Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 5, part. 1, Contre-Coup.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

290

couc

Elle tombe à Lucas ; il est coucou. ■ Morbleu ! On m’a triché, cria-t-il tout en feu. — Oh ! je vous jure, sur mon âme, Compère, lui répond sa femme. Que vous l’êtes bien de franc jeu. •

— Petite voiture publique à deux roues et à six ou huit places, qui desservait autrefois les environs de Paris : On allait lentement et on était fort cahoté dans les coucous. Les pittoresques coucous, qui stationnaient sur la place de la Concorde, n’existent plus. (Balz.) Les coucous ont presque tout à fait disparu des routes voisines de. Paris. (H. Berthoud.) Le coucou était généralement traîné par un mauvais cheval, quelquefois assisté d’un deuxième. (Dezobry.) Il Cocher d’une voiture de ce genre : C’est trop fort ; fb ne puis me laisser insulter par un coucou. (Scribe.)

— Horloge de bois ou horloge très-simple, qui ne sonne que les heures, ainsi dite de ce que les premiers réveille-matin, venus d’Allemagne, faisaient entendre le cri du coucou : Une table, quelques chaises de paille et un coucou d’Allemagne composaient tout l’ameublement de ce salon modeste. (G. Sand,)

— Argot. Montre.

— Jeux. Jeu de cartes qui ressemble à l’as . qui court.

— Hortic. Fraisier qui donne beaucoup de fleurs et très-peu de fruits.

— Ichthyol. Nom vulgaire d’une raie, d’un trigle et de quelques autres poissons.

— Bot. Fleur de coucou ou simplement coucou. Nom vulgaire d’une espèce de lychnis, du narcisse sauvage, et surtout de la primevère officinale, qu’on appelle aussi pain de coucou.

— Interjecti v. Cri de l’oiseau appelé coucou : On n’entendait de tous côtés dans le bois que ce cri : coucou ! coucou 1

Un misérable oiseau pensa me rendre fou, À force de crier coucou, coucou, coucou.

Bouesault.

— Encycl. Ornith. Le genre coucou a pour caractères : bec large, un peu déprimé à la base, comprimé graduellement jusqu’à la pointe, légèrement arqué, entier et lisse ; narines basales, ovales ; ailes obtuses ou subaiguës ; queue arrondie et allongée ; tarses courts, plus ou moins complètement emplumés. Les organes digestifs sont fort développés et jouissent d’une grande activité. L’estomac est situé plus en arrière que chez les autres oiseaux, et il est fort ample ; aussi faut-il beaucoup de nourriture pour rassasier le coucou. 11 mange une quantité considérable de chenilles, et les poils de celles-ci s’enfoncent en si grand nombre dans la muqueuse de l’estomac qu’on a pu se méprendre et considérer cette membrane comme naturellement velue. Nitzsch a réfuté cette erreur, en montrant que les poils disparaissent quand le coucou est privé de chenilles pendant quelque temps.

Ce genre comprend plusieurs espèces, dont une seule est propre à nos contrées : c’est le coucou ordinaire ou coucou gris d’Europe. Cet oiseau a o m. 30 de longueur ; les parties supérieures du corps sont d’un cendré bleuâtre, plus foncé sur les ailes qu’à la poitrine ; les parties inférieures sont blanchâtres, rayées transversalement de noir ; les rectrices noirâtres, tachées et terminées de blanc ; les pieds jaunes. Du reste, le plumage varie selon l’âge et selon la saison. La femelle est un peu plus petite que le mâle. Le coucou est un oiseau voyageur, qui passe l’été en Europe et l’hiver en Afrique ou dans les contrées chaudes de l’Asie. Il nous arrive en avril, et nous quitte à la fin de l’été ; il voyage la nuit. Il parait dans les lies de Malte et de l’Archipel en même temps que les tourterelles, ce qui est cause que les habitants de ces contrées l’appellent conducteur de tourterelles. ’Il annonce son retour, au printemps, par le chant monotone que chacun connaît. Il habite les bois, vit seul et change de place à tout moment pour chercher sa nourriture. Un trait singulier et presque unique dans l’histoire des oiseaux, c’est que non-seulement le coucou ne construit pas de nid, mais qu’il dépose ses œufs dans les nids étrangers. Ce phénomène bizarre a été diversement expliqué. Les uns pensent que la femelle agit ainsi pour dérober ses œufs a la voracité du mâle ; les autres trouvent la raison de cette habitude dans la longueur du sternum, qui gênerait l’incubation et peut-être même écraserait la coquille très-mince des œufs ; d’autres enfin croient que le gésier, placé très-bas, serait trop comprimé dans cette même incubation. D’après M. Florent Prévost, la femelle ne couve pas ses œufs parce que ses unions répétées et successives avec plusieurs mâles, son inconstance et son ardeur en amour dominent chez elle l’instinct maternel. Toutefois cet instinct paraît encore bien calculé, car non-seulement la pondeuse ne dépose qu’un seul œuf dans chaque nid étranger, mais encore elle choisit toujours le nid d’une espèce insectivore dont les petits sont plus faibles que les siens, telles que l’alouette, le pinson, le rouge-gorge, le roitelet, la fauvette, le merle, etc. Aussi qu’arrive-t-il ? Le jeune intrus, loin de redouter les vrais propriétaires du logis, viole les droits de l’hospitalité en chassant ou tuant la petite famille cclose avant lui et même en attaquant la mère qui l’a couvé et qui lui a prodigué les mémos soins qu’à sa progéniture. D’après quelques naturalistes, la femelle du coucou ne

COUC

pond pas son œuf dans le nid.d’autruî, comme on l’a cru ; elle l’y transporte et l’y dépose furtivement à l’aide de son large bec, et en prenant les plus grandes précautions pour n’être pas vue. Les parents restent non loin de l’endroit où les œufs ont été déposés, et leurs petits, quand ils sont assez forts pour voler, quittent leur nourrice pour rejoindre leur père et leur mère, qui se chargent de compléter leur éducation.

Le coucou solitaire, ainsi nommé parce qu’on en rencontre rarement plus d’un couple dans une vaste étendue de pays, appartient à l’Afrique. Le mâle fait entendre continuellement un chant lamentable ; la femelle produit une espèce de roucoulement sonore, qui exprime le contentement. C’est au capocier qu’elle laisse le soin de couver ses œufs et d’élever ses petits. — Le coucou criard appartient aussi à l’Afrique méridionale. Il a la voix forte et retentissante, et est un peu plus gros que les précédents,

— Superst. Il n’y a pas d’oiseau auquel on accorde plus généralement le don de prédiction que le cotfcou. En Allemagne, une croyance populaire affirme que celui qui le premier, au printemps, entend chanter le coucou, peut apprendre de lui combien d’années il doit encore passer sur cette terre. Autant de fois l’oiseau répondra à la question, autant de fois on verra refleurir les arbres et mûrir les moissons. En Suisse et dans plusieurs pays allemands, le coucou porte l’épithète de garçon boulanger ou de garçon farinier. La légende raconte à ce sujet que le coucou est un boulanger ensorcelé qui, dans les temps les plus durs, n’avait pas craint de voler la pâte des pauvres, et d’enlever les pains les plus dorés quand la fournée était bonne, en s’écriant chaque fois guk guk (regarde ! regarde ! ou tiens I tiens !). Dieu, irrité de ce larcin, le changea en un oiseau qui répète sans cesse le même cri, et porte un plumage gris et enfariné, pour rappeler son ancienne profession. En Suède, les jeunes filles consultent le coucou pour savoir dans combien d’années elles se marieront. Le nombre de cris qu’il pousse indique le nombre d’années qu’elles ont encore à attendre ; mais elles ont la ressource, si l’oiseau chante trop longtemps, de déclarer qu’il est posé sur une branche magique, et sa prophétie dans ce cas n’a aucune valeur. Une chose très-importante pour interpréter les prédictions du coucou, c’est de remarquer de quel côté de l’horizon partent ses cris : quand on l’entend dans la direction du nord, il promet pour toute l’année du deuil et de la tristesse ; à l’est, à l’ouest et au sud, il ne donne au contraire que des espérances. Si l’on a dé l’argent.dans la poche la première fois qu’on l’entend, on sera toute l’année favorisé par la fortune ; si la bourse est vide, elle ne se remplira pas. Il ne faut pas non plus être à jeun à ce moment solennel du premier cri du coucou, sans quoi l’on serait exposé à mourir de faim dans l’année. On dit encore que le coucou ne chante jamais avant le 3 avril et jamais après la Saint-Jean ; il se tait aussi quand trois fois il s’est rassasié avec des cerises, et d’autre part il ne peut proférer un seul cri s’il, n’a mangé l’œuf d’un autre oiseau. Chez les peuples slaves, il annonce le temps. Chez les Serbes, il est un présage de malheur quand il chante dans.la forêt encore dépouillée de ses feuilles, et un signe de bonheur quand les arbres sont verdoyants au moment où il fait entendre son premier chant. On peut s’attirerles plus grands désagréments en le tuant sans motif sérieux. On se rappelle que Jupiter, dans un basrelief représentant ses noces avec Junon, est figuré avec un coucou au bout de son sceptre, et quePausanias raconte que la montagne sur laquelle eut lieu l’entrevue de Jupiter et de Junon, d’abord nommée le Siège du tonnerre, fut appelée après cette réunion montagne des Coucous.

Pour nous, sceptiques, ces deux faits sembleraient infirmer la vertu tant vantée de Junon ; mais il faut se rappeler que le nom du cowcou n’avait encore aucune ressemblance avec un autre mot que Molière devait introduire au théâtre. L’honneur de Jupiter reste donc intact.

Le coucou ne figure pas seulement dans la mythologie grecque. Une divinité slave, celle qui est chargée de nourrir le monde, possède la faculté de se changer en coucou. Dans les poésies russes, on trouve les traces d’une légende qui prétend que cet oiseau est une jeune fille métamorphosée pour avoir trop longtemps pleuré sur la mort de son frère. Pour ces peuples, le coucou est l’oiseau de la mélancolie et du deuil.

— Jeux. Le coucou se joue à peu près de la même manière que l’as qui court. Les joueurs sont de cinq à vingt. Quand ils sont peu nombreux, on emploie un jeu de piquet ; dans le cas contraire on prend un jeu entier, mais l’as est toujours la carte la plus faible. Chaque joueur reçoit un égal nombre de jetons, et met la mise convenue dans un panier ou corbillon placé au milieu de la table. Celui que le sort a désigné pour être le donneur distribue une carte à chaque joueur et à lui-même et pose le talon devant lui. Le premier en cartes examine alors la carte qu’il a reçue. Si elle est forte, il dit : Je passe ou je m’y tiens ; si elle est faible, il l’offre à son voisin de droite, qui est tenu de la prendre et de donner la sienne en échange, à moins qu’il n’ait un roi, car alors il refuse l’échange en

COUC

disant. coucou, et le demandeur est obligé de garder sa mauvaise carte. Le jeu recommence ensuite au troisième joueur, et se continue de la même manière jusqu’à ce qu’on arrive au donneur. Si celui-ci n’a pas un roi, ou bien s’il ne trouve pas assez belle la carte qu’on lui a passée, il en tire une autre du talon, puis, quelle que soit cette nouvelle carte, il abat son jeu et les autres en font autant. Celui ou ceux qui ont la carte la plus basse payent un jeton. Le payement effectué, le premier en cartes fait une nouvelle donne et l’on joue un second tour. Quand un joueur a perdu tous ses jetons, il est mort, c’est-à-dire hors du jeu, et les autres continuent la partie jusqu’à ce qu’ils aient succombé à leur tour. Le dernier survivant gagne la poule, composée de tous les enjeux. Le jeu du coucou se nomme aussi jeu du cocu, du hère, du malheureux ou du maucontent.

—Hist. Nom donné à une ancienne voiture destinée spécialement à faire le service des en virons de Paris et qui pouvait contenir cinq ou six personnes. Le coucou avait remplacé ce que nos pères, dans leur langage à la fois libre et imagé, appelaient le tapecu, voiture étroite, incommode et cahotante, qui n’avait que trop mérité son nom. C’est sous l’Empire et sous Ta Restauration que le coucou était en usage. On voyageait peu alors ; le curieux livre intitulé : le Voyage à Saint-Cloud, nous montre combien les déplacements étaient peu fréquents, et quel luxe de précautions on prenait pour la moindre absence. Les voitures de place étaient rares ; les omnibus, plusieurs fois essayés, n’avaient pas encore conquis la faveur du public et les entrepreneurs en avaient été pour leurs frais. Seuls, les modestes coucous, rangés le long du jardin des Tuileries, attendaient les pratiques pour Saint-Cloud et pour Versailles, où ils menaient pour 12 sous. On se plaçait comme on pouvait dans ces boîtes incommodes et disgracieuses, on partait quand il plaisait au cocher et on s’abandonnait à la grâce de Dieu. Celui qui veut mesurer les progrès accomplis depuis cette époque n’a qu’à comparer les classiques coucous d’alors aux 1,200 omnibus et aux 12,000 voitures qui . actuellement sillonnent chaque jour la capitale ; il peut surtout rapprocher les rares voyageurs qui se risquaient dans ces véhicules primitifs des centaines de mille promeneurs que les chemins de fer transportent chaque dimanche dans les environs de Paris. Ce chiffre n’a rien d’hyperbolique ; un dimanche de l’année 1867, pendant l’Exposition universelle, le chemin de fer de l’Ouest transporta à lui tout seul cent soixante mille voyageurs ; ce fait a été officiellement avancé par le ministre au Corps législatif, dans une discussion sur les chemins de fer. Ce n’est pas quarante années, ce sont des siècles qui séparent ces deux époques ; pourquoi faut-il que le progrès et la civilisation n’aient pas suivi la même marche ascendante 1 Le coucou est mort, mais son nom subsiste encore ; et, dans certaines provinces, il n’est pas rare d’entendre dire à des gens qui attendent l’omnibus : Je vais prendre le coucou.

Coucou (le), paroles françaises, imitées d’Hermann de Fallersleben, par Victor Wilder, musique de Robert Schumann. Nous donnons à nos lecteurs deux chansons du coucou : l’une de Robert Schumann, l’autre du maestro polonais Moniuszko. Quel est la meilleure ? A notre avis le choix est difficile. Celle de Schumann, moins développée, est facile à retenir. D’un autre côté, le chant de Moniuszko nous semble très-remarquable par la sentimentalité, le pittoresque et l’attendrissement. L’un est une jolie cantilène, l’autre un poème complet.

Gaîment.

dit le prin-temps.

Ah ! quelle i - Tresse ! Quelle al-lé-gres - se I

T>.. s^3

^^1

Tout va bril-ler de jeu - nés - se. P.

pa

LTier ■ be champs Et les prés o - do - rants.

DEUXIÈME COUPLET. Le coucou répète toujours, Dans la prairie Verte et fleurie, Tout va renaître a la vie ! L’astre, l’astre des jours Dore les alentours.

TROISIÈME COUPLET.

Cher coucou, reprends tes clameurs, Et jette encore Un cri sonore, Car le printemps vient d’éclore. L’arbre est plein de fleurs Et d’oiseaux querelleurs.

Coucou (le), paroles françaises d’A. des Essarts, musique de Moniuszko. Ce chant est

COUC

plein de douleurs, de larmes comprimées, da mélancolie rêveuse. Toute la sentimentalité du Nord soupire dans cette chanson, dont nous ne pouvons détailler tout le charme étrange et poignant. La lecture de cette mélodie et son étude attentive pourront seules faire comprendre toute la poésie que le compositeur a su mettre dans sa caractéristique mélodie.

Allegretto.

Mes pe - fils, quand donc vos ai - les

j= j yT : r"=A Les fleurs de mar - gue -ri - fa

- si - rent vous par - 1er. rallent. k A tempn un^poco piu i animato.

ppËllil

Et les soir soù ri - ront, tout bas,

Le3 a-mants dans Val-lé - grès - se, J’au •

Mon cœur frd - mi. ra d’i-vres-se ;

Ces • sez de mouil - 1er mes yeux,

Pleurs de tris - tes

68,

DEUXIÈME STROPHE.

Le coucou dit ses peines, Nuit et jour, aux grands chines ; Mes petits, au doux ramage, Dans l’orage, Ils sont morts ! Et la mousse Déjù pousse, (bis) Sans pitié, sur leurs corps l Iulka chante tout en pleurs ; La fillette dit aux fleurs Ses regrets et ses douleurs, Ses douleurs si cruelles. Ils sont venus, les soirs d’amour... Mais, hélas ! avant le retour, • Le retour des hiroïdelles. Le malheur avait, un jour, Brisé mes ailes ! »

COUCOUA s. m. (kou-kou-a). Ornith. Genre d’oiseaux détaché du genre coua.

COUCOUAT s. m. (kou-kou-a — rad. coucou). Ornith. Jeune coucou.

COUCOUS s. m. (kou-kou). Ornith. Genre d’oiseaux dans lequel on range une espèce de coulicou.

COUC.OTJER v. n. ou intr. (kou-kou-érad. coucou). Crier, en parlant des coucous, il On dit aussi coucouleS".

COUCOULAMPON s. m. (kou-kou-lan-pon). Superst. Créature tenant le milieu entre l’ange et l’homme, d’essence matérielle et cependant invisible aux yeux des hommes, ne se découvrant qu’à ceux qu’elle protège : Il est des coucoulampons des deux sexes ; ils contractent mariage entre eux et sont mortels, bien qu’exempts de toutes maladies et infirmités.

COUCOUMELLE s. f. (kou-kou-mè-le). Bot. Nom vulgaire de l’amanite engaînée et de l’oronge blanche.

COU-COUPÉ s. m. Ornith, Nom vulgaire du gros-bec fascié, oiseau du Sénégal, ainsi nommé parce que la couleur de son cou tranche brusquement sur celle de son corps. If PI.

COUS-COUPBS.