment, à première vue, entre ces deux mots une analogie assez frappante ; mais il est difficile de rendre compte de la partie finale du mot français. Il faudrait, pour arriver à l’expliquer dune manière satisfaisante, admettre l’intervention d’une forme barbare provenant de cassis, cassidis, telle que cassidica. Nous ferons remarquer que cette désinence ca, qui justifierait si bien le que de casque, a été ajoutée, en effet, par le bas latin à un certain nombre de mots qui avaient précisément, comme cassis, le nominatif en is : ainsi de cuiis, peau, on a fait cufica ; de mollis, tendre, mollica ; de avis, oiseau, avica. Ce dernier mot, ainsi formé, a même subi une profonde contraction, puisqu’il est devenu successivement avea, auque — la reine Pedauque—et finalement oie. Ne pourrait-on pas également admettre que le mot cassis, sous l’influence de cette désinence anormale ca, a subi des déformations analogues ? De cassidis, on aura fait cassidica, avec l’accent tonique sur si ; le second i non accentué a fini par tomber dans la rapidité de la prononciation, et le mot est devenu cassidea. A cette phase de transformation, l’accent, ce qui arrive si fré aemment dans ce cas, s’est déplacé et a été reporté de si sur ca, peut-être pour compenser instinctivement la perte du second t. Dans le mot ainsi accentué, cassidea, ’i survivant et privé d’ ecent a été traité exactement de la même vaçon que le premier t, c’est-à-dire qu’il a disparu à la longue, et qu’il est resté le groupe cassdca, le d, entre la sifflante s et la gutturale c, ne pouvant se maintenir dans de telles conditions, est également tombé. Restait alors cassca ou casca : la désinence s’est affaiblie comme toujours en e muet, et le c s’est transformé graphiquement en qu pour protéger le son primitif : c’est alors qu’a été formé le mot français casque. La seule objection réellement sérieuse que Von puisse élever contre cette étymologie est le changement de genre qu’aurait dû subir le mot en passant dans les langues romanes : casque et casen sont mascu S*Q

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lins, cassidica est du féminin. On pourrait cependant, sans grande témérité, admettre ici un fait d’exception’. Portons maintenant nos regards un peu plus loin sur un domaine moins restreint, et comparons rapidement les principaux noms que les autres langues de notre famille ont donnés au casque, ainsi que les différentes manières dont elles l’envisageaient. Destiné à protéger la tête, dit M. Pictet, le casque est le complément nécessaire du bouclier, et a dû précéder l’usage des autres pièces de l’armure. Cependant ses noms diffèrent presque partout, parce qu’ils consistent généralement en composés significatifs ou en dérivés des ternies qui désignent la tête dans les langues particulières. Ainsi le sanscrit çirastra, çirastrâna, de ciras, tête, et trâi, protéger-, ie zend çâravâra, de çara, tète

— en grec karèkara — et vèrè, couvrir ; le

frec korus, koru-thos, que Bopp explique par ont, pour karé, et theo, ce qui est mis sur la tête (capiti impasilum), comparez koruphé, sommet ; l’islandais ceannbeirt, àe ceann, tête, et beirt, défense, armure ; le cymrique penawr, peniel, de pen, tête, etc. Parmi les noms simples, M. Pictet ne trouve à comparer avec quelque probabilité que le sanscrit djdla, espèce de casque en mailles, et le latin galea, casque, auxquels répond peut-être l’anglo-saxon colla. L’irlandais galiath, casque, peut être venu du latin. Les Germains et les Lithuano-Slaves, ajoute M. Pictet, ont en commun un nom du casque qui doit remonter à une haute antiquité, c’est le gothique hilms, l’anglo-saxon helms, le Scandinave hiâlmr, l’ancien allemand helm, d’où notre heaume, l’ancien slave shliemu, le russe shlému, le lithuanien szalmas. Grimm, fait encore remarquer M. Pictet, compare ingénieusement le tbrace zalmos, peau, suivant Porphyre, qui explique ’ le nom de Zo.lm.oxis par la circonstance que ce roi, à sa naissance, avait été enveloppé dans une peau d’ours. Cela conduit Grimm à remonter au sanscrit tcharma, peau et bouclier, comme un corrélatif des termes européens, qui auraient désigné ainsi un casque de peau ou de cuir). Arme défensive qui couvre la tête et sert de coiffure : Casque de dragon, de lancier. Casque de fer, d’acier, d’argent. La visière d’un casque. Avoir le casque en tête. Le cimier, la crinière d’un casque. En Allemagne, presque toute l’infanterie porte le casque. {Boulllet.) La nécessité de se défendre la tête conduisit à l’emploi du casque, qui ne fut d’abord qu’une peau d’animal disposée en coiffure. (A. Maury.)

Il vaut bien mieux cacher son nez dans un grand rerre ; 11 est mieux assuré qu’en un casque de guerre.

Basselm.

Sur son casque ondulant, d’où jaillit la lumière. Flotte d’un coursier noir l’ondoyante crinière.

Lamartine.

— Par ext. Sert à désigner la carrière militaire : Quitter le casque pour la toque.

11 tourne au moindre vent, il tombeau moindre choc, Aujourd’hui dans un casque, et demain dans un froc.

Boileau.

Galment frappons sots et fripons, En casque, en mitre, en cotte.

BÉRANOER.

— Fam. Chapeau, couvre-chef, coiffure quelconque : Prends ton casque et partons.

Vois-tu, parmi ces grands, leurs compagnes hardies Opposer au mépris un front toujours serein, Et du vice endurci témoignant l’impudence, Sous leur casque de plume étouffer la décence ?

Gilbert.

— Pop. Pesanteur de tête causée par les fumées du vin : On a beau être homme ; vingt chtipines, ça ne s’avale pas sans laisser un petit casque sur la tête du plus roublard. Il est à remarquer que les médecins donnent le nom de galea (en lat. casque) à un mal de tête qui saisit tout le crâne, et y cause un sentiment de pesanteur comme celui que produirait un casque lourd dont on serait coiffé. Il S’en donner dans le casque, Se mettre en état d’ivresse : Ils altèrent dans un cabaret boire quelques pois de bon vin, H bien que le malheureux Jean s’en donna dans le casque. (***) n // manque un clou à son casque, Se dit d’une tête un peu folle.

— Par plaisant. Casque à mèche, Bonnet de coton, coiffure terminée par une petite houppe ou mèche : L’autre jour, je me trouvais chez un bonnetier, te mieux assorti peut-être de tout Paris en matière de ces couvre-chefs que le peuple, dans sa langue figurée, a nommés des casques À mèche. (L. Reybaud.) J’avais une veste blanche et un de ces bonnets qui ont encouru te sobriquet de casque a mèche. (Brisebarre.) Ces nobles Hellènes étaient mitres du casque A mèche bourgeois. (Th, Gaut.)

— Artill. Casque à boulet rouge, Assemblage de bandes de fer courbées elliptiquement, et destinées à décrasser le boulet.

— Mar. Pièce de bois placée sur les jottereaux pour renforcer les élongis. 11 Casquecamisole, Chaloupe d’abordage insubmersible, munie de rames et d’une cloche à plongeur.

Il Casque en proue ! Commandement aux rameurs de porter la tote en arrière, vers la proue, en se rasseyant.

— Blas. Représentation d’un casque sur l’écusson des armoiries : Les souverains ont seuls le droit de porter le casque ouvert et couronné.Roche-Chouvel : D’azur à un casque d’argent, au chef cousu de gueules, chargé de

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(rots étoiles d’or. Prospe ; De sablé à devx casques affrontés, posés en êearielés d’argent, et deux mains de carnation, mouvantes du chef ô ta pointe de Vécu, tenantes une palme de sinople. On dit heaume dans le même sens. (I Casque taré, Casque dans une certaine position que l’on détermine : Casque taré de face, aux deux tiers, de profit.

— Coram, Sorte de cuir très-fort.

— Jeux. Sorte de boule creuse, ordinairement en métal, oui, dans certains jeux de hasard, comme la bête, le biribi. etc., est fixée au sac dans lequel se trouvent les petits étuis renfermant les numéros. Cette boule se compose de deux parties qui sont réunies par une charnière, et qui s’ouvrent au moyen d’une clef ; elle communique avec l’intérieur du sac

Îiar une ouverture juste assez grande pour aisser passer un seul étui.

— Ornith. Protubérance calleuse qui se trouve sur le sommet de la tête de certains oiseaux, tels que le casoar et les calaos, il Casque noir, Nom vulgaire du merle à tête noire, oiseau qui vit au Cap de Bonne-Espérance : Le casque noir est moins gros que le mauvis. (Buff.)

— Ichthyol. Espèce de silure de l’Amérique du Nord.

—. Entom. Ensemble des parties solides qui entourent la tête des insectes, il Pièce roulée, mobile et membraneuse, qui recouvre" tes mâchoires des névroptères et des orthoptères. Syn. de galète.

— Moll. Genre de mollusques gastéropodes, à coquille univalve, comprenant un assez grand nombre d’espèces vivantes ou fossiles : L’animal des casques marche lentement. (Deshayes.) La coquille des casques est fortement bombée dans presque toutes les espèces. (Duclos.)

— Bot. Pièce supérieure de la corolle ou du pêrianthe, voûtée en forme de casque, comme dans l’aconit, la sauge, les orchidées, etc. : Les fleurs dé quelques aconits présentent ta forme parfaite d’un casque ; on y remarque le heaume, les oreillettes et la mentonnière. (Dictionn. d’hist. natur.) n Casque de Jupiter, Nom vulgaire de l’aconit napel.

— Encycl. Art milit. La protection de la tête contre les violences extérieures fut un des premiers soins que l’homme prit de lui-même ; il commença par la couvrir avec.la dépouille des animaux. Leurs peaux servaient à la fois de défense et d’ornement, et en même temps elles indiquaient le courage et la force de celui qui les avait conquises. La peau du lion était préférée, en raison de la gloire qu’il y avait pour l’homme à vaincre cet animal, et parce que, d’un autre côté, la grandeur de cette peau donnait la facilité de couvrir non-seulement la tête, mais encore une grunde partie du corps, en nouant les pattes sur la poitrine. Plus tard, lorsque les hommes eurent fabriqué des casques de métal, ils conservèrent encore les oreilles de l’animal, et les placèrent aux côtés de la calotte. La crinière du lion donna bien certainement l’idée première de l’aigrette qui surmonta ces mêmes casques. Les Etrusques, principalemeut, affectionnèrent ces aigrettes gigantesques qu’ils avaient adoptées pour se donner un aspect redoutable. Avant qu’ils fussent tombés dans cet excès, ils armaient leurs casques de deux et quelquefois de trois pointes destinées à protéger plus efficacement contre les chocs.

Dès la plus haute antiquité, on voit les historiens faire mention des casques portés par les différents peuples dont ils racontent les exploits. Chez les uns ils sont en bois, chez les autres en métal, chez d’autres en étoffe. Les Grecs et les Romains s’en servirent de bonne heure, et, dans l’origine, on distingua le casque de peau ou galea, du casque en métal ou cassis. Mais comme cette dernière matière fut généralement substituée au cuir chez les Romains dès le temps de Camille, on perdit bientôt de vue la distinction primitive, et le mot galea devint un terme générique s’appliquant à toute espèce de casques. Un casque romain en bronze trouvé à Poinpéi, et placé actuellement au musée de Naples, nous donne une idée exacte du casque romain : au haut du casque est le cimier, auquel était attachée une aigrette de plumes ou une crinière de cheval ; une saillie en avant et en arrière protégeait le front el la nuque ; des mentonnières attachaient le casque sous le menton, et une visière percée de trous couvrait toute la figure, comme aurai ! fait un masque. L’ancien casque giec des âges héroïques avait un caractère tout différent de ceux dont on se servit plus tard. Il av. it un masque fixe qui s’adaptait à la figure, et laissait seulement deux trous pour les yeux, couvrant entièrement le reste du visage. Mais on y renonça plus tard, pour adopter les casques que portent communément les statues grecques.

Dans la plupart des œuvres antiques qui nous restent, les héros, môme les plus anciens, ne sont pas représentés avec des easques qui garnissent et couvrent les joues ; on comprend que l’artiste n’aurait pu s’astreindre à sculpter un casque au lieu d’un visage. Il est certain, cependant, que ces casques, relativement modernes, étaient une infraction nécessaire, mais réelle, aux lois du costume, car Homère donne un casque fermé à Hippotoiis, tué sur le corps de Patrocle, et l’on en trouve sur plusteurs médailles. Comme les casques