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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 4, part. 2, Cim-Coi.djvu/125

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anachronismes mêmes ne doivent pas lui être reprochés trop durement. »

En littérature et par antonomase, Clélie sert à désigner une fiancée, une maîtresse :

« Non, sur ma foi, je na ris pas, s’écria le comte des Sougères, et la preuve en es"ï que Roger ne parle de rien moins que d’épouser sa Clélie, sa Mandane ou sa Corisandre. » J. Sandeau.

Clélie et »e« compagnes traversant le Tibre, tableau de Rubens ; musée de Dresde. L’action héroïque de la jeune Romaine et de ses compagnes a été souvent retracée par la peinture. La composition de Rubens nous montre ces jeunes filles passant le fleuve, les unes à cheval, les autres à la nage, dans des attitudes très-variées. Des soldats de Porsenna lancent des flèches et des pierres aux fugitives, du haut d’une éminence. Dans le fond, on aperçoit un pont rompu.

Diepenbeek a fait sur le môme sujet deux tableaux dont l’un est au musée de Berlin, et l’autre au Louvre (n° 118). Celui-ci représente Clélie montée sur un cheval blanc, avec une de ses compagnes en croupe. D’autres jeunes filles, dépouillées de leurs vêtements, descendent dans l’eau ou cherchent à monter sur un cheval. Le Tibre, sous la figure d’un vieillard, est assis à. gauche, tenant une urne et appuyé sur une pierre où l’on voit sculptés en bas - relief Romulus et Rémus allaités par la louve. Dans le fond, sur des rochers, les soldats de Porsenna, poursuivant les jeunes Romaines, s’apprêtent & leur lancer des javelots.— Une composition qui présente beaucoup de ressemblance avec celle que nous venons de décrire a été gravée par Andréa Procaccini, d’après Carie Maratte. Nous citerons encore une gravure de Giulio Bonasone que l’on croit avoir été exécutée d’après Polydore de Caravage, une estampe de Niecolo Vicentino, d’après Martinino j un tableau de Stella, qui était autrefois au palais de Saint-Cloud. Cette dernière composition, dont Réveil a donné une gravure au trait dans sa Galerie des arts, est surtout remarquable par l’élégance de tournure et la grâce d’expression des jeunes Romaines : Clélie, assise sur un cheval qui a les pieds dans l’eau et qu’une jeune fille tient par la bride, attire à elle une de ses compagnes qu’elle fait placer en croupe. D’autres jeunes filles entrent dans le fleuve ; à voir leur sérénité, et a leur pudique réserve, on ne supposerait pas leur détermination héroïque.

CLELLES, bourg de France (Isère), ch.-l. de cant., arrond. et à 15 kilom. S. de Grenoble ; pop. aggl. 432 hab. — pop. tôt. 738 hab. Récolte et commerce de céréales ; bois de chauffage.

Ciéoinade», roman en vers, par Adenès, trouvère du xin" siècle. Il le corn posa d’après des traditions mauresques, pour Blanche de France, fille de Louis IX et sa protectrice. Il nous apprend lui-même qu’il est^l’auteur de plusieurs autres po&mes, car il s’exprime ainsi au commencement de Cléomadès :

Cil qui fit d’Oginr le Danois, Et de Eertain qui fu un bois. Et de Bucvon de Comarchis

Ai un autre livre entrepris.

Cléomadès, fils d’un roi d’Espagne, a trois sœurs d’une beauté accomplie. Trois rois d’Afrique, qui en sont épris, offrent à leur père trois dons merveilleux, dont le plus précieux était un cheval de bois qui s’élevait au milieu des airs, et qu’on dirigeait au moyen de chevilles. Ce cheval, sur lequel s’élance Cléomadès, devient le point de départ d’une foule d’aventures fabuleuses qui n’offrent qu’un médiocre intérêt ; mais le récit présente ça et là des détails et des traits de mœurs assez curieux. Il est probable que l’Arioste a puisé l’idée de son hippogriffe dans le cheval de bois de Cléomadès, Ce poème renferme environ 19,000 vers.

La littérature espagnole compte aussi un Cléomadès, qui a été publié à Burgos en 1521 et en 1603. C’est une imitation du poème français.

CLÈMANGIS ou CLÉMENGIS (Nicolas Ni Colaî), appelé aussi Clnmenges OU Cluminges,

théologien et philosophe scolastique, né h Clamenges, près de Chàlons-sur-Marne, vers 1360, mort vers 1440. Dès l’âge de douze ans, on l’envoya à Paris étudier au collège de Navarre, où Pierre de Clamenges, son oncle, occupait les fonctions de proviseur. On compte Gerson parmi les maîtres dont il reçut les leçons. Il cultiva en même temps la théologie, qui était la grande science de l’époque, puis la poésie et l’éloquence, qui n’étaient pas aussi estimées. Son savoir et la renommée qu’il avait acquise le firent nommer en 1393 recteur de l’Université. L’année suivante, le roi Charles VI, voulant soustraire son royaume à l’obédience du pape Benoît XIII, demanda l’avis de l’Université. Clèmangis était secrétaire honoraire de Benoit XIII. Son rapport au roi, fait au nom de la Sorbonne, n’était guère con forme aux intentions du prince... « Il voulait, dit Sismondi (Histoire des Français), que les deux papes fussent invités a abdiquer en même temps leur dignité, pour laisser k l’Église la faculté d’en élire un nouveau : c’est ce qu’on nomma la voie de cession mutuelle. S’ils s’y refusaient, il leur proposait encore de nommer des arbitres qui examineraientleursdroits, qui

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décideraient lequel des deux était le pape véritable, et, comme ils devaient promettre de se soumettre d’avance a la décision des arbitres, ce second expédient fut nommé la voie du compromis. Si les deux compétiteurs refusaient d’embrasser à l’amiable 1 une ou l’autre de ces deux voies, le roi devait, par son autorité, recourir à la troisième, la convocation d’un concile général, auquel on adjoindrait avec les évêques, et vu leur ignorance, un certain nombre de docteurs choisis dans les universités de l’une et l’autre obédience. Ce concile, en vertu de son autorité souveraine, prononcerait entre les deux papes, sans avoir eu besoin d’obtenir au préalable leur assentiment. »

Le roi n’acquiesça point à la demande de l’Université formulée par Clèmangis. Les écoles furent momenianément fermées et le recteur envoyé en exil. Il se retira dans l’abbaye des chartreux du Val-Profond, puis dans un lieu solitaire appelé Fons in bosco, où il composa son traité : De studio tkeotogico, et le livre intitulé : De corrupto Ecclesiœ statu. Il rentra en grâce en 1408, fut successivement trésorier de Langres, et chantre et archidiacre de Bayeux. Il n’assista point au concile de Constance, sans doute à cause de ses opinions théologiques. Il vint passer les dernières années de sa vie au collège de Navarre, où il mourut vers 1440. On l’ensevelit sous la lampe de la chapelle, en face du grand autel, et on mit sur la pierre qui le recouvrait l’inscription suivante :

Qui lampas fuit Ecclesiœ tub lampade jacet.

« C’était certainement, dit Cave, un homme d’une piété sincère, un écrivain d’une élégance au-dessus de son siècle. Intrépide censeur des mauvais princes, il ne se montra pas moins sévère pour l’ambition et les vices des

f>apes, l’avarice et le luxe des ecclésiastiques, a paresse et les débauches des moines. » C’était aussi un homme de mœurs austères, qui refusa toujours d’avoir plus d’un bénéfice à la fois : Ne quominus mini restât viœ plus viatici quœsisse mihi arguas. Moins grand par le génie que Gerson et Pierre d’Ailly, dont il était l’ami, il eut cependant parmi ses contemporains une renommée presque égale à la leur. Il avait d’ailleurs, comme Gerson, avec une piété sincère, le désir de voir entrer l’Eglise dans la voie de réformes qui peut-être eussent prévenu la grande scission du xvisiècle.

On sait mal quels étaient ses principes philosophiques. On remarque dans son livre : De studio Ùieologico, un grand mépris de la scolastique. Il est probable qu’il partageait le dédain de Pierre d’Ailly, son maître, pour les études exclusivement didactiques. Le mysticisme, les lettres et la lecture des livres saints le consolèrent des inepties de la philosophie scolastique- Il lui reproche, entre autres choses, de préférer les raisonnements creux de 1 école au texte des Écritures. Il était pour la foi contre la raison dont la scolastique était l’organe. Outre les deux ouvrages cités plus haut, on a de lui : 1° Deploratio calamitatis ecclesiasticœ per schisma nefandissimum., cum exkorlationc ponlificum ad ejus extirpationem, poème resté manuscrit ; 20 Liber de lapsu et reparatione Ecclesiœ, dédié à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et imprimé à Vienne en 1781 (l vol. m-4<>) ; 3° Disputalio cum quodam Parisiensi scolas~ tico de concilio générali, écrit en 1409, imprimé à Vienne en 1482 (l vol. in-4") ; 4° Calcatio duplex ad eumdem scolasticum de cadem maleria, — De annalis non solvendis seu respemsio gallicanœ nationis cardinalibus àppellantibus ab ejusdem voto, conclusione et deliberatione Constantin factis de annatis amplius non solvendis (Cologne, 1535, in-fol.) ; 5° Tractatus in parabolam defilioprodigo, —Defruclu eremi liber, — De fructu, seu prosperitate rerum adversarum liber (non imprimé à part, écrit en 1413) ; 6° De novis festivilatibus non instituendis ; 7° Liber de Antechristo, de ortu ejus, vita, moribus et operibus, et quelques autres opuscules recueillis avec ceux que nous venons de citer par Martin Lydius (Leyde, 1613, 1 vol. in-4o). Voir Cave et Fabricius pour l’indication d’autres opuscules imprimés ou manuscrits de Clèmangis.

A consulter sur lui : 1° Dupin, Vie de Clèmangis, dans le Recueil des pièces concernant le concile de Constance ; 2° Launois, Histoire du collège de Navarre, en latin-, 3° Trithemius, De scriptoribus ecclesiasticis. •

CLÉMATÈRE s. m. (klé-ma-tè-re — gr. klêmatêrion ; de klêma, sarment de vigne). Antiq. gr. Petit vase à boire sans pied.

CLÉMATIDÉ, ÉE adj. (klé-ma-ti-dé — du lat. clematis, clématite). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte aux clématites.

— s. f. pi. Tribu de la famille des renonculacées, ayant pour type le genre clématite.

CLÉMATITE s. f. (clé-ma-ti-te — gr. klêmaiitis ; du gr. klêma, sarment). Bot. Genre de plantes, de la famille des renonculacées, type de la tribu des clématidées, comprenant environ cent cinquante espèces répandues dans les régions tempérées du globe : On cultive dans les jardins une clématite à (leurs bleues ou pourpres. (Dict. d’hist. nat.) La clématite des haies croit spontanément dans nos bois. (C. Lemaire.) Les feuilles des clématites peuvent être employées utilement. (V. de Bomare.) Quelques clématites ont les tiges

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droites et herbacées. (Bosc.) Les clématites se font remarquer par leurs plumets blancs et soyeux. (T. de Berneaud.)

La clématite en fleurs se suspend aux arcades.

Lamartine.

— Encycl. Les clématites sont, pour la plupart, des arbrisseaux grimpants. Leurs feuilles, opposées, ordinairement pennatiséquées, ont en général leurs pétioles contournés en vrilles, qui s’enroulent autour des végétaux ou des corps voisins. Leurs fleurs, solitaires ou diversement groupées au sommet des rameaux, sont dépourvues de corolle. Elles présentent un calice à quatre sépales (rarement cinq ou plus) colorés, pétaloïdes, opposés en croix ; des étamines en nombre indéfini, ainsi que les ovaires, qui sont libres et uniovulés. Le fruit est constitué par une réunion d’akènes nombreux, sessiles, ordinairement terminés chacun par une longue

aigrette plumeuse. Quelques clématites ont des tiges herbacées, dressées, non grimpantes.

Ce genre renferme environ cent cinquante espèces, répandues surtout dans les régions tempérées du globe, et dont le plus grand nombre est cultivé dans les jardins. Toutes les parties de ces végétaux sont acres, caustiques, vésicantes ; mais leurs propriétés actives et irritantes, très-énergiques à l’état frais, diminuent beaucoup par la dessiccation. L’espèce la plus connue est la clématite des haies (clematis vitalba), vulgairement nommée vigne blanche, viorne, herbe aux gueux, etc. Cette plante est répandue dans toutes les régions centrales et boréales de l’ancien continent ; mais elle peut croître aussi et se naturalise aisément dans les zones, tempérées. C’est un arbrisseau dont les tiges anguleuses, sarmenteuses, grimpantes, atteignant de 2 a 4 mètres de hauteur, portent des feuilles ailées, à pétiole enroulé en vrille, à grandes folioles ovales, fortement dentées ou presque lobées. Ce feuillage, amplement étoffé, d un beau vert brillant, forme une masse épaisse de verdure, sur laquelle se détachent en été des panicules de fleurs blanches, un peu odorantes, et plus tard des bouquets de fruits aux longues aigrettes soyeuses et nacrées. Cette clématite se trouve communément dans les bois, les buissons et les haies ; elle s’accroche et s’enroule autour des arbres et des arbrisseaux, souvent avec une telle force qu’elle finit par les étouffer et les faire périr. Elle possède au plus haut degré les propriétés acres et irritantes qui caractérisent le genre. Appliquées sur la peau, les feuilles contuses et les tiges écrasées, et s’urtout leur écorce, produisent une vésication qui ne tarde pas à dégénérer en ulcère. Autrefois les mendiants se servaient souvent de ses feuilles pour se faire sur le corps, surtout aux jambes, des plaies superficielles et faciles à guérir, mais qui simulaient des ulcères, et cela dans le but d’exciter la commisération des passants ; do là le nom peu poétique d’herbe aux gueux infligé comme punition à cette jolie plante. De nos jours encore, les habitants des campagnes emploient les feuilles de la clématite en guise de vésicatoire, et se servent de sa seconde écorce pour établir des cautères. Les anciens préconisaient les feuilles pilées dans le traitement de la lèpre, et la médecine moderne ne dédaigne pas d’employer la clématite dans les maladies Cutanées, les dartres, les ulcères, les engorgements cancéreux, les rhumatismes, etc. Prise à l’intérieur, cetto plante a des propriétés plus énergiques encore, qui la font ranger à bon droit parmi les poisons acres. A dose modérée, elle agit comme purgatif ; l’infusion de ses bourgeonsdans te vinaigre figure comme tel dans la médecine populaire. Souvent elle provoque des sueurs abondantes, ou une copieuse émission d’urine. A haute dose, elle cause des superpurgations souvent dangereuses, et qui

tourmentent violemment le malade. Quand on mâche une partie quelconque de cette plante, on éprouve un sentiment de chaleur brûlante, qui se propage le long de l’œsophage jusque dans 1 estomac. Toutefois, les empoisonnements par la clématite sont rares, la plante étant peu employée. On les combat par les antiphlogistiques, après avoir fait expulser parle vomissement ia substance ingérée ; on administre ensuite des boissons délayantes pour combattre et adoucir l’inflammation. Les teuilles de la clématite, macérées dans l’huile ! ou séchées et réduites en poudre, servent a déterger les ulcères, dont elles font disparaître le mauvais caractère. Cette dernière préparation a été préconisée en médecine vétérinaire ; on l’administrait comme sternutatoire aux chevaux atteints de la morve. Malgré son âcreté, la clématite entre quelquefois dans l’alimentation des hommes et des animaux domestiques. En Russie et en Italie, on mange ses jeunes pousses cuites à l’eau ou confites dans le vinaigre comme les câpres ; on doit avoir soin de les faire blanchir. Les chèvres seules peuvent manger ses feuilles fraîches, qui produiraient de très-graves accidents chez les autres animaux. Tous les consomment quand elles sont sèches. Les tiges de la clématite, qui sont très-flexibles, surtout pendant 1 hiver, servent à faire des liens, des ruches et des ouvrages de vannerie ; on en fabrique aussi des tuyaux de pipe.

La clématite odorante (clematis flammula) diffère de la précédente par ses folioles plus petites et ses fleurs dont l’odeur, agréable est

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très-développée. Elle croît dans les haies du midi de l’Europe. Ses propriétés, analogues à celles de la clématite des haies, paraissent être encore plus énergiques. Dans le m : di, on récolte ses rameaux garnis de feuilles pour les donner aux bestiaux comme fourrage sec.

Nous citerons encore, parmi les espèces qui naissent en Europe, les clématites dressée (clematis erecta), à fleurs bleues (clematis viticella), à feuilles entières (clematisînlegrifolia) ; et parmi les exotiques, les clématites orientale (clematis orientalis), dioîque (clematis diùica), à vrilles (clematis cirrhosa), de Bourbon (clematis Mauritiana), crépue (clematis crispa) et de Chine (clematis Sinensis). Toutes ces clématites, et celles que nous pourrions encore ajouter à cette liste, se rapprochent plus ou moins par leurs propriétés de la première espèce que nous avons décrite. Presque toutes les espèces de ce genre sont au nombre des plus beaux ornements des jardins, où les unes croissent en plein air, tandis que les autres exigent l’orangerie ou même la serre chaude.

CLÉMATIT1S s. m. (klé-ma-ti-tiss-du gr. klêma, sarment). Bot. Nom spécifique de quelque j plantes appartenant aux genres aristoloche, bauhinie, eupatoire, etc. il Ancien nom de la clématite.

CLÈME s. f. (klème — du gr. klèmai sarment). Bot. Espèce de renouée.

CLÉMENCE s. f. (klé-man-se — lat. clémentia ; de demens, clément). Vertu qui porte à épargner aux coupables le châtiment qu’ils ont mérité, ou à ne leur infliger que des peines modérées : User de clémence. Implorer la clémence des juges. Faire un acte de clémence. La satisfaction qu’on tire de la vengeance ne dure qu’un moment, mais celle que. donne la clémence est éternelle. (Henri IV.) La clémence est la gloire d’un règne. (Boss.) La clémence est une vertu sublime qui nous porte à pardonner des injures réelles ou prétendues, quoique vivement senties. (La Rochef.) La clémence des princfs n’est souvent qu’une politique pour gagner l’affection des peuples. (La Rochef.) La clémence des princes n’est souvent qu’une ostentation de leur puissance souveraine. (La Rochef.) Le plus doux usage de l’autorité, c’est la clémence. (Mîiss.) La clémence vaut mieux que Injustice. (Vauven.) Il faut toujours pencher vers la clémkn’ck plutôt que vers la cruauté. (Volt.) La clémence enchaine les cœurs avec des liens qui ne se rompent jamais. (Malesherbcs.) La vraie clémence consiste non à pardonner, mais à oublier. (De Ségur.) La clémence est la clef des cœurs. (Boiste.) La clémence n’a jamais terni aucune gloire. (Lemontey.) La clémence qui s’exerce sans spontanéité s exerce sans prestige. (E. de Gir.) La clémence est un gage de force accordé par la confiance royale à la sécurité publique. (E. de Gir.) La clémence sied bien aux personnes royales.

FOUTAINE.

Hélas ! tous les mortels ont besoin de clémence.

Voltaire.

La clémence a raison, et la colère a tort.

Voltaire.

Envers nos ennemis montrons de In clémence.

Lebrun.

La clémence des rois est eiicor la justice.

Arnault.

O vertu sans exemple, ô clémence qui rend Voire pouvoir plus juste et mon crime plus grand ’.

CORNEILLE.

La clémence, en tout temps, estlapius belle marque Qui fasse à l’univers connaître un vrai monarque. „ Corneille.

Une aveugle clémence.

Loin d’arrêter le crime, en nourrit-la licence.

Racine.

Les rois pour effrayer ont la toute-puissance ; Mais pour gagner les cœurs, ils n’ont que la clémence.

Lanoue.

Coupables, approchez :

De la chaîne des ans les jours de la clémence ’ Sont enfin retranchés.

Gilbert.

.... Si j’ai bien conçu l’autorité suprême, Un monarque, un héros, déjà grand par lui-même, Devient plus grand encore en sachant pardonner, Et toujours la clémence est l’art de gouverner. M.-J. Chénier,

Il Douceur, bonté, indulgence paternelle : Je viens implorer votre clémence, o* mon père ! (Florian.)

— Hist. Boi par la clémence de Dieu, Titre que Pépin et Cbarlemagne se donnaient dans leurs ordonnances.

— Antonymes. Cruauté, implacabilitê, inclémence, inflexibilité, rigidité, rigorisme, rigueur, sévérité.

— Encycl. Iconogr. Claudien, qui a fait une brillante description de la Clémence dans son poème sur le premier consulat de Stilicon, prétend que cette divinité, appelée à habiter dans les cœurs, ne doit avoir ni temple ni statue. Nous savons cependant qu’il n’en fut pas ainsi : la Clémence avait à Athènes une statue dont la base était un lieu d’asile. Plutarque nous apprend qu’à Rome on décida d’élever un temple à la Clémence de César. Sur les médailles portant le nom Clémentia, dit M. de Clarac, on voit d’ordinaire une figure de femme tenant de la main droite une patère, et de l’autre une lance ; cette figure est tantôt assise, tantôt debout. Elle a quelquefois, au lieu d’une patère, un rameau,