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très partitions. Il Malrimonio segreta est connu ; mais que sait-on des trente autres partitions bouffes de Cimarosa, qui renferment à coup sûr des richesses musicales dignes du chef-d’œuvre consacré ? OU Orazzie i Curiazzi ont fait le tour de l’Europe ; pourquoi laisse-t-on dans la poussière des archives la Pénélope, le Sacrifice d Abraham et VOlympiade, dont la Pasta fut la dernière à nous faire entendre l’admirable duo ? Chose étrange I cet homme, qu’une composition bouffe devait immortaliser, a passé sa vie à chanter sur le mode épique, et le monde a fermé l’oreille à ses héroïques accents 1 C’est dans l’opéra buffa, il est vrai, que Cimarosa est vraiment incomparable. Rien n’égale la vivacité de son esprit, la variété de son style, l’abondance et la fraîcheur de ses idées. Ses mélodies sont d’une bonhomie, d’une rondeur, d’une fluidité à ravir.

Cimarosa, opéra bouffe en deux actes et en prose, paroles de Bouilly, musique de Nicolo, représenté sur le théâtre de l’Opéra-Comique, le 28 juin 1808. La scène se passe à Naples, dans la maison du signor Fiorelli, riche propriétaire) grand ami des arts et le plus zélé partisan de Cimarosa, à qui il a donné un appartement dans son hôtel. Le célèbre compositeur, entraîné par Son âme ardente et généreuse, a contracté des dettes pour secourir de vieux artistes et encourager des débutants. Il est au moment de faire représenter un nouvel opéra sur le théâtre des Florentins, et désire épouser Florina, fille unique du signor Fiorelli. Cette jeune personne, dont Cimarosa a fait sa meilleure élève, joint aux qualités de l’âme une voix superbe. Un créancier impatient envoie un officier de justice pour saisir Cimarosa. Au même instant, plusieurs acteurs viennent demander des changements à leurs rôles. Heureusement le maestro est tiré d’embarras par son vieux domestique Arabrosio, dont la tête n’est jamais plus fertile que lorsqu’elle est échauffée parle vin. Il fait proposer à l’officier de justice de se charger d’acquitter la dette, lui offrant les meubles qui garnissent l’appartement de son maître, sous la condition de les enlever pendant la nuit : l’offre est acceptée. Cimarosa va passer la nuit au théâtre. Les meubles enlevés, Ambrosio réunit à !a hâte les vieux papiers de musique de son maître, y met le feu, jette le tout par les fenêtres avec quelques meubles, crie a l’incendie, provoque un rassemblement, met sur pied la cavalerie, fait sonner le tocsin, et laisse croire que son maître a tout perdu. Ce bruit se répand dans Naples ; Cimarosa lui-même accourt surpris, effrayé ; les acteurs viennent lui offrir déjouer le lendemain son opéra, sans exiger aucun changement ; enfin arrivent les laquais des plus "lustres familles napolitaines, chargés de remettre à Cimarosa les plus riches présents. Mais le célèbre maître, après avoir ri lui-même du tour joué par son vieux fidèle, comme à appelle Ambrosio, n’écoute que la voix de l’honneur ; ne voulant point abuser de la confiance de tant de personnages respectables, il renvoie leurs présents, avoue la vérité aux acteurs, et se borne à profiter de la prompte représentation de son opéra. Cimarosa déclare à Fiorelli que, dùt-il renoncer à la muin do Florina, il n acquittera jamais ses dettes par une supercherie, mais uniquement par ses talents. Ce dernier trait détermine Fiorelli à lui donner sa fille. « Il fallait être, comme M. Nicolo, élève de l’école italienne, remarque un critique, pour oser entreprendre de faire chanter Cimarosa d’une manière qui ne fût pas indigne de lui. Cette partition est, sans contredit, le chef-d’œuvre de cet aimable compositeur. Le grand air que chante Cimarosa, en se livrant à toute la fécondité de sa brillante imagination, la leçon de chant que ce grand maître donne à son élève chérie, l’air d’inspiration de cette dernière, et surtout le finale du premier acte, sont d’une facture à. la fois riche et brillante, et assignent à jamais un rang distingué a leur auteur. L’illusion surtout est complète, quand on entend Martin dans le rôle de Cimarosa, Mme Duret dans celui do Florina. Malgré toutes ces beautés et le succès que cet ouvrage a obtenu, il n’a point attiré la foule ;. " l’intrigue se rapproche trop de celle des canevas italiens, et, nous autres Français, nous voulons absolument de l’intérêt. Les beautés de la musique ne suffisent pas pour nous satisfaire. Avons-nous tort ?»

CIMARRE s. m. (si-ma-re). Nom donné anciennement à une sorte de pot qui faisait partie de la vaisselle des villes et qui servait quand on faisait des présents de vin : Deux ijrands cimarres à anses d’argent dorées, goderonnées, pesant ensemble xliiii marcs. (Compte de 1420.)Pour vin de présent, baillié de par la ville, eu pots et cymarres d’icelle, aux joueurs de teste diète ville, lesqueulœ dernièrement jouèrent certains miracles de Nostre-Dame. (Compte de 1511.)

CIMAU s. m. (si-mô). Forme ancienne du mot CIMIi.

CIMBALAIRE S. f. Bot. V. CYMnALAlRE.

CIMBALÉE s. f. (sain-ba-lé). Partie du plein jeu de l’orgue.

CIMBALER v. n. ou intr. (sain-ba-lé). Jouer des cimbales. il Vieux mot.

CIMBE s. m. (sain-be).Entom. Genre d’in CIMB

sectes hémiptères, de la tribu des reduviens, comprenant une seule espèce de Java.

C1MBÉBAS, peuple sauvage qui habite la

Cimbôbasie.

CIMBÉBASIE, nom donné à une vaste contrée de l’Afrique méridionale, située au sud de la basse Guinée, sur le littoral de l’Atlantique, depuis le cap Frio jusqu’à l’île des Oiseaux, près des limites du pays des Hottentots. Contrée aride et déserte, sans aucune trace de végétation et sans eau, disent les explorateurs, la Cimbébasie présente sur sa côte plusieurs baies dont les principales sont les baies Élisabeth, Spencer et San-Antonio. Généralement basses et sablonneuses, ces côtes sont couvertes d’os de requin et de baleine. Quelques peuplades sauvages, appelées Cimbébas, habitent ces parages inhospitaliers.

CIMBÈCE s. m. (sain-bè-ce — gr. kimbex, guêpe). ’L’ntom. Genre d’hyménoptères, de la famille des tenthrédiniens.

— Encycl. Les cimbèces ont le labre saillant et très-apparent ; leur tête, vue en dessus, paraît plus large que longue ; leurs antennes ont de cinq à sept articles, et sont terminées en bouton ou en massue épaisse et presque ovoïde. Ils ont le vol lourd et un peu bourdonneur. Leurs larves, de couleur blanchâtre, ont vingt-deux pattes membraneuses ; elles vivent sur les feuilles d’un très-grand nombre d’arbres. Il arrive souvent, quand on les tourmente, qu’elles lancent par des ouvertures particulières, situées sur les côtés du corps, une liqueur verdâtre, qui jaillit quelquefois à 0 m, 80 de distance. Elles subissent leur transformation en nymphe dans des cocons qu’elles se filent entre les branches des arbres. Toutes les espèces sont européennes. Le cimbèce grosses cuisses est noir, a les antennes, les tarses jaunâtres, une tache demicirculaire à la base de l’abdomen. Le côté et le bord postérieur des ailes’est brun ; ses cuisses postérieures sont renflées. Le cimbèce obscur est hoir, glabre, a des ailes d’un blanc sale, des antennes courtes tenninées par une massue arrondie. Le cimbèce du saule est également noir, recouvert d’un duvet cendré ; il a le front blanc, les ailes teintées d’obscur, l’abdomen roussâtre au bout et en dessous. Le cimbèce luisant a les antennes noires chez les femelles, jaunâtres chez les mâles ; les jambes et les tarses sont également jaunâtres ; le corselet est noir, l’abdomen d’un vert bronzé et luisant. Le cimbèce jaune a les antennes jaunes, les anneaux presque entièrement de la même couleur. Le cimbèce marginé est noir, a la massue des antennes jaunâtre, ainsi que les tarses et les jambes ; son abdomen a le bord postérieur de ses anneaux d’un blanc jaunâtre. Le cimbèce latéral est aussi noir ; il a les antennes de la mène couleur ; le bord latéral et un peu antérieur des anneaux de l’abdomen, jaune. Le cimbèce des forêts est noir, avec les antennes et les tarses jaunes ; son abdomen aune large bande d’un jaune ferrugineux, le premier et les deux derniers anneaux noirs ; ses ailes sont blanchâtres avec le bord postérieur brunâtre, avec une large tache marginale de la même couleur. Le cimbèce des montagnes a les antennes jaunes, les pattes brunes, le corselet d’un brun luisant, l’abdomen d’un jaune doré bronzé à sa base, les ailes jaunâtres avec le côté obscur. Le cimbèce rayé est noir, a le front pubescent, les antennes et les pattes blanches ; les anneaux de son abdomen ont leur bord postérieur un peu marginé dejaune pâle ; il a une tache vers l’extrémité du bord externe des ailes. Le cimbèce à épaulettes a les antennes et les tarses jaunes, les pattes brunes, les cuisses renflées, le corselet noir, avec une tache triangulaire jaune de chaque côté de son angle antérieur ; son abdomen a la moitié postérieure jaune, et l’autre moitié noire, avec une bande jaune interrompue.

CIMBEIt, l’un des meurtriers de César. Ce ’ fut lui qui donna le signal aux conjurés, en tirant la toge du dictateur.

C1MBICIDE adj. (cim-bi-si-de— de kimbex, et du gr. eidos, aspect). Entom. Qui ressemble à un cimbèce. Il On dit aussi cimisicme.

— s. m. pi. Famille d’insectes hyménoptères, ayant pour type le genre cimbèce. il Un dit aussi cimbicitus : Tous les cimbicites ont un vol lourd. (Blanchard.)

— Encycl. Les cimbicides forment, dans l’ordre des insectes hyménoptères et dans la tribu des tenthrèdes, un petit groupe assez naturel, caractérisé surtout par un corps fort épais, et des antennes très-renflées en massue, présentant huit articles au plus. Les larves, dont la peau est toujours assez fortement chagrinée, ont neuf paires de pattes membraneuses ; elles vivent sur les feuilles des arbres, et se filent, entre les branches, des cocons dans lesquels elles se transforment en nymphes. Tous les cimbicides ont un vol lourd et font entendre un bourdonnement. Ce petit groupe a pour type le genre cimbèce, et renferme, en outre, d’autres genres moins importants formés aux dépens de celui-ci.

CIMBRE s. m. (sain-bre). Ichthyol. Espèce du genre lotte, qui habite les mers du Nord.

CIMBRES, ancien peuple établi, vers le ne siècle av. J.-C, au N. de l’Europe, dans le Jutland, qui reçut d’eux le nom de Chersonèse Cimbrique, et sur la côte méridionale

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de la Baltique. L’origine de ce peuple présente une incertitude que les récentes études ethnographiques n’ont pas encore dissipée. Selon les historiens et les géographes anciens, les Ombres ou Kimbres étaient des Celtes ou Celto-Scythes, originaires des bords de la Caspienne, identiques sans doute avec les Cimmériens. Quelques écrivains modernes ont prétendu qu’ils étaient de race germanique, et qu’ils n’avaient jamais habité que la partie septentrionale de l’Europe que nous avons déjà indiquée. Quoi qu’il en soit, nous croyons pouvoir affirmer que, sans préciser l’époque, les Cimbres, antérieurement à leur établissement dans le Jutland, firent partie d’une de ces grandes migrations aryennes qui, parties du grand plateau asiatique central, rayonnèrent sur tout l’ancien continent. Vers la fin du ne siècle avant l’ère chrétienne, les Cimbres, chassés de leur pays par un débordement de la Baltique, ne pouvant remonter le courant des peuples qui se dirigeait d’orient en occident, descendirent vers le sud, avec les Teutons leurs confédérés.

L’an 113 av. J.-C, la Gaule Cisalpine était encore effrayée par l’apparition récente des Scordisques sur l’autre bord de l’Adriatique, quand on apprit que 300,000 Cimbres et Teutons avaient franchi le Danube, qu’ils ravageaient ia Norique, qu’ils étaient déjà dans la vallée de la Drave, à deux journées de marche des Alpes Carniques. Un consul, Papirius Carbon, courut à ces montagnes avec une forte armée pour défendre le passage qui les traverse. Impatient de vaincre, Papirius marcha droit aux barbares occupés alors au siège de Noreia. II.crut les surprendre à l’aide d’une perfidie, mais il essuya une sanglante défaite. Cependant, soit que le nom de Rome imposât à ces barbares, soit que les débris de l’armée consulaire occupassent les défilés, les envahisseurs s’arrêtèrent au pied des Alpes Carniques. Pendant trois ans, tout le pays compris entre le Danube et les montagnes de la Macédoine fut horriblement dévasté ; quand il n’offrit plus aucune ressource, la horde traversa la Rhétie, et, par la vallée du Rhin, entra sur les terres des Helvètes. Une partie de ce peuple, les Ambrons et les Tigurins, consentit à les suivre, et, tous ensemble, ils descendirent le Rhin pour pénétrer en Gaule. Dans les Kymris ou Kimbres de la Belgique, les Cimbres reconnurent des frères ; ils firent ’ alliance avec eux, et laissèrent sous leur pro- ’ tection tout le butin qui embarrassait leur : marche, puis ils descendirent au Midi, et la. Gaule subit pendant plus d’une année tous les désastres de la plus terrible invasion. Arrivés sur les bords du Rhône* ces farouches guerriers du Nord virent encore devant eux ces Romains qu’ils avaient déjà rencontrés dan3 leur course en IUyrie, -en Macédoine et en Thrace. L’immensité de cet empire, dont ils traversaient partout les frontières, les frappa d’étonnement, dit M. Duruy, et, reculant pour la première fois devant une bataille, ils demandèrent au consul Silanus de leur donner des terres, offrant en retour de faire pour la république toutes les guerres qu’elle leur demanderait. Mais l’idée césarienne n’avait

point encore corrompu le vieux sang de la république romaine ; le consul répondit que Rome n’avait ni terres à donner ni services à demander, puis il passa le Rhône et se fit battre (109), Malgré cette victoire, les barbares ne purent forcer le passage du fleuve. Au printemps do l’année 107, les confédérés divisèrent leurs forces : les Tigurins s’acheminèrent vers Genève, ou le Rhône offrait des gués, les Teutons devaient agir vers le bas du fleuve. Pour faire face à cette double attaque, les Romains divisèrent aussi leurs armées : le consul Cassius fit face aux Tigurins., son lieutenant Aurélius Scaurus marcha contre les Cimbres ; mais les légions romaines avaient appris à fuir ; les deux armées furent battues : l’une passa sous le joug « près avoir vu périr le consul et l’un de ses lieutenants, l’autre regagna la Province en désordre, laissant son général entre les mains de l’ennemi.

La Province que Rome avait conquise en Gaule restait sans défense ; les Alpes n’étaient plus gardées, et le prestige du nom romain commençait à s’affaiblir chez ces barbares tant de fois vainqueurs des légions romaines. C’en était fait de Rome et de l’Italie, si, à la force et au courage qui donnent la victoire, les Cimbres avaient ajouté la tactique et l’intelligence, qui seules procurent des succès durables. Dans leur incurie et leur ignorance, ils passèrent une année à jouir de leur victoire. Pourquoi se presser d’ailleurs ? Savaient-ils où ils allaient ? La terre était féconde, le ciel doux, le butin immense ; n’avaient-ils pas tout ce qu’ils étaient venus chercher ? L’année suivante, le sénat envoya une nouvelle armée, et commit la faute de partager le commandement entre Manlius et Cépion. La mésintelligence qui naquit entre les deux généraux amena la séparation de leurs forces et de leurs camps adossés au Rhône, Ces deux camps, attaqués l’un après l’autre, furent forcés ; 80,000 légionnaires et 40,000 esclaves ou valets d’armée tombèrent sous le glaive ; tout le reste fut pris. Dix hommes seulement parmi lesquels un jeune chevalier romain, Q. Sertorius, échappèrent à ce désastre général. C’était la sixième armée romaine détruite par les barbares (6 octobre 105 av. J.-C).

Maîtres de tout le midi des Gaules, les Cimbres et les Teutons livrèrent cette contrée h

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toutes les horreurs du pillage et de ta dévastation. Des Alpes aux Pyrénées, ce ne fut plus qu’une immense traînée da feu et de sang. Arrivés aux portes de l’Espagne, et trouvant les passages ouverts, les barbares oublièrent l’Italie ; ils passèrent les Pyrénées et allèrent émousser leurs épées contre cette race de Celtibériens, si dure et si opiniâtre dans ses montagnes. Ce détour, ce circuit du torrent dévastateur fut le salut de Rome ; elle eut le temps de rappeler Marius d’Afrique, et do l’envoyer garder les Alpes. Ce générai, si bien doué des qualités nécessaires pour relever le courage abattu des troupes, compléta aussitôt l’armée avec laquelle il venait de vaincre Jugurtha, passa les Alpes vers la fin de l’année de son cor»eulat (106), et vint camper sur les bords du Rhône. Les Cimbres étaient encore en Espagne. Marius, en les attendant, occupa son armée à creuser un canal de dérivation du Rhône. C’est celui dont on voit encore des restes, et qui débouchait à Fox, près de Martigues 0ossa' Mariana). Au milieu de ces pénibles travaux, les légionnaires, appelés par dérision les mulets de Marius, perdaient les molles habitudes qui depuis un demi-siècle s’étaient introduites, dans les camps, et qui venaient de coûter six armées à la république. De plus, Marius modifia les armes des légionnaires, l’ordre de bataille, et voulut que tous ses soldats apprissent l’escrime. Toutes ces sages mesures, ces réformes utiles, en rendant aux soldats leur discipline et leurs mœurs d’autrefois, firent renaître leur coniiance et l’assurance de vaincre. Le répit que lui donnèrent les envahisseurs fut donc bien employé. Enfin les barbares revinrent avec l’intention, cette fois, de pénétrer en Italie. Au lieu de marcher tous réunis et en masse vers les Alpes, ils se divisèrent en deux grands corps, et résolurent d’attaquer l’Italie de deux côtés : les Teutons et les Ambrons par les Alpes Maritimes, les Cimbres et les Tigurins, après avoir traversé l’Helvétie et les plaines de la Vindélicie, par les Alpes Rhétiennes et les sources de l’Adige. Le consul Lutatius Catulus campait sur ce dernier fleuve, vers Vérone, à la sortie des montagnes.

Les Teutons marchèrent à Marius, ’ qui, pour habituer ses soldats à voir de près les barbares, refusa longtemps le combat. Malgré les provocations des ennemis, il contint l’ardeur des légions en employant tour à tour l’autorité, les reproches et Sa superstition. Cependant les Teutons, voyant qu’ils ne pouvaient faire sortir Marius de son camp, résolurent d’aller l’y attaquer. Cette attaque ayant échoué, et leur ayant fuit perdre du monde, ils se décidèrent à gagner les Alpes, se croyant certains de n’y point rencontrer d’obstacles. Six jours entiers, sans que leur marche fût interrompue, ils défilèrent en vue du camp romain, et, comme ils passaient sous les retranchements, on les entendait crier : « Nous

allons voir vos femmes ; n’uvez-vous rien à leur mander ? » Lorsque les dernières troupes des barbares eurent dépassé le camp romain, Marius mit ses légions en marche, et suivit l’armée ennemie, en épiant une occasion favorable. De cette manière, il arriva près d’Aix, et, résolu de combattre, vint camper, en face des hordes, sur une colline où l’eau manquait. Quand ses soldats se plaignirent de la soif, il leur montra de la main une rivière qui baignait le camp des barbares : « C’est là, leur dit ; il, qu’il faut en aller chercher au prix do votre sang. » Les valets de l’armée, qui n’avaient d’eau ni pour eux ni pour leurs bêtes, descendirent en foule vers la rivière ; les barbares, se croyant attaqués, coururent prendre leurs armes, et revinrent en poussant leurs cris de combat ; mais en passant la rivière ils rompirent leur ordre de bataille, et ils n’avaient pas eu le temps de le rétablir lorsque les Romains fondirent sur eux de leurs postes élevés, et les heurtèrent avec tant de force qu’ils les forcèrent, après un grand carnage, à prendre la fuite. Après ce premier succès, les Romains regagnèrent leur poste à la nuit tombante. Cependant ils n’étaient pas rassurés : un grand nombre do barbares n’avaient pas combattu ; de plus, le camp, n’ayant pu être complètement fortifié, était resté à moitié ouvert : chacun craignait donc, de la part d’une multitude forcenée et irritée par un premier échec, une attaque nocturne et tous les désastres qui pouvaient en être la conséquence. L’histoire dit que Marius lui-même ne fut pas exempt d’inquiétude. Mais les Teutons ne sortirent de leur camp ni cette nuit ni le jour suivant ; ils les employèrent à se préparer au combat. De son côté, Marius ne restait point inaclif ; ayant remarqué que la position des ennemis était dominée sur ses derrières par une forêt coupée de vallons touffus, il la fit occuper secrètement par son lieutenant Marcellus, avec 3,000 hommes, lui enjoignant de tomber sur l’ennemi dès que lu bataille serait engagée. Le lendemain, ayant fait sortir dès l’aube ses troupes du camp, il les rangea en bataille sur une hauteur et lança la cavalerie dans la plaine. À cette vue, les Teutons, qui s’étaient également rangés en bataille, emportés par le désir de la vengeance et par une valeur aveugle, attaquent sans ordre les légionnaires, qui se tenaient en colonnes serrées, fermes à leur poste ; leur choc impétueux vient se briser contre la masse des légions ; en même temps, Marcellus fait son attaque à propos : son apparition et L’élan de ses soldats porto