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une troisième ouverture, pratiquée dans la tour de droite, servait fa faire jouer le levier de la passerelle. Des niches et des socles occupent le milieu de l’enfoncement cintré oui circonscrit les deux premières ouvertures. Le tout est couronné par un parapet qui est garni de créneaux à biseaux et qui repose sur une série de consoles formant mâchicoulis.

Le plus bel édifiée de Chartres et l’un des plus remarquables qu’il y ait en France est la cathédrale (Notre-Dame). Cette église, dont on fait remonter la fondation au 111e siècle, a subi de nombreuses vicissitudes. Après avoir été pillée et incendiée par les Normands, en 858, réparée par l’évêque Gilbert, et incendiée de nouveau en 962 suivant les uns, ou en 973 suivant les autres, elle fut enfin frappée de la foudre en septembre 1020, sous l’épiscopat de Fulbert. Le triste état auquel elle se trouvait réduite attira l’attention de, plusieurs princes et grands seigneurs qui, à l’instigation du savant évêque, rivalisèrent de zèle pour concourir à sa reconstruction. Des sommes considérables furent fournies par les rois de France, d’Angleterre, de Danemark, par Eudes, comte de Chartres, Richard, duc de Normandie, Guillaume, duc d’Aquitaine, et beaucoup d’autres seigneurs. De leur côté les habitants de la ville travaillèrent avec enthousiusme à l’édification du nouveau monument. Toutefois, lorsque Fulbert raourut(1028), la construction n’était pas très-avancée ; elle fut interrompue à diverses reprises et ne fut terminée, sauf quelques parties accessoires, que vers le milieu du TtriEe siècle. Pierre de Maincy, soixante-treizième évêque de Chartres, fit la dédicace solennelle de l’église en 1260. Par la suite, l’édifice fut notablement modifié dans plusieurs de ses parties sous prétexte d’embellissements ou de réparations. II en est résulté que Notre-Dame de Chartres n’a pu atteindre à cette admirable unité de proportion qui distingue d’autres cathédrales, notamment celle de Reims. « À Chartres, dit M. Didron, le plan a été notablement changé à un siècle de distance : le x«e siècle avait l’envie de bâtir un monument modeste, étroit en largeur, court en hauteur ; et le xme, ce siècle de grandes choses, do grands événements, Comme de grands hommes, comme de grandes constructions, voulut une œuvre appropriée à ses désirs, et sur le petit monument roman greffa un monument goihique colossal, un corps de géant sur les jambes d’un nain. Cette disgracieuse proportion blesse le regard ; les portes du portail royal, creusées sur la haute et la large nel centrale, font aussi mauvais effet qu’une petite bouche de femme sur la face d’un homme très-grand. Au xme siècle, on a sacrifié les nefs latérales, les nefs où se tenait le menu peuple, à la net du milieu réservée aux noble3 et aux riches bourgeois. Les bas-côtés n’ont pas d’issue, s’arrêtent en impasse, tandis que la nef centrale se dégage par trois portes pour elle seule. Le corps du monument a grossi, a grandi outre mesure ; les nefs latérales, les bras sont atrophiés. Au xive siècle, au sommet de l’abside, on colla une chapelle, dite de Saint-Pyat, qui produit sur le chevet de l’église l’effet d’une grosse loupe sur la tête d’un homme. Puis, au xve siècle, on a défoncé la nef latérale du sud, pour pousser en saillie, au delà des contre-forts, une chapelle dite de Vendôme, à cause des seigneurs de ce nom. C’est une excroissance sur le plan ancien, une poche au dedans, une tumeur au dehors. A Reims, le plan est pur, tel qu’il est sorti de la tête du premier architecte ; les proportions vous ravissent d’harmonie comme un bel opéra, œuvre d’un musicien unique. Keims est notre ’ Parthénon du moyen âge, notre Vénus de Milo chrétienne ; et, plus heureuse que la Vénus de Milo, la cathédrale champenoise est intacte, bien conservée, n’a perdu ni ses bras ni son poli. Et cependant Chartres est plus intéressant que Reims ; ces additions, ces imperfections des différents siècle», altèrent sa beauté en effet, mais lui donnent un grand intérêt et avivent la curiosité. L’intelligence de l’antiquaire, si ce n’est l’âme de l’artiste, aime à comparer ces formes diverses, à se rendre compte de ces différentes soudures. Enfin, la cathédrale de Chartres est plus considérable, au moins de moitié, que toutes les autres cathédrales de France ; car c’est une église à double fond, pour ainsi dire. Sous la cathédrale supérieure, dans toute sa longueur, excepté à la nef, circule une cathédrale inférieure, souterraine, une crypte immense, la plus grande qui existe ; ce sont des catacombes bâties, peintes à fresques, percées de fenêtres, décorées do moulures. La chapelle de Saint-Pyat est une toute petite église que la grande traîne avec elle et derrière elle, comme un navire une chaloupe. À l’occident, doux flèches gigantesques, modèles complets et parfaits de l’architecture du xu° et du xv» siècle, se dressent au-dessus du portail, comme deux cornes sur une tête monstrueuse. Les deux porches latéraux sont des avantcorps considérables qui élèvent à trois les portails de Chartres, tandis qu’ailleurs il n’y en a réellement qu’un seul, celui de l’occident. Ajoutez que c’est la seule cathédrale de France, avec celle de Bourges, dont le ; s vitraux soient tous conservés ; et sur ces vitraux brillent, remuent, parlent cinq mille personnages h peu près. Enfin, c’est la seule cathédrale de France qui soit aussi riche en sculptures. À l’extérieur seulement, il y a dix-huit cent quatorze figures historiques, sans

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compter toutes les figures d’ornementation, les arabesques, les gargouilles, les corbeaux, les mascarons, les consoles. À l’intérieur, le chœur est fermé par une chaîne de figures, un treillis de»statues dont le nombre est considérable. Voilaen quelques mots ce qui fait de Notre-Dame de Chartres le plus intéressant monument de la France ; monument unique et qu’il faudrait comparer aux gigantesques constructions religieuses de l’Égypte, aux monstrueuses pagodes de l’Inde, pour lui trouver des analogues. » Il serait difficile d’exprimer en termes plus spirituels la surprise, l’admiration, l’enthousiasme que cause a l’archéologue la vue de cette cathédrale dont les défauts mêmes excitent le plus vif intérêt. On reconnaîtra d’ailleurs, par la description détaillée que nous allons donner des diverses parties du monument, combien cette œuvre colossale est au-dessus de toute louange.

Vue extérieurement, la cathédrale de Chartres n’a rien qui saisisse vivement l’imagination ; mais elle impose par la grandeur de ses proportions, la sévérité des lignes, la majesté de l’ensemble. La façade principale, large de 37 m. 50, est précédée d’un perron de cinq marches qui aboutit à un porche composé de trois portes décorées d’une foule de petites figures et de plusieurs statues plus grandes que nature. Selon Montfaucon et quelques autres archéologues, ces statues remonteraient au temps des rois de la première race et proviendraient de l’église que remplaça la cathédrale élevée par Fulbert. Mais cette opinion a été réfutée par Albert Lenoir, qui s’est attaché à prouver que ces statues ont dû être ■ exécutées au xie siècle et qu’elles représentent les principaux personnages qui avaient contribué par leurs bienfaits k la fondation et aux diverses réparations de l’église de Chartres : c’est ainsi que, dans les statues de la porte principale ou parle royale, il faudrait voir Clovis, Clotilde, Childebert et sa femme Ultrogothe, Frédégonde, Clodomir, Gondieuque son épouse, Clotaire Ier ; dans celles de la porte de droite. Pépin, Louis, fils de Louis le Bègue, Louis d’Outre-mer, Egive, fille d’Édouard 1er et seconde femme de Charles le Simple ; dans celles de la porte de gauche, Robert le Pieux, Berthe, sa première femme, Constance sa seconde femme, et Adélaïde de France, sa tille. Ces diverses figures, très-incorrectes au point de vue de la l’orme et grossièrement drapées, se sentent du style et du goût byzantins qui régnèrent en France du ix& au xie siècle. Au-dessus des portes qu’elles décorent s’ouvrent trois fenêtres ogivales : la fenêtre du milieu, plus élevée que les deux autres, est surmontée d’une grande rosace. Plus haut règne une galeriedite gâterie royale, qui présente quinze statues de rois, dans des niches, et que couronne un pignon dont la face est décorée d’une arcature trilobée où est placée une statue de la Vierge tenant l’Enfant Jésus, et dont le sommet supporte une statue colossale du Christ. — La façade que nous venons de décrire est flanquée de deox tours carrées, percées de baies ogivales qui s’ouvrent entre les contre-forts, et surmontées de flèches élancées : la flèche du sud, nommée le clocker vieux, est d’une élégance sévère et sans ostentation ; elle s^lève à 112 m. 15 au-dessus du sol, et a été couronnée, en 1681, d’une croix entée dans un globe de cuivre doré. La flèche in nord, nommée le clocher neuf, est toute couverte de dentelles et de festons de pierre ; sa beauté a fait dire qu’une église, pour être parfaite, devrait unir le chœur de Beauvais, la nef d’Amiens, le portail de Reims et la flèche de Chartres. On lui a reproché toutefois de pécher par un excès de magnificence. Elle a été construite de 1507 à 1514 par JeanTexier, dit Jehan de Beauce, pour remplacer un clocher en bois, incendié par la foudre en 1506. La pointe de cette flèche, ébranlée par le vent en 1691, ’fut rétablie l’année suivante par Claude Auge, sculpteur lyonnais ; elle atteint une hauteur de 122 m. On édicule du xvio siècle, placé au pied de la flèche du nord, renferme une horloge. — Les deux porches latéraux qui flanquent le transsept du nord et celui du sud et qui forment avant-corps sont enrichis d’une quantité de candélabres, de statues, de groupes et de bas-reliefs de l’exécution la plus remarquable. Le plus beau de ces porches est celui du nord : élevé sur Un perron de sept marches, il présente trois grandes arcades correspondant aux trois portes qui donnent accès dans le transsept ; ces arcades sont couronnées par des pignons et s’appuient sur des massifs, des pieds-droits et des colonnes garnis de sculptures. Les voûtes aussi sont surchargées de plusieurs rangs d’ornements qui se rattachent aux voussures des trois portes. Les côtés du porche sont également percés, l’un et l’autre, de deux belles arcades. Au-dessus du porche s’élève en retraite la partie supérieure du portail, décorée d’une très-belle rose, flanquée de deux tourelles octogones et de deux grosses tours carrées à plate-forme, et terminée par un pignon triangulaire dont la base est appuyée sur une jolie galerie et dont le commet porte une statue delà Vierge. Le portail du sud offre à peu près les mêmes dispositions, mais sa décoration est un peu moins riche. M. Didron a vu, dans les sculptures des deux portails, un poème eu quatre chants ou, pour mieux dire, un cycle en quatre branches, d’une conception plus vaste que 'Iliadem. VEnéide. ■ La première branche, dit-il,

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représente la cosmogoûie, la genèse des êtres bruts, organisés, vivants et raisonnables. La seconde est une encyclopédie de toutes les sciences«t de leur application à l’industrie et au commerce. La troisième est un traité de morale, des vices et des vertus. La quatrième enfin est un manuel complet d’histoire religieuse : de l’histoire du> peuple de Dieu avant Jésus-Christ, et de l’histoire moderne jusqu’à la fin du monde. À gauche, au nord, sont sculptés tous les personnages de l’Ancien Testament ; à droite, au sud, tous ceux du Nouveau. ! Sur le côté méridional, on remarque deux figures grotesques, de grandeur naturelle : une truie qui file et un ânequi tient entre ses pattes une espèce de harpe ; on appelle ce dernier Y âne gui vielle.

Notre-Dame de Chartres est bâtie sur le plan de la croix latine et comprend trois nefs. La longueur totale de l’édifice est de 128 m. 64 ; sa largeur est de 33 m. 44 dans les nefs, et de 63 ta. 31 au iranssept. La grande nef mesure 72 m. 15 de longueur sur 14 m. 95 de largeur et 34 m. 35 de hauteur sous clef de voûte. Tout l’édifice s’appuie sur 52 piliers libres, aantonnés de quatre colonnes demiengagées et couronnées de chapiteaux de

formes élégantes et variées, et sur 36 piliers massifs liés aux murailles. Les arcades ogivales de la grande nef sont surmontées de galeries de la plus grande beauté, au-dessus desquelles s’élancent de hautes et larges fenêtres, divisées en plusieurs compartiments par de légers meneaux qui s’épanouissent, au sommet, en formes gracieusement arrondies. Le chœur, un des plus vastes et des mieux disposés qui existent, est entouré d’une admirable clôture, enrichie de bas-reliefs et de statues représentant les principaux traits de la vie de Jésus-Christ et de celle de la Vierge ; des pilastres, décorés avec une exquise délicatesse, séparent les différents sujets de cette série, dont l’exécution fut commencée en 1514, sur les dessins de Jean Texier. Les stalles du chœur ont été surmontées de huit.bas-reliefs en marbre, sculptés par Bridan. Un groupe colossal en marbre blanc, exécuté par le même artiste et représentant l’Assomption, est placé sur le maître-autel, dont le style n’ est pas en harmonie avec celui de l’édifice. Autour du chevet rayonnent sept chapelles absidales dont la plus remarquable est celle du fond, dite chapelle de Saint-Pyat ou de Saint-Piat. L’église n’a qu’une seule chapelle latérale, qui s’ouvre sur le bas-côté du midi. Louis, comte de Vendôme, la fit construire en 1413, pour accomplir un vœu fait à la Vierge. Les nombreuses fenêtres qui éclairent Notre-Dame de Chartres sont garnies de magnifiques verrières du xnie siècle, qui sont du plus haut intérêt au point de l’iconographie religieuse et de l’histoire de l’art. Les trois roses sont aussi curieuses par leur structure que par leurs vitraux : celle du grand portait conserve la noble simplicité des formes rayonnantes primitives ; celles des trahssepts sont composées de meneaux plus savamment découpés. Il y a une centaine d’années, on voyait dans l’église un jubé de la un du xme siècle, dont on a retrouvé de très-beaux fragments sous le dallage. Un buffet d’orgues de 1650, un labyrinthe en pierres bleues et blanches qui n’a pas moins de 294 m. de développement, et quelques statues en marbre de Bridan méritent l’attention. Sous la cathédrale règne une crypte de llo m. de longueur, qui, d’après ta tradition, aurait remplacé une grotte druidique dans laquelle les Celtes rendaient un culte à la Vierge qui doit enfanter, Virgini pariturm. Cette vaste crypte, où l’on peut descendre par cinq escaliers différents, comprend deux nefs voûtées à arêtes, peintes à fresque et bordées de quatorze chapelles disposées régulièrement. On y montre, entre autres curiosités,

— une statue de Vierge noire, un puits dit le puits des Saints-Forts, où furent jetés, dit-on, les corps de plusieurs martyrs du temps de Dioclétien ; une pierre tumulaire galloromaine ; une cuve baptismale en pierre

du xie siècle, etc. En juin 1836, Un incendie détruisit les charpentes de châtaignier de la cathédrale, qui faisaient l’admiration des visiteurs et auxquelles on donnait le nom de forêt ; on les a remplacées depuis par une charpente en fer.

Les autres édifices religieux les plus intéressants de Chartres sont : "église Saint-Pierre, ancienne dépendance de l’abbaye de Saint-Père, construite de 1150 à 1310 et qui possède de belles verrières, une pierre tombale du xm» siècle et les célèbres émaux de Pierre Limousin provenant du château d’Anet ;l’église Saint-Aignan, construction massive et écrasée qui renferme trois nefs éclairées par de riches verrières du xvic siècle et bordées d’arcades ogivales, avec triforram décoré d’arcs plein cintre sur coionnettes corinthiennes ;

— l’église Sàint-Martin-du-Val,

bâtie au xi» et au xn« siècle, sur une crypte du vin» siècle ; elle sert de chapelle à l’hospice Saint-Brice ; — l’église Saint-André, classée parmi les monuments historiques, incendiée en 1861 ; — la chapelle de Notre-Damede-la-Brèche, érigée en souvenir de la levée

du siège de 1568 ; etc.

Chartres possède plusieurs hôtels fort intéressants de l’époque de la Renaissance. Un des plus remarquables est celui qui porte le n<> 17 dans la rue de ta Croix-de-Beaulieu : dans la cour se trouve un escalier que l’on croit antérieur au xvi<s siècle ; il se compose d’un emmarchement en spirale de trente-six

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marches et mesure 9 m. 80 de haut, du sol ft l’entablement de la corniche, et 3 m. ïO de diamètre ; il est éclairé par des ouvertures carrées et surmonté d’un toit pointu couvert de tuiles ; chacun des montants, placés à distances égales, se termine, à sa partie inférieure, par un cul-de-lampe à figure grotesque et, à sa partie supérieure, par un socle contenant une statue. La corniche, qui forme encorbellement, et l’entablement sont ornés de fortes moulures à ogives et à torsades. — Une autro maison, située sur la place de la Poissonnerie, a sa façade coupée dans toute la largeur par deux étages à encorbellement ; chacun de ces étages est soutenu par une grande porte en saillie qui présente a sa partie inférieure des moulures et des retombées décrivant cinq baies à cintre très-surbaissé que supportent des consoles sculptées. — La maison portant len» 49 dans la rue des Changes est un curieux Spécimen de construction en bois : deux étages à pignon aigu font saillie sur la façade et sont ornés de sculptures. — La Maison dite dumédecin, dans la rue du Grand-Cerf, a une façade des plus élégantes où se combinent harmonieusement les lignes sévèreS de Vart grec

et les capricieuses fantaisies de la Renaissance.

Citons enfin, parmi les autres édifices et établissements de Chartres : l’ancien hôtel do ville, qui conserve une porte ogivale et un campanile ; le nouvel hôtel de ville, bel édifice du commencement du xviie siècle ; le palais épiscopal, construit h l’aide des libéralités de Mme de Maintenon (il est contigu à la cathédrale et a de beaux jardins d’où l’on jouit d’une vue agréable et assez étendue) ; la manutention militaire, établie dans un cellier h trois nefs du xnie siècle ; le pont Neuf, construit au commencement de ce siècle, etc. Chartres a de belles promenades qui longent en partie les rives de l’Eure. La place Marceau aune pyramide en briques, élevée sous le premier empire en l’honneur du général do ce nom, dont la statue en bronze a été érigée en 1851 sur la place des Essars.

CHARTBES (Renaud ou Regnauld db), prélat et chancelier de France, né vers 1380, mort en 1444. Il était fils d’un grand maître enquêteur des eaux et forêts de Normandie. D’abord chanoine, puis évêque de Beauvais, il fut nommé archevêque de Reims en 1414, lieutenant du roi et du dauphin en Languedoc, Lyonnais et Maçonnais en 1418, chancelier do France en 1424 et en 1428, et enfin il reçut, en 1439, le chapeau de cardinal. Renaud de Chartres exerça un grand ascendantsur l’esprit de Charles VII, t[tfil sacra roi à Reims en 1429, en présence de la pueelte d’Ortéans. Lorsque Jeanne Darc fut prise devant Compiègne, Renaud, qui avait toujours vu d’un œil jaloux l’influence exercée par l’héroïne sur la îwweho des événements, ne fit aucune démarche auprès de Cauchon, évêque de Beauvais, son suffragant, pour lui enlever sa victime. Il mourut subitement à Tours, où il s’était vendu pour prendre part aux négociations qui amenèrent un traité de paix entre la France et l’Angleterre.

CHARTREUSE s. f. (char-trou-ze). Religieuse de l’ordre de Saint-Bruno.

— Couvent de chartreux : La GrandeCHMi- trecsb fut établie par saint Bruno, près du village de Ckartrousse, en Dauphinê.

— Par ext.- Petite maison de campagne isolée et solitaire : Elle voulut méditer là sur les événements ’de la vie, comme dans Une chaivtrkusk privée. (Balz.)

— Comm. Liqueur tonique très-estimée, qu’on obtient par la distillation de plantes aromatiques qui croissent sur les montagnes des Alpes, et qui tire son nom du couvent de la Grande-Chartreuse, où on la fabrique en si grande quantité, que ta vente annuelle produit environ 2 millions de francs : Une bouteille </e CHAitTHEUSE. Boire un petit verre de chab-

TRKUSE.

— Artculin. Mets composé d’un mélange do légumes. Se dit par allusion à l’abstinence de la viande qui est obligatoire pour les chartreux.

— Hortic. Variété de tulipe.

— Moll. Nom vulgaire d’une espèce d’hélice.

— Encycl. La règle de saint Bruno exigeait que les chartreux vécussent le plus possible en anachorètes : ils devaient travailler, manger, dormir isolément, et, lorsqu’ils se rencontraient, se saluer sans dire un mot ; ils no se réunissaient que pour réciter les offices aux heures déterminées par l’Église, et no prenaient leurs repas en commun qu’à certains jours de l’année. Il résultait de ces différences entre la vie des chartreux et celle des autres moines que les monastères de l’ordre de Saint-Bruno présentèrent des dispositions qui n’existaient pas dans les autres couvents. Ces monastères, établis de préférence dans des déserts, au milieu des montagnes, loin des lieux habités, prirent tous le nom de chartreuses, «L’architecture des chartreux, dit M. Viollet-le-Duc, se ressent de l’excessive •* sévérité de la règle ; elle est toujours d’une simplicité qui exclut toute idée d’art (Sauf toutefois en Italie), Sauf l’oratoire et les cloîtres, qui présentaient un aspect monumental,

le reste du couvent ne consistait qu’en cellules, composées primitivement d’un rez-dechaussée avec un enclos de quelques mètres. À partir du xvo siècle seulement, les arts pë-