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que l’assiégeant construit aux deux extrémités des branches du T, et qu’il fuit assez élevés pour que de bons tireurs, placés à leur sommet, puissent bien voir le chemin couvert et l’intérieur des places d’armes rentrantes, afin d’en chasser les défenseurs.

— Métallug. Nom donné par les ouvriers forgeurs au marteau qui est trop soulevé par les cames.

— Ponts et chauss. Masse de terre de dimensions considérables, qui résulte de l’excédant des déblais sur les remblais, et qui est formée en dehors du chemin : On ne doit mettre les déblais en cavaliers que lorsque les transports qu’il faudrait exécuter pour conduire ces déblais au remblai seraient plus onéreux que l’emploi d’un cavalier. (H. Ruelle.)

— Jeux. Nom de deux pièces du jeu d’échecs qui, dans le principe, représentaient des guerriers à cheval : Cavalier du roi. Cavalier de la reine. Les cavaliers ne marchent qu’obliquement, de trois cases en trois cases, de manière qu’ils quittent une case blanche pour se pçser sur une case noire, et réciproquement.

Voyez partir les brillants cavaliers. Qui, dans leur course oblique, irréguliers, Sur leurs chevaux caracolent, bondissent. De Rohah.

Il Problème du cavalier, Problème consistant à faire parcourir successivement à un cavalier les soixante-quatre cases de l’échiquier, sans passer plus d’une fois sur la même case. Ce problème a été résolu par plusieurs mathématiciens célèbres, notamment par Euler, Moivre et Libri.

— Métrol. Ancienne monnaie d’argent, qui se fabriquait dans les Flandres, au titre de 9 deniers 11 grains, soit environ 788 millièmes de fin. Cette pièce, disparue depuis très-longtemps de la circulation, est aujourd’hui très-rare.

— Iehthyol. Svn. d’ÉPitiPpuRE.

— Epithètes. Beau, léger, leste, adroit, habile, souple, dégagé, élégant, gracieux, fringant, ferme, solide, expérimenté, inébranlable, lourd, roide, pesant, gauche, embarrassé, gourmé, novice, inexpérimenté, démonté, renversé.

— Antonymes. Fantassin, piéton.

— Encycl. Hist. sainte. Cavaliers de l’Apocalypse. Ces cavaliers étaient des anges que saint Jean vit venir sur la terre, montés sur des chevaux, pour y répandre les trésors de la colère du Très-Haut. Voici en quels termes il en parle dans son Apocalypse ; « Et je vis : et voici un cheval blanc, et celui qu’il portait avait un arc, et une couronne lui tut donnée, et vainqueur il sortit pour vaincre. Et lorsque le second sceau fut ouvert, j’entendis un animal qui disait ; » Venez et voyez. » Et il sortit un cheval roux, et il fut donné à celui qu’il portait d’enlever la paix de la terre ; un glaive lui fut remis. Et voici un cheval noir, et celui qui le montait avait »no balance à la main.

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Et voici un cheval pâle, et celui qui le montait se nomme la Mort ; et l’enfer le suivait. » L’art mystique du moyen âge s’est souvent servi des cavaliers de l’Apocalypse, pour représenter par des images vivantes h* colère de Dieu et les terreurs qu elle inspire. À une époque où tous les supplices de l’enfer étaient figurés sur les murs des cathédrales, on ne devait pas négliger une idée si propre à frapper les imaginations. Aussi, dans plusieurs œuvres d’art, voit-on ces cavaliers mystérieux et terribles descendre du ciel et parcourir la terre. Leur aspect féroce fait voir en eux de dignes messagers du Dieu des vengeances. Parmi les monuments où on les voit figurer, il faut citer le tombeau de Jean de Langehac, dans la cathédrale de Limoges, œuvre d’assez beau style pour être attribuée à Jean Goujon.

—• Fortif. Le cavalier a généralement la forme d’un bastion et se trouve renfermé dans un des bastions d’un corps de place, au-dessus du relief duquel il a un exhaussement de 3 à 4 m. environ. Cet ouvrage prolonge la défense. Les cavaliers étaient connus des anciens, qui les employaient dans l’attaque des places. Les Romains les désignaient par le mot aggeres, qu’on trouve employé dans César, Tacite et Végèce, d’une manière spéciale pour exprimer une terrasse, un rempart ou un boulevard élevé contre l’ennemi pour y disposer des machines de guerre, particulièrement pour servir au siège des places. On commençait la construction de ces sorte.s d’éminences sous les yeux mêmes des assiégés, sur le bord du fossé ou un peu en deçà. On y travaillait a la faveur des manteieta, qu’on élevait trts-haut, et derrière lesquels les soldats se trouvaient à l’abri des coups partis de la place. Ces mantelets n’étaient pas, pour cet, ouvrage, semblables à ceux qu’on portait devant soi en marchant à l’ennemi ; ces derniers étaient faits de claies et de fascines, les autres de peaux crues, de matelas ou de gros câbles formant une espèce de rideau, le tout suspendu entre des mâts fort hauts plantés d’abord en terre. On continuait le travail d’exhaussement des cavaliers jusqu’à la hauteur de ces rideaux suspendus, qu on hissait plus haut à mesure que l’ouvrage s’élevait. On remplissait en même temps l’espace vide de la terrasse avec des pierres, de la terre ou toute autre matière ; on nivelait et on battait les terres pour rendre le rempart ferme et capable de soutenir le poids des tours et des machines destinées à être dressées sur la plateforme.

Le cavalier de tranchée, qui n’est qu’un ouvrage provisoire, doit avoir une lign^ de feu dont le commandement soit de i m. 30 au moins sur la crête du chemin couvert. Ce cavalier se compose de gabions étages, le nombre des étages dépondant de la hauteur de l’ouvrage. Des grenadiers montent sur la banquette supérieure et entretiennent un feu nourri, pendant que des fusiliers, placés au-dessous d’eux, leur préparent des armes. Il y a des cavaliers à un ou deux étages ; rarement ils sont plus élevés. La figure repré sente un cavalier a deux étages, en profil, et les numéros inscrits sur le gabion indiquent l’ordre dans lequel ils sont posés pendant la construction. On fait aussi des cavaliers avec des fascines debout ; leur parapet est soutenu avec des rangées de fascines debout, piquetées les unes sur.les autres. Les cavaliers peuvent aussi être établis avec des bases de gabions vides (v. gabion) ; les banquettes sont alors soutenues par un massif formé de gabions ordinaires couchés en forme de bases. Enfin, si l’on est pressé et si l’on a à sa disposition un assez grand nombre de sacs à terre, on peut construire un cavalier en sacs à terre. Ces cavaliers sont surtout utiles lorsque le terrain sur lequel on travaille ne peut pas être ex cave.

Dans l’attaque, les cavaliers ont en place la forme d’un petit redan. L’une des faces de ce redan est perpendiculaire an prolongement de la branche de chemin couvert à laquelle elle correspond ; la seconde face fait un angle de 100 à 1200.avec la première.

CAVALIERS. V. Tètes rondes.

Cavaliers se faisant servît* à boire, tableau de M. Meissonier, galerie de lord Hertford. — Trois cavaliers, en costume du xviue siècle, ont fait arrêter leurs chevaux à la porte d’uneauberge et ont demandé à boire. L’un d’eux prend un verre sur une assiette qu’élève vers lui l’hôtelière accorte, en caraco brun, jupe grise à bordure rouge et noire, coiffe et tablier blancs ; la jeune femme sourit aux propos aimables que lui adresse le voyageur. Le second cavalier semble joindre ses compliments

à ceux de son camarade, tandis que le troisième, plus altéré que galant, est en train de vider Son verre. L’aubergiste fume tranquillement sa pipe sur le seuil de sa porte, à côté d’un marmot appuyé sur le perron et qui ouvre de grands yeux curieux. Des poules picorent derrière les chevaux. Au bout de la rue, à droite, deux hommes arrêtés k lu porte d’un enclos causent ensemble, et une femme s’éloigne. Ces trois figures, de proportions excessivementréduites, sonttouchées avec une précision merveilleuse ; leurs mouvements, leurs attitudes sont d’une vérité extrême. « Mais ce qui est tout à fait admirable, a dit M. Marius Chaumelin (YArt contemporain), ce sont les personnages et les chevaux du premier plan ; ils valent, pour la délicatesse do l’exécution, les délicieuses figures de Wouiverman. La couleur est claire, limpide, harmonieuse. M. Meissonier possède à un degré éminent ce que l’on appelle en peinture le sentiment de la localité, c’est-à-dire le secret de fondre et d’harmoniser les nuances les plus disparates, de faire que toutes les parties d’un tableau se tiennent et s’enchaînent. C’est ainsi que, sans choquer la vue par aucune note discordante, il a pu donner à ses trois cavaliers des vêtements et des chevaux de couleur différente : à celui de droite un habit rouge et un cheval noir, à celui du milieu un habit gris et un cheval alezan, a celui de gauche un habit bleu et un cheval blanc. Il y a donc là, sans parler des vêtements des autres personnages et de la façade de l’auberge peinte en blanc et en rouge saumon, six nuances entièrement distinctes et dont pas une ne détonne. Le dessin témoigne

’^ava

aussi de beaucoup d’habileté et de science. Il semble même que M. Meissonier recherche complaisamment les difficultés, pour se donner le mérite de les vaincre. Presque toutes les figures de ce tableau offrent des raccourcis pleins de hardiesse. Deux des cavaliers et l’hôtelière se présentent de profil perdu. Le cheval blanc est vu de croupe, l’alezan de face, le noir de trois quarts. Si je voulais trouver quelque chose à reprendre dans ce petit chef-d’œuvre, je dirais que le terrain manque de solidité et la lumière de parti pris. Il y a pourtant, sur la droite, un délicieux petit coin de ciel argenté avec une éclaircie bleue. » Les Cavaliers se faisant servir à boire ont obtenu un succès bien légitime k l’Exposition universelle de 1867.

Cavaliers (halte DE), titre SOUS lequel sont connus des tableaux de plusieurs maîtres. V.

HALTE.

Cavalier* {le secret des), drame. V. Secret DES CAVALIERS (le).

Cavaiicn (les Quatre), peinture de P. de Cornélius. V. Apocalypse (r).

CAVALIER, 1ÈRE adj. (ka-va-lié, iè-re). Libre, dégagé, comme il convient à un galant cavalier : Une tournure cavalière.

Force gens font du bruit en France.

Un équipage cavalier

Fait les trois quarts de leur vaillance. La Fontainr. Il Sans gêne, sans ménagements, trop hardi : Une réponse cavalière. Un procédé cavalier. Ce procédé est un peu trop cavalier pour un homme de bréviaire. (Costar.) On nous dit d’un 1071 cavalier que la liberté n’est bonne que pour les Anglais, et que le génie français la repousse. (Ed. Laboulaye.)

— Comm. et Typogr. Papier cavalier, ou, substantiv., cavalier, Papier d’un format entre le carré et le grand raisin ; Tirer un livre sur rfu cavalier.

— Gêora. Perspective cavalière, Sorte de perspective employée pour la représentation des solides.

— Encycl. Géom. Une perspective cavalière est une projection oblique sur un plan parallèle à deux des trois directions principales rectangulaires qui existent dans tout produit régulier de l’industrie. Généralement, l’une de ces trois directions est verticale, et l’on choisit pour plan de projection le plan vertical, dit de front, parallèle k l’une des deux autres qui sont horizontales : la perspective cavalière est alors une projection oblique sur un plan de front. Cette perspective, ou plutôt cette projection, est depuis longtemps employée en charpente et en stéréotomie ; elle donne en effet une représentation très-nette qui plaît aux yeux, avantage très - grand qu’elle a sur la représentation par projections, qui nécessite assez souvent, dans le cas d’objets un peu compliqués, un certain travail d’esprit de la part de l’observateur pour qu’il retrouve nettement leurs formes. Le mode de représentation dont nous parlons est usité en géométrie élémentaire ; les figures du cube, du parallélipipède rectangle, etc., sont des perspectives cavalières.

D’après la définition précédente, la face des corps mis en perspective, qui se trouve dans le plan parallèle a celui de projection, n’est pas modifiée par celle-ci ; toutes les lignes perpendiculaires se projettent suivant des parallèles dont la direction peut être prise à volonté, ce sont les lignes fuyantes ; leurs longueurs sont celles des lignes projetées, agrandies ou diminuées dans le même rapport, qui reste aussi complètement arbitraire.

Appliquons ce qui précède à un cercle dont le plan soit perpendiculaire au plan de front q-ie nous supposerons contenir le diamètre AB.

l’ig. 1.

Rabattons, la circonférence sur le plan de la figure : les distances de ses divers points au plan de front deviennent les ordonnées du cercle rabattu. Si l’on suppose que AC soit la direction des lignes fuyantes, et que le rapport de réduction soit —, les divers points do

la courbe cherchée sont les extrémités de droites menées par les divers points de AB, parallèles à AC, et de longueurs’respectivement égales aux moitiés des ordonnées correspondantes. Mais la construction précédente ayant été exécutée pour un point relevé en G, par exemple, il sufht, pour obtenir la projection d’un autre point relevé en E, de chercher l’intersection de parallèles à AC et G, G’ menées par E, et D. La tangente en un point de la courbe, qui, comme on le sait, es*, une

ellipse, est la projectîoa dû |s fangéD^tfi•a^• point correspondant de la. eîFcdnféleBcô du cercle. On pourra, outre le point d ; e contact, déterminer un point de cette tangente, comme on en détermine un de la courbe. On pefflt avoir intérêt à connaître les deux points deTa courbe où la tangente est verticale. Or, la droite rabattue en G, H se projette suivant GrH verticale passant par G’ ; la direction G, H est donc celle des rabattements de droites qui se projettent verticalement, et, par conséquent, les points de l’ellipse où la tangente est verticale sont ceux qui proviennent des points du cercle rabattu où la tangente est parallèle à G, H. Ces points où les tangentes sont verticales sont les points de tangence des droites du contour apparent du cylindre qui aurait le cercle AB pour base. Comme second exemple de perspective cavalière, cherchons celle d’une sphère. La perspective cavalière d’une sphère est une ellipse ; cette perspective reste la même pour toutes les spnères do même rayon dont les centres sont sur une même parallèle aux projetantes. On peut donc supposer, pour rechercher la perspective d’une sphère, que son centre est dans le plan de projection. Dans cette hypothèse, soient O le

vjr^

Fig. 2.

centre de la section de la sphère par le plan de projection, et ABCD cette section, AB la trace, sur le plan de projection, d’un plan perpendiculaire a lui et parallèle aux projetantes. Rabattons sur le plan de la figure la section de la sphère par le plan AB, elle vient en ABCD ; les projetantes, situées dans ce plan AB viennent se rabattre suivant deux tanf entes, dont la direction peut être choisie aritrairement. Soient ET, E’T’ ces tangentes, leurs traces T, T, ’ seront les deux sommets du grand axe de la courbe, contour de la projection de la sphère ; les sommets du petit axe seront en C et D. Au moyen de ces deux axes, on pourrait construire complètement la courbe ; mais on peut en obtenir directement un nombre quelconque de points. Faisons dans la sphère une section FG par un plan parallèle au plan AB cette section se rabat suivant un cercle de diamètre FG, et les deux projetantes situées dans le plan FG se rabattent suivant deux tangentes parallèles à ET, E’T’ ; les points T, et T, où ces tangentes rencontrent FG sont deux points de la courbe cherchée, dont tous les autres peuvent s’obtenir de la même façon.

CAVALIER (Philippe), moine, écrivain du xvue siècle, auteur du Tombeau d’Elisabeth de Bigards, abbesse de Fantaine-Guérard, publication qui est devenue une rareté bibliographique.

CAVALIER (Jean), le plus célèbre chef des camisards, né vers 1680 au village de Ribaute, prèsd’Anduze, mort en 1740. Son père était un paysan, et lui-même commença par être berger, puis il fut apprenti boulanger. Divers démêlés avec le curé de Ribaute le forcèrent de se réfugier à Genève en 1701. L’amour du pays natal, et peut-être le désir d’être utile k ses coreligionnaires persécutés par.l’abbé du Chayla, le ramenèrent l’année suivante dans les Cévennes. Il entraîna k sa suite une vingtaine de jeunes gens qui l’élurent pour chef.

Les Cévenols acclamèrent en lui un prophète et un libérateur, après une grande assemblée tenue k Aiguës-Vives, où U produisit une immense impression. Son nom vola dès lors de bouche en bouche ; des compagnons d’armes accoururent à lui de toutes parti. De concert avec Roland, autre chef camisard, Cavalier emporte en plein jour les bourgades de Brassaigues et de Sérignac, et met le feu à leurs églises. Il met en pièces les troupe i catholiques lancées k sa poursuite, descend dans les bois de Vaquières, remporte une nouvelle victoire sur les milices royales et se rend maître du château de Servas à l’aide d’un audacieux stratagème. Il fait revêtir à ses camisards les habits des soldats, prend lui-mémo un uniforme de commandant et se fait passer au gouverneur du château pour le neveu de Broglie. Le gouverneur le reçoit, l’invite à sa table, et cependant les camisards s’introduisent dans la forteresse, puis, h un signal donné, en égorgent la garnison qui avait surpris et dispersé plusieurs assemblées au désert.

À chaque coup de main, à chaque victoire de Cavalier, l’enthousiasme des protestants cévenols s’augmentait. On le saluait maintenant comme un libérateur ; on ne doutait plus