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envoie en échange des marchandises d’Europe. Les douanes qui existaient entre les deux pays dans la Cordillère ont été supprimées, et les marchandises de toute sorte passent en franchise.

Les États-Unis de l’Amérique du Nord entretiennent avec le Chili un mouvement d’affaires constant et considérable. Dans l’ancien monde, l’Angleterre est le pays dont les transactions commerciales avec la république chilienne atteignent le plus haut chiffre. Dans la période de 1854 à 1863, la moyenne du mouvement commercial de ces deux pays en valeurs réelles a été annuellement de 88,400,000 fr., dont 52,900,000 pour les importations, et 35,500,000 pour les exportations. Ce chiffre s’est encore élevé pour l’année 18B4, pendant laquelle les importations ont monté à 77,200,000 fr. et les exportations à 42,200,000. La navigation de l’Angleterre au Chili est représentée, pour la même période, par un tonnage moyen de 120,537 tonneaux, dont 103,292 sous pavillon anglais et 17,245 sous pavillons étrangers.

Dans l’ordre de l’importance des relations commerciales et maritimes avec la république chilienne, c’est la France qui vient immédiatement après la Grande-Bretagne. Voici pendant la même période décennale (1854-1863) la moyenne du mouvement commercial entre la France et le Chili : 7,300,000 fr. pour les importations ; 31,200,000 fr. pour les exportations, soit 38,500,000 fr. pour les importations et les exportations réunies. Ce chiffre s’est encore accru pour l’année 1864, comme nous l’avons déjà observé par rapport à l’Angleterre j car les exportations du Chili en France se sont élevées à la somme de 17,200,000 fr., et les importations à 33,200,000 fr. Total pour le commerce général : 50,400,000 fr., près de 10,000,000 fr. d’augmentation sur le total de l’année 1863.

Le mouvement de notre navigation d’intercourse avec le Chili a suivi naturellement la même progression ascendante que le mouvement de notre commerce : pour les dix années de 1854 à 1803, la moyenne du tonnage a été de 22,210 tonnes, dont 20,460 pour navires chargés sous pavillon français, et 1,750 pour pavillons étrangers. Il ressort de ces données que notre intercourse avec le Chili se fait entièrement, à peu de chose près, par des bâtiments français, tandis que l’Angleterre emploie pour la même navigation un nombre considérable do navires étrangers. Cette différence s’explique d’ailleurs par ce fait, que, pour le commerce anglais, la somme des importations du Chili en Angleterre dépasse presque constamment et de beaucoup celle des exportations de l’Angleterre au Chili. C’est le contraire pour ia France, dont les importations équivalent à peine à un cinquième de ses exportations, qui, en quelques années, ont atteint et même dépassé celles de la GrandeBretagne.

Le Chili est devenu, si l’on excepte le Brésil, le marché le plus actif de l’Amérique du Sud. Voici quel a été, d’après le relevé fait au bureau de statistique de la douane de Valparaiso, le 30 septembre 1865, la valeur de son mouvement commercial durant l’année 1864 :

Importations 94,336,825 fr.

Exportations 13G,214,265

Transit, 22,590,445

Cabotage 144,433,915

Total 397,325,450 fr.

Au 31 décembre 1864, le seul port de Valparaiso contenait, déposée à sa douane, une masse de marchandises évaluée à la somme de 163,314,425 fr., et importée des pays et dans les proportions qui suivent :

Angleterre 65,341,740 fr.

France 34,254,433

Allemagne 14,701,905

États-Unis 12,528,360

Espagne 3,267,0S5

Divers 33,220,900

Ce tableau nous donne l’occasion de faire ici une pénible observation : le commerce espagnol n’y figure que pour une somme relativement peu importante, et il est à craindre que les procédés employés par les agents de la reine Isabelle dans ces parages ne fassent encore décroître ces relations commerciales si restreintes.

En vertu d’un décret qui date de 1865, il est permis aux navires de toutes nations de faire le commerce sur les côtes du Chili. Les ports de Mejillones, Coquimbo, Caldera, Huasco, Valparaiso, Constitucion, Tome, Coronel, Valdivia, Aucuna, Metapulte, Calvalmano sont ouverts au commerce.

De 1861 à 1864, les droits d’importation ont été de 4S, lîâ,025 fr., et ceux d’exportation de 8,434,300 fr., soit en total : 56,562,325 fr. En 1863, les douanes ont rendu 21,297,670 fr., et les autres branches de revenu ont donné 12,205,625 fr., soit en total : 33,503,295 : :.

À la fin de 1863, la marine marchande était composée de :

22 frégages marchandes

jaugeant 10,805 tonneaux.

78 barques trois-mâtsjaugeant 20,007 —

21 bricks jaugeant.... 5,484 35 goélettes —.... 3,306 8 vapeurs —.... 1,524 161 navires jaugeant... 41,126 tonneaux.

CHTL

Le mouvement maritime des grands porta avait été, en 1863, de 2, G9G bâtiments jaugeant 820,014 tonneaux à l’entrée, et à la sortie de 2,529 bâtiments jaugeant787,645 tonneaux.

L’industrie manufacturière ne s’est pas encore développée au Chili ; elle se borne jusqu’à présent aux arts du bâtiment et à ceux qui donnent la dernière façon aux produits, comme ceux du tailleur, du cordonnier, de l’ébéniste, etc. La menuiserie, toutefois, y est florissante, et la tannerie y donne de beaux produits. On remarque aussi de grandes usines pour l’affinage de 1 argent et du cuivre ; mais le commerce, l’extraction des métaux et l’agriculture donnent des profits tels qu’il n’est pas probable que, de quelque temps encore, le Chili s’adonne sérieusement à 1 industrie manufacturière. Nous devons ajouter que de grands travaux publics se poursuivent sans interruption ; un chemin de fer partant de la capitale et se dirigeant vers le sud est déjà ouvert sur une grande étendue, et des contrats sont passés pour le poursuivre beaucoup plus loin. Le chemin de fer qui va de la capitale à Valparaiso, d’une longueur de 225kilom., avec des tranchées et des tunnels considérables, est terminé. Les chemins de fer de Copiapo payent des dividendes de 20 pour 100. Un chemin de fer se construit à Coquimbo. Une cathédrale s’élève dans la Capitale, et sera un des plus beaux édifices de 1 Amérique du Sud ; soixante-dix grandes colonnes de marbre, apportées d’Italie, entreront dans cette construction. Ce nouvel édifice ne sera pas déplacé à Santiago, qui, par ses nombreux monuments publics, peut être appelé une-ville de palais. Ajoutons enfin qu’il existe une double ligne télégraphique entre Valparaiso et Santiago, et une autre qui correspond avec Copiapo et les districts des mines.

Division administrative. Gouvernement. Finances. Institutions publiques. Au point de vue administratif, le Chili est actuellement divisé en quatorze provinces, dont le tableau suivant contient les noms et ceux de leurs chefs-lieux :

PROVINCES.

CHEFS-LIEUX.

Aconcagua San-Felipe.

Atacama Copiapo.

Concepcion Concepoion.

Coquimbo Coquimbo.

Arauco Arauco.

Chiloé San-Carlos.

Colcagua Curico.

Llanquihué Llanquihué,

Maule : Cauquenes.

Santiago Santiago.

Valparaiso Valparaiso.

Talca Talca.

Vuldivia Valdivia.

Nubie Nubie.

La constitution politique actuelle de la ré publique du Chili remonte à 1833 ; elle recon-c naît trois pouvoirs : législatif, exécutif, judiciaire. Le pouvoir législatif est exercé par le congrès national, qui se compose d’une chambre des sénateurs et d’une chambre des députés. Le Sénat se compose de vingt sénateurs élus par des électeurs spéciaux, pour une période de neuf années, avec renouvellement

far tiers coïncidant tous les trois ans avec élection des députés. Pour être sénateur, il faut être citoyen en exercice, avoir trente-six ans et posséder un revenu de 2,000 piastres (10,000 fr.). La Chambre des députés se forme de membres élus par le vote direct dans la proportion d’un député par 2,000 âmes, et se renouvelle intégralement tous les trois ans. Il faut, pour être éligible, avoir droit de vote comme électeur, et posséder un revenu de 500 piastres (2,500 fr.). Le congrès national ne fonctionne que du 1er juin au 1er septembre de chaque année, à moins qu’il ne soit convoqué en session extraordinaire par le président. Si le congrès est prorogé par le président, il est remplacé par une commission de sept sénateurs choisis par le sénat. Le pouvoir exécutif est exercé par un président, chef suprême de la nation et de radministration, élu par le vote indirect, pour cinq ans, et rééligible pour une seconde période de cinq années seulement. Le président de la république a le droit de proroger, pendant cinquante jours, les sessions ordinaires du congrès, de convoquer les chambres extraordinairement, de commander en personne les forces de terre et de mer, de mettre en état de siège un ou plusieurs points de la république. Il est assisté dans la direction et l’expédition des affaires par quatre ministres titulaires de quatre grands départements, intérieur et relations extérieures, justice, cultes et instruction publique, guerre et marine, et, de plus, par un conseil d’État qu’il préside lui-même. Le conseil d’État se compose des ministres en exercice, de deux membres des cours dejustice, d’un dignitaire ecclésiastique, d’un général, d’un chef d’administration des finances, de deux anciens ministres ou diplomates, de deux anciens intendants de provinces anciens gouverneurs de département, lesquels doivent tous réunir, de plus, les qualités requises pour être sénateur. Le conseil d’État prépare les lois, les budgets annuels, connaît des matières contentieuses, administratives, et a droit de présentation pour la nomination des juges, des membres des cours suprêmes de justice, des archevêques, évèques, etc.

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Le pouvoir judiciaire a le droit exclusif de juger. Le jury n’est admis qu’en matière de presse. La constitution garantit la liberté de la presse, et, par exception, cette garantie constitutionnelle n’est pas un vain mot. Une loi du 25 septembre 1846 établit, pour les délits de presse, un tribunal spécial composé d’un juge de ire instance et de jurés pris sur une liste dressée chaque année par chaque conseil municipal, là où il existe des journaux. La constitution chilienne garantit l’inviolabilité du domicile, proclame la liberté de l’industrie, interdit les jugements exceptionnels, abolit l’esclavage, etc.

Le Chili avait conservé de ses anciens maîtres, comme les autres colonies hispanoaméricaines, un recueil confus de lois et de coutumes empruntées au droit romain, aux lois d’Alphonse le Sage, aux Siete Partidas, à l’ordonnance de Bilbao, à l’ancienne jurisprudence coloniale. Un projet de refonte de toutes ces lois, soumis à la discussion du congrès par l’initiative du président, a été adopté dans toutes ses parties, et il a force de loi depuis le 1er janvier 1859. Les jurisconsultes européens y reconnaissent une méthode simple et profonde, une heureuse alliance du droit romain, du droit hispanique et des lois françaises inspirées par l’esprit de 1789.

La propriété est très-peu divisée au Chili. Aux environs des villes, dans quelques vallées populeuses seulement, les propriétés foncières sont morcelées. La rareté de la population, le droit d’aînesse supprimé depuis une douzaine d’années seulement, et les accaparements des congrégations religieuses, ont contribué jusqu’ici à maintenir cet état de choses. Les haciendas de 10,000 hectares ne sont pas rares au Chili, et il y en a, telles que la Compania et las Cauteras, qui sont plus grandes que certains de nos départements. Las Cauteras comprend plus de 10,000 hectares. L’hacienda représente la grande propriété ; la propriété mo3’enne se qualifie de ckacara hacienda et de chacara, et enfin la quinta est la petite propriété, celle qui entoure les centres de population.

Le catholicisme est la religion de l’État ; mais tous les autres cultes sont tolérés. Il y a un archevêché, celui de Santiago, et trois évêchés, ceux de Concepcion, de Coquimbo et de Chiloé.

Les hommes d’État qui depuis quarante ans ont dirigé les affaires publiques au Chili ont regardé avec raison l’instruction comme la base d’un avenir de progrès ; aussi l’organisation de l’enseignement dans cette république laisse-t-il peu à désirer. L’instruction primaire est distribuée au Chili par des écoles fiscales, municipales, particulières ou conventuelles ; on ne paye quo dans les établissements particuliers, et non pasmêmedans tous ; l’admission dans les deux autres catégories’ est gratuite. Ces écoles, au nombre de 1,670, coûtant en moyenne 2,500 fr., étaient fréquentées en 1859 par 35,000 enfants des deux sexes, sans compter quelques salles d’asile, dans lesquelles on donne un commencement d’instruction primaire. On a installé en outre des écoles régimentaires dans la plupart des corps de l’armée, et des écoles du soir pour les adultes de la classe civile. En même temps qu’on multipliait les écoles, on faisait des efforts sérieux pour élever le niveau de l’instruction. On a fondé deux écoles normales pour les instituteurs et les institutrices qui se vouent à l’enseignement du peuple. Dans la plupart des chefs-lieux de département, l’instruction primaire comprend le dessin linéaire, la géographie et des notions de l’histoire du Chili. Partout on familiarise les enfants avec le système décimal français, qui a été adopté depuis une dizaine d’années. L’enseignement secondaire est en bonne voie : indépendamment d’un grand collège annexé, sous le titre de section préparatoire, à l’Institut national de Santiago, il y a dans les provinces quatorze lycées ou écoles supérieures subventionnées par l’État, et cinquante pensions particulières pour les deux sexes. On se préoccupe aussi de l’éducation professionnelle. Il y a à Santiago une école pratique des arts et métiers, dotée pour recevoir cent élèves, et dirigée par d’habiles ingénieurs venus d’Europe. Dans la région minière, à Copiapo, une école des mines, pourvue d’un beau laboratoire de chimie, compte, une centaine d’élèves. Un musée national, consacré particulièrement aux collections d’histoire naturelle, s’enrichit par des échanges avec les musées étrangers. Il faut aussi mentionner un conservatoire de musique et une école des beaux-arts, dont les élèves reçoivent un encouragement de 50 fr, par mois, lorsqu’ils ont eu trois fois de suite la première place dans les concours. Le foyer de cette émulation, le centre do tout ce mouvement intellectuel, c’est l’Institut national. Cet établissement, organisé à peu près comme notre Collège de France, correspond à nos facultés universitaires pour l’enseignement supérieur ; mais il devient une espèce d’Académie libre par la confraternité intellectuelle qui subsiste entre les hommes éminents qui y ont professé. Le cadre de l’enseignement est large et très-varié : il y a des classes

f>our toutes les divisions de la science des ois, pour le droit naturel et international, l’économie politique, les sciences mathématiques et physiques. En même temps que les livres, on emprunte très-volontiers a. l’Europe des professeurs. L’Institut chilien est, pour ainsi dire, le trait d’union qui rattache la

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jeune république au mouvement intellectuel du vieux monde. La dotation de l’Institut estportée à 375,750 fr. En somme, le Chili, eu égard à sa population, qui est vingt-deux fois et demie inférieure à celle de la France, consacre trois fois plus d’argent que nous à l’instruction publique. Malheureusement, dans les pays vastes, où une population insuffisante est disséminée, les sacrifices qu’on fuit pour l’enseignement ne donnent que des fruits tardifs ; malgré l’active initiative de l’administration, la population des campagnes ne profite presque pas des sacrifices que l’État fait pour elle.

Les revenus publics de la république ont été, en 1859, de 27,320,825 fr. Les reoettes ordinaires de 1883 se montèrent à33,503,295 fr., et les dépenses ordinaires à 35,797,425 fr. Les douanes avaient donné 21,297,665 fr. ;1a contribution Turale 3,207,370 fr., et le chemin do fer de Valparaiso à Santiago 560,770 fr. Le budget des dépenses pour l’année 1864 se décomposait comme il suit :

Intérieur et relations étrangères...... 6,364,380 fr.

Justice, cultes, instruction publique 5,708,995

Finances 17,000,145

Guerre 9, CS 1,565

Total..... 38,815,085 fr.

L’armée chilienne est de 3,251 soldats réguliers, et de 40,466 miliciens. Le corps des officiers se compose de  : 4 généraux de division, s brigadiers généraux, 6 colonels, 27 lieutenants-colonels, 48 majors, 100 capitaines, 18 adjudants, 64 lieutenants et 74 enseignes.

En 1858,1a marine militaire comptait 2 corvettes, 3 brigantins, 1 frégate et l vapeur de guerre, le tout portant 71 canons. Depuis cette époque, cette flotte a été considérablement augmentée.

Histoire. Le nom du Chili vient du mot tChili, qui, dans la langue quicha, signifie neige. Avant 1450, le territoire actuel de cette république était habité par les ancêtres des tribus indiennes que l’on y trouve encore maintenant. Ces tribus semblent avoir une origine commune, et le mot Alapu-che. qui signifie peuple ou enfant de la terre, sert à les désigner indistinctement. En 1450, l’inca Yupanqui, qui régnait au Pérou, envoya une expédition contre le Chili. L’armée s avança sans obstacle jusque sur les rives du fleuve Rapel, limite septentrionale de la terre des Promancaes. Ceux-ci acceptèrent le combat, qui dura trois jours, selon Garcilajo de la vega. L’inca arrêta sa conquête à cette rivière, comme l’atteste un monument péruvien.

Quatre-vingts ans plus tard, Pizarre, qui soumit le Pérou, détacha Almagro pour joindre le territoire du Chili, jusqu au détroit de Magellan, à l’empire subjugué. Almagro partit avec une armée de 570 Espagnols et 15,000 Péruviens. Au passage de la Cordillère, il perdit 150 Espagnols et 10,000 Indiens. Il tut très-bien reçu par les habitants de Copiapo, qui lui donnèrent tout l’or qu’ils possédaient. Ayant reçu des renforts, Almagro continua sa marche. Les populations allaient au-devant des Européens pour contempler ces êtres surnaturels ; mais leur il-lusion cessa après qu’ils eurent tué deux Espagnols égarés. Almagro, furieux, livra aux flammes vingt-sept des principaux du pays, inaugurant ainsi la civilisation espagnole dans ces contrées. Almagro poursuivit sa conquête sans obstacle, jusqu’au moment où il rencontra les Promancaes. La bataille s’engagea ; mais la victoire resta indécise. Les chevaux et les armes à feu se heurtèrent cette fois à une résistance inattendue. Almagro, voyant combien son entreprise devenait coûteuse et difficile, entraîné d’ailleurs par le désir de renverser Pizarre, revint sur ses pas. Pizarre, de son côté, vainqueur de tous ses ennemis, confia la conquête projetée à Pedro Valdivia.

Ce nouveau chef se mit en route avec 200 Espagnolsf un grand nombre d’Indiens auxiliaires, et tous les éléments d’une nouvelle population. Il pénétra sans résistance jusqu’à la vallée de Mapocho, où il fonda ia ville de Santiago del Nuevo Estremo, le 24 février 1541. Après avoir soumis les naturels de Mapocho, formé une alliance avec les Promancaes, tracé les bornes des propriétés, construit une église et organisé l’administration, Valdivia s’avança à 30 lieues au sud, suivi de quelques troupes. Mais il fut assailli par un grand nombre d’Indiens, qui, écrivaitil, «se battaient et se défendaient aussi bravement qu’un escadron d’Allemands, » Le chef espagnol, convaincu que les forces dont il disposait ne lui permettaient pas da fonder sur les rives du Biobio l’autre ville qu’il avait projetée, retourna en arrière, dans la crainte qu’un revers ne vînt compromettre l’établissement déjà fondé. C’est ainsi que les Européens firent leur première apparition au Chili.

Valdivia retourna au Pérou, d’où il revint bientôt avec de nouvelles forces. Il atteignit de nouveau le Biobio, et, après avoir subjugué les Pencones, il fonda, près de l’embouchure du fleuve, la ville de la Concepcion. Les Araucans, avertis par les Pencones fugitifs, marchèrent au secours de cette nation au nombre de 4,000. Valdivia sortit au-devant d’eux, et les attendit dans un camp flanqué par un lac. Le toqui (chef) Ayllavilu l’attaqua pendant la seconde nuit « avec une grande impétuosité et