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peut compter, quant à la vigueur et à l’énergie : Le duc d’Orléans se passait difficilement de pincer ceux qu’il ne trouvait pas ce qu’il appelait francs du collier. (St-Sim.) Lors de la fameuse affaire de la comtesse de La Motte, on disait que le cardinal de Rohan n’était pas

FRANC DU COLLIER.

Il faut voir sur le champ si les vice-baillis Sont si francs du collier que vous l’avez promis.

Reunàrd.

"Vite, fuis-t’en, m’ayant mis en ta place, Car aussi bien tu n’es pas, comme moi, Franc du collier, et bon pour cet emploi. " La Fontaine.

Coup de collier, Action d’une bête de trait qui tire vivement sur le collier, pour dégager ou faire avancer le véhicule auquel elle est attachée. Il Fig. Vigoureux effort, action énergique et décisive : Il n’y a dans cette partie du globe que les Suisses et les Piémontais capables dun grand coop de collier. (J. de Maistre.)

A plein collier, En tirant vivement sur le collier : Un cheval qui tire À plein collier.

Il Fig. Sans réserve, sans retenue, tête baissée : Elle donnait A plein collier dans tes folies de son âge. (A. Houssaye.) Je me jetai À plein collier dans les idées. d’Edmée. (G. Sand.)

Collier de barbe, Barbe qui encadre toute la figure depuis les oreilles : Son visage long et bourbonien était encadré par des favoris, par un collier dis barbe soigneusement frisé. (Ba !z.) Ses cheoeux étaient, ainsi que sa barbe qu’il portait en collier, épais, crépus et à peine parsemés de quelques poils blancs. (Alex. Dum.)

Collier de misère, Vie rude et pénible, travail fatigant, assujettissant : Sans ma mauvaise tête, je serais à présent sur le chemin du repos et du bien-être, au lieu qu’il me faut reprendre le collier de misère. {G. Sand.) Je reviendrai libre de mon collier de misère. (Balz.)

— Hist. Marque distinctive que portaient autrefois les hauts magistrats : Le président du Sénat portait un collier d’or et de pierres précieuses. (Boss.) Il Chaîne d’or que portait à son cou le noble qui était créé chevalier :

A moi le collier d’or du premier que j’immole. C. Delavione.

It Chaîne d’or que portent les membres de certains ordres de chevalerie et à laquelle est suspendu le signe qui les distingue : Le collier de l’ordre du Saint-Esprit, de Saint-Michel, de la 2’oison-d’Or, de VAnnonciade. Ils entassent sur leurs personnes des pairies, des colliers d’ordre, des primaties. (La Bruy.) Il Grand collier, Degré supérieur ou grand dignitaire dans certains ordres de chevalerie, et fig. Haute dignité, personne d’une haute importance ; se dit souvent ironiquement : It parvint, malgré des concurrents très-jaloux, à être élu définiteur de sa province, ou, comme on dit, un des grands colliers de son ordre. (J.-Ji Rouss.)

De ces auteurs au grand collier. Qui pensent aller à la gloire

Et ne vont’que chez l’épicier.

Scarro».

— Législ. anc Instrument de torture dans lequel on serrait le cou du patient.

— Arehit. Partie du chapiteau dorique ou toscan. Il Astragale taillé en perles, en olive, en patenôtres. || Syn, de Gorgerin.

— Mar. Cercle de fer servant à lier deux . pièces, comme ceux qui retiennent les mâts

de hune et de perroquet, les bouts-dehors, etc. Il Collier d’état, Bout de grosse corde qui embrasse te haut de l’étrave et va se joindre au grand étai. it Colliers de défense, Cordes tortillées en rond, et qui, placées à l’avant et sur les côtés des chaloupes, les préservent contre les chocs. Il Colliers du ton, Liens de fer qui concourent à maintenir les mâts de perroquet, de hune.

— Navig. Cçrde mince et d’une longueur variable, qui sert à amarrer les bateaux lorsqu’ils sont arrêtés.

— Pêch. Corde qui tient le bout du verveux, et s’attache à un pieu fiché en terre.

— Techn. Arc de l’éperon qui embrasse le talon du cavalier. I] Pièce d’une presse d’imprimerie.

— Mécan. Anneau métallique qui entoure une pièce cylindrique, telle qu’un arbre de machine.

— P. et chauss. Cercle de fer ou de cuivre qui sert à maintenir par le haut les poteaux tourillons des portes des écluses.

— Pathol. Eruption dartreuse qui forme une sorte de collier autour du cou.

— Méd. Collier de Morand, Sachet en forme de collier, employé contre le goitre.

— Boucher. Partie du cou du bœuf la plus rapprochée de la tête. Il Maniement pair ou Double du bœuf et de la vache, qui correspond aux trois quarts supérieurs de la longueur du bord antérieur de l’épaule.

— Econ, dom. Collier de More, Ancien ustensile de table sur lequel on posait un plat pu une assiette volante.

— Véner. Collier de force, Collier garni de pointes en dedans, dont on se sert pour dresser certains chiens d’arrêt. Il Chien au grand collier, Chien d’attache qui conduit les autres.

Zool. Marque colorée, saillie, ligne de

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plumes, d’écaillés en forme de cercle, que l’on voit autour du cou de quelques Quadrupèdes, et de certains oiseaux : Un merle à collier. Un chien blanc, qui a un COLLIER noir. La tourterelle à collier est un peu plus grosse que ta tourterelle commune. (Buff.)

— Entom, Partie du corselet des lépidoptères qui précède la tête.

— Moll. Partie du corps des hélices qui déborde le pied, et sous laquelle celui-ci se retire.

— Hortic. Cordon d’étam’mes qui se trouve dans quelques auémones doubles, et qui en diminue le mérite pour les amateurs.

— Bot. Syn. d’anneau.

— Épithétes. Riche, précieux, superbe, magnifique, admirable, spiendide, éclatant, étincelant, éblouissant, ruisselant, brillant, serpentant, flottant, sinueux, contourné, pendant, suspendu, doré, émaillé, argenté.

— Encycl. Modes. L’usage du collier a, pour ainsi dire, toujours existé ; les hommes comme les femmes ont porté de ces ornements, en Orient surtout. Quand on n’avait ni or ni argent, ni perles, on faisait des colliers d’ambre, de corail, de coquillages, de pierres dures et même de simples fruits rouges qui croissent sur les haies, comme font encore les paysannes romaines et napolitaines., On a retrouvé des colliers égyptiens d’une grande beauté et d’un travail exquis. Les Athéniennes, qui aimaient la parure comme toutes les femmes, et à qui, de plus, elle était imposée par les lois, portaient de magnifiques colliers. Un mot très-remarquable de Thémistocle est relatif à

l’usage des colliers chez les Athéniennes. Se promenant un jour avec son esclave, il aperçut à terre un magnifique collier d or ; il le poussa du pied vers l’esclave en lui disant : « Pourquoi ne ramasses-tu pas cette trouvaille ? tu n’es pas Thémistocle. »

Deux colliers, dans l’antiquité, sont particulièrement célèbres, et par leur beauté, et par les malheurs quils avaient causés ; une espèce de fatalité était attachée à leur possession. C’étaient le collier d’Eriphyle et celui d’Hélène. Le premier avait été fabriqué par Vulcain de façon à être une espèce de talisman funeste à toutes celles qui le porteraient. Il avait choisi pour le faire diverses combinaisons magiques, et y avait mêlé les cendres restées sur son enclume après la fabrication des foudres. Pour se venger de Vénus, son infidèle épouse, il avait donné ce bijou à Hermione, issue du commerce de cette déesse avec Mars. Ce fut le présent de noces offert à cette infortunée le jour où elle fut unie à Cadmus. On connaît les malheurs de ces deux époux, qui donnèrent le jour à des enfants célèbres par leurs crimes, et qui finirent eux-mêmes par être changés en serpents. Hermione avait donné le fatal collier à Sémélé, sa fille, qui périt victiiiie de sa curiosité et de la jalousie de Junon. Ce fut ensuite Jocaste qui posséda le collier ; cette princesse infortunée se pendit le jour où elle découvrit qu’elle avait épousé son fils Œdipe. De là il tomba entre les mains d’Eriphyle ;’ voici en quelle occasion. Amphiaraùs, époux d’Eriphyle, refusait d’aller au siège de Thèbes, son esprit prophétique l’ayant averti qu’il y devait "mourir, et il se cachait pour échapper aux instances de Polynice. Ce dernier prince, qui

phiaraûs fut tué ; mais il avait demandé à son fils Alcméon de le venger, et Eriphyle périt en effet de la main de son fils. Aucune femme dès lors n’osant plus porter le collier, il fut consacré à Apollon et suspendu dans le tem Î>le de Delphes. Quand ce temple fut pillé par es Phocéens, une femme osa s’en faire une parure ; aussitôt son fils fut saisi par les Furies, et, dans un accès de fureur, il brûla sa mère avec sa maison. Le collier fut reporté au temple, et, pour que personne ne fût tenté de s’en emparer, on le jeta dans une fontainesacrée qui était auprès.

Le collier d’Hélène était en or massif ; c’était un présent de Vénus. Lorsque Ménélas se préparait à l’expédition de Troie, il se rendit a Delphes avec Ulysse, et consacra à Apollon le collier de sa femme ; le dieu lui promit en retour le succès de son expédition. Quand le temple fut pillé par les Phocéens, le collier d’Hélène fut pris comme celui d’Eriphyle, et la femme a qui il échut en partage devint également l’objet de la vengeance des dieux, vengeance plus douce, il est vrai : elle s’enfuit avec un jeune Epirote qu’elle aimait, et, le reste de sa vie, elle se livra à la prostitution.

Les Romaines n’eurent pas moins de goût que les Grecques pour les colliers. Elles tenaient tant à cette parure qu’elles avaient des colliers particuliers pour les porter quand elles étaient seules dans leurs chambres, et même d’autres pendant leur sommeil. « Les femmes ont de l’or sur tout le corps, dit Pline, mais seulement lorsqu’elles se parent pour sortir. Quand elles sont seules dans leurs chambres, elles ont au cou des perles passées à un fil d’or, pour pouvoir y penser même pendant leur sommeil. » Du reste, les dûmes de Rome mettaient du raffinement dans cette passion : bne matrone n’aurait pas été contente de sa parure si le joaillier ne lui avait assuré que les bijoux dont elle était couverte avaient servi

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autrefois à une reine de la Grèce, à la femme d’un Séleucus, d’un Mithridate, etc.

La forme des colliers antiques variait à l’infini ; mais il y en a quelques-unes qu’on trouve plus souvent répétées sur les monuments antiques, et dont on a trouvé de nombreux spécimens en nature à Herculanum et à Pompéi. Ils étaient ordinairement faits d’un simple rang de perles, quelquefois seules, d’autres fois séparées par des étoiles d’or, ou bien accompagnées à leur extrémité de larmes d’or formant pendeloques. Au musée de Naples, on voit un très-beau collier de cette dernière forme. Quand les mœurs se furent corrompues, que de nobles matrones se furent fait une gloire de la prostitution, elles s’avisèrent d’un singulier moyen pour rendre leur honte publique : ces larmes d or furent remplacées... nous n’osons dire par quoi. Ces infâmes amulettes étaient très-familières à ces femmes, et tous les matins elles en variaient le nombre dans leurs colliers, selon le nombre d’amants auxquelles elles s’étaient livrées pendant la nuit. Ainsi faisaient Julie et Messaline, pour ne parler que des plus connues.

Les colliers les plus riches étaient formés de trois rangs de perles, dont un, plus étroit, était appliqué sur le cou, et les deux autres, plus longs, retombaient jusque sur le sein. Le rang supérieur n’était formé que de perles, tandis que, dans les deux autres, les perles étaient séparées par des pierres précieuses vertes ou couleur d’or. Quand les colliers n’avaient qu’un rang de pertes, on leur donnait le nom de linea ou de linum ; quand ils en avaient deux ou trois rangs, ils s’appelaient dilinum ou trilinum. On a retrouvé plusieurs de ces colliers à trois rangs, et leur dimension montre bien que le troisième rang descendait jusque sur les seins, conjecture que vient encore confirmer l’expression auratœ papillœ, dont Juvénal se sert en parlant de Messaline. Chez les Romains, le collier d’or était une des premières récompenses militaires. Rien n’est plus fréquent que de lire dans les inscriptions : Donatus torquibus, armillis, phaleris. Ces trois mots y sont presque toujours réunis, et.il est à remarquer que le torques (collier) est toujours nommé le premier, sans doute comme la récompense la plus méritoire. Il y avait des colliers qui étaient plus grands et plus honorables que les autres, et qu’on appelait torques majores. Le copier exemptait des corvées celui qui l’avait obtenu, et souvent lui valait double paye ou double ration. Ceux qui obtenaient ce dernier privilège s’appelaient torquati duplares. Le collier militaire, formé de fils roulés en spirales, se portait sur la poitrine.

Les Perses portaient des colliers d’or comme ornements, ainsi qu’on le voit sur la fameuse mosaïque de Pompéi. Les Gaulois en portaient aussi, et l’on sait que Manlius fut appelé Torquatus pour avoir vaincu un guerrier de cette nation en combat-singulier, et s’être emparé du collier qu’il portait. On a retrouvé nombre de colliers gaulois, qui se composaient tantôt de lames d’or, tantôt de fils d or tordus ensemble.

Il y avait chez les Romains un instrument appelé coulure, collier de fer qu’on passait autour du cou des rois captifs pour la cérémonie du triomphe. On les menait à l’aide d’une chaîne attachée à ce collier. Le même mot désignait les colliers que portaient divers animaux et souvent les esclaves. C’est sur un collier de ce genre, porté par un cerf, qu’était gravée cette phrase : « Ne me touchez pas ; j’appartiens à César !»

Au moyen âge, le collier devint un des ornements des chevaliers, ce qui le fit adopter ensuite comme marque distinctive par les différents ordres militaires. Longtemps les rois et les princes donnèrent des colliers à ceux qu’ils voulaient honorer ou récompenser ; mais bientôt ces colliers prirent le nom de chaînes, et on les voit portés par la plupart des princes et des gentilshommes. Louis XI en donna aux députés suisses qui apportèrent la ratification du premier traité d’alliance que la France ait signé avec la confédération helvétique. Le même prince assistant un jour au siège du Quesnoy, et ayant vu un capitaine nommé Raoul de Lannoy combattre avec beaucoup de vaillance, lui dit agréablement, le soir, en lui jetant autour du cou un collier d’or de 500 écus : « Par la pâques-Dieu, mon ami, vous êtes trop furieux en un combat ; il faut vous enchaîner, car je ne veux point vous perdre, désirant me servir de vous encore plusieurs fois. »

L’usage du collier disparaissait peu à peu pour les hommes ; mais il devint, au contraire, très-fréquent pour les femmes, surtout depuis qu’on eut découvert la manière de tailler le diamant, c’est-à-dire vers Iafinduxve siècle. C’est alors qu’on voit paraître ces colliers éblouissants, qui brillaient au cou des grandes dames dans les fêtes de Fontainebleau, de Chambord, de Saint-Germain et de Versailles. Les dames tenaient fort à cette parure, comme le prouve l’anecdote suivante : « M™e de Rohan, raconte Tallemant des Réaux, un soir qu’elle revenait du bal, rencontra des voleurs. Aussitôt elle mit la main à un collier de perles magnifiques, qui ornait son cou. Un de ces galants hommes, pour lui faire lâcher prise, la voulut prendre aux seins ; mais il avait affaire à une maîtresse mouche : « Pouroela, ’ lui dit-elle, vous ne l’emporterez pas, mais « vous emporteriez mes perles. » Durant cette

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contestation, il vint du monde, et elle ne fut point volée. ■ Dans une semblable occasion, Mme Cornuel fut encore plus vive. Comme un voleur s’était introduit dans son carrosse, un soir qu’elle revenait du bal, et qu’il lui portait la main à la poitrine, elle lui dit sans se troubler : < Allez, vous n’avez que faire là, monsieur le voleur, je n’ai ni perles ni tétons. » Le seul collier historique en France est le collier de la reine, qui donna lieu à un procès dont nous parlons plus loin.

— Hist. Ordre du Collier. Cet ordre de chevalerie fut institué, en 1368, par Amédée VI, comte de Savoie ; suivant les uns, en l’honneur d’une dame qui avait fait présent à ce prince d’un bracelet de cheveux tressés en lacs d’amour, d’où le nom d’Ordre des lacs d’amour sous lequel il est également connu ; suivant les autres, pour honorer les mystères de Jésus-Christ et de la Vierge ; suivant d’autres encore, pour perpétuer le souvenir du courage, déployé par Amédée V le Grand, en 1310, dans la défense de Rhodes contre les Turcs. Quoi qu’il en soit, après la mort de son fondateur, l’ordre du Collier fut beaucoup négligé. Enfin il fut supprimé en 1518, et remplacé par celui de VAnnonciade.

Ordre du Collier céleste du Rosaire. Cet ordre, qui fut de courte durée, fut créé, en 1S45, par Anne d’Autriche, veuve de Lous XIII. 11 était accordé à cinquante demoiselles renommées par leur piété et par leurs vertus. La croix, a quatre branches et à huit pointes, émaillée de bleu, bordée d’or, avait au centre un médaillon ovale, avec l’effigie de la Vierge. Le médaillon était entouré d’un rosaire, et la

| croix se portait suspendue au cou par un ru■ ban bleu.

I — Anc. législ. La question du collier se donnait de diverses façons. C’était en réa- ! lité un supplice barbare, comme tous ceux du moyen âge, mais qui ne figurait en ce temps-là que parmi les moyens de procédure criminelle dont usaient les juges d’instruction pour tirer la vérité, comme on disait, de la bouche des accusés. La forme du collier dont on se servait pour questionner ceux-ci différait d’une juridiction à l’autre, bien qu’il eût toujours pour objet de faire parler le patient en l’appréhendant au cou et en le lui travaillant, ainsi que les épaules, sur lesquelles portaient principalement les pointes dont était armé ce cruel instrument judiciaire. À Lille, on voit, dans le registre des comptables, conservé aux archives de la ville, que, en 1577, »ung collet de bief (de peau de loutre), garay le dedans d’espingles de bonnetier, servant à torturer les delinquans, ■ avait coûté « nu livres ni sous. » On y voit pareillement que la somme allouée pour cet effet à l’exécuteur, appelé le » maistre des hautes œuvres, » était de 4 livres, quand il ne devait appliquer que la torture par le collet ; mais il y avait des cas où le juge ne trouvait pas cela suffisant. On apprend par le même registre que cette horrible torture, nommée torture extraordinaire, durait, dans ces cas-là, plusieurs heures, et que la somme allouée à l’exécuteur s’élevait alors à 8 livres. N’ayant pu obtenir aucun aveu d’une malheureuse accusée soumise une première fois à la question par le collet, et voulant la soumettre à un nouvel « interrogatoire » par la torture extraordinaire, le magistrat ordonne, en 1577, « de gouverner et alimenter de délicates viandes et de toutes doucheurs et de chaudeaux (échaudés) Magdelaine Daussy, attendu qu’elle avoit esté travaillée par le collet. • On apprend, par le même précieux registre, que l’horloger Jacques Dieu avait reçu 100 sols pour « ung instrument à vir (vis), pour légièrement et sans peine ouvrir la bouche des prisonniers mis à. la torture. • C’étaient là les moyens légaux|du bon temps, où toutes les vertus, comme on sait, régnaient chez les heureuses nations que la philosophie du xvme siècle n’avait pas encore contaminées, et par lesquels on arrivait doucement à la vérité.

— Mécan. Le collier à gorge de M. Regnault a été employé par ce savant, dans les expériences qu’il a faites sur la loi de Mariotte, pour fixer l’un à l’autre deux tubes de verre placés bout à bout. Depuis, l’usage de ce collier s’est répandu, et les physiciens l’ont souvent employé. Les deux bouts des tubes à réunir sont mastiqués dans deux viroles eu fer WVV (fig. l) ; ces viroles sont séparées

Fig. 1.

par une rondelle de cuir couverte de matières grasses. Pour serrer fortement cette rondelle de cuir, M. Regnault se sert d’un collier CG présentant une rainure intérieurement. A mesure que l’on referme le collier au moyen d’une vis, les parties saillantes des deux vi-